Mobilisation contre la réforme des retraites : "Nous souhaitons que partout où c'est possible il y ait des grèves", affirme Philippe Martinez

  • l’année dernière
Philippe Martinez, secrétaire général de la CGT, était mercredi 25 janvier le Grand témoin de la matinale de franceinfo.

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Transcription
00:00 Vous comptez prendre un train dans les jours qui viennent, il va falloir vous munir d'un calendrier
00:03 et sans doute aussi d'un peu de patience.
00:05 Une première grève était prévue mardi prochain, le 31,
00:08 dans le cadre de la grande journée d'action contre les retraites lancée par tous les syndicats.
00:12 Mais la CGT et Sud Rail viennent d'en ajouter deux autres au calendrier,
00:16 les 7 et 8 février, et peut-être même aussi une grève reconductible quelques jours plus tard.
00:21 Bonjour Philippe Martinez.
00:22 - Bonjour.
00:22 - Secrétaire général de la CGT, on va parler de ces préavis,
00:25 mais d'abord si vous voulez bien la situation à la gare de l'Est à Paris, après les actes de vandalisme
00:30 qui ont paralysé le trafic, un poste d'aiguillage incendié volontairement.
00:34 Je vous pose la question que beaucoup de monde s'est posée hier en apprenant cette information,
00:37 y a-t-il à votre connaissance un lien avec le mouvement social en cours à la SNCF ?
00:42 - Aucun lien, aucun lien.
00:43 Il y a une enquête en cours et on verra ce que donnent les résultats de cette enquête,
00:46 mais ce genre de raccourci est malsain, déplacer un problème grave...
00:51 - Vous ne vous êtes pas posé la question vous hier en apprenant ça,
00:53 en apprenant que l'enquête, c'est la justice qui le dit,
00:56 montre qu'il n'y a pas eu de traces d'effraction, que le portillon d'accès était ouvert.
01:00 A aucun moment vous vous êtes demandé ça ?
01:02 - Non.
01:02 - Non, d'accord.
01:03 - Et c'est pas la première fois que ça arrive et je pense qu'il faut faire attention à ce genre de raccourci.
01:07 - C'est pour ça que je vous pose la question.
01:08 Une enquête est ouverte notamment pour mise en danger de la vie d'autrui,
01:11 car les câbles électriques alimentaient les signaux de sécurité des trains.
01:14 Ceux qui ont fait ça ont fait courir des risques aux passagers.
01:17 - Effectivement.
01:18 - Et aux salariés de la SNCF.
01:19 - Effectivement.
01:20 - Donc il faudra des sanctions très fermes si on les retrouve.
01:22 - Il faut une enquête et quand il y a ce genre de délit, il y a des sanctions forcément.
01:26 - Les grèves à la SNCF.
01:27 Philippe Martinez, à présent, vote syndicat et Sud Rail appelle les cheminots à cesser le travail
01:31 les mardis 7 et mercredi 8 février contre la réforme des retraites,
01:35 en plus de la grève qui est déjà prévue la semaine prochaine.
01:38 Pourquoi partir en solo sans la CFDT cette fois-ci ?
01:41 - Premièrement, vous avez raison de souligner qu'il y a une deuxième journée d'action interprofessionnelle le mardi 31.
01:48 - La semaine prochaine.
01:49 - Suite à celle du 19 qui a été un énorme succès.
01:52 Et donc l'ensemble des organisations syndicales l'avaient dit, il y aura des choses dans chaque secteur.
01:59 Il y en a dans le pétrole, il y en a à l'énergie, il y en a dans d'autres secteurs.
02:03 Et donc, suite à ces journées interprofessionnelles, il y a des discussions dans les entreprises.
02:10 Et c'est ce qui donne ce qui était prévu d'ailleurs, ce qui était annoncé.
02:13 - Mais la CFDT par exemple n'a pas été associée à ces discussions ?
02:16 Ou vous avez considéré qu'il fallait partir sans elle ?
02:18 - Moi je discute au niveau national.
02:21 - Et puis après il y a des discussions...
02:23 - Les cheminots font ce qu'ils veulent.
02:24 - Non, non, attendez, laissez-moi vous répondre.
02:26 Il y a des discussions dans les professions.
02:28 Je n'étais pas à l'intersyndical des cheminots.
