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Christine Kelly et ses chroniqueurs débattent de l'actualité dans #Facealinfo

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00:00 Face à l'info, bonsoir à tous, 19h c'est l'heure.
00:04 Au sommaire ce soir, c'est une journée historique.
00:08 On se dirige vers la plus forte mobilisation des 40 dernières années, selon Philippe
00:14 Martinez de la CGT.
00:15 La sixième journée de mobilisation contre la réforme des retraites est une réussite.
00:19 Coupure d'électricité, transports fortement perturbés, participation record lors du défilé
00:25 parisien selon la CGT.
00:27 On s'arrêtera sur les chiffres ce soir et on prendra également un peu de hauteur.
00:31 Comment cette mobilisation est-elle vue de l'étranger ? Fascination ? Exaspération ?
00:36 Soutien ? La gréviculture française est-elle une force pour notre pays ou une faiblesse
00:42 ? L'édito de Mathieu Boccoté.
00:44 Eric Dupond-Moretti qui fait deux bras d'honneur à Olivier Marlex de LR à l'Assemblée
00:51 nationale.
00:52 C'était en fin d'après-midi.
00:53 Le gouvernement perd-il ses nerfs ?
00:55 Le gouvernement est au minimum très inquiet et cherche des tentatives de diversion.
01:00 Entre diversion et dramatisation des conséquences de la grève, que fait l'exécutif face
01:06 à l'opposition de la réforme ? Le décryptage de Dimitri Pavlenko.
01:11 Les français ont-ils soif de révolution ? Geoffroy de Laguernerie, sociologue, philosophe,
01:17 sort un manuel de vie anti-institutionnel.
01:20 Un éloge de l'amitié ? Mais l'auteur écorche la famille.
01:24 Il associe la famille à la déperdition, à la tristesse, à l'ennui.
01:28 A-t-il expliqué à la radio comment et pourquoi vouloir détruire la famille ? Pourquoi prôner
01:33 la destruction de la valeur famille ? L'analyse de Charlotte Dornéas.
01:38 Mais à quoi sert la mobilisation générale ? Comme aujourd'hui, jour de grève.
01:45 Sans doute, certains sont offusqués par cette grève qui atteint leur liberté de travail,
01:49 leur autonomie.
01:50 On peut évidemment les comprendre.
01:52 Reste que si l'on déplore ce type de situation, l'histoire ne nous révèle-t-elle pas que
01:57 sans les luttes extrêmes, les avancées sociales n'existent pas ? Marc Menand raconte.
02:03 Oui, c'est Marc Menand.
02:05 Lundi prochain commence pour la troisième année consécutive une semaine genre et inclusion
02:11 sociale à l'Institut d'études politiques de Lyon.
02:14 Objectif, cinq journées de cours, de formation, de travaux sur des thèmes bien connus du
02:19 mouvement LGBT.
02:20 À l'université, le savoir s'est-il inversé ? Pourquoi ce genre de savoir s'installe
02:26 au détriment d'autres ? L'édito de Mathieu Bourg-Côté.
02:30 Une heure pour prendre un peu de hauteur sur l'actualité avec nos mousquetaires.
02:34 C'est maintenant.
02:35 Et le tour de table ce soir sera sur ce tôlet à l'Assemblée nationale après les deux
02:52 brins d'honneur d'Éric Dupond-Moretti qui l'a reconnu, ministre de la Justice,
02:57 à Olivier Mahalex, président de LR.
02:59 Le garde des Sceaux a ensuite présenté ses excuses.
03:02 Après, tout cela s'est passé après qu'Olivier Mahalex ait rappelé la mise en examen du
03:07 garde des Sceaux pour prise illégale d'intérêt, ce qui a provoqué une interruption de séance.
03:13 Le gouvernement perd-il ses nerfs ? Comment expliquer ce niveau d'invective au cœur
03:17 de l'Assemblée nationale ? On est habitué, on peut dire peut-être à quelques sorties
03:21 de LFI, mais avons-nous basculé lorsque les ministres s'y mettent ? C'est la question
03:26 qu'on se posera dans un instant.
03:27 Comment allez-vous ce soir ?
03:28 - Bah ! - Vous ne l'avez pas manifesté ?
03:33 - J'ai un petit cadeau pour vous ce soir.
03:34 - Oh ! Je n'ai même pas vu que vous aviez sorti tout ça.
03:37 - Eh bien voilà ! - Faites voir, qu'est-ce que c'est ?
03:38 - C'est du chocolat noir à la violette de Toulouse.
03:40 - Ne montrez pas les marques, mais faites voir.
03:42 - Ouais, je vais...
03:43 - Oh, c'est gentil comme tout.
03:45 - Alors Marc, vous pouvez donner votre tablette à Mathieu, je crois qu'il s'offusque.
03:50 Il y a un petit peu de miel qui va avec aussi.
03:53 - Ben oui, c'est pour le partage des richesses.
03:55 - On a bien besoin d'énergie.
03:57 Merci infiniment, c'est adorable.
04:00 - Voilà, un petit pot de miel à la violette également, Christine.
04:02 - Oh, je prends tout ça.
04:03 On a bien besoin d'énergie pour cette émission.
04:05 - Exactement.
04:06 - Merci infiniment.
04:07 Alors, vous n'avez pas manifesté, mais la France était dans la rue.
04:11 L'intersyndical s'est réuni en ce moment même pour donner la suite à la mobilisation
04:17 du jour.
04:18 Sans doute une autre journée aura lieu samedi.
04:20 On aura des informations d'ici, peut-être une conférence de presse tout à l'heure.
04:23 On verra, on suivra tout ça.
04:25 Mais Mathieu, de mon côté, c'était une grosse journée de grève aujourd'hui.
04:28 La France officiellement à l'arrêt.
04:30 Quel bilan peut-on faire?
04:32 Mais surtout, est-ce que ce n'est pas l'occasion de réfléchir à la grévéculture française?
04:36 Est-ce une force pour notre pays, une faiblesse?
04:39 Comment cela est-il vu de l'étranger?
04:42 - D'abord, revenons sur les événements, les faits.
04:45 Et la part de l'étranger est absolument essentielle.
04:47 Vous avez raison de le mentionner.
04:48 Mais bon, pour ce qu'on voit, le premier élément qui frappe, me semble-t-il, c'est
04:52 la difficulté d'apprécier le nombre de manifestants.
04:55 C'est assez particulier.
04:57 C'est-à-dire, pour les uns, il y en a 80 000, 70 000.
04:59 Pour les autres, il y en a près de 700 000.
05:02 On n'est pas devant des approximations qui permettraient qu'ils seraient à peu près
05:07 dans le même domaine.
05:09 C'est-à-dire, un dit 70, l'autre dit 80, l'autre dit 90.
