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Christine Kelly et ses chroniqueurs débattent de l'actualité dans #Facealinfo

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00:00 Bonsoir à tous, ça rigole un peu beaucoup sur le plateau ce soir, je vais sévir.
00:05 Oh la la, votre sourire nous taquine ma belle.
00:08 Non c'est vous qui taquinez entre vous, je vais dire au téléspectateur, je dis tout au téléspectateur.
00:12 Oui mais votre esprit nous fascine, vous êtes divine.
00:15 C'est quoi la prochaine étape ?
00:16 C'est la journée du compliment.
00:19 Alors je lance un appel à tous les téléspectateurs à faire des compliments à mes quatre mousquetaires
00:24 et d'ici la fin de l'émission on prendra les meilleurs compliments ou les pires.
00:29 Allez on lance la minute d'info, c'est parti.
00:32 Du nouveau dans l'affaire de la disparition de Leslie et Kevin,
00:39 une deuxième personne a été interpellée et placée en garde à vue.
00:43 Hier matin, un proche du couple a lui aussi été interpellé en Vendée,
00:47 sa garde à vue est prolongée, il devait leur prêter sa maison la nuit de la disparition.
00:52 Le couple n'a plus donné signe de vie depuis quatre mois.
00:56 La popularité d'Emmanuel Macron en baisse, elle a chuté de six points en février selon un sondage Ipsos.
01:02 Pour Le Point, il s'agit de son plus bas niveau depuis trois ans.
01:06 32% de Français se disent satisfaits de son action contre 27% pour la Première Ministre Elisabeth Borne.
01:14 Et puis une légende du foot français est morte aujourd'hui.
01:18 Jus Fontaine s'est éteint à l'âge de 89 ans.
01:21 En 1958, il avait inscrit 13 buts lors de la Coupe du monde de football,
01:26 un record toujours inégalé, il avait mis un terme à sa carrière en juillet 1962.
01:32 Au sommaire ce soir, il y a 30 ans, la France était le deuxième exportateur de produits agricoles au monde,
01:41 aujourd'hui elle est sixième.
01:43 Pire, nous importons de plus en plus notre alimentation,
01:46 70% de nos fruits, un poulet sur deux, 60% de notre viande aux vines.
01:51 Alors que l'agriculture ne nourrit plus nos paysans,
01:54 les agriculteurs font-ils encore vivre nos traditions et notre culture gastronomique ?
02:01 Ce qui était la fierté de la France s'éteigne-t-il au rythme de notre souveraineté ?
02:06 En quoi notre identité française est-elle fragilisée ?
02:10 L'édito de Mathieu Boquecote.
02:12 Comme pour l'agriculture, ce que nous consommons n'est souvent pas fabriqué en France,
02:17 c'est le cas du prêt-à-porter, Camailleux, Gosport, Sainte-Marina,
02:20 Traverse une crise majeure, mais aussi Célio Koukaï, André Pumki.
02:24 Comment analyser ces faillites qui explosent en France ?
02:27 Notre mode de consommation ?
02:28 Des crises à répétition comme les gilets jaunes, le Covid ?
02:31 Quelle cause, quelles conséquences,
02:33 quelle analyse de cette inquiétante chute des groupes français
02:37 de l'habillement, le décryptage de Guillaume Bigot ?
02:41 Personne n'a crié gare lorsque Alger a rappelé son ambassadeur français il y a trois semaines.
02:46 Et depuis trois semaines, les consulats algériens en France ne délivrent quasiment plus de laissé-passer consulaire.
02:51 L'Algérie a-t-elle réellement suspendu la délivrance des laissé-passer consulaire avec la France ?
02:56 C'est-à-dire que plus aucun Algérien ne peut être expulsé depuis la France ?
03:01 C'est la question que l'on va se poser, car depuis trois semaines,
03:03 une affaire est venue troubler les relations entre les deux pays,
03:06 l'affaire de l'opposante algérienne Amiana Bourahoui.
03:10 Si les informations sont chuchotées, pas affichées,
03:13 on va essayer de comprendre réellement ce qui s'est passé entre Alger et Paris avec Charlotte Dornelas.
03:19 À l'heure où les syndicats sont tous unis, menacent de mettre la France à l'arrêt mardi prochain,
03:24 nous nous arrêterons sur la plus grave des révoltes fiscales qui ont eu lieu le 1er mars 1382.
03:31 La révolte fiscale des Mayotins.
03:33 Ce sont des bourgeois de Paris, des marchands, des artisans, des notables
03:37 qui ont pris à partie les agents du fisc.
03:40 Marc Menor raconte.
03:43 Historique, dramatique, catastrophique,
03:46 156 tonnes de produits stupéfiants ont été saisies en 2022,
03:50 a annoncé le gouvernement aujourd'hui.
03:52 À niveau historique, la lutte contre le trafic de drogue est plus que jamais la mère de toutes les batailles,
03:57 est-il précisé.
03:59 Saisie de drogue rime toujours avec historique.
04:02 Au quotidien pourtant, on a l'impression que l'État abdique.
04:05 Les dégâts de la drogue sont de plus en plus dramatiques,
04:08 mais la consommation ne traduit-elle pas une certaine société en panique ?
04:12 L'édito de Mathieu Bocoté.
04:15 Une heure pour prendre un peu de hauteur sur l'actualité avec nos mosquetaires, c'est parti.
04:19 On a reçu un courrier qui m'est adressé.
04:35 C'est gentil, mais il y a un cadeau pour Marc Menor.
04:37 Ça commence par là.
04:39 Je vais montrer ce qui a été offert. C'est un jeune militaire de 23 ans qui vous a offert cette petite...
04:45 Il dit que c'est une broche du souvenir français. C'est quoi le souvenir français ?
04:48 Le souvenir français, si ma mémoire est bonne, ça a été créé dans les années 1880 par un lorrain.
04:56 Je serais incapable de donner son nom.
04:58 Et c'était pour rendre hommage aux militaires et en particulier à ceux qui avaient été battus,
05:03 sacrifiés déjà dans la guerre de 1870.
05:06 Et depuis, il cherche à faire en sorte que tous les soldats soient honorés.
05:11 Il a failli faire sa chronique.
05:13 Il s'appelle Tom.
05:14 Il ne faut pas me donner la parole. Merci.
05:16 C'est trop mignon. Un cadeau de la part de Tom.
05:19 Le sujet du jour.
05:21 On fera un tour de table dans un instant.
05:23 C'est en cette mosquée taillée à Bordeaux, avec cette affiche "Vivre ensemble tue",
05:28 alors que deux églises en France en général sont vandalisées chaque jour.
05:32 On va se poser la question. Est-ce qu'on est en plein retour des guerres de religion ?
05:35 Est-ce que la laïcité a été dévoilée ?
05:38 Marc Meunin, écoutez, on en parle dans un instant.
05:41 D'abord, le salon de l'agriculture, Mathieu Bocote, comme il se doit,
05:47 met à l'honneur l'agriculture française.
05:49 On échante les produits français, on est célèbre à les campagnes françaises,
05:53 les hommes politiques défilent chacun leur tour dans l'espoir d'incarner le pays réel.
05:58 Mais l'agriculture française est fragile, aujourd'hui plus que jamais.
06:02 Mais cette fragilité ne date pas d'hier, et à travers sa crise,
06:06 c'est l'identité française qui est fragilisée,
06:09 et c'est sur cette question que vous souhaitez revenir sur votre premier édito.
06:13 Oui, parce que le salon de l'agriculture s'est présenté comme...
06:16 C'est non seulement la mise en valeur de produits,
06:18 mais c'est la mise en valeur d'un milieu, c'est la mise en valeur d'un certain imaginaire,
06:22 je dirais presque d'une certaine poésie.
06:24 Il y a la poésie de l'enracinement, la poésie de la campagne,
06:27 la poésie de la ruralité, la poésie de l'authenticité française.
06:31 Et d'ailleurs, un homme politique qui ne s'y présenterait pas
06:34 ne serait plus demain un homme politique.
06:36 Gardons ça à l'esprit. Il serait vaincu, balayé par l'histoire, heureusement.
06:40 Alors, cela dit, ce qui est intéressant à travers ça,
06:43 c'est, si on change à voir la dimension identitaire,
06:45 c'est de voir le basculement de la France comme pays rural,
06:48 comme pays d'agriculture, comme pays paysan,
06:51 à un pays de tout autre visage, et cela en l'espace d'à peu près un siècle.
06:55 Et c'est ce parcours qu'il faut retracer
06:57 avant de voir la manière dont se pose la question aujourd'hui.
07:00 Alors, longtemps, on pourrait dire qu'il y a une forme de césure qui était présente.
07:04 Vous avez parlé du pays réel.
07:06 D'un côté, le pays officiel, qui était Paris à bien des égards,
07:09 avec la concentration de la vie littéraire,
07:12 avec les passions politiques, avec les passions mondaines.
07:14 Et de l'autre côté, on prêtait une forme d'authenticité véritable
07:18 à ce qui se passait loin, justement, de l'agitation mondaine.
07:23 Donc, la profondeur du pays qui ne bouge pas,
07:25 la permanence des traditions, la permanence d'un mode de vie.
07:28 Et d'ailleurs, c'est le plaisir de la campagne,
07:30 c'est que la France y apparaît autrement qu'à travers le visage abstrait de la République.
07:34 Soudainement, on y voit justement des paysages, une culture, des mœurs,
07:38 une certaine lenteur, au moins, poétiquement, c'est ainsi qu'on le voit.
07:41 Une manière de vivre le pays autrement que dans l'abstraction.
07:44 Cela dit, et la France s'est longtemps vécue dans cette matrice,
07:47 véritablement, de pays rural, de pays de paysannerie.
07:50 Mais, mais, il y a eu un basculement à la fin des années 60,
07:53 un livre a marqué ça, d'Henri Mandras, qui est un grand sociologue,
07:56 qui titre en 67, "La fin des paysans".
07:59 Et là, son livre secousse, c'est vraiment un tremblement de terre mental.
08:03 Il annonce non seulement la poursuite du mouvement d'urbanisation,
08:07 mais la fin de la civilisation paysanne.
08:09 Et plusieurs protestent, mais en même temps,
08:11 plusieurs sentent que c'est quelque chose, quelque peu inévitable.
08:14 Retrassons des chiffres, ça peut être assez intéressant.
08:16 En 1789, date du basculement à certains égards,
08:19 67% de la population totale était, en France, c'était des paysans, des agriculteurs.
