Christine Kelly et ses chroniqueurs débattent de l'actualité dans #Facealinfo
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00:00 Ravi de vous retrouver ce soir, j'espère que vous allez bien.
00:03 Toute l'équipe est là au complet.
00:05 Comment ça va mon cher Guillaume, l'homme du mercredi ?
00:08 Ça va ?
00:09 Et du jeudi ?
00:10 Et du mercredi et du jeudi.
00:11 Et du samedi matin et du dimanche matin ?
00:13 Faites votre promo, allez-y.
00:14 Laisse-moi le produit, certains ne se gênent pas ici.
00:18 J'ai des noms, j'ai des noms !
00:21 Si ça commence comme ça !
00:23 Mais non ! Et comment il va mon jeune homme avec la pochette verte ce soir ?
00:28 Je vais toujours bien, je suis l'homme du lundi au jeudi et du samedi et du dimanche.
00:33 C'est clair ce soir.
00:35 Alors Charlotte en pleine forme, Marc aussi.
00:38 Oui ? Non ?
00:39 Non, non, le dimanche on pourra faire quelque chose pour vous.
00:43 En tout cas, vous êtes avec l'équipe de choc et de charme.
00:47 Mais tout de suite, la Minute Info, Andréa Spiteri.
00:50 Une enseignante poignardée par un élève.
00:55 Aujourd'hui, elle est décédée des suites de ses blessures.
00:58 Les faits se sont déroulés à Saint-Jean-de-Luz ce matin.
01:01 Le suspect âgé de 16 ans a été interpellé et placé en garde à vue.
01:06 Il aurait déclaré être possédé.
01:08 Demain, une minute de silence sera respectée dans tous les établissements scolaires de France.
01:14 27 ans de réclusion, criminel requis à l'encontre d'Essia Boulares.
01:18 Elle est accusée d'avoir volontairement mis le feu à son immeuble de la rue Arlanger le 5 février 2019.
01:24 10 personnes avaient perdu la vie dans ce drame.
01:28 Le verdict est attendu ce jeudi.
01:31 Et puis la Russie combat actuellement en Ukraine pour ses terres historiques.
01:35 Ce sont les mots de Vladimir Poutine aujourd'hui.
01:37 Le chef du Kremlin s'est exprimé lors d'un grand concert patriotique à Moscou.
01:42 Des dizaines de milliers de Russes se sont rassemblés ce mercredi.
01:45 L'événement était organisé par les autorités en soutien alors offensives en Ukraine.
01:53 Au sommaire ce soir, scandale dans une petite ville allemande à 20 km de Bal.
02:01 40 locataires ont reçu l'ordre de quitter leur logement.
02:04 Nous allons prochainement résilier le contrat de location convenu avec vous, ont-ils reçu comme courrier.
02:10 La raison, l'arrivée massive de réfugiés d'Ukraine et d'autres régions du monde ayant besoin d'un toit en Allemagne.
02:18 Les habitants sont abasourdis, oui à l'hébergement des réfugiés, mais pourquoi jusqu'à être soi-même délogé.
02:26 L'édito de Mathieu Bocoté.
02:28 À 48 heures du premier triste anniversaire de la guerre en Ukraine,
02:32 les Etats-Unis voient leurs exportations de pétrole vers l'Europe exploser, +52%.
02:37 Le gaz américain devrait représenter cette année la moitié des importations en Europe.
02:42 Si les experts constatent ce virage de l'Europe vers les Etats-Unis en matière d'énergie, qu'en est-il de la France ?
02:50 Qu'a-t-elle gagné ou perdu depuis la guerre ? Au niveau économique, énergétique, diplomatique ?
02:56 L'édito de Guillaume Bigot.
02:58 Le carême commence donc aujourd'hui pour les catholiques.
03:03 40 jours de jeûne jusqu'au jeudi 6 avril, de quoi s'agit-il aujourd'hui ?
03:08 Pour expliquer le carême, on dit que c'est une forme de ramadan.
03:11 Est-ce la conséquence de la déchristianisation ?
03:14 Le carême retrouve-t-il des adeptes face à une société en quête de sens,
03:17 quête de spiritualité ou par pression religieuse ?
03:21 Marc Menon raconte.
03:23 Alors que les enquêteurs sont toujours à pied d'oeuvre pour en savoir plus
03:27 sur l'accusation de pédocriminalité envers Pierre Palmade, et si elle est avérée,
03:32 on découvre tous l'horreur d'un monde dont personne n'ose parler.
03:36 Comment notre société est-elle tombée dans la pédopornographie ?
03:40 Comment l'inimaginable a pu entrer dans nos vies et se rapprocher de nous ?
03:44 Comment protéger notre société, nos enfants ?
03:47 L'édito de Mathieu Bocoutier.
03:49 Une heure pour prendre un peu de hauteur sur l'actualité avec nos éditorialistes.
03:53 En commentaire, on dérive ton analyse et c'est parti !
04:08 D'abord, pour commencer, cette professeure d'Espagnol,
04:11 âgée de 52 ans, du lycée catholique privé Saint-Thomas d'Aquin à Saint-Jean-de-Luz,
04:16 qui a été a priori assassinée, mais poignardée, ce matin, peu avant 10h.
04:21 L'auteur présumé s'appelle Tom, il a 16 ans.
04:25 Et avec vous, Charlotte, on va commencer pour en savoir plus
04:29 sur cette affaire qui nous a tous bouleversées aujourd'hui.
04:32 La première chose, c'est qu'en effet, on ne sait pas grand-chose.
04:35 Donc on essaye de supputer pour essayer de comprendre.
04:37 On est tous un peu tétanisés devant ce qui se passe.
04:40 Et on essaye, alors c'est déjà arrivé, c'est arrivé notamment,
04:44 on se souvient au début sur l'affaire de la petite Lola,
04:47 quand on ne savait absolument rien de la femme qui l'avait agressée.
04:51 On est devant un mal tellement exprimé de manière tellement brute
04:55 qu'on est à la fois tétanisé et en même temps, notre intelligence mouline à vide
04:59 pour essayer de comprendre d'où ça vient, qu'est-ce que c'est, qu'est-ce qui se passe,
05:02 qu'est-ce qui a bien pu se passer dans la tête de cet élève.
05:05 Alors on essaye au fil des débats de rattacher ça au reste de la violence
05:10 qui a pénétré l'école depuis de longues années et qui est parfois extrêmement inquiétante.
05:14 Mais on sent tous qu'il y a quelque chose de plus ou de différent
05:18 et de particulièrement choquant dans cette affaire.
05:21 Alors concrètement, on a un élève qui s'est levé calmement,
05:25 qui est parti fermer la porte, qui a été tuer la professeure avec un couteau
05:30 et qui ensuite est reparti aller dans une salle à côté.
05:34 Et tous les élèves, puisque c'est les seules choses que l'on sache vraiment,
05:38 ont décrit un élève extrêmement calme, déterminé, qui a été tué, cette professeure,
05:42 qui s'est ensuite retrouvé dans une autre classe,
05:44 où des professeurs ont réussi à lui parler sans qu'il n'essaye de les agresser,
05:47 sans qu'il n'essaye de tuer quelqu'un d'autre.
05:49 Donc le but n'était pas de tuer qui que ce soit, c'était cette professeure.
05:53 Et il a expliqué à un autre professeur qu'il était possédé
05:57 et qu'il avait entendu des voix dans la nuit lui disant d'aller tuer cette professeure.
06:02 Alors évidemment, depuis, on essaye d'analyser, de convoquer des experts
06:06 qui évoquent de possibles bouffées délirantes, parce que nous ne sommes plus capables.
06:12 C'est-à-dire que le seul fait que nous ayons, ce sont ses propos à lui.
06:15 Pour l'instant, évidemment, les policiers et les enquêteurs font leur travail là aujourd'hui.
06:19 Et on ne comprend plus les mots même qu'il emploie.
06:22 Peut-être ne les comprend-il pas lui-même, je reste extrêmement prudente.
06:26 Mais on est incapable de considérer le sérieux de ce que veut dire une possession.
06:29 Ça a été une évidence dans la société pendant très longtemps.
06:32 Ça n'est plus le cas du tout.
06:34 Et donc, puisqu'on ne comprend plus ce vocabulaire, on se rattache au vocabulaire que nous connaissons.
06:39 Donc on évoque en effet les bouffées délirantes.
06:41 On a aussi le descriptif du garçon.
06:44 Et alors là, je serai encore plus prudente, parce qu'on a des camarades qui nous disent
06:48 il était un peu marginal, il ne parlait pas beaucoup, il était très timide.
06:52 Étant donné ce qui vient de se passer, on a aussi une manière de caractériser la personne
06:56 qui est probablement différente de si on leur avait posé la question hier.
06:59 Et Dieu merci, tous les enfants timides, un peu marginaux, ne vont pas tuer une professeure demain.
07:05 Donc c'est très difficile d'établir son profil.
07:08 Et ce qu'on sait, c'est que le meurtrier est actuellement en garde à vue.
07:11 L'enquête est confiée à la police judiciaire pour assassinat,
07:15 c'est-à-dire meurtre avec préméditation, puisqu'il était venu avec un couteau sur lui.
07:19 Et qu'il dit en plus, la première chose, que depuis la nuit,
07:22 il avait envie d'aller tuer cette professeure en particulier.
07:26 Alors évidemment, toutes les analyses vont être faites, alcool, drogue, médicaments,
07:30 pour savoir si par hasard, on peut essayer de comprendre le déclenchement de l'acte.
07:37 Comment comprendre un tel passage à l'acte que recouvre justement cette possession
07:42 dont parle l'élève lorsqu'il dit "j'étais possédé".
07:45 Honnêtement, il serait orgueilleux, et je ne vais pas le faire,
07:49 d'avoir une explication toute faite à ce qui s'est passé.
07:51 Je ne connais pas cet élève, pas cette professeure, ni l'établissement.
07:55 Simplement comprendre la violence, et la violence brute aussi brutale,
07:59 suppose d'abord de comprendre la nature.
08:01 La violence, ou même le mal, c'est l'absence de bien.
08:04 La violence étant ce qui est contre-nature,
08:06 ce qui choque notamment la raison pour cette raison précise.
08:10 Il n'était pas dans la nature de cet élève d'aller tuer son professeur,
08:12 et certainement pas dans celle de ce professeur de se faire tuer par son élève.
08:16 Or, la question de la nature est évacuée.
08:19 La question du bien et du mal devient extrêmement compliquée.
