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Christine Kelly et ses chroniqueurs débattent de l'actualité dans #Facealinfo

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00:00 Bonsoir à tous, ravie de vous retrouver.
00:02 Nous sommes en train de discuter du sujet du mini-débat et je pense qu'on va partir
00:08 sur l'affaire du fils de Yannick Allénaud avec le chauffard qui est sorti de prison.
00:15 C'est un peu choqué, on en parle dans un instant.
00:17 On est d'accord là-dessus ?
00:18 - Je vous la chaufferai.
00:19 - On fera ça comme sujet de mini-débat.
00:24 Merci d'être avec nous, de tout partager avec nous.
00:26 On lance la minute info.
00:28 Adrian Spiteri.
00:29 Du nouveau dans l'affaire de la femme démembrée retrouvée au Butch-aux-Monts.
00:36 Le mari de la victime a été placé en garde à vue.
00:39 Il avait signalé sa disparition le 6 février dernier.
00:43 Le corps de cette femme de 46 ans avait été retrouvé en plusieurs morceaux dans des sacs
00:48 poubelles.
00:49 Le verdict est tombé au procès de la rue Erlanger et Sia Boulares s'est condamnée
00:54 à 25 ans de réclusion criminelle.
00:56 Elle est jugée coupable d'avoir provoqué l'incendie d'un immeuble le 5 février
01:01 2019.
01:02 10 personnes avaient perdu la vie dans ce drame.
01:05 Le parquet avait requis 27 ans de prison.
01:08 Et puis le G7 lance un appel au FMI.
01:12 Les ministres des finances des 7 pays demandent un nouveau programme d'aide à l'Ukraine
01:16 d'ici la fin mars.
01:17 Ils ont publié un communiqué commun aujourd'hui.
01:20 Demain, cela fera un an que l'invasion russe en Ukraine a commencé.
01:25 Au sommaire ce soir, un couteau de 18 centimètres, le sang froid de les lèvres, la petite voix
01:40 entendue pour assassiner son enseignante en plein cours.
01:43 La France reste sous le choc avec les précisions du procurat de la République cet après-midi
01:48 au sujet de l'assassinat présumé de l'enseignante de Saint-Jean-de-Luz, Agnès Lassalle.
01:53 Le suspect est accessible à une responsabilité pénale.
01:56 Il était suivi par un psychiatre.
01:59 Il avait tenté de se suicider il y a trois mois.
02:01 Comment en est-on arrivé à assassiner au cœur d'un établissement scolaire ?
02:06 Doit-on faire un triste parallèle avec les fusillades aux Etats-Unis ?
02:10 Est-ce ce qui nous attend, les ditos de Mathieu Boccoté ?
02:15 Alors que l'emballement médiatique écrase souvent le temps judiciaire, comment expliquer
02:20 l'occupation totale de l'espace médiatique par l'affaire Palmad ?
02:23 En quoi le goût pour les faits divers ?
02:26 Ou la personnalité du mis en cause ?
02:28 Ou bien une certaine idéologie ?
02:30 Comment justifier cette obsession médiatique ?
02:33 En quoi incriminent-elles ceux qui regardent ou ceux qui diffusent les ditos de Guillaume Bigot ?
02:38 Gérald Darmanin est la ministre des Sports à Melioudéac, à Steyra, caricaturée en
02:46 plein match Liverpool-Real Madrid mardi soir au Royaume-Uni.
02:50 Une banderole déployée avec un nez de Pinocchio, accusation de mensonge.
02:54 Pourquoi la pilule du fiasco du Stade de France et des supporters anglais vieillis de 9 mois
03:00 ne passent toujours pas ?
03:01 Le gouvernement a-t-il réellement caché la vérité sur le sujet ?
03:05 Que dit le dernier rapport de l'UEFA, passé complètement au travers de l'actualité ?
03:10 Nous, nous allons y jeter un oeil avec le décryptage de Charlotte Dornelès.
03:15 La France grogne depuis des semaines et la prochaine manifestation du 7 mars promet
03:21 de mettre la France à l'arrêt.
03:24 Malheureusement, ces événements nous rappellent février 1848.
03:28 La France était déjà en colère.
03:30 N'oublions pas que cela s'est terminé en révolution.
03:34 Marc Menand raconte.
03:36 Une minute de silence pour rendre hommage à l'enseignant Tanias Lasalle.
03:41 Une minute de silence et après.
03:43 De quoi cette minute de silence est-elle le nom ?
03:46 N'avons-nous pas plus que cela comme arme de défense face à une société en détresse ?
03:51 La minute de silence, quelques fleurs, quelques nounours et une minute de silence ?
03:56 L'indignation de Mathieu Beaucoup.
03:58 Une heure pour prendre un peu de hauteur sur l'actualité avec nos mousquetaires.
04:03 On commente, on décrypte, on analyse aussi.
04:05 C'est maintenant.
04:07 (Générique)
04:10 ---
04:18 - Oui, donc on est d'accord, on fera un tour de table.
04:21 Il y a tellement de sujets dont on aimerait parler avec vous.
04:24 On fera un tour de table sur cet homme qui a tué le fils de Yali Kalnello,
04:27 qui est libre après 8 mois de prison.
04:29 Il roulait ivre dans une voiture volée.
04:31 Il a pris la fuite. Il était déjà recherché.
04:34 Qu'est-ce que cela dit ? Est-ce que cela ne nous incite pas à ça ?
04:37 On en parle régulièrement avec nous sur cette émission de "Faire justice soi-même".
04:42 Qu'est-ce que cela dit de la justice ?
04:43 Est-ce que la vie a un prix dans le logiciel de notre justice ?
04:47 On se posera la question dans un instant.
04:50 L'assassinat d'une enseignante à Saint-Jean-de-Luz a saisi la France d'effroi.
04:55 S'agissait-il d'une histoire semblable à celle de Samuel Paty, d'une tuerie à l'américaine ?
05:00 Tous ont été sidérés quand le jeune assassin présumé s'est spontanément rendu,
05:07 en expliquant qu'il était possédé et que des voix venues d'ailleurs lui avaient commandé ce meurtre.
05:13 On cherche Mathieu Bogcotte et depuis, on cherchera pour un bon moment le sens de cet événement
05:19 qui frappe ce sanctuaire qu'est l'école.
05:22 Que pouvons-nous comprendre de cet événement 24 heures plus tard,
05:26 juste après les précisions du procureur de la République ?
05:29 Le point de départ, je pense, c'est que l'école n'est plus un sanctuaire.
05:33 C'est une formule utilisée, mais qui ne correspond plus à la réalité.
05:38 L'école a été désanctuarisée de mille manières.
05:42 Le point d'aboutissement, sans faire un lien direct, de cette désanctuarisation,
05:47 c'est le fait que la violence pure, la violence gratuite, s'invite de cette manière.
05:51 Mais il y aurait d'autres manières de présenter le fait que l'école n'est plus un sanctuaire.
05:55 Aujourd'hui, le fait qu'il ne soit plus possible d'enseigner certains contenus
05:59 devant certaines catégories de la population, le fait qu'il ne soit plus possible d'enseigner
06:03 pour un enseignant sans avoir son autorité remise en question quelques fois
06:07 par des jeunes qui ont des comportements de voyous, le rapport même à la culture.
06:11 Donc l'école a été désanctuarisée depuis longtemps et on commence à peine à s'en rendre compte.
06:16 Une fois que c'est dit, devant cet événement hier, je pense que la première chose,
06:21 le cerveau s'est mis en marche pour comprendre ce qui se passait.
06:25 On était à la recherche d'un contexte et on se demande si on a un contexte
06:28 qui permettrait d'éclairer l'événement. Les contextes sont d'abord nationaux.
06:32 Le premier contexte qui vient à l'esprit, c'est est-ce que c'est finalement Samuel Paty II?
06:36 Très rapidement, on comprend que ce n'est pas le cas. On n'est pas devant une histoire à la Samuel Paty
06:40 sinon qu'il y a un mort, sinon qu'il y a un enseignant qui est mort.
06:43 Mais ce n'est pas une histoire dont le contexte, c'est l'islamisme,
06:46 c'est les combats idéologiques qui traversent notre temps. Ce n'est pas de ça.
06:50 Donc, il faut trouver un autre contexte. Est-ce que c'est le contexte simplement,
06:54 par exemple, du harcèlement scolaire dont on parle quelques fois?
06:57 Ça ne saurait s'y réduire vu le récit qui nous est fait de plus en plus.
07:01 C'est-à-dire, on est devant quelqu'un qui entend des voix, qui dit « je suis possédé ».
07:04 Ça se dérobe à l'ensemble de nos catégories pour éclairer cet événement.
07:09 Donc là, on se dit qu'on va peut-être changer de contexte national pour chercher
07:12 à trouver un contexte qui nous éclaire. C'est la recherche désespérée du contexte.
07:15 Pourquoi? Parce que s'il n'y a pas de contexte, c'est l'absurde.
07:18 S'il n'y a pas de contexte, c'est que cet événement nous échappe.
07:21 Il ne rentre dans aucun schème d'explication.
07:24 Alors, le contexte vers lequel certains se tournent assez naturellement,
07:27 c'est « est-ce une tuerie à l'américaine? »
07:30 Est-ce une tuerie à l'américaine? On va voir ce que c'est une tuerie à l'américaine
07:33 pour voir si ça ressemble à l'événement dont nous parlons.
07:37 Alors, les tueries à l'américaine, on le sait. On a l'impression que c'est là
07:40 depuis toujours tellement ça fait désormais partie de notre actualité.
07:43 Mais regardons, je donne quelques chiffres, ce n'est pas inutile.
07:46 Entre 1970 et 2022, on a recensé 2030 événements impliquant des armes à feu dans les écoles.
07:54 Parmi ceux-là, la base récente, et donc dans la base qui recense ces événements-là,
07:58 je pense que j'ai pris ça dans l'Ouest de France, si je ne me trompe pas,
08:01 674 morts et 1882 blessures par balle. C'est quand même beaucoup.
08:08 Ensuite, quel est le point de départ? Parce que cette histoire,
08:10 les Américains ne se sont pas toujours canardés à l'école.
08:13 Il y a un jour où ils sont devenus fous.
08:16 - Ou bien un jour, ou bien oui, effectivement.
08:19 Il y a une période en tout cas où subitement...
08:21 - Ça n'existait pas. Ça n'existait pas.
08:23 Or, de 1959 à 1989, il y a quatre cas.