08:25 On dirait aujourd'hui, mais c'était des paysans.
08:27 Et là, ça ne va faire que régresser au fil du temps.
08:30 57% en 1846, 15% en 1968, 9,4% en 1975, 2,1% en 2000, et aujourd'hui, 1,3%.
08:46 Donc, il y a un véritable basculement, c'est le moins qu'on puisse dire.
08:50 Or, même si la France se dépaysanise, appelons ça comme ça,
08:55 la mentalité, la culture, les schémas de l'imaginaire
08:59 qui étaient liés à la civilisation paysanne,
09:01 eux ont survécu aux structures matérielles de la paysannerie.
09:04 Ce qu'avait exploré de manière intéressante Patrick Buisson,
09:07 notamment dans son livre La fin d'un monde,
09:09 où il cherchait à voir comment cette mentalité survivait
09:12 aux conditions matérielles qui avaient produit cette mentalité.
09:14 Qu'est-ce que c'est, cette mentalité?
09:16 C'est la culture de l'enracinement, c'est la culture de la permanence,
09:19 c'est la culture de l'identité.
09:20 C'est justement cette idée d'un pays qui ne se dissout pas dans une abstraction.
09:24 Et ça, politiquement, il a été longtemps payant,
09:27 et même aujourd'hui, de se réclamer de cette imaginaire,
09:30 de cette longue mémoire française.
09:32 Je suis moi aussi de cette France des profondeurs.
09:35 L'exemple qui nous vient à l'esprit, probablement, c'est 1981.
09:38 François Mitterrand, qui se présente,
09:40 et en 1988, il fera la même image d'ailleurs,
09:43 derrière un clocher d'église, dans un village français,
09:46 loin justement de l'agitation mondaine qu'il courait,
09:49 pourtant, lui, qui était à la fois homme des subtilités parisiennes,
09:53 et aussi homme de l'enracinement,
09:55 eh bien, quand venait le temps de mettre de l'avant son identité française,
09:59 lui, le socialiste, c'était à la France rurale,
10:01 et même catholique, c'est vers elle qu'il se tournait.
10:04 Jacques Chirac, Jacques Chirac, qui n'était pas nécessairement le plus aimé,
10:07 et en fait, il a été très aimé une fois qu'il s'est retiré de la vie politique,
10:10 mais quelle était la marque de l'authenticité chiracienne?
10:12 C'était l'homme qui aimait tâter le cul des vaches.
10:15 - Ils sont prêts!
10:16 - Non, mais quel élément de plus!
10:18 - Oh non, Chirac!
10:19 - Je précise, je parle que des...
10:21 - Il aimait la bonne chair.
10:22 - Il aimait la bonne chair, la tête de veau, il aimait aligner les plats, les plats, les plats,
10:26 donc il donnait l'impression véritablement de l'authentique,
10:28 l'homme qui était plongé dans la paysannerie française,
10:30 qui goûtait, qui goûtait le pays.
10:33 Et de ce point de vue, d'ailleurs, je crois que c'est Gisbert qui disait,
10:35 on se méfie en France d'un président qui n'a pas une bonne fourchette.
10:38 Excellente raison de se méfier d'ailleurs, soit dit en passant.
10:41 (rires)
10:42 Alors, et aujourd'hui, il y a le Sermon de l'agriculture dont on parle évidemment,
10:46 donc ça devient un peu le symbole, parce qu'on le sait, la France n'est plus un pays paysan,
10:50 la France n'est plus ce pays auquel elle rêve.
10:53 La France matérielle, la France où les gens habitent, la France américanisée,
10:56 la France mondialisée, la France européanisée,
10:59 n'est plus nécessairement la France telle qu'elle a toujours été,
11:02 et pourtant, dans un symbole comme l'agriculture au sens large,
11:05 la paysannerie, ou ce qui en reste symboliquement,
11:07 eh bien on s'y tourne en disant, il y a une marque d'authenticité,
11:09 il y a une profondeur qui se trouve là.
11:11 Tout en sachant, en quelques mots, qu'aujourd'hui, la situation des agriculteurs
11:15 et des paysans est souvent difficile, pour ne pas dire catastrophique.
11:18 Un métier qui peine à se renouveler, la modernité ne pousse pas spontanément
11:21 les gens vers de tels métiers.
11:23 Le suicide des agriculteurs, il faut quand même le garder à l'esprit, c'est un drame.
11:27 La difficulté pour plusieurs à partir en retraite, à trouver des gens
11:30 pour reprendre l'exploitation qu'ils ont.
11:32 Soit dit en passant, Michel Houellebecq, l'homme qui voit tout avant tout le monde,
11:35 dans Sérotonine avait annoncé une révolte des agriculteurs,
11:38 comme s'il s'agissait aussi d'une révolte désespérée du pays réel.
11:42 Donc gardons tout ça à l'esprit, quand on aborde la question de l'agriculture aujourd'hui,
11:45 c'est une longue histoire, c'est une mémoire, c'est une civilisation,
11:48 et c'est aussi un mode de vie.
11:50 - Je dis en titre que dans les années 90, la France était le deuxième pays exportateur
11:53 de produits agricoles, aujourd'hui sixième,
11:55 aujourd'hui quand même première au niveau européen, que retenir de ça?
11:59 - C'est assez intéressant, quand on se penche sur cette question,
12:01 il y a une querelle de spécialistes, comme en tout sujet.
12:04 Donc est-ce que ça va très mal ou très très mal?
12:06 Ce sont les deux options qui se prennent.
12:08 Il y a toujours celui qui dit non mais ça va bien,
12:10 si on voit les choses autrement avec un autre angle, une autre loupe,
12:12 et en s'enlevant les lunettes, soudainement tout est clair.
12:14 Quoi qu'il en soit, il y a une situation, on a constaté avec la COVID,
12:19 parce qu'il y a eu une crise de panique à ce moment-là, qu'on peut comprendre,
12:22 il y a eu ce sentiment que la France avait encore sa souveraineté alimentaire.
12:26 C'est un thème qui tournait en 2017, Emmanuel Macron,
12:28 dans la campagne présidentielle, parle de la souveraineté alimentaire.
12:31 Est-ce que la France l'a encore aujourd'hui?
12:33 Et ce que l'on constate, c'est que pas vraiment, pour ne pas dire pas du tout.
12:37 Donc pour les produits, on pourrait faire une longue liste des produits
12:40 qui sont aujourd'hui importés, donc un débalancement pour les fruits,
12:44 les légumes, le poulet, je pourrais faire une longue liste de produits
12:47 en tant que tel.
12:48 - Un poulet, 70 % des fruits, c'est rien.
12:50 - C'est quand même majeur, c'est majeur.
12:52 Et avec cette particularité que ça demeure néanmoins
12:54 le grand producteur agricole d'Europe,
12:56 et là il y a une dimension qui est assez intéressante,
12:58 parce que la France produit beaucoup.
13:00 Quand on cherche à comprendre pourquoi les Français ne consomment-ils pas
13:02 nécessairement ce qu'ils produisent, Emmanuel Macron avait donné une stratégie
13:05 qui nous permet de comprendre un peu, Dimitri l'avait déjà évoqué
13:08 sur le vin en d'autres circonstances, c'est l'idée de faire un produit niché,
13:12 un produit spécifique, un produit orienté,
13:15 donc on ne peut pas avoir la quantité, on n'a pas les moyens de la Pologne
13:19 ou de l'Ukraine, autrefois on disait, c'est-à-dire qu'il y avait
13:22 des capacités de produire massivement à bas prix.
13:25 On a des contraintes ici qui font en sorte, mais on va avoir des produits
13:28 très nichés pour une catégorie de la population qui a des moyens
13:30 d'avoir des produits dits de luxe, comme si d'une certaine manière,
13:33 pour les Français, il fallait avoir beaucoup de moyens pour avoir
13:36 les moyens de consommer des produits français.
13:39 J'ajoute, et ça, ça revient toujours quand on s'intéresse à cette question,
13:42 les contraintes dans la production, imposées notamment par l'Europe
13:46 avec le fameux programme de la firme à la fourchette, Farm to Fork,
13:50 comme disent ceux qui aiment parler anglais.
13:52 Alors ce programme, parmi tant d'autres, multiplie les contraintes
13:55 pour les agriculteurs qui voient aujourd'hui à quel point c'est difficile
13:58 de produire, tout simplement. Donc les complications au quotidien,
14:02 les complications industrielles, les complications économiques
14:04 pour les agriculteurs se sont multipliées aussi.
14:07 Alors certains se demandent est-ce qu'il est possible d'espérer quelque chose
14:10 comme un retour aujourd'hui, un retour à la production locale.
14:12 On parlait de ça pendant la COVID. Retour au local, inscrit dans notre
14:18 environnement, la production agricole. C'est un horizon.
14:22 On nous dit que c'est possible. Quand on regarde un peu, on dit
14:24 que c'est possible si on le voulait vraiment, mais ça impliquerait
14:26 justement de rompre avec ce modèle où on multiplie les interdictions
14:29 qui mettent des bâtons dans les roues des agriculteurs.
14:32 - Alors qui dit agriculture dit d'une manière ou d'une autre gastronomie.
14:36 Est-ce que cette dernière est elle aussi frangilisée par tout ce que vous venez d'écrire?
14:42 - Alors c'est une scène qui m'a touché au Salon de l'agriculture,
14:45 qui touche celui qui a déjà occupé ce poste ici, c'est Éric Zemmour
14:48 qui parlait du cognac. Il disait « Ah le cognac, il chantait les vertus du cognac. »
14:53 Et je le comprends parce que c'est magnifique. Le cognac, soyons sérieux.
14:56 - L'abus d'alcool est dangereux pour la santé.
14:58 - Mais l'absence d'alcool est dangereux pour l'âme.
15:01 - Ah ben merci, j'ai pas d'âme alors.
15:03 - Mais si, mais si. Vous êtes l'exception.
15:05 - C'est vraiment auto-naturel.
15:07 - Et ce qui est intéressant, c'est que Zemmour chantait le cognac,
15:10 qui est une marque, quand on regarde dans le monde, on se dit
15:12 quel est le digestif français. C'est le cognac, évidemment.
15:15 Mais les Français consomment très peu aujourd'hui.