08:22 Qu'est-ce qui est bien par rapport à ce que nous sommes,
08:24 si chacun redéfinit ce qu'il est ?
08:26 La question du bien et du mal est déjà compliquée à comprendre.
08:29 Ensuite, la question de la possession,
08:31 en tout cas dans notre univers culturel et civilisationnel à nous,
08:35 recouvre les notions de Dieu et de diable.
08:37 Notions qui, elles aussi, ont été remisées au terme des anciennetés
08:42 dont on parle dans les cours d'histoire.
08:44 Donc, on convoque quoi ? La science.
08:46 Sauf que la science, elle reconnaît elle-même
08:48 qu'elle comprend assez mal, en tout cas une infime partie du cerveau.
08:52 Or, on comprend que ce qui se passe là,
08:54 ce qu'on essaie de comprendre, c'est qu'est-ce qui s'est passé dans le cerveau de ce jeune homme.
08:57 Donc, on convoque des experts qui ont du mal à expliquer,
09:00 parce que pendant très longtemps, l'explication,
09:03 surtout si la personne elle-même revendique la possession,
09:06 en l'occurrence, ça aurait été simple.
09:08 Le diable a pris le contrôle d'une âme
09:10 qui donc fait le mal, devient l'instrument du mal avec un grand M.
09:13 Comment trouver l'explication scientifique
09:16 à ce que nous ne reconnaissons plus sur le terrain religieux ?
09:19 Eh bien, nous ne savons pas le faire.
09:21 Donc, on convoque des experts quand même,
09:23 puisque la science a pris la place de la religion
09:25 pour répondre à nos questions,
09:27 et parce que l'intelligence, vraiment, cherche à comprendre.
09:30 Elle panique en réalité, c'est ça la vérité.
09:32 Nous paniquons devant l'incompréhensible.
09:34 Vraiment, nous paniquons.
09:36 Alors, moi, je vais faire un pas de côté, si vous me permettez,
09:39 puisque chacun essaye d'expliquer un peu.
09:42 Et je vais essayer de dire, je pense qu'il n'y a rien d'absurde,
09:45 en tout cas, à envisager ce qui nous dépasse,
09:48 parce que, objectivement, ce qui est en train de se passer nous dépasse.
09:51 Et l'Église catholique, en l'occurrence,
09:54 prend la question de la possession très au sérieux.
09:57 Et je précise à nouveau ici
09:59 que je ne sais absolument rien de ce jeune homme.
10:02 C'est peut-être un tueur extrêmement habile
10:04 qui a déguisé la manière dont il voulait tuer.
10:06 C'est peut-être quelqu'un de malade.
10:08 C'est peut-être quelqu'un qui a des troubles psychiatriques
10:10 qui seront tout à fait étudiés.
10:12 Mais simplement, je vais prendre au sérieux le mot qu'il a utilisé,
10:15 combien même il ne s'adapte pas en l'occurrence.
10:18 Et j'avais envie de dire, on va se mettre à l'école de Baudelaire
10:21 quelques secondes, Baudelaire qui avait dit, vous savez,
10:23 "La plus belle des rues du diable est de vous faire croire qu'il n'existe pas."
10:26 Eh bien, il se trouve que l'Église, elle,
10:28 prend au sérieux l'existence du diable
10:30 et au sérieux la question de la possession.
10:32 Et alors là, je rebascule sur le terrain rationnel.
10:34 C'est-à-dire qu'il y a aujourd'hui dans l'Église catholique
10:38 un nombre d'exorcistes qui est beaucoup plus fort aujourd'hui
10:41 qu'il y a quelques années.
10:43 On avait, et c'est le Figaro qui donnait ces chiffres-là,
10:46 en 2010, une quinzaine de cas d'exorcisme réel par an,
10:51 et aujourd'hui, c'est désormais une cinquantaine par an.
10:54 Or, il se trouve que chaque diocèse,
10:56 il y en a à peu près 100 en France, a son exorciste.
10:59 Et il se trouve que, pour vous donner une idée,
11:01 en Ile-de-France, c'est 2 500 appels auprès des exorcistes par an.
11:06 Et il n'y a qu'une cinquantaine de cas d'exorcisme réel
11:09 pratiqués dans l'année.
11:11 Donc, on ne prend pas le tout venant
11:13 et on exorcise toutes les personnes qui veulent être exorcisées.
11:15 Il y a d'abord une étude du cas lui-même.
11:17 Il y a des gens qui ont besoin de parler.
11:19 Il y a des gens qui ont besoin d'une oreille attentive.
11:21 Il y a des gens qui ont besoin d'aide, tout simplement.
11:23 Il y a des gens qui ont besoin d'être redirigés vers des psychologues.
11:25 Et il y a des gens qu'on prend sur le terrain de la possession elle-même.
11:30 Il y a même parfois des experts psychiatres,
11:32 des médecins, qui renvoient vers les prêtres exorcistes
11:37 en disant "ça n'est plus notre terrain, nous ne savons pas faire".
11:40 Et là où c'est extrêmement rationnel,
11:42 c'est que les séances d'exorcisme, elles existent bien.
11:45 Et vous avez des récits complètement hallucinants.
11:48 C'est-à-dire des personnes dont les forces sont décuplées,
11:50 des personnes qui se mettent à parler subitement une langue étrangère
11:53 qu'elles ne maîtrisent pas habituellement.
11:56 Je vous prends des exemples très précis,
11:58 qui vous expliquent avoir vu telle et telle vision,
12:00 décrire des endroits qu'elles ne connaissent pas.
12:03 Et là, évidemment, sur ce terrain-là, c'est parce que la science ne répond pas
12:07 qu'en l'occurrence, le prêtre exorciste prend le relais.
12:10 Alors on a tous dans la tête l'imaginaire des films,
12:13 notamment de l'exorciste qui est le film.
12:16 Il y a des prêtres exorcistes qui disent que l'exorcisme, c'est caricatural,
12:20 mais qu'il y a certaines choses qui sont vraies,
12:22 notamment le regard et la haine dans le regard.
12:25 C'est quelque chose qui a frappé tous les exorcistes
12:27 qui ont eu des exorcismes à faire.
12:29 C'est la haine qui subitement habite le regard d'une personne
12:32 qui habituellement est calme et rationnel dans ses gestes et mouvements.
12:37 - Est-ce que ce n'est pas, Charlotte, une façon de déresponsabiliser le meurtrier ?
12:41 - Si, ça a l'air d'être ça.
12:44 D'abord, d'une part, l'acte, jusqu'à preuve du contraire,
12:48 en l'occurrence dans l'affaire qui nous occupe,
12:50 c'est lui qui l'a posé et c'est lui qui devra en répondre,
12:52 notamment dans l'enquête.
12:54 Deuxièmement, sur la question de la possession,
12:56 la responsabilité n'est pas nécessairement désengagée.
12:59 Il y a des gens qui recherchent la possession du diable
13:03 pour aller commettre le mal.
13:05 Ça aussi, c'est un discernement à effectuer.
13:08 Et par ailleurs, ce n'est pas parce que dans le discours public,
13:11 certaines idéologies sont gommées derrière le fameux déséquilibre,
13:15 qu'on cherche à gommer certaines choses
13:19 qui meuvent des meurtriers derrière l'idée
13:22 qu'ils seraient tous déséquilibrés et donc qu'ils seraient irresponsables,
13:26 qu'il n'y a pas de vrais irresponsables dans la société.
13:29 Ce sont deux choses différentes.
13:30 Il y a des gens qui, effectivement, pour des raisons psychiatriques,
13:33 souvent, sont, objectivement, irresponsables de leurs actes.
13:37 Mais dans cette affaire, et je conclurai là-dessus,
13:39 on ne sait pas grand-chose.
13:41 Encore une fois, c'est simplement qu'on a l'habitude
13:43 de passer des heures sur de véritables faits divers,
13:46 c'est-à-dire des choses qui sont difficiles à raccorder
13:48 à ce qui se passe par ailleurs dans la société.
13:50 Le seul point commun entre tous, c'est la question du mal.
13:53 Et c'est cette question-là que nous n'arrivons pas à appréhender
13:56 et que, par ailleurs, nous ne cherchons pas vraiment à appréhender
13:59 parce qu'elle est sur un terrain que nous pensons avoir déserté
14:02 pour notre plus grand bien.
14:03 Je ne suis pas sûre que là, en l'occurrence,
14:05 on puisse chercher les réponses ailleurs.
14:07 - On fera un tour de terme sur la question dans un instant.
14:10 Est-ce qu'il faut aujourd'hui protéger nos enseignants ?
14:13 Même là, c'est une école privée catholique,
14:16 on a l'impression parfois que nos enfants sont un peu plus protégés.
14:19 Est-ce que même là aussi, il n'y a plus de protection pour nos enfants ?
14:22 Est-ce que, de façon générale, le niveau de l'éducation,
14:25 il faut voir l'éducation des enfants ?
14:28 Est-ce qu'il y a quelque chose à changer ?
14:30 On en parlera avec vous dans un instant
14:32 puisque ce sujet nous interpelle beaucoup.
14:34 Mathieu, c'est une histoire allemande,
14:36 mais cela pourrait aussi être une histoire française.
14:39 À Lorach, je ne sais pas si on prononce bien, en Allemagne,
14:42 très intéressant ce qui s'est passé.
14:44 Une quarantaine de locataires ont reçu un avis d'expulsion de leur logement.
14:47 Pour quelle raison ?
14:48 Pour faire de la place à des réfugiés ukrainiens.
14:50 Les expulsés sont stupéfaits de cette histoire.
14:53 Pourtant, on ne parle pas vraiment en France.
14:55 Alors, est-ce qu'on ne pourrait pas croire
14:57 qu'elle pourrait peut-être nous interpeller ?
14:59 Pourquoi est-ce qu'on ne nous regarde pas du tout ce genre d'histoire ?
15:02 - Alors, on est devant une histoire assez frappante.
15:04 On explique qu'on doit recevoir dans nos pays des réfugiés.
15:07 On suppose qu'on a les capacités d'accueillir ces réfugiés.
15:10 On suppose que c'est parce qu'on est des sociétés prospères,
15:13 avec le droit, tout ce qu'il faudrait.
15:15 Alors, qu'est-ce qu'on voit dans cette petite ville
15:17 qui est à la frontière d'Allemagne, France et Suisse ?
