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Christine Kelly et ses chroniqueurs débattent de l'actualité dans #Facealinfo

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00:00 Bonsoir à tous, ravie de vous retrouver, c'est la Sainte Léa. Merci beaucoup à
00:04 ceux qui m'ont envoyé ça. Bonne fête à toutes les Léas, je ne partagerai pas les chocolats.
00:10 Allez c'est parti, la Minute Info, Mathieu Devez.
00:17 Le trafic sera fortement perturbé demain à la SNCF et à la RATP, ce sera la 9e journée
00:26 de grève et de mobilisation contre la réforme des retraites. La SNCF ne sera en mesure de
00:30 faire rouler que la moitié de ses TGV et le tiers de ses TER. Et dans le métro parisien,
00:35 la plupart des lignes verront leur circulation restreinte, perce principalement aux heures
00:40 de pointe. Les lignes 1, 14 et 4 fonctionneront normalement.
00:43 Le trafic ferroviaire a été interrompu dès aujourd'hui dans plusieurs gares du sud de
00:48 la France après l'intrusion de manifestants sur les voies. A Nice, une centaine de personnes
00:52 ont envahi les voies en fin de matinée, ce qui a provoqué une interruption totale du
00:56 trafic pendant une heure. Et à Toulouse, environ 300 cheminots, étudiants et autres
01:00 opposants à la réforme des retraites ont bloqué pendant un peu plus d'une heure
01:03 la gare Matabiau. Marine Le Pen n'a pas tardé à réagir à
01:07 l'entretien d'Emmanuel Macron. Vous avez d'ailleurs pu suivre sa prise de parole
01:11 cet après-midi sur CNews. Selon la présidente du groupe Rassemblement National à l'Assemblée,
01:15 Elisabeth Borne sort pulvérisée de cette séquence. Après le recours à l'article
01:20 49.3 de la Constitution et les motions de censure qui ont suivi.
01:24 Au sommaire ce soir, beaucoup d'actualité. Emmanuel Macron assume sa réforme, assume
01:32 le mécontentement, dénonce la violence défactuée des factions et regrette de ne pas avoir su
01:38 convaincre. Certains souhaitent-ils, comme il le dénonce, s'abstraire au principe
01:42 de réalité. Prêt entre les lignes à se passer de l'Assemblée nationale, prêt
01:47 à se méfier de la colère des Français, en quoi le chef de l'État est-il dans son
01:52 rôle ou hors sol ? En quoi sa notion du sacrifice pour cette réforme pourrait-elle apaiser
01:59 les Français en colère ? L'édito de Mathieu Boccoté.
02:02 Je vous ai compris. Voilà ce qu'espéraient beaucoup de Français. Convaincre, persuader,
02:09 rassembler, comme le général de Gaulle en 1958. En sommes-nous loin ? Emmanuel Macron
02:14 n'est-il qu'un président de la parole ? Président pour l'action ou président
02:19 par la parole ? Président dans la réalité ou président acteur ? Président qui anime
02:25 et fédère ou président isolé qui divise ? Emmanuel Macron a-t-il compris son peuple
02:30 ? L'édito de Guillaume Bigot. Alors qu'Elisabeth Borne a la confiance du
02:36 chef de l'État, alors qu'il lui a demandé de bâtir un programme de gouvernement et
02:40 de continuer à élargir la majorité, quelles sont les conséquences politiques de cette
02:45 séquence ? Comment les prochains textes, comme celui de l'immigration, pourraient-ils
02:50 passer au Parlement ? Quel avenir possible avec un tel décalage entre l'Assemblée
02:55 nationale et le pays alors même qu'elle est censée être représentative ? Le décryptage
03:01 de Charlotte Dornelas. Et si le président décidait d'une cohabitation ?
03:06 Et s'il décidait d'une dissolution ? Ces possibilités sont entrées dans l'histoire
03:12 depuis la crise du 16 mai 1877. Crise au cours de laquelle le président de la République,
03:18 Patrice MacMahon, renvoie son chef de gouvernement à cause d'un différent, le remplace et
03:23 finit par prononcer la dissolution devant les protestations de la Chambre des députés.
03:29 Tout cela conduira ensuite à la démission du président de la République. Marc Menor
03:35 raconte quand l'histoire éclaire l'actualité.
03:38 Et puis sur le terrain, à la veille de la 9e journée de mobilisation, les actions sporadiques
03:44 se poursuivent. De nombreux représentants de LFI sont au cœur des manifestations, des
03:49 élus ou bien même inattachés parlementaires interpellés avec les incendiaires il y a
03:53 deux jours à Paris. La France Insoumise chercherait-elle à profiter de la situation ? À jeter de
03:59 l'huile sur le feu pour s'assurer de la bordélisation du pays ?
04:03 L'édito de Mathieu Beaucoup.
04:06 Une heure pour prendre un peu de hauteur sur l'actualité avec nos mousquetaires, c'est
04:10 maintenant.
04:11 Charlotte va bien ? Tout va bien.
04:25 Marc aussi ? Oui, je suis à côté de Charlotte, tout va bien. Elle est à côté de vous.
04:29 C'est gentil. Il faut choisir.
04:31 Le retour de Guillaume ? Avec vous, je vais très très bien.
04:34 Vous avez toujours les lunettes ou c'est de temps en temps ?
04:37 De temps en temps. Et surtout quand je n'ai plus de lentilles.
04:41 Ah, c'est pourtant bon les lentilles !
04:44 Mieux vaut le fromage.
04:48 Alors, vous n'allez pas bien ? Pas à la nourriture ?
04:50 Oui, ça va, ça va.
04:51 Non, vous êtes en petite forme. Dites-le.
04:53 Non, jamais.
04:54 On est là, on vous soutient. On sent que ça ne va pas, mais dans vos yeux, vous êtes
04:59 fort.
05:00 On vous sent un petit peu fatigué, je ne sais pas ce que vous avez fait de votre nuit.
05:04 En revanche, vous avez écouté le discours du président Emmanuel Macron, vous allez
05:10 nous en parler dans un instant.
05:12 C'était ça, votre fête.
05:13 Dans le tour de table du jour, on parlera du Ramadan qui commence entre ce soir et
05:21 demain. L'Occident est-il de plus en plus ouvert à l'islam ? On se posera la question
05:26 pourquoi ? Parce qu'on voit que dans les rues de Londres, pour la première fois, l'emblématique
05:31 quartier de West End, situé dans le centre de Londres, a été décoré comme pour Noël,
05:35 mais pour le mois du Ramadan. On verra tout à l'heure. Et puis une photo qui a vraiment
05:39 choqué Marc Menand, photo d'un tweet de la première ministre, on en parle dans un instant.
05:45 D'abord, Emmanuel Macron a parlé devant deux journalistes invités à l'Elysée,
05:50 Mathieu Beaucoté. Il a fait le point sur la situation présente en annonçant qu'il
05:54 allait poursuivre sa réforme sans rien concéder à la rue et aux opposants.
05:58 Apaisement, sens des responsabilités, le président qui n'écoute pas son peuple ou
06:03 le président qui veut du bien pour son peuple malgré lui.
06:07 C'est assez intéressant. On est au thème avec Emmanuel Macron et deux pugnaces journalistes
06:13 redoutables avec une capacité de voir les angles morts en toutes circonstances et capables
06:17 de contredire le président lorsqu'il le croit nécessaire. Je leur fais mes compliments.
06:21 Pourquoi vous riez ? Dans cette séquence, on aurait pu dire aussi deux attachés de
06:28 presse de l'Elysée qui jouent le rôle de journaliste.
06:30 Vous êtes dur, on peut dire la même chose de vous face à Éric Zemmour.
06:33 Non, pas vraiment. Non, non, question, question.
06:35 Non, non, c'est raison. Moi, je suis capable de critiquer absolument tout le monde si je
06:38 peux me permettre sévèrement. Zemmour parmi d'autres, Marine Le Pen parmi d'autres,
06:42 Valérie Pécresse aussi. C'est vrai.
06:44 Mais c'est tout. Je ne veux pas le président.
06:46 Alors, j'y reviens. Une scène assez intéressante parce que c'était le début du nouveau récit
06:53 macronien. C'est-à-dire que la Macronie se cherchait un récit depuis quelques semaines
06:59 devant une situation de blocage, de blocage net. Quel récit pouvait proposer Emmanuel
07:04 Macron pour se relancer politiquement ? Et on le voyait, il s'était un peu annoncé
07:09 hier et là, c'est clair désormais. C'est le récit du capitaine qui ne cède pas dans
07:13 la tempête. « Je ne céderai pas. Je ne céderai pas, dit-il, et je ne céderai pas pourquoi.