08:28 On appelle ça quatre cas isolés. Ce n'est pas un événement sociologique, quatre cas.
08:33 Et à partir de la fin des années 1990, les cas se multiplient, se multiplient.
08:38 Je dirais qu'ils se comptent presque par dizaines.
08:41 Et surtout, les morts se comptent par dizaines.
08:43 Le point tournant, c'est 1990... Enfin, je précise, de 2000 à 2018,
08:49 66 décès dans 22 fusillades. C'est quand même particulier, 22 fusillades.
08:54 Et dans tout cela, le vrai symbole, le point tournant, d'ailleurs,
08:57 Michael Moore, vous connaissez le cinéaste, le documentaire,
08:59 a fait un film, c'est Columbine.
09:01 Et c'est là que commence, en fait, cette tradition américaine,
09:05 mais maléfique, qui consiste à entrer dans une école et canarder les gens comme ça.
09:10 Et souvent, à la fin, ce n'est pas toujours le cas,
09:13 mais l'auteur de cette tuerie de masse se suicide.
09:16 Il y a une explication à ça que je vais vous proposer.
09:18 Alors, parce que, bon, Columbine, 1999, et ensuite ça se multiplie.
09:22 Et ça, c'est sans noter tous les attentats, enfin, les attentats,
09:25 les tueries qui ont été... Contenus qui ont été empêchés.
09:28 On est donc devant un phénomène sociologique.
09:30 Qu'est-ce qui se passe à partir de ce moment-là, en 1999?
09:32 C'est ce que j'appellerais le principe de la tuerie mimétique.
09:35 Tuer massivement dans une école devient une forme de performance.
09:40 Et celui qui décide de faire cette tuerie, c'est très, très, très rarement,
09:44 quand on lit, c'est très rarement un coup de tête.
09:46 C'est très rarement, tu sais, je me suis réveillé ce matin,
09:48 je vais aller descendre 30 personnes, ça va me faire du bien.
09:50 Non, c'était préparé. Il y a... - Organiser, planifier.
09:52 - L'achat des armes. - Préparer.
09:54 - Souvent, il y a le souci d'aller en parler à quelqu'un,
09:56 soit sur Internet, soit des proches.
09:58 Je vais aller canarder des gens dans cette école.
10:00 C'est souvent, c'est très souvent l'école où la personne s'est retrouvée.
10:03 Il retourne à l'école, ou alors il y est encore,
10:05 et il descend les gens autour de lui.
10:07 Et ça crée aussi, et là, on l'a vu au fil du temps,
10:10 une forme de star system inversé des massacreurs d'école.
10:14 C'est-à-dire, celui... il y a un assassin qui en inspire un autre,
10:18 qui en inspire un autre, qui en inspire un autre,
10:20 et là, il y a une forme de course à qui réussira à descendre le plus de gens.
10:24 Alors, on comprend, ça rejoint pas, il y a pas des millions de personnes
10:27 qui font ça, mais dans ce petit écosystème des gens désocialisés,
10:31 des gens déréglés, des gens qui sont habités ou tentés,
10:35 hypnotisés par la lumière noire du mal,
10:38 ça, il y a une forme de petit écosystème qui se crée,
10:41 et souvent, quand on regarde les textes, il y en a quelques fois,
10:44 des assassins, ils font référence à des assassins antérieurs,
10:47 en disant je m'inscris dans cette continuité, cette histoire.
10:50 Alors, quand on regarde ça, on se dit, mais bon, il y a une explication,
10:53 parce que c'est vraiment la fin des années 90.
10:55 Qu'est-ce qui s'est passé avec la fin des années 90
10:57 pour que, soudainement, ça devienne une tradition?
10:59 Alors, les explications sont nombreuses, évidemment,
11:01 lorsqu'elles sont nombreuses, c'est qu'on parvient pas à trouver la bonne,
11:04 ou à tout le moins, chacune d'entre elles, un petit morceau de vérité,
11:06 mais pas tant que ça.
11:07 Premier élément, une des explications avancées,
11:10 je n'en privilégie aucune en particulier, mais je les mentionne.
11:13 La désocialisation de sociétés qui est arrivée après 40 ans
11:16 de déconstruction culturelle, une forme de relativisme qui s'est installée,
11:19 et les événements, les éléments les plus faibles de la société,
11:22 les plus désocialisés, les plus fragiles,
11:25 vont chercher, quelquefois, à trouver dans la violence extrême,
11:30 une occasion de reprendre un pouvoir sur leur propre vie.
11:33 Vous l'avez mentionné, souvent, ils se suicident eux-mêmes
11:36 à la fin d'une telle tuerie.
11:38 Qu'est-ce que ça veut dire?
11:40 J'étais souvent un rejet de la société,
11:43 je décide d'aller tuer 10, 15, 20 personnes,
11:46 à la fin, je serai le seul juge de mes actes,
11:49 le seul juge, donc la société n'a plus de droits sur moi,
11:51 je m'improvise, petit dieu.
11:53 Il y a l'accès aux armes, évidemment, l'accès aux armes,
11:55 ça, c'est pas un détail, si vous avez accès au coin de la rue
11:57 à un fusil automatique, ça peut compliquer.
11:59 Les jeux vidéo, dans quelle mesure ont-ils troublé l'esprit
12:03 d'une génération en excitant, encore, non pas chez le commun et mortel,
12:06 mais chez la frange la plus fragile des failures qui peuvent dégénérer.
12:10 Des socs symboliques qui auraient sauté, l'accès aux drogues.
12:14 Aussi, quelquefois, on parle de phénomène de dissociation,
12:17 donc une psychologie dissociée, mais qu'est-ce qui fait en sorte
12:20 que la société a activé ce processus de dissociation culturelle?
12:24 Tout ça pour dire que c'est un phénomène qu'on cherche encore à comprendre.
12:27 Je ne suis pas certain, cela dit, que ce soit ce qui s'est...
12:30 que ce soit, pour moi, ce qui s'est passé en France hier et hier.
12:35 - Oui, parce que moi, ce qui m'intéresse aussi, Mathieu,
12:38 c'est qu'on se dit qu'une fois, effectivement, il y a eu ce cas-là,
12:43 en plein cours, évidemment, il y a eu Samuel Paty,
12:46 la question qu'on se pose, c'est est-ce qu'il n'y aura pas aussi
12:48 un phénomène de mimétisme? Qu'est-ce que vous en pensez?
12:50 Ensuite, je vous pose une question sur comment les Américains
12:52 font pour contenir justement ce phénomène.
12:54 - Alors, je ne crois pas. Je pense qu'il y a quelque chose
12:56 de typiquement américain dans ce phénomène de Kardash.
12:58 Il y a tellement d'ingrédients américains pour composer
13:00 le phénomène des tueries de masse. Il y en a eu quelques fois,
13:03 il y en a eu en Allemagne, il y en a eu au Canada,
13:05 il y en a eu au Québec, il y en a eu en Grande-Bretagne.
13:07 Mais ça demeure, d'effet, isolé, ça ne crée pas un phénomène d'imitation.
13:10 Et je pense que dans les tueries de masse, l'élément central,
13:12 c'est le phénomène d'imitation. Et ça, on n'y est pas encore.
13:14 Je ne sais pas si on y arrivera un jour, mais pour l'instant,
13:16 on n'y est pas. Heureusement, ça demeure du domaine
13:18 de l'exception, ce type de tueries hors États-Unis.
13:20 - Alors, comment justement les États-Unis font pour contenir ce phénomène?
13:23 - Ils n'y parviennent pas, on s'entend.
13:25 - Ah oui.
13:26 - Alors, cela dit, comment cherchent-ils à le faire?
13:28 Il y a différentes méthodes. La première, c'est limiter l'accès à l'école.
13:32 Tout simplement. Les écoles étaient autrefois ouvertes.
13:34 Vous savez, l'Amérique du Nord a une culture quand même
13:36 de l'ouverture des lieux, tout ça. Eh bien, là, ça a tombé
13:38 en l'espace de quelques années. Le deux tiers des écoles,
13:41 désormais, limitent l'accès à leur terrain.
13:44 Dans 43 % des écoles, il y a désormais un bouton panique.
13:48 Le bouton panique, c'est que vous sentez qu'une tuerie commence
13:50 ou que ça se passe mal. Vous pouvez appeler les autorités.
13:53 Il y avait seulement 29 % de ça il y a cinq ans.
13:56 Il y a aussi, ça c'est assez particulier, les caméras
13:59 qui sont de plus en plus présentes dans les écoles,
14:01 donc des espaces sécurisés sur le mode quasi-militaire.
14:03 Il y a plus du tiers des écoles qui organisent des exercices
14:06 d'évacuation neuf fois ou plus par année.
14:09 Donc là, vous devez faire des exercices d'évacuation
14:11 régulièrement au cas où il y aurait une tuerie dans l'école.
14:14 Ensuite, et là, les derniers éléments sont assez particuliers,
14:17 c'est le fait qu'il y ait des détecteurs de métal à l'école
14:21 pour empêcher d'arriver avec une arme d'une manière...
14:23 Ou tout simplement, le fait d'armer les professeurs.
14:26 Alors, ça demeure mineur, on s'entend.
14:28 Il y a très peu de professeurs armés, 3 % environ.
14:31 Mais, mais, mais, c'est une proposition qui circule
14:34 dans la vie américaine.
14:35 Chaque fois qu'il y a une tuerie dans une école,
14:37 il y a dans le débat public des gens qui disent
14:39 que si le prof ou un prof était armé,
14:40 il aurait pu arrêter la tuerie assez rapidement.
14:42 Donc vous voyez qu'on est dans un autre monde.
14:44 - Oui, et puis drôle de sentiment quand on va à l'école.
14:47 - Ah oui, quand même!
14:48 - Drôle de sentiment d'insécurité,
14:50 soi-disant de sécurité apparente.
14:52 Mais dernière question, la violence à l'école
14:54 ne prend pas toujours la forme de tuerie.
14:56 De quelle autre manière se présente-t-elle?
14:58 - Bien, sous la forme de ce qu'on appelle
15:00 le harcèlement scolaire.
15:01 Le harcèlement scolaire, c'est une violence ordinaire
15:03 qui ne frappe pas l'imagination, heureusement,
15:06 comme des assassins.
15:07 Mais le harcèlement scolaire qui peut pousser au désespoir,
15:09 qui peut pousser des jeunes au suicide.
15:11 On se rappelle le cas du petit Lucas,
15:12 dont on parlait il y a quelques semaines à peine ici.