15:20 40 locataires, 36 en fait, si je ne me trompe pas,
15:23 se font dire, non, 40 locataires se font dire,
15:26 « Désolé, vous allez devoir quitter votre logement
15:29 car nous recevrons d'ici la fin de l'année
15:32 356 réfugiés et ukrainiens. »
15:37 Mais on précise, de l'un à l'autre, on dit « et peut-être d'ailleurs ».
15:41 Mais bon, pour l'instant, des réfugiés ukrainiens.
15:44 Et donc, on dit aux gens, « Désolé, décampé,
15:47 il faut faire de la place pour d'autres. »
15:49 Vous devinez, il y a une forme de stupéfaction.
15:51 Parmi les gens qui se font chasser de chez eux
15:53 pour installer à la place des réfugiés,
15:55 certains sont là depuis quelques mois,
15:58 mais d'autres sont là depuis 20 ans, depuis 30 ans,
16:01 et on leur dit, « Désolé, il faut que vous fassiez de la place
16:03 pour quelqu'un d'autre. » Je cite, par exemple,
16:06 « La propriété sera utilisée, » c'est dans la lettre de l'association,
16:10 qui a été envoyée aux gens. Les gens reçoivent une lettre
16:12 pour leur expliquer pourquoi ils doivent décomper de chez eux.
16:14 « La propriété sera utilisée à l'avenir
16:16 en raison de son aptitude particulière
16:18 à accueillir des réfugiés de la guerre d'Ukraine. »
16:21 On ajoute, « Ces appartements nous aident beaucoup
16:24 à fournir aux personnes qui arrivent dans la ville
16:27 un espace de vie et à remplir ici nos tâches urbaines. »
16:31 C'est exceptionnel. Donc là, on dit, « Dégagez,
16:33 vous n'êtes plus chez vous, de nouvelles personnes
16:36 qui viennent d'ailleurs vous remplacent. »
16:38 Vous me pardonnerez ce terme.
16:39 Alors, les arguments utilisés par la ville, quels sont-ils?
16:42 Parce qu'on dit ensuite, « On va vous aider à vous reloger. »
16:44 On va vous aider à vous reloger. D'abord, on vous chasse de chez vous,
16:46 et ensuite, on vous aide à retrouver quelque chose d'autre.
16:49 On dit, « C'est des immeubles en fin de vie.
16:51 Ils sont un peu terminés. On va vous donner
16:53 un immeuble plus moderne. » Ça, c'est l'argument.
16:56 Plus moderne et plus orange. Donc, tout ira pour le mieux.
16:58 C'est pour votre bien qu'on vous chasse, les enfants.
17:01 C'est pour votre bien qu'on vous chasse, les amis.
17:03 Alors là, il y a des histoires. Un homme de 81 ans
17:05 qui paye un loyer modeste se dit, « Mais est-ce que je vais
17:07 être capable de me retrouver quelque chose? »
17:09 C'est des gens assez modestes, globalement.
17:11 Mais ça, qu'est-ce que ça nous dit, cette histoire
17:13 qui est frappante? C'est que c'est l'envers
17:15 du récit enchanté de l'immigration en Allemagne.
17:18 Parce que qu'est-ce qu'on nous dit depuis 2015?
17:20 On nous dit, l'Allemagne a été parfaitement capable
17:22 d'accueillir d'abord les Syriens. Et là, maintenant,
17:25 il y a davantage, je crois que c'est en passant,
17:27 en un an, d'Ukrainiens que de Syriens.
17:29 On note, avec grand étonnement, je le disais dans Le Monde,
17:31 ça, ça ne faisait pas référence à l'histoire que je vous contais
17:33 ici, mais plus largement par rapport à l'accueil des réfugiés.
17:35 On dit, c'est formidable comme ça, ça se passe bien
17:37 cette fois-là. Comment l'expliquer?
17:39 Et là, on dit, auparavant, c'était en 2015,
17:42 des jeunes hommes, on pourrait ajouter, dans la vingtaine,
17:46 d'une ère civilisationnelle assez distincte,
17:49 avec les histoires que l'on sait, par exemple, à Cologne.
17:52 Là, on est devant des femmes, au-delà de la quarantaine,
17:54 avec des enfants, d'une ère civilisationnelle
17:56 qui est la même. L'explication qui est donnée par Le Monde,
17:59 eh bien, c'est parce qu'il y a eu une véritable volonté
18:02 d'intégration politique, une vraie volonté politique,
18:05 qui s'est exprimée par le pouvoir allemand dans ce cas-là.
18:08 Autrement dit, la culture ne compte pas,
18:10 le type de réfugié ne compte pas, le type d'immigré
18:12 ne compte pas, l'essentiel, c'est si la société d'accueil
18:14 veut vraiment accueillir les réfugiés.
18:17 Autre élément, on nous dit, et ça, c'est assez fascinant,
18:20 on nous dit qu'il n'y a pas de débat politique, vous savez,
18:22 en Allemagne, sur l'immigration. Il n'y en a pas!
18:25 On parle des élections, on ne parle pas d'immigration.
18:27 Mais ce qu'on constate, avec cette histoire
18:29 et peut-être tant d'autres, eh bien, il y a manifestement
18:31 des angles morts qui remontent à la surface, par exemple,
18:33 ce droit que l'on se donne de chasser de chez eux
18:35 des dizaines de personnes pour les remplacer par des réfugiés.
18:39 - C'est pas pour la bonne cause, parce qu'ils sont en guerre?
18:41 - Mais, chère Christine, pour la bonne cause,
18:43 si je vous chasse de chez vous en disant
18:45 « je vous remplace par quelqu'un d'autre »,
18:47 j'espère que vous allez vous sacrifier volontairement.
18:49 - Je vais réfléchir. Passons à la question suivante.
18:52 Y a-t-il un lien à faire avec les cas d'implantation
18:55 forcée de migrants en France, dont on parlait justement
18:58 avec Charlotte hier?
18:59 - On en parlait récemment au Calac,
19:01 on parlait avec Charlotte hier. Alors, directement, non.
19:03 C'est-à-dire qu'il n'y a pas de cas répertorié en France
19:05 où les autorités arriveraient en disant « vous décampez du village,
19:08 on doit désormais le peupler par des personnes nouvelles ».
19:11 Ça, c'est directement, il n'y en a pas.
19:13 Indirectement, qu'est-ce qu'on voit en France?
19:16 C'est que lorsqu'on décide d'implanter de manière autoritaire
19:19 des populations nouvelles, marquées du saut de l'immigration,
19:22 des réfugiés, comme on dit aujourd'hui,
19:24 le concept de réfugiés le 16 septembre,
19:26 quand vous les implantez de force dans un endroit,
19:29 la réaction des gens, c'est que leur environnement change complètement,
19:32 leur environnement culturel change.
19:34 Et si on fait l'histoire, finalement, des mouvements migratoires,
19:37 qu'ils soient réguliers, irréguliers, légaux, illégaux,
19:40 depuis 40 ans, vous avez toute une série de territoires
19:42 en France qui ont été désertés par le peuple historique français,
19:45 des territoires qui ont été désertés,
19:48 dont ils ont été chassés quelquefois culturellement.
19:51 Pourquoi? Parce qu'une forme de séparation ethnique
19:54 s'opère sans qu'on nous dise le mot.
19:56 Donc, des communautés arrivent, imposent leurs mœurs,
19:58 imposent leurs codes, pas parce qu'elles sont méchantes,
20:00 simplement parce qu'il y a un effet de masse démographique.
20:03 D'autres sont amenées à partir.
20:05 Ce qu'on voit, par exemple, dans les banlieues autour de Paris,
20:08 c'est un bon exemple de cela, je crois.
20:10 Ensuite, autre élément, donc c'est pas direct, on comprend,
20:12 mais il y a un effet indirect quand il y a des transferts
20:14 de population, d'autres décident de quitter.
20:17 On le voit aux États-Unis aussi, on le voit un peu partout.
20:19 Autre élément, les fonds publics.
20:21 On nous explique souvent, vous savez, il n'y a pas assez
20:23 de fonds publics, de ressources de l'État pour telle, telle,
20:25 telle catégorie de la population, mais il y en a toujours
20:27 pour la politique de la ville. Vous savez, c'est le gouffre
20:29 immense qui sert à accueillir les milliards pour gérer
20:32 les tensions sociales liées à l'immigration
20:34 et que l'on nomme politique de la ville.
20:36 Ces milliards-là ne vont pas aux Français de la France
20:39 qui sont des territoires périphériques qui sont sacrifiés,
20:41 qui sont abandonnés parce qu'ils sont peut-être moins menaçants
20:43 parce qu'on ne redoute pas d'une manière ou de l'autre
20:45 des tensions sur le mode banlieue.
20:47 Donc, est-ce qu'on a connu la même chose en France? Non.
20:50 Est-ce que par ailleurs, il y a des déplacements de population?
20:52 Est-ce que par ailleurs, il y a des zones qui deviennent
20:54 tout simplement inhospitalières pour qui veut vivre
20:56 selon les codes de la culture française, le halal,
20:59 ainsi de suite, le voile et tout ça?
21:01 Il y a indirectement, ce passe aussi, on pourrait dire,
21:04 en France, ce qui se passe en Allemagne de manière
21:06 beaucoup plus brutale, de manière beaucoup plus cruelle.
21:10 - Alors, justement, on fait souvent de cette inquiétude
21:13 devant l'immigration de masse une exclusivité européenne.
21:16 Donc là, le cas de l'Allemagne que vous avez bien décriée.
21:19 Est-ce que c'est vraiment le cas, l'exclusivité européenne?
21:22 - Franchement, ça, ça m'a beaucoup amusé.
21:24 Vous me conduisez au sud de la Méditerranée ou en Tunisie.
21:27 Alors, c'était dans Le Figaro hier.
21:29 Je lis ça avec étonnement, avec amusement.
21:32 C'est le président, Kaïs Saïed,
21:35 j'espère ne pas massacrer son nom,
21:37 qui s'est exprimé avec beaucoup d'inquiétude
21:40 devant le Conseil de sécurité nationale,
21:43 en s'inquiétant notamment de l'arrivée en Tunisie
21:47 d'un grand nombre de migrants clandestins
21:49 en provenance de l'Afrique subsaharienne.
21:52 Donc là, on comprend.
21:54 La Tunisie s'inquiète de l'arrivée d'immigrants
21:57 qui viennent du sud et qui pourraient transformer le pays.
22:01 Puisque je poursuis l'expression de l'inquiétude
22:03 du président tunisien.