15:17 Le cognac ne se produit pas pour les Français. Son véritable marché,
15:20 c'est en Asie, c'est un peu aux États-Unis. Donc quelquefois,
15:23 les produits qui sont les marques distinctives de la gastronomie
15:26 française ne sont plus consommés par les Français.
15:28 Dimitri, j'y faisais référence, parlait l'autre fois de la culture du vin.
15:31 C'est un véritable problème aussi. Le fait que la culture du vin,
15:33 comme la culture du digestif, se perd aussi. Donc on continue de boire,
15:36 mais quelquefois de manière américaine, de manière industrielle.
15:39 On a perdu la culture du palais, quelquefois.
15:42 Mais la question de la nourriture, de la gastronomie,
15:45 demeure une question politique. Rappelons-nous comment Fabien Roussel
15:47 est devenu soudainement... il est passé de chef communiste oublié
15:50 à homme politique d'envergure. C'est lorsqu'il a dit
15:53 « une bonne viande, un bon fromage, un bon vin ».
15:56 Donc réclamant le droit à la gastronomie française pour le commun des mortels,
15:59 c'était pas mal. Mais cela dit, un dernier point, en un mot.
16:02 Il y a une triple menace aujourd'hui. Quand on parle de gastronomie,
16:05 on parle de rapport à sa propre culture. Il y a une triple menace.
16:08 D'abord, la malbouffe américaine qui ravage les palais,
16:11 qui ravage les corps, qui ravage la culture, qui ravage l'imaginaire.
16:15 La malbouffisation d'existence, c'est terrible.
16:18 La standardisation des saveurs aussi, qui vient avec la production industrielle
16:22 des saveurs. Et finalement, le nouvel hygiénisme terrifiant,
16:25 le véganisme, le refus justement... je parle pas de marque ici, évidemment,
16:29 mais le refus d'alcool, le refus du banquet. Donc cette espèce de véganisme étrange
16:33 qui veut nous transformer en puritain scandinave. Cette espèce d'idée
16:36 qu'on devrait trouver le bonheur dans l'ascétisme, dans le refus de la table,
16:39 dans le refus du banquet. Ça aussi, ça menace, je crois,
16:42 la culture française dans une de ses parts les plus belles.
16:45 - Notre identité qui s'envole. Juste une information.
16:48 Marc Fesneau, au Salon de l'agriculture, a annoncé un plan du gouvernement
16:52 destiné à reconquérir la souveraineté de la France en fruits et en légumes
16:56 doté de 200 millions d'euros en 2023.
17:00 - Et qui est Marc Fesneau ? C'est la personne qui est accompagnée, M. Macron ?
17:03 - C'est le ministre de l'agriculture. - Ah d'accord.
17:06 - Le petit stagiaire à côté. - Je vous en prie.
17:09 Guillaume Bigot, Camaillot, Gosport, Sainte-Marina,
17:14 de nombreux enseignes de prêt-à-porter ont déjà mis ou s'apprêtent
17:18 à mettre la clé sous la porte. On a envie de comprendre
17:21 qu'est-ce qui se passe. Et peut-être faire un lien par rapport
17:24 à la chronique d'avant, parce qu'effectivement, on n'importe tellement
17:27 tout ce qu'on mange, mais aussi la façon dont on s'habille.
17:30 - C'est très juste. Et là, c'est bien, bien pire.
17:33 Si on parle de statistiques tout de suite, vous avez une idée
17:36 de quelle quantité de vêtements on porte et on produit en France ?
17:41 3%. On importe 70% de nos fruits et de nos légumes,
17:46 mais on importe 97% de nos vêtements.
17:50 Donc c'est absolument incroyable. Et donc là, les marques dont vous parlez
17:53 ne sont pas des fabricants de vêtements, ce sont des distributeurs de vêtements.
17:56 Et comme on nous a tout pris, même les mots, on ne parle même pas
17:59 de grande distribution, on parle de "retail".
18:02 Alors, très peu de vêtements sont fabriqués en France.
18:06 Donc quand on dit aux Français, c'est vraiment, vraiment, vous devriez
18:09 vous habiller en France ou acheter français, mais peut-être,
18:12 mais on ne produit quasiment plus rien. Enfin, ce qu'on produit comme vêtements
18:15 en France, c'est tellement cher que ce n'est pas pour les Français,
18:18 c'est pour les étrangers, c'est pour exporter. Et les marques dont vous avez cité,
18:22 effectivement, il y en a toute une quirielle, la liste est très longue,
18:25 Camailleux, Sandmarina, ça c'est des chaussures, Célio, André,
18:30 qui ont disparu, Corse et Bien, Koukaï, Pimki, Copine, Minnelli,
18:35 Gosport, Galerie Lafayette, C&A, enfin bref, il y en a qui ne vont pas tarder
18:39 aussi à disparaître. Qu'est-ce qui est arrivé à tous ces gens-là ?
18:42 En ce modo, les gilets jaunes et les manifestations "Première réforme
18:46 des retraites 2018-2019", ça n'a pas été terrible pour eux, ça n'a pas été terrible
18:49 pour le commerce. Ensuite, on a eu la crise sanitaire. La crise sanitaire,
18:52 bien non essentielle, donc là, plus de clients, comme ça, c'est réglé.
18:55 Et puis, le télétravail. Télétravail, on peut aller en t-shirt devant sa cam,
18:59 on n'a plus besoin d'acheter sa cam. - La caméra.
19:02 - Attention, je ne parle pas de M. Palmade, je parle du télétravailleur.
19:05 Donc là, on met un t-shirt et plus une chemise, surtout pas.
19:10 J'essaie de rester sérieux parce qu'avec Marc, c'est difficile.
19:12 Et enfin, l'inflation leur a vraiment donné le coup de grâce à tous ces gens-là.
19:16 Inflation d'énergie, inflation des matières premières comme le coton, etc.
19:20 Alors évidemment, un certain nombre de ces entreprises n'ont pas pris
19:23 les bons virages. On fait des erreurs stratégiques, mal agencés le virage
19:28 du numérique, le virage du durable, peu d'identité de marque,
19:32 identité de marque pas très forte, etc. Mais surtout, ces entreprises,
19:36 ces grandes entreprises que vous avez citées, qui ont disparu,
19:38 qui vont disparaître, elles ont comme caractéristique de s'être vraiment,
19:43 vraiment régalées, en quelque sorte, d'avoir fait un énorme carton
19:46 à partir du moment où la Chine est rentrée dans l'OMC, parce qu'elles ont
19:49 tout misé sur les produits bas de gamme et le textile vraiment,
19:53 vraiment bas de gamme. Et là, évidemment, on a dit, c'est pas grave,
19:56 faut laisser filer cette industrie textile, ça n'a aucune importance,
19:59 on va se concentrer, nous, dans le haut de gamme, dans la valeur ajoutée, etc.
20:02 Très bien. Alors pendant un certain temps, effectivement, ça a eu pour effet
20:05 de baisser le prix des produits. Mais comme rien n'a vraiment pris le relais,
20:09 en fait, le prix des produits est baissé, mais le prix des salaires a baissé.
20:12 Le prix des salaires a baissé et le prix des charges a augmenté.
20:15 Donc à un moment, les deux courbes se sont croisées.
20:17 Voilà, donc on arrive à un moment où effectivement, certains ont bien
20:20 fait la culbute en se gavant comme il faut, en déplaçant les capitaux
20:23 à l'étranger, mais les gens n'ont plus de quoi acheter aujourd'hui.
20:27 On en est là.
20:28 Vous voulez dire que c'est la loi du capitalisme et du commerce,
20:31 de voir des magasins, des marques disparaître et d'autres apparaître ?
20:35 En tout cas, c'est vrai que les gros, en situation de crise,
20:38 on va décrire aussi des crises qui ont bouleversé le marché,
20:41 en plus de phénomènes structurels. Les gros tiennent le choc.
20:44 Par exemple, un Zara, une enseigne espagnole que tout le monde connaît,
20:48 ils sont dans le fast fashion. C'est le fait que les gens ont envie maintenant
20:51 de changer leur garde-robe tout le temps. On n'est plus dans la propriété,
20:55 c'est-à-dire qu'on est quasiment dans une économie de l'usage.
20:57 Ça nous amènerait sur un autre édito. Ou le japonais Uniqlo,
21:00 avec la mode de l'androgyne et la trait pour l'Asie.
21:04 Ces grosses marques-là, elles résistent. Et puis, il y a des entreprises
21:08 aussi françaises qui ont su s'adapter indiscutablement,
21:12 pas dire le contraire. Kiabi, par exemple, c'est une entreprise
21:15 qui s'est spécialisée dans les enfants, qui s'est spécialisée
21:18 dans le bas de gamme. Ça fonctionne plutôt bien. Promod, par exemple,
21:22 c'est des gens qui ont divisé par deux le nombre de boutiques,
21:25 le nombre de stocks, et ils se sont mis dans ce qu'on appelle,
21:28 les spécialistes appellent le mastige, le prestige de masse.
21:31 Il y a aussi des gens qui ont fait plus dans la niche, pour reprendre
21:34 l'expression qu'a utilisée Mathieu, c'est-à-dire Balzac Paris.
21:37 C'est une marque que je ne connaissais pas. Ils se sont mis dans la stratégie
21:40 du durable. Ils utilisent du coton, par exemple, des fibres bio recyclées.
21:44 Ça fonctionne très bien. Une marque qui s'appelle Asphalt.
21:48 Eux, ils ont tout disrupté, comme on dit, puisqu'ils ne vendent plus
21:52 que sur Internet, d'une part, et d'autre part, ils ne produisent
21:55 que ce qui est commandé. Et puis, il y a beaucoup de seconde main,
21:59 de vintage, comme on dit. Ce qui est sûr, c'est que le robinet d'eau tiède,
22:03 c'est terminé. Il faut qu'il y ait une identité de marque très forte.
22:06 Il faut qu'il y ait des réseaux sociaux. Et enfin, le produit moyen,
22:10 pour le français, ça n'existe plus. Pourquoi ? Parce que les gens
22:13 n'ont plus l'argent pour l'acheter. Donc, vous avez un marché qui est
22:16 du marché du haut de gamme et le marché du bas de gamme.
22:19 Et cette sobriété, évidemment, elle est subie maintenant.
22:21 Ils n'ont pas de choix, les français, que d'acheter des choses pas chères.
22:24 Très intéressant. Toujours le parallèle avec l'alimentation.
22:27 Je ferme la parenthèse. C'est vrai.