15:14 Donc un harcèlement scolaire qui est amplifié aujourd'hui,
15:17 qui est amplifié par les réseaux sociaux.
15:19 Donc la cyberviolence, le cyberharcèlement.
15:21 Et les systèmes scolaires cherchent une solution.
15:23 Par exemple, le Danemark propose sa solution
15:25 qui consiste à refaire de la salle de classe
15:28 une communauté empathique.
15:30 Ça sonne très, très, très scandinave quand même.
15:32 Mais cela dit, on cherche des solutions,
15:34 mais fondamentalement, on n'en trouve pas.
15:36 Et si on retourne, si on retourne finalement
15:38 à ce point d'aboutissement de ma réflexion
15:40 sur ce qui s'est passé en France il y a deux jours,
15:43 hier, non hier, en fait,
15:44 je pense qu'on est devant un événement singulier.
15:46 La sociologie a ses limites
15:47 et on bascule assez rapidement dans la philosophie
15:49 ou comme nous l'invitait Charlotte hier, la théologie.
15:51 On doit basculer vers autre chose que la sociologie.
15:53 On était devant un relatif inexplicable.
15:55 - Marc et Guillaume, vous voulez réagir après?
15:57 - Oui, moi j'ai un petit point.
15:59 Quand j'ai fait l'enquête pour mon livre sur...
16:02 - Lequel ? Vous avez écrit 15 livres.
16:04 - Pardon ?
16:05 - Lequel ? Vous avez écrit 15 livres.
16:06 - L'inquiétante histoire des vaccins.
16:08 C'est qu'une petite partie,
16:10 et je me suis intéressé à ces cas dramatiques.
16:13 - De tueries aux États-Unis.
16:15 - De tueries aux États-Unis.
16:16 Les 16 premiers cas de mitraille,
16:18 les personnages étaient sous médicaments.
16:22 Là, on retrouve cela.
16:24 Et on s'aperçoit qu'il y a de plus en plus
16:26 de médications très tôt,
16:28 dès l'âge de 8 ans, de l'arytaline ou des équivalents.
16:31 Et aux États-Unis, un Américain sur 8
16:35 est sous entrée de dépresseur dès l'âge de 12 ans.
16:39 Vous vous rendez compte ?
16:40 Et il semblerait que, passé la très courte période
16:44 où il y a eu une amélioration,
16:45 ensuite il y a un esprit destructeur
16:48 qui provoque ce type de drame,
16:50 ou simplement la destruction de l'individu, le suicide.
16:53 - Je crois qu'il y a une innovation étrange
16:55 dans l'Amérique des années 70-80.
16:57 C'est la première civilisation humaine
16:59 à la surface de l'Histoire
17:00 qui a expérimenté un univers dans lequel les adolescents
17:03 et les enfants sont livrés à eux-mêmes.
17:05 Les adultes n'ont plus d'autorité,
17:07 il n'y a plus de transmission.
17:08 La parole de l'adulte ne vaut pas plus
17:10 que la parole de l'adolescent.
17:11 Parce que l'adulte dit
17:12 "je m'efface devant la culture des adolescents,
17:14 les adolescents doivent faire société entre eux".
17:16 Or c'est très violent.
17:17 Il y a des élèves qui sont "bullied"
17:18 comme on dit en Amérique du Nord.
17:20 Ils sont effectivement harcelés.
17:22 Et ils finissent par exploser littéralement.
17:24 Dans un instant, dans la deuxième partie, Mathieu,
17:26 on a envie de vous entendre sur votre indignation à la fin,
17:28 sur sept minutes de silence,
17:30 aujourd'hui, à 15h,
17:32 dans les établissements scolaires.
17:34 Est-ce qu'il ne nous reste plus que ça ?
17:36 On en parle dans un instant.
17:38 Guillaume Bigot, le musée Grévin à Paris,
17:40 a retiré la statue de Pierre Palmade.
17:42 Les visiteurs se plaignaient de sa présence.
17:45 Cette affaire est devenue une véritable affaire hors-nom.
17:48 Elle choque, elle interpelle,
17:50 elle émeut,
17:51 et les regards portés vers les vintimes attisent la colère.
17:55 Tous ces ingrédients tragiques ont entraîné
17:57 un emballement médiatique qui a tout éclipsé.
18:01 Comment expliquer cet emballement médiatique ?
18:04 Je pense que d'abord, on peut le regretter.
18:06 En tout cas, il ne s'agit pas de dire
18:08 qu'il ne fallait pas parler de l'affaire Pierre Palmade,
18:10 évidemment, mais pas autant.
18:12 Pas dans ces proportions.
18:14 Ça devient dantesque.
18:15 On a l'impression que c'est un deuxième 11 septembre.
18:17 On en parle H24 pendant 10 jours.
18:19 Ça devient fou.
18:21 Il y a un journaliste de France Inter,
18:23 ici, on cite ses confrères,
18:25 qui a utilisé un logiciel qui s'appelle Tagaday
18:28 pour mesurer l'impact médiatique d'une information.
18:31 Le résultat est sidérant s'agissant de l'affaire Palmade.
18:34 L'affaire Palmade, on en a parlé deux fois plus
18:37 que Mbappé, par exemple, au lendemain du Mondial,
18:40 mais on en a parlé autant que Poutine
18:42 au moment de l'invasion de l'Ukraine.
18:44 C'est devenu un phénomène littéralement obsessionnel.
18:47 Je pense que ce n'est pas seulement la quantité,
18:49 c'est la qualité, c'est la manière dont on en a parlé aussi,
18:52 parce qu'il fallait en parler tout le temps, non-stop.
18:55 D'abord, les journalistes ne se privent pas de parler
18:58 alors qu'ils n'ont rien à dire.
19:00 Ils ne se privent pas d'interviewer le chauffeur
19:02 qui a ramené les deux oseaux dans la voiture.
19:04 Ça nous a appris quelque chose ? Rien.
19:06 Ils filment les ordinateurs qui sont prélevés la nuit
19:08 au domicile de Pierre Palmade.
19:10 Ça nous a appris quelque chose ? Rien.
19:12 En fait, ce n'est pas grave.
19:14 Comme ça marche, on continue.
19:16 Et puis, il y a la grosse ficelle,
19:18 le gros câble des spécialistes, les experts.
19:21 Les experts en tout.
19:22 Il y a les experts en code de la route,
19:23 il y a les experts en fœtus,
19:24 il y a les experts en chemsex,
19:26 il y a les experts en coma,
19:27 il y a les experts en humour,
19:28 il y a les experts dans tous les sens.
19:29 Ça permet évidemment de faire durer le plaisir,
19:32 de pouvoir parler du truc qui va tenir l'audimat.
19:35 Et puis enfin, comme dans tous les bons feuilletons,
19:38 il y a le rebondissement.
19:39 Alors là, à peine la veine semble à épuiser,
19:42 que fantastique, bingo !
19:43 On a le comble de l'abjection, la pédophilie.
19:46 Ah non, pas la pédophilie, la pédopornographie.
19:49 Non, pas exactement la pédopornographie.
19:51 C'est en fait l'homme qui aurait vu l'homme,
19:52 qui aurait vu l'homme,
19:53 qui aurait vu l'ours,
19:54 qui aurait vu dans son téléphone,
19:57 attention, c'est l'homme qui aurait vu dans son téléphone
19:59 une vidéo dans laquelle on verrait Palmade
20:01 regarder lui-même une image pédopornographique.
20:04 C'est une mise en abîme complètement dingue.
20:06 Les médias deviennent le trou de serrure
20:07 dans lequel tout le monde se repaie
20:09 et regarde ce qui se passe.
20:10 Et là, évidemment, on se dit,
20:11 mais attendez, deux minutes là,
20:13 il y a des preuves de tout ça ?
20:14 Non.
20:15 Mais attendez, et la présomption d'innocence ?
20:17 Ah oui, mais non, priorité au direct,
20:19 vu que ça marche, allez, on s'en fiche,
20:20 c'est pas grave, on avance.
20:22 En fait, là, quand même,
20:23 on se pose la question de ces parangons de vertu,
20:25 enfin ces deux figures-là qui sont dans la post-modernité,
20:28 c'est le journaliste qui se drape contre la populisme,
20:32 les principes, je suis là, etc.
20:35 Attention, altomale, le magistrat,
20:37 drapé dans sa majesté,
20:39 l'état de droit, vous comprenez,
20:40 c'est très sérieux, l'état de droit.
20:42 Mais alors là, attention, pas d'image,
20:44 personne, c'est pas grave.
20:45 Le journaliste pour faire de l'audimat,
20:46 de sa déontologie, aucun problème.
20:48 Le magistrat, personne ne songe à tirer de la sonnette d'alarme.
20:53 Pourquoi les magistrats ne font pas respecter
20:55 le secret de l'instruction ?
20:57 C'est juste, ils nous fatiguent avec l'état de droit,
20:59 c'est juste la base, le B.A.B.A. de l'état de droit.
21:03 Non, là, c'est pas grave.
21:05 C'est pas grave parce que ça fait de l'audience,
21:06 donc ça n'a aucune importance.
21:08 Guillaume Bigot, à lire les réseaux sociaux,
21:11 on a l'impression que cette affaire dit quelque chose
21:13 de la détestation de la France d'en haut par celle d'en bas.
21:18 Est-ce que vous êtes d'accord avec cette analyse
21:20 et est-ce que cette analyse n'est pas,
21:22 d'une façon ou d'une autre, dangereuse ?
21:25 Indiscutablement, les réseaux sociaux sont pleins de colère
21:29 à l'égard du traitement de l'affaire Palmade.
21:32 Donc sur la surexploitation de l'affaire Palmade,
21:35 je suis assez d'accord, je viens de l'expliquer.
21:37 Par contre, sur le procès qui est fait en creux,
21:41 sur une sorte de complaisance,
21:42 c'est-à-dire, voilà, il y a une complaisance
21:45 et il y a une sorte de solidarité de classe,
21:47 comme ça, donc c'est pas grave parce qu'elle fait Palmade,
21:49 finalement, ils lui cherchent des excuses.
21:50 Là, je pense que les gens se trompent.
21:52 Sincèrement, ils se trompent.
21:53 Mais c'est intéressant de voir que cette idée,
21:56 elle finit par percoler, en fait.
21:57 Et je pense que c'est faux, mais aussi que c'est dangereux.
22:00 Alors, d'où ça vient ?