22:05 Il parle, il parle de hordes de migrants clandestins.
22:09 C'est qui qui parle ici?
22:11 C'est un leader d'un parti de droite populiste européen?
22:14 Non, c'est le président de la Tunisie.
22:16 Des hordes de migrants clandestins
22:18 qui sont selon lui une source de violence,
22:21 de crimes et d'actes inacceptables.
22:24 Devant cela, le président tunisien toujours
22:27 en appelle à la nécessité de mettre rapidement fin
22:31 à cette immigration.
22:33 Là, vous direz, il va loin.
22:35 Ah, ben non, je n'ai même pas encore commencé.
22:37 Alors, qu'est-ce qu'il dit aussi?
22:39 Alors, je vais le citer.
22:41 Il parle d'une entreprise criminelle,
22:43 ourdie à l'orée de ce siècle
22:45 pour changer la composition démographique de la Tunisie
22:49 afin de la transformer en un pays africain seulement
22:52 et estomper son caractère arabo-musulman.
22:56 Alors, juste pour que vous compreniez,
22:58 une entreprise criminelle, ourdie.
23:00 Là, je me mets dans la tête d'un journaliste du Monde.
23:02 Entreprise criminelle, ourdie.
23:04 Théorie du complot!
23:06 Ensuite, pour changer la composition démographique
23:09 de la Tunisie.
23:11 Grand remplacement!
23:13 Et là, j'en rajoute une dernière,
23:15 pour transformer en un pays africain seulement
23:17 et estomper son caractère arabo-musulman.
23:19 Là, désormais, c'est la définition ethnique de la nation.
23:22 Mais j'espère que le monde et l'IB et tout ça
23:24 vont se mobiliser ardemment pour dénoncer
23:26 le pouvoir d'extrême droite qui apparemment
23:28 dominerait la Tunisie.
23:30 Ou peut-être qu'ils ne feront pas ça, finalement.
23:32 Ça m'intrigue. Mais ce qui est intéressant,
23:34 c'est de voir comment, dans un contexte qui n'est pas
23:36 celui de l'Europe, on parle avec une franchise,
23:38 avec une liberté de ton incroyable
23:40 de cette question migratoire, de cette question...
23:42 Et là, je vais prendre des mots qui ne sont pas les miens,
23:44 mais de la transformation du caractère du pays.
23:47 On pourrait dire la transformation
23:49 de son substrat démographique.
23:51 Et si j'utilise la pensée du président tunisien,
23:53 c'est la transformation de son substrat ethnique.
23:55 On s'inquiète que la Tunisie ne ressemble plus
23:57 à la Tunisie. Alors vous me direz,
23:59 est-ce que c'est exclusif à la Tunisie?
24:01 Mais pas vraiment. La question démographique
24:03 se pose partout dans le monde.
24:05 Trois exemples.
24:07 En Israël...
24:09 Oh, juste un petit excusement. Avant Israël,
24:11 une seconde. Devant ça, la journaliste de l'AFP.
24:13 Vous savez, les gens qui sont respectueux
24:15 des faits et qui ne sont pas des démilitants,
24:17 qui ne sont pas orientés idéologiquement,
24:19 commentent ça sur Twitter en disant
24:21 « Je n'en crois pas, mes yeux ! »
24:23 Ah, la neutralité de l'AFP.
24:25 Enfin, quoi qu'il en soit.
24:27 L'Agence française de propagande, je crois on dit.
24:29 Ensuite, trois endroits. En Israël,
24:31 en Israël, quelle est la grande inquiétude aujourd'hui?
24:33 C'est que s'il y a un basculement démographique
24:35 qui fait en sorte que les Juifs en Israël
24:37 deviennent minoritaires dans leur propre pays,
24:39 eh bien, il n'y aura plus d'État juif.
24:41 Il y aura un État avec une minorité juive
24:43 mais sous contrôle d'une population arabe.
24:45 Ça, ça en inquiète beaucoup en Israël.
24:47 Est-ce que les Israéliens se font accuser
24:49 de basculer dans la théorie conspirationniste
24:51 du grand emplacement parce qu'ils veulent s'assurer
24:53 qu'Israël demeure un État juif?
24:55 Il faut quand même nous le dire.
24:57 En Irlande du Nord, qu'est-ce que l'Irlande
24:59 vient faire là-dedans? Eh bien, on se demande
25:01 s'il y a davantage de catholiques que de protestants
25:03 en Irlande demain. Est-ce que l'Irlande du Nord
25:05 va se rattacher au reste de l'Irlande,
25:07 ce qu'on pourrait souhaiter, évidemment.
25:09 Eh bien, on pourrait multiplier les exemples.
25:11 Donc, comme quoi, la question démographique,
25:13 elle est centrale et elle nous vient, cette fois,
25:15 de Tunisie en passant aussi par l'Allemagne.
25:17 - Très intéressant comme regard. Merci beaucoup,
25:19 mon cher Mathieu. On va marquer une pause
25:21 sur le carême. Qu'est-ce que c'est?
25:23 On fera un tour de table aussi sur l'affaire
25:25 de cette enseignante qui a été tuée à Saint-Jean-de-Luz.
25:27 On marque une pause. À tout de suite.
25:29 Avant de parler du carême, qu'est-ce que c'est?
25:35 Est-ce que maintenant, on parle du carême
25:37 parce qu'on parlait du Ramadan?
25:39 Posons-nous les questions. - Nous les poserons.
25:41 - Voilà. Je vous posez la question clairement.
25:43 Et dans un instant, on va parler avec vous
25:45 de l'Ukraine. Je ne comprends pas
25:47 comment les États-Unis
25:49 gagnent sur l'énergie,
25:51 gagnent sur le gaz, gagnent sur tout,
25:53 gagnent sur le pétrole, les exportations,
25:55 etc. Et nous,
25:57 qu'est-ce qu'on a gagné ou perdu pendant la guerre?
25:59 On voit ça dans un instant après la Minute Info
26:01 d'Andréa Spiteri.
26:03 - C'est un jour triste pour l'éducation nationale.
26:09 Ce sont les mots de Pap Ndiaye.
26:11 Le ministre de l'Éducation s'est rendu
26:13 à Saint-Jean-de-Luz aujourd'hui
26:15 où une enseignante a été appoignardée
26:17 par un élève ce matin.
26:19 Elle est à décéder des suites de ses blessures.
26:21 Le suspect a été interpellé
26:23 et placé en garde à vue.
26:25 Demain, une minute de silence
26:27 sera respectée dans tous les établissements
26:29 scolaires de France.
26:31 La sécurité du réseau
26:33 SNCF renforcée.
26:35 L'État va débloquer une enveloppe supplémentaire
26:37 de 5 millions d'euros.
26:39 En janvier, un acte de malveillance a fortement
26:41 perturbé le trafic à la gare de l'Est.
26:43 L'objectif est de sécuriser
26:45 environ 130 sites
26:47 en Ile-de-France d'ici 2024.
26:49 Et puis le groupe
26:51 Wagner-Sagas, le patron de
26:53 l'organisation paramilitaire russe,
26:55 demande à la population de faire pression
26:57 sur l'armée, le but fournir
26:59 des munitions à ses hommes.
27:01 Cet appel inédit illustre l'ampleur
27:03 des tensions entre les mercenaires
27:05 et l'État-major de la Russie.
27:07 À 48 heures du premier triste anniversaire
27:11 de la guerre en Ukraine,
27:13 les experts constatent le virage de l'Europe
27:15 vers les États-Unis en matière
27:17 d'énergie. Pour pallier
27:19 les chutes d'approvisionnement russes, les États-Unis
27:21 ont bénéficié d'une augmentation de 52%
27:23 de leurs exportations de pétrole
27:25 vers l'Europe. Les États-Unis
27:27 gagnent sur le front de l'énergie,
27:29 mais nous, qu'avons-nous
27:31 gagné ou perdu
27:33 après un an de conflit ?
27:35 D'abord, Christine,
27:37 il faut remettre en place ce
27:39 concept qu'on a déjà utilisé, ce brouillard
27:41 de la guerre de Klaus Schwitz.
27:43 Quand on est dans un conflit, on ne sait pas comment
27:45 les choses vont tourner. Plus on est proche
27:47 de la zone de front, plus ce
27:49 brouillard est épais. Pour savoir qui va
27:51 gagner et qui va perdre dans un conflit, il faut attendre
27:53 le dénouement du conflit et ça peut se retourner jusqu'au dernier
27:55 moment. Si on prend les belligérants,
27:57 d'abord, la Russie, ça ne s'est pas du tout
27:59 passé comme on l'imaginait. On pensait que l'armée russe
28:01 était puissante et en fait, elle a piétiné.
28:03 On pensait que l'économie russe était extrêmement fragile
28:05 et en fait, elle a tenu le coup. La seule chose
28:07 qu'on peut dire à ce stade, on va voir
28:09 dans quel côté ça tombe, c'est que
28:11 déjà, la Russie a encaissé deux chocs stratégiques
28:13 de perte sèche.
28:15 Un, elle voulait lancer cette guerre
28:17 pour maintenir l'OTAN loin de ses frontières.
28:19 Or, il y a deux pays de l'OTAN à ses frontières,
28:21 deux pays qui sont rentrés dans l'OTAN à ses frontières.
28:23 Deux, elle voulait se rapprocher humainement
28:25 et faire en sorte que ce peuple frère qu'est l'Ukraine
28:27 se rapproche d'elle. Là, c'est totalement
28:29 raté pour le coup, c'est sûr. Du côté
28:31 ukrainien, le fait que la petite armée
28:33 ukrainienne tienne face à ce coup de boudoir,
28:35 c'est déjà un exploit.
28:37 Ensuite, très difficile de savoir dans quel
28:39 sens ça va tourner, mais on peut se dire qu'il y a déjà
28:41 la naissance d'une nation, d'un sentiment national.
28:43 Ça, c'est ce qu'on peut dire. Maintenant,
28:45 si on est plus loin, les gens qui sont
28:47 alliés à la Russie et à l'Ukraine,
28:49 qu'est-ce qu'ils ont perdu, qu'est-ce qu'ils ont gagné ?