07:19 D'abord parce que je suis le gardien de la République, à la fois son idée et son régime,
07:26 devant la rue. »
07:27 Donc, les contestations des derniers temps, des dernières semaines, des derniers mois
07:30 sont réduites à l'expression anarchique de la rue. Certes, on reconnaît l'existence
07:36 d'autres manifestations, très bien, mais les manifestations qui comptent en ce moment
07:41 dans le récit macronien, c'est véritablement la rue. Et qu'est-ce qu'il nous dit ? « Je
07:45 ne céderai pas devant la rue. » D'autant, là, il fait des comparaisons, il dit « la
07:49 rue telle qu'on la voit en ce moment, c'est l'équivalent, à demi-mot dit-il, de ce qui
07:54 s'est passé au Brésil, de ce qui s'est passé au Capitole aux États-Unis. » Autrement
07:57 dit, il nous dit « je suis celui qui tient les institutions devant la possibilité de
08:02 l'insurrection. » S'ajoute à cela une autre chose, il dit « je me reproche une
08:06 chose, cela dit, parce que je suis capable d'autocritique. » Oui, oui, oui, « je suis
08:09 capable d'autocritique. Je n'ai pas été assez bon pédagogue. Si j'avais été assez
08:14 bon pédagogue, j'aurais réussi à faire comprendre aux Français que cette réforme
08:20 difficile, exigeante, pleine d'efforts, est néanmoins nécessaire et ils devraient
08:26 l'applaudir, notamment s'ils ont le sort de leurs enfants à cœur. Donc, il dit « je
08:32 m'accuse, je m'accuse d'avoir été mauvais pédagogue. » Et on devine qu'il s'en
08:37 accuse sévèrement. Autre chose, il revendique dans son discours un monopole du sens de la
08:44 responsabilité. Ça, c'est assez intéressant. Il dit, on a le monopole de la responsabilité,
08:49 c'est un peu comme le cercle de la raison qui trouve son point culminant. Et surtout
08:54 les autres, les oppositions, n'ont rien fait pour contribuer au débat. Rappelez-vous,
08:58 il y a quelque chose d'assez intéressant qui s'est passé au moment du premier deuxième
09:02 tour des législatives. J'avais utilisé la formule « le parti unique du gouvernement
09:06 », c'est-à-dire que la Macronie se proposait d'intégrer toutes les contradictions légitimes
09:10 dans le système politique. Donc, de Jean-Pierre Chevènement à Olivier Dussopt, faites la
09:15 liste. Donc, la Macronie devait accueillir tous ceux qui ont une vocation naturelle à
09:19 gouverner. Et les autres, c'était les extrêmes. À certains égards, on nous dit finalement,
09:24 Emmanuel Macron nous dit, ceux qui voulaient participer au projet du gouvernement sont
09:28 respectables, sont légitimes, sont responsables. Les autres, c'est les extrêmes et ils sont
09:32 dangereux. Je note une pique au syndicat qu'ils ont plus ou moins appréciée lorsqu'ils
09:38 disent qu'ils auraient pu venir sur un terrain de compromis avec nous, mais ils ne sont pas
09:42 venus. Laurent Berger a répondu assez rapidement. Alors là maintenant, ah oui, une chose qui
09:46 est assez intéressante, on se dit, est-ce que le pays va si mal que ça? Est-ce que
09:50 je suis aussi rejeté qu'on le dit? J'ai quand même été magnifiquement réélu.
09:54 Alors, c'est intéressant, on pourrait croire, peut-être pas non plus, qu'il oublie les
09:59 circonstances de sa réélection. On pourrait croire qu'il oublie, qu'il a obtenu surtout
10:04 une majorité négative, une légitimité négative. On pourrait même croire qu'il oublie qu'il
10:08 a dit lui-même, dans le cadre de la séquence électorale présidentielle, je sais que vous
10:12 ne votez pas pour moi, pour ce que je suis, ce que je propose, mais simplement parce que
10:16 je ne suis pas l'autre. Tout ça, donc dans quelle mesure tout cela peut donner un mandat
10:20 réformateur fort, j'en sais rien, mais je note que c'était là. Ensuite, ensuite, ensuite,
10:25 il cherche à construire la suite. Donc qu'est-ce que c'est? Il veut construire la majorité
10:29 de demain. Il envoie le signal, parce qu'on lui pose la question, Elizabeth Borne, elle
10:32 va rester ou non? Et c'est un soutien timoré. Si j'étais Elizabeth Borne aujourd'hui, je
10:36 ne me sentirais pas absolument soutenu par mon président. Je me dirais peut-être pourrais-je
10:40 commencer à planifier des vacances pendant quelques jours, pendant quelques semaines,
10:43 mais dans quelques mois, assurément. Globalement, il lui dit, bon, je lui donne, dans la séquence
10:47 présente, elle doit aller jusqu'au bout de la séquence, il ajoute, elle a la responsabilité
10:51 de composer une majorité plus large. Il y a deux interprétations. Il dit avec la gauche,
10:56 la droite classique ou les écolos. Donc les écolos, donc de Sandrino Osso, par exemple,
11:01 c'est ce que j'en comprends. Donc cette majorité qui est assurément plus républicaine que
11:06 les gens de l'NFI ou du RN, nous le savons. Quand on a ce scénario en tête, il y a l'appel
11:13 implicite néanmoins à ce programme commun de gouvernement souhaité soit par Édouard
11:17 Philippe, Nicolas Sarkozy, d'autres, qui à droite ont appelé parce que de leur point
11:23 de vue, il fallait que la droite LR devienne, enfin, j'oserais, s'investisse dans le macronisme
11:28 pour le réorienter à droite. On comprend, on comprend, surtout sur les questions de
11:33 migration qui viendront demain. On comprend que pour l'instant, Emmanuel Macron n'y
11:37 croit pas trop. Cela dit, dernier point qui me semble assez intéressant, lorsqu'on nous
11:42 annonce la suite, il cherche quand même à envoyer des signaux à droite, en critique
11:45 de la cistana. C'est critique de la cistana, signal envoyé, homme de droite, écoutez-moi.
11:50 Ensuite, prise en main de la sécurité de la petite délinquance, signal envoyé à
11:55 droite, signal envoyé à gauche, école, écologie, et ainsi de suite. Mais moi, ce
11:58 que je retiens principalement, étonnamment de ce discours, c'est qu'Emmanuel Macron
12:02 nous annonce une suite, on est en tout début de quinquennat, où il pense finalement se
12:07 passer le plus possible de l'Assemblée nationale, comme s'il s'agissait désormais
12:11 d'un obstacle à la bonne gestion du pays. Alors, la présente séquence politique bouscule
12:16 l'agenda législatif et reportera le débat sur le projet de loi immigration. C'est
12:21 ce qu'il a dit précisément. Alors, vous avez tout à fait raison. On en parlera tout
12:25 à l'heure, effectivement. J'y reviens dans un instant, mais permettez-moi de dire un
12:28 mot sur l'Assemblée nationale, ça me semble assez important. Vous avez tout à fait raison
12:31 de dire que la question de l'immigration sera la grande question reportée des temps
12:35 à venir. Mais, mais, sur la question de l'Assemblée nationale, permettez-moi ce petit mot, il
12:40 dit finalement qu'il y a en ce moment trop de lois.
12:43 Ah oui, pardon. Il dit tout ne passe pas par la loi, on passe trop par la loi dans notre
12:48 République. Exactement. Autrement dit, c'est intéressant.
12:50 Mot pour mot. Pardon.
12:51 Donc finalement, la loi devient, le passage par l'Assemblée nationale devient une forme
12:54 d'obstacle et on va désormais gouverner soit par décret, par règlement, d'autant
12:58 que c'est probablement plus efficace pour changer directement la vie des Français.
13:02 Qu'est-ce qui est intéressant là-dedans? C'est que ça reconfigure complètement le
13:06 récit de la vie politique depuis un an. Qu'est-ce qu'on s'était dit il y a un
13:10 an? Que l'arrivée d'une Assemblée nationale, pour une fois représentative des courants
13:14 qui composent le pays, allait déplacer une partie importante du pouvoir vers l'Assemblée.
13:19 Or, c'est le contraire qui se passe. Cette Assemblée enfin représentative est vue plus
13:24 que jamais comme une collection de cailloux à chaussures. Et on se dit, ces gens-là
13:29 finalement, comment peut-on les contourner? Donc, c'est une forme de jeu de bascule et
13:33 le 29-3 dont on a beaucoup parlé nous y conduit. Il y a un potentiel de présidentialisation
13:39 forte dans la Vingtième République, il n'y a pas de doute là-dessus, c'est un régime
13:42 d'équilibre, mais le pôle présidentialiste est fort. Disons qu'il est radicalisé dans
13:46 les circonstances avec Emmanuel Macron qui dit « j'aurai désormais une relation directe
13:50 avec le peuple ». Charlotte nous le disait il y a quelques jours je crois, lorsqu'il
13:53 disait « je ne consulte pas les syndicats, j'ai parlé au français ». On va dire qu'il
13:57 y en a quelques-uns et ils ne pensent pas tous la même chose. Ce sera audacieux. J'ose
14:01 dire que c'est audace. Mais cela dit, ce qui est assez amusant dans ce scénario, c'est
14:06 qu'il nous dit « désormais je veux un exercice gaullien du pouvoir », gaullo-bonapartiste
14:11 dirait l'autre. Mais l'envers de cela, il ne faut pas l'oublier, quand on a une logique
14:15 gaullo-bonapartiste, l'envers c'est l'usage du référendum. Dans les questions, quand
14:20 il y a des questions difficiles qui clivent un pays, qui tranchent un pays, c'est l'usage
14:23 du référendum qui permet de trancher les problèmes. Or pour l'instant, il n'envisage
14:27 pas du tout d'utiliser le référendum. Donc il y a cette séquence un peu étonnante finalement
14:31 où il dit « je prends le pouvoir pour moi parce que l'Assemblée est irresponsable,
14:35 les qualifiés techniciens, les fines lames qui composent mon gouvernement mèneront les
14:39 projets qui sont capables de réformer la vie des Français. Mais l'Assemblée, qui
14:43 était l'événement central de la dernière année, on cherche à la dissoudre conceptuellement
14:47 et politiquement ». Alors j'en arrive à la question que vous
14:50 posez aussi qui est très importante sur la question de l'immigration. C'était l'autre
14:55 grand franjo, c'est-à-dire la question des retraites c'est important évidemment,
14:58 mais la question de l'organisation du modèle social français. On pourrait dire identité
15:02 vue de gauche. La question de l'immigration c'est la question de l'existence même
15:06 du peuple français, c'est une question fondamentale que pour l'instant le gouvernement
15:10 voulait en plus s'aborder strictement ou tout de moins d'abord à partir de la question
15:13 des travailleurs, des métiers sous tension et ainsi de suite. Donc une vision très
15:17 économiciste de l'immigration, mais même ça, ça va être reporté. On annonce un
15:22 projet de loi un peu découpé en plusieurs morceaux d'une manière ou de l'autre,
15:25 ce n'est pas inintéressant parce que ça nous dit finalement que la question de l'immigration
15:28 est une question secondaire, c'est une question qu'on peut reporter à plus loin
15:31 dans le quinquennat ou plus loin encore parce que ce n'est pas la question centrale.