22:01 D'abord, dans l'imaginaire national,
22:02 qui hérite en grande partie de la Révolution,
22:04 pas que, mais de la Révolution,
22:06 cette idée au moment de la Révolution
22:07 qu'elle a noblesse, qu'elle est la gardienne,
22:09 finalement, de la vertu et du savoir-vivre,
22:11 on va l'accuser, et bien on va la soupçonner
22:14 de cacher des mœurs absolument dépravées
22:16 et scandaleuses.
22:17 Et c'est une des accusations qu'on va porter
22:19 contre Marie-Antoinette.
22:20 Acte de pédophilie contre ses enfants.
22:22 Souvenez-vous, il n'y a pas si longtemps que ça,
22:25 Dominique Baudis, le maire de Toulouse,
22:27 accusé de "turpitude épouvantable",
22:29 il aurait, il serait vautré dans des partouzes,
22:32 il aurait mis à mort des victimes innocentes,
22:34 etc., des trucs épouvantables.
22:35 Tout ça était faux, mais voilà.
22:37 Donc, il y a la réactivation d'une espèce de cliché
22:40 historique qui est bien enfouie,
22:41 et c'est d'autant plus risqué que finalement,
22:43 ce qu'on pourrait appeler la France d'en haut,
22:44 qui existe, évidemment, la France des notables,
22:47 la France des people, dont jusqu'à présent,
22:49 Pierre Palmade faisait indiscutablement partie,
22:51 cette France d'en haut, elle continue de communier
22:53 dans ce qu'on pourrait appeler un culte de l'ouverture,
22:55 un culte de la tolérance,
22:57 qui mélange deux dimensions.
22:58 Alors, la dimension libertaire, bien sûr,
23:00 héritée de mai 68, jouir sans entrave,
23:02 donc là, on est au cœur de l'affaire Palmade,
23:04 et puis, il est interdit d'interdire,
23:05 donc tout est permis,
23:06 et puis, la dimension libérale,
23:08 c'est-à-dire faire du profit sans entrave,
23:10 plus de frontières pour faire du business,
23:12 libre circulation des capitaux,
23:14 libre circulation des travailleurs et des migrants.
23:16 Et donc, en fait, on se dit, mais effectivement,
23:18 ce Palmade, il coche à tout,
23:19 c'est le bon petit soldat du politiquement correct,
23:21 il met ce couvercle très épais de la bien-pensance
23:25 avec sa vidéo sur le masque, par exemple,
23:27 voilà ce qu'il faut faire,
23:28 attention, protégeons l'ouverture,
23:30 protégeons la tolérance, etc.,
23:31 et effectivement, il a l'air de bien jouir
23:33 sans entrave, alors là, il n'y a pas de problème,
23:35 enfin là, il a trouvé une entrave, malheureusement.
23:37 Et cette France en colère, qu'est-ce qu'elle se dit ?
23:39 Elle se dit, mais attendez, ces gens de la France d'en haut,
23:42 ils nous imposent un politiquement correct hyper-pesant,
23:45 ils nous interdisent tout au nom de leur moraline,
23:48 mais eux, en fait, ce qu'ils veulent,
23:50 en réalité, le danger de cette affaire,
23:53 c'est que ça ressemble à une sorte de métaphore
23:56 un peu inconsciente,
23:57 c'est la France qui se lève tôt,
23:59 qui d'un seul coup est percutée
24:01 par la France qui dort jamais.
24:02 C'est finalement la France qui fait ce qu'elle peut
24:05 et qui est fracassée d'un seul coup
24:07 par la France qui fait ce qu'elle veut
24:09 et qui rende compte à personne.
24:10 Voilà en quoi c'est violent, si vous voulez,
24:12 et voilà en quoi il y a toute une espèce
24:14 de cristallisation inconsciente
24:16 qui peut se coller sur cette affaire.
24:18 On va marquer une pause et je vous demanderai
24:21 comme dernière question, est-ce que justement,
24:23 c'est juste ou bien faux d'interpréter justement
24:27 que C. Palma est l'opposition des deux Frances ?
24:31 On en parle dans un instant, on marque une pause
24:33 et Marc Menon, vous allez vous dire
24:35 si vous avez commencé le carême,
24:36 parce que vous rencontrez vos tentations.
24:38 Ça a commencé hier, on en a parlé,
24:40 on a envie de tout savoir.
24:41 Allez, on marque une pause, à tout de suite.
24:43 Dernier mot à propos de l'affaire Palma
24:50 et de cet emballement médiatique
24:52 qui ne correspond pas, on se disait tout à l'heure,
24:54 au temps judiciaire.
24:55 Et on parlait de ces deux Frances,
24:58 la France d'en haut, la France d'en bas,
24:59 en quoi c'est juste ou injuste d'interpréter
25:02 que cette affaire est l'opposition de deux Frances
25:05 en quelques mots ?
25:06 Très rapidement, d'abord, il ne s'agit en aucun cas
25:08 d'excuser, de trouver la moindre circonstance
25:11 atténuante à ce personnage.
25:12 En aucun cas, ce n'est pas le sujet.
25:14 Mais je pense que la grille de lecture
25:15 est trop simpliste, c'est-à-dire que
25:17 les soirées complètement déjantées,
25:20 la chemsex, qui sont un lointain écho
25:22 des trucs années 70, ce ne sont pas du tout
25:25 les modes de la classe dirigeante.
25:26 La classe dirigeante, elle se couche à 10 heures,
25:28 elle fait du sport, elle médite en pleine conscience,
25:30 elle n'est pas dans cette ambiance.
25:32 C'est le sociologue Veblen, il a bien expliqué
25:34 que les modes et les mœurs commencent en haut
25:36 de la société et ensuite mettent 20 ou 30 ans.
25:38 Et la coke aujourd'hui qui était Wall Street hier,
25:40 c'est Main Street, c'est tout le monde.
25:42 Pas tout le monde, bien sûr, mais la classe moyenne.
25:44 On n'est plus dans le porno chic de Sonia Arigael
25:46 il y a 30 ans.
25:47 Maintenant, c'est Jackie et Michel,
25:48 c'est le porno des classes moyennes.
25:50 Donc, si vous voulez, il y a quelque chose,
25:52 tout le monde est coupable dans cette affaire,
25:53 en réalité, de regarder ou d'être fasciné.
25:56 La morale de l'affaire Palmade, c'est qu'en fait,
25:58 ça mobilise une sorte de voyeurisme qui fait que
26:00 c'est pas quelque chose de très ragoûtant,
26:02 mais vous tournez la tête et vous regardez
26:04 quand il y a un accident sur l'autoroute
26:06 et tout le monde regarde.
26:07 Ça concerne autant le bobo que le populo.
26:09 C'est sûr, évidemment, Palmade est responsable,
26:12 évidemment, les journalistes qui s'assiedent
26:14 sur leur déontologie sont responsables,
26:15 évidemment, ceux qui ne font pas respecter
26:17 la présomption d'innocence sont responsables,
26:19 évidemment que les politiques qui exploitent
26:21 ce genre d'événement sont responsables.
26:23 Les téléspectateurs qui préfèrent s'intéresser à ça
26:25 qu'à la guerre en Ukraine sont responsables,
26:27 mais le problème, c'est qu'il n'y a plus de surmoi,
26:29 il n'y a plus de frein, il n'y a plus de limite
26:31 dans cette société.
26:32 Et donc, il n'y a plus que des individus
26:33 qui se considèrent comme des victimes de tout,
26:36 responsables de rien, et qui demandent d'ailleurs
26:38 des coachs, ils demandent des cadres,
26:39 ils demandent à ce qu'on les aide,
26:40 ce que Philippe Muray disait, le désir du pénal,
26:42 ils veulent être stoppés de l'extérieur
26:44 parce qu'ils n'arrivent pas à stopper eux-mêmes.
26:46 Donc l'affaire Palmade, il me semble,
26:47 pour conclure que c'est une sorte de miroir
26:49 effectivement grimaçant, horrible, déformant,
26:52 mais il y a quelque chose du fait de la société
26:54 qui ne tourne pas rond et qu'on voit dedans.
26:56 Merci beaucoup pour cette analyse,
26:59 mon cher Guillaume Bigot.
27:00 Dans un instant, on attend toujours
27:02 les tentations de Marc Menon en plein carême.
27:05 On attend votre liste pour savoir si vous avez bien pensé.
27:07 J'ai pris deux plats de gringes, mec.
27:09 Je vais me coucher tôt.
27:12 Oui, très intéressant.
27:14 On a envie de dîner avec vous ce soir.
27:16 Alors, on parlera dans un instant avec vous
27:18 des 15 minutes, de la minute de silence
27:20 qu'il y a eu à 15 heures et tout ce qui nous reste.
27:22 On parlera avec vous, mon cher Marc, de la révolution.
27:25 Comment a commencé la révolution de 1848,
27:28 comme aujourd'hui, comme ce qui se passe aujourd'hui.
27:30 On en parle dans un instant.
27:31 Charlotte, maintenant une image
27:34 sur laquelle nous allons nous arrêter.
27:35 Si on peut la remontrer, cette image.
27:37 On ne montre pas souvent des images ici.
27:38 Mardi soir, regardez la banderole
27:40 qui a été déployée lors d'un match de football.
27:42 Voyons à nouveau s'affronter Liverpool et le Real.
27:44 Une banderole qui visait les ministres français
27:48 des Sports et de l'Intérieur, nés de Pinocchio.
27:51 Accusation de mensonge, c'était le 28 mai dernier.
27:55 Et la pilule du fiasco du Stade de France,
27:58 vieille de neuf mois.
27:59 Charlotte Dornelas ne passe toujours pas.
28:02 Pourquoi ?
28:03 C'est vrai qu'on s'est rendu compte
28:04 que certains supporters, en l'occurrence ceux du Real Madrid,
28:08 du Real et de Liverpool,
28:10 avaient la mémoire un peu plus longue que nous.
28:12 L'espace médiatique n'a parlé que de ça
28:16 pendant quelques jours
28:17 et n'a pas tellement suivi l'histoire.
28:19 Souvenez-vous, au début,
28:20 il faut juste faire un rapide retour en arrière.
28:23 Il y avait la version officielle
28:24 qui était "les supporters anglais, le fiasco, c'est eux".
28:28 C'était donc les supporters britanniques.
28:30 Il y avait un relais assez sage médiatique
28:33 de la parole officielle
28:34 sur ce qui s'était passé dans la soirée.
