Face à l'Info du 21/02/2023

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Christine Kelly et ses chroniqueurs débattent de l'actualité dans #Facealinfo

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Transcript
00:00 Mathieu Bocotte a une petite surprise à nous faire en fin d'émission.
00:04 Cabot !
00:06 Me suis enquêtée sur un auteur censuré.
00:10 On en saura plus dans un instant.
00:12 Il m'a fait rêver toute la journée, j'ai hâte d'en parler.
00:14 Comment allez-vous ?
00:17 Toujours bien.
00:18 Beau gosse !
00:19 Je suis Charles Colm désormais, je trouve des choses.
00:21 Très beau gosse.
00:23 Vous allez à un mariage ou quoi ?
00:24 Pas du tout, pas du tout.
00:25 Le mariage de l'esprit comme dirait Marc.
00:27 Charlotte toujours ravissante, Marc menant en pleine forme, Dimitri, tout le monde vous aime.
00:32 Jacques Garcia vous adore aussi.
00:34 J'ai beaucoup d'amis qui vous adorent.
00:36 Jacques Garcia vous adore aussi, Charlotte.
00:38 Vous aussi mon Marc et vous aussi Mathieu Bocotte.
00:42 Il y a des gens comme ça qui regardent tous les soirs, on les salue et qui sont fidèles à vos personnalités.
00:47 On va voir si ça en vaut la peine.
00:49 Adrien Spiterri avant tout.
00:54 Joe Biden en Pologne ce mardi.
00:56 Après Kiev hier, le président américain est à Varsovie.
00:59 Aujourd'hui, il a rencontré le président Andrzej Duda et prononcé un discours.
01:04 Il assure, je cite, que l'OTAN est plus forte que jamais.
01:07 Il a également réaffirmé le soutien des Etats-Unis à l'Ukraine.
01:11 Le secrétaire général de l'OTAN de plus en plus inquiet.
01:14 Il craint un possible soutien militaire de la Chine à la Russie dans son offensive en Ukraine.
01:20 Une inquiétude partagée par le chef de la diplomatie européenne, Joseph Borrell.
01:25 Il appelle à la plus grande vigilance.
01:28 Et puis depuis Rungis, Emmanuel Macron fait pression sur Total Energy.
01:32 Le président a appelé les grands producteurs à l'esprit de responsabilité.
01:36 Il demande notamment un nouveau geste sur le diesel.
01:39 La semaine dernière, les prix à la pompe sont repartis à la hausse.
01:46 Au sommaire ce soir, duel à distance entre Vladimir Poutine et Joe Biden.
01:51 Lundi, le président américain envirouvert la guerre des images et des mots
01:55 en arrivant de façon surprise à Kiev.
01:57 Vladimir Poutine a répliqué avec son discours contre l'Occident sur l'état de la nation.
02:02 Mais Joe Biden répond à son tour depuis Varsovie.
02:05 Chaque jour de guerre et le choix de Vladimir Poutine.
02:08 Comment décrypter ce duel et notamment le discours de Vladimir Poutine, méditeur de Mathieu Bocoté ?
02:15 Duel à distance d'un côté, mais les regards des Américains se tournent également vers l'Afrique.
02:21 Washington propose une stratégie pour évincer de la République centrafricaine les mercenaires de Wagner.
02:28 Après avoir culpabilisé la France pour son colonialisme et son ingérence,
02:32 après que la France ait été chassée de la RCA,
02:35 non seulement les Russes ont pris leur place par Wagner,
02:38 mais aujourd'hui ce sont les États-Unis qui veulent former les armées africaines,
02:43 que comprendre l'analyse de Dimitri Pavlenko.
02:46 Et pendant ce temps, en France, nos campagnes continuent de voir l'installation de migrants
02:52 pour repeupler les coins les plus retirés, les villages qui perdent leurs habitants.
02:56 Comme ici à Calac en Bretagne, qui a fini par y renoncer au projet.
03:00 Mais la bataille se poursuit.
03:01 A Besnac, en Corrèze, 40 migrants doivent s'installer dans ce village de 357 habitants
03:07 Où en sommes-nous de cette répartition dans nos campagnes ?
03:10 Qui décide de ces projets sans concerter la population ?
03:13 Plusieurs petites villes se déchirent sur cette question de la répartition des migrants.
03:18 Le décryptage de Charlotte Dornelas.
03:21 La femme est, comme on dit mon maître, un certain animal difficile à connaître.
03:28 Et de qui la nature est forte, encline au mal.
03:32 Voilà les propos d'une des pièces de Molière, "Le dépit amoureux".
03:36 Pourrait-on encore accepter ces mots aujourd'hui ?
03:39 Molière aurait-il été qualifié de misogyne ?
03:42 Peut-on encore aujourd'hui rire comme Molière ?
03:45 Que reste-t-il de Molière alors que ses funérailles avaient lieu le 21 février 1673 ?
03:53 Marc Menor raconte.
03:55 Et puis venons-en à ces livres pour enfants qui sont réécrits.
03:59 C'est ce qui arrive aux ouvrages de l'écrivain britannique qui a écrit "Charlie et la chocolaterie".
04:04 Certains mots sont jugés aujourd'hui offensants.
04:06 Ainsi, "petits hommes" est remplacé par "petite personne".
04:09 "Homme nuage" devient "peuple nuage".
04:12 "Gros" est supprimé et "petit" est préféré à "minuscule".
04:15 Peut-on encore préserver nos œuvres au lieu de les retoucher ?
04:20 Mathieu Bocoté nous expliquera en exclusivité
04:23 comment un auteur français bien connu a été censuré.
04:27 Mais chuuut ! Personne n'en parle !
04:30 L'édito de Mathieu Bocoté, une heure pour prendre un peu de hauteur. C'est parti !
04:34 Ils ont détruit la famille, la culture, l'identité nationale.
04:51 Voilà quelques mots de Vladimir Poutine aujourd'hui.
04:54 Ce sera le tour de table. J'ai envie de vous entendre.
04:56 Est-ce que là, peut-être, sur ce sujet,
05:00 Vladimir Poutine ne touche pas là où ça fait mal ?
05:02 Est-ce qu'il a raison ? Pourquoi a-t-il raison ?
05:05 On en parle dans un instant.
05:07 D'abord avec vous, mon cher Mathieu, après la visite surprise de Joe Biden à Kiev hier.
05:11 Le discours à la nation de Vladimir Poutine, aujourd'hui, était très attendu.
05:16 Qu'allait annoncer le président russe alors que la guerre en Ukraine s'installe dans la durée ?
05:20 Et que les perspectives de paix semblent tout simplement inimaginables à court et moyen terme ?
05:26 L'heure est maintenant venue de décrypter le président russe.
05:31 Ce que j'aime bien, c'est que vous avez beaucoup étudié la question aujourd'hui.
05:34 Tous ces discours ?
05:35 Oui, en fait, ce sont tous ces discours sur cette intervention avec l'Ukraine.
05:38 À propos de l'Ukraine, le rapport Ukraine-Russie s'est publié chez Jean-Cyril Godefroy.
05:42 Russie-Ukraine, deux peuples frères.
05:44 Le titre est orienté, mais quoi qu'il en soit, ça permet d'avoir accès directement à la pensée de Vladimir Poutine.
05:49 Sur la question, ça met en perspective historique les actions présentes.
05:53 Alors, qu'est-ce qu'il y avait dans ce discours aujourd'hui ?
05:55 Il faut d'abord se rappeler qu'un discours politique n'est pas un discours de vérité,
05:59 ni en démocratie et encore moins en régime d'autorité, en régime autoritaire.
06:03 Donc, quand on écoute le discours de Vladimir Poutine, il faut entendre ce qu'est un discours politique.
06:07 C'est un discours de propagande.
06:09 Un discours de propagande pas au sens négatif ou positif du terme,
06:12 simplement pour dire que ça fixe une vision du monde,
06:14 ça a pour vocation de mettre de l'avance certains intérêts, d'en dissimuler d'autres
06:18 et surtout de justifier, un an plus tard, la politique russe,
06:23 alors que la guerre est revenue en Europe par les chars russes.
06:26 Donc, gardons à l'esprit qu'il s'agit d'un discours qui nous permet, si on le lit,
06:30 si on le prend au sérieux, de rentrer dans la tête non seulement du dirigeant russe,
06:34 mais probablement du peuple russe par rapport à cette guerre.
06:37 Qu'est-ce qu'on trouve donc dans ce discours ?
06:40 Le premier élément, c'est qu'il s'agit d'une guerre existentielle pour les Russes.
06:44 On doit comprendre ce que ça veut dire.
06:46 Pour Vladimir Poutine, à moins de considérer que tout cela ne soit que cynisme et mensonge,
06:51 et que ça ne réfère à aucun engagement existentiel,
06:54 il nous dit que de son point de vue, c'est une guerre qu'il ne peut pas ne pas mener
06:59 pour assurer, de son point de vue, la survie de l'État russe, de la nation russe
07:04 et même de la civilisation russe, dit-il.
07:07 Et ça implique quoi ?
07:09 Si c'est une guerre existentielle, il est donc légitime de sacrifier des hommes à la tonne,
07:15 d'entraîner ce qu'on a vu soit dit en passant au moment de la Deuxième Guerre mondiale.
07:19 Ils peuvent se faire abattre à la tonne.
07:21 On a toujours finalement une nouvelle armée à lever pour être capable de se rendre au front.
07:24 Pourquoi ? Parce que, de son point de vue, si la Russie ne l'emporte pas dans cette guerre,
07:28 c'est l'État russe lui-même qui est fragilisé.
07:30 Je ne dis pas qu'il a raison ou tort, la question n'est pas là.
07:33 La question est de savoir qu'il le pense.
07:35 Il pense que l'État russe dépend d'une relative victoire en Ukraine.
07:39 Premier élément.
07:41 Ensuite, ça veut dire aussi qu'il y a des traîtres.
07:43 C'est intéressant à noter, dans son discours, il dit que ceux qui s'opposaient à la guerre au début,
07:47 ils étaient égarés en Russie, savants, on peut le comprendre.