05:12 - Et si vous permettez, pardon, je profite pour donner effectivement, c'est 700 000 manifestants
05:16 à Paris, ce qui serait une participation record selon la CGT.
05:20 Et la préfecture de police dit 81 000.
05:22 - Bien voilà.
05:23 Donc là, on est devant des écartels que, d'une manière ou de l'autre, quel que soit
05:26 l'enjeu, il va falloir mettre à jour les instruments pour évaluer l'ampleur des mobilisations.
05:31 Sinon, la parole publique est discréditée.
05:34 Qu'est-ce qui m'empêche de vous dire qu'on était 2 millions, en fait, et 3, et pourquoi
05:37 pas 5 ou 6 ou 7.
05:39 À partir d'un certain moment, les chiffres ne veulent plus rien dire et on croit le chiffre
05:43 qui nous flatte le plus.
05:45 Premier élément.
05:46 Deuxième élément, avant d'aborder justement la question de l'étranger, c'est l'espèce
05:53 d'écart entre, d'un côté, le fait qu'il y a toujours des tensions qui culminent dans
05:57 un désir de violence chez certains manifestants, et de l'autre côté, le fait qu'à la grandeur
06:02 du pays, cette grève ne se réduit pas à ses éléments les plus radicaux.
06:06 Et même ceux qui s'opposent à ce mouvement de grève, même ceux qui s'opposent à cette
06:10 volonté de blocage devraient avoir l'honnêteté de reconnaître que les extrémistes, les
06:15 radicaux, les casseurs de flics, ceux qui s'en prennent aux policiers, ne représentent
06:19 pas aujourd'hui la tendance centrale de ce mouvement de grève.
06:23 Donc, si on ne fait pas cette distinction, si on veut à tout prix, comme le font certains,
06:27 voir chez les casseurs, les représentants de la nature de ce mouvement, je crois qu'on
06:32 se condamne à mal le comprendre et on se condamne même à le radicaliser.
06:36 Parce qu'à partir du moment où on dit que vos vrais représentants, ce sont les casseurs,
06:39 eh bien, on trahit la parole, l'engagement de ceux qui, de bonne foi, qu'on soit d'accord
06:44 ou non avec eux, sentaient le besoin de s'opposer à cette mesure.
06:47 Alors, la question, c'est la suite.
06:49 Vous avez tout à fait raison de le dire.
06:51 Quelle peut être la suite?
06:52 Alors, la suite à court terme, c'est-à-dire manifestation de samedi, volonté de créer
06:57 véritablement un moment de blocage, en fait, une dynamique du blocage.
07:02 On parle beaucoup dans le conflit ukrainien de l'escalade, mais il peut y avoir aussi
07:06 une escalade dans le blocage.
07:08 Et un mouvement qui trouve enfin son élan peut être capable d'installer durablement
07:12 dans le France dans le blocage.
07:13 Est-ce que c'est l'objectif des syndicats?
07:15 Il faut le garder à l'esprit.
07:16 C'est possible.
07:17 Pour l'instant, il y a un point d'interrogation devant ça.
07:19 Il est plus facile de spéculer que d'affirmer, mais il y a un véritable point d'interrogation.
07:24 Est-ce qu'on...
07:25 Il y a un slogan qui est apparu.
07:26 C'est important.
07:27 Les slogans politiques, c'est important parce que ça permet de canaliser, de capter l'imagination.
07:30 Est-ce qu'on sera devant un Mars noir?
07:33 Le Mars noir, donc autrement dit, est à faire inscrire dans l'histoire politique récente
07:38 française ce mois de mars.
07:40 Mais la question, c'est aussi la suite.
07:41 Qu'est-ce que c'est la suite?
07:42 C'est protester pour protester si la réforme est adoptée.
07:46 Et comme le proposait Martinez, il faut continuer néanmoins de s'opposer.
07:51 Mais on s'oppose à quoi dans les circonstances?
07:53 À l'application...
07:54 Il donnait l'exemple du CPA il y a quelques années.
07:56 Est-ce qu'il s'agit alors de s'opposer sur le mot, une forme d'opposition rituelle,
08:02 on n'est pas capable de s'arrêter?
08:03 Dans un tel scénario, c'est la minorité radicale qui normalement se laisse en portée,
08:07 ou alors est-ce que l'objectif devient de s'en prendre au gouvernement?
08:11 C'est-à-dire que le gouvernement doit tomber parce qu'il a perdu sa légitimité.
08:15 Donc faisons ce premier tour et effectivement, jetons un oeil, vous l'avez suggéré, sur
08:19 ce qui se dit à l'étranger.
08:21 Les chiffres nous tombent petit à petit.
08:23 On parlait de 80 000 manifestations à Paris.
08:26 C'est intéressant selon la police que c'est moins que le 31 janvier, moins que le 11 février,
08:33 alors que la CGT annonçait 700 000 chiffres records.
08:36 Avec une petite nuance où il y a la question des carburants, c'est-à-dire lorsqu'on dit
08:40 qu'il y aura une volonté de créer la pénurie s'il le faut.
08:43 Donc on voit que certains disent qu'on est prêt à prendre de grands moyens à passer
08:46 la prochaine étape dans l'escalade pour être capable de faire plier le gouvernement.
08:49 Toutes ces données doivent être à notre esprit.
08:51 Alors quel regard porte-t-on à l'étranger sur cette culture de la grève française?
08:55 Alors sur cette grève et sur la culture de la grève, c'est fascinant.
08:58 Il faut voir le traitement, puis Dieu sait que j'ai souvent critiqué ici le traitement
09:02 réservé à la France dans la presse anglo-saxonne.
09:04 Je trouve que la presse anglo-saxonne, lorsqu'elle parle de la France, elle est d'une mauvaise
09:08 foi, surtout lorsqu'il y a des questions, disons-le, de laïcité, d'identité, d'islamisme.
09:13 Là, elle ne comprend tout simplement pas la France.
09:16 Mais quand on quitte cet enjeu, on constate que l'incompréhension demeure et c'est une
09:21 incompréhension devant une forme de différence irréductible.
09:24 C'est-à-dire les Américains sont à ce point, et les anglo-saxons en général, à ce point
09:28 convaincus d'être la seule norme possible en ce monde, que lorsqu'ils voient des gens
09:32 vivre autrement qu'eux et agir autrement qu'eux et avoir une société qui suscite
09:36 néanmoins un désir à travers le monde, une société qui demeure un modèle pour
09:40 d'autres, ils ne comprennent pas.
09:42 Donc, il y a vraiment, et là, je pourrais dire, les listes, lister les thèmes où la
09:47 presse anglo-saxonne ne comprend pas la France, et j'en arrive à la grève dans quelques
09:50 instants, les relations hommes-femmes.
09:52 C'est fascinant quand même.