15:35 Donc la question existentielle de l'immigration qui quoi qu'on en dise hante les Français,
15:40 traverse l'esprit des Français, occupe l'esprit des Français, cette question est
15:44 laissée pour beaucoup plus tard en fait dans la nouvelle gouvernance par décret qui
15:49 nous est proposée. Donc quand on a tout ça à l'esprit, tout ça à l'esprit,
15:52 est-ce qu'on peut dire de ce discours qu'il est une réussite aujourd'hui?
15:55 Probablement qu'il a consolidé sa base, mais au-delà, je ne suis pas certain que
15:59 ce grand exercice pédagogique ait fonctionné. Il est possible qu'Emmanuel Macron n'ait
16:03 toujours pas réussi à se faire comprendre par son peuple.
16:06 Merci beaucoup pour votre regard et c'est intéressant ce que vous disiez sur l'immigration,
16:10 on va en parler avec vous puisque 72 % des citoyens, vous allez nous en parler dans
16:15 un instant, pensent qu'il y a trop d'immigrés en France, soit 9 points de plus qu'en
16:19 2018. On en parle dans un instant parce que c'est intéressant de voir comment ça va
16:23 se passer après justement au niveau de l'Assemblée nationale. On rappelle que le texte est en
16:27 ce moment au Conseil constitutionnel et on attend la suite d'ici deux à trois semaines.
16:33 Emmanuel Macron a enfin parlé, c'est ce qu'on disait, Guillaume Bigot, et sa volonté
16:38 d'adopter, on l'a vu, coup de cocoute, c'est ce que disait encore Mathieu, sa réforme
16:42 des retraites, mais est-ce qu'on peut dire "je vous ai compris" ou est-ce qu'on peut
16:47 d'une façon ou d'une autre qu'il a compris son peuple, le fameux "je vous ai compris".
16:52 C'est ça, vous faites référence à cette fameuse exclamation de Général De Gaulle
16:56 en 1958, il y avait une crise et il a dit à tout le monde "je vous ai compris", c'est-à-dire
17:01 il essayait d'apaiser tout le monde, il avait compris toutes les parties. Et là justement
17:05 ce qui est très intéressant c'est qu'Emmanuel Macron, lui, il a tenu à nous dire qu'il
17:09 ne nous a pas du tout compris, c'est exactement ça qu'il a dit. Il nous a parlé, il nous
17:15 a écouté, il nous a parlé, ce qu'il a dit montre qu'il nous a écouté, mais il nous
17:19 a fait savoir, il a tenu à nous faire savoir que nous, on n'avait rien compris à sa réforme
17:24 des retraites, c'est complètement inversé en fait. Et en réalité, pour une fois, on
17:29 pourrait dire pas en même temps, pour une fois, le président n'avait pas du tout envie
17:32 de nous parler. Pour une fois, d'abord il n'avait pas grand-chose à nous dire, c'est
17:35 pour ça qu'il a pris l'entretien et pas la locution solennelle. La locution solennelle
17:41 c'est quand on a une décision à annoncer, il n'y avait pas de décision à annoncer.
17:45 Ensuite, il n'avait pas tellement envie de parler à toute la France d'ailleurs, il
17:48 parlait aux 13 heures, c'est quand même une certaine partie de la France, disons à
17:51 l'heure où la plupart des actifs, vous savez les actifs, c'est les Français qui
17:55 sont fâchés avec le travail, ne sont pas devant leur écran, parce que même s'ils
17:58 sont fâchés avec le travail, ils n'ont quand même pas envie de voir leur écran
18:02 à 13 heures. Et en fait, ça fait des mois que le président se concentre sur l'international
18:06 et qu'il a manifestement autre chose à faire que de nous parler de sa réforme, dont il
18:10 dit lui-même que c'est vraiment la réforme centrale, la mère de toutes ces réformes.
18:14 Alors c'est d'autant plus surprenant, cette situation, qu'en temps normal, le président
18:18 adore parler aux Français, il adore essayer de les convaincre, et il adore dire aux Français
18:23 "je vous ai compris", il dit ça tout le temps, depuis le début, avant même d'être
18:27 élu en 2017 avec son livre "Révolution". Il promettait de faire de la politique autrement
18:31 et de toujours consulter, de toujours expliquer tout aux Français. Pour sortir de la crise
18:36 des Gilets jaunes, il a dit "plus rien ne sera comme avant, désormais je vais écouter,
18:42 je vais expliquer", pour sortir de la crise sanitaire. Un aveu stupéfiant, incroyable.
18:48 En 2021, décembre 2021, à Darius Rochevin, j'ai appris à mieux aimer les Français.
18:52 Ça veut dire qu'avant, c'était moyen, moyen, mais enfin bon, passons.
18:55 Après sa réélection, dans West France, le 3 juin 2022, le président expliquait "les
19:03 Français sont fatigués des réformes qui viennent d'en haut". Pardon ? Mais c'est
19:07 quoi la réforme des retraites, sinon une réforme qui vient d'en haut ? Donc il reconnaît
19:12 ce qu'a dit Mathieu, il a raison, il reconnaît que sa pédagogie, son explication, était
19:17 un échec. "J'ai échoué à convaincre", dit-il. Donc il a compris finalement, au
19:22 moins qu'on n'a pas compris. Mais tant pis pour vous, ce sera comme ça, ce sera
19:26 pas autrement, on va le faire quand même et on va passer à autre chose et vous allez
19:30 voir, ça va bien se passer.
19:31 Mais le président assume de ne pas être populaire, il parle de nécessité de sa réforme,
19:38 en effet, d'intérêt général du pays, il endosse la responsabilité de sa réforme,
19:43 n'est-ce pas un vocabulaire de président de la République, justement, de chef d'État ?
19:48 Ça peut y ressembler et en tout cas, assurément, il y a des situations historiques, politiques
19:53 où le chef de l'État, un président, un politique peut, surtout un président démocratique
19:58 disons, peut ne pas être en accord avec son peuple. En tout cas, il peut penser que quelque
20:02 chose est dans l'intérêt général de son peuple et son peuple ne peut pas le comprendre.
20:05 C'est exactement la situation de Charles de Gaulle en 1958 avec "Je vous ai compris".
20:09 Mais qu'est-ce qu'il a fait Charles de Gaulle en 1958 ? Il savait que les Français,
20:13 mais il le mettrait tout de suite à l'asile psychiatrique s'il disait qu'il fallait
20:16 partir d'Algérie. Donc, il a pris quatre ans et il leur a parlé. Il y a eu des tas
20:20 de discours, il les a convaincus, il leur a dit, il leur a dit "Regardez, on va essayer
20:24 ça, on va essayer ça, etc." Et à la fin, il a organisé un référendum qu'il a gagné,
20:29 il a retourné l'opinion publique et il a convaincu son peuple de la nécessité, de
20:33 ce dont lui pensait que c'était nécessaire mais le peuple n'était pas prêt à le
20:36 comprendre. Qu'est-ce qu'a fait Emmanuel Macron ? Contraire. Donc, il a tranché,
20:40 bon il tranche comme ça, c'est pas autrement, alors même que le Parlement ne veut pas
20:44 d'ailleurs en plus. Et puis ensuite, il va expliquer après. Donc, il décide d'abord,
20:48 il explique ensuite. Il tire d'abord et il discute ensuite. Et puis surtout, il refuse
20:53 évidemment le référendum. Et on comprend bien d'ailleurs qu'il parle parce qu'il
20:56 est un peu obligé de parler et il n'a pas tellement finalement envie de se justifier.
21:00 Alors, moi je pense que ce n'est pas vraiment la posture ou la parole d'un président
21:04 de la République auquel on a assisté, c'est plutôt la parole et la posture d'un haut
21:08 fonctionnaire. Je m'explique. D'abord, c'est sa formation, sa formation de beaucoup
21:11 de dirigeants en France, on le sait. Et donc, il y a la parole de l'expert, il y a la
21:15 parole du spécialiste qui dit d'autorité, c'est comme ça. C'est vraiment le fameux
21:19 gouvernement, l'administration des choses qu'on préfère au gouvernement des hommes.
