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Chaque vendredi dans la matinale de Dimitri Pavlenko, Catherine Nay livre son regard sur l'actualité.
Retrouvez "Catherine Nay - Les signatures d'Europe 1" sur : http://www.europe1.fr/emissions/catherine-nay-les-signatures-deurope-1

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Transcription
00:00 D'abord, Catherine Ney, comme avec nous, chaque vendredi. Bonjour Catherine.
00:04 Bonjour Dimitri, bonjour à tous.
00:06 Jeudi, Vladimir Poutine célébrait à Volgograd le 80e anniversaire de la bataille de Stalingrad
00:11 qui marquait la victoire de l'armée russe sur l'Allemagne nazie.
00:14 Dans sa suite, Vladimir Poutine a amené un invité surprise, Pierre de Gaulle, le petit-fils du général.
00:21 Oui, fils de l'amiral qui en a eu quatre, Pierre étant le petit-dernier.
00:25 Il avait sept ans lorsque son grand-père est mort.
00:27 On ne le connaissait pas, on ne l'avait jamais vu, d'ailleurs on ne se posait pas de questions.
00:31 On savait juste qu'il vivait à Genève, qu'il avait été banquier chez Rothschild.
00:34 Aujourd'hui, il est conseiller en entreprise.
00:36 Mais voilà, depuis plusieurs mois, il se montre, parle aux médias.
00:39 On découvre un homme, chauve, un visage dénué de traits,
00:42 mais sous certains angles, on voit une pâle imitation du profil gothique de l'aïeule.
00:47 Mais lui, il se déclare militant pro-Poutine.
00:50 Dans la guerre en Ukraine, il rejette toutes les responsabilités sur les États-Unis,
00:54 dénonce l'OTAN funeste, invité en juin dernier par l'ambassade de Russie à Paris.
00:59 Il a commencé au micro par quelques phrases en russe, ce qui fait toujours bien,
01:03 traduites sur l'écran, au nom du peuple français,
01:06 je salue cordialement le peuple russe et ses dirigeants.
01:09 Mais Pierre de Gaulle s'est bien mandaté tout seul.
01:11 Il a eu aussi cette phrase, "c'est de la guerre de Napoléon contre la Russie
01:15 qu'est venue notre décadence", pour être juste, celle de Napoléon sûrement.
01:20 - Mais alors pour Poutine, Pierre de Gaulle, c'est une prise de guerre formidable.
01:24 - Oui, il est l'homme qu'il faut montrer aux occidentaux et à son opinion russe.
01:30 Vous vous rendez compte de Lobène, le petit-fils du général,
01:32 qui reprend son narrative sur la guerre,
01:34 qui compte par Stalingrad à l'invasion de l'Ukraine,
01:37 la livraison des chars allemands par le chancelier Scholls,
01:39 aux chars de l'armée nazie avec leur croix agamée.
01:42 Bref, confond l'agresseur et l'agressé.
01:44 Voilà pourquoi il l'a invité à Volvograd.
01:46 "Je suis venu pour la paix, cette escalade doit cesser,
01:50 l'Ouest doit s'arrêter", a dit Pierre de Gaulle,
01:53 et de louer l'âme russe, le courage, l'esprit résistant de son peuple,
01:56 la propagande poutinienne a trouvé son héros.
01:59 - Alors le général de Gaulle était sorti de l'OTAN,
02:02 il entretenait des relations régulières aussi avec l'Union soviétique,
02:05 il avait rencontré Staline et tous ses successeurs.
02:09 Pierre de Gaulle est-il dans la filiation de son grand-père ?
02:12 - Alors c'est vrai que le général parlait toujours de la Russie,
02:14 jamais d'Union soviétique, évoquait l'Europe de l'Atlantique à l'Oural,
02:17 parce que c'est le même continent.
02:19 "On ne peut pas faire l'Europe contre la Russie", disait-il,
02:21 et il parlait aux Russes souvent pour marquer d'abord son indépendance
02:25 par rapport aux Américains,
02:26 pour donner du grain à moudre aux communistes en France
02:29 qui pesaient plus de 25% de l'électorat.
02:31 Mais au moment de la crise de Cuba,
02:33 quand les Soviétiques avaient installé des missiles
02:35 capables de transporter des bombes atomiques,
02:37 au moment paroxystique de la guerre froide,
02:39 le général s'était placé du côté des Américains.
02:42 Et face à cette menace de guerre nucléaire,
02:45 le général de Gaulle avait parlé des "Ventardises russes", vous voyez ?
02:48 C'est toujours actuel, ça, vous voyez ?
02:51 "Alors à quoi bon régner sur les morts ?" disait-il.
02:53 Et surtout, le petit-fils oublie que son grand-père
02:56 était le prophète du droit des peuples à disposer d'eux-mêmes.
02:59 Relire le discours de Plonpen aujourd'hui,
03:02 il défendrait sans doute le droit de l'Ukraine à vivre dans ses frontières.
03:05 On oublie trop qu'en 1991, la Crimée russophone
03:08 avait voté à près de 70% pour l'indépendance de l'Ukraine,
03:12 ce que les Russes n'ont jamais admis.
03:14 Pierre de Gaulle, finalement, a une vision borgne
03:17 de la philosophie politique du grand homme.
03:19 - Mais Pierre de Gaulle n'est pas le porte-parole de la famille de Gaulle, soyons clairs.
03:23 - Non, son frère aîné Yves, qui est lui, désigné par l'amiral
03:26 comme le porte-parole de la famille, a déclaré
03:28 "Mon frère n'engage personne d'autre que lui-même".
03:31 D'ailleurs, on se demande pourquoi il s'auto-désigne ainsi,
03:33 mais vous savez, je pense qu'il n'est pas facile
03:35 d'être le descendant d'un monument de l'Histoire.
03:37 En 1999, déjà, son frère aîné, Charles, avocat,
03:40 s'était fait élire, ce qui avait fait beaucoup parler,
03:43 député européen numéro 2 sur la liste de Jean-Marie Le Pen.
03:46 Il y avait des affiches dans Paris "Le Pen de Gaulle",
03:49 un choc pour les militants des deux côtés.
03:51 Parce qu'à l'époque, ils disaient que Le Pen
03:53 incarnait le mieux l'idéal de la France résistance.
03:55 Il était contre Chirac, alors que son frère Jean
03:57 était député RPR de Paris.
03:59 Pas banale la situation, mais peut-on l'être
04:02 quand on s'appelle de Gaulle ?
04:03 - On imagine les réunions de famille.
04:05 Merci beaucoup, Catherine Ney.
04:07 Et on se retrouve demain dans "Les Grandes Voies sur repas"
04:09 au tour de Pierre de Villeneuve, à partir de 10h.

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