07:50 Ceux qui aujourd'hui ne soutiennent pas l'effort de guerre sont dans les faits des nationaux traîtres
07:55 au service de l'Occident et il faudra faire preuve de la plus grande sévérité à leur endroit.
08:00 Ensuite, et ça c'est une chose qui me semble assez importante,
08:03 c'est un discours de politique intérieure aussi qu'a livré Vladimir Poutine aujourd'hui.
08:07 Il ne se contente pas, parce que j'y reviendrai sur les raisons de la guerre,
08:11 il ne se contente pas de rappeler les raisons de la guerre.
08:14 Il dit que la guerre nous a obligés à jeter un regard nouveau sur nous-mêmes,
08:17 notamment en matière de politique économique.
08:20 Il dit que la Russie doit s'extraire globalement du cadre de la mondialisation
08:25 et désormais miser sur une croissance intérieure qui reposera sur une diversification,
08:31 dis-je, de l'économie interne.
08:33 Donc, on ne doit plus miser sur la prospérité mondialisée,
08:37 on doit désormais se reconstruire nous-mêmes.
08:39 Et ça implique quoi? C'est un message qu'il envoie à ceux qu'on appelle les oligarques.
08:43 Il dit aux oligarques que vous avez fait fortune en Russie
08:46 pour ensuite vous payer des villas partout dans le monde.
08:48 Finalement, la Russie vous servait de base pour devenir milliardaires
08:51 et ensuite vous a mis bien les villas ici et là et ailleurs.
08:54 Il dit, bien là, les enfants, c'est le temps de revenir ici.
08:57 Vous devez contribuer à l'effort de guerre.
08:59 Il y aura un espace de liberté, de croissance, de dynamisme, faites la liste.
09:03 Mais ça se passe en Russie désormais.
09:05 Et sachant le traitement réservé aux oligarques sinon dissidents,
09:09 à tout le moins ils sont vraiment distants du pouvoir,
09:11 ils ont l'habitude quelquefois, sans raison, de tomber du 14e étage,
09:14 comme ça, encore un, et l'autre, il décide de se suicider lui-même dans son bain.
09:18 Alors quand on voit ça, on comprend que c'est un message lancé à la classe dirigeante russe.
09:23 Et dernier élément, c'est une économie, dit-il, qui doit se centrer sur un effort de guerre dans la durée,
09:30 mais qui ne doit pas se définir strictement par son effort de guerre.
09:33 Ça, c'est intéressant, parce qu'on le sait, le pacte avec les Russes,
09:36 pour Poutine depuis longtemps, c'est autorité contre prospérité.
09:41 Donc vous me laissez gouverner de manière autoritaire, avec une forme de démocratie d'apparat,
09:45 mais en échange, en échange, vous aurez la prospérité.
09:48 Si la prospérité tombe, son pouvoir lui-même est fragilisé,
09:51 donc il cherche à dire à l'économie, de l'économie,
09:54 elle doit continuer de servir les intérêts de la classe moyenne,
09:56 il cherche à consolider son régime à l'intérieur.
09:59 Alors Vladimir Poutine a évidemment voulu faire un bilan de la guerre depuis un an.
10:03 Les motifs avancés pour justifier la guerre ont-ils changé?
10:07 Ça, c'est, je pense, la partie importante et fascinante du discours.
10:11 Rappelons-nous la formule utilisée au tout début.
10:14 Il s'agissait d'une opération technique, une opération technique qui avait pour vocation,
10:18 on l'a compris, de renverser le régime à Kiev,
10:21 de refaire, d'annexer symboliquement, non pas politiquement,
10:24 mais de réintégrer dans la zone d'influence russe l'Ukraine.
10:28 Et ça devait se faire assez rapidement.
10:30 Or, qu'est-ce qui se passe?
10:31 Plus la guerre s'ancre dans la durée,
10:34 et plus les raisons de la menée prennent de l'ampleur.
10:37 Premier argument, guerre défensive.
10:40 Je cite Vladimir Poutine aujourd'hui.
10:42 « Ce sont les pays de l'Occident qui ont fait éclater cette guerre,
10:45 et nous, nous avons utilisé la force pour y mettre un terme. »
10:49 C'est un peu arroigné à la rigueur.
10:51 Donc l'intervention en Ukraine est un geste défensif
10:55 contre une guerre déjà engagée par l'Occident contre la Russie.
10:59 À tout le moins, c'est ainsi qu'il voit les choses.
11:01 Je cite deux passages de son discours
11:03 parlant de cette agression qu'il ressentait contre la Russie.
11:07 « L'élargissement de l'OTAN à nos frontières,
11:09 la création de nouveaux sites de déploiement pour les missiles,
11:12 l'arrivée de contingents militaires à la frontière de la Russie,
11:15 c'est eux qui ont fait éclater cette guerre,
11:17 et nous, nous avons utilisé la force pour y mettre un terme. »
11:20 Donc finalement, c'est une guerre défensive dans son esprit.
11:23 Il ajoute, « avant même le début de l'opération militaire spéciale,
11:29 Kiev négocie avec l'Occident des livraisons à l'Ukraine
11:32 de systèmes de défense aérienne, d'avions de combat.
11:35 Nous nous souvenons également des efforts déployés
11:38 par le régime de Kiev pour acquérir des armes nucléaires.
11:41 Les États-Unis et l'OTAN ont rapidement déployé leurs bases militaires
11:44 et leurs laboratoires biologiques secrets près des frontières de notre pays.
11:47 Donc là, guerre défensive mondiale à grande échelle. »
11:51 L'argument 2 est encore plus frappant, si c'est une guerre dans la durée.
11:55 « C'est une guerre de civilisation, nous dit Vladimir Poutine.
11:58 D'un côté, il y a l'Occident décadent, effondré,
12:03 et de l'autre côté, il y a nous, Russes,
12:05 qui sommes les défenseurs de la véritable civilisation,
12:07 on pourrait entendre presque la véritable civilisation européenne contre l'Occident.
12:11 Je cite encore quelques passages, ça donne une idée.
12:14 « Ils ne cessent d'attaquer notre culture, l'Église orthodoxe
12:17 et les autres organisations religieuses de notre pays.
12:20 Regardez ce qu'ils font à leur propre peuple.
12:22 La destruction de l'identité culturelle et nationale de la famille,
12:25 l'abus d'enfants jusqu'à la pédophilie sont déclarées la norme de leur vie.
12:29 » Et là, il poursuit en disant ce référent au sein des écritures et ainsi de suite.
12:33 Donc, qu'est-ce qu'il nous dit?
12:35 C'est que c'est une guerre finalement entre deux modèles de civilisation.
12:38 Et là, on comprend que c'est probablement, dans son esprit,
12:41 il doit le voir des choses ainsi, mais c'est aussi un discours à destination
12:44 des éléments plus conservateurs ou dits populistes en Occident.
12:47 Parce que l'esprit de Poutine, ça, on pourrait dire que c'est de la propagande efficace,
12:51 il dit à tous les Occidentaux qui se disent « C'est vrai quand même que,
12:54 ce que vous disiez tantôt, nos principes spirituels se sont effacés,
12:58 notre nation s'effondre, notre démographie se décompose,
13:02 nos pays sont en décadence. »
13:04 - Les philosophes, les sociologues, tout le monde s'accorde à le dire.
13:06 - Et là, il dit justement, il parle à ces gens en disant « Regardez,
13:08 moi, je suis le modèle là-dessus. »
13:10 Et là, il joue pour créer un sentiment de proximité avec eux en disant
13:12 « Chez vous, c'est de la décadence, mais chez nous, c'est un contre-modèle.
13:15 On aurait envie de répondre, nul doute qu'il y a une décadence de l'Occident,
13:19 c'est quand même pas une raison d'envahir ses voisins. »
13:22 Et de ce point de vue, je comprends qu'on veuille comprendre la pensée de Poutine.
13:27 Si on pourrait appeler la rationalité impériale qui pousse à comprendre la pensée de Poutine,
13:31 on pourrait répondre inversement que c'est la rationalité nationale
13:34 qui nous pousse à comprendre les Polonais et les Baltes.
13:36 - Donc, on fera un tour de temps parce que j'ai vraiment envie de vous entendre
13:39 sur ce sujet de l'Occident.
13:41 Où est-ce qu'on en est aujourd'hui? Est-ce qu'on est d'accord avec lui ou pas?
13:44 Mais finalement, Mathieu Bocoté, entre Biden qui appelle au soutien sans réserve à l'Ukraine,
13:49 Poutine qui annonce vouloir aller jusqu'au bout, elle est où la possibilité de paix?
13:54 - De plus en plus absente, c'est le moins qu'on puisse dire.
13:56 C'est presque que le mot paix devient dans les circonstances le symptôme de la lâcheté.
14:00 En particulier, qui veut la paix est accusé d'être au service de Moscou.
14:04 Qui dit vouloir la paix, ça ne veut pas dire se coucher devant les Russes.
14:07 Ça veut dire trouver une solution négociée qui présuppose qu'aucun des deux ne sortira
14:12 soit sur le mode du triomphe, soit sur le mode humilié.
14:15 Il y a un élément que j'ai oublié de mentionner, mais qui est très important,
14:18 sur la question nucléaire. La question nucléaire, c'est ce qui nous inquiète tous.
14:21 La Russie décide de se retirer d'un traité de 2010, le traité New START,
14:25 qui était sur la question des essais nucléaires.
14:27 La Russie suspend sa participation à ce traité.
14:30 Elle ne s'en retire pas pour de bon, mais elle dit puisque les Américains,
14:33 ce discours, ne respectent pas leur part de, appelons ça, de sécurité sur la question du nucléaire,
14:41 nous sommes obligés, nous, de reprendre une certaine initiative.
14:44 Donc si nous, les Russes, aujourd'hui, on est obligés de se tourner de nouveau
14:48 vers la possibilité nucléaire, c'est de vote faute à l'Ouest.
14:51 Bon, on voit un peu l'argument encore une fois.
14:53 Je noterai trois choses à la fin avant de conclure.
14:56 Les comparaisons historiques sont fort utiles, je crois.
14:59 Il nous faut toujours se tourner vers l'histoire pour éclairer le présent
15:02 sans écraser le présent. J'en propose trois tout simplement.