22:29 Vous voulez nous rassurer, mais les effets sociaux, économiques,
22:33 des fermetures ou des difficultés de Sainte-Marina, Camailleux,
22:36 Gousseport et autres siliots, ne sont-ils pas quand même inquiétants
22:39 pour notre pays, la France, pour nous ?
22:42 Vous avez raison. Au Camailleux, c'est 5 600 emplois qui ont été
22:45 rayés de la carte. Sainte-Marina, 680. Il y avait Sélio, 400.
22:48 On ne va pas faire toute la liste. Il y en a beaucoup qui ont déjà disparu.
22:51 En 10 ans, par exemple, 40 % d'emplois ont été soufflés
22:55 dans le secteur du textile. En 20 ans, 2 emplois sur 3 ont disparu.
22:58 Et là, si on prend des balises, 1990, un demi-million de Français
23:02 travaillent dans le textile. 2020, 62 000.
23:05 C'est réglé. Moins de 100 000. Ah oui, non, c'est Hiroshima.
23:08 C'est vraiment l'Union européenne, le libre-échange, tout ça,
23:11 c'est Hiroshima en matière d'emplois. Il n'y a plus rien.
23:14 Alors, on nous explique que le taux de chômage est quand même très faible,
23:17 8 %. Oui, d'accord. Alors, 8 %. Vous allez, dans ce cas,
23:21 compter tous les chômeurs, éviter de rayer des gens du chômage,
23:25 rapidement, et vous allez enlever l'effet d'aubaine des 800 000 apprentis.
23:29 Vous tombez sur un taux de chômage qui est historique.
23:32 On n'a jamais eu ce taux de chômage en France depuis les années 30.
23:35 On est peut-être à 18 % de taux de chômage réel.
23:38 C'est colossal. C'est ça, la réalité. Comme il y a beaucoup de lèche-bautisme,
23:41 on ne va pas creuser les informations que donne le gouvernement.
23:44 C'est comme ça, la réalité. Maintenant, ensuite, il y a cet effet
23:47 de désertification des centres-villes. Et j'ai dit du mal du gouvernement.
23:50 Je peux commencer par dire du bien du gouvernement, cette fois-ci.
23:53 Il faut être juste. C'était plutôt intelligent d'essayer de réhabiliter
23:56 les centres-villes. En 2017, il y a eu un plan Action cœur de ville.
23:59 En 2022, ils ont remis 5 milliards pour réhabiliter 234 centres-villes,
24:02 surtout des petites et moyennes villes de moins de 100 000 habitants.
24:06 Parce que c'est là où se trouvaient les fameuses boutiques
24:09 qui vendaient les marques dont vous parlez, qui ont disparu.
24:12 Le problème, c'est qu'on voit bien qu'il y a un problème de cohérence.
24:14 Parce que d'un côté, si on laisse ces entreprises disparaître,
24:16 je ne dis pas que c'est simple, mais en tout cas, on les a laissées disparaître.
24:19 Si on ne prend aucune mesure, par exemple, pour protéger les boulangers,
24:22 si on ne fait pas attention aux effets des confinements,
24:25 des biens non essentiels, etc. Donc l'argent qu'on met d'un côté
24:28 pour essayer de maintenir l'attractivité de ces centres-villes
24:31 alors que ces entreprises disparaissent, ça pose problème.
24:33 Et on voit bien qu'il n'y a pas de cap, il n'y a pas de stratégie.
24:35 On est dans une sorte de politique, si vous voulez,
24:37 des soins palliatifs économiques, de gérer les effets.
24:40 Enfin, ce qui est inquiétant aussi, c'est que le pic de la consommation
24:43 des vêtements, c'est environ vers 30 ans.
24:45 Plein de raisons à ça, on ne va pas rentrer dans le détail,
24:48 mais grosso modo, si cette consommation de vêtements diminue de 10%,
24:51 ça veut dire qu'il y a moins de jeunes actifs en proportion,
24:54 et il y a surtout moins de jeunes actifs qui ont de l'argent.
24:56 Et enfin, pour terminer, il y a ce phénomène le plus important,
24:58 c'est ma conclusion, de polarisation entre le haut de gamme
25:01 et le bas de gamme. On est vraiment dans ce que les sociologues
25:03 appellent maintenant la société en sablier.
25:05 Il y a beaucoup de gens au sommet, il y a beaucoup de gens à la base,
25:08 et au milieu, il n'y a plus rien.
25:09 Et en réalité, avec un revenu médian à 1 800 euros,
25:12 on utilise toujours le terme de classe moyenne,
25:15 mais la réalité statistique, elle n'existe plus.
25:17 On marque une pause, et j'ai une petite question surprise pour vous.
25:22 Oula.
25:28 Dans un instant, on parlera, on fera un tour de table
25:31 sur cette mosquée qui a été taguée à Bordeaux.
25:34 On se demandera si on est dans une guerre de religions.
25:37 On parlera de ça avec vous, pour savoir un peu,
25:39 est-ce que c'est un peu un remake, si vous permettez l'expression,
25:42 et cet anglicisme. On fera aussi, on parlera avec vous,
25:47 mon cher Mathieu, de tout ce qui est drogue,
25:51 et du plan qui a été annoncé, en tout cas de la saisie historique,
25:54 tout est toujours hystérique en drogue, aujourd'hui par le gouvernement,
25:59 on parlera de ça dans un instant, et puis #facealinfo,
26:01 aujourd'hui c'est la journée du compliment,
26:03 mettez tous les compliments pour les chroniqueurs autour de vous,
26:06 et à 20h, la minute du compliment, pour terminer.
26:10 Ça sera trop.
26:11 À 20h, je donne les résultats.
26:14 Juste avant de continuer avec Charlotte, une question.
26:16 Vous avez été complètement choqué, vous en avez parlé tous les jours
26:19 de cette semaine, de la sortie de Roselyne Bachelot
26:21 à propos de la haine des riches.
26:22 Non mais très rapidement, 10 secondes, pourquoi est-ce que vous avez été
26:25 autant choqué par ce qu'a dit un ancien ministre de la Culture
26:28 sur la haine des riches ? En 10 secondes.
26:30 Parce que c'est rien comprendre à la France,
26:32 parce qu'en fait, il y a un très grand sociologue
26:34 qui s'appelle Philippe Dirybarne, qui explique très bien
26:37 que ce qu'est la France, c'est l'aspiration spécifique
26:40 à l'égalité en France, qui est très forte, le sentiment d'égalité,
26:43 c'est vraiment de revendiquer la noblesse,
26:46 c'est que le sentiment de noblesse, c'est que les gens en France
26:48 veulent que tout le monde soit traité de la même façon.
26:50 C'est ça, le sentiment d'égalité français,
26:53 c'est vraiment la démocratisation de la noblesse, en quelque sorte.
26:56 C'est la tirade du non-merci dans Cyrano de Bergerac.
26:59 Un Français ne veut pas baisser la tête.
27:01 C'est ça que ne comprennent pas les gens qui nous dirigent,
27:04 qui sont profondément américanisés,
27:06 ils ne comprennent pas que c'est pas...
27:08 Ils n'en ont pas contre les milliardaires,
27:10 ils n'en ont pas contre les riches, simplement,
27:12 ils veulent la dignité.
27:13 Et ça, manifestement, Madame Bachelot,
27:15 elle ne comprend pas ce que ça veut dire.
27:16 Merci pour votre regard.
27:18 La presse algérienne vient d'annoncer
27:21 que le pays suspendait la délivrance
27:23 de laissés-passés consulaires à la France,
27:25 Charlotte Dornelas, rendant donc impossible
27:27 tout retour de ressortissants algériens clandestins
27:30 visés par une QTF.
27:32 Alors, nous pensions que tout allait mieux,
27:34 et j'aimerais bien comprendre ce qui s'est passé réellement,
27:36 parce que... Des chuchotements, des bruits de couloir,
27:39 mais on n'a rien de vraiment... On ne comprend pas, en fait.
27:41 C'est ça, alors, sur cette histoire de laissés-passés consulaires,
27:43 bon, maintenant, tout le monde a compris
27:44 ce qu'était un laissé-passé consulaire,
27:45 c'est le fameux sésame que nous donnent
27:47 les consulats des pays d'origine
27:49 quand nous voulons éloigner quelqu'un.
27:51 Et il se trouve que plusieurs médias algériens
27:53 ont en effet annoncé que l'Algérie suspendait ça.
27:56 Alors, il n'y a pas eu de confirmation officielle
27:58 ni du côté algérien, ni du côté français pour l'instant,
28:00 mais plusieurs médias s'en sont fait l'écho,
28:02 et ce qu'il y a d'absolument certain,
28:04 c'est que le torchon brûle, pour reprendre l'expression.
28:07 Alors, bon, ça fait quand même quelques années
28:09 qu'il n'y a plus de torchon à force de brûlure, à mon avis,
28:11 mais ça ne va pas du tout entre la France et l'Algérie,
28:13 et en effet, nous avions l'impression
28:15 que Liddy l'avait repris, donc on ne comprend plus rien.
28:17 Bon, alors cette fois-ci, le prétexte
28:19 trouvé par les autorités algériennes
28:21 s'appelle Amira Bouraoui.
28:23 Alors, on n'en a pas beaucoup entendu parler en France,
28:25 mais alors en Algérie, ça fait les choux gras de la presse
28:28 depuis trois semaines.
28:29 Alors, cette femme, c'est une militante,
28:31 elle est gynécologue initialement,
28:33 militante et journaliste dans le pays,
28:35 et elle est figure, on va dire, de l'opposition,
28:38 notamment à Bouteflika, à l'époque,
28:40 quand il avait fait son AVC, qu'il briguait
28:42 un troisième puis un quatrième mandat.
28:44 Elle s'était fait connaître à ce moment-là
28:46 et elle a été grande figure du mouvement du Hirak,
28:48 vous savez, ce mouvement, il y a quelques années,
28:50 qui avait conduit à la destitution,
28:52 à la démission de Bouteflika,
28:54 remplacée depuis par le président Tebboune.
28:56 Elle avait été très médiatisée à ce moment-là
29:00 et il se trouve que cette femme
29:02 a été exfiltrée vers la France
29:04 le 6 février dernier.
29:06 Et deux jours plus tard, le président algérien
29:08 ordonnait le rappel de l'ambassadeur d'Algérie
29:12 avec effet immédiat, disait-il,
29:14 à la suite de ce qu'il qualifiait
29:16 d'exfiltration clandestine et illégale,
29:18 donc le rapatriement de cette femme en France.