28:51 Les États-Unis, vous en parliez, bien sûr, ce sont
28:53 a priori les grands gagnants. C'est-à-dire qu'ils vendent
28:55 du gaz de schiste à l'Europe qui n'a plus de gaz
28:57 naturel russe, évidemment. Ils vendent
28:59 des armes à l'Europe, c'est un grand fantasme, déjà,
29:01 de Trump, c'était de faire en sorte que les
29:03 Européens payent leur armement. Ça y est,
29:05 c'est fait. Ensuite, les États-Unis,
29:07 ils ont ressuscité l'OTAN qui était
29:09 en mort cérébrale. Les Européens,
29:11 est-ce que les Européens ont perdu ou gagné ? Alors, on entend
29:13 dire oui, mais l'Europe n'a jamais été aussi puissante.
29:15 Ah oui, pour ceux qui pensent que l'Europe, c'est la même
29:17 chose que l'OTAN ou les États-Unis,
29:19 ils ont le même intérêt, oui, l'Europe est puissante. Maintenant,
29:21 il faut voir que certains pays
29:23 qui étaient mis de côté, comme la Pologne, par exemple,
29:25 on peut regarder de travers par l'Union européenne,
29:27 eux, ils sont au centre du jeu, maintenant.
29:29 Il y a d'ailleurs une sorte d'axe, Washington,
29:31 Varsovie, Kiev.
29:33 Les pays qui, de toute façon,
29:35 depuis l'entrée dans la zone euro,
29:37 étaient vraiment laminés
29:39 par la construction européenne, les pays du sud
29:41 et notamment la France, eux, ça ne change
29:43 pas grand-chose, on est en crise endémique,
29:45 depuis qu'on est rentrés dans l'euro. Par contre,
29:47 l'Allemagne, qui était une grande gagnante de cette construction
29:49 européenne, ah oui, c'est très dur pour elle,
29:51 c'est 1,5 milliard d'euros
29:53 par jour qu'elle perd. Elle n'a pas encore perdu
29:55 le marché chinois, mais elle a déjà perdu
29:57 une grosse partie de ses illusions et peut-être,
29:59 d'ailleurs, va-t-elle perdre
30:01 au-delà, disons, elle a déjà
30:03 presque perdu, en ce qu'on pourrait considérer comme sa virginité
30:05 stratégique.
30:07 La Chine, elle,
30:09 elle se fournit en énergie bradée
30:11 auprès de la Russie, donc effectivement, c'est tout
30:13 bénéfice pour elle. Il ne faut pas oublier que la Russie reste quand même un rival
30:15 géographique de la Chine.
30:17 Elle affaiblit même indirectement la Russie,
30:19 mais surtout, elle maintient
30:21 les États-Unis loin du théâtre
30:23 de la mer de Chine
30:25 et elle se sent pousser des ailes, la Chine,
30:27 des ballons, d'ailleurs. Quant aux
30:29 pays tiers, ces pays qui se tiennent hors
30:31 de la guerre, il y en a certains qui sont toujours
30:33 menacés, qui appréhendent des effets
30:35 des sanctions, de la famine, les pays d'Afrique,
30:37 les pays du Moyen-Orient, c'est vrai, mais
30:39 dans l'ensemble, plus on s'éloigne du conflit,
30:41 moins on est lié à ce conflit et plus on
30:43 tire son épingle du jeu, on pourrait dire.
30:45 Il y a des pays comme l'Arabie saoudite,
30:47 comme l'Inde, comme le Brésil, qui affirment
30:49 leur propre stratégie. Il y a des pays d'Asie centrale
30:51 qui ne sont plus du tout dépendants de Moscou.
30:53 La Turquie, malheureusement, on le voit,
30:55 elle peut avancer en Arménie parce que la Russie ne la bloque plus.
30:57 L'Iran peut enrichir son
30:59 uranium parce que les États-Unis
31:01 sont occupés à autre chose. Et puis,
31:03 il y a des pays, on peut penser à l'Inde, par exemple.
31:05 L'Inde, les États-Unis, un rival de l'Inde,
31:07 sont affaiblis par cette crise. La Russie
31:09 est affaiblie par cette crise et la Chine est aussi
31:11 d'une certaine façon affaiblie par cette crise.
31:13 Donc on voit qu'il y a une redistribution des cartes,
31:15 c'est indiscutable et ceux qui se tiennent loin
31:17 du conflit, ils en tirent vraiment profit.
31:19 Alors, la France, est-ce qu'elle n'apparaît
31:21 pas comme la grande
31:23 perdante de cette
31:25 guerre russo-ukrainienne ?
31:27 Parlons franchement.
31:29 C'est le genre de la maison.
31:31 Je crois que vous avez malheureusement raison.
31:33 Je pense qu'on paye le en même temps.
31:35 D'ailleurs, ça m'a fait penser quand je réfléchis à ce sujet,
31:37 à cette parole, les évangiles, les tièdes,
31:39 je les vomis. Donc il y a quelque chose
31:41 comme ça parce qu'on a essayé de jouer sur les deux tableaux
31:43 et on a perdu sur les deux tableaux.
31:45 En fait, il fallait choisir une position.
31:47 Soit on était favorable à l'intégration de l'Ukraine
31:49 à l'intérieur de l'OTAN, on était complètement solidaires
31:51 des anglo-saxons de l'alliance atlantique.
31:53 Et là, il y avait une position.
31:55 Soit une autre position, on jouait à fond la carte du non-alignement.
31:57 Mais on a voulu faire les deux
31:59 en même temps. Là, Poutine ne nous parle plus.
32:01 Et Zelensky, en fait, il espère
32:03 que Macron a vraiment changé. C'est tout un programme.
32:05 En fait, toute la classe dirigeante française,
32:07 pas seulement ce gouvernement, a totalement
32:09 perdu ses mythes incapacitants
32:11 et ses illusions sont tombées les unes à la suite des autres.
32:13 Le mythe du couple franco-allemand,
32:15 les Allemands font même plus semblant.
32:17 Le mythe de l'Union européenne
32:19 qui aurait des intérêts propres, distincts de ceux de Washington.
32:21 Poubelle.
32:23 Le mythe d'une France qui ne serait pas totalement alignée
32:25 sur Washington. Poubelle.
32:27 On est le doigt sur la couture du pantalon avec nos chats en Roumanie.
32:29 Le mythe, finalement,
32:31 que la France serait dans les quatre crises,
32:33 on l'a vu en 1962 avec De Gaulle,
32:35 même avec Chirac au lendemain du 11 septembre,
32:37 qu'en quatre coups durs,
32:39 la France serait le meilleur allié des Américains.
32:41 Là aussi, ce n'est même pas vrai.
32:43 Pourtant, je vous l'assure, il n'y avait aucune fatalité
32:45 à ce que cette crise soit face forcément
32:47 à la grande perdante de la France. Pas du tout.
32:49 On disposait, à mon avis, de quatre atouts majeurs dans cette crise.
32:51 D'abord, une énergie nucléaire
32:53 qui nous rendait moins dépendante
32:55 du gaz russe.
32:57 Et cette énergie, on aurait pu en faire profiter nos voisins.
32:59 C'est une solution à la fois moins coûteuse
33:01 et plus économique pour l'environnement.
33:03 Mais, évidemment, on avait d'abord démoli
33:05 notre filière électronucléaire.
33:07 Donc, on n'a pas pu le faire.
33:09 Ensuite, une capacité de production d'armes
33:11 à la fois sophistiquée en grande quantité,
33:13 dont l'Europe avait cruellement besoin.
33:15 On avait une armée. On était là. On avait une industrie.
33:17 Ah, oui. Mais sauf qu'on l'a sacrifiée
33:19 largement sur la construction de l'euro,
33:21 les critères de convergence,
33:23 et puis, évidemment, des projets industriels européens
33:25 qui arrivent, qui arrivent.
33:27 C'est comme le communisme. Plus on approche, plus il recule.
33:29 Enfin, on aurait
33:31 deux autres cartes, c'est-à-dire
33:33 la légitimité pour parler à Poutine.
33:35 On était quand même garvant des accords de Kiev.
33:37 On en a parlé. La vieille amitié franco-russe.
33:39 Mais on est aussi membre de l'OTAN, allié et non aligné.
33:41 Donc, on avait vraiment une autorité suffisante
33:43 pour être l'interlocuteur de Poutine.
33:45 Seulement, voilà, parler avec Poutine d'un côté,
33:47 tout en voulant mettre l'économie russe à genoux,
33:49 il y a quand même une erreur système.
33:51 Il faut là aussi choisir son camp, camarade.
33:53 Et enfin, quatrième, quatrième atout de la France,
33:55 membre du Conseil de sécurité,
33:57 puissance nucléaire, et surtout pays
33:59 qui, dans la veine du général De Gaulle,
34:01 le discours de Québec, le discours de Pneum Pen,
34:03 la position de Jacques Chirac
34:05 face à la guerre lancée
34:07 par les anglo-saxons en Irak,
34:09 une politique indépendante, indépendante
34:11 des États-Unis, indépendante de la Russie,
34:13 indépendante de la Chine, indépendante de tout le monde.
34:15 Sauf que là, on est totalement inaudible,
34:17 inexistant, il n'y a pas de son, il n'y a pas d'image.
34:19 - Pas de son, pas d'image.
34:21 Petite question sublidiaire, on a quand même gagné
34:23 en humanité, en dignité.
34:25 - Je ne suis pas sûr du tout.
34:27 Non, pas vraiment, pas vraiment, parce que...
34:29 Bon, on aurait...
34:31 En fait, qu'est-ce qu'on aurait pu faire dans cette affaire ?
34:33 - Qu'est-ce qu'on aurait pu faire ?
34:35 Est-ce qu'il y avait une possibilité pour la France
34:37 de faire autrement, vu son emplacement géographique
34:39 et vu, justement, son...
34:41 Sa marque politique dure en même temps ?
34:43 - Je pense que
34:45 on aurait dû, c'était notre position naturelle,
34:47 de jouer les, disons, les honnêtes courtiers
34:49 entre les parties prenantes.
34:51 On avait tous les atouts pour faire ça
34:53 et on était destinés à faire ça.
34:55 Dire à la Russie son fait,
34:57 oui, vous êtes coupable, vous avez violé le droit international,
34:59 vous agressez les Ukrainiens, c'est indiscutable.
35:01 Oui, les États-Unis et l'OTAN,
35:03 vous portez une responsabilité assez lourde, d'ailleurs,
35:05 et on avait toutes les raisons de pouvoir dire ça,
35:07 parce qu'on avait bloqué, avec l'Allemagne,
35:09 l'intégration, justement, dans l'OTAN,
35:11 de l'Ukraine, très mauvaise idée, en 2008.