15:05 1914, on en a souvent parlé, c'est l'engrenage.
15:08 C'est-à-dire, d'une, c'est une obligation-ci, une obligation-là,
15:12 et finalement, c'est-à-dire à la boucherie mondiale.
15:14 1939-1941, les Américains qui soutiennent les Britanniques
15:17 avant de s'engager eux-mêmes dans la guerre, la Deuxième Guerre mondiale,
15:20 par rapport à l'Allemagne. Ou la Troisième, la guerre d'Espagne,
15:23 où finalement l'Ukraine serait le territoire d'une nouvelle guerre d'Espagne,
15:26 où deux empires s'affrontent. Dernière réflexion en un mot, finalement.
15:29 Il y a un mythe qui nous écrase à travers tout ça, c'est le mythe de Munich.
15:32 On a toujours l'impression que faire la paix, aujourd'hui, c'est se coucher devant Hitler.
15:35 Il est possible, aujourd'hui, que ce ne soit pas Munich
15:38 que de chercher à faire la paix avec son ennemi.
15:41 Je vois que vous avez envie de réagir.
15:44 Oui, oui, je dis que l'Ukraine, ça peut aussi être la Corée,
15:47 avec une partition à terme, ou la Finlande, par exemple,
15:50 avec une finlandisation et des guerres qui ne s'arrêtent jamais.
15:53 La Corée, c'était 1953, et il n'y a jamais eu d'accord de paix, en fin de compte.
15:56 Et ça peut très bien se finir comme ça.
15:59 On suivra effectivement ça toute cette semaine.
16:01 Dimitri, il y a un nom que Vladimir Poutine n'a pas prononcé dans son discours ce matin,
16:06 c'est celui de Wagner, le groupe Wagner,
16:09 qui nous intéresse beaucoup, l'entreprise de mercenaires russes formés par Evgeny Prigojine.
16:14 Alors, ces hommes combattent en première ligne aux côtés de l'armée russe en Ukraine.
16:17 Ils exercent aussi une emprise inquiétante sur plusieurs États africains,
16:21 ce qui préoccupe beaucoup les États-Unis.
16:24 Et, fait nouveau, le journal Le Monde déclare que Washington
16:29 est en train de tenter d'évincer Wagner d'Afrique.
16:32 Alors, ce qui nous intéresse, c'est qu'on chasse la France,
16:34 on culpabilise la France d'être colonialiste en Afrique.
16:37 On la chasse et on la remplace en hâte par le groupe Wagner.
16:41 Et finalement, les États-Unis veulent même remplacer les Russes qui remplaçaient la France.
16:46 On n'en est où pour comprendre de tout ça.
16:48 Vous dites que les États-Unis, finalement, c'est plus facile de déloger Wagner que de déloger la France.
16:52 On peut se poser toutes ces questions.
16:54 Après, on peut se demander aussi si les Américains vont réussir là où les Français ont échoué,
17:00 c'est-à-dire à repousser Wagner, en l'occurrence, c'était pour le Mali et la République centrafricaine.
17:05 Alors, Wagner, on en parle beaucoup en ce moment en Ukraine,
17:08 mais c'est vrai, on a un peu tendance à oublier que le cœur de l'activité de Wagner, c'est vraiment l'Afrique.
17:13 Ça fait cinq ans, seulement cinq ans, que le groupe tisse sa toile.
17:17 Il va prospérer dans toutes les zones instables du continent.
17:20 Le premier pays, les deux premiers pays où Wagner débarque, c'est à peu près simultané,
17:25 c'est la République centrafricaine en 2017-2018,
17:28 chassant, repoussant l'influence française et la délogeant complètement.
17:33 Et la Libye, ce qui est assez cocasse, c'est que quand on connaît l'histoire,
17:37 c'est que la France va cohabiter pendant un temps, dans l'effort de guerre,
17:41 auprès du maréchal Haftar, avec qui ? Avec Wagner.
17:44 Et à ce moment-là, la France ne disait rien sur la présence de Wagner aux côtés du maréchal Haftar.
17:49 Mais bon, passons. Donc, République centrafricaine 2017,
17:53 ensuite le Soudan, la Libye, dont je l'ai dit, Madagascar, le Mozambique,
17:58 et plus récemment le Mali. Alors, on en a beaucoup parlé du Mali,
18:00 parce qu'en fait, la jeune malienne s'est servie de Wagner pour pousser littéralement la France en dehors.
18:05 Et la France, dans un geste assez étonnant, courroucée, finalement, a plié les gaules et est partie.
18:11 Les États-Unis, c'est une autre méthode.
18:13 Il y a le Burkina Faso aussi, dont la France, d'ailleurs, est sur le point de se retirer,
18:16 mais aussi le Cameroun. Donc, on voit que Wagner essaie petit à petit.
18:21 Et c'est toujours, en fait, à la demande de régimes défaillants
18:25 ou qui sont inquiets pour leur survie que Wagner arrive.
18:29 Wagner n'envahit pas ces pays. Wagner est sollicité par ces États.
18:32 Il faut que ce soit bien clair. Vous allez au Mozambique, par exemple.
18:35 Le Mozambique appelle Wagner pour lutter contre l'insurrection des Chebabs,
18:39 qui veut établir un califat au nord du pays.
18:41 C'est cette zone où Total a dû partir il y a deux ans.
18:44 Vous vous rappelez, on en avait parlé sur ce plateau.
18:46 Au Mali, pareil. Donc, je l'ai dit, la jeune s'est un peu servie de Wagner
18:50 contre la France et la République centrafricaine.
18:52 Ça fait cinq ans que Wagner y forme à la fois l'armée nationale,
18:56 mais aussi la garde prétorienne du président Faustin-Archange Touadéra.
19:01 Et c'est à lui, c'est à cet homme que les États-Unis ont fait cette offre,
19:04 révélée par le journal Le Monde. Alors, que proposent les États-Unis ?
19:07 Ils lui laissent 12 mois pour prendre ses distances avec Wagner.
19:11 En échange de quoi, les États-Unis s'engagent à lui envoyer des instructeurs américains
19:15 pour former son armée, à augmenter l'aide humanitaire américaine
19:20 à la République centrafricaine. D'ailleurs, Vladimir Poutine s'est permis
19:23 de souligner avec Mali ce matin que l'aide occidentale apportée à l'Ukraine
19:28 est supérieure à l'aide apportée à tous les pays pauvres.
19:30 En fait, il a vraiment insisté sur ce point-là.
19:32 Tous les pays d'Afrique le disent régulièrement.
19:34 Exactement. 150 milliards pour l'Ukraine, 60 milliards pour les pays en grande difficulté.
19:39 Voilà. Donc, les États-Unis prêts à donner plus d'argent à la République centrafricaine.
19:43 Et aussi, ça c'est très important pour le président Touadéra en particulier,
19:48 c'est que les États-Unis s'engagent à maintenir à distance l'ancien président François Bozizé,
19:53 qui est soupçonné de piloter des attaques depuis le Tchad voisin.
19:56 Donc, vous voyez, vraiment une assistance militaire, politique, sociale, etc.
20:00 Donc, j'ai bien compris. On chasse la France, on remplace par Wagner,
20:04 et maintenant on veut remplacer Wagner.
20:06 Ça, c'est votre lecture, mais pourquoi pas ?
20:07 Non, mais j'aime bien cette lecture-là, parce que c'est quand même intéressant.
20:10 On n'est jamais assez paranoïaque dans les relations internationales, vous avez complètement raison.
20:13 Non, c'est intéressant. Mais qu'est-ce qu'ils veulent en Afrique ? Pourquoi est-ce qu'on chasse la France ?
20:17 Alors, qu'est-ce qui se passe déjà ? J'ai trop de questions.
20:19 Qu'est-ce qui se passe si la République centrafricaine refuse ?
20:23 Alors, le deal, c'est donc ce que je vous ai dit.
20:25 Et en échange, si le président Touadéra dit non, Washington coupe les vivres.
20:29 Alors, ce n'est pas faramineux en absolu, mais ce sont des sommes conséquentes
20:32 pour un petit pays aussi pauvre que la République centrafricaine.
20:35 140 millions de dollars d'aides humanitaires que les États-Unis versent chaque année.
20:39 Plus, ils ont ce qu'ils appellent, c'est l'intitulé du programme,
20:42 "petite subvention de diplomatie publique".
20:45 Donc ça, c'est des petits chèques qui sont faits pour soutenir des projets pour la paix, etc.
20:49 Bon, vous pouvez prendre ça aussi pour des pots de vin, vous voulez ça comme vous voulez.
20:52 Et les États-Unis disent aussi, attention, si vous refusez notre proposition d'assistance,
20:58 on réduit, voire on ferme notre ambassade, ça n'est pas rien.
21:02 Et puis, des sanctions individuelles seront prises contre les personnalités du régime.
21:06 Donc, la balle est dans le camp du président Touadéra.
21:09 Alors, qu'est-ce que ça nous dit, effectivement, des intentions américaines ?
21:12 Parce que vous avez raison, vous avez posé la question.
21:14 Est-ce que ça signifie d'abord que les États-Unis, en fait, commencent à s'intéresser à l'Afrique ?
21:18 Parce que la question, c'est ça. L'Afrique, ça n'existe pas dans la diplomatie américaine.
21:22 Et d'ailleurs, il y a beaucoup d'experts, notamment de la France, aux États-Unis,
21:25 qui se navrent de ça, qui se disent, mais ce n'est pas possible.
21:29 Les Américains nous ont aidés lors de notre intervention au Sahel,
21:33 mais en réalité, pour eux, c'était rien. C'était très, très loin, très anecdotique.
21:37 Et tant mieux si les Français s'en occupaient.
21:39 Les Français, visiblement, ne sont pas capables de tenir tête à Wagner.
21:42 On est obligés d'intervenir. Ce qui préoccupe les Américains, en fait, c'est ça.
21:45 C'est qu'ils voient les Russes en train de prendre pied sur le continent africain.
21:50 Et donc, ça réactive un vieux réflexe, la logique de containment, d'endigment.
21:54 Alors, avant, c'était les communistes qu'on contenait.