29:21 Alors, qu'est-ce qui s'est passé exactement ?
29:23 Elle a découvert, cette femme,
29:25 qu'elle était interdite de sortie du territoire algérien
29:28 en 2021, puis en 2022,
29:30 et son fils habite à Paris.
29:32 Donc, elle voulait venir voir son fils
29:34 et elle n'avait pas le droit de quitter le territoire.
29:36 Donc, elle a décidé de passer clandestinement en Tunisie
29:38 pour pouvoir rejoindre la France
29:40 pour venir voir son fils.
29:42 Elle a passé clandestinement la frontière tunisienne,
29:44 elle a été interpellée par la police tunisienne
29:47 avant de prendre l'avion.
29:49 Donc, tout ça a été début février.
29:51 Elle a été remise en liberté par la justice tunisienne
29:54 qui a dit "on la remet en liberté"
29:56 en attendant l'audience du 23 février
29:58 pour savoir si, oui ou non,
30:00 elle est expulsée vers l'Algérie.
30:03 Et entre les deux, la police n'a pas respecté,
30:05 on va dire, la remise en liberté de cette femme
30:07 et l'a embarquée.
30:09 Et est apparu en effet le consulat français
30:11 qui a sorti cette femme
30:13 des griffes, on va dire,
30:15 de la police tunisienne pour la rapatrier en France
30:17 tout simplement parce qu'elle est
30:19 pas seulement algérienne, cette femme,
30:21 elle est franco-algérienne.
30:23 Donc, le consulat est intervenu pour rapatrier cette femme.
30:25 Alors, Alger a immédiatement réagi
30:27 en dénonçant une attente à sa souveraineté
30:29 puisqu'elle n'avait pas le droit de sortir du territoire,
30:31 a rappelé son ambassadeur
30:33 et la presse annonce là aujourd'hui,
30:35 donc trois semaines plus tard,
30:37 une semaine suspension des laissés-passer consulaires.
30:39 Ce qui est sûr, c'est que depuis
30:41 ce 6 février en Algérie,
30:43 la tension ne baisse pas du tout
30:45 et la France qui est devenue la matrice
30:47 de toute la gestion
30:49 politique de l'Algérie
30:51 depuis
30:53 la fin de Bouteflika, on va dire,
30:55 déjà sous Bouteflika, on n'avait pas très bonne presse.
30:57 Mais alors là, depuis, c'est-à-dire que tout est en fonction
30:59 de la France dans le discours algérien.
31:01 Et alors Emmanuel Macron, et c'est peut-être ça la nouveauté,
31:03 a tenté de minimiser.
31:05 Et il a parlé de ça, notamment lors de son voyage
31:07 en Afrique actuellement.
31:09 Il a tenté de minimiser, on va dire,
31:11 cette histoire-là en disant, je le cite,
31:13 "Il y a eu une polémique sur le retour en France
31:15 d'une franco-algérienne depuis la Tunisie,
31:17 avec aussi beaucoup de choses qui ont été
31:19 racontées et un discours qui s'est
31:21 construit." Voilà, vous voyez dans cette
31:23 déclaration qu'Emmanuel Macron en parle sans en
31:25 parler, il n'a jamais cité le nom de cette femme.
31:27 Il a parlé d'un coup de grisou.
31:29 Et alors la presse algérienne se déchaîne
31:31 sur cette histoire.
31:33 Et lui vise, en gros,
31:35 il a dit dans une déclaration que
31:37 certains avaient intérêt à
31:39 casser, on va dire, les
31:41 bonnes relations qu'il est en train d'installer avec
31:43 l'Algérie. Bon alors, on pourrait revenir sur les
31:45 fameuses bonnes relations, parce que
31:47 le président Macron fait tout ce qu'il peut
31:49 et il espère beaucoup, mais du côté algérien,
31:51 les bonnes relations, on n'y est pas. Et on l'a vu
31:53 à de nombreuses reprises. Simplement,
31:55 pour vous donner quelques idées, j'ai noté
31:57 une des journaux après les déclarations d'Emmanuel
31:59 Macron. On a le baiser de Judas
32:01 avec Emmanuel Macron qui embrasse le président
32:03 Tebboune. La flibusterie du quai d'Orsay.
32:05 Retour au point zéro sur les relations
32:07 franco-algériennes. Point de non-retour
32:09 atteint par la France. Et
32:11 Drian Court justifie la décision.
32:13 Drian Court, vous savez, c'est cet ex-ambassadeur
32:15 en Algérie qui a, il y a un
32:17 mois, publié une tribune pour dénoncer
32:19 la naïveté de la France sur
32:21 la haine antifrançaise de l'Algérie.
32:23 Et qui, depuis, est
32:25 vilipendé par la presse algérienne.
32:27 Petit point, la presse
32:29 algérienne est particulièrement
32:31 visée par le nouveau gouvernement. C'est-à-dire que
32:33 le mouvement du Hirak avait
32:35 laissé imaginer à plusieurs Algériens une
32:37 démocratisation du pays. Bouteflika
32:39 est parti. Simplement, le fameux
32:41 pouvoir, vous savez, politico-
32:43 militaire que Emmanuel Macron,
32:45 lui-même d'ailleurs, avait visé, a
32:47 repris complètement la main, mettant
32:49 des opposants politiques en prison. Et
32:51 beaucoup de journalistes, il y a des médias entiers qui ont
32:53 fermé des journalistes qui ont été emprisonnés.
32:55 Et cette femme faisait partie, on va dire,
32:57 de la langue liste. Donc le discours aujourd'hui de la presse
32:59 algérienne, il est très raccord avec le
33:01 pouvoir algérien, puisqu'il n'a pas le
33:03 choix. Donc on a une presse
33:05 extrêmement triomphaliste sur
33:07 cette, on va dire
33:09 cette nouvelle
33:11 guerre entre la France et l'Algérie.
33:13 Et du côté de la France, on n'en parle pas
33:15 beaucoup. Un deuxième point, c'est-à-dire
33:17 qu'Emmanuel Macron ne veut pas s'attarder
33:19 sur cette polémique parce qu'il veut qu'on conserve
33:21 l'idée d'une bonne relation. Souvenez-vous,
33:23 en août, il avait été en Algérie
33:25 pour essayer justement de régler le problème
33:27 après sa déclaration, un, sur la rente
33:29 mémorielle, deux, sur le système
33:31 politico-militaire
33:33 qui règne à la tête de l'Algérie.
33:35 Mais on se souvient qu'à l'issue de cette visite,
33:37 tout le monde avait dit que ça va beaucoup mieux entre les deux pays.
33:39 C'était extrêmement tendu et il avait fallu
33:41 renoncer à la réduction des visas
33:43 pour que ça se passe le mieux possible.
33:45 Donc on n'était pas non plus sur une idylle
33:47 comme certains nous l'ont raconté.
33:49 L'Algérie avait déjà
33:51 été accusée pour son manque de
33:53 collaboration. Paris avait
33:55 réduit le nombre de visas, on en avait
33:57 parlé, puis rétablit
33:59 les choses, on en avait parlé.
34:01 On repart donc sur les laissés-passer
34:03 consulaires. Qu'est-ce que ça signifie
34:05 du coup cette annonce ?
34:07 Que l'Algérie, d'abord,
34:09 gère deux choses en même temps.
34:11 Le gouvernement algérien, en l'occurrence,
34:13 gère deux choses en même temps. Une politique
34:15 intérieure, c'est-à-dire que réellement, et là c'est
34:17 Xavier de Riancourt, le fameux ancien
34:19 ambassadeur en Algérie, qui
34:21 répète tant qu'il le
34:23 faut, entre guillemets, que la France
34:25 est réellement, la haine antifrançaise
34:27 est réellement devenue la matrice du
34:29 gouvernement actuel. Parce que
34:31 vous avez une société extrêmement
34:33 déçue de l'absence de conséquences
34:35 de ce mouvement qu'ils avaient pensé
34:37 historique du Irak.
34:39 Et donc aujourd'hui, il y a un tel durcissement
34:41 du pouvoir en Algérie que
34:43 dans la société, vous avez une immense partie
34:45 de la jeunesse qui ne rêve que d'une chose,
34:47 c'est de visas. Donc le gouvernement
34:49 algérien met la pression
34:51 sur le terrain de l'immigration, à la fois parce qu'ils
34:53 ont besoin de ces visas-là pour calmer
34:55 la colère, on va dire,
34:57 en interne, et qu'ils savent aussi
34:59 que la question de l'immigration est un
35:01 enjeu politique en France. Et donc
35:03 pour mettre le gouvernement français dans l'embarras,
35:05 quoi de mieux que de
35:07 promettre, on va dire,
35:09 une plus grande immigration en France ?
35:11 Ils savent pertinemment que c'est un sujet de pression
35:13 majeure aujourd'hui en Europe, d'ailleurs
35:15 ils ne sont pas les seuls à le savoir, et particulièrement
35:17 en France. Et à l'inverse,
35:19 Paris, qu'est-ce qu'ils avaient fait à Paris ?
35:21 Ils le savaient aussi que c'était un sujet à la fois
35:23 en France et en Algérie
35:25 puisque au moment de la campagne présidentielle,
35:27 on avait eu cette fameuse promesse
35:29 de la réduction des visas pour obliger
35:31 l'Algérie à collaborer sur le terrain
35:33 de l'immigration illégale.
35:35 Sauf que qu'est-ce qui s'est passé ?
35:37 Quand Emmanuel Macron a parlé de rentes
35:39 mémorielles et d'énoncer le système
35:41 militaire en place, immédiatement
35:43 l'Algérie a réagi. Donc là,
35:45 Emmanuel Macron s'est rendu en Algérie
35:47 en disant "Attendez, tout va bien" et donc
35:49 refaisant des courbettes pour
35:51 annuler, on va dire, sa déclaration
35:53 qui était juste par rapport à la situation en Algérie.
35:55 Ensuite, le
35:57 gouvernement algérien ne collaborant pas
35:59 sur ces fameux "laissez-passer consulaires",
36:01 Gérald Darmanin annonce la réduction des visas.
36:03 Hurlement en Algérie, Emmanuel Macron
36:05 dit "Attendez, si jamais vous collaborez
36:07 mieux, on va rétablir les choses".