35:13 Deuxièmement, on aurait dû refuser les sanctions.
35:15 Pourquoi ? Bah, d'abord, parce qu'elles sont débiles
35:17 et qu'elles ne marchent pas, ce sont des auto-sanctions.
35:19 Ensuite, parce qu'elles n'étaient pas conformes
35:21 à nos intérêts, on a le droit d'avoir des intérêts,
35:23 tout de même, non ? Oui ou non ?
35:25 La coupure du gazoduc, pourquoi ?
35:27 Les Allemands n'ont pas osé le dire, nous, on aurait dû le dire.
35:29 Pourquoi ce gazoduc a été sauté, bizarrement,
35:31 et qui l'a fait sauter ?
35:33 Ensuite, on aurait dû, probablement,
35:35 au risque de surprendre, oui, vendre des armes à l'Ukraine,
35:37 même des armes assez sophistiquées,
35:39 rapidement, sans tergiverser,
35:41 sans avoir peur, on est une puissance nucléaire.
35:43 Il faut arrêter de faire peur aux gens. La Russie ne va pas nous attaquer
35:45 avec ses armes nucléaires, sinon on rase la Russie.
35:47 Et M. Poutine le sait très bien.
35:49 Aucun problème, moi, je pense qu'il fallait permettre à l'Ukraine de se défendre,
35:51 ce n'était pas incompatible.
35:53 Dire leur cas de vérité, aussi, aux Allemands,
35:55 pourquoi ils n'ont pas voulu du nucléaire ?
35:57 Maintenant, ils se trouvent vraiment malins,
35:59 ils ont voulu sortir de cette crise,
36:01 pour sortir du marché européen de l'électricité.
36:03 Dire leur cas de vérité aux Américains,
36:05 cette histoire de gazoduc est totalement folle, en fait.
36:07 Et enfin, profiter peut-être de la crise,
36:09 pour chasser Wagner et les autres
36:11 ministres russes
36:13 des pays
36:15 ex-alliés de la France,
36:17 comme le Mali ou la République de Centrafrique.
36:19 Je pense qu'il fallait jouer les honnêtes courtiers.
36:21 Si on avait cette position ferme, dure,
36:23 on était vraiment crédible
36:25 pour s'allier, par exemple, avec l'Inde,
36:27 en disant que l'Inde et la France proposent
36:29 un plan de paix, avec des référendums
36:31 dans les zones contestées,
36:33 mais il y a de vrais référendums, pas des référendums à la Russe,
36:35 sous contrôle international, et un cessez-le-feu immédiat.
36:37 En fait, on ne le fait pas,
36:39 parce qu'on a cessé d'être la France.
36:41 Parce que les dirigeants français ont des idées
36:43 totalement saugrenues dans la tête,
36:45 absolument fausses, et ils les répètent
36:47 comme des perroquets.
36:49 Régis Debray, qui est l'un de mes maîtres, a dit très bien
36:51 « C'est quand la France a risqué d'être seule,
36:53 qu'elle a été entendue par tout le monde. »
36:55 - On s'en souvient, on avait parlé,
36:57 notamment, du discours de Dominique de Villepin,
36:59 il y a justement 20 ans.
37:01 Petite réflexion, vous pensez,
37:03 subsidiaire, vous pensez, je ne sais pas
37:05 qui veut réagir là-dessus,
37:07 qu'on aurait pu, par exemple, éviter
37:09 cette inflation, ce problème d'énergie,
37:11 ce problème de crise,
37:13 quand c'était évitable ?
37:15 - Si les mesures telles que Guillaume vient
37:17 de les décrire...
37:19 - Parce que c'est quand même ça, le résultat,
37:21 c'est-à-dire que là, aujourd'hui,
37:23 on a les États-Unis qui gagnent,
37:25 comme vous avez bien dressé le bilan,
37:27 et de l'autre côté, on ne sait pas ce qu'on aura.
37:29 On a un problème nucléaire,
37:31 on a un problème de panier d'inflation,
37:33 on a un problème de pouvoir d'achat.
37:35 - C'est la moisson de l'incurie
37:37 et de l'incapacité d'avoir été à la hauteur
37:39 de l'image de la France.
37:41 - Et de ses intérêts.
37:43 - Oui, voilà, c'est ça.
37:45 - Merci en tout cas pour votre regard.
37:47 On fera un tour de table dans un instant,
37:49 comme je disais sur l'enseignante qui a été poignardée.
37:51 Alors, aujourd'hui, c'est le carême
37:53 qui commence pour 40 jours,
37:55 jeûne jusqu'au jeudi 6 avril.
37:57 De quoi s'agit-il concrètement, mon cher Marc ?
37:59 Plusieurs questions.
38:01 Est-ce qu'on explique aujourd'hui le carême
38:03 parce que, justement, on a pris l'habitude
38:05 de parler du Ramadan ?
38:07 Est-ce que c'est un effet miroir ?
38:09 Est-ce que le carême retrouve des adeptes
38:11 face à une société en quête de sens,
38:13 de spiritualité, ou bien par pression religieuse,
38:15 justement, votre regard ?
38:17 - Ce sont d'excellentes questions.
38:19 (rires)
38:21 Quand j'étais jeune journaliste,
38:23 il y a quelques années de cela,
38:25 jamais il ne serait venu à l'esprit
38:27 d'un présentateur
38:29 ou d'un confrère de dire
38:31 "Eh bien, commence le Ramadan."
38:33 On aurait encore moins dit,
38:35 puisqu'on n'avait pas annoncé le début,
38:37 qu'il y avait la fin du Ramadan.
38:39 On n'aurait pas imaginé
38:41 qu'à la télévision,
38:43 hors des programmes religieux,
38:45 on ait une émission consacrée
38:47 presque toute la nuit
38:49 à la fin du Ramadan.
38:51 Alors vous voyez,
38:53 on a une religion
38:55 qui, petit à petit,
38:57 a imposé son image.
38:59 Et par contagion, que se passe-t-il ?
39:01 Eh bien, immanquablement,
39:03 un désir de réplique. Pourquoi ?
39:05 Parce que notre religion
39:07 a été atténuée
39:09 par la montée de la laïcité,
39:11 ce qui avait conduit
39:13 à une sorte de concordat.
39:15 Et c'était dur pour les catholiques
39:17 de rentrer dans leur coquille
39:19 et d'admettre que tout n'était pas
39:21 régi par le religieux.
39:23 C'est la fameuse loi de 1905.
39:25 Et pendant 50 ans, que s'est-il passé ?
39:27 Eh bien, les religieux
39:29 continuaient à être religieux
39:31 et puis les autres, éventuellement,
39:33 se détachaient.
39:35 Mais il y avait cette valeur profonde
39:37 qui était celle d'une République
39:39 dans toute sa splendeur,
39:41 dans toute sa tolérance.
39:43 Et là, on a laissé infiltrer l'idée
39:45 que la laïcité,
39:47 ça pouvait devenir le synonyme
39:49 de communisme.
39:51 Que la laïcité, ça n'avait aucun sens.
39:53 Que les anglo-saxons se gaussaient
39:55 quand ils entendaient parler
39:57 de laïcité.
39:59 Qu'il fallait avoir le sens des minorités,
40:01 qu'il fallait avoir le sens du communautarisme,
40:03 qu'il fallait donc avoir le sens
40:05 de la religion émergente.
40:07 Et là, on retombe sur le Ramadan
40:09 qui, soudain, existe
40:11 dans les médias,
40:13 et qui existe dans les esprits,
40:15 et qui se manifeste dans la rue
40:17 avec la multiplication.
40:19 - Si je vous comprends bien, par réaction,
40:21 donc il faut parler du carrément,
40:23 c'est une question.
40:25 - Bien sûr, mais vous avez raison.
40:27 Puisqu'on a tué la laïcité,
40:29 qu'était ce rempart où on avait inventé,
40:31 c'était l'unique pays au monde
40:33 où on pouvait vivre selon sa conviction,
40:35 sa foi,
40:37 et pouvoir être guilliré à côté
40:39 en étant un impu comme moi.
40:41 Et là, soudain, vous vous apercevez
40:43 qu'il y a cette montée et qu'elle se manifeste
40:45 dans tous les coins de rue.
40:47 Alors que se passe-t-il ? Vous êtes dans une sorte
40:49 de panique, d'autant plus qu'il y a
40:51 la colonisation des esprits.
40:53 Cette colonisation, c'est l'américanisme,
40:55 cet américanisme, le fameux
40:57 "wokisme" que
40:59 Mathieu nous permet
41:01 de comprendre chaque jour un peu plus,
41:03 qui, là encore, s'est répandu,
41:05 qui fait en sorte que l'on n'a plus d'identité.
41:07 Et ça, on le ressent.
41:09 On sent quelque chose qui nous échappe.
41:11 On n'existe plus.
41:13 C'est pas uniquement en tant que français,
41:15 c'est en tant que philosophie
41:17 française. Et alors là,
41:19 naturellement, je dirais, on a
41:21 besoin de quoi ? De faire réémerger
41:23 ce qui est
41:25 l'illusion peut-être,
41:27 mais néanmoins ce qui a porté
41:29 des générations, l'Occarem.
41:31 Et question, justement,
41:33 l'Occarem, par exemple. Qu'est-ce que c'est ?
41:35 D'où ça vient, en deux mots ?
41:37 En deux mots, alors d'abord, il faut savoir que
41:39 le judaïsme a eu
41:41 les 40 jours de
41:43 Moïse dans le désert.
41:45 Et puis après, il y a eu la tentation
41:47 de Jésus. Il est dans
41:49 le désert pendant 40 jours.
41:51 Il est démuni de tout.
41:53 Et là, il y a le diable, on revient
41:55 à la chronique de Charlotte
41:57 tout à l'heure, qui essaie de lui dire
41:59 "Mais regarde, là devant toi, je te
42:01 les offre. Tu auras de quoi manger,
42:03 tu auras de quoi boire. Il te suffit
42:05 de te rallier. Moi, oh !
42:07 Fais en sorte de..." Et le Christ
42:09 tient, tient, tient, et ce sont
42:11 ces 40 jours-là.
42:13 Après, quand il
42:15 est avec les apôtres,
42:17 au moment de la Pâque, la scène
42:19 est l'instant
42:21 de la,
42:23 comme on dit, de la
42:25 transsubstantiation.
42:27 Je l'ai bien dit. C'est-à-dire qu'il offre
42:29 son corps à travers
42:31 le pain, il offre à travers
42:33 le vin,
42:35 il offre son sang.