09:53 Tournez-vous simplement un instant même sur ce que Hollywood produit avec le fameux
09:57 Émilien Paris, dont on a beaucoup parlé.
09:59 Regardez comment les Américains se représentent, les Français.
10:01 Ça ne fonctionne pas dans leur tête.
10:03 Ils regardent la France avec un œil d'ethnologue davantage que de sociologue ou de voyageur,
10:08 de dire « quelle est cette créature étrange qui appartient à l'espèce humaine à ce
10:10 qu'on dit, mais qui ne vit pas comme au New Jersey?
10:13 Pourquoi?
10:14 » Bon, quoi qu'il en soit, la question de l'islamisme, la place de la littérature
10:17 dans la vie publique et la question de la grève.
10:20 Alors là, si vous lisez, par exemple, le New York Times, si vous lisez The Guardian,
10:24 qui est le grand quotidien de gauche en Grande-Bretagne, si vous lisez aussi le Washington Post, il y
10:28 a une espèce de double récit par rapport à la grève qui est intéressant.
10:32 Le premier, c'est une forme d'exaspération.
10:35 L'exaspération consiste à dire « Ah, encore une fois, la France est en grève.
10:40 Ah, encore une fois, le pays est paralysé.
10:42 Ah, encore une fois, les Français se laissent emporter par des grandes passions politiques
10:47 et on y voit une forme de mauvais théâtre.
10:50 C'est-à-dire, on s'imagine la France comme un pays qui ne peut pas s'empêcher de se
10:53 bloquer à répétition comme s'il s'agissait d'un trait culturel.
10:57 » Et là, il y a un esprit de moquerie et on célèbre par effet de contraste dans ces
11:01 journaux l'esprit pragmatique, soit des Allemands, soit des Britanniques ou des Américains.
11:06 Donc, d'un côté, il y aurait la politique hyper-idéologique de la France et de l'autre
11:10 côté, toujours à propos de la grève, je précise, il y aurait le pragmatisme de l'autre
11:15 côté et la politique très idéologique française.
11:17 Mais ça s'accompagne d'une admiration et ça, c'est une admiration qui est fréquente
11:22 et récurrente et je pourrais même tenir là-dessus, ça vient de la presse canadienne,
11:25 on le voit.
11:26 D'un côté, il y a toujours cette perplexité.
11:28 Les Français vont vraiment faire la grève pour deux ans de plus de travail?
11:30 Qu'est-ce qui se passe pour deux ans?
11:32 Alors que partout, ils sont à 67 ans.
11:34 Alors là, il y a cette idée, ils sont sérieux.
11:35 Je me rappelle, j'ai eu quelques échanges avec des collègues de journalisme chez moi.
11:39 Ils me disaient « au-delà des deux ans, c'est quoi l'enjeu?
11:41 » Ils ne peuvent pas se mobiliser à ce point-là pour 62 à 64, il doit y avoir quelque chose
11:46 d'autre.
11:47 Avec Marc Menon, on va voir tout ça.
11:48 Là, je dis oui, il y a quelque chose d'autre, c'est un rapport aux politiques, c'est
11:51 30 ans de déception collective, c'est une classe politique qui a trahi, c'est le rapport
11:54 à l'Europe, c'est un malaise.
11:56 Alors là, on voit qu'il y a un désaccord dans le rapport au travail.
12:02 Mais au-delà de cette perplexité, je le dis, il y a une forme d'admiration.
12:05 Et la phrase, je synthétise d'une formule, mais qui décrit bien cet état d'esprit,
12:10 c'est « les Français au moins se lèvent et se battent pour leurs droits ».
12:13 Donc, il y a toujours cette idée qu'on est devant la formule du peuple politique.
12:17 Partout ailleurs en Occident, il y aurait des individus démobilisés, consommateurs,
12:24 semi-névrosés, seulement accrochés à leurs écrans.
12:26 Et pourquoi semi-névrosés?
12:27 Ils le sont complètement.
12:28 Mais de l'autre côté, il y aurait les Français qui auraient probablement de tels travers,
12:35 mais qui aussi seraient un peuple politique et seraient un des seuls peuples à se mobiliser,
12:40 à croire encore aux politiques, à croire encore à la grève, à croire à la capacité
12:44 d'affronter les puissants.
12:45 Et ça, c'est intéressant parce qu'autant, il y a le rapport, un mot d'ailleurs, on
12:50 voit la présidence française, on voit la présidence américaine, ce sont deux présidents
12:53 qui ont beaucoup de pouvoir, mais aux États-Unis, les mouvements d'opposition de telle nature,
12:57 je dirais la figure du peuple qui s'oppose au souverain, c'est beaucoup moins présent
13:00 aux États-Unis, tout à fait absent en Grande-Bretagne.
13:03 En France, on le voit et avec admiration.
13:05 Et je mentirais si je disais pas qu'il y a un vrai désir étrange qui s'exprime
13:10 de manière tortueuse, mais qui est réel dans la presse anglo-saxonne et plus largement
13:14 lorsqu'on parle de la culture politique, de la mobilisation française, la gréviculture
13:18 en fait, comme symbole d'esprit démocratique.
13:21 Gardons-le à l'esprit, ça fait partie de ce paysage contrasté.
13:23 Vous n'avez pas caché votre opposition au blocage, mais vous avez souvent avancé
13:29 ici que le malaise qui s'exprimait dans l'opposition à cette réforme des retraites
13:34 dépassait largement la seule question des retraites.
13:37 Est-ce que pour vous, c'est toujours le cas?
13:39 On a quand même cette impression.
13:40 Oui, bien alors, moi, je ne le cache pas, c'est-à-dire cette idée que le droit de
13:44 grève serait un droit qui surplomberait tous les autres, je n'y peux rien, ça rentre
13:48 pas dans ma tête de nord-américain.
13:49 C'est-à-dire que c'est un droit qui est légitime, mais si c'est un droit qui
13:53 prétend surplomber les autres et les inféoder parce qu'apparemment le droit de grève
13:57 serait le droit parmi les droits, celui de mettre la société à l'arrêt pour faire
14:00 trembler le souverain et l'obliger à se mettre à genoux lorsque le peuple est en
14:04 colère, ou à tout moins ceux qui se prennent pour le peuple, ça rentre pas dans mon esprit.
14:07 Mais quoi qu'il en soit, c'était mon désaccord culturel.
14:10 Et la culture de la grève a quelque chose que personnellement je trouve exaspérant.
14:15 Cette idée qu'il faut toujours avoir recours à la grève bloquée de la société.
14:18 De l'autre côté, le pouvoir du peuple à l'échelle de l'histoire n'est pas
14:21 un pouvoir révolutionnaire, quoi qu'en disent les nostalgiques de la révolution.
14:24 Le véritable pouvoir du peuple, c'est la jacquerie.