21:24 C'est le côté technocratique. Le fonctionnaire, il faut bien oublier, le fonctionnaire petit
21:27 ou grand d'ailleurs, le fonctionnaire lui-même obéit. Lui-même est dans la nécessité,
21:31 dans la réalité, il obéit à des chiffres. Les chiffres disent que, les textes disent
21:35 que, la réalité dit que. Donc, ça s'impose à moi fonctionnaire, et bien je vous l'impose
21:39 à vous, administrez, et je ne vous demande pas votre avis. Et d'ailleurs, un haut fonctionnaire
21:43 comme l'a avoué Edouard Philippe, dit, la main d'un haut fonctionnaire ne doit pas
21:47 trembler. Autrement dit, quand c'est nécessaire de faire quelque chose, il est hors de question
21:51 de demander à la populace son avis, évidemment. Mais ce n'est pas seulement ça. Je pense
21:55 qu'il y a aussi la parole d'une sorte de manager. Et le manager, dans une entreprise,
21:59 il est dans une situation assez particulière. Alors, bien sûr, ça fait référence au
22:02 côté un peu satirien, au côté schrodeur, au côté la réforme, les marchés demandent
22:07 qu'un état, c'est comme une épicerie, il ne peut pas gagner plus que ce que ça dépense,
22:11 etc. Donc, il faut faire la réforme, il faut s'adapter au marché. Ok, there is no alternative,
22:15 comme disait Margaret Thatcher. Mais il y a aussi la posture vraiment du manager. Le manager,
22:20 qu'est-ce que c'est ? C'est quelqu'un qui doit diriger des salariés, alors qu'il n'est
22:25 pas nommé par les salariés, il est nommé par un conseil d'administration, il a des
22:28 actionnaires derrière lui, et il doit appliquer une feuille de route. Mais c'est exactement
22:31 la situation d'Emmanuel Macron. Emmanuel Macron, il l'a dit d'ailleurs, il a dit,
22:35 maintenant la situation économique et financière, mais on sait quand on gratte un peu et quand
22:38 on va chercher la substantifique moelle, que les fameux GOPÉ, les grandes orientations
22:42 de politique économique de Bruxelles, Bruxelles a dit à son chef de division en France, il
22:46 faut faire ça, et pas autrement, c'est comme ça. Et donc Emmanuel Macron se retrouve
22:49 dans la peau d'un manager qui doit expliquer en fait à ses salariés, qu'en effet, il
22:54 faut tailler dans les effectifs, peut-être il faut licencier, il faut limiter les hausses
22:58 de salaire, etc. Et c'est assez difficile. Et qu'est-ce que font les managers en général ? Ils
23:03 vont feindre d'écouter, ils vont faire des groupes de parole, ils vont communiquer, ils
23:07 vont aussi positiver finalement. Et là on retrouve cette attitude commerciale du président
23:14 de la République, c'est-à-dire il va se vendre, il n'est pas très modeste, il dit
23:18 on n'est pas concurrencé en matière de responsabilité, et puis il va vendre ses
23:21 résultats, il va vendre ses chiffres, il va annoncer son catalogue de mesures. On a
23:25 plutôt, moi j'ai l'impression, une sorte de haut fonctionnaire remixé avec un manager
23:29 plutôt qu'un président de la République. Alors au fond, quel sera l'effet de sa prise
23:32 de parole, Guillaume Bigot, le président ? Est-ce qu'il a parlé selon vous pour ne
23:36 rien dire ? Alors, peut-être pas jusque-là, ce serait
23:39 un peu outrancier, mais en tout cas c'est sûr qu'il a parlé pour ne rien faire. En
23:42 tout cas sur la réforme des retraites, c'est très clair. C'est-à-dire c'est du ni,
23:46 ni, ni, ni, ni dissolution, ni retrait, ni remaniement, ni référendum. C'est un ni
23:52 au carré. C'est vraiment le contraire du en même temps. Alors putain, le même temps,
23:55 là c'est ni, ni, ni, ni, ni, ni à tout. Je pense surtout qu'il a parlé finalement
24:01 pour passer à autre chose. Il a parlé en fait pour faire diversion. Et là on retrouve
24:05 à mon avis une troisième dimension de la parole du président de la République qui
24:08 est aussi une de ses caractéristiques. C'est pas seulement un ancien haut fonctionnaire,
24:11 c'est pas seulement un ancien banquier d'affaires conscient de la pression des marchés, très
24:15 européiste, etc. C'est aussi quelqu'un qui a un talent et qui a un plaisir, et c'est
24:21 tout à fait respectable d'ailleurs, d'être un homme qui aime jouer au théâtre. Et donc
24:24 il a ce plaisir de l'acteur. Il aime le théâtre et il prend plaisir manifestement
24:28 à jouer. Et il adore son propre personnage. Et il s'adore en train de jouer. Ce qui fait
24:32 qu'à un moment il y a une sorte de gênance, parce qu'il est tellement content de son
24:37 effet qu'il va sourire, il est content de ses effets, il prend la pause un peu, il
24:41 y a presque à côté OSS 117. À un certain moment il dit "mais quel genre de type je
24:45 serais si je disais pas ci, si je disais pas ça, etc. Je suis en responsabilité". Il
24:49 n'est pas responsable, il est en responsabilité. Comme il endosse un costume de président,
24:54 il joue un rôle de président, etc. Et moi je pense que le danger est là. C'est qu'il
24:57 se trouve tellement bon acteur qu'il surestime sa capacité à nous convaincre.
25:02 Alors vous dites qu'il dit des choses énormes sans s'en rendre compte. On marque une pause
25:07 et vous allez nous donner des exemples concrets. Vous êtes à fond. On voit que vous aimez
25:11 Bruxelles, vous aimez Emmanuel Macron. On va faire une pause. On fait une pause. On marque
25:15 une pause. A tout de suite.
25:18 Retour sur le plateau de Face à l'Info. Dans un instant, beaucoup de sujets. Un tour
25:24 de table sur le Ramadan qui commence demain. J'ai envie de vous entendre. Est-ce que l'Occident
25:29 s'ouvre de plus en plus à l'islam ? On en parle dans un instant. Vous avez une photo
25:33 à nous montrer qui vous choque. On en parle chacun son regard.
25:38 On va vous montrer votre photo dans un instant. Sachez qu'on suit bien tout ce qui se passe
25:45 sur le terrain. Pour l'instant, c'est calme à Paris. Pour l'instant, c'est calme à
25:49 la place de la Concorde. C'est calme aussi à la place de Stalingrad. Un peu de monde
25:54 en ce moment dans le 18e. Pour les informations, sachez que s'il se passe quelque chose, nous
25:58 irons tout de suite sur le terrain. On retourne à ce que vous disiez, mon cher
26:02 Guillaume. Vous disiez que lorsque vous entendez le chef de l'État, il dit des choses énormes
26:07 sans même se rendre compte et vous allez nous donner des exemples.
26:12 Au fond, il dénonce quoi dans sa prise de position ? L'irresponsabilité des Français.
26:18 Les Français dépensent son comté, ne se rendent pas compte de la nécessité de cette
26:23 réforme. C'est grosso modo le fond de son message. Mais en fait, il ne se rend pas compte
26:27 qu'il tombe lui-même dans ce qu'il dénonce. Par exemple, il aborde la question de la pénibilité.
26:31 C'est vrai que c'est une question très importante qui a été posée à l'occasion
26:33 de cette réforme des retraites. Il dit oui, il est temps d'agir sur la pénibilité,
26:37 etc. Mais rappelez-moi, qui en 2018 a supprimé le cadre des dix critères de pénibilité ?
26:43 Qu'est-ce que c'est être responsable ? Sinon, répondre de ce qu'on fait. Les dépenses
26:48 publiques, la dette. Les Français vivent au-dessus de leurs moyens. Mais rappelez-moi,
26:51 qui a sorti le carnet de chèques pour être réélu ? Qui a sorti le carnet de chèques
26:55 pour éteindre la colère des gilets jaunes qu'il avait lui-même allumé ? Qui a sorti
26:58 le carnet de chèques pour acheter le prix de la liberté ou de la paix avec les boucliers
27:04 de l'UPR ? C'est quand même assez énorme. Donc, il n'assume pas ses décisions et
27:08 il nous en rend responsable. C'est quand même absolument incroyable.
27:11 Et je pense qu'il ne se rend pas compte non plus du caractère assez inflammable de son
27:15 verbe quand il évoque la question des super-profits, qui est un véritable problème à mon sens.
27:20 Et notamment parce qu'il y a des super-profits, d'ailleurs, liés à la guerre. C'est parce
27:23 que les entreprises sont de plus en plus efficaces et qu'elles profitent d'une opportunité,
27:25 d'une aubaine. Et lorsqu'il parle des pratiques absolument scandaleuses, c'est
27:29 des entreprises qui rachètent leurs propres actions. Mais en fait, qu'est-ce qu'il
27:33 dit ? Il dit que c'était un problème, qu'il n'avait pas du tout pointé jusqu'à présent
27:37 et il n'envisage d'en parler et il n'en parle maintenant. Donc, ça souligne mieux
27:42 vraiment son impuissance ou son absence de volonté sur le sujet. Mais il avoue inconsciemment
27:48 et involontairement qu'il n'en parle que parce que ça sent le roussi. Est-ce que ça,
27:52 c'est être en responsabilité ? Je pense qu'il ne réalise pas à quel point son verbe
27:55 est inflammable. Et en disant que nous n'avons rien compris, je pense que c'est lui qui
27:59 n'a rien appris ni rien compris de la crise des Gilets jaunes.
28:02 Merci pour votre regard, Guillaume Bigot, toujours en forme.
28:06 Même avec des lunettes.