36:09 L'Algérie accepte quelques ressortissants
36:11 immédiatement, on arrête sur cette politique
36:13 des visas. Donc ce qu'on comprend, c'est
36:15 que c'est l'Algérie, clairement, qui mène
36:17 la danse dans la relation sur ce
36:19 terrain-là. Et on avait déjà
36:21 en effet parlé de ça au moment de la baisse des visas,
36:23 on avait quand même Elisabeth Borne
36:25 en visite en Algérie,
36:27 avant qu'on réduise les visas, qui nous dit
36:29 cette phrase "Le nombre de visas
36:31 d'étudiants délivrés n'a cessé d'augmenter
36:33 même pendant la période de fermeture des frontières
36:35 générées par la pandémie". Donc au moment
36:37 où le gouvernement français essayait de faire un bras de fer
36:39 en disant "On va réduire les visas pour que vous
36:41 collaboriez", la Première Ministre
36:43 en visite en Algérie
36:45 dit "Attendez, que les choses soient claires, on a augmenté
36:47 les visas, c'est formidable". Donc on n'arrive
36:49 pas à tenir la ligne du rapport de force
36:51 qui est pourtant de l'avis de
36:53 plusieurs spécialistes, dont Xavier Triancourt,
36:55 la seule qu'il est possible de mener avec
36:57 ce gouvernement. Et nous
36:59 avons vu ces derniers jours en Afrique, et on en a
37:01 parlé il y a quelques jours, que la propagande antifrançaise,
37:03 notamment avec le retour du discours
37:05 victimaire post-colonial,
37:07 on va dire, joue plein
37:09 jeu en Afrique. Et là, l'Algérie
37:11 s'en sert, déjà l'Algérie s'en sert souvent,
37:13 mais là, ces derniers jours, encore
37:15 plus. Et on voit que l'une des tendances sur
37:17 les réseaux sociaux algériens ces derniers jours,
37:19 c'était le hashtag "L'Afrique
37:21 sans la France, c'est mieux". Et ils se servent
37:23 encore une fois de ce discours-là pour continuer
37:25 à attaquer la France
37:27 de plus belle. Comment concrètement
37:29 concilier de tels
37:31 revirements avec une politique d'éloignement
37:33 qui se veut plus efficace
37:35 qu'avant ? Il faut être clair,
37:37 si l'Algérie refuse de donner
37:39 un seul laissé-passer consulaire, il n'y a
37:41 plus d'éloignement vers l'Algérie. C'est absolument
37:43 impossible d'éloigner
37:45 quelqu'un
37:47 sans laissé-passer consulaire. Mais alors,
37:49 il faut noter une chose, c'est qu'à mon avis, il y a beaucoup
37:51 de communication, même dans cette annonce. Pourquoi ?
37:53 Parce que, à la fois, dans
37:55 les préfectures et dans les centres de rétention
37:57 administrative, j'ai
37:59 passé quelques coups de fil pour savoir où ça en était
38:01 sur les fameux laissés-passer consulaires algériens.
38:03 On m'a dit "C'est bien simple, depuis quelques semaines,
38:05 le consulat algérien à qui on
38:07 demande ses laissés-passer consulaires n'accuse
38:09 même plus réception des demandes des préfectures".
38:11 Donc, en fait, qu'il y ait cette annonce
38:13 ou pas, l'annonce a
38:15 destination à être connue, c'est de la communication,
38:17 mais dans les faits, l'Algérie
38:19 a cessé de collaborer.
38:21 Alors, il y avait eu un petit mieux au moment de cette réduction
38:23 des visas, mais depuis, c'est terminé.
38:25 Donc, ce qu'on comprend, c'est que...
38:27 Personne n'en parle, à la vraie revanche.
38:29 Non, personne n'en parle. Et même là, vous voyez, tous les titres
38:31 que je vous ai donnés, ça fait la une
38:33 de toute la presse algérienne. Et en France,
38:35 il n'y a pas une ligne, parce qu'on ne sait pas, il n'y a pas de
38:37 confirmation officielle sur les laissés-passer consulaires,
38:39 mais par contre, la...
38:41 Comment dire ? La tension diplomatique,
38:43 elle, elle est bien réelle, et il n'y a aucun doute là-dessus.
38:45 Donc, ce qu'on comprend,
38:47 finalement, c'est que, un, l'Algérie
38:49 maîtrise la France dans cette fameuse
38:51 idylle entre les deux
38:53 pays. À quelques mois de la visite du
38:55 président Tebboune en France, ça pose
38:57 un peu une question.
38:59 Deuxièmement, et petite parenthèse,
39:01 l'Algérie ne considère une franco-algérienne
39:03 que comme une algérienne.
39:05 Il faudrait peut-être qu'on ait ça en tête, parce qu'il y a
39:07 elle, en l'occurrence, et je reparle
39:09 là de Amira Bouraoui,
39:11 mais l'Algérie ne considère un franco-algérien
39:13 quand il s'agit de parler de l'Algérie, que comme
39:15 un algérien. La France n'a pas de souveraineté
39:17 sur ce terrain-là. Et trois,
39:19 la France, je crois,
39:21 est seule à penser qu'elle peut réchauffer
39:23 la relation. L'Algérie a besoin
39:25 d'alimenter cette haine
39:27 anti-française. Et encore une fois, quand je dis l'Algérie,
39:29 je parle du gouvernement algérien, en l'occurrence,
39:31 et je terminerai simplement en citant
39:33 justement cette tribune
39:35 qu'il y a un mois de l'ancien ambassadeur
39:37 en France. Il disait "Notre aveuglement
39:39 est une erreur historique. Croire à
39:41 Paris qu'en allant à Alger, en cédant aux Algériens
39:43 sur les dossiers qui leur sont chers,
39:45 à savoir la mémoire et les visas,
39:47 nous les gagnerons à notre cause et les
39:49 amènerons vers plus de coopération est un leurre.
39:51 Les militaires qui dirigent le pays
39:53 n'ont pour leur part ni état d'âme ni scrupule
39:55 quand il s'agit de la
39:57 France. Et je crois que
39:59 cette nouvelle étape, on va dire, dans les
40:01 relations, lui donne encore une fois raison.
40:03 - Merci beaucoup, Charlotte,
40:05 pour ce regard sur
40:07 cette information dont on parle peu.
40:09 Olivier Véran,
40:11 le porte-parole du... Je rappelle, hashtag
40:13 #facealinfojournaiducompliment, on attend les
40:15 compliments sur...
40:17 sur tous les mousquetaires,
40:19 et à 20h, on donnera
40:21 le bilan des compliments.
40:23 Mais Olivier Véran, porte-parole
40:25 du gouvernement, s'est exprimé
40:27 à propos de l'appel de la grève
40:29 du 7 mars. Il a déclaré,
40:31 selon lui, mettre la France
40:33 à l'arrêt pourrait conduire à une
40:35 catastrophe écologique, agricole
40:37 ou sanitaire. Ce serait laisser filer une
40:39 crise que l'on peut encore éviter,
40:41 ce serait négliger la santé de nos
40:43 enfants, ce serait rater le train
40:45 du futur à propos de la grève du 7
40:47 mars. Et nous allons nous arrêter avec vous,
40:49 Marc Menand, à l'heure où les
40:51 syndicats sont tous unis pour cette
40:53 grève qui menace la France, mardi prochain,
40:55 où, c'est la plus
40:57 grave révolte
40:59 fiscale qui a eu lieu, c'était
41:01 un 1er mars, c'était en
41:03 1382, la révolte fiscale
41:05 des maillotins, donc ce sont des bourgeois
41:07 de Paris, des marchands,
41:09 des artisans, des notables, qui ont pris
41:11 à partie des agents du fisc.
41:13 Il faudrait que le ministre écoute la rubrique,
41:15 il va peut-être comprendre qu'il faut
41:17 faire attention quand le peuple soudain
41:19 se fâche, quand il ne
41:21 se sent pas très bien. Alors, d'abord
41:23 des bonnes nouvelles.
41:25 Quelques années auparavant,
41:27 trois ans auparavant, on avait Charles V
41:29 au pouvoir, ça ne vous dit rien, Charles V, c'était
41:31 l'un de nos plus brillants rois,
41:33 et il avait comme connectable
41:35 Bertrand du Guesclin, voilà, aussitôt
41:37 parce qu'on se souvient du Guesclin, mais pas
41:39 de Charles V. Et,
41:41 Charles V
41:43 supprime, Mathieu, rêvez,
41:45 il supprime les impôts,
41:47 plus 1 centime
41:49 d'impôts directs. Ah, c'est
41:51 extraordinaire ! Il meurt,
41:53 son fils, Charles VI,
41:55 qui deviendra plus tard, Charles VI
41:57 le folle, prend le pouvoir,
41:59 le môme, il n'a que 12 ans,
42:01 mais il est plein de bonnes intentions
42:03 pour son peuple. Charles VI ?
42:05 Charles VI, oui. Non, mais c'est le fou.
42:07 C'est ce que je vous ai dit, il deviendra fou, mais là,
42:09 il ne l'est pas encore, quoique certains pourront penser
42:11 qu'il l'est. Toujours est-il qu'il
42:13 décide, lui, plus
42:15 un seul impôt, même plus
42:17 un seul impôt indirect, ce que l'on appelle
42:19 les aides, la TVA d'aujourd'hui.
42:21 Allez hop ! Terminé !
42:23 Il est où il irait, notre gamin ?
42:25 Alors là, Mathieu, si j'avais
42:27 vécu en ce temps-là...
42:29 Mais sauf que
42:31 quand il n'y a plus rien
42:33 qui vient dans le trésor, le trésor
42:35 à un moment donné,
42:37 il est là, il est vide.
42:39 Et, à 12 ans, forcément,
42:41 il a pris une mesure qui était une
42:43 mesure symbolique, mais ce n'est pas lui qui règne,
42:45 ce sont ses oncles, et en particulier
42:47 Louis d'Anjou. Et Louis d'Anjou,
42:49 avec ses deux autres oncles,
42:51 ils ont un train de vie énorme
42:53 et ils ont besoin d'un peu
42:55 d'impôts, quand même, parce que sinon, on ne peut pas
42:57 véritablement s'amuser, alors que du jour au lendemain,
42:59 hop, on remet les impôts
43:01 et ça sera à partir
43:03 du 1er mars.
43:05 Et on demande
43:07 à ceux qui sont les leveurs d'impôts,
43:09 les collecteurs, ceux qui
43:11 traînent ici et là sur les
43:13 marchés, de commencer à œuvrer.