28:36 Et il y avait quelques trublions
28:37 parmi lesquels nous étions,
28:39 qui disaient "est-ce que vous êtes sûrs
28:40 que ça s'est bien passé comme ça
28:41 puisque les témoignages accumulés
28:43 nous racontent une toute autre histoire
28:44 que ce soit du côté policier, du côté supporter".
28:47 Et là sont sortis les accusations habituelles.
28:49 On était d'extrême droite d'un côté,
28:51 on était mauvais coucheur de l'autre,
28:53 évidemment, antisensanis,
28:55 enfin vous aviez tout.
28:56 Il n'y avait pas récupération ?
28:57 Il y avait de la récupération, évidemment,
28:58 ça va sans dire.
29:00 Il y avait de la récupération.
29:01 Et donc, quelques mois après,
29:02 tout le monde est bien calmé.
29:03 Il se trouve qu'il y a un rapport qui a été fait
29:05 par des instances lancées par l'UEFA elle-même
29:09 pour savoir ce qui s'était passé dans la soirée.
29:12 Et là, ça n'intéresse plus grand monde.
29:14 Alors, il y a des papiers qui sont sortis,
29:15 des journalistes du Monde,
29:16 notamment, qui ont eu accès au rapport intégral,
29:18 qui fait 200 pages,
29:19 qui l'ont détaillé.
29:20 Et ce rapport est très intéressant
29:22 sur ce qui s'est passé dans la soirée
29:23 puisque ça n'est pas du tout
29:25 l'histoire officielle qu'on nous a servi
29:28 dans les jours qui ont suivi.
29:29 Donc, même quelques mois après,
29:30 il me semblait intéressant de se pencher dessus,
29:33 notamment, un, parce que la vérité
29:35 de ce qui s'est passé dans cette soirée
29:36 nous intéresse,
29:37 deux, les raisons de ce qui s'est passé
29:39 restent valables aujourd'hui,
29:41 trois, il y a la Coupe du Monde,
29:43 deux, rugby et les Jeux olympiques qui arrivent.
29:45 Donc, c'est évidemment une question,
29:46 la question de l'encadrement,
29:48 on va dire, des événements sportifs
29:50 qui va se poser à nouveau.
29:52 Or, à l'époque, on avait le préfet
29:56 qui avait reconnu,
29:58 alors j'ai noté les phrases exactes,
30:00 que la responsabilité des Anglais
30:01 avait été un peu exagérée.
30:03 Ça, c'était quelques semaines après,
30:05 entre deux déclarations un peu exagérées.
30:08 La ministre des Sports avait,
30:09 au plein cœur de l'été,
30:10 présenté des timides excuses
30:12 en disant "oui, bon, on n'aurait peut-être
30:14 pas dû parler comme ça".
30:15 Le ministre de l'Intérieur,
30:17 on ne l'a pas trop entendu dans la foulée
30:19 alors que c'était le plus véhément sur le sujet.
30:22 Et personne n'a repris ses accusations
30:24 pour ce qu'elles étaient
30:25 et n'a rendu justice.
30:27 Alors, on comprend bien
30:28 qu'il y a les supporters,
30:29 la pilule est assez mal passée,
30:30 étant donné la soirée qu'ils ont passée,
30:32 se faire en plus accuser
30:33 d'être responsable d'avoir été agressé,
30:35 de ne pas avoir pu rentrer dans le stade,
30:37 d'avoir reçu les gaz lacrymos des policiers
30:39 qui étaient prévus pour des émeutes
30:41 qui n'ont pas eu lieu
30:42 et donc inadaptés aux émeutes qui ont eu lieu.
30:44 On comprend qu'être en plus accusé
30:46 de la responsabilité de son agression,
30:48 c'est assez désagréable.
30:50 Surtout que ce rapport est sorti
30:52 il y a dix jours
30:53 et que les supporters, eux,
30:54 ont dû suivre un peu ce qu'il y avait dans le rapport.
30:56 Ils savent exactement.
30:57 Donc, j'ai vu certains relais,
31:00 on va dire, du rapport,
31:01 notamment dans la presse écrite,
31:02 expliquer qu'ils accusaient les ministres
31:05 d'avoir menti,
31:06 notamment dans le stade.
31:07 Alors, pour être très exacte,
31:09 sémantiquement,
31:10 ils n'accusent pas les ministres d'avoir menti.
31:12 Ils se basent sur un rapport
31:13 pour exposer un mensonge,
31:15 en l'occurrence de certains ministres,
31:17 qui est désormais absolument renseigné.
31:19 C'est deux choses un peu différentes.
31:21 C'est parce que quand on dit
31:22 "il accuse un tel de mentir",
31:24 la charge repose sur lui.
31:25 Or là, on a des faits bien établis
31:27 qui sont accessibles à tous.
31:29 Si j'ai bien compris,
31:30 vous allez nous démontrer
31:31 que le gouvernement a menti
31:33 en vous basant sur le rapport.
31:35 C'est ça.
31:36 C'est-à-dire que le rapport,
31:37 en gros, il est commandé par l'UEFA,
31:40 ce qui est accusé notamment par les supporters.
31:43 Le rapport est dirigé
31:45 par l'ancien ministre des Sports du Portugal
31:47 et il est mené pendant huit mois
31:49 auprès de tous les protagonistes
31:50 de la soirée.
31:51 Il est mené par des juristes,
31:53 des universitaires,
31:54 de représentants d'associations de supporters
31:56 et sur la base,
31:57 de milliers de contributions
31:59 des supporters
32:00 qui étaient présents ce soir-là.
32:01 Ils ont reçu,
32:02 ils ont étudié au minimum
32:03 8 500 contributions.
32:05 Ce qui est très intéressant
32:06 et ce qui me semble le plus probant
32:08 dans cette histoire,
32:09 c'est qu'ils notent déjà
32:10 qu'ils ont été étonnés
32:11 de la convergence absolue
32:13 de tous les témoignages.
32:14 Tous les gens
32:15 qui ont écrit individuellement
32:16 racontent exactement la même histoire.
32:17 Donc au bout d'un moment,
32:18 moi je veux bien
32:20 qu'on laisse la place au complot,
32:22 mais là, quand il y a 8 500 témoignages
32:24 qui arrivent à la fois d'Espagne
32:25 et d'Angleterre
32:26 et qui vous racontent la même soirée,
32:28 a priori, il y a quelque chose
32:29 à retenir de ces témoignages.
32:31 Alors un, on apprend
32:32 que la mise en danger
32:33 que ce soir-là,
32:34 il y a eu la mise en danger
32:35 de milliers de supporters
32:36 qui étaient, je cite le rapport,
32:38 "en quasi-totalité pacifiques".
32:40 Souvenez-vous de l'histoire
32:41 qu'on nous a racontée.
32:42 Et, nous dit le rapport,
32:44 le drame a été évité.
32:45 Ils nous disent
32:46 il y aurait dû y avoir des morts.
32:47 Il a été évité grâce à
32:48 une solidarité sans faille
32:50 et à une capacité
32:51 de discipline exceptionnelle
32:52 des supporters eux-mêmes.
32:54 Ce soir-là, notamment
32:55 parce qu'au moment des agressions,
32:56 des raids qui ont été faits,
32:58 les supporters,
32:59 notamment masculins,
33:00 pardon aux féministes,
33:01 se sont organisés
33:02 pour essayer de défendre
33:03 les plus fragiles des supporters
33:05 qui étaient en train
33:06 d'être pillés.
33:07 La deuxième chose,
33:08 pourquoi un tel fiasco ?
33:09 Alors là, c'est intéressant.
33:10 Le rapport nous dit
33:11 il y a eu une mauvaise
33:12 identification de la menace
33:14 ce soir-là,
33:15 malgré les avertissements.
33:17 Alors, le rapport parle
33:19 d'une menace "hooligan fantasmée",
33:21 je les cite encore,
33:22 qui sert de matrice
33:23 à toute l'organisation.
33:24 En clair, tous les organisateurs
33:26 se sont dit la menace
33:27 c'est le hooliganisme,
33:28 parce qu'on avait déjà eu
33:29 des expériences mauvaises
33:31 sur ce terrain.
33:32 Et donc, tout le monde
33:33 s'est focalisé là-dessus.
33:34 Sauf qu'on avait une note
33:35 de la délégation
33:36 du Conseil de l'Europe en France
33:37 qui nous disait,
33:38 je cite encore,
33:40 qui pointait les violences
33:41 systématiquement commises
33:42 par des bandes de délinquants
33:43 à l'encontre des supporters
33:44 étrangers en visite.
33:46 Vous ajoutez à ce constat-là,
33:48 dans plusieurs événements sportifs,
33:50 le lieu de ce match
33:53 qui était au Stade de France
33:54 et donc en Seine-Saint-Denis.
33:55 C'est insulté personnellement
33:56 que de constater factuellement
33:58 qu'il y a une surdélinquance
34:00 dans ce département-là.
34:01 Donc vous ajoutez
34:02 cette note du Conseil de l'Europe,
34:03 en plus vous faites ça
34:06 en Seine-Saint-Denis,
34:07 la menace du hooliganisme,
34:08 pourquoi pas ?
34:09 Mais ce n'est évidemment pas
34:10 la seule, normalement,
34:11 que vous prenez en compte.
34:12 Eh bien, c'est la seule
34:13 qui a été prise en compte.
34:14 Ensuite, on apprend dans ce rapport
34:15 que les faux billets,
34:16 vous savez, les fameux faux billets,
34:18 étaient un prétexte.
34:20 Je cite le rapport,
34:21 ils nous disent
34:22 "Ceux qui ont avancé ces chiffres
34:24 ont agi de manière irréprochable
34:25 afin de s'exonérer
34:26 de la responsabilité
34:27 des défaillances."
34:28 Parce qu'il avait parlé
34:29 de 30 à 40 000 faux billets.
34:30 C'est ça.
34:31 Alors, le ministre nous parlait
34:32 de 30 à 40 000 faux billets.
34:33 L'UEFA elle-même avait dénombré
34:35 dans les jours qui suivaient
34:36 2 500 présentations de QR-Code faux.
34:38 Donc déjà, de 30 à 40 000,
34:39 on passe à 2 500.
34:40 Et là, l'enquête,
34:41 au bout de 8 mois d'enquête,
34:42 nous dit qu'il n'y a aucune trace
34:44 de la fraude massive et industrielle
34:46 dont nous avait parlé Gérald Darmanin.
34:48 Aucune trace.