28:09 Avec des lunettes. Juste une petite question, un tour de table. Elisabeth Borne, à votre
28:14 avis, est-ce qu'elle va rester, elle ne va pas rester ? Est-ce qu'il y aura une cohabitation
28:18 ou pas selon vous ? Lorsqu'on entend par exemple le chef de l'État qui dit qu'il
28:23 demande à Elisabeth Borne d'ouvrir son gouvernement, qu'est-ce que vous entendez par là ?
28:27 Il a créé les conditions pour s'en délivrer, si je peux me permettre.
28:30 Si elle ne parvient pas à ouvrir son gouvernement, à construire la majorité presque durable
28:36 qu'il en vient à souhaiter aujourd'hui avec les LR et peut-être une partie de la gauche,
28:39 il pourra dire qu'elle a été jusqu'au bout, elle a fait la réforme des retraites, genre
28:43 merci, elle a été courageuse, maintenant on passe à autre chose. Donc j'ai l'impression
28:46 que c'est une première ministre en sursis. Peut-être que je comprends mal, mais j'ai
28:50 cette impression.
28:51 Une cohabitation est possible, Guillaume Bigaud ?
28:53 Je suis complètement d'accord avec mon camarade, quand tu lui demandes à Mme Borne
28:57 d'ouvrir son gouvernement, c'est comme si il disait chaussée des tongs et rendez-vous
29:00 au sommet de l'Everest dans deux heures. Ce n'est pas possible.
29:03 Et la cohabitation ? Vous pensez que c'est possible ?
29:06 La cohabitation, il faudrait qu'il y ait une majorité.
29:08 La solution, là en l'occurrence, qui est intéressante, c'est qu'on peut subodorer
29:13 qu'il souhaite qu'il y ait un changement ministériel, que certains disparaissent
29:18 et que l'on ait un ou deux recrutements spectaculaires.
29:22 Mais moi, ce que je comprends à travers ça, c'est le fait surtout qu'il ne sait pas
29:26 qui mettre à sa place. Alors pour le moment, il faut qu'elle soit en place.
29:30 En plus, il y a cette proposition de loi demain. Mettons-la au combat.
29:36 Et puis au dernier moment, ça me laisse le temps de réfléchir pour voir qui, celui
29:41 qui pourra prendre la place. Enfin, je pense.
29:44 En tout cas, dans un instant, vous allez me montrer l'image qui vous a choquée.
29:49 On a les images un peu, la place de Château-Rouge, je trouve Régine Delfaux.
29:53 Ensuite, tout ce qui se passe sur le terrain, on aura peut-être Régine dans un instant
29:58 pour savoir si les rassemblements s'amplifient un peu sur le terrain Paris 18e dans un instant.
30:05 En attendant, gardons un peu cette image. Mais Charlotte d'Ornelas, il y aura bien
30:10 une loi immigration. Il y aura sans doute plusieurs textes immigration qui arriveront
30:16 dans les prochaines semaines. Nous n'avons pas le droit pour notre pays à l'immobilisme.
30:21 Tels sont les mots d'Emmanuel Macron. Il pourrait y avoir donc une victime collatérale
30:26 inattendue sur ce texte. C'est une question qu'on peut se poser.
30:29 Oui, très clairement, puisque Emmanuel Macron nous a expliqué qu'il y aura bien une loi
30:33 et en même temps, il y aura plusieurs textes à cette loi. Et en clair, il veut un découpage
30:38 de ce qui avait déjà été annoncé. Vous savez, le psychodrame sur la loi immigration
30:42 dure depuis cet été. Il y avait déjà eu des arbitrages et Elisabeth Borne n'était
30:45 pas d'accord avec le calendrier. Gérald Darmanin s'était battu pour le maintenir.
30:49 Ça devait être présenté en décembre et finalement, il faut attendre janvier.
30:52 Finalement, c'était maintenant et là, ce n'est toujours pas le moment.
30:54 En clair, ça n'est jamais le moment. On comprend depuis le début de ces échanges
31:01 qu'Elisabeth Borne et Gérald Darmanin ne sont pas d'accord sur la loi à voter,
31:06 sur les priorités, sur ce qu'il faut mettre en avant. Et en clair, en Macronie,
31:11 vous avez des courants différents et la question de l'immigration en France étant
31:15 la question la plus clivante, notamment au niveau des élites politiques,
31:21 la Macronie n'arrive pas à se mettre d'accord. Le projet de loi avait bien été présenté
31:26 en Conseil des ministres en janvier dernier. Il a été voté en commission au Sénat
31:30 dans une version modifiée la semaine dernière. Il devait être mis à l'examen
31:34 en séance publique le 28 mars prochain. Et la seule chose dont on est vraiment sûr,
31:38 c'est que ça ne sera pas le cas. Et le canard enchaîné nous a appris
31:43 que c'est parce que le président du Sénat, Gérard Larcher, a appelé Emmanuel Macron lundi
31:48 en lui disant "C'est franchement pas le moment étant donné", et on va y revenir,
31:52 "C'est franchement pas le moment étant donné la tension qu'il y a dans le pays"
31:57 et Emmanuel Macron aurait donc accepté la requête de Gérard Larcher.
32:02 On comprend en réalité le calcul parce que la majorité a voulu depuis le début
32:07 faire du "en même temps" encore une fois sur ce texte, en se disant "On va parler
32:11 d'humanité pour parler à la gauche et on va parler de fermeté pour parler à la droite"
32:15 dans ce manichéisme absolument insupportable sur le débat de l'immigration.
32:20 Résultat, ni la gauche ni la droite ne voulaient voter le texte parce que c'était
32:23 trop ferme d'un côté et trop humaniste de l'autre. Et résultat que nous dit Emmanuel Macron
32:29 c'est simple, on va découper le texte comme si les parlementaires surexcités
32:34 à la fin de cette séquence réforme des retraites allaient tomber dans le panneau.
32:38 C'est quand même assez énorme d'imaginer que la gauche va voter tranquillement
32:42 une partie du texte sans comprendre que la semaine d'après on examinera
32:45 ce qui est censé voter la droite et inversement. A mon avis, ils ne rentreront pas dans le jeu
32:49 mais bon je peux me tromper. D'ailleurs Gérald Darmanin avait déjà évoqué l'idée
32:53 ces derniers jours de scinder le texte en deux et ce qu'on entendait depuis
32:58 le ministère de l'Intérieur c'était d'un côté les mesures "consensuelles"
33:03 c'est-à-dire par exemple l'accélération du traitement des demandes d'asile.
33:07 On avait ça comme chose. D'un côté les mesures consensuelles, accélérer le traitement
33:12 des demandes d'asile parce que ça prend trop de temps aujourd'hui.
33:14 Et de l'autre côté les mesures controversées comme par exemple la simplification
33:18 de la régularisation des travailleurs sans papier. Donc vous avez bien compris,
33:22 au tout début la loi immigration, on en a déjà eu une sous Emmanuel Macron,
33:25 la question qui revient en permanence d'étude en étude, bien avant Emmanuel Macron,
33:29 c'est que les Français demandent une restriction de l'immigration.
33:33 Alors déjà cette loi, on ne parle pas du caractère légal de l'immigration
33:36 qui est déjà la partie la plus importante de l'immigration.
33:39 On se concentre sur l'illégal. Les Français en veulent moins.
33:42 On leur donne une loi en leur disant "on va tenter d'accélérer les expulsions,
33:45 de les faciliter et en échange on va régulariser des sans-papiers".
33:49 Et là on vous dit "on va la scinder en deux". D'un côté on va accélérer
33:52 les demandes d'asile, le traitement des demandes d'asile,
33:55 donc on ne vous parle plus de ce qui se passe après les demandes d'asile,
33:58 et de l'autre on va régulariser les sans-papiers.
34:01 Alors là franchement je ne sais pas qui s'y retrouve, peut-être à la nupes,
34:04 mais certainement pas les Français dans leur immense majorité,
34:08 de ce qui revient dans les études d'opinion.
34:11 Il est vrai que le pays est dans un état de crise réel et que le Parlement
34:15 vient de s'écharper assez violemment à la réforme des retraites.
34:19 Est-ce que la prudence n'impose-t-elle pas justement ce report sur ce texte ?
34:24 Alors c'est ce qui apparaît le plus évident. On se dit "c'est vrai,
34:27 là il y a une tension au pays qui est claire, il y a une crise politique
34:30 qui est claire et l'immigration ça fait hurler dans ce milieu-là en particulier".
34:35 Sauf que la première question, la première chose qui m'est venue à l'esprit,
34:38 c'est que quand même il faudrait savoir à la fin, parce qu'on a un gouvernement
34:41 qui nous explique depuis deux jours qu'il n'y a pas de crise.
34:43 Tout va bien, le processus démocratique suisse en cours,
34:46 c'est normal que les gens s'expriment dans la rue, on condamne,
34:50 voire on résume la contestation à ceux qui se passent mal dans la rue
34:55 et donc les forces de l'ordre font leur travail.
34:57 Et tout va bien, il n'y a pas de crise. Donc il faut savoir,
34:59 soit il n'y a pas de crise, soit il y en a une qui empêche d'examiner
35:02 le texte sur l'immigration. Il va falloir choisir entre les deux.
35:05 Ensuite, le débat parlementaire vise précisément en démocratie,
35:09 Mathieu nous l'a répété extrêmement souvent, à contenir la violence réelle
35:14 qu'il y a dans la rue par une violence symbolique à l'Assemblée nationale
35:18 dans le débat. Donc si précisément il faut continuer à avoir ces débats-là
35:24 à l'Assemblée pour expurger la violence de la rue, pour que les débats aient lieu.