21:57 Désormais, c'est l'influence russe et ça ne marche pas très bien,
22:00 parce que les États-Unis s'interdisent, c'est un principe qu'ils ont,
22:03 d'aider tous les gouvernements non élus.
22:05 Donc, vous pouvez intervenir auprès de la République centrafricaine,
22:08 mais le Soudan, par exemple, comment vous allez faire ?
22:10 Le Mali, auprès de la jeune malienne, qui n'est pas élue,
22:12 qui repousse sans arrêt l'élection présidentielle.
22:15 Démocratiquement, là, les Américains, pour eux, ça leur pose un problème,
22:18 et donc, ils n'interviennent pas officiellement.
22:22 Alors, côté centrafricain, maintenant, la question, c'est,
22:25 est-ce que d'abord, le président Touadéra a réellement le choix ?
22:29 Est-ce qu'il peut dire à Wagner, "Bon, messieurs, vous êtes gentils,
22:31 ça fait cinq ans qu'on bosse ensemble, mais on arrête là."
22:34 C'est quand même sans doute plus compliqué que ça,
22:36 parce que quand vous formez la garde prétarienne,
22:38 que vous constituez la garde prétarienne du président,
22:40 vous comprenez bien que cet homme, en réalité, est aussi un petit peu l'otage
22:43 de ceux qui sont censés le protéger.
22:46 Et puis, il y a une autre question, c'est, est-ce que l'offre américaine,
22:48 elle est vraiment si concurrentielle que ça, si avantageuse ?
22:52 Parce que, regardez Wagner, qu'est-ce que fait Wagner pour le président Touadéra ?
22:55 Il combatte pour lui, dans le nord-est du pays,
22:58 toute une enclave dans laquelle l'administration centrafricaine
23:01 n'a pas mis les pieds depuis une décennie, des groupes rebelles,
23:04 et Wagner va se battre contre eux et se paye sur la bête,
23:07 se paye sur la bête, littéralement.
23:09 Ils prennent, ils volent le matériel des rebelles, ils le revendent, etc.
23:13 Et en plus, ils tiennent les douanes aussi, apparemment,
23:16 à la place de l'administration centrafricaine,
23:18 et le président Touadéra a offert à Wagner une mine d'or,
23:22 dont les réserves sont estimées à 2,5 milliards de dollars.
23:25 Le permis d'exploitation avait été payé par une société canadienne,
23:29 on l'a lui appris, et on l'a confié à une société qui est basée à Madagascar,
23:33 et en fait, les intérêts, ce sont des intérêts russes.
23:36 Bref, avec Wagner, c'est formidable, on ne s'embête pas avec la légalité.
23:39 Vous voyez ?
23:40 Et mieux que ça encore, ça c'est toujours le journal Le Monde qui nous l'apprend,
23:43 le 8 mars dernier, l'année dernière, donc au tout début de l'invasion de l'Ukraine,
23:46 des hommes de l'ambassade de Russie vont voir le président Touadéra et lui disent
23:50 "on pourrait peut-être faire sauter la limite de deux mandats présidentiels,
23:53 on va peut-être vous aider à avancer sur ce projet-là".
23:56 Est-ce que les États-Unis peuvent proposer une telle assistance,
24:00 une protection de cet ordre-là ? Je ne pense pas.
24:03 En tout cas, voilà, la guerre États-Unis-Russie se passe aussi en Afrique.
24:10 Pour Washington, Dimitri, dernière question.
24:13 Le Grenier est donc une organisation criminelle internationale.
24:16 Est-ce que ça ne dissuade pas pour autant ces États d'Afrique et pourquoi ?
24:20 Écoutez, à ce stade, vous voyez que pas vraiment.
24:23 Alors c'est vrai que les sanctions individuelles,
24:25 notamment prises contre les huiles du régime, qui pourraient être prises,
24:28 voir ses comptes en dollars bloqués, pas pouvoir voyager aux États-Unis,
24:32 c'est contrariant quand vous faites partie de l'élite centrafricaine.
24:38 Mais qu'est-ce qui va être répondu à ça ?
24:40 Mais c'est quoi un groupe criminel ?
24:43 C'est votre droit à vous, occidental, vous nous imposez ça.
24:46 Moi, je ne le reconnais pas.
24:47 C'est le discours dominant, le discours postcolonial.
24:50 Et puis tout le monde a compris que Wagner, ce n'était pas qu'une entreprise.
24:53 Wagner, c'est l'État russe en réalité qui est derrière.
24:55 Si vous me laissez deux minutes, je vous termine ça quand on revient de la pub.
24:59 Allez, c'est vraiment parce que vous êtes très intéressants ce soir.
25:03 Exceptionnel. Bon, je vous take in.
25:05 On prend une pause et puis on replonge avec Wagner, l'Afrique et les États-Unis.
25:12 Avant de revenir avec la guerre Russie-États-Unis,
25:16 en fait, qui se passe aussi en Afrique, le dernier mot avec vous,
25:19 à la Minute Info, Adrian Spiteri, juste avant.
25:25 Un nouveau signalement visant Pierre Palmade dans l'enquête
25:28 sur la détention d'images pédopornographiques.
25:31 Un homme a été entendu par les enquêteurs de la brigade de protection des mineurs à Bordeaux.
25:36 Dans le même temps, l'humoriste est toujours assigné dans le service d'adictologie
25:40 d'un hôpital sous bracelet électronique.
25:43 Emmanuel Macron défend sa réforme des retraites.
25:46 Le président s'est exprimé ce matin sur le sujet depuis le marché de Rungis.
25:51 Il faut travailler un peu plus longtemps, a-t-il déclaré.
25:54 Selon lui, le report de l'âge légal de 62 à 64 ans est nécessaire.
25:59 Il doit permettre, je cite, de créer plus de richesses pour le pays.
26:03 Et puis la Russie suspend sa participation au traité New Start,
26:07 un traité russo-américain sur le désarmement nucléaire.
26:11 L'annonce a été faite par le président russe Vladimir Poutine
26:14 près d'un an après le début de l'invasion en Ukraine.
26:18 Une décision décevante et irresponsable selon la Maison-Blanche.
26:22 Donc on disait qu'il y a la guerre Russie-Ukraine.
26:27 À la fois, il y a l'Europe qui est un terrain de jeu,
26:30 et l'Afrique aussi un terrain de jeu.
26:33 Dernière question, la grande force de Wagner,
26:36 c'est que justement derrière Wagner se trouve l'État russe.
26:40 C'est ce qui peut séduire en Afrique.
26:42 Oui, mais ça il faut bien comprendre.
26:44 Ce n'est pas une société militaire privée, comme on l'entend tout le temps.
26:47 C'est une émanation du ministère de la Défense russe.
26:50 C'est une filiale, un supplétif, une machine totalement subordonnée à l'État russe.
26:55 Wagner, vous savez, c'est né il y a 9 ans, en 2014,
26:58 au moment du déclenchement de la guerre dans le Donbass.
27:01 C'est-à-dire ce qu'on interprète aujourd'hui comme le début de la guerre en Ukraine.
27:04 Et depuis 9 ans, Wagner permet à l'État russe tantôt d'agir sans avoir haïssé le drapeau,
27:09 ce qu'ils ont fait par exemple en Libye, ce qu'ils font en Afrique aussi,
27:13 tantôt de soutenir, de compléter l'armée russe dans une action militaire classique.
27:17 C'est ce qui se passe en Syrie, ce qu'on a vu en Syrie il y a quelques années,
27:20 et aujourd'hui en Ukraine.
27:21 C'est un outil très plastique, Wagner, qui est alimenté par les arsenaux russes,
27:25 par les prisons russes, etc.
27:26 Dernier mot.
27:27 D'ailleurs, pour vous prouver aussi que c'est des méthodes d'un État russe,
27:30 l'anecdote, et je trouve assez étonnante, Wagner, avant de s'installer dans un pays,
27:34 envoie systématiquement des sociologues, des Mathieu Bocote, des politologues,
27:38 pour évaluer le genre d'alliances que la Russie peut nouer avec l'État en question.
27:43 Ils vont produire aussi des films de propagande.
27:45 Ce sont des méthodes, les méthodes d'un État,
27:47 qui sont une ombrelle bien plus large, bien plus protectrice pour un État comme la Centrafrique
27:52 que simplement une simple société militaire privée.
27:55 Très, très bonne analyse, tout ça.
27:57 Mathieu Bocote, dans un instant, vous allez nous révéler en exclusivité un auteur censuré.
28:01 Chut ! Personne n'en parle.
28:03 Mais vous avez réussi à trouver cette censure, on en parlera dans un instant.
28:08 Et avec vous, on parlera, est-ce que Molière serait censuré aujourd'hui ?
28:12 On se posera la question.
28:13 C'est très bien de parler du monde entier,
28:15 mais si on mettait un petit peu le nez dans nos campagnes, ma chère Charlotte ?
28:19 Le monde entier dans nos campagnes.
28:21 Ça y est, chronique terminée.
28:24 Le monde entier dans nos campagnes.
28:26 Nous avions déjà évoqué le cas, Charlotte, de la ville bretonne de Calak
28:30 et de son renoncement au projet d'accueil de migrants.
28:34 Et cette fois-ci, la bataille se ponçue à Besnak, en Corrèze.
28:37 40 migrants doivent s'installer dans cette petite ville de 357 personnes.
28:42 Plusieurs petites villes se déchirent d'ailleurs sur cette question de la répartition des migrants.
28:46 Est-ce qu'ils ont peur, sans savoir, comme le regrettent plusieurs associations ?
28:51 C'est vrai qu'il y a une multitude de petites...
28:53 Enfin, une multitude, pour l'instant, il y en a quelques-unes,
28:55 mais il y a tous les... je ne sais pas combien de jours, enfin régulièrement,
28:59 on apprend le nom d'une nouvelle petite ville.
29:01 Alors on découvre toute la géographie des petites villes, en effet,
29:04 qui sont visées par les associations qui mettent en œuvre, on va dire,
29:08 le projet gouvernemental de répartition des migrants.
29:11 Vous l'avez dit, il y a Besnak, en Corrèze,
29:13 mais on apprend qu'il y avait un autre petit village juste à côté qui a refusé le projet.