34:50 Et donc, on apprend que là,
34:52 quelques mois avant le coup,
34:54 quelques mois avant le match,
34:56 on avait la Fédération française de football,
34:58 l'organisation du Stade de France
35:00 et la préfecture,
35:01 qui ensemble s'étaient réunies
35:03 pour pointer le risque de faux billets.
35:05 En clair, vous avez énormément de gens,
35:07 notamment de Liverpool,
35:08 qui vont venir,
35:09 il y en aura plus que de billets,
35:10 donc certains vont présenter des faux billets
35:12 ou essayer de rentrer sans billet.
35:13 À l'époque,
35:14 la Division nationale de lutte
35:16 contre l'hooliganisme
35:17 précisait dans cette réunion
35:19 que ça n'avait rien d'inhabituel
35:21 et que ça ne comportait pas nécessairement
35:23 de risque particulier
35:24 parce qu'ils savaient le gérer.
35:25 Que l'importe,
35:26 on est resté sur le risque unique du hooliganisme.
35:28 Résultat, qu'est-ce qui s'est passé ?
35:30 Le dispositif de sécurité
35:32 a été mis en place
35:33 pour contrer des fraudeurs
35:34 dont on nous disait qu'ils risquaient de ne pas exister
35:36 et dont on nous dit après
35:37 qu'ils n'ont pas existé.
35:38 Donc ce dispositif, c'était quoi ?
35:40 Des cordons de vérification.
35:42 Initialement,
35:43 vous savez, le RER qui était en grève,
35:45 ils ont pris un autre RER,
35:47 ils sont passés par un autre chemin.
35:49 On a mis en place des filtrages
35:50 pour vérifier les billets dès le début.
35:52 Et là encore,
35:53 vous aviez un rapport établi
35:54 par la Fédération des supporters européens
35:56 qui disait "Attention,
35:57 le risque là,
35:58 ce n'est pas le hooliganisme ou les faux billets,
36:00 c'est le risque élevé de congestion et de piétinement.
36:03 Ignorez,
36:04 le risque, c'est le hooliganisme.
36:06 Donc, en effet,
36:07 il y a eu
36:08 et congestion et piétinement des supporters.
36:10 Ensuite,
36:11 le rapport précise
36:12 que les agressions des supporters,
36:13 elles, ont commencé
36:14 dès le début de l'après-midi
36:16 et non pas en fin de soirée
36:17 comme on nous expliquait.
36:19 Pourquoi ?
36:20 Parce que la menace n'ayant pas été anticipée,
36:21 les forces de police n'étaient pas présentes
36:23 le long du cortège.
36:24 Donc, quand les agressions ont commencé,
36:25 les forces de police ne pouvaient pas réagir.
36:28 Et lorsqu'il y a eu
36:29 les premiers affrontements avec la police
36:31 qui a fini par arriver,
36:32 le stade,
36:33 ayant peur des fameux faux billets,
36:35 a fermé l'entrée dans le stade.
36:37 Donc, vous avez à la fois
36:38 les gens qui arrivent,
36:39 qui se pressent contre le stade,
36:41 la police complètement débordée par les agressions
36:43 parce qu'elle arrive trop tard,
36:44 qui envoie les gaz lacrymos
36:46 et au milieu,
36:47 les pauvres supporters avec leurs billets
36:48 qui sont pris dans les taux.
36:50 La dernière chose que l'on apprend,
36:52 les tentatives,
36:53 les fameuses tentatives d'intrusion dans le stade,
36:55 qu'apprend-on dans le rapport ?
36:56 Parce qu'en effet,
36:57 il y a eu des tentatives d'intrusion
36:58 avec ou sans faux billets.
37:00 Ce sont les mêmes délinquants
37:01 qui agressaient dehors.
37:02 Et là, je cite un représentant
37:04 de la Fédération française de football présente
37:06 qui témoigne dans ce rapport
37:07 et qui dit qu'ils étaient prêts à en découdre.
37:09 Ils ne craignaient pas du tout la police.
37:11 Alors, nous, on les connaît un peu.
37:12 Ils ne craignent pas du tout la police,
37:13 ça c'est sûr.
37:14 Observe donc cet homme.
37:16 Les policiers ont utilisé des gaz lacrymogènes
37:18 parce que c'était la seule solution
37:19 pour les éloigner d'une clôture.
37:21 Donc ça n'était pas adapté, évidemment,
37:22 parce que les policiers étaient là pour les faux billets
37:24 et non pas pour les agresseurs.
37:25 Et enfin, après le match,
37:27 comme l'idée c'était le hooliganisme
37:29 et l'intrusion des supporters
37:31 avec des faux billets,
37:32 les fameux supporters britanniques,
37:34 eh bien la police anti-émeute
37:35 a été placée dans le stade
37:37 parce qu'on risquait l'envahissement de la pelouse.
37:39 Donc sur le chemin du retour, nous apprendons,
37:41 les supporters ont été de nouveau agressés,
37:44 dépouillés et molestés.
37:45 Et là, encore une fois,
37:46 les témoignages des supporters,
37:47 c'est que c'était l'horreur absolue
37:50 que jamais dans leur histoire de supporters,
37:52 ils n'avaient eu de...
37:54 - À vivre.
37:55 - À vivre ça.
37:56 Et alors, je vous cite une citation
37:58 citée dans Le Monde,
37:59 qui dit précisément que c'est extrêmement crédible
38:02 dans la mesure où ça se répète sans cesse
38:04 dans les témoignages.
38:05 "Une expérience terrifiante,
38:06 400 m d'enfer avec tout le monde qui court
38:08 pour sauver sa vie
38:09 et pas un seul policier
38:11 ou pas un seul policier qui intervient."
38:13 Voilà la soirée qu'ils ont vécue.
38:14 Vous comprenez que les accusations du ministre,
38:16 en effet, elles passent mal.
38:18 - Une mauvaise préparation,
38:21 une mauvaise gestion,
38:22 des mensonges.
38:24 Est-ce qu'il faut s'inquiéter
38:25 pour les événements à venir ?
38:27 - Il faut s'inquiéter pour une chose,
38:28 c'est-à-dire que la ministre nous a dit
38:29 qu'ils étaient au travail,
38:30 qu'ils avaient bien compris,
38:31 qu'ils avaient identifié tous les problèmes
38:32 depuis cette soirée-là
38:33 et qu'ils allaient travailler.
38:34 Le seul point, à mon avis,
38:35 le point essentiel, on va dire,
38:37 que l'on apprend dans ce rapport,
38:38 c'est que si le blocage idéologique
38:41 devant la nécessaire identification
38:45 des risques réels,
38:46 si ce blocage-là ne saute pas,
38:48 alors on revivra sans cesse la même chose.
38:50 Il y a trois points extrêmement importants.
38:52 Un, le rapport note donc que
38:54 tous les témoignages convergent
38:55 jusque dans le détail.
38:56 Donc si tous les témoignages convergent
38:58 pendant les huit mois d'enquête,
38:59 ils convergeaient aussi le soir même.
39:02 Donc les ministres, au moment de parler,
39:03 savaient que les policiers, les supporters,
39:05 tout le monde racontait la même histoire
39:06 déjà ce jour-là.
39:08 La deuxième chose,
39:09 lorsque les journalistes ont eu accès
39:10 au profil des personnes interpellées,
39:11 des agresseurs, et qu'ils ont dit
39:13 que ce n'étaient pas exactement des supporters britanniques,
39:15 si les journalistes ont accès
39:17 aux identités des personnes en garde à vue,
39:20 pensez bien que le ministre de l'Intérieur
39:21 les a aussi.
39:22 Donc il savait,
39:23 au moment où il accusait des supporters britanniques,
39:25 que ce n'était pas la nationalité,
39:26 en l'occurrence,
39:27 des personnes qui étaient en garde à vue.
39:29 La troisième chose,
39:30 le rapport s'attarde aussi
39:31 sur cette fameuse suppression
39:32 des caméras de vidéosurveillance.
39:34 Suppression des caméras
39:35 à l'intérieur du stade,
39:36 vous savez qu'elles sont gardées
39:37 pendant huit jours.
39:38 Et le rapport dit que pendant huit jours,
39:39 aucune des autorités devant le fiasco
39:41 n'a pensé à garder ces caméras.
39:43 C'est étonnant.
39:44 Et la deuxième chose,
39:45 c'est que les caméras extérieures,
39:47 qui existent,
39:48 sont-elles entre les mains de la justice aujourd'hui ?
39:50 Et voyez que parfois,
39:51 le politique veille à ce qu'il n'y ait aucune fuite
39:53 dans les affaires judiciaires.
39:55 Personne n'a eu accès,
39:56 même pas les commissions parlementaires françaises,
39:59 n'a eu accès à ces vidéos
40:00 qui sont entre les mains de la justice.
40:02 Donc si nos responsables politiques
40:04 sont prêts à affronter
40:05 la dure réalité de la délinquance
40:08 qui a eu lieu ce soir-là,
40:10 et des errements qu'il y a eu,
40:12 des manquements graves,
40:13 je cite juste la dernière phrase dans le rapport,
40:15 ils nous disent
40:16 "c'est une erreur de jugement si calamiteuse
40:18 qu'elle dépasse l'entendement".
40:21 Dépasse l'entendement,
40:22 le seul moyen de dépasser l'entendement,
40:23 c'est de se bloquer par idéologie,
40:25 donc d'ignorer absolument la réalité
40:27 avant, pendant et après.
40:29 Merci beaucoup d'avoir suivi ce dossier,
40:31 parce que c'est vrai que de temps en temps,
40:33 on suit, on oublie,
40:34 alors qu'il faut s'arrêter et ouvrir justement
40:37 ces 200 pages du rapport
40:39 qui passent souvent inaperçues,
40:40 cachées par l'affaire Palmad, notamment.
40:42 Mais les Jeux olympiques, ça va bien se passer.
40:44 Oui, tout va bien se passer.
40:46 Calmez-vous, calmez-vous.
40:48 La France grogne, on l'a vu
40:50 avec la réforme des retraites
40:51 depuis déjà plusieurs semaines,
40:52 et la manifestation, la mobilisation du 7 mars,
40:55 c'est de mettre la France à l'arrêt.
40:58 Sauf que, Marc Menand, si j'ai bien compris,
41:00 la France était déjà en colère,
41:02 c'était en février, mars 1848,
41:04 et c'est comme ça que la révolution a commencé.
41:07 C'est intéressant de se replonger dans l'histoire
41:09 pour savoir, est-ce qu'on pourrait
41:11 peut-être revivre la même chose ?