35:28 Donc la seule chose qui se passe avec un report ou une dissection
35:32 de ce projet de loi, c'est que les Français seront privés d'un débat de plus.
35:36 C'est tout ce qu'il y a dans cette annonce.
35:39 Par ailleurs, l'opinion publique, en l'occurrence, la tension dans le pays
35:42 me semble être une excuse bien pratique. Parce que s'il y a bien un sujet
35:46 sur lequel il y a précisément une majorité de Français, c'est la question
35:50 de la restriction de l'immigration. Alors ce n'était pas forcément le cas
35:53 dans son texte, en l'occurrence, qui se penchait de manière un peu anecdotique
35:57 sur la question, mais il y aurait une majorité de Français précisément
36:01 qui seraient d'accord sur ce texte-là. Et ce qu'on comprend en réalité,
36:08 c'est que là, Emmanuel Macron, il nous a expliqué que la foule n'est pas le peuple.
36:12 Il a raison, la foule n'est pas le peuple. Mais sauf que là, s'il y a une opposition
36:18 aussi forte sur cette réforme des retraites, si elle a pour conséquence
36:22 une crise politique véritable, s'il y a eu des retournements, des hésitations
36:26 jusque dans les LR et jusque dans les rangs de sa propre majorité,
36:30 c'est précisément que la foule dans la rue n'est pas le sujet.
36:33 Le sujet, c'est bien la majorité de la population française qui est opposée
36:37 et qui rudit son opposition malgré les débordements éventuels de la foule.
36:41 Emmanuel Macron a beau jeu de nous dire que la foule n'est pas le peuple,
36:45 c'est vrai, sauf que là, le sujet, c'est précisément la majorité de la population.
36:49 Ce qu'on comprend à la fin, c'est que sur la question de l'immigration aussi,
36:52 le pays n'est pas ingouvernable. Emmanuel Macron nous dit
36:55 "si je n'y vais pas, si je ne maintiens pas, le pays sera ingouvernable".
36:58 Le pays n'est pas ingouvernable. Simplement, il est gouverné depuis des années
37:02 par des gens qui n'ont pas les mêmes priorités que les Français.
37:06 C'est ça le véritable problème aujourd'hui. Et ils n'ont pas les mêmes priorités,
37:10 d'autant plus qu'ils les moralisent en permanence.
37:13 Et là, on retombe sur, on va vous parler de l'immigration avec la fermeté
37:17 et l'humanité, comme s'il n'était pas possible d'avoir tout simplement
37:20 la volonté de reprendre la maîtrise sur qui passent ou pas les frontières
37:24 de la France sans aller sur un terrain moral.
37:26 Au Sénat, le texte avait déjà été modifié. Ce report n'est-il pas l'occasion
37:30 de revenir avec un texte mieux préparé ?
37:33 Le texte avait été modifié au Sénat, dans la première lecture.
37:37 Il n'y avait pas eu d'accord entre les sénateurs sur la question
37:40 de la régularisation des travailleurs. On s'est dit qu'on allait attendre
37:43 que les sénateurs travaillent en séance publique sur cette question-là.
37:47 En revanche, la commission des lois du Sénat avait durci le contenu
37:50 sur la suppression de l'aide médicale d'État, des sujets dont on a beaucoup parlé ici.
37:56 Pour durcir l'accès à la nationalité en France, pour resserrer les critères
38:00 du regroupement familial et encore pour resserrer les critères
38:03 de l'accès aux titres "étrangers malades". Vous savez, on en avait parlé.
38:07 Donc ils avaient finalement durci, alors évidemment le Sénat est majoritairement
38:10 à droite, mais ils avaient durci ce texte-là. Et là on nous dit
38:13 "oui, mais en fait ça va provoquer des tensions".
38:15 Mais ça va provoquer des tensions exactement où ?
38:18 Au sein de la Macronie, puisqu'il est là le problème.
38:21 Le gouvernement s'est dit "soit on va tabler sur la gauche et donc on perdra les LR,
38:25 soit on va tabler sur les LR et donc on va perdre pas seulement la gauche,
38:29 une partie de la Macronie parce qu'on revient au problème initial".
38:32 Et la dispute entre Gérald Darmanin et Elisabeth Borne
38:35 illustre parfaitement le problème. En même temps, c'est bien
38:39 dans une campagne électorale, mais quand on prend des décisions, c'est l'horreur.
38:42 Parce que déjà quand vous avez une majorité relative, c'est compliqué.
38:45 Et quand en plus vous avez des dissensions dans cette majorité relative,
38:48 c'est carrément infaisable. Donc simplement à la fin de cette histoire,
38:53 on se dit "oui, la victime collatérale, la première en tout cas,
38:55 ça va être cette loi sur l'immigration". Et moi il m'a semblé assez surréaliste
38:58 de résumer la situation. C'est-à-dire que vous avez une majorité de Français
39:01 qui est contre la réforme des retraites en l'occurrence,
39:06 et Gérard Larcher en l'occurrence, puisqu'il fait partie des LR
39:09 qui ont appuyé le gouvernement dans cette histoire, et Emmanuel Macron,
39:12 s'entendent pour dire qu'il faut être responsable et aller contre
39:15 la majorité des Français sur ce sujet. Et tout à coup, sur la question
39:18 de l'immigration, où on sait d'étude en étude qu'au moins 70% des Français
39:22 sont pour une restriction de l'immigration...
39:24 On va voir le sondage d'ailleurs.
39:26 C'est ça ? Les mêmes Gérard Larcher et Emmanuel Macron s'entendent pour dire
39:31 qu'il ne faut pas en rajouter et recréer des tensions dans le pays.
39:34 Mais précisément, et on parlait de la question du référendum pour s'échapper,
39:38 si Emmanuel Macron ne veut absolument pas faire de référendum sur la question
39:41 des retraites, il peut tenter sur la question de l'immigration.
39:43 A mon avis, c'est une bonne manière de réconcilier les Français, précisément.
39:46 Merci beaucoup Charlotte. On voit effectivement, pour conclure votre édito,
39:51 que la plupart des Français, une grande majorité, presque les mêmes,
39:56 peut-être qu'ils sont en colère en tout cas...
39:58 Et c'est la même proportion que pour les retraites.
40:00 Exactement les mêmes. Très intéressant.
40:03 On va regarder un peu sur le terrain ce qui se passe, si on peut voir un peu
40:06 les images dans le 18ème. Est-ce qu'on peut avoir peut-être Régine Delfour,
40:10 ou bien dans un instant, pour savoir un peu ce qui se passe.
40:13 Sinon on reviendra. Elle est là Régine ?
40:16 Mais je fais un duplex ?
40:19 Régine, qu'est-ce qui se passe-t-il sur le terrain concrètement,
40:23 suivant cette manifestation sauvage dans le 18ème arrondissement de Paris ?
40:27 Oui, bonsoir Christine. Alors en fait, il y avait une marche aux flambeaux,
40:33 vous devez avoir les flambeaux à l'image de Léomar Cheguet.
40:37 Le rassemblement était à 18h, il est parti un petit peu plus tard,
40:41 du métro de Stalingrad jusqu'à la place de Château Rouge.
40:46 On est arrivé vers 19h30 au niveau de Château Rouge.
40:51 Et puis les manifestants, certains, ont pris la rue Poulet,
40:56 et on se dirige dans la rue de Clignancourt.
40:59 Là, c'est plus une manifestation sauvage, puisque théoriquement,
41:02 ce n'était pas prévu. L'arrêt devait s'arrêter, place du Château Rouge.
41:07 Alors, on a pu échanger avec beaucoup de manifestants, si je puis le dire,
41:13 des jeunes, des étudiants. On leur a posé la question,
41:16 ce qu'ils avaient pensé de l'intervention, l'allocution d'Emmanuel Macron
41:21 au journal télévisé de 13h. Ils l'ont vécu encore comme un affront.
41:25 Ils n'ont pas compris la comparaison avec le Capital ou encore avec le Brésil.
41:30 Et puis le fait qu'ils disent qu'il a été élu avec une grande majorité
41:35 des voix des Français, pour eux, ce n'est pas vrai, puisque beaucoup nous disent
41:39 « Nous avons élu Emmanuel Macron, on a voté pour lui, mais en fait,
41:44 on a voté contre Marine Le Pen. Il a eu notre vote, mais il n'a pas eu notre adhésion. »
41:49 Et cette intervention à 13h, en fait, a regalvinisé un peu le sentiment
41:55 de mobilisation des manifestants ici, qui vont donc manifester
42:01 jusqu'à sûrement encore tard ce soir, puisque hier, on a encore assisté
42:06 à des scènes d'incendie dans les rues, et jusqu'à demain, la grande manifestation.
42:12 - Merci beaucoup, Régine Delcour. Si il se passe quelque chose, on revient vous voir.
42:16 On reste connecté avec le terrain, évidemment, pour savoir un peu ce qui se passe.
42:20 Et si le président décidait d'une cohabitation ? Et s'il décidait d'une dissolution ?
42:25 Sachez que c'est entré dans l'histoire, en fait, ces mots, depuis le 18 mai.
42:29 La crise du 18 mai 1877. Alors, c'est très intéressant.
42:33 Crise au cours de laquelle le président de la République, Patrice de Macmahon,
42:38 renvoie son chef du gouvernement à cause d'un différent.
42:41 Il le remplace. Protestation de la Chambre des députés.
42:44 Et j'aime bien parce que... Enfin, j'aime bien, pardon.