42:37 Et là, c'est quelque chose de très fort,
42:39 et c'est en hommage à la Pâque juive
42:41 à ce moment-là. Et la Pâque,
42:43 ensuite, c'est la résurrection
42:45 du Christ. Et au IVe siècle,
42:47 l'Église institue
42:49 ces 40 jours de carême.
42:51 Pourquoi 40 jours ?
42:53 Là, on est dans l'explication
42:55 par rapport au latin, mais ces 40 jours,
42:57 en hommage au Christ,
42:59 il nous faut résister à toutes nos
43:01 tentations, quelles qu'elles soient,
43:03 se priver de ce qui nous est
43:05 de plus tentant. Résister
43:07 donc au diable, c'est toute une
43:09 symbolique. -Cernote,
43:11 comment est-ce vit, le carême ?
43:13 On ne mange pas du tout, ou bien
43:15 on choisit ce qu'on aime le plus ?
43:17 -Aujourd'hui, le mercredi des cendres,
43:19 on vous a donné cendres pour savoir que
43:21 vous êtes cendres et vous retournerez
43:23 poussière.
43:25 Et en effet, ces 40 jours de préparation,
43:27 en réalité, de jeûne et d'abstinence,
43:29 pour se recentrer sur l'essentiel
43:31 et qui finit par Pâques,
43:33 c'est-à-dire la résurrection, c'est-à-dire le salut.
43:35 -Mais on s'abstient de quoi ?
43:37 -Il y a une abstinence
43:39 de viande, de manger
43:41 gras, comme on disait avant.
43:43 Il y a des abstinences,
43:45 notamment le vendredi, etc.
43:47 Et après, traditionnellement,
43:49 on choisit des efforts de carême,
43:51 c'est-à-dire être gentil. On essaye de
43:53 contrevenir à ces défauts, à ces tentations
43:55 les plus naturelles. Donc chacun
43:57 choisira les efforts qui lui correspondent.
43:59 -Rapidement, mon cher. -Oui, tout simplement,
44:01 c'est que les Celtes, les Romains, les Grecs
44:03 avaient, à ces dates-là,
44:05 les fêtes de la purification,
44:07 les fêtes du printemps,
44:09 et eux, déjà, pratiquaient
44:11 cette restriction par rapport à leurs tentations.
44:13 -Vous avez même fait une petite liste de vos tentations
44:15 et de vos restrictions.
44:17 Il paraît que vos tentations
44:19 sont très longues.
44:21 On vous a à l'œil.
44:23 -Dans un instant, avec vous,
44:25 mon cher Mathieu, on va parler
44:27 de la pédopornographie qui ressurgit
44:29 comme ça dans notre société, ou qui surgit
44:31 de façon dramatique, abjecte,
44:33 atroce, on n'a pas envie d'en parler,
44:35 c'est tabou, ça nous fait mal au cœur,
44:37 mal à notre société. Comment la pédopornographie
44:39 a fait pour entrer
44:41 dans notre société, presque à pas de loups ?
44:43 Vous, le sociologue, on a envie d'avoir votre regard.
44:45 Juste avant, un tour de table
44:47 sur cette professeure d'espagnol, Charlotte Vouton,
44:49 vous en avez bien planté le décor tout à l'heure,
44:51 âgée de 52 ans, du lycée
44:53 catholique privé Saint-Thomas d'Aquin
44:55 à Saint-Jean-de-Luz, dans les Pyrénées-Atlantiques,
44:57 qui a été poignardé ce matin,
44:59 peu avant 10h, par, a priori,
45:01 un jeune homme qui s'appelle Tom,
45:03 16 ans, qui en ce moment, on garde à vue,
45:05 qui présente des troubles psychiatriques,
45:07 qui a dit qu'il aurait été possédé, et c'est ce
45:09 dont nous parlions tout à l'heure avec vous,
45:11 Charlotte. Question,
45:13 faut-il protéger nos enseignants
45:15 aujourd'hui ? Question,
45:17 est-ce que même lorsqu'on met son enfant,
45:19 parce qu'on a beaucoup parlé de cette
45:21 différence entre école publique et école privée,
45:23 est-ce qu'on met son enfant dans une école privée,
45:25 dans une école catholique, même jusque-là,
45:27 on peut craindre le pire ? Charlotte.
45:29 - Oui, en fait, il y a deux questions
45:31 distinctes, il y a la question de la protection
45:33 des enseignants,
45:35 qui est celle de la violence
45:37 à l'école,
45:39 et qui est un véritable sujet,
45:41 mais là, en l'occurrence,
45:43 c'est-à-dire que le mal
45:45 peut pénétrer n'importe quel
45:47 endroit de vos vies, alors après,
45:49 c'est vraiment la question,
45:51 personne n'est à l'abri,
45:53 c'est pour ça que je dis, il y a deux choses distinctes,
45:55 c'est-à-dire que ce mal-là, cette expression-là
45:57 du mal, à la fois
45:59 incompréhensible et
46:01 brut, là, peut arriver partout.
46:03 Maintenant, la question de la violence initiale
46:05 présente à l'école, d'une violence qui est
46:07 beaucoup plus compréhensible, d'un défaut
46:09 d'autorité, d'un défaut d'encadrement,
46:11 d'un défaut même de distinction
46:13 entre le professeur et l'élève, c'est,
46:15 à mon avis, une question qui se pose
46:17 en dehors de cette
46:19 horreur. - Mathieu Bocoté, pourquoi ça nous
46:21 touche autant? Est-ce que c'est en filigrane
46:23 l'affaire Samuel Paty?
46:25 - Je pense que ça serait l'interprétation,
46:27 le premier réflexe, c'est de se demander si c'est un attentat.
46:29 Et là, on comprend que ça en est pas un assez rapidement.
46:31 Donc ça nous déplace vers une autre question
46:33 qui était très bien exposée par Charnot, je crois, c'est la question
46:35 du mal pur qui peut surgir
46:37 partout, le mal comme un mystère.
46:39 Le mal qui... - Mais qui s'appelle
46:41 possession, qui s'appelle drogue,
46:43 qui s'appelle stupéfiant, qui s'appelle bouffer délirant.
46:45 - Oui, mais il y a de cela...
46:47 Alors, on peine à le nommer. Lorsqu'on est devant
46:49 le mystère du mal, on multiplie
46:51 les concepts pour le nommer, mais il y a toujours une part
46:53 qui se dérobe à nous. Dans ce cas-là,
46:55 là, en plus, on est devant quelqu'un qui dit "j'ai été possédé".
46:57 Il nous propose une clé d'explication de son comportement,
46:59 mais c'est une clé d'explication
47:01 qui tranche tellement avec la rationalité
47:03 moderne qu'on n'est pas prêt à accepter
47:05 l'explication qu'il nous donne. Je sais absolument
47:07 aucun détail sur cette histoire, sinon ce qu'on nous a raconté.
47:09 - Bien sûr. - Mais je note qu'on est devant
47:11 ce mal qui peut... Le mal pur peut surgir partout.
47:13 Ensuite, pour ce qui est du mal
47:15 qui est généré par un défaut de fabrication sociale,
47:17 ça, on a des idées pour le régler,
47:19 mais le mal pur, lui, nous accompagnera jusqu'à la fin des temps.
47:21 - Tu as complètement raison.
47:23 C'est très étrange, quand même,
47:25 pour notre société occidentale.
47:27 Sortir du XXe siècle
47:29 et se demander si le mal est puissant,
47:31 si le mal existe, si le mal est banal,
47:33 c'est la banalité du mal d'Ana Arendt,
47:35 après ce qui s'est passé au XXe siècle, c'est quand même étonnant.
47:37 Il y a un refoulement et un déni absolument incroyables.
47:39 En fait, le mal peut ressurgir
47:41 à n'importe quel moment, et notre société
47:43 est tellement désemparée qu'elle a besoin de convoquer,
47:45 alors pas nécessairement des exorcistes,
47:47 mais des psychologues, des sociologues,
47:49 pour essayer de comprendre d'où vient ce mal.
47:51 Est-ce que ça vient de l'enfance ? Est-ce que c'est la société qui est injuste ?
47:53 Comme si, finalement,
47:55 il y avait besoin d'expliquer le mal.
47:57 Mais il y a un surgissement naturel et radical du mal.
47:59 En plus, notre société et nos racines
48:01 judéo-chrétiennes, on croit à la liberté.
48:03 Mais le mal, c'est la contrepartie,
48:05 et aussi la liberté.
48:07 Quand on est libre, on est y compris libre de faire le mal.
48:09 Mais il y a le terreau du mal.
48:11 Le terreau du mal, c'est quoi ?
48:13 Alors j'ai butiné
48:15 toutes les antennes pour écouter
48:17 quelques pédopsychiatres,
48:19 dont un qui s'appelle Serge Eiffel,
48:21 ce qui est formidable, et il a toujours
48:23 énormément de pertinence dans ses propos.
48:25 Et tous, tous rappelaient que les deux dernières
48:27 années, chez les gamins, ont été
48:29 terribles. Il n'y a jamais eu autant
48:31 de jeunes en dépression, il n'y a jamais eu autant
48:33 de tentatives... - Le niveau d'anxiété est très, très élevé.
48:35 - Voilà. De tentatives de suicide
48:37 et de suicides réussis
48:39 chez les plus jeunes. Donc, la destruction
48:41 de soi, c'est aussi la destruction
48:43 de l'autre. Et s'ajoute à cela
48:45 quoi ? Eh bien, cette dépendance,
48:47 on parle souvent,
48:49 Charlotte a fait plusieurs chroniques,
48:51 et avec l'histoire palmade,
48:53 des images pornographiques,
48:55 mais des images du sang,
48:57 des images de la violence.
48:59 Vous n'avez pas une série
49:01 où on ne tue pas tous les soirs,
49:03 vous appuyez à la télévision, vous voyez
49:05 le sang qui gicle,
49:07 la valeur de la vie des
49:09 individus n'existe pas. Et dans le loisir,
49:11 pour se détendre,
49:13 on met en scène les crimes
49:15 et on cherche à savoir pourquoi
49:17 la bonne vie n'est pas ce produit.
49:19 - Donc, c'est un conditionnement... - Donc, c'est un conditionnement... - On va nous faire une loi
49:21 pour, avec des amendes pour les gens
49:23 qui amènent des couteaux à l'école. Donc, tout va bien se passer.