02:30 Et donc, de ce que j'ai compris, il va y avoir encore des discussions à l'issue de la nouvelle journée d'action interprofessionnelle du mardi 31.
02:40 Et peut-être on aura l'occasion tous les deux de refaire le point sur l'évolution de la situation intersyndicale à la SNCF.
02:48 - Mais vous souhaitez, pour être parfaitement clair, que les autres syndicats se joignent à vous ?
02:52 - Je souhaite, nous souhaitons à la CGT, comme nous l'avons dit, que partout où c'est possible, il y ait des grèves.
03:00 C'est les salariés qui décident.
03:02 Et si les fédérations ont pris cette décision, c'est que...
03:05 D'ailleurs le taux de grévistes à la SNCF était très important en 19.
03:08 - 50% quasiment de grévistes.
03:10 - Selon la direction.
03:12 - Vous c'était combien vos chiffres ?
03:13 - C'était autour de 70% et plus chez les roulants d'ailleurs.
03:16 Et donc voilà, chacun prend des décisions.
03:19 Mais nous l'avons dit depuis le début, si le gouvernement, et c'est quand même le cas, ne mesure pas le mécontentement
03:26 et le nombre de personnes qui étaient en manifestation en 19 et en grève, il y a un petit problème.
03:31 Et donc il va falloir faire entendre un peu plus fort les motivations de ces grèves.
03:36 - La CGT cheminot brandit également la menace d'une grève reconductible, cette fois-ci à partir de la mi-février.
03:41 C'est également votre souhait ?
03:42 - Je viens de vous le dire.
03:43 - Oui, très clairement.
03:44 - Je viens de vous le dire.
03:46 Soit les ministres mettent la tête dans le sable et disent "il ne se passe rien".
03:51 D'ailleurs, quelques ministres ont minimisé ce que tout le monde a reconnu comme une formidable mobilisation.
03:58 Eh bien, il faudra se faire entendre plus fort.
04:00 Et se faire entendre plus fort, c'est des grèves, et si les salariés le votent, des grèves reconductibles.
04:06 - Il n'y aura pas de trêve syndicale pour les vacances de février ?
04:09 - Je n'ai pas compris que le gouvernement faisait une trêve sur la réforme.
04:13 Qu'est-ce que vous voulez que je vous dise ?
04:14 - Vous souhaitez qu'il y ait d'autres secteurs qui embrayent dans la grève reconductible ?
04:17 - Il faut que partout.
04:18 - C'est-à-dire les raffineries ? Vous souhaitez que les lycéens voient rejoindre aussi, par exemple ?
04:21 - Les lycéens, les étudiants, dans le privé, il y a eu d'énormes mobilisations dans le privé.
04:26 Beaucoup de personnes ont fait grève pour la première fois.
04:30 Mais je pense qu'il faut insister là-dessus.
04:32 Le niveau de mécontentement est très très très fort.
04:35 Et face à ça, on a un gouvernement qui ne veut pas voir la vérité en face.
04:40 - Vous entendez déjà, on en a entendu quelques-uns ce matin sur France Info,
04:43 les professionnels du tourisme qui s'inquiètent de cette éventuelle grève reconductible
04:47 qui, disons, sort de plusieurs saisons délicates.
04:49 Ce sont aussi eux des travailleurs, que leur dites-vous ?
04:52 - Oui, j'entends aussi les saisonniers.
04:54 Ceux qui sont frappés par la réforme de l'assurance chômage.
04:58 Ceux qui n'ont que ça pour bosser, qui disent "on ne peut pas continuer comme ça".
05:02 Et vu notre situation, on ne veut pas partir à 70 ans à la retraite.
05:05 J'écoute tout le monde.
05:06 - Philippe Martinez, on a un peu de mal à comprendre,
05:08 mais vous allez nous éclairer la position de la CGT sur les coupures de courant.
05:11 Le représentant de la CGT Énergie avait affirmé qu'il était prêt à couper le courant
05:15 aux permanences des élus favorables à la réforme des retraites.
05:19 Il est revenu sur ces propos en disant qu'on l'avait mal compris.
05:21 Quelle est votre position ?
05:23 - Vous l'avez mal compris.
05:25 - Il est hors de question de couper le courant ?
05:27 - Je continue.
05:29 Il a précisé qu'il avait été mal compris.
05:31 Il ne s'agit pas de cibler des personnes.
