Drame de Saint-Jean-de-Luz. Bouffée délirante ? Schizophrénie ? Un pédopsychiatre répond

  • l’année dernière
Avec Docteur Pierre Lévy-Soussan, psychiatre et pédopsychiatre spécialisé dans la traumatologie et les violences sur enfants

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##SUD_RADIO_VOUS_EXPLIQUE-2023-02-23##

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Transcription
00:00 Le Grand Matin Sud Radio, 7h-9h, Benjamin Gleize.
00:04 7h46 sur Sud Radio, soyez les bienvenus, si vous ne rejoignez pas, c'est l'heure de Sud Radio vous explique.
00:10 Nous revenons sur ce drame, bien sûr hier, cette enseignante tuée à Saint-Jean-de-Luz dans le lycée Saint-Thomas d'Aquin.
00:16 L'auteur présumé des faits âgés de 16 ans est actuellement toujours en garde à vue.
00:20 Son profil psychiatrique interroge, pour en parler, je reçois le docteur Pierre Lévy-Soussan. Bonjour docteur.
00:26 Bonjour.
00:27 Vous êtes psychiatre, pédopsychiatre spécialisé dans la traumatologie et les violences sur enfants.
00:32 Merci d'être avec nous ce matin sur Sud Radio.
00:34 On va parler du traumatisme subi par les élèves sur place bien sûr, mais d'abord, concernant l'adolescent interpellé,
00:40 celui-ci aurait déclaré être possédé, avoir entendu des voix.
00:43 Alors, nous ne sommes qu'au début de cette enquête ouverte pour assassinat, mais lorsqu'un patient vous tient ce genre de propos,
00:49 quel type de diagnostic pouvez-vous établir ?
00:52 Quelles sont les différentes hypothèses qui s'offrent à vous docteur ?
00:56 D'abord, j'espère que ce patient, si patient il y a, sera en tout cas expertisé, sera expertisé soigneusement
01:07 pour déterminer ce qu'il en est de la psychopathologie à la base de son acte.
01:12 Donc, bien sûr, moi je ne peux rien dire sur ce qu'il en est de ce qui lui est arrivé.
01:18 Ce que l'on sait, c'est que très souvent, quand il y a des actes criminels qui sont avec ce type de discours,
01:27 on prend effectivement notre temps et on étudie un peu ce qui peut être à la base.
01:31 Il y a tout un ensemble de tableaux, il y a tout un ensemble de pathologies qui peuvent donner ce type de symptômes.
01:39 Donc là, il va falloir étudier soigneusement les choses, éliminer les prises de toxiques.
01:44 Il y a toute une attitude à avoir de façon à être le plus complet.
01:49 Et en fait, ça peut être très très vaste.
01:53 Concrètement, on peut avoir quoi ? On a beaucoup entendu parler, notamment dans les médias, de bouffée délirante, de schizophrénie.
01:59 Déjà, quelle est la différence entre ces deux notions ? C'est peut-être important aussi de le préciser.
02:04 Alors, les grandes différences entre ces deux pathologies, il y en a une qui est aiguë, par définition.
02:11 La bouffée délirante, c'est quelque chose qui est aiguë, c'est-à-dire inférieur à 6 mois.
02:16 Ça survient, comme on dit, à un coup de tonnerre dans un ciel serein.
02:21 Et voilà, surtout à cet âge-là, au moment de l'adolescence, ça fait partie vraiment des choses que l'on évoque.
02:27 La grande différence...
02:28 Ce n'est pas surprenant à cet âge-là, c'est ça, c'est ce que vous nous dites aussi.
02:31 C'est à cet âge-là que ça peut arriver.
02:34 En tout cas, oui.
02:35 Vraiment, à l'adolescence, c'est quelque chose d'extrêmement fréquent.
02:40 Et donc, la pathologie schizophrénique, en revanche, c'est très, très différent,
02:44 dans le sens que c'est une pathologie qui est chronique, c'est-à-dire qui a plus de 6 mois, 1 an d'évolution.
02:52 Et qu'on vit avec des traitements, mais c'est à vie, en gros.
02:56 C'est à vie.
02:57 Alors, bien sûr, ça commence à un moment.