49:25 - En 10 secondes, vous qui avez été enseignant,
49:27 je dis bien 10 secondes, vous auriez aimé
49:29 être enseignant aujourd'hui ?
49:31 - Moi, j'adore...
49:33 - Avec un genre de parballes ?
49:35 - Oui ! - Avec des parballes ? - Non, mais c'est pas ça.
49:37 C'est de dire... Parce que je veux croire
49:39 en la jeunesse. Mais,
49:41 je prendrais les mesures, les premiers qui rentrent
49:43 à l'école, ils n'auraient pas, dans ma classe,
49:45 ils n'auraient pas le droit d'avoir
49:47 son portable.
49:49 Et puis, je leur donnerais le goût des mots,
49:51 je leur dirais "Sans les mots, vous n'êtes rien,
49:53 vous n'êtes que des larves, vous n'êtes
49:55 que des individus qui sont
49:57 résumés à un estomac. Ayez le goût des mots."
49:59 - Merci, mon chère Mark.
50:01 Je ne sais pas s'il y a un établissement
50:03 qui vous accepterait.
50:05 En tout cas, merci beaucoup pour votre regard
50:07 sur la question.
50:09 Mathieu, voici un sujet tabou,
50:11 je disais tout à l'heure, évité,
50:13 pour se détourner du pire,
50:15 mais qui s'est invité dans l'actualité,
50:17 avec la question de la pédopornographie,
50:19 Pierre Palmade. Ce sujet
50:21 oblige notre société à se pencher
50:23 vers un aspect les plus répugnant, les plus troublant
50:25 de notre époque, même si rien n'a été
50:27 avéré de son côté, mais ça nous interroge,
50:29 parce que ça nous oblige à chercher,
50:31 à comprendre quels effets, quelles pulsions
50:33 étranges, à quelles pulsions
50:35 étranges elle répond. Comment,
50:37 comment
50:39 notre société
50:41 a pu laisser entrer
50:43 la pédopornographie,
50:45 criminalité ?
50:47 - Pour répondre à cette question, je vous avouerai,
50:49 je me délesterai de ma veste
50:51 de sociologue pour prendre celle du philosophe,
50:53 pour un instant. Parce qu'on est là, c'est une émission
50:55 très particulière, manifestement, parce que j'avais...
50:57 au tout début de la journée, quand j'ai travaillé
50:59 là-dessus, c'était sur la question du mal, véritablement,
51:01 que je voulais nous conduire.
51:03 Alors, qu'est-ce que j'entends par là ? Distinguons les catégories.
51:05 La pornographie, de quoi parlons-nous
51:07 ici ? La pornographie,
51:09 bon, c'était à notre époque, pour plusieurs,
51:11 c'est une pathologie, et à tout moment, ça peut même
51:13 devenir une addiction, ça peut devenir une dépendance
51:15 grave, en tant que telle, lorsque la sexualité
51:17 n'existe plus que sous perfusion
51:19 pornographique.
51:21 Consentons tout de suite que même l'immense
51:23 majorité de ceux qui surconsomment de la pornographie
51:25 ne versent pas vers la pédopornographie.
51:27 Assurons cette distinction de base.
51:29 La pédophilie.
51:31 La pédophilie n'est pas une sexualité
51:33 parmi d'autres. Ce n'est pas une sexualité
51:35 disponible, quoi qu'en pense un certain
51:37 lobby,
51:39 lui qui fait la promotion de la pédophilie.
51:41 La pédophilie est une déviance
51:43 à part entière. - Un crime. - Oui, absolument,
51:45 mais sur le plan, je dirais...
51:47 ça, ça va de soi. Mais sur le plan
51:49 de sa description ontologique,
51:51 c'est une déviance à part entière.
51:53 Ce n'est pas une autre sexualité,
51:55 c'est une sexualité d'une autre nature
51:57 qui s'exerce comme pure domination
51:59 sur l'innocence. La pédopornographie,
52:01 c'est le point de contact, en fait,
52:03 entre une pathologie qui rend possible
52:05 une autre et qui fait en sorte qu'un comportement
52:07 qui était heureusement très marginal,
52:09 il est possible, par les moyens
52:11 technologiques de notre époque,
52:13 de s'y plonger, de s'y connecter
52:15 assez rapidement. Pour ceux qui sont portés par cette
52:17 représentation d'une manière ou de l'autre,
52:19 la pédopornographie rend accessible
52:21 ce qui autrefois était heureusement
52:23 très difficilement accessible.
52:25 Alors, on tombe à la question de la pédopornographie
52:27 et plus particulièrement telle qu'elle se consomme
52:29 aujourd'hui, la pédophilie en particulier.
52:31 Qu'est-ce qu'on entend par là? Il y a deux manières
52:33 de l'aborder. On pourrait le faire
52:35 soit sous le signe de la pathologie, de la maladie,
52:37 c'est-à-dire... et ça,
52:39 donc, il faut appeler un psychiatre. Ou sous le signe
52:41 de la perversion et de la possession.
52:43 Ça, dans ce cas-là, il faut appeler un exorciste.
52:45 Alors, vous me direz, c'était programmé aujourd'hui,
52:47 c'est journée kato, kato, kato, mais pas vraiment.
52:49 C'est tout simplement qu'on est devant
52:51 la figure du mal pur, j'entends.
52:53 Le mal pur, c'est devant l'enfance,
52:55 c'est souiller l'enfance,
52:57 c'est s'emparer de l'enfance, c'est dominer l'enfance,
52:59 c'est sacrifier à jamais
53:01 la pureté de l'enfance et transformer l'enfant
53:03 en objet d'un propre désir de toute puissance.
53:05 Alors, que je dis à la blague,
53:07 il faut un exorciste, en fait, j'en sais rien,
53:09 mais ce dont je suis certain, c'est qu'on est...
53:11 La grande erreur de notre temps, c'est de
53:13 dissoudre la question du mal dans celle de la maladie.
53:16 Et ça, on ne prend plus au sérieux
53:19 la consistance métaphysique de la question du mal,
53:21 c'est-à-dire ce bonheur qu'on certain,
53:23 ce bonheur mauvais qu'il y a à dominer, à souiller.
53:26 Ça existe, mais ça, on n'est pas capable
53:28 de penser ça dans des catégories modernes.
53:30 Le monde moderne a expulsé de son espace mental
53:32 cette idée que certaines personnes jouissent
53:34 de la facilité de faire le mal
53:36 ou alors on le nomme psychopathe.
53:38 Mais encore une fois, on bascule dans la psychiatrie.
53:40 Donc, je pense que c'est cette question,
53:42 qui est frappée par une lumière noire,
53:44 qui doit nous permettre de comprendre cette tentation.
53:46 Je détache complètement, on l'aura compris,
53:48 de l'affaire Palmade, c'est pas de ça dont je parle.
53:50 À partir de là, on n'en sait rien pour l'instant.
53:52 Mais ce phénomène, lui, qui a été ramené
53:54 au coeur de l'actualité cette semaine,
53:56 ça, c'est un phénomène qui existe et qu'il faut apporter,
53:58 justement, je crois, à la lumière de la philosophie
54:00 et pas seulement de la psychologie ou de la psychiatrie.
54:02 - Oui, ça permet de nous interroger, justement.
54:04 Et ce qui interpelle, c'est le tabou par rapport à tout cela.
54:07 Justement, on n'en parle pas en croyant pouvoir l'éviter.
54:10 Mais est-ce qu'on prend, du coup, ce combat au sérieux?
54:13 - Je crois que oui. Je pense que oui.
54:15 Honnêtement, c'est une telle horreur que nos sociétés...
54:18 J'imagine très difficilement, dans l'espace public,
54:20 quelqu'un relativiser la pédophilie.
54:22 Et les services policiers utilisent tous les moyens possibles
54:25 devant, par ailleurs, un monstre à 1 000 tentacules,
54:28 à 10 000 tentacules qui leur échappent.
54:30 Donc comment être capable de s'emparer de ça?
54:32 On mène la bataille à armes inégales,
54:34 mais vous savez, peut-être est-ce aussi le fruit de l'effondrement
54:37 de toute une série de digues morales, de digues symboliques,
54:40 de digues culturelles, de digues civilisationnelles,
54:43 qui ont poussé dans notre société une forme de relativisme tel
54:46 que le mal, pour en parler, ne nous apparaît plus tel qu'il est
54:49 dans sa noire clarté.
54:51 Et devant cela, on pourrait dire que rien n'est plus...
54:54 Il est facile de faire sortir le démon des enfers,
54:56 il est difficile de l'y reconduire.
54:58 C'est évidemment sous le signe de la métaphore,
55:00 mais quoi qu'il en soit, une société qui a perdu le sens
55:02 des repères moraux élémentaires peine à les retrouver.
55:04 Retour ensuite en laïcité.
55:06 - Où va notre société ?
55:09 Merci beaucoup pour votre regard, Mathieu.
55:12 Merci Guillaume, Charlotte, Marc.
55:14 Excellente suite de programme.
55:16 Et tout de suite, la Minute Info avec Mathieu Devese.
55:18 - Une enquête a été ouverte pour assassinat après la mort
55:24 d'une enseignante ce matin à Saint-Jean-de-Luz.
55:26 Une professeure d'espagnol de 52 ans a été poignardée
55:29 dans sa classe par un élève de 16 ans.
55:31 Il a été placé en garde à vue et selon le procureur de Bayonne,
55:34 l'adolescent n'était pas connu des services de police
55:37 ni des services de justice.
55:39 La carte Vitale sera bientôt disponible sur votre téléphone portable.
55:42 La Commission nationale de l'informatique et des libertés
55:45 approuve la future version dématérialisée.
55:48 Elle sera proposée à l'ensemble des assurés d'ici au 31 décembre 2025.
55:52 Cette application sera facultative et les usagers pourront toujours
55:56 avoir recours à la carte à puce ou bien à la feuille de soin
55:59 pour obtenir leur remboursement.
56:01 La Hongrie votera début mars concernant l'adhésion
56:04 de la Finlande et de la Suède à l'OTAN.
56:06 Les députés hongrois débattront la semaine prochaine
56:08 avant un vote séparé pour chacun des deux pays
56:11 entre le 6 et le 9 mars.
56:13 La candidature de la Finlande et de la Suède doit être acceptée
56:15 à l'unanimité par les 30 États membres de l'OTAN.
56:18 Elle a été ratifiée par tous à l'exception de la Turquie
56:21 et donc de la Hongrie.
56:23 ♪ ♪ ♪