41:13 Quand on regarde déjà, du côté du ciel,
41:16 il y avait de très fortes contrariétés.
41:19 Oh, c'était pas la sécheresse,
41:21 c'était le contraire.
41:23 C'était l'abondance des eaux et le froid.
41:26 C'est tellement terrifiant ce qui se passe
41:29 en France et sur l'Europe
41:31 qu'il y aura un million d'Irlandais
41:33 qui vont mourir de famine
41:34 parce qu'il n'y a plus rien.
41:36 À Berlin, c'est l'hécatombe complète.
41:39 Et à Paris, la farine les prit flan,
41:43 on n'a plus rien à manger.
41:45 Les contestations, ça fait des semaines qu'elles traînent.
41:49 Mais le gouvernement Guizot,
41:51 il est là, il va, il vient,
41:53 il ne veut pas entendre parler.
41:55 Pour Guizot, ce qui compte, c'est l'enrichissement,
41:57 le libéralisme, et les choses se régleront d'elles-mêmes.
42:01 Et l'opposition n'est pas spécialement
42:05 des plus habiles.
42:06 On a pourtant des gens comme le Drurlin, Lamartine.
42:09 Et comme ils voient, on n'a pas Internet en ce temps-là,
42:12 qu'il est difficile de mobiliser les uns et les autres
42:15 et de suggérer des réformes,
42:16 ils organisent ce qu'on appelle les 70 banquets.
42:20 Alors on va aller de ville en ville,
42:22 on réunit les gens,
42:23 et puis on leur dit voilà ce qui se passe,
42:25 qu'est-ce que l'on pourrait faire.
42:26 Et il y a un dernier banquet
42:27 qui est organisé au mois de février
42:32 avec en plus en prime une petite manifestation.
42:35 Ah oui, il faut quand même montrer le mécontentement.
42:38 Je rappelle, les gens crèvent.
42:40 On n'a jamais eu autant de gens au chômage
42:44 qu'à cette époque-là.
42:46 Il y a un million de chômeurs pour 35 millions de Français.
42:50 C'est catastrophique.
42:51 Et pour autant, on a l'impression
42:53 que pour Louis-Philippe et son Premier ministre,
42:56 les choses doivent s'arranger naturellement.
42:59 La manifestation, le banquet sont interdits.
43:02 Alors allons-y camarades, on est dans les rues.
43:06 Dès le 22 février, on demande quoi ?
43:09 Abbas, Guizot, et puis également le suffrage universel,
43:13 le suffrage universel qui n'existe pas à l'époque,
43:16 c'est-à-dire que le peuple ait le droit à la parole,
43:19 qu'il puisse être entendu.
43:22 On a fait venir les troupes, que le calme s'instaure,
43:26 on tire, il y a un mort, et on a le sentiment
43:30 que du côté de Louis-Philippe, c'est pas si grave que ça.
43:34 C'est formidable parce que Victor Hugo en parle dans Chosevue.
43:38 Il a été voir le roi, et le roi qui ne semble pas spécialement inquiet,
43:43 le roi dit même à un moment,
43:45 quand on l'informe de ce qui s'est passé,
43:48 il dit "Ah, quelques agitations encore, quelques agitations encore".
43:53 Vous voyez l'écho entre ce qui se passait à l'époque
43:56 et ce que l'on voit aujourd'hui.
43:58 Ça n'existe pas, mais le peuple a décidé de se faire entendre.
44:03 Et le 23, ça déferle de façon en vague,
44:09 c'est-à-dire qu'on a, là encore dans Chosevue, Hugo qui dit
44:14 "Les foules en déferlant, bras dessus, bras dessous,
44:17 les casquettes, les blouses, c'est le monde du travail
44:21 qui n'en a plus, qui se révolte".
44:23 Et ici et là, vous avez quoi ?
44:26 Eh bien, des troupes qui bouchent les artères
44:29 et boulevardent les capucines à 9h le soir.
44:34 On a quelques individus qui prennent des objets,
44:37 qui les jettent et on entend un coup de feu.
44:40 Est-ce qu'il est parti d'un de ces agitateurs ?
44:44 Est-ce l'un des soldats qui subit depuis si longtemps
44:47 l'agression "des mécontents" ?
44:51 Toujours est-il que pour les soldats,
44:53 c'est le coup d'envoi de la répression.
44:56 Et là, on tire, on tire 50 morts, c'est épouvantable.
45:00 Et on prend les morts, on cherche une sarrête
45:03 et on défile durant toute la nuit en criant
45:08 "On égorge le peuple, on égorge le peuple".
45:12 Ce qui est formidable, c'est que Thiers,
45:14 on a obtenu la démission de Guizot,
45:17 Thiers qui lui succède de façon de preuve d'histoire,
45:19 il est parti se coucher quand on lui a dit
45:21 que l'armée avait tiré, il a dit "Maintenant, voilà, c'est réglé".
45:25 Le roi lui-même s'est fait servir
45:28 deux petites poules bien dodues,
45:31 c'était pas le carabe apparemment,
45:33 et toujours est-il que pour eux, c'est réglé.
45:36 Et alors vous avez le général Bugeaud,
45:38 qui est chargé, qui se propose de maintenir l'ordre
45:42 et d'intervenir, il dit "Il pourra y avoir devant moi
45:44 50 000 femmes, 50 000 enfants, la mitraillade, la mitraillade
45:48 et on les calmera".
45:50 Sauf que ça ne se calme pas,
45:52 le 23 février, Hugo est désespéré,
45:56 il dit "Le gouvernement est gravement coupable,
46:01 la gauche n'a rien fait non plus".
46:04 Et le 24, eh bien, Louis-Philippe sera obligé
46:09 de faire sa petite valise et de partir miteusement.
46:14 Le gouvernement est tombé, et on verra à l'hôtel de ville
46:18 jaillir la Martine et proclamer la Deuxième République.
46:23 Merci beaucoup pour cette plongée dans l'histoire.
46:25 À la lumière de l'actualité, un tour de table sur l'homme
46:30 qui a tué le fils de Yannick Allénaud,
46:32 qui est libre après 8 mois de prison.
46:34 Ça nous pose question, puisqu'on est justement
46:37 baigné dans l'affaire Palmade, vous l'avez dit tout à l'heure,
46:40 on a un regard très sensible justement sur ces victimes
46:44 de chauffards et des victimes de leur famille.
46:49 Il roulait ivre, on en avait beaucoup parlé ici,
46:52 dans une voiture volée, on s'en souvient,
46:54 il avait pris la fuite, il était déjà recherché.
46:58 Question, pourquoi cette mise en liberté ?
47:00 Quel message est ainsi envoyé aux familles ?
47:03 Est-ce que ce n'est pas une deuxième peine
47:05 pour la famille qui est endeuillée ?
47:07 Qu'est-ce que ça laisse comme sentiment
47:10 auprès des Français ?
47:13 Est-ce que la vie a un prix dans le logiciel de notre justice ?
47:16 Est-ce que ce n'est pas aussi incité indirectement
47:19 à se faire justice soi-même ?
47:21 Oui, je pense que le problème n'est pas nécessairement
47:25 si bien posé, c'est-à-dire qu'on se met toujours
47:28 du côté de l'individu.
47:29 Pardon, vous n'aimez pas ma question ?
47:31 J'adore toutes vos questions.
47:34 Mais je pense que c'est toujours le point de vue
47:36 à la fois de l'individu et des sentiments,
47:38 c'est-à-dire on se met, et c'est normal,
47:40 on se projette dans la peau des parents
47:42 et on se dit "mais c'est un cochon, c'est scandaleux".
47:44 En fait, les juges font la même chose,
47:46 ils se mettent toujours dans la peau de la personne
47:48 qui est en prison et tout est jugé à l'aune de l'individu.
47:50 Mais pardon, la loi pénale, ce n'est pas ça.
47:52 Et une société humaine, c'est une société
47:54 dans laquelle la société vaut plus que l'individu.
47:57 Le problème, c'est qu'il n'y a plus rien d'autre
47:59 au-dessus de l'individu.
48:01 Quand vous tuez quelqu'un, quand vous roulez sur quelqu'un,
48:03 vous devez rouler sur 67 millions de personnes.
48:06 Et il y a 67 millions de personnes
48:08 qui vont se dresser et demander vengeance
48:10 et exiger justice.
48:12 On dit que la justice n'a rien à voir avec la vengeance.
48:14 C'est faux. Ce n'est pas une vengeance individuelle.
48:16 C'est une vengeance de l'ensemble de la société.
48:18 Donc la société au-dessus de l'individu, d'une vie humaine.
48:20 Et qui doit inspirer la crainte.
48:22 La crainte du gendarme n'est rien
48:24 s'il n'y a pas la crainte de la loi.
48:26 Vous devez avoir peur de la loi.
48:28 Une société dans laquelle vous n'avez pas peur de la loi
48:30 va être violente.
48:32 Et tout au temps, la violence va gagner.
48:34 - Mathieu.
48:36 - Je poursuivrai le raisonnement de Guillaume.
48:38 Je pense que nous sommes contemporains
48:40 de la mise en place d'une forme de dispositif
48:42 qui déresponsabilise généralement.
48:44 Même sur le plan pénal, les peines les plus élevées
48:46 sont de moins en moins élevées.
48:48 Ce qui fait en sorte qu'il y a un effet de percolation.
48:50 Qu'est-ce qu'on voit le résultat?
48:52 C'est que finalement, le comportement des uns des autres,
48:54 la sanction est généralement mineure.
48:56 La sanction est quelquefois absente.
48:58 Il y a une forme d'intériorisation dans la population.
49:00 Je me mets du point de vue du commun des mortels.
49:02 C'est que de tels actes qui sont d'une gravité absolue
49:04 sont désormais traités comme des cas secondaires,
49:06 des cas de détail, sinon par le système,
49:08 à tout le moins par le système médiatique.
49:10 Finalement, le rythme médiatique...
49:12 L'événement arrive, il passe, l'événement arrive.
49:14 Il y en a tellement qui se succèdent
49:16 que finalement, la réalité des choses nous échappe.
49:18 C'est un fait divers parmi d'autres.
49:20 Mais tous ces faits divers mis ensemble,
49:22 on appelle ça une société qui s'égrène.
49:24 - Charlotte, j'entends bien ce que disait Guillaume Bigot,
49:26 mais quand même, la justice,
49:28 elle est prise au nom du peuple, pour le peuple.