14:27 La jacquerie, c'est le soulèvement circonstanciel et la protestation contre un sentiment d'injustice
14:33 ou une réalité d'injustice.
14:34 Donc le véritable pouvoir du peuple, c'est pas la révolution, on va tout changer, on
14:38 fait tomber le souverain, on renverse la société, on repart à neuf, on fait table
14:41 rase.
14:42 Non.
14:43 Le véritable pouvoir du peuple, c'est la jacquerie, c'est le soulèvement circonstanciel
14:45 pour faire peur aux puissants, pour faire trembler les puissants, pour donner une leçon
14:50 de modestie aux puissants, en disant on peut toujours se choquer et tout alors peut se
14:54 dérégler.
14:55 Si on a ça à l'esprit et qu'on regarde la qualité de la classe politique, on fait
14:58 souvent le procès de la classe politique LFI avec raison, mais la macronie ne se distingue
15:03 pas non plus à l'échelle de l'histoire comme la classe politique la plus convaincante
15:06 et inspirante qui soit.
15:07 Eh bien quand on voit cette classe politique porter cette réforme qui est désavouée par
15:13 une très nette majorité de Français, quoi qu'on pense de la grève, on peut comprendre
15:17 ceux qui se mobilisent aujourd'hui et qui au-delà d'un projet en particulier dénoncent
15:21 probablement la velerie et la lâcheté de leurs élites.
15:22 Ah ben là Mathieu, vous m'avez surpris là.
15:24 Ah ben non, c'est ça.
15:25 La nuit porte conseil.
15:26 Ah ben non, je disais non.
15:27 C'est-à-dire que mon opposition à la culture de la grève demeure, mais il faut chercher
15:32 à comprendre ce qu'on n'apprécie pas nécessairement.
15:34 Très intéressant.
15:35 On va parler de la grève pendant toute cette émission parce que moi j'ai vu, Dimitri,
15:41 j'ai vu par exemple aujourd'hui que les députés Renaissance qui ne voteront pas la réforme
15:45 seront exclus du groupe.
15:46 C'est intéressant tout ça.
15:47 Pourquoi je dis ça ? C'est parce qu'on va s'intéresser avec vous à l'inquiétude
15:52 du gouvernement par rapport à ce qu'on a vu aujourd'hui, aux images qu'on a vues
15:55 toute la journée sur NC News, par rapport à cette mobilisation des Français.
16:00 Comment le gouvernement réagit face à l'opposition de cette réforme ?
16:05 Alors d'abord, je pense que ce soir, il va se rassurer en se disant, il n'y a plus
16:08 que dix jours, plus que dix jours à tenir parce qu'en réalité, c'est ça, le calendrier
16:10 de la réforme va aller extrêmement vite.
16:12 Il examine jusqu'au Sénat, jusqu'à dimanche.
16:14 Ensuite, il va y avoir une décision politique qui va être prise.
16:17 Est-ce qu'on fait une commission mixte paritaire ou pas ? Puis retour du texte à l'Assemblée
16:20 et c'est fini dans dix jours.
16:22 Ça va aller très très vite.
16:23 Et donc, le gouvernement va regarder les chiffres ce soir et va se dire, bon OK, la
16:27 CGT nous annonce 700 000.
16:28 C'est sans doute pas ça.
16:30 Globalement, je pense que le discours, ça va être sa baisse.
16:32 En tout cas, ça ne monte pas.
16:34 Le niveau de la mer n'est pas en train de monter.
16:36 Et si ça se trouve, c'était le baroud d'honneur qu'on a vu des syndicats ce soir.
16:39 Voilà le discours, je pense qu'on va entendre.
16:41 Alors d'abord, je ferai une remarque.
16:43 Je dirais qu'on sent que l'exécutif ne comprend pas bien pourquoi il y a une majorité de
16:47 Français qui récusent son projet de réforme parce qu'en fait, la logique rationnelle,
16:52 la logique comptable nous dit, et c'est ce que le gouvernement pense, mais c'est d'une
16:56 logique implacable.
16:57 C'est le plus surmoyant, le plus efficace et le moins coûteux socialement d'augmenter
17:03 la durée de cotisation, de reporter l'âge de départ à 64 ans.
17:06 C'est le plus simple.
17:07 Ça évite d'augmenter les impôts, etc.
17:09 C'est ce qu'il y a de mieux à faire.
17:10 Techniquement, c'est imparable.
17:11 C'est ce que dit le gouvernement.
17:13 Et commercialement, si vous voulez, la manière dont ça a été proposé aux Français, ça
17:20 a été de dire 65 ans.
17:21 Bon, allez, finalement, 64 ans, on vous fait un rabais.
17:24 Bingo.
17:25 Ça marche bien ce genre de technique.
17:26 Vous avez l'impression de faire une bonne affaire.
17:27 Bon, c'est quand même oublié qu'on ne part pas de zéro quand même sur les retraites.
17:31 Rappelez-vous, décembre 2019, Édouard Philippe qui vient nous proposer l'âge pivot à 64
17:36 ans.
17:37 Le report de l'âge ce jour-là, le jour où Édouard Philippe propose 64 ans, c'est deux
17:42 tiers des Français qui sont contre, c'est-à-dire la base de rejet actuelle du report de l'âge
17:48 à 64 ans.
17:49 Aujourd'hui, c'est un peu plus, mais on partait de ce chiffre-là.
17:52 Deux Français sur trois hostiles à cette idée de travailler deux ans de plus.
17:56 Au mois de mai dernier, on n'est pas encore sur les 64 ans.
18:00 On est encore sur la formulation par Emmanuel Macron, sa volonté de repousser à 65 ans.
18:06 La fondation Jean Jaurès teste la proposition et là, vous arrivez à 25% de Français seulement
18:11 qui sont favorables.
18:12 Donc, on sait d'où on part exactement sur les retraites.
18:14 Il n'y a pas de surprise politique.
18:16 Et vous rajoutez à ça que, quoi qu'on en pense, vous avez beaucoup de Français qui
18:20 considèrent qu'Emmanuel Macron n'est pas légitime pour mener cette réforme parce
18:24 que politiquement, il aurait été choisi contre Marine Le Pen, etc.
18:28 Donc, premier handicap politique déjà pour le gouvernement.
18:30 Le second, c'est Jacques Julliard qui le formule hier dans Le Figaro.
18:33 Il nous dit, rappelez-vous, en 2019, le projet, c'est quoi ? C'est la retraite à point,
18:37 c'est-à-dire la justice sociale.
18:38 On crée une monnaie unique des retraites.
18:40 Et puis voilà, tout le monde sur un pied d'égalité, fini les régimes spéciaux, etc.
18:44 Puis arrive Edouard Philippe avec son âge pivot.
18:47 Il introduit un autre objectif, l'équilibre financier.