42:46 Tout ça conduira à la démission du chef de l'État. Racontez-nous.
42:51 - Il faut se rappeler le contexte. D'abord, l'empereur Napoléon III
42:57 et Macmahon est un militaire qui brille sous l'Empire.
43:03 Il a toute une carrière en Algérie. Il sera même gouverneur.
43:07 Alors, c'est surtout le héros de la guerre de Crimée.
43:11 Il fait tomber le fort de Malakoff. On gagne Sébastopol.
43:16 Il devient le duc de Magenta et également le vainqueur, donc, de...
43:24 J'ai dit Sébastopol et... - Oui, Magenta.
43:27 - Il y a le troisième, je me trompe. Enfin, bref.
43:30 - C'est pas grave.
43:31 - Il y a trois grandes batailles où il était héroïque
43:34 parce que, véritablement, il mène la Légion dans des conditions extrêmement difficiles.
43:38 Bref ! - Et après ?
43:40 - Et bien, après... - La crise, la crise, la crise.
43:42 - Déjà, il perd au moment de la guerre de 1870 face aux Prussiens.
43:45 Là, il n'est pas spécialement brillant. Et puis, il y a la Commune.
43:49 La Commune... Donc, le gouvernement est tombé.
43:53 Le tiers est celui qui est le patron du gouvernement provisoire, la Commune.
43:59 Et là, il devient celui qui tire sur les communards.
44:03 C'est celui qui est véritablement l'homme de l'excès, celui qui ose faire couler le sang.
44:09 Et puis, en 1873, le gouvernement provisoire tiers est contraint à la démission.
44:17 Et l'Assemblée, qui est royaliste et bonapartiste, choisit Macmahon.
44:21 Et c'est là qu'il a son fameux discours vantant l'ordre moral.
44:26 "Avec l'aide de Dieu, le dévouement de notre armée, qui sera toujours l'esclave de la loi,
44:32 avec l'appui de tous les honnêtes gens, nous ferons le rétablissement de l'ordre moral."
44:39 C'est-à-dire qu'il faut à tout prix que l'ère-Église de nouveau rayonne,
44:43 que l'enseignement soit tenu par les curés et non plus par les laïcs.
44:49 Et puis bon, c'est un savage contre ce qui se passe dans le peuple.
44:54 Et aux premières élections législatives qui se présentent, la majorité est républicaine.
45:01 Et que fait-il à ce moment-là ?
45:03 Eh bien, il choisit comme président du conseil Jules Dufort.
45:10 Un conservateur.
45:11 Ah, conservateur plutôt vraiment.
45:13 À droite, et forcément du côté de Gambetta, c'est quand même l'éloquence dans toute sa splendeur,
45:19 il n'est pas question de tolérer ça.
45:21 Et hop, il est obligé de dissoudre ce gouvernement et il nomme Jules Simon.
45:29 Alors, Jules Simon, il prend une tendance un peu à gauche.
45:32 Forcément, les véritables personnages qui se situent dans l'opposition estiment que c'est un stratagème.
45:40 Mais bref, Jules Simon est là, il tente d'être plus à l'écoute de l'ensemble de la nation.
45:47 Et à un moment donné, sur une décision qu'il érige, que se passe-t-il ?
45:54 Eh bien, le président, lui, écrit en estimant qu'il n'a pas assez de fermeté.
46:00 Et ça, ça passe dans le journal officiel.
46:02 Alors, Jules Simon, il dit, il n'est pas question d'admettre ça, je démissionne.
46:07 Et il devrait tenir compte du fait que l'Assemblée,
46:12 alors c'est amusant parce que c'est un peu comme aujourd'hui,
46:14 l'Assemblée, elle est véritablement républicaine,
46:17 le Sénat est à droite et avec le Sénat, il se sent soutenu.
46:23 Mais c'est lui qui a quand même cette possibilité de la dissolution
46:26 et qui nomme le président du Conseil.
46:29 Et là, il appelle Albert de Broglie, qui est encore plus, je dirais, radical que lui.
46:35 Et on finira par aboutir à une nécessité de dissoudre ce gouvernement,
46:41 d'avoir la dissolution de l'Assemblée et une campagne d'une virulence extrême
46:48 où lui-même fait du porte-à-porte dans les régions, Gambetta aussi.
46:52 Et que se passe-t-il ?
46:53 Eh bien, ce sont les républicains qui de nouveau remportent la victoire.
46:58 Mais ils s'obstinent de telle sorte que quelques mois plus tard,
47:03 eh bien, il ne peut pas garder la place, il démissionne
47:08 et c'est Jules Grévy qui lui succède.
47:11 Un Jules Grévy qui est obligé de changer pratiquement le statut du président.
47:17 Là, le président avait un véritable pouvoir puisqu'il choisissait la possibilité de dissoudre,
47:25 qu'il était en responsabilité pour faire plaisir au président Macron.
47:30 En revanche, à partir de Jules Grévy et jusqu'à René Coty,
47:35 on peut dire que les présidents seront ceux qui, comme le disait le général de Gaulle,
47:41 inaugurent les chrysanthèmes.
47:44 Merci beaucoup pour ce regard, toute similitude avec la réunion.
47:49 Ok, trappe-toi, point de suspension.
47:51 Marc, maintenant, vous allez nous montrer la photo qui vous a chaudé.
47:54 Juste avant, on va vous montrer une image, celle de Londres.
47:57 Puisque le ramadan commence entre ce soir et demain.
48:01 On est à mi-carême sinon ?
48:04 Un peu après, oui.
48:06 Ça a fait moins de bruit.
48:08 Regardez cette image.
48:11 Pour la première fois, l'emblématique quartier West End, situé dans le centre de Londres,
48:16 a été décoré pour marquer le mois du ramadan.
48:20 Est-ce que l'Occident est de plus en plus ouvert à l'islam ?
48:23 Je dirais peut-être les choses autrement.
48:25 L'Occident est de plus en plus pénétré par l'islam.
48:28 C'est-à-dire qu'on se retrouve dans une situation où, comme on le voit dans cette rue,
48:31 le monde occidental traite sa propre religion comme une religion parmi d'autres
48:35 dans une société multiculturelle et diversitaire.
48:38 Donc c'est la fête des chrétiens, on célèbre un peu les chrétiens.
48:41 C'est la fête des musulmans, on célèbre un peu les musulmans.
48:43 Et faites la liste, ainsi de suite, pour l'ensemble des religions issues de l'immigration.
48:46 La spécificité de cela, cela dit, c'est que c'est moins l'islam, je dirais,
48:49 qu'une logique islamiste, qui consiste à vouloir occuper l'espace public
48:53 en toutes circonstances, en multipliant les signes ostentatoires
48:56 d'implantation d'un islam si conquérant dans l'espace public,
49:00 qui nous dit « désormais nous sommes ici chez nous ».
49:02 Et avec la complicité, je l'ai dit, du multiculturalisme officiel,
49:06 qui croit au nom du droit à la différence, qu'il doit piétiner les droits de la société d'accueil.
49:10 Bien sûr que l'islam est réveillé, bien sûr qu'il est conquérant,
49:13 mais sa conquête, elle ne prend pas seulement la forme de terroriste, fanatique, fou, etc.
49:20 Ça c'est vraiment l'écume, c'est surtout des gens qui sont beaucoup plus structurés,
49:24 beaucoup plus organisés, qui avancent.
49:26 Et en Grande-Bretagne d'ailleurs, l'islam c'est aussi beaucoup des monarchies du Golfe,
49:30 beaucoup de Pakistanais, des gens qui sont très bien éduqués
49:33 et qui avancent pied à pied dans la société pour l'islamiser.
49:36 La question, c'est si on fait des décorations, c'est qu'il y a beaucoup de gens
49:39 qui sont concernés, notamment dans ce quartier-là.
49:41 Mais je n'ai pas donné toutes les rues, parce qu'il y a plusieurs autres rues
49:43 à Londres qui vont être illuminées de la même façon.
49:45 C'est ça, mais évidemment, je veux dire, les décorations, nous on les a à Noël,
49:48 on les a à l'été, on les a à l'été, et on les a à l'été.
49:51 Et c'est ça, c'est ce que je disais au début,
49:53 parce que c'est une empreinte culturelle du culte initial.
49:57 Donc c'est la question du nombre, et dans un Occident,
50:00 on nous a expliqué depuis des années que le nombre est un fantasme d'extrême droite.
50:03 - Marc Monod, on va voir. - Oui, c'est farron, mais il a été confirmé par la photo.
50:07 - Alors justement, on va voir la photo qui vous a choqué.
50:10 Ça fait trois, quatre jours que Marc Monod est intenable devant cette photo.
50:13 C'est un tweet de la Première ministre.
50:16 Elisabeth Borne se disait fière d'être la marraine de Revelle,
50:19 l'association qui se définit comme inspirant, motivant, accompagnant des jeunes femmes.
50:23 C'est très bien, des quartiers populaires, dans leur épanouissement personnel et professionnel, je cite.
50:27 Qu'est-ce qui vous choque ?
50:29 - Épanouissement personnel.
50:31 Et l'épanouissement personnel, c'est dix jeunes filles qui finissent en oeufs de Pâques,
50:36 vous allez me dire, c'est la bonne période.
50:38 Elles sont complètement enmitouflées.
50:41 - C'est-à-dire ? Ils ont un simple boule de voile ?
50:43 - Mais non, mais c'est intolérable.
50:45 Parce qu'on est dans une république, on dit qu'on a des jeunes filles.