43:15 Et en ce 1er mars,
43:17 à Paris, du côté des Halles,
43:19 on a une de ces maraîchères qui est là,
43:21 "Approchez, approchez, approchez !"
43:23 Elle a devant elle
43:25 son cresson et ses tomates
43:27 et à ce moment-là,
43:29 elle est attaquée par l'un des collecteurs qui lui
43:31 dit "Ma belle, allez, allez, il faut
43:33 payer la taxe !"
43:35 Elle hurle, forcément,
43:37 elle s'insurge. À côté,
43:39 ça
43:41 provoque le jaillissement
43:43 des collègues, aussi bien
43:45 les femmes que les hommes. On tombe
43:47 sur l'intrus,
43:49 on le tabasse, mais malheureusement,
43:51 comme toujours quand on est dans les mouvements
43:53 de foule, on ne sait pas s'arrêter
43:55 et ils trépassent.
43:57 Et ce n'est que le début
43:59 du mouvement. Rapidement,
44:01 on se dit la rumeur,
44:03 d'une rue à l'autre, "Vous rendez compte
44:05 des impôts, il faut lutter, il faut lutter !"
44:07 Et on a 500
44:09 individus qui ne sont pas très loin
44:11 de l'hôtel de ville. Et que sait-on
44:13 à l'hôtel de ville ? Qu'il y a
44:15 les maillets, les maillots.
44:17 C'est quoi ? C'est que des
44:19 formes de marteaux
44:21 avec de chaque côté une tête,
44:23 c'est pour massacrer le crâne
44:25 des Anglais. On est en pleine période
44:27 de la guerre de Cent Ans, vous voyez,
44:29 alors on a peur qu'ils viennent nous envahir
44:31 et on a l'air entassé pour
44:33 donner au peuple afin
44:35 qu'ils deviennent le chasseur
44:37 de l'intrus.
44:39 On fracasse
44:41 les portes, on entre
44:43 et on se saisit de tous ces
44:45 objets, on se les distribue
44:47 à tout va. Et on cherche quoi ?
44:49 Ben les collecteurs !
44:51 "Ah on les repère, lui il y était !" Ben forcément
44:53 parfois on se trompe. Et hop,
44:55 c'est pas grave ! Et puis il y a malheureusement
44:57 aussi 16 juifs, ben les juifs
44:59 forcément ce sont ceux qui sont
45:01 les prêteurs d'argent, les usuriers.
45:03 Et hop, il y en a 16
45:05 qui sont tués. Ça tourne
45:07 véritablement très très mal.
45:09 Mais de la porte,
45:11 des portes de Paris
45:13 jusqu'à Montmartre, plus de 30 000
45:15 personnes sont là
45:17 vociférantes. La porte dont je vous parle
45:19 aujourd'hui, vous y passez
45:21 de temps en temps, même quand vous venez de province,
45:23 c'est la porte
45:25 Maillot. Ça vient
45:27 des Maillets. Eh oui !
45:29 Et ça deviendra la révolte
45:31 des Maillotins. Forcément
45:33 les décisions royales
45:35 finiront par mater les uns
45:37 et les autres. Les meneurs
45:39 seront exécutés.
45:41 Mais en province, il y a une
45:43 résonance. C'est même à Rouen qu'ils ont
45:45 été les premiers. Là c'était, pour faire
45:47 plaisir à notre ami Guillaume,
45:49 les gars du textile. Ah les gars du textile
45:51 ils ont dit "il n'est pas en question qu'on paye les taxes"
45:53 et ils ont élu
45:55 le roi du textile. Ils l'ont promené
45:57 dans un char. Et là
45:59 aussi ça a mal tourné.
46:01 On s'est attaqué
46:03 au colporteur et
46:05 un mois et demi plus tard, Charles VI
46:07 en figurant si je puis dire,
46:09 viendra redresser l'ordre
46:11 et les meneurs.
46:13 À leur tour, terminons une tête en moins.
46:15 Eh ben dis donc, merci
46:17 beaucoup Marc Menon et
46:19 vous méritez votre médaille du souvenir français.
46:21 Merci à Tom de vous l'avoir
46:23 envoyé ce téléspectateur
46:25 assidu. Tour de table
46:27 avant de parler avec vous
46:29 Mathieu de ce
46:31 bilan sur la drogue qui a été
46:33 annoncé par le gouvernement. Qu'est-ce que ça dit
46:35 quand même de notre société ? Parce que
46:37 c'est bien beau de dire qu'on a des saisies record
46:39 mais si la consommation est record,
46:41 là on ne s'en sort
46:43 plus. En tout cas on aimerait avoir votre analyse.
46:45 Hier matin, des tags
46:47 ont été découverts
46:49 sur le mur de la mosquée El Houda
46:51 de Bordeaux avec inscrit
46:53 "Vivre ensemble
46:55 tu"
46:57 "Action directe identitaire"
46:59 selon les informations
47:01 de CNews. Une plainte
47:03 a été déposée. Ce n'est pas la première fois
47:05 qu'une mosquée est ainsi
47:07 prise à partie, prise pour cible
47:09 à Bordeaux. Selon les responsables
47:11 de la mosquée, un groupe puscule
47:13 d'ultra droite bordelais, "Action
47:15 directe identitaire" serait donc à l'origine de ces
47:17 dégradations. Mais on ne sait pas, une plainte a été déposée.
47:19 Des tags ont été recouverts
47:21 le lendemain avec
47:23 de la peinture justement pour tout effacer.
47:25 Est-ce qu'il y a... La question qu'on va
47:27 se poser, à l'heure où
47:29 deux églises par jour
47:31 sont vandalisées en France, il faut le rappeler,
47:33 question
47:35 jusqu'où
47:37 ira-t-on dans la détestation ?
47:39 Est-ce que ces événements,
47:41 à la lumière de l'histoire, Marc Menand, par exemple,
47:43 ne nous replongent-ils pas dans le passé
47:45 avec les tristes souvenirs de la guerre de religion ?
47:47 N'est-ce pas la terrible
47:49 résultante du dévoiement de la laïcité ?
47:51 La laïcité est-elle
47:53 assimilée au multiculturalisme ?
47:55 Question, peut-il
47:57 encore y avoir
47:59 du vivre ensemble ?
48:01 - Aujourd'hui,
48:03 je pense qu'il y a du vivre ensemble et
48:05 la majorité est
48:07 très paisible et ces tags
48:09 sont des phénomènes
48:11 insupportables, extrêmement minoritaires,
48:13 contrairement d'ailleurs
48:15 aux manifestations d'agressivité
48:17 contre les églises.
48:19 - Encore ce week-end à Paris, une église a été vandalisée.
48:21 - Contre les synagogues aussi, etc.
48:23 Ce qui est intéressant,
48:25 c'est ce terme "vivre ensemble".
48:27 Comment fabriquer
48:29 ce terme de vivre ensemble ?
48:31 C'est très étrange.
48:33 En fait, vivre ensemble,
48:35 si on est obligé de vivre ensemble,
48:37 si on ne considère pas
48:39 que les autres sont vos compatriotes,
48:41 vos concitoyens, vos frères,
48:43 on pourrait même mourir séparément.
48:45 En fait,
48:47 une république,
48:49 une nation, ce n'est pas vivre ensemble.
48:51 C'est parfois, de temps en temps,
48:53 quand le pays est attaqué, on le voit en Ukraine,
48:55 c'est mourir côte à côte.
48:57 C'est précisément mourir ensemble.
48:59 Vivre ensemble, évidemment on vit ensemble.
49:01 Dans l'histoire de France sur le long terme,
49:03 à chaque fois qu'une minorité a pris les armes,
49:05 à chaque fois qu'une minorité
49:07 est devenue une sorte de partie
49:09 de l'étranger,
49:11 elle a été réduite dans le sang, malheureusement.
49:13 - Charlotte,
49:15 vivre ensemble tue cette mosquée
49:17 qui est allégée.
49:19 C'est plutôt rare.
49:21 Je rappelle que les églises catholiques en France
49:23 sont plutôt elles victimes.
49:25 Une guerre de religion de ce profil,
49:27 le vivre ensemble vous interpelle ?
49:29 Le vivre ensemble tue ?
49:31 - Je pense que plus qu'une guerre de religion,
49:33 c'est une guerre de civilisation en réalité.
49:35 C'est-à-dire une guerre de place culturelle dans le pays.
49:37 Si on parle ici de vivre ensemble,
49:39 c'est moins la question religieuse
49:41 que la question de savoir comment on vit ensemble.
49:43 C'est ça la question.
49:45 - Le vivre ensemble, en effet,
49:47 c'est d'ailleurs... On a inventé le mot
49:49 quand on n'y arrivait plus avant.
49:51 On ne parlait pas de vivre ensemble
49:53 pour la bonne et simple raison que nous vivions ensemble
49:55 par la force des choses.
49:57 La question du vivre ensemble pose la question
49:59 de comment vit-on.
50:01 Il se trouve que pour vivre,
50:03 il y a plein de petites choses
50:05 qui se jouent notamment sur le terrain religieux.
50:07 C'est pour ça que c'est la mosquée qui est visée.
50:09 Mais c'est une question qui interroge
50:11 plus largement qu'une question religieuse.
50:13 - C'est incroyable, sans le moindre doute.
50:15 Si on accordait autant d'importance
50:17 chaque fois qu'il y avait une insulte anti-chrétienne
50:19 dans l'espace public ou une insulte anti-sémite,
50:21 j'ai l'impression que l'actualité serait monopolisée par ça.
50:23 Ce qui frappe, c'est que c'est un événement assez rare
50:25 que l'on voit là. On fait bien de le souligner.
50:27 N'oublions pas tous ceux dont on ne parle pas
50:29 et qui sont de notre registre.
50:31 - Je rappelle, effectivement, cette église
50:33 à Paris vandalisée ce week-end. Personne n'en a parlé.
50:35 - Vivre ensemble, théoriquement, c'est la fraternité.
50:37 C'est l'une des devises de la République.
50:39 Mais il faut d'abord se sentir citoyen.
50:41 Et c'est là où vous avez raison, votre question est excellente.
50:43 Oui, il y a un parfum de guerre, de religion.
50:45 Vous vous rendez compte ?
50:47 On avait le même Dieu, on avait les mêmes rituels
50:49 et pour autant, on a pratiqué la barbarie.