18:50 Et puis finalement, Emmanuel Macron, 2022, il ne reste plus que l'équilibre financier.
18:54 Conclusion, si on peut comme ça changer la priorité d'une réforme, c'est que la priorité
18:58 n'en est pas une, c'est qu'il n'y a pas d'urgence.
19:00 Voilà, donc si vous voulez, déjà le soufflet retraite se dégonfle assez rapidement.
19:04 Alors, que fait concrètement l'exécutif face à l'opposition de cette réforme ?
19:08 Alors moi, je considère qu'il n'est pas du tout en contrôle de la situation.
19:11 Donc en attendant une ouverture, il fait en sorte d'éviter que ça se dégrade.
19:16 Donc première chose qu'il fait, c'est minorer les effets de la réforme.
19:18 Alors là, le cas d'école, c'est Olivier Dussopt, dimanche, dans les colonnes du Parisien,
19:23 qui nous dit, il n'y aura pas de perdants.
19:25 Alors là, c'est quand même incroyable.
19:26 Alors qu'on se base sur la question des femmes, sur ceux qui ont commencé avant 16 ans, etc.
19:30 On n'a parlé que de ça pendant des semaines à l'Assemblée nationale et au Sénat.
19:33 Et donc, il n'y a pas de perdants.
19:34 Mieux, il nous dit, le ministre, c'est une réforme de gauche.
19:37 C'est une réforme de gauche.
19:38 Alors là, c'est fascinant.
19:39 Alors quand on voit que c'est la droite qui va sans doute être en situation de faire
19:44 adopter ou pas la réforme.
19:45 Et au passage, Olivier Dussopt fait cet incroyable aveu.
19:48 Sans dire tous les adoucissants qu'on a rajoutés, mais on comprend que c'est ça, on aura quand
19:52 même un déficit de 300 à 400 millions en 2030, une fois qu'on aura voté la réforme
19:57 en l'état actuel des choses.
19:59 Donc, il faudra recommencer.
20:00 C'est quand même incroyable.
20:01 Deuxième urgence pour l'exécutif, il faut absolument contenir les ardeurs de la droite.
20:07 Parce que la droite sénatoriale, regardez quand même, elle y va.
20:09 Là, elle lâche les chevaux.
20:10 Alors dimanche, ils ont demandé un rapport pour avoir une dose de capitalisation dans
20:14 le système des retraites.
20:15 Capitalisation, épouvantail absolu, on en a déjà parlé.
20:18 Bannier rétro.
20:19 Elle dit, il faut bloquer.
20:20 Elle dit, il faut bloquer les bloqueurs.
20:21 Il faut bloquer les bloqueurs.
20:23 C'est quand même très martial.
20:24 Je vous fiche mon billet que bientôt, la droite va dire réquisition.
20:28 Il va falloir réquisitionner les raffineurs pour éviter les pénuries d'essence.
20:31 Ça, c'est joué d'avance.
20:32 Et avec les LR du Sénat aussi, on supprimerait demain comme ça les régimes spéciaux, du
20:38 jour au lendemain, et pas que les nouveaux entrants, y compris tous ceux qui y sont actuellement.
20:41 Alors que vous avez vu, le gouvernement, il prend mille précautions sur une extinction
20:45 très progressive à l'horizon de 25-30 ans des régimes spéciaux, à cause du grand-père,
20:50 etc.
20:51 Pour ce que ça lui rapporte politiquement, qui est à l'avant-garde des cortèges et
20:58 des grèves reconductibles contre les retraites ? Ce sont les conducteurs de la RATP et de
21:02 la SNCF.
21:03 Alors, on s'arrête deux secondes sur leur cas.
21:05 Il y a un téléspectateur qui m'a interpellé.
21:07 Mais qu'est-ce qui va leur arriver ? Je n'ai pas bien compris.
21:09 Alors, voilà ce qui va se passer pour ces conducteurs-là.
21:11 Ils sont censés, comme tout le monde, partir deux ans plus tard.
21:14 Donc 59 ans au lieu de 57 ans actuellement.
21:17 Seulement, écoutez bien ça.
21:19 L'âge d'annulation de la décote.
21:21 Vous savez, c'est cet âge au-delà duquel vous partez à 100%.
21:24 Pour tout le monde, c'est 67 ans.
21:26 Pour eux, pour ces conducteurs RATP notamment, ça va rester à 57 ans.
21:30 Autrement dit, la bande d'âge de 59 ans, en fait, c'est pour la galerie.
21:34 Parce qu'ils partiront à 57 ans, 57 ans et demi, ils partiront quand même à taux
21:37 plein et cerise sur le gâteau.
21:40 Pour ceux-là qui sont aux avant-postes de la grève, la réforme entrera en vigueur
21:43 en 2025, quand pour l'ensemble de la population, c'est septembre 2023 qu'est censée entrer
21:49 en vigueur la réforme des retraites.
21:51 Mais ça, il ne faut pas le dire.
21:53 Je sais que vous aimez bien.
21:55 Et Dimitri, autre astuce.
21:58 Peut-être qu'il est dans son rôle quand même le gouvernement, mais le gouvernement
22:01 dramatise les conséquences de la grève.
22:03 Oui, alors ça, c'est le classique.
22:04 Vous jouez la majorité silencieuse contre la minorité bruyante.
22:08 Et typiquement, c'est Elisabeth Borne hier à la télévision qui vient dire oui, je respecte
22:12 la grève, mais quand même, les Français les plus modestes sont ceux qui vont payer
22:15 le plus lourd tribut à la grève.
22:17 Mettre la France à genoux, dire ça, c'est quand même extrêmement grave, etc.
22:20 Bon, on est trois crans en dessous d'Olivier Véran qui déclarait la semaine dernière.
22:24 Je le rappelle, tout le monde l'a entendu, mais c'était quand même très drôle.
22:26 Mettre la France à l'arrêt reviendrait à prendre le risque d'une catastrophe écologique,
22:30 agricole, sanitaire, voire humanitaire.
22:33 Moi, je n'ai toujours pas compris ce qu'il a voulu dire à ce moment-là.
22:36 Peut-être qu'il s'est dit on va entrer avec.
22:37 Bon, bref, je n'ai pas compris.
22:39 Toujours dans le but d'atténuer les oppositions à la réforme.
22:42 Alors ça aussi, c'est un grand classique sur le terrain un peu de l'action.
22:44 C'est les discussions salariales, parce qu'en fait, on se rend compte que dans les cortèges,
22:48 les gens qui se mobilisent, il y a un entremêlement de la question salariale
22:51 avec la question des retraites.
22:53 On est en plein négociation annuelle obligatoire, NAO, dans de nombreuses entreprises.
22:57 Et les deux combats, si vous voulez, viennent s'entrechoquer.
23:00 Alors donc, à l'éducation nationale, il y a des discussions de ce genre-là qui ont échoué hier.