02:59 C'est vrai qu'il y a des modes d'entrée dans la schizophrénie qui sont aigus, pour le coup.
03:04 Mais par définition, c'est un diagnostic qu'on ne donne pas au tout début,
03:09 étant donné qu'il nous faut une longue évolution avant de dire que c'est une schizophrénie.
03:16 Bien sûr.
03:17 Ça, ça sera aussi tout l'objet des expertises qui viendront.
03:21 Parce qu'il y aura forcément, vu ce qui a été dit,
03:25 vu ce qu'ont précisé les témoins sur place,
03:29 il y aura forcément des expertises psychiatriques pour savoir, déjà, s'il dit ou non la vérité.
03:34 Ce sera la première question à se poser.
03:37 Oui, bien sûr.
03:38 C'est-à-dire qu'il y a toujours le risque de simulation qui existe.
03:41 C'est pour ça qu'il y a tout un ensemble de panels de diagnostics et d'investigations que l'on fait,
03:48 étant donné que ça a des conséquences extrêmement importantes pour la suite des procédures judiciaires.
03:54 Oui, pour savoir s'il y a un discernement ou pas, et s'il pourrait être jugé ou pas, notamment.
03:59 Exactement.
04:00 Entre abolition et altération du discernement.
04:03 Ce sont vraiment des questions cruciales que se poseront les experts.
04:07 En général, il y en a plusieurs.
04:09 Oui.
04:10 Docteur, n'oublions pas, bien sûr, je le disais tout à l'heure,
04:13 ces élèves présents dans la classe au moment du drame, des jeunes traumatisés.
04:16 Une cellule psychologique a été ouverte dans l'établissement.
04:18 Quel conseil pouvez-vous donner, vous-même, aux parents de ces enfants pour passer cette épreuve ?
04:24 Le premier conseil, bien sûr, c'est d'être hyper attentif à eux.
04:30 Je pense qu'il n'y a pas qu'une cellule qui devrait être mise en place.
04:34 C'est-à-dire, devant un tel choc, devant les yeux, c'est vraiment les blessures,
04:41 ce qu'on appelle les blessures psychiques suite à cette énorme violence auquel ils ont assisté.
04:47 C'est quelque chose qu'on vient de suivre, y compris en individuel.
04:51 C'est-à-dire qu'il ne faut pas hésiter à les consulter.
04:54 Quel type de détail, par exemple, peut nous alerter ?
04:57 Il se trouve que d'abord, l'absence de détail alerte.
05:02 C'est-à-dire le fait qu'il n'y ait strictement rien, aucune symptomatologie.
05:06 Déjà, ça, cela nous alerte.
05:08 Ensuite, il peut y avoir tout un certain nombre de symptômes post-traumatiques,
05:13 depuis la perte de sommeil, depuis la reviviscence de la scène,
05:16 depuis des scènes de scélération, des moments de vide.
05:19 Il y a toute la clinique des post-traumatiques stress disorders qui peut arriver dans les jours qui suivent.
05:26 Y compris au long cours.
05:28 Donc, l'absence de symptomatologie, pour nous, c'est quelque chose qui nous alerte.
05:33 Les blessures psychiques peuvent se révéler bien plus tard.
05:38 Moi, bien sûr, je conseillerais aux parents non seulement de tenter de parler avec leur enfant,
05:43 mais aussi de respecter ce qu'il en est du silence, du temps et de leur temporalité psychique pour en parler.
05:49 Et puis, je recommanderais bien sûr un suivi individuel.
05:53 Parce que c'est comme les victimes d'attentats, les effets délétères sont considérables.
06:00 Et ça peut être aussi sur le moyen et long terme.
06:03 C'est important, effectivement.
06:05 Tenter de donner du sens à ce qui s'est passé.
06:08 C'est le non-sens qui est aussi un autre traumatisme.
06:11 Dr Pierre Lévy à Soussan, je rappelle que vous êtes pédopsychiatre spécialisé dans la traumatologie et les violences sur enfants.
06:17 Merci d'avoir été avec nous ce matin sur Sud Radio.

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