29:18 Donc c'est pour ça que ça se retrouve à Besnak.
29:21 Là, on a appris qu'en Indre, il y a un autre village qui s'appelle Bélabre.
29:24 Alors là, c'est 900 habitants.
29:25 Pareil, ils ont appris qu'il y avait une quarantaine de migrants
29:28 qui allaient s'installer dans une ancienne chemiserie,
29:31 juste à côté de l'église, dans le village, sans que personne ne soit au courant.
29:34 Et ces projets se révèlent à mesure que les habitants s'inquiètent de ces projets.
29:39 Et en effet, vous avez raison, la réponse qu'on entend tout le temps, c'est...
29:43 Mais finalement, ils ont peur par ignorance à la fois des personnes.
29:49 Alors, personnes qu'on nous présente comme des personnes qui souffrent
29:52 et qui ont fui leur pays, qui ont fui la guerre,
29:54 parce que c'est un discours, on va dire, assez globalisant.
29:57 Je précise que ce ne sont pas des réfugiés, comme le disent en permanence les associations,
30:01 ce sont des demandeurs d'asile.
30:02 Donc parmi eux, certains seront déboutés, ne sont donc pas éligibles au statut de réfugiés.
30:07 Tous n'ont pas fui la guerre, il y a des pays qui ne sont pas en guerre, des pays d'origine.
30:11 Donc déjà, on a un discours qui est assez simplificateur,
30:14 on va dire, sur les personnes qui sont accueillies,
30:16 et un discours simplificateur sur la manière dont les habitants le reçoivent.
30:19 Pourquoi ? J'ai pris trois exemples.
30:21 Alors, j'ai pris trois exemples à dessein, ce sont des exemples dans lesquels,
30:24 en l'occurrence, à Valeurs Actuelles, on avait fait un dossier là-dessus,
30:26 et on a trois journalistes qui sont partis en reportage dans ces différents endroits
30:30 faire parler les habitants et justement exposer leurs inquiétudes par rapport aux projets.
30:34 Donc là, c'est tangible, c'est concret.
30:37 On avait Calak, alors je vous donne juste une citation,
30:40 parce qu'à Calak, ce n'était pas l'ignorance qui avait guidé les habitants,
30:44 c'était précisément la connaissance d'une situation,
30:47 puisqu'ils avaient déjà accueilli plusieurs familles syriennes,
30:50 pas énormément, mais plusieurs, et que nous disent les habitants,
30:53 des migrants sont déjà présents dans la ville, et on a vu le résultat.
30:57 Ils s'organisent en ghetto, son communautaire ne s'intègre pas à la ville de la commune,
31:01 et ne trouve pas d'emploi.
31:03 Évidemment, tous les habitants de Calak ne pensent probablement pas ça,
31:06 mais c'est une inquiétude qui existe.
31:08 Il y a déjà des familles qui ont été accueillies,
31:10 et pour donner du crédit à leur inquiétude,
31:12 au moment où ces familles ont été accueillies, personne n'en a entendu parler.
31:15 Donc l'opposition n'était pas aussi forte la première fois
31:18 qu'elle l'est quand il faut réitérer l'expérience.
31:20 Donc ça leur donne plutôt du crédit, on va dire, sur leur inquiétude.
31:23 Par ailleurs, à Calak, c'est 18% de chômage,
31:26 donc beaucoup plus que dans le reste du pays,
31:28 une désertification en effet dans le pays,
31:30 et 45% pour Marine Le Pen au second tour.
31:33 Donc tout ça devrait aussi éveiller un peu les esprits.
31:36 Et on apprend quoi ?
31:37 Que le projet, en l'occurrence à Calak, était financé,
31:39 c'est la seule chose que les habitants ont su dès le début,
31:42 à 80% par de l'argent public.
31:44 Eux, les abandonnés de tous les projets publics depuis des dizaines d'années.
31:49 Comment voulez-vous que ça fonctionne ?
31:50 Deuxième exemple, à Cuers, en Provence.
31:52 Alors là, on est ailleurs.
31:53 Est-ce que ce sont des gens qui ne savent pas de quoi ils parlent ?
31:57 Alors là, c'est un peu plus particulier,
31:59 puisque ce n'est pas exactement le même fonctionnement.
32:01 C'est simplement les banlieues,
32:03 donc avec beaucoup de gens issus d'immigration,
32:05 les banlieues de Toulon,
32:07 qui se déversent à Cuers,
32:08 ce qui est un peu plus loin, un peu plus petit.
32:10 Avec la loi SRU, on a la construction des logements sociaux.
32:13 Donc on a la classe moyenne, on va dire, qui quitte Toulon,
32:17 qui va vers les périphéries,
32:19 et donc les classes moyennes, inférieures, on va dire,
32:22 qui le font également.
32:23 Et là, on a par exemple la maison d'enfants à caractère social,
32:27 c'est le nom, l'appellation,
32:29 qui devient un foyer d'accueil pour mineurs isolés.
32:32 Donc là, on voit bien que l'aide sociale à l'enfance,
32:35 initialement prévue pour les habitants, les enfants,
32:37 abandonnés localement,
32:39 devient complètement un foyer d'accueil pour mineurs isolés.
32:42 Et à la tête de la gendarmerie locale,
32:44 on nous dit, alors on refuse formellement le lien
32:47 entre cette immigration et la délinquance,
32:50 mais on nous dit quoi ?
32:51 Le choc des cultures peut être sujet à des problèmes
32:54 et influer sur le sentiment d'insécurité.
32:56 C'est très poli, très policé.
32:58 Enfin, ça veut dire la même chose concrètement.
33:00 Donc ça ne fonctionne pas.
33:01 Là, on a 59% pour Marine Le Pen au second tour.
33:05 Pareil, pendant les premières vagues d'immigration,
33:07 il n'y avait pas eu d'opposition.
33:09 Donc c'est bien la conséquence de quelque chose
33:10 qu'ils connaissent déjà.
33:12 Troisième exemple, rapidement, Saint-Brévent-les-Pins.
33:14 Là, c'est en Loire-Atlantique.
33:16 C'est encore une autre chose,
33:17 c'est l'installation d'un CADA,
33:18 ces fameux centres d'accueil de demandeurs d'asile,
33:21 dans une école.
33:22 Et alors, comment les habitants la prennent ?
33:24 Parce qu'il y a un permis de construire
33:26 qui est inscrit sur l'école dans laquelle sont leurs enfants.
33:28 Donc on va mettre au cœur de l'école
33:30 un centre d'accueil pour demandeurs d'asile.
33:33 Et alors là, il s'agit de 110 nouveaux réfugiés.
33:37 Et est-ce que cette ville réagit
33:39 avant de connaître de quoi elle parle ?
33:40 Ah ben pas du tout.
33:41 On apprend qu'ils ont accueilli une centaine de migrants
33:43 au moment du démantèlement de la jungle de Calais.
33:46 Centaines de migrants,
33:47 à laquelle se sont ajoutés des dizaines de migrants
33:49 venus de Nantes,
33:50 au moment où la ville était débordée par l'accueil
33:53 annoncé par la mairie.
33:56 À l'époque, encore une fois,
33:58 où sont arrivés la centaine de migrants de la jungle de Calais,
34:01 il n'y avait pas eu d'opposition populaire.
34:03 Donc ils savent exactement ce qu'ils redoutent
34:05 quand ils s'opposent à ce nouveau projet.
34:07 Et là, qu'apprennent-ils sur le chantier ?
34:09 Que le chantier, en l'occurrence, coûte 4 millions d'euros.
34:12 Eux, pour qui l'argent public n'existe jamais.
34:15 Eux, pour qui l'argent public a disparu
34:17 de la possibilité, on va dire,
34:19 de l'évolution de leur ville.
34:21 Et alors là, c'est la différence,
34:23 j'y fais exprès à chaque fois,
34:24 on n'a que 33% pour Marine Le Pen au second tour.
34:27 Donc ça n'est pas que politique,
34:28 ça n'est pas que l'ignorance,
34:30 c'est beaucoup plus que ça.
34:31 Et à chaque fois, on retrouve en revanche le même sujet,
34:34 les habitants ne sont jamais au courant
34:36 de ce qui va se passer,
34:37 alors que le discours, c'est pour revitaliser leur propre vie.
34:42 Donc soit il s'agit de revitaliser,
34:43 et c'est génial et c'est bénéfique pour tout le monde,
34:46 auquel cas il n'y a pas à craindre la réaction des habitants,
34:48 soit on sait un peu comment les habitants vont réagir
34:50 pour diverses raisons, et donc on leur cache.
34:52 Et en l'occurrence, on leur cache très clairement à chaque fois,
34:55 ils ne sont pas au courant.
34:56 Donc un, ils ne sont pas au courant,
34:58 et deux, ils ont déjà vécu la situation.
35:00 Comment expliquer, Charlotte,
35:01 cette multitude de résistances partout en France ?
35:05 D'où naissent ces projets,
35:07 sans concertation avec les administrés ?
35:09 D'où viennent-ils ?
35:10 Alors, à l'origine, on a le projet Claire,
35:12 c'est arrivé dans les différentes années,
35:14 je vous le disais, il y a des répartitions de personnes
35:15 qui sont plus ou moins naturellement,
35:16 mais là, il y a un projet Claire,
35:18 annoncé par Emmanuel Macron devant les préfets,
35:20 on ne s'en souvient rien,
35:21 il a lui-même appelé ça la transition démographique,
35:24 les opposants au grand remplacement
35:26 n'ont pas dit grand-chose sur ce terme
35:28 de transition démographique,
35:29 si ça ne veut pas dire la même chose,
35:30 je ne parle plus français, mais bon.
35:32 Il explique, Emmanuel Macron,
35:33 que cette répartition évolue dans les espaces ruraux
35:36 qui, eux, sont en train de perdre de la population.
35:39 On a une population en moins,
35:40 on va donc en importer une autre.
35:42 Très bien.
35:43 Le même mot d'opérateur est retrouvé à chaque fois.