23:04 Dans les transports, Clément Beaune dit au patron de la RATP de la SNCF,
23:08 ouvrez des discussions salariales sur les conditions de travail, etc.
23:11 Plus subtil, alors vous avez les tentatives de diversion.
23:14 On change de sujet.
23:16 Alors là, par exemple, vous avez Gabriel Attal, il y a quelques semaines,
23:19 qui lance le chantier de la semaine de quatre jours à 36 heures.
23:22 Vous voyez, on a compris qu'il y avait un sujet du travail derrière.
23:25 Vous avez Emmanuel Macron, il y a quelques jours, la réforme des institutions.
23:29 Ça sort dans le Figaro.
23:30 Ça n'a pas duré, mais enfin, c'est un sujet que les Français aiment bien,
23:33 cette idée de réduire le nombre de mandats que pourrait avoir un parlementaire,
23:37 réduire le nombre de députés, la proportionnelle, etc.
23:41 Bon, sauf que vous avez quand même un Français sur deux qui juge que ce n'est juste pas le moment,
23:44 en fait, de lancer ce genre de réforme.
23:46 Et alors enfin, diversion, ma diversion préférée,
23:49 c'est l'hommage national demain à Gisèle Halimi.
23:53 Alors ça, c'est incroyable.
23:53 Ça fait deux ans que l'Élysée tergiverse, est-ce qu'on lui rend un hommage national ou pas ?
23:57 Sachant que la famille voudrait qu'elle entre au Panthéon.
23:59 Mais l'Élysée est plutôt réticente parce que Gisèle Halimi,
24:01 c'est l'avocate des porteurs de valises pendant la guerre d'Algérie quand même.
24:05 Et bien voilà, hommage national annoncé la semaine dernière.
24:08 Les enfants Halimi n'étaient pas au courant.
24:12 Serge Halimi, l'un des enfants de Gisèle Halimi, ne veut pas, refuse d'aller demain à l'hommage.
24:17 Pourquoi ? Parce qu'il dit c'est un jour de célébration internationale des droits des femmes.
24:22 Le lendemain, jour de grève, jour de grève encore.
24:25 Politiquement, c'est quand même énorme.
24:27 La diversion, là, elle nous saute au visage et elle apparaît quand même un brin déplacé dans le contexte actuel.
24:32 Alors ce qui est intéressant aussi, Dimitri, c'est que les sénateurs ont commencé l'examen du fameux article 7 ce fin d'après-midi.
24:39 Il y a 20 minutes là.
24:40 Oui, et on dit que malgré tout, la réforme finira par être adoptée.
24:44 On voit ça dans un instant.
24:45 On marque une pause parce que la semaine prochaine, on en discutait ce matin.
24:49 Elle risque d'être très, très, très compliquée.
24:52 Vous allez nous dire pourquoi. On marque une pause.
24:55 Dans un instant, on parlera du tollé à l'Assemblée nationale après le double bras d'honneur d'Éric Dupond-Méretti à Olivier.
25:05 Pourquoi ça vous fait soif ? Non, c'est pas un, c'est deux.
25:08 Il a présenté ses excuses à Olivier Malex, président de LR.
25:13 On va essayer de comprendre quand même ce qui se passe à l'Assemblée.
25:17 On fera un tour de table là-dessus.
25:18 Avec vous, mon cher Marc, on verra aussi comment dans l'histoire, ces luttes ont toujours porté quelque chose ou pas.
25:26 Vous allez nous dire pourquoi.
25:27 Et avec vous, ma chère Charlotte, nous allons nous arrêter sur la révolution, un manuel anti-institutionnel.
25:33 La révolution contre la famille.
25:35 On va en parler dans un instant.
25:37 Dimitri, on revient vers vous.
25:39 Passionnant, remarquable, tout ce que vous venez de nous expliquer.
25:42 Le texte, on va plus loin dans l'inquiétude du gouvernement et qu'est-ce qui va se passer et qu'est-ce qu'on peut attendre dans les gens qui viennent.
25:50 Le texte est au Sénat.
25:51 Les sénateurs ont commencé, je le disais tout à l'heure, l'examen du fameux article 7 en fin d'après-midi.
25:58 Et on dit que malgré tout, la réforme finira par être adoptée coûte que coûte.
26:02 Oui, parce que le but du gouvernement, vous rappelez, en déclenchant l'article 47 1, c'était d'aller vite pour limiter le temps de débat des textes budgétaires.
26:12 C'est ce que dit l'article 47 1.
26:14 Je vous rappelle que l'enveloppe législative de cette réforme des retraites, c'est ce qu'on appelle un projet de loi de financement de la sécurité sociale rectificatif.
26:22 Comme si on votait une rallonge budgétaire à la sécurité sociale.
26:25 En fait, c'est ça, en fait, techniquement, le texte et donc le Sénat.
26:29 Je vous l'ai dit jusqu'à dimanche.
26:30 Alors ensuite, qu'est-ce qui se passe?
26:31 Vous avez plusieurs options.
26:33 Soit le texte repart en l'État à l'Assemblée nationale pour une deuxième séance de cirque.
26:36 En gros, je dis ça sans comment dire?
26:39 Ce n'est pas du tout négatif à l'égard des gens du cirque.
26:43 Maintenant, il faut tout sous-titrer.
26:44 Oui, oui, oui, vous avez raison.
26:46 Soit la première ministre demande une commission mixte paritaire, une CMP.
26:51 Voilà qu'est ce que c'est?
26:51 Vous avez metté dans une même salle, 7 députés, 7 sénateurs et ils s'entendent sur une version commune du texte.
26:57 Bon, seulement, techniquement, ce qui va se passer, c'est que si on fait la commission mixte paritaire,
27:02 les élus ne pourront travailler que sur les articles qu'ils auront votés.
27:07 Or, je vous rappelle à l'Assemblée, il y a 20 articles dans le projet de loi.
27:10 À l'Assemblée, ils n'en ont voté que deux.
27:11 Au Sénat, actuellement, ils débattent du septième.
27:14 Combien en auront-ils voté d'ici dimanche?
27:17 Peut-être l'intégralité, mais peut-être pas.
27:19 Donc, ce qui se passe, c'est que si aucune des deux chambres n'a voté l'ensemble du texte,
27:23 ça n'est jamais arrivé dans l'histoire de la Ve République.
27:25 En commission mixte paritaire, on débatte d'un texte qu'on n'a pas intégralement voté.
27:29 Eh bien là, écoutez bien, le gouvernement va se retrouver libre
27:33 de ne retenir que les amendements qui lui conviennent pour les articles qui ont été votés.
27:38 Et pour ceux qui n'auront pas été votés, le gouvernement est libre de le conserver en l'État,
27:44 c'est-à-dire tel que le texte est sorti du Conseil des ministres.
