4 millions de mal-logés, les SDF ont doublé !

  • l’année dernière
Parlons Vrai chez Bourdin avec Manuel Domergue, directeur des études de la Fondation Abbé Pierre.

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##SAVOIR_ET_COMPRENDRE_2023-02-03##

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Transcription
00:00 Donc en fait ça fait à peu près 15 ans que chaque année on a 10 000 personnes sans domicile de plus.
00:05 C'est parce qu'il y a plusieurs causes à ça, mais tout en bas de l'échelle sociale,
00:10 des personnes qui ont des très bas revenus, les minima sociaux ou parfois même pas les minima sociaux,
00:14 ont de plus en plus de mal de se payer un loyer.
00:17 Dans les grandes villes, les loyers augmentent petit à petit depuis 30 ans, c'est une tendance de long terme.
00:21 À cette difficulté assez structurelle s'ajoutent aussi des flux migratoires qui sont souvent mal accueillis.
00:28 Donc on voit qu'à la rue, dans les centres d'hébergement d'urgence,
00:32 il y a aussi évidemment beaucoup de personnes en situation irrégulière ou des demandeurs d'asile qui ne sont pas bien pris en charge.
00:38 Et donc tous ces phénomènes vont alimenter tout en bas de l'échelle des personnes qui sont sans logement.
00:44 - Oui, parce que quand on entend, quand on parle de sans-abri, de personnes dans la rue,
00:49 évidemment beaucoup pensent immigrer. C'est vrai ? C'est vrai, mais pas que ?
00:55 - Non, pas que, bien sûr. Il y a beaucoup de primo-arrivants ou de personnes en situation irrégulière
01:01 parce qu'ils n'ont pas droit aux logements sociaux, ils n'ont pas droit aux minima sociaux, etc.
01:06 Mais il y a aussi beaucoup de personnes françaises qui ont du mal à trouver un logement
01:10 et qui souvent, en plus de cette difficulté à trouver un logement pas trop cher qui concerne des millions de personnes,
01:16 cumulent des difficultés de personnel particulières.
01:18 Je pense notamment aux personnes qui sortent de détention, par exemple,
01:21 des personnes qui ont des troubles psychiatriques, des personnes qui ont été à l'aide sociale à l'enfance
01:26 pendant leur minorité et qui se retrouvent sans accompagnement, des personnes en rupture familiale.
01:31 Souvent, c'est une conjonction de secteurs à la fois sociaux, la crise du logement en général,
01:37 et des secteurs personnels de fragilité particulière.
01:39 On pense aussi aux femmes victimes de violences qui parfois doivent quitter leur logement en urgence
01:43 et se retrouvent à l'hôtel, en centre d'hébergement ou tout simplement à la rue.
01:47 Et donc, il faudrait que la politique du logement prenne en compte à la fois la hausse des loyers
01:53 et permette de les limiter, d'avoir plus de logements sociaux,
01:56 et que les autres politiques soient moins en faillite.
01:59 Je pense notamment à la psychiatrie, à l'accompagnement des certaines détentions, à l'aide sociale à l'enfance,
02:04 qui sont des politiques en France qui sont en crise depuis des années.
02:07 – Oui, l'accompagnement est insuffisant.
02:09 – Absolument, l'accompagnement est insuffisant et donc,
02:12 les personnes qui ont du mal à se raccrocher au système habituel,
02:15 à faire toutes les procédures, à chercher un boulot, à faire des formations,
02:19 parce qu'elles ont des difficultés personnelles à un moment donné,
02:21 sont mal accompagnées, voire pas du tout accompagnées parfois,
02:25 pour faire toutes ces démarches compliquées pour peut-être avoir accès à un vrai logement.
02:29 À Paris, quand vous êtes sans domicile,
02:31 avoir rendez-vous avec une estante sociale, c'est des mois et des mois d'attente.
02:34 Donc quand vous êtes à la rue, là, on vous dit d'appeler le 115, il n'y a pas de réponse,
02:37 il n'y a personne pour vous accompagner concrètement.

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