35:45 L'État, sans concertation préalable avec les habitants,
35:48 puisque ce n'est pas le fonctionnement,
35:50 impose la création de ces fameux CADA,
35:52 centres d'accueil pour demandeurs d'asile,
35:56 sous l'égide des grandes associations
35:58 qui gèrent ces projets-là.
36:01 Le projet gouvernemental s'appelle Agir,
36:03 ça veut dire accompagnement global
36:05 et individualisé des réfugiés,
36:07 il est co-financé par l'Union européenne,
36:09 c'est vraiment un projet de l'État,
36:11 co-financé par l'Union européenne,
36:12 et mis en musique par ces associations.
36:15 On avait le fameux fonds de dotation
36:17 dont Mathieu nous avait beaucoup parlé,
36:18 qui s'appelait Merci,
36:19 dont on avait entendu parler à Calac notamment,
36:21 et on a deux associations
36:23 qui s'appellent Equalis et Viltaïs.
36:25 Alors là, on va s'attarder un peu sur ces deux associations
36:28 parce qu'on a grand renfort de l'égoïsme des habitants
36:32 dans le débat public,
36:33 on a beaucoup moins de focalisation
36:38 sur le fonctionnement de ces associations.
36:40 Les deux, en l'occurrence, ont été épinglés
36:43 sur des sujets assez peu reluisants,
36:46 et je trouve que ça fait moins de bruit
36:48 que le supposé égoïsme des habitants
36:50 qui ne savent pas de quoi ils parlent
36:52 quand ils craignent l'accueil de ces migrants.
36:54 Viltaïs, on le retrouve à Besnac dont vous parliez,
36:57 on l'a retrouvé dans un deuxième projet à Calac,
36:59 on le retrouve à Bélabre dans l'Indre,
37:01 ce petit village dont je vous parlais.
37:03 Viltaïs, 2020, 8,5 millions d'euros
37:06 pour gérer ces centres d'asile d'argent public.
37:09 Un financement triplé de 2014 à 2019.
37:13 C'est une association qui grossit énormément.
37:16 On a des subventions de l'État,
37:18 des subventions des collectivités territoriales.
37:20 L'association est initialement installée à Moulins,
37:22 par exemple, dans l'Allier.
37:24 C'est la modique somme de 60 000 euros
37:26 en décembre 2021, 10 000 euros un mois plus tard
37:29 par la commune de Moulins,
37:30 qui n'est pas non plus connue pour être richissime
37:33 parmi les communes.
37:34 En juin dernier, la Cour des comptes s'est penchée
37:36 sur l'association.
37:37 Je ne vais pas vous faire le descriptif
37:39 de tout ce que reproche la Cour des comptes,
37:41 simplement une phrase.
37:42 Ouvrez les guillemets.
37:43 Ayant présidé un développement des activités de Viltaïs
37:46 plus opportuniste que pilotée,
37:48 l'équipe dirigeante n'a pas entrepris
37:50 de réfléchir à un projet associatif abouti.
37:53 C'est quand même une accusation assez énervée
37:56 sur une association qui est présentée,
37:59 qui est financée et subventionnée
38:01 par l'argent des Français,
38:03 que par ailleurs on accuse d'être égoïste,
38:05 qui elle-même est accusée par la Cour des comptes
38:07 de ne pas avoir de projet autre que son propre opportuniste,
38:10 en tout cas celui de ses dirigeants.
38:11 Je ne dis pas que dans ces associations,
38:12 il n'y a pas des gens qui sont sincèrement
38:14 au service des personnes qu'ils défendent.
38:16 La Cour s'étonne du régime fiscal,
38:18 des emprunts beaucoup trop élevés
38:20 qui sont faits par l'association,
38:21 mais aussi de la flotte de véhicules,
38:23 plus prosaïquement,
38:24 on a 136 voitures pour 185 salariés,
38:27 dont 7 véhicules de fonction SUV-BMW
38:30 attribués au cadre, avec de l'argent public.
38:33 Donc vous comprendrez que l'égoïsme
38:35 n'est pas forcément où on le pense.
38:36 Deuxième association, Equalis.
38:38 Alors là, c'est une enquête des inspecteurs
38:40 de la préfecture de Seine-et-Marne,
38:42 qui a été révélée par le Canard Enchaîné,
38:44 mais qui n'a pas dépassé les frontières
38:46 du Canard Enchaîné.
38:47 Apparemment, ça n'a pas intéressé grand monde,
38:48 en tout cas moins que d'autres informations du Canard.
38:50 On a 83 millions de subventions publiques,
38:53 dont 14 à destination des demandeurs d'asile.
38:56 2020, le directeur général perçoit,
38:59 écoutez bien, 203 000 euros de salaire annuel brut.
39:04 Donc, il se loge, en plus de ça,
39:07 aux frais de l'association,
39:08 et bénéficie d'une carte de 5 000 euros
39:11 pour ses sorties et ses nuits d'hôtel.
39:13 Donc le salaire, c'est de l'argent de poche, j'imagine.
39:15 On a 29 directeurs dans l'association,
39:18 29 directeurs, qui ont des voitures de fonction,
39:20 des cartes carburantes, des cartes de crédit prépayées.
39:23 La carte carburante, par exemple,
39:25 tous les gens des fameux villages égoïstes
39:27 en rêveraient puisqu'ils n'arrivent plus
39:29 à prendre leur voiture pour aller au boulot.
39:31 Bon, fermons la parenthèse.
39:32 Les 8, il y a 8 directeurs qui gagnent
39:35 plus de 100 000 euros par an de salaire.
39:37 Donc on n'est pas non plus sur un,
39:39 comment dire, un dévouement absolu et bénévole
39:43 au service des migrants.
39:45 Les activités de l'association,
39:47 c'est l'enquête qui les pointe.
39:48 On a un séminaire à Marseille avec apéritif
39:50 sur un voilier pour la modique somme de 70 000 euros.
39:53 Une journée partenaire au théâtre du Trianon
39:56 pour la modique somme de 120 000 euros.
39:58 Bon, tout ça, je ne vais pas vous faire la liste,
40:00 mais vous voyez un peu la conclusion des enquêteurs.
40:03 Ouvrez les guillemets, il n'y a manifestement
40:05 peu voire pas d'attention portée
40:07 au bon usage des fonds publics octroyés,
40:09 alors même que ceux-ci sont alloués
40:11 pour permettre à l'association la mise en place
40:13 d'actions à destination des personnes
40:15 en difficulté sociale.
40:17 Alors, une enquête a été ouverte
40:18 à la suite de cette enquête des inspecteurs.
40:22 On a une nouvelle direction depuis novembre
40:24 qui nous promet que ça ira mieux.
40:25 On va suivre ça de près.
40:27 Vous voyez qu'on parle quand même plus
40:28 de l'égoïsme supposé de gens
40:30 et moins de l'égoïsme réel
40:32 et pointé par des inspecteurs,
40:33 en l'occurrence assez sérieux.
40:35 Dernière question, il existe quand même, Charlotte,
40:37 des personnes qui s'engagent,
40:39 sincèrement pour ces personnes en situation précaire,
40:41 autant que des Français sincèrement inquiets
40:44 de ces installations.
40:45 Alors, comment arriver à résoudre le problème ?
40:48 Parce qu'en fait, on a des oppositions idéologiques
40:50 qui ne veulent pas comprendre le sens,
40:53 on va dire, de cette opposition.
40:55 On a une...
40:56 Si les habitants ne sont pas au courant,
40:58 si à Calaques, par exemple,
40:59 le maire refusait d'organiser un référendum,
41:01 c'est parce qu'ils connaissent la réponse.
41:02 C'est parce qu'ils savent que l'option majoritaire
41:05 de la population, c'est le refus
41:07 de cette répartition des migrants
41:08 pour des raisons diverses.
41:10 Or, une option majoritaire n'est pas forcément bonne.
41:12 Mais il se trouve que dans l'organisation
41:13 de la vie en communauté,
41:14 c'est quand même mieux de la prendre en compte
41:16 si on ne veut pas que ça finisse en drame.
41:18 Et juste une phrase,
41:19 on a les partisans de l'installation
41:22 des migrants à Besnac,
41:23 dont vous parliez au début,
41:24 qui nous expliquent,
41:25 il n'y a pas d'étrangers sur cette terre.
41:27 Mais il n'y a pas d'étrangers à la nature humaine,
41:30 il n'y a pas de non-humains sur la terre, d'accord.
41:33 Mais il y a...
41:34 Nous sommes tous des êtres humains.
41:36 À la nature humaine sont associés des droits.
41:38 Celui de s'installer à Calaques, Besnac ou Bélabre
41:41 n'existe pas de manière universelle.
41:43 Donc on parle de deux choses différentes.
41:45 Et il se trouve que ces habitants-là,
41:47 ayant déjà connu l'immigration,
41:48 parce qu'en France, tout le monde sait
41:50 ce qu'ils retournent de l'immigration récente,
41:52 évidemment, ne veulent pas poursuivre cette aventure.
41:55 Alors on peut forcer les choses,
41:56 il ne faudra pas venir pleurer dans dix ans.
41:58 - Merci beaucoup pour votre regard
42:00 sur une partie de l'immigration récente.
42:02 Merci beaucoup, Charlotte.
42:04 Il y a des petits mots que je vais vous...
42:09 Comment dirais-je ?
42:10 Pas réciter parce que je ne les connais pas par cœur de Molière.
42:12 Mais vous me direz ce que vous en pensez.
42:14 - Je ne les connais pas par cœur de plus.
42:15 - Non mais la femme est, comme on dit, mon maître,
42:17 un certain animal difficile à connaître
42:19 et de qui la nature est fort encline au mal.
42:21 Et comme un animal est toujours animal,
42:23 il ne sera jamais qu'animal,
42:24 quand sa vie durerait cent mille ans aussi,
42:27 sans répartir la femme,
42:28 et jamais ce ne sera que femme,
42:31 tant qu'entier le monde durera.
42:33 Ça, c'est Molière dans "Le défi amoureux".
42:35 Et Molière, on lui aurait certainement peut-être supprimé
42:38 et modifié, on verra ça avec vous dans un instant,
42:41 modifier son texte.
42:42 Aujourd'hui, on célèbre justement
42:44 l'anniversaire des funérailles de Molière,
42:47 le 21 février 1673.