27:47 Ça veut dire que le gouvernement va se retrouver en position de force absolue
27:51 pour faire voter le texte qui lui convient le mieux.
27:54 Après, vous renvoyez ça à l'Assemblée nationale, 49-3 et c'est réglé.
27:59 La réforme des retraites est adoptée.
28:00 - 47-3 ?
28:01 - Non, non, 49-3.
28:02 - Oui, 49-3.
28:03 - C'est-à-dire l'adoption du texte sans vote.
28:05 Seulement, vous voyez bien le piège politique en réalité.
28:08 - Tout ça pour ça ?
28:10 - Oui, mais ça revient surtout à faire un bras d'honneur, pardonnez-moi,
28:12 - Au Parlement ?
28:14 - Au parlementaire, de dire "vous avez débattu pour la galerie,
28:17 mais en fait, ça ne sert à rien, on a fait exactement le projet qu'on voulait".
28:19 Et c'est aussi après avoir snobé les syndicats et la rue.
28:23 Donc là, démocratiquement, pour l'exécutif,
28:26 c'est quand même extrêmement compliqué, extrêmement sensible.
28:28 Alors, en fait, il n'y a aucune solution.
28:30 C'est-à-dire que si le gouvernement renonce aux 64 ans,
28:33 défaite politique pour lui, on voit, il se condamne à l'impuissance pour la suite.
28:36 S'il donne l'impression de passer en force,
28:39 il va ruiner complètement sa légitimité.
28:41 Donc, vous voyez, cette réforme des retraites,
28:42 qui n'aurait dû être, à mon sens, qu'un simple ajustement technique,
28:46 ça devient un bourbier politique absolu pour le gouvernement.
28:49 - Très intéressant. Merci beaucoup pour cette analyse.
28:52 On rappelle les chiffres, 3,5 millions de manifestants en France selon la CGT,
28:58 700 000 à Paris selon la CGT, chiffre record à Paris selon la CGT,
29:02 mais selon la préfecture de police, 81 000 moins que le 19 février,
29:06 moins que le 31 janvier.
29:08 Voilà, on vous donne toutes les informations qui nous parviennent.
29:11 Et dans un instant, on va discuter avec vous, Marc Menand,
29:14 sur quoi ça sert cette mobilisation et comment les grèves ont servi,
29:18 parfois, à des avancées en matière sociale.
29:23 Charlotte, les Français ont-ils soif de révolution ?
29:26 Geoffroy De La Gainery, sociologue et philosophe,
29:28 sort un manuel de vie anti-institutionnel,
29:32 un éloge de l'amitié, mais contre la famille.
29:35 Il associe la famille à la déperdition, à la tristesse, à l'ennui,
29:40 a-t-il expliqué à la radio.
29:41 Il assume par exemple de dire que la famille engendre des dispositions
29:46 autoritaires, voire fascistes.
29:50 Est-ce bien raisonnable ?
29:51 C'est-à-dire qu'il faut s'arrêter dessus,
29:52 parce que Geoffroy De La Gainery est régulièrement invité
29:55 sur les radios du service public.
29:57 Donc, ce n'est pas simplement quelqu'un qui a écrit un livre
29:59 auquel on ne pourrait pas prêter attention.
30:01 Par ailleurs, pendant très longtemps,
30:02 on a répété que ce qui était excessif était insignifiant.
30:05 Je note que sur le terrain du progressisme,
30:07 souvent de ce progressisme-là,
30:09 ce qui est excessif est notre avenir.
30:11 Donc, ça fait rire tout le monde aujourd'hui.
30:12 Et puis, dans deux semaines, on n'aura plus le droit d'en parler
30:14 sans que ce soit l'indignation générale.
30:17 Donc, c'est pour ça que c'est important de s'arrêter dessus.
30:20 Et ce qui est étonnant dans cette intervention de Geoffroy De La Gainery,
30:23 c'est qu'il mêle ce qui a l'air d'être une histoire très personnelle,
30:26 c'est-à-dire son rapport à sa propre famille,
30:29 et à une revendication de modèles alternatifs.
30:33 Il ne se contente pas de livrer un témoignage sur son rapport
30:36 à sa propre famille, qui pourrait être accueillie comme un témoignage,
30:38 comme il en existe, d'étonne.
30:40 Or, nous sommes tous concernés par la famille,
30:44 par la force des choses, et par l'amitié,
30:46 par la force des choses aussi, sans y voir d'opposition.
30:49 Donc, on est étonnés par cette opposition qu'installe
30:52 La Gainery quand il arrive sur ce plateau.
30:54 Et là où il signe son idéologie et non pas son témoignage,
30:58 c'est qu'il transforme son discours sur la famille
31:01 en revendication devant l'État.
31:03 Il ne raconte pas l'histoire de sa famille,
31:05 il refuse l'idée même que perdure la famille dans la société.
31:10 Qu'elle ait une place et que des gens le choisissent comme modèle.
31:13 Moi, je pense que personne ne choisit la famille comme modèle,
31:15 c'est beaucoup plus naturel qu'un choix.
31:18 Mais lui ne le voit que comme une détermination à déconstruire.
31:22 C'est un héritier direct de tous les déconstructeurs,
31:24 il les cite à l'envie.
31:26 Donc là, on sait où il se place.
31:28 Il ne célèbre pas les vertus de l'amitié de l'homme libre
31:31 devenu adulte qui choisit l'amitié et qui parfois, d'ailleurs,
31:35 se répare de blessures familiales par le biais de l'amitié,
31:39 ce qui pourrait parfaitement être audible.
31:41 Non, non, il demande à l'État de consacrer l'amitié
31:45 comme modèle de vie à la place de la famille.
31:48 Donc, il choisit un modèle alternatif.
31:51 J'ai des palpitations.
31:52 Non, mais ce qu'il compte...
31:53 Non, vraiment.
31:53 Non, non, mais c'est...
31:55 Et c'est ça, c'est vraiment cette différence...
31:57 C'est au-delà de la déconstruction ?
31:58 Non, mais c'est...
31:59 C'est l'aboutissement.
32:01 C'est-à-dire que ce qu'il comptait, ce sont les institutions.
32:03 Vous le disiez, il le dit lui-même,
32:05 il n'a que la déconstruction en tête.
32:07 Donc, on comprend que comme il est l'héritier des déconstructeurs,
32:10 il le dit lui-même, il a dépassé la question du stade de l'identité sexuelle.
32:14 Il le dit pendant cette émission.
32:16 Donc, ce qu'on comprend, c'est qu'en fait, déconstructeurs en chef,
32:19 sur la première ligne des déconstructeurs,
32:22 il fallait un nouveau moyen de revendiquer une nouvelle identité.
32:25 Et il s'est dit,
32:26 "Bon, toutes les autres sont maintenant partagées par beaucoup de gens.