49:30 - Oui, mais là, en plus,
49:32 il n'est pas tellement question de la sanction,
49:34 parce que la sanction n'est pas encore tombée.
49:36 Il n'y a pas eu de procès encore.
49:38 C'était une détention provisoire, en l'occurrence.
49:40 Le procès aura lieu normalement l'année prochaine.
49:42 Et il se trouve que, vous savez, on avait parlé
49:44 à l'occasion de Pierre Palma, puisque là, c'est pareil,
49:46 comme c'est le fils Alenau, on profite aussi
49:48 de la notoriété pour comprendre, on va dire,
49:50 le fonctionnement de la justice.
49:52 Et il se trouve qu'en matière délectuelle,
49:54 le père et la mère d'Antoine Alenau
49:56 plaident pour cet homicide routier,
49:58 précisément parce qu'ils ne supportent pas
50:00 l'idée que ce soit délictuel et pas criminel.
50:02 Mais il était sous l'emprise de l'alcool.
50:04 Il a tué Antoine Alenau.
50:06 Et donc, en matière délectuelle,
50:08 le délai de détention provisoire
50:10 est de quatre mois.
50:12 C'est réexaminé.
50:14 Ça peut être poursuivi encore quatre mois derrière.
50:16 En l'occurrence, il ne l'a fait que quatre mois.
50:18 Il est resté huit mois en prison parce qu'il a purgé
50:20 la peine qu'il avait déjà et pour laquelle
50:22 il était recherché. Et c'est ça qui devient
50:24 incompréhensible. C'est que toutes les décisions
50:26 de justice, elles se comprennent quand vous lisez
50:28 le droit, mais elles ne se comprennent pas
50:30 intelligemment.
50:32 C'est-à-dire que rien n'est lié.
50:34 Et il est impossible de comprendre que cet homme soit dehors
50:36 alors qu'il était recherché, qu'il avait une peine à faire.
50:38 Mais c'est le droit
50:40 et non pas la justice. Et c'est ça le problème.
50:42 Oui, mais au-delà de ça, c'est au-delà du cas particulier
50:44 et de l'émotion. C'est que
50:46 dit cette histoire ?
50:48 On a de plus en plus de gens qui boivent.
50:50 On a de plus en plus de gens qui se droguent.
50:52 Pourquoi ils boivent ? Pourquoi ils se droguent ?
50:54 C'est parce que
50:56 il n'y a pas de réalisation
50:58 personnelle. On est dans un monde
51:00 où il y a une désespérance totale.
51:02 En plus, on y met des médicaments.
51:04 Donc il nous faut quand même essayer de
51:06 voir comment demain on pourra avoir un monde
51:08 dans lequel il y ait moins de délinquants,
51:10 moins de gens qui se tournicotent la tête
51:12 avec tous les ervates possibles et inimaginables.
51:14 Merci beaucoup,
51:16 Marc. L'indignation
51:18 de Mathieu Bocote.
51:20 Une minute de silence a été décidée
51:22 aujourd'hui pour honorer la mémoire
51:24 de l'enseignante assassinée.
51:26 Et cela, dans tous les établissements scolaires.
51:28 Elle est
51:30 naturellement respectée.
51:32 Cela va de soi. Mais certains,
51:34 en êtes-vous, Mathieu Bocote,
51:36 voient les limites de ce rituel
51:38 qui se répète, qui relève
51:40 davantage de la déploration que
51:42 d'une véritable réaction politique.
51:44 Oui, mais je pense que vous avez le bon terme.
51:46 C'est une vraie déploration.
51:48 Il faut inscrire encore une fois le malaise.
51:50 Quand on a aujourd'hui, j'entends,
51:52 « minute de silence » ou « marche blanche »,
51:54 ma première réaction est mauvaise.
51:56 Ça ne m'honore pas. Mais tout ce qu'on a
51:58 à offrir devant des événements comme ceux-là,
52:00 c'est la mise en scène de notre impuissance
52:02 sous le signe d'une vertu revendiquée.
52:04 Il y a une raison qui nous a poussés
52:06 à cette espèce de malaise.
52:08 Le point de départ, c'est évidemment 2015.
52:10 La réaction débile,
52:12 la réaction coupable, la réaction condamnable
52:14 de ces zigotos qui disent
52:16 « vous n'aurez pas ma haine ».
52:18 Après 2015, dire « vous n'aurez pas ma haine »,
52:20 ça relevait en fait de la conjugaison
52:22 d'esprit municois, d'une absence totale
52:24 de virilité, d'une absence totale
52:26 de sens d'autodéfense, d'une absence totale
52:28 de sens vital. Et on nous a présenté ça
52:30 comme la réaction la plus vertueuse qui soit.
52:32 Et là, c'est un point de départ.
52:34 Donc, chaque fois qu'il y avait un attentat,
52:36 on nous expliquait chaque fois qu'il fallait
52:38 répondre par les sanglots. Bruxelles, 2016,
52:40 attentat à l'aéroport. Rappelez-vous
52:42 que dans l'espace, les médias sociaux sont inondés
52:44 de « Tintin qui pleure ».
52:46 Et là, donc la réaction, c'était « il faut pleurer ».
52:48 C'est la politique des lamentations.
52:50 Et là, qui ne mettait pas en scène
52:52 Tintin qui pleure et qui demandait
52:54 plutôt que Tintin frappe, dans la mesure où il fallait
52:56 que ce soit Tintin qui s'en charge,
52:58 eh bien, là c'était « oh, vous manquez d'empathie
53:00 devant la nature des événements ».
53:02 Ensuite, la politique de la peluche,
53:04 la politique de la peluche, la politique
53:06 de la doudou. Et là, autrement dit,
53:08 chaque fois qu'il y avait un événement qui était de nature,
53:10 qui heurtait la société dans son être propre,
53:12 un événement qui relevait du terrorisme,
53:14 la vague qu'on a connue pendant des années,
53:16 eh bien, tout ce qu'on avait à faire,
53:18 finalement, c'était justement mettre en scène
53:20 l'impuissance virtuelle.
53:22 C'est comme ça que j'appelle ça.
53:24 Ensuite, l'énergie qui restait,
53:26 c'était pour dénoncer la société en se disant
53:28 qu'elle était peut-être coupable de ce qui lui arrivait.
53:30 Chaque fois qu'il y avait un attentat, vous aviez toujours
53:32 quelques intellectuels qui étaient prêts
53:34 à nous expliquer qu'en fait,
53:36 si on se fait attaquer, c'est parce qu'on est coupable.
53:38 Si on nous attaque, c'est parce qu'on a fait quelque chose de grave.
53:40 Nous ne sommes pas la cible pour rien.
53:42 Nous ne sommes pas les victimes d'attentats pour rien.
53:44 Donc là, le peu d'énergie qui restait
53:46 dans la société, dans le système médiatique,
53:48 c'était pour diaboliser ceux qui demandaient
53:50 qu'il se passe quelque chose.
53:52 Dernier élément, rappelons-vous l'affaire Lola.
53:54 Le système politique, en l'espace du...
53:56 que dit-je? Le système médiatique,
53:58 en moins de 24 heures, toutes ces énergies,
54:00 il les a utilisées pour une seule chose,
54:02 diaboliser, présenter comme des monstres,
54:04 criminaliser ceux qui expliquaient
54:06 que l'affaire Lola avait une dimension collective et politique.
54:08 Ils appelaient cela récupération.
54:10 Donc ça ne veut pas dire... ça ne veut pas dire
54:12 qu'il n'y a pas des moments où la minute de silence
54:14 ne s'impose pas. Ça veut dire que ça nous a conditionnés
54:16 pour d'excellentes raisons à se méfier
54:18 dans la minute du silence
54:20 lorsqu'il n'y a qu'elle qui nous est proposée.
54:22 - Et justement, est-ce que là, cette fois-ci,
54:24 c'est différent?
54:26 - Un peu. Un peu. C'est pour ça que je vous ai dit,
54:28 on était à mi-chemin entre l'indignation
54:30 et le malaise, dans mon cas.
54:32 C'est-à-dire, d'un côté, j'ai été...
54:34 J'ai été malaise, dans mon cas. C'est-à-dire, d'un côté,
54:36 il y en a marre, mais il y en a marre toujours
54:38 qu'il y ait des minutes de silence seulement à nous proposer.
54:40 C'est-à-dire, ils nous proposent des journées de silence,
54:42 une année de silence... Plusieurs d'entre eux pourraient se taire
54:44 en général, ça leur ferait pas de mal, si je peux me permettre.
54:46 Une fois que c'est dit, là, on n'est pas...
54:48 C'est ce que je vois, moi, depuis 24 heures,
54:50 on n'est pas devant rien du tout qui ressemble à un attentat.
54:52 On n'est pas devant un phénomène
54:54 qui nous a conduit à avoir cette exaspération
54:56 devant la minute de silence. Donc tant qu'à avoir
54:58 ce phénomène-là, si bien appelé ça une prière, autrefois,
55:00 au moins ça réfère à quelque chose d'autre que l'expression
55:02 de notre propre subjectivité, mais ça nous conduirait
55:04 sur un autre domaine.
55:06 - Peut-être celui de l'efficacité.
55:08 Mathieu Devez.
55:10 (musique épique)
55:12 - Essia Boulares a été condamné
55:14 à 25 ans de prison pour avoir provoqué
55:16 l'incendie d'un immeuble de la rue Erlanger
55:18 à Paris. C'était dans la nuit du 4 au 5 février 2019,
55:20 après un différent avec un voisin.
55:22 Le sinistre avait fait
55:24 10 morts et des dizaines de blessés.
55:26 Une minute de silence a été observée
55:28 aujourd'hui à 15h dans les collèges et lycées
55:30 pour honorer la mémoire d'Agnès Lasalle,
55:32 la professeure d'espagnol de 52 ans
55:34 et mort hier après avoir été poignardée
55:36 dans sa classe par un élève de 16 ans.
55:38 L'adolescent est toujours en garde à vue.
55:40 Le procureur va demander son placement
55:42 en détention provisoire.
55:44 Enfin, la SNCF a signé
55:46 un bénéfice record l'année dernière,
55:48 2,4 milliards d'euros.
55:50 Grâce notamment au retour des voyageurs
55:52 dans les trains et à la dynamique de la logistique,
55:54 ce bénéfice sera surtout utilisé
55:56 pour moderniser le réseau
55:58 et désendetter l'entreprise.
56:00 ...

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