42:49 Que reste-t-il de la langue de Molière ?
42:52 - Il faut déjà reconnaître à Molière,
42:55 pendant 15 ans,
42:56 d'avoir permis au roi Louis XIV,
42:59 jeune roi quand Molière se fait connaître,
43:02 de se souverain.
43:04 Le roi n'a que 22 ans.
43:07 Et il va se servir de Molière
43:10 quand il le découvre avec son talent,
43:12 avec cette plume acérée,
43:14 cette capacité à faire jaillir
43:16 les vices des hommes, les hypocrisies,
43:19 toutes les petitesses.
43:21 Il va s'en servir pour faire reculer
43:24 ceux qui sont dans la plonge, je dirais,
43:27 des positions dominantes, en particulier,
43:29 les dévots.
43:30 Oh !
43:31 Comment les dévots au quotidien.
43:33 N'oublions pas que ce jeune roi Louis XIV,
43:36 qui est un homme de foi,
43:38 pour autant, dans le début de son règne,
43:41 il est dans la splendeur,
43:43 le goût de la culture.
43:45 C'est un grand danseur.
43:47 Il va vers tous les mécénats possibles
43:49 afin que cette langue qui est en train de naître,
43:51 car l'Académie française n'est apparue
43:53 que sous Richelieu quelques années auparavant,
43:56 sous le règne de son père Louis XIII,
43:59 il veut favoriser tout cela.
44:01 Et donc, quand Artuf naît,
44:03 il s'en amuse.
44:05 C'est-à-dire que Molière,
44:08 quand il descend de Seine,
44:10 il est congratulé par le roi.
44:12 C'est l'une des pièces qu'il a produites
44:15 pour la grande messe,
44:18 parce qu'on peut parler de messe,
44:20 de l'île des plaisirs enchantés.
44:25 Et c'est parce que les dévots derrière
44:28 et la reine Anne d'Autriche, sa mère,
44:30 protestent en disant "mais c'est pas possible,
44:32 on ridiculise la foi,
44:34 on ridiculise que Louis XIV finira par retirer la pièce,
44:39 mais néanmoins il la permettra cinq ans plus tard
44:42 qu'elle réapparaisse."
44:44 Grâce à Molière, la liberté,
44:46 le sens du ridicule.
44:48 D'ailleurs, j'ai noté ces balzacs
44:50 quelques années plus tard,
44:52 quelques décennies plus tard,
44:54 un siècle plus tard, il écrit
44:56 "s'il m'était possible de corriger entièrement les hommes
44:59 en les faisant rougir de leur ridicule,
45:01 de leurs défauts, de leurs vices,
45:03 quelle société parfaite n'eût pas fondée
45:06 ce législateur suprême qu'était Molière."
45:09 - Vous voyez, dites-moi un mot quand même
45:12 sur ces funérailles.
45:14 Pourquoi est-ce qu'elles ont lieu de nuit,
45:16 comme c'était le 21 février ?
45:18 - Eh bien parce que Molière, malheureusement,
45:20 il est en pleine splendeur, il a 51 ans,
45:22 il a été pris d'un flux de poitrine,
45:24 et le 17 février, c'est la quatrième
45:27 du malade imaginaire,
45:30 un an auparavant, celle qu'avait été la femme
45:33 qui l'avait accompagnée toute son existence,
45:35 Madeleine Bégin, s'est éteinte ce 17 février.
45:39 Et ce jour-là, il est sur scène,
45:41 il est pris par les tous, il finit néanmoins
45:44 le spectacle, là il est conduit précipitamment
45:48 chez lui, il comprend qu'il est en train de mourir,
45:51 il demande un prêtre, on envoie une servante,
45:54 et puis après, un laquet.
45:56 Mais à chaque fois, les prêtres refusent,
45:59 c'est un impi, ils pratiquent le théâtre,
46:02 et que n'a-t-il fait contre les dévots ?
46:05 Et lorsque, enfin, un prêtre se présente,
46:09 il a rendu le dernier soupir, néanmoins,
46:11 il obtient, peut-être qu'il y a une influence du roi,
46:14 d'avoir des obsèques en dignité,
46:17 il pourra être enterré, contrairement aux comédiens
46:20 qui n'ont pas retrouvé la foi au dernier moment,
46:23 il sera enterré, non pas comme un chien,
46:26 mais dans un cimetière.
46:28 En revanche, la condition, c'est que ce soit nuitamment,
46:31 à 9h le soir, qu'il y avait deux prêtres,
46:34 il y en aura huit, il y aura 800 personnes,
46:37 plus 800 pauvres qui attendent le môme,
46:40 comme quoi la clandestinité n'a pas tenu,
46:43 devant le rire de Molière, on voulait lui rendre un dernier hommage.
46:47 Aujourd'hui, il est au Père Lachaise,
46:49 malheureusement, ce ne sont sans doute pas ses restes,
46:51 à côté de son ami Jean de La Fontaine,
46:54 mais malheureusement, ce ne sont pas ses restes non plus.
46:57 Merci beaucoup, Marc,
46:59 et on parlera justement avec vous de ce dévoiement
47:02 un peu de notre société autour des mots, on en parlera.
47:05 Mais juste un tour de table sur le discours de Vladimir Poutine.
47:08 Rien n'excuse, évidemment, l'entrée de la Russie en Ukraine.
47:14 Mais peut-on s'interroger sur ces mots ?
47:17 Ils ont détruit la famille, la culture, l'identité nationale.
47:20 Vladimir Poutine affirme que la Russie doit se protéger
47:23 de la dégénération de moeurs en Occident.
47:26 Il dit que la Russie est attachée aux valeurs traditionnelles,
47:30 que l'Occident est en pleine décadence.
47:33 Qu'est-ce que ça résonne en nous ?
47:36 Est-ce que vous êtes d'accord avec cette dégénération des moeurs ?
47:38 Je commence par vous, Dimitri.
47:40 Et est-ce qu'il n'est pas là, en train de toucher,
47:43 quelque part, là où ça fait mal, chez nous, occidentaux ?
47:46 Oui, mais je crois que Mathieu a très bien dit tout à l'heure,
47:48 effectivement, il cherche à séduire la part des conservateurs
47:52 dans nos sociétés occidentales,
47:54 en fait, objectivement, dans le camp plutôt de l'Ukraine,
47:57 en se disant peut-être qu'il y a un moyen de les attirer,
48:00 de les ramener dans mon camp.
48:01 Mais est-ce que ça justifie pour autant
48:04 qu'on cautionne l'invasion de la Russie ?
48:07 Parce que dans le discours de Vladimir Poutine, ce matin,
48:09 il y a des éléments qu'on peut acheter,
48:11 et en l'occurrence, celui-là, sur la dégénérescence
48:15 des moeurs occidentales, on le prend comme on veut,
48:18 mais enfin, on a ce sentiment, effectivement, d'un déclin,
48:20 d'une forme de décadence,
48:22 d'une action, un sentiment qui est très partagé.
48:24 On n'achète pas forcément le récit de Vladimir Poutine
48:27 sur la Russie puissance agressée.
48:29 Enfin, je veux dire, il faut faire la part des choses, quand même.
48:31 Et cette idée que parce que Vladimir Poutine aurait raison,
48:35 on serait d'accord avec une part de sa sensibilité,
48:37 on est d'accord sur tout le reste.
48:39 - Donc, trier le grain de l'ivraie dans son discours.
48:41 - Voilà, trions le bon grain de l'ivraie, exactement.
48:43 - Mathieu, ensuite, Charlotte.
48:44 - En deux mots, je suis absolument d'accord avec Dimitri.
48:46 C'est-à-dire, je n'ai pas besoin, si je peux me permettre,
48:48 de Vladimir Poutine pour faire le procès de la décadence
48:50 de l'Occident, de la perte de souveraineté,
48:52 de l'immigration massive, de l'effondrement sociétal,
48:54 de l'effondrement psychique des Occidentaux.
48:56 Et si je peux être d'accord avec ce segment de son discours,
48:59 dans l'esprit de Poutine, il y a une espèce de lien
49:01 qui se fait, qui dit si vous êtes d'accord avec moi là-dessus,
49:03 donc vous me comprenez quand j'envahis l'Ukraine.
49:05 Moi, vous savez, je célèbre la défense de ses frontières,
49:07 la défense de sa patrie, la défense de sa nation
49:09 contre les empires qui piétinent l'indépendance nationale.
49:12 On pourrait, dans les circonstances, reconnaître
49:14 de telles vertus aux Ukrainiens.
49:15 Et on pourrait parler du déclin démographique russe aussi.
49:17 Ça, ça fait partie des choses qu'il ne dit pas, lui.
49:19 Non, mais ce qui est étonnant dans ce discours-là,
49:22 c'est que ce sont précisément des choses que, par ailleurs,
49:24 les progressistes occidentaux pourraient reprocher
49:26 en Ukraine et dans tous les pays alentours
49:28 qui sont extrêmement anti-russes.
49:30 Et c'est d'ailleurs une des batailles qui existent
49:31 au sein même de l'Union européenne.
49:33 Mais je pense que, peut-être qu'il s'adresse à quelques
49:35 conservateurs qui ont tous choisi déjà le camp de l'Ukraine.
49:37 Donc, bon, je ne vois pas qui ça va faire changer d'avis
49:40 sur la question ukrainienne.
49:41 En revanche, je pense que ce discours aussi a vocation
49:43 à s'adresser à tous les éventuels potentiels alliés
49:46 ailleurs dans le monde.
49:47 Ça, ça parle aux pays africains, par exemple.
49:49 Exactement.
49:50 Qui sont absolument d'accord sur ce discours-là
49:52 par rapport à ce qu'est la décadence de l'Occident.
49:55 Et il se trouve qu'en ce moment,
49:57 au-delà de la question de l'Ukraine,
49:58 il y a une bataille des différents modèles impérialistes
50:01 dans le monde.
50:02 Et là, il s'adresse à de potentiels alliés
50:04 qui sont réceptifs à ce discours ailleurs que dans l'Occident.