05:33 Sauf, moi je leur ai suggéré de faire vivre un peu la vie de ces millions de foyers
05:39 en précarité énergétique à quelques milliardaires
05:42 qui pensent qu'il ne faut pas augmenter les salaires,
05:45 pensent que tout va bien dans ce pays.
05:46 - Donc il s'agit quand même un petit peu de cibler des personnes ?
05:48 - Les milliardaires, oui ça.
05:50 - Mais pas les élus ?
05:51 - Non, non. Et puis, comme d'habitude,
05:54 parce que ça vous en parlez moins,
05:56 vous en particulier, remettre du courant,
06:00 c'est des opérations Robin Desbois, je trouve que ça porte bien son nom,
06:03 remettre du courant à tous ceux qui n'en ont pas du tout,
06:05 parce qu'ils ne peuvent pas payer,
06:07 faire de la gratuité pour les hôpitaux, pour les écoles.
06:11 Oui, ça aussi il faut en parler.
06:13 - Le sort de la réforme, Philippe Martinez, dépend en partie
06:15 de ce que feront les députés, les républicains,
06:17 lors du vote à l'Assemblée.
06:19 La réforme de la République, on l'a déjà fait savoir,
06:21 qu'il pourrait voter contre.
06:22 Est-ce que vous leur dites "Allez-y, rompez le pacte conclu
06:24 avec le gouvernement et rejoignez-nous ?"
06:26 - Moi je dis que la journée du 19, elle a marqué le paysage.
06:29 Et évidemment, les élus, tous les élus,
06:32 ont des comptes à rendre à leurs électeurs.
06:34 Et donc, plus il y a de monde en grève,
06:36 plus il y a de monde dans la rue,
06:38 plus ça fait réfléchir les élus de la nation,
06:40 qui se disent "Oh là là, il faut quand même qu'on écoute
06:42 ceux qui nous ont élus."
06:44 C'est pour ça que les journées sont importantes
06:46 et la mobilisation est importante.
06:47 - Vous pensez qu'il change d'avis parce qu'il y a eu
06:49 beaucoup de monde dans la rue ?
06:50 - J'en suis sûr.
06:51 - Philippe Martinez, un dernier mot si vous le permettez.
06:53 Vous aurez 62 ans dans deux mois,
06:55 si mes calculs sont exacts,
06:56 vous allez passer la main à la tête de la CGT.
06:58 Mais vous avez dit que vous souhaitiez continuer
07:00 à travailler chez Renault, qui est votre employeur actuel.
07:02 Vous avez demandé au PDG de vous confier une mission
07:04 pour lutter contre les fermetures de sites.
07:06 Jusqu'à quel âge vous comptez travailler ?
07:08 - Vous savez, je suis comme tout le monde,
07:10 il y a l'âge et la durée de cotisation.
07:12 Et je n'ai pas les trimestres nécessaires.
07:14 - Vous avez 43 ou 42 ans ?
07:16 - Depuis le temps qu'on parle de retraite, vous le savez ça maintenant.
07:18 - Quand on réclame la retraite à 60 ans,
07:20 on ne peut pas donner l'exemple quand on n'a pas ses trimestres.
07:22 - On ne peut pas.
07:24 Vous imaginez si j'étais parti à 60 ans,
07:26 vous auriez dit "Martinez est privilégié".
07:28 - J'aurais rien dit du tout.
07:30 - En général, vous auriez dit "c'est un privilégié,
07:32 il a le droit de partir avant les autres".
07:34 Les syndicalistes sont comme les autres,
07:36 il faut l'âge légal et la durée de cotisation.
07:38 - Mais vous vous arrêterez dès que vous aurez les deux ?
07:40 - Évidemment.
07:42 - Un syndicaliste, ça veut dire que ce n'est pas un métier pénible ?
07:44 Ça ne rentre pas dans les critères de pénibilité ?
07:46 - Un syndicaliste, ce n'est pas un métier tout court.
07:48 Moi, mon métier, c'est salarié de chez Renault.
07:50 - Merci beaucoup.
07:52 On va parler de Renault dans quelques instants.
07:54 Pas côté syndical,
07:56 côté construction de voitures.
07:58 - Mais ça m'intéresse aussi puisque je suis salarié.
08:00 - Dans le décryptage éco de Fanny Guinochet.

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