50:51 Et là, certains veulent à tout prix vivre
50:53 en fonction de leur propre code culturel.
50:55 Ça attise forcément les haines,
50:57 parce qu'on en arrive à la haine,
50:59 la détestation,
51:01 et on se réplique les uns les autres.
51:03 Jusqu'où ira-t-on tant qu'on ne se réplique pas ?
51:05 - Je ne sais pas.
51:07 - On se réplique les uns les autres.
51:09 Jusqu'où ira-t-on tant qu'on n'aura pas eu le courage
51:11 de rétablir la véritable laïcité
51:13 avec aucun signe religieux affiché dans les rues ?
51:15 Et là, peut-être que les lieux de culte
51:17 seront de nouveau respectés.
51:19 - Merci pour votre regard.
51:21 Il y aurait beaucoup à dire,
51:23 mais on reviendra sur ces sujets-là, forcément.
51:25 Dans un instant, #facealinfo,
51:27 la journée du compliment.
51:29 Mais juste avant,
51:31 et le bilan de cette journée du compliment
51:33 pour nos mousquetaires.
51:35 - Le bilan des saisies contre la drogue,
51:37 Mathieu Bogcotte, va bien.
51:39 Nous apprenait ce matin Gérald Darmanin
51:41 dans le bilan qu'il présentait
51:43 en compagnie d'Eric Dupond-Moretti
51:45 et de Gabriel Attal.
51:47 Le bilan des saisies de produits de stupéfiants
51:49 pour 2022 s'établit à des niveaux historiques.
51:51 Ça rime toujours avec historique.
51:53 Y a-t-il de bonnes raisons,
51:55 Mathieu Bogcotte,
51:57 d'être aussi satisfait en la matière ?
51:59 - Je n'en suis pas certain
52:01 et je m'explique.
52:03 Il y a un bilan historique,
52:05 saisie historique de cocaïne,
52:07 la liste des produits qui sont saisis, très bien.
52:09 Mais l'autre dimension de ça,
52:11 c'est consommation historique,
52:13 c'est consommation normalisation
52:15 de la drogue dans l'ordre social,
52:17 dans toutes les dimensions de l'existence,
52:19 que ce soit de la cocaïne,
52:21 que ce soit des drogues de synthèse
52:23 qui se diffusent, que ce soit du cannabis.
52:25 Ça se multiplie.
52:27 Saisie historique, tant mieux,
52:29 mais le fait est qu'il y a une normalisation,
52:31 une normalisation de la société.
52:33 J'aimerais retourner la question
52:35 à la lumière de la littérature,
52:37 si vous me le permettez.
52:39 Il faut chercher à comprendre
52:41 comment se fait-il que la drogue,
52:43 dans toutes ses dimensions,
52:45 légale et illégale,
52:47 la régulation chimique des émotions,
52:49 la régulation pharmaceutique des cerveaux,
52:51 comment se fait-il qu'elle ait pris
52:53 une telle importance dans notre société,
52:55 notre société au sens large,
52:57 dans le monde occidental ?
52:59 Je vous fais le portrait de la société
53:01 dont ils nous parlent, et je vous fais
53:03 le portrait des moyens de réguler cette société.
53:05 Dans le livre "Le meilleur des mondes",
53:07 qui se passe quelques siècles plus tard,
53:09 mais finalement, ça pourrait se passer
53:11 dans le XXe siècle, on parle d'une société
53:13 eugéniste, d'abord et avant tout,
53:15 sous le signe d'un État mondial.
53:17 À la périphérie, il y a quelques barbares
53:19 et des sauvages qui n'acceptent pas de vivre
53:21 sous le signe d'un État mondial normalisé,
53:23 standardisé, mais c'est un État mondial
53:25 auquel on est tous intégrés.
53:27 C'est une société qui conspue l'histoire.
53:29 En quoi l'histoire serait-elle utile ?
53:31 On se rappelle simplement qu'avant l'État mondial,
53:33 c'était la catastrophe.
53:35 C'est une société qui a effacé le christianisme,
53:37 de force, partout. Il y avait des croix,
53:39 on a taillé l'eau de la croix, ça fait des thés partout.
53:41 Je ne vous donne pas le détail,
53:43 mais ça vaut la peine de lire le livre.
53:45 C'est une société où, au culte, la religion,
53:47 s'est substituée une forme de culture
53:49 populaire, abrutissante, dans laquelle
53:51 on participe tous sur le mode du slogan simpliste
53:53 en ayant l'impression d'être dans
53:55 le mood du moment.
53:57 C'est une société où la reproduction sexuée
53:59 est laissée de côté. On produit désormais
54:01 les enfants autant que possible en laboratoire.
54:03 La sexualité, quant à elle, existe
54:05 encore, mais simplement non plus sur le mode
54:07 reproductif, mais sur le mode de
54:09 l'amusement. C'est une société
54:11 où les enfants très tôt reçoivent
54:13 un enseignement, je cite,
54:15 « hypnopédique ». En gros, c'est un conditionnement
54:17 massif des enfants,
54:19 dès l'enfance, dès les premiers moments,
54:21 pour s'assurer qu'ils pensent
54:23 tous la même chose en toutes circonstances.
54:25 Cette société n'est pas très agréable,
54:27 vous l'aurez noté, je n'en fais pas le portrait d'un monde idéal.
54:29 Comment tient-elle cette société?
54:31 Eh bien, par la sexualité, d'abord.
54:33 C'est le loisir absolu, c'est le choisir
54:35 de partenaire comme vous voulez, tout le temps, en toutes circonstances.
54:37 On s'envoie, on s'envoie, on se dit « pas de soucis,
54:39 c'est régulation 1 ».
54:41 Et régulation 2, et là j'y arrive,
54:43 c'est le soma. Qu'est-ce que le soma?
54:45 C'est une substance qui est distribuée
54:47 à tous sous le signe du médicament. C'est un médicament.
54:49 - Dans le livre. - Oui, bien sûr, oui.
54:51 - C'est intéressant. - C'est un médicament
54:53 qui est donné à tous et qui a pour fonction
54:55 de neutraliser les passions politiques,
54:57 de neutraliser les passions civiques.
54:59 De dire à tout le monde « on est heureux, on est heureux et flottant,
55:01 on est heureux, flottant,
55:03 anesthésié, on est dans cette espèce
55:05 de neutralisation de l'existence,
55:07 et tout le monde en consomme.
55:09 Et qu'est-ce que ça fait? Ça fait une société neutralisée,
55:11 chimiquement, et ça fait une société qui tient,
55:13 et on l'a dit, heureuse. - Moralité.
55:15 - Eh bien, quand ça ressemble un peu quand même
55:17 à la société qui est la nôtre aujourd'hui,
55:19 notre société où effondrement culturel,
55:21 effondrement anthropologique, effondrement politique,
55:23 une société où l'individu est laissé à lui-même,
55:25 une société où finalement l'individu
55:27 commence l'existence. Dans l'enfance,
55:29 c'est la ritaline. Ensuite,
55:31 au sud de l'existence, sont les antidépresseurs.
55:33 Et quand on arrive à la fin, on nous présentera
55:35 demain ou après-demain comme un vieillard encombrant,
55:37 et on voudra pas surcharger la planète
55:39 de notre empreinte écologique. On aura des raisons
55:41 éco-responsables de se faire euthanasier
55:43 en disant « merci, merci de me permettre
55:45 de quitter ce monde rapidement. En plus, je l'aurais
55:47 traversé dans les vapeurs. »
55:49 - Le meilleur des mondes. - Le meilleur des mondes. Aldo Suxley.
55:51 Remarquable à lire. Je dis pas que c'est ce qui se passe aujourd'hui.
55:53 Je dis que ça permet de penser à ce qui se passe aujourd'hui.
55:55 Merci pour ce moment. - Merci pour ce moment.
55:57 La journée du compliment. Regardons vite
55:59 ce que vous avez dit à nous.
56:01 On va regarder deux, trois tweets.
56:03 Allez, envoyez-nous un peu.
56:05 Alors, de la part
56:07 de Cling Isabelle, Mathieu le plus vaillant.
56:09 Oui, quelle énergie.
56:11 Guillaume le plus authentique. Et oui, Charlotte la plus
56:13 battante, la plus belle.
56:15 C'est moi qui rajoute. Marc notre historien préféré.
56:17 Christine notre meilleure. Oh, si gentille comme tout.
56:19 Allez, un autre tweet.
56:21 Journée du compliment. On continue.
56:23 Mathieu le plus volubile.
56:25 Guillaume le plus fin. Charlotte la plus intelligente.
56:27 Marc le plus époustouflant.
56:29 Merci, poor dame Christine. Un dernier tweet
56:31 et on s'en va.
56:33 Mathieu le plus percutant.
56:35 Guillaume le plus conquérant. Charlotte la plus
56:37 combattante. Marc le plus charmant. Christine
56:39 la plus inspirante. Merci.
56:41 Merci à tous. Ne changez rien, vous non plus.
56:43 On vous aime. Merci à tous.
56:45 Tout de suite, la minute info. Et juste après,
56:47 l'heure des programmes de suite de programme.
56:49 Mathieu Devez.
56:51 Olivier Véran promet
56:55 de casser les prix du quotidien pour lutter
56:57 contre l'inflation. Le porte-parole du gouvernement
56:59 s'est exprimé à l'issue du Conseil des
57:01 Ministres. L'inflation s'élève
57:03 à 6,2% sur un an en
57:05 février, dont 14,5%
57:07 pour les seuls produits alimentaires.
57:09 Les familles des marins
57:11 qui ont perdu la vie dans le naufrage du
57:13 Bugalée de Brest pourront conserver des morceaux
57:15 de l'épave. Son démantèlement commencera
57:17 en avril, soit 19 ans après le drame.
57:19 Le navire avait sombré le 15
57:21 janvier 2004 alors qu'il était en pêche
57:23 au large du Cap Lysard. La justice
57:25 française a rendu un non-lieu dans cette
57:27 affaire, tandis que la justice britannique
57:29 a conclu à un accident de pêche.
57:31 Au moins 38 personnes sont
57:33 mortes dans un accident de train en Grèce.
57:35 La nuit dernière, un train de passagers est
57:37 entré en collision frontale avec un convoi
57:39 de marchandises entre Athènes et Thessalonique.
57:41 Selon le Premier ministre,
57:43 qui s'est exprimé ce soir, l'accident est
57:45 dû à une tragique erreur humaine.
57:47 ...