50:07 Mais disons que toutes les cultures
50:09 qui ne sont pas les cultures occidentales
50:11 ne pourraient qu'adhérer à ce discours.
50:14 Les Chinois, ils sont dans la même rigueur.
50:16 Les islamistes ou les États islamistes
50:19 sont dans la même rigueur.
50:21 C'est-à-dire qu'ils font valoir des perceptions de moeurs
50:26 qui sont en déclin par rapport à nous.
50:28 Mais est-ce que ça ne nous oblige pas,
50:30 oublions le contexte,
50:32 à nous interroger sur cette submersion
50:34 qui nous vient là des États-Unis,
50:36 ce fameux wokisme,
50:38 où on perd notre identité,
50:39 on perd cette capacité à l'ironie, au rire,
50:43 telle qu'elle a émergée grâce à des gens comme Molière.
50:48 C'est-à-dire qu'aujourd'hui,
50:50 notre civilisation est en péril.
50:52 C'est lui qui nous le dit.
50:54 Mais c'est vrai que, paradoxalement,
50:56 ça nous vient des États-Unis avec ce courant wokiste.
50:59 - Oui, absolument.
51:01 On va parler justement avec vous, Mathieu,
51:03 de cet auteur de Charlie et la chocolaterie
51:07 dont ces livres sont réécrits.
51:09 Je disais que gros et supprimé,
51:11 petit et préféré à minuscule.
51:16 Tout est en train d'être édulcoré,
51:19 des passages qui semblent totalement gommés.
51:23 Quel est votre regard sur cette pratique?
51:26 Vous allez nous annoncer aussi
51:28 que vous avez vu que ça ne se passe pas qu'à l'étranger.
51:31 - On a souvent parlé ici de ce qu'on appelle
51:33 les lecteurs de sensibilité dans les maisons d'édition.
51:36 Ce sont des gens qui sont embauchés
51:38 pour s'assurer que dans les manuscrits
51:40 que reçoivent la maison d'édition,
51:42 il n'y a pas de préjugés contre telle minorité ethnique,
51:45 telle minorité sexuelle, et ainsi de suite.
51:47 Ils ont pour fonction d'aseptiser le texte
51:49 en fonction de la tyrannie des minorités
51:51 telle qu'on la connaît aujourd'hui.
51:53 C'est la grande aseptisation de la littérature contemporaine.
51:56 Mais, et ça, on pouvait l'annoncer,
51:58 moi, j'en étais certain,
52:00 après s'être emparé du présent, il s'empare du passé.
52:03 Quelle est la nouvelle étape?
52:05 C'est de réécrire les oeuvres venues du monde d'hier
52:07 pour les rendre compatibles avec notre espèce de sensibilité
52:10 politiquement correcte, complètement décomposée.
52:12 Alors, effectivement, ça touche l'auteur.
52:14 Pourquoi ça nous touche particulièrement?
52:16 C'est l'auteur de Charlie et la chocolaterie.
52:18 Je donne quelques exemples avant de toucher aux contemporains.
52:21 Alors, par exemple, on va nous parler du critère du sexisme.
52:24 On réécrit dans un des livres, dans "Le sacré sorcière".
52:27 Alors, Virginie, première version.
52:29 "Ne sois pas stupide, me dit ma grand-mère,
52:31 "tu ne peux pas tirer les cheveux de toutes les femmes
52:33 "que tu rencontres, même si elles portent des gants.
52:35 "Essaie pour voir ce qui se passera."
52:37 Le dernier passage disparaît. Oups! Il n'est plus là.
52:40 Mais il y a un passage correcteur qui est écrit à la place.
52:43 "Ne sois pas stupide, me dit ma grand-mère,
52:45 "de plus, il y a beaucoup d'autres raisons
52:47 "pour lesquelles les femmes pourraient porter des perruques.
52:50 "Il n'y a certainement rien de mal à cela."
52:52 -C'est la règle. -Donc là, on comprend.
52:54 On n'a pas seulement biffé un passage,
52:56 on vient m'en imposer un nouveau.
52:58 Ensuite, grossophobie.
53:00 La grossophobie, c'est critiquer, par exemple,
53:02 quelqu'un pour prendre trop de poids.
53:04 Est-ce qu'il doit faire un régime, oui ou non?
53:06 J'en connais un peu, là-dessus.
53:08 Alors, dans la version d'origine,
53:11 "Voilà votre petit garçon, dit-elle,
53:14 "il doit faire un régime."
53:16 Nouvelle version, "Voilà votre petit garçon."
53:18 La référence au régime disparaît.
53:20 En guerre contre la grossophobie, mes amis,
53:22 il ne faut pas céder.
53:24 Là, on pourrait donner d'autres exemples,
53:26 mais la logique, on l'aura compris,
53:29 c'est formidable, ça.
53:31 La vieille harpie devient la vieille corneille, par exemple.
53:33 Et là, je pourrais multiplier...
53:35 -Voilà, c'est très bon. -Je dis ça comme ça.
53:37 Les nains deviennent des petits bouts.
53:39 On pourrait multiplier les exemples.
53:41 Ce qui est intéressant, là-dedans,
53:43 c'est que c'est un travail de purge,
53:45 c'est un travail d'épuration littéraire,
53:47 c'est un travail de déconstruction des oeuvres.
53:49 On se permet de traiter les oeuvres
53:51 sur le mode soviétique en gommant.
53:53 On réécrit à la gomme, on change les passages,
53:55 on modifie tout, ça fait penser à l'encyclopédie soviétique,
53:57 mais sous les pires années de l'Union soviétique.
53:59 On a ce rapport-là, et on pourrait se dire,
54:01 cela dit, mais ça nous arrivera.
54:03 Donc c'est la purge, la purge, la purge.
54:05 Est-ce que ça nous arriverait ici, en France?
54:07 On peut espérer que non, mais il se pourrait que oui.
54:09 -Justement, alors là, vous nous avez dit
54:11 que vous avez trouvé un auteur censuré.
54:13 -Alors, ça traînait sur Twitter depuis un temps,
54:15 mais je voulais vous en parler,
54:17 et les circonstances le permettent.
54:19 Vous connaissez tous, je devine,
54:21 Jacques Benville, le grand historien.
54:23 Jacques Benville, il a une phrase très célèbre
54:25 dans son "Histoire de France", très célèbre.
54:27 "Le peuple français est un composé,
54:29 c'est mieux qu'une race, c'est une nation."
54:31 Quel beau passage, n'est-ce pas?
54:33 Nouvelle édition, La Rousse, mai 2022.
54:35 "Le peuple français est un composé,
54:37 c'est une nation."
54:39 (rires)
54:41 Ça devient juste incompréhensible, en passant.
54:43 Quand on dit "mieux qu'une race, c'est une nation",
54:45 c'est une comparaison par rapport aux Allemands,
54:47 c'est la logique de la nation plus importante
54:49 que la logique de la race.
54:51 Quand on lit par ailleurs la préface
54:53 de cette réédition de Benville,
54:55 on comprend que c'est un auteur
54:57 qui est très mal à l'aise de citer Benville.
54:59 C'est comme si on disait "Pourquoi je dois écrire
55:01 la préface de cet auteur mauvais?"
55:03 On comprend que c'est en mai 2022,
55:05 récupéré par le grand méchant Zed,
55:07 récupéré par le grand méchant Zemmour.
55:09 C'est jamais dit comme tel, mais c'est quand même entendu.
55:11 Donc, il nous met en garde contre le livre qu'il réédite.
55:13 Il faut le faire.
55:15 Mais, quoi qu'il en soit, il biffe un passage
55:17 comme ça, sans nous en avertir.
55:19 Je suis curieux de savoir quels sont les autres passages
55:21 qui auraient été biffés dans l'ouvrage,
55:23 quels sont les autres passages qui ont été biffés
55:25 dans d'autres ouvrages. C'est de la mutilation d'un texte.
55:27 C'est une forme de volonté de déconstruire un texte,
55:29 de le modifier sur le mode soviétique.
55:31 Et ça se fait, non pas chez les Anglo-Saxons,
55:33 cette fois-là, mais en France, et plus encore
55:35 chez Benville, qui, on peut le supposer,
55:37 devant cette réécriture-là, auraient dit
55:39 "Mais vous êtes tous des fous!"
55:41 - Mais on nous arrache notre culture.
55:43 - Bien sûr! C'est de la mutilation de texte!
55:45 C'est de la mutilation soviétique de texte,
55:47 de la logique de censeur, d'épurateur.
55:49 - C'est ça que j'en pense. - Et ça tue la langue!
55:51 En plus, on tue la langue!
55:53 - Merci. Merci beaucoup. Respirons
55:55 avec la Minute Info de Mathieu Dewez, et à demain.
55:57 ...
55:59 ...
56:01 - Un nouveau témoignage
56:03 contre Pierre Palmade dans le cadre
56:05 de l'enquête ouverte pour détention
56:07 d'images pédopornographiques.
56:09 Un second individu a été entendu par des enquêteurs
56:11 de la brigade de protection des mineurs.
56:13 Il leur a remis du matériel vidéo.
56:15 Pierre Palmade est par ailleurs mis en examen
56:17 pour homicide et blessures involontaires.
56:19 Et le parquet de Melun a ouvert une enquête
56:21 pour détention et usage de stupéfiants.
56:23 Kiev espère une visite d'Emmanuel Macron
56:25 en mars, c'est ce qu'a indiqué l'ambassadeur
56:27 d'Ukraine en France. Selon des sources diplomatiques,
56:29 Emmanuel Macron, qui s'était rendu
56:31 à Kiev en juin pour la première fois depuis
56:33 le début du conflit, souhaite y retourner
56:35 avec à la clé des annonces concrètes.
56:37 Enfin, l'OTAN s'inquiète
56:39 d'un possible soutien militaire de la Chine
56:41 à la Russie. Quelques heures après le discours
56:43 prononcé par Vladimir Poutine à Moscou,
56:45 le patron de l'organisation Jens Stoltenberg
56:47 a pris la parole depuis Bruxelles.
56:49 Ces derniers jours, les Etats-Unis avaient
56:51 déjà formulé de telles préoccupations,
56:53 démentie par Pékin.
56:55 ♪ ♪ ♪

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