50:48 Il faut les aider, il faut les aider.
50:50 - En oeufs de Pâques, on dit qu'elles sont voilées.
50:52 - Oui, mais c'est pas ça, c'est dans la symbolique.
50:54 - Je comprends.
50:56 - À un moment donné, il nous faut réaffirmer cette citoyenneté.
50:59 On ne peut pas dire que des jeunes femmes sont en émancipation,
51:03 sont en capacité de gagner une place de citoyenne à part entière,
51:10 pouvant jouer un rôle dans la société,
51:13 et que celles-ci apparaissent en public dans un ministère
51:18 en ayant un signe ostentatoire de religion.
51:22 C'est intolérable.
51:24 C'est la faillite de la laïcité.
51:26 - Mais cette photo dit aussi, à mon avis, autre chose, si vous permettez.
51:29 Ça dit, effectivement, la volonté de l'islam militant de s'étendre,
51:32 mais ça dit aussi l'anglo-saxonisation jusqu'à l'os de notre classe dirigeante.
51:37 En fait, cette première ministre française,
51:39 elle est américaine dans sa tête, elle est anglaise, je ne sais pas.
51:42 Enfin, elle fonctionne comme dans les pays anglo-saxons.
51:44 - Merci en tout cas pour votre regard.
51:46 C'était la photoshop Marc Menand,
51:49 qui a compté justement les femmes voilées à la veille du début du ramadan.
51:56 Alors on va regarder et comprendre ce qui se passe sur le terrain avec vous, Mathieu Beaucoté.
52:01 Parce que les députés LFI demandent la dissolution des bravèmes.
52:04 C'est pourtant la seule unité qui permet de contrer
52:07 les nouveaux modes de manifestation mobiles et improvisées.
52:10 On les voit, on vient de voir Régine Delfour.
52:12 Les responsables du maintien de l'ordre à Paris rencontrent des représentants de LFI
52:16 ou interpellent, comme il y a deux jours, une attachée parlementaire de la France insoumise
52:20 parmi les incendiaires.
52:22 En quoi la France insoumise, on peut dire peut-être même contrairement au RN,
52:27 si je puis me permettre, chercherait-elle à profiter de la situation
52:30 ou participerait-elle à la bordélisation du pays?
52:34 - Alors le contrat, c'était marqué.
52:35 Du côté du RN, vous avez un parti qui cherche à maximiser sa respectabilité
52:39 parlementaire, par conviction, par stratégie, il ne m'appartient pas de trancher,
52:43 mais qui dit nous jouerons le jeu des institutions intégralement.
52:47 LFI, c'est autre chose. LFI, c'est une culture politique insurrectionnelle.
52:51 Il faut le savoir. On est devant des gens pour qui la démocratie n'a de sens
52:56 que si elle leur donne raison.
52:58 Et si les résultats de la démocratie donnent autre chose que ce qu'ils souhaitent,
53:01 ils ont l'impression que la démocratie est en fait au service des bourgeois,
53:04 des puissants, toute la liste.
53:06 Quelques éléments simplement qu'on a eu au fil de la dernière année.
53:10 La célébration de la terreur, c'est quand même quelque chose.
53:13 La réhabilitation de la terreur par plusieurs députés LFI est soumise,
53:17 c'est quand même singulier.
53:18 Moi, j'aime dire de ces gens qu'ils n'aiment pas la révolution française
53:22 malgré 93, mais pour 93.
53:25 - T'as dit un guillotiné de ses ennemis.
53:27 - Globalement.
53:28 La réhabilitation de Robespierre, l'appel à la rue Régulier,
53:32 comme si dès lors que le Parlement ne porte pas la vision qui est celle de LFI,
53:36 la rue aurait une légitimité supplémentaire.
53:39 La censure populaire, nouveau terme à la mode.
53:41 Donc finalement, qui est le peuple en question, c'est difficile à trouver.
53:44 La rue insurgée devient l'expression du peuple
53:48 et tous les autres ne sont pas dans le vrai peuple.
53:51 Ce qu'ils appellent aussi la légitime défense sociale.
53:53 Donc la violence de rue devient une forme d'autodéfense sociale
53:57 devant le projet de loi du gouvernement.
53:59 Alors on peut être en désaccord profond, complet, si on le souhaite,
54:02 avec le projet de loi du gouvernement, sans basculer dans cette légitimation,
54:06 dans cette théorisation d'une violence de rue insurrectionnelle
54:10 qui serait légitime et nécessaire.
54:12 Alors la question, ça nous ramène à une question que vous nous avez posée tout récemment.
54:15 Quelle est la conception du peuple pour LFI?
54:17 On sait que les conceptions du peuple en démocratie,
54:19 il n'y en a pas une seule qui domine.
54:21 Il y a le peuple social, c'est le peuple insurgé, pourrait-on dire.
54:24 Il y a le peuple... ou les petits gens.
54:26 Il y a le peuple politique et il y a le peuple culturel et historique.
54:30 Pour LFI, on est dans une autre logique.
54:32 Qu'est-ce que c'est le peuple?
54:33 C'est la frange de la population qui s'insurge avec l'idée
54:36 de faire tomber le pouvoir et d'accélérer la marche vers la révolution.
54:40 Et qu'est-ce que LFI?
54:42 Et là, ça nous ramène à ça.
54:43 On a chacun ses petites obsessions, à mon avis.
54:45 Moi, l'histoire des conceptions stratégiques et organisationnelles
54:49 de l'extrême-gauche, ça me passionne
54:51 parce que l'extrême-gauche est toujours, depuis Lénine au moins,
54:54 dans la société avançante, placée devant le problème suivant.
54:56 Elle se sait minoritaire, mais prétend parler au nom de tous.
54:59 Comment expliquer ça?
55:00 C'était quoi la théorie de Lénine, léniniste du parti?
55:03 Ça disait que le peuple, par lui-même, la classe ouvrière,
55:06 peut au maximum devenir social-démocrate.
55:08 Donc, la conscience du peuple n'appartient pas au peuple,
55:10 elle appartient aux intellectuels qui se sont voués au peuple dans le parti.
55:14 Donc, le parti, c'est la véritable expression de la conscience du peuple.
55:17 Vous voyez où j'en arrive.
55:18 LFI se présente aujourd'hui dans une forme de théorisation néo-léniniste.
55:22 Nous sommes la véritable expression du peuple
55:24 parce que nous sommes son expression articulée, coagulée,
55:27 politiquement construite.
55:29 Donc, pour LFI, finalement, lorsqu'on cherche à provoquer les tensions,
55:33 parce qu'on comprend les tensions, il y en a en soi,
55:35 avec ou sans LFI, il y aurait des tensions en France.
55:37 Mais l'objectif de LFI en ce moment, c'est de radicaliser les tensions
55:41 dans l'espoir qu'une situation, je ne dirais pas chaotique,
55:43 une situation conflictuelle, une situation très tendue, s'ouvre.
55:47 Et dès lors, ça ouvre la possibilité de l'insurrection telle qu'elle se représente.
55:50 Dernière question. Entendez-vous par là que LFI pourrait sortir du cadre légal
55:55 si la crise se radicalisait ?
55:57 Pour l'instant, pour l'instant, LFI...
55:59 À la veille de la manifestation, demain.
56:01 LFI autorise, sanctionne légitime tous ceux qui sortent du cadre légal.
56:05 Je le précise. Ils sont déjà dans cette logique.
56:07 Ensuite, quel est le rêve de Jean-Luc Mélenchon ?
56:10 C'est un effondrement de la Macronie qui permettrait un affrontement
56:13 au moment de la présidentielle de 2027,
56:15 un affrontement net entre le RN et LFI.
56:18 Donc, c'est le fantasme du grand affrontement.
56:20 Et dans ce grand affrontement, s'il prenait le pouvoir,
56:23 ce serait l'occasion de fonder sa République nouvelle
56:26 sous le signe d'une constituante inquiétante.
56:28 Je ne suis pas certain que cet admirateur de Chavez, de Robespierre et de 93
56:32 promettrait un destin heureux à ses opposants.
56:35 Merci Mathieu, merci à tous.
56:37 Demain, on se retrouve après la grande journée de mobilisation.
56:40 Tout de suite, Pascal Praud, juste avant, Adréa Spiteri pour l'actualité.
56:47 La réforme des retraites est une nécessité pour le pays,
56:50 ce sont les mots d'Emmanuel Macron.
56:52 Le président s'est exprimé lors d'un entretien d'une trentaine de minutes
56:56 cet après-midi.
56:57 Après deux mois de manifestations dans le pays,
57:00 il souhaite que la réforme entre en vigueur d'ici la fin de l'année.
57:03 Et justement, pour s'opposer à la réforme des retraites,
57:06 de nombreuses actions ont été menées sur le territoire.
57:09 Aujourd'hui, le port de Bresse et le pont de Saint-Nazaire
57:12 ont été bloqués à l'origine de ces blocages des travailleurs portuaires
57:15 et du BTP.
57:17 A Saint-Nazaire, des dégradations ont été constatées,
57:20 du mobilier urbain a été incendié.
57:23 Et puis, Volodymyr Zelensky a réagi.
57:25 Après de nouvelles frappes russes, l'Ukraine répondra à toutes les attaques
57:29 de Moscou, a déclaré le président ukrainien.
57:32 Une attaque au drone a fait au moins sept morts dans la région de Kiev.
57:36 Aujourd'hui, à Zaporizhia, un immeuble a également été frappé.
57:40 ♪ ♪ ♪