32:28 Comment je pourrais me faire remarquer avec une nouvelle identité ?
32:30 Je vais être ami au lieu d'être fils ou frère."
32:33 C'est ça qu'il nous demande de reconnaître.
32:35 Il ne livre pas un témoignage.
32:36 Il nous demande de le reconnaître.
32:37 Donc, dans deux semaines, il portera plainte si vous ne reconnaissez pas.
32:40 Parce que c'est ça la démarche, en fait.
32:42 Et il dit ressentir, en l'occurrence, au début, tristesse et mélancolie
32:48 quand il regarde les autres qui se conforment au schéma de société familiale
32:52 que lui conteste.
32:53 Donc, il ne parle pas de tristesse et de mélancolie
32:55 par rapport à sa propre histoire familiale,
32:56 ce qui serait absolument compréhensible,
32:58 puisqu'on n'est pas du tout son histoire familiale,
32:59 mais ça, on pourrait l'entendre.
33:00 Non, non, quand les autres se conforment à un schéma
33:02 que lui a décidé de ne pas gagner.
33:04 Et là arrive la revendication de l'individualisme abouti.
33:09 C'est-à-dire qu'il veut que l'État consacre l'amitié comment ?
33:13 En remplaçant les allocations familiales par des allocations amicales.
33:17 Non, mais ça a l'air drôle, mais c'est quand même étonnant.
33:21 Ensuite, il dit, on a, par exemple, un rapprochement de conjoint.
33:25 Pourquoi il n'y a pas de rapprochement amico ?
33:27 Pourquoi on ne peut pas rapprocher ses amis quand on est muté dans une ville ?
33:30 Donc, vous voyez qu'il veut comme modèle
33:33 la reconnaissance de son identité d'ami.
33:36 Et il refuse aussi qu'un ami soit appelé un frère,
33:40 mais il veut l'inverse.
33:41 Il ne supporte pas l'idée que quand il a un très bon ami,
33:44 on dise "tu es comme mon frère".
33:46 Il donne cet exemple-là,
33:47 mais lui voudrait amicaliser les relations.
33:50 C'est-à-dire, il prend l'exemple, par exemple, avec sa mère,
33:52 où dans le couple, il faudrait qu'on soit des amis.
33:55 Et finalement, ce qu'on comprend avec lui,
33:57 c'est que l'homme n'est plus ni un animal politique,
34:00 ni un animal familial, c'est-à-dire social.
34:03 Il est simplement l'identité qu'il a choisie,
34:07 qu'il peut varier et que l'État doit reconnaître.
34:10 Donc, il prend l'idée de l'ami,
34:13 mais il pourrait prendre n'importe quoi d'autre.
34:14 Et d'ailleurs, il l'a précédemment pris d'autre chose.
34:18 Donc, en effet, c'est là où on comprend que c'est
34:21 la volonté de ne dépendre de rien d'autre que de lui-même.
34:25 Il définit le matin ce qu'il veut être.
34:27 D'ailleurs, il peut changer à midi et le soir s'il veut.
34:30 Et l'État n'a qu'à se conformer à sa petite tyrannie personnelle,
34:34 parce que c'est exactement ça qu'il demande.
34:36 Ce n'est encore une fois pas un témoignage qu'il nous livre
34:37 et qu'on accepte ou pas, ou qu'on peut discuter.
34:41 En l'occurrence, sa revendication ne souffre aucune objection.
34:44 Il faut l'accepter comme elle est.
34:46 C'est intéressant à la fois le fond, le lieu.
34:50 C'est la première radio de France.
34:52 Aujourd'hui, enfin, donner la parole comme ça à ce genre de vision.
34:59 Vive la liberté d'expression.
35:01 Mais n'a-t-il pas raison, Charlotte, de dire que la famille peut être
35:05 un lieu de grande souffrance.
35:07 Des enfants sont rejetés, peu aimés, battus.
35:10 Des secrets entachent le bonheur.
35:12 Des couples se déchirent.
35:13 Est-ce que ça aussi, ce n'est pas un fait à prendre en compte ?
35:16 C'est bien sûr un fait et c'est d'autant plus douloureux,
35:18 c'est-à-dire que ces blessures familiales sont d'autant plus douloureuses
35:21 que ça n'est précisément pas ce que nous attendons collectivement
35:24 dans notre idée générale de la famille.
35:26 C'est pour ça que c'est beaucoup plus douloureux.
35:28 Pourquoi ? Parce qu'en l'occurrence, il y a une différence
35:31 entre une expérience malheureuse, expérience malheureuse qui existe
35:34 et qui s'accumule notamment dans le sein, on va dire, familial,
35:38 et le modèle, c'est-à-dire la nécessité de la famille
35:42 et la raison pour laquelle l'État protège la famille.
35:44 Pourquoi il y a des allocations familiales ?
35:46 Pourquoi il y a un rapprochement de conjoints ?
35:48 Pourquoi l'État protège la famille ?
35:50 Ce sont deux choses extrêmement différentes.
35:52 Or, ce que Laganerie nous livre, ce n'est pas du tout son histoire familiale.
35:55 On n'en sait pas plus à la fin qu'au début.
35:57 Mais en revanche, ce qu'il juge fasciste ou autoritaire dans la famille,
36:01 c'est simplement l'idée de la dépendance à autre chose qu'à lui-même.
36:04 Et ça revient en permanence dans tout ce discours-là.
36:07 C'est-à-dire que ce qu'il rejette dans la famille, c'est, un,
36:10 que ce soit quelque chose de donné.
36:11 On ne choisit pas, en effet, la famille dont on vient.
36:15 Donc, il veut être la source de son propre engendrement.
36:19 On en a parlé extrêmement souvent.
36:20 C'est exactement la même chose que quand on refuse d'être un homme ou une femme.
36:23 Ça nous est donné. On n'y peut rien. C'est comme ça.
36:26 Eh bien, on peut décider que ça n'existe pas.
36:28 Eh bien, c'est exactement ce qu'il fait cette fois-ci avec la famille.
36:31 Ensuite, la famille, c'est le lieu de la transmission et de l'inégalité naturelle.
36:34 C'est-à-dire que les parents apprennent à leurs enfants.
36:37 Les enfants reçoivent de leurs parents.
36:39 Les enfants sont dépendants pendant très longtemps de leurs parents
36:42 et effectivement de l'éducation qu'ils donnent.
36:44 Donc là, évidemment, c'est trop pour Geoffroy Laganerie.
36:47 Et ensuite, c'est le lieu de l'obligation, c'est-à-dire de l'inconditionnalité,
36:51 de l'obligation au sens positif du terme.
36:53 C'est exactement ce qu'on entend quand on dit "je l'aime comme un fils ou comme une fille"
36:57 ou "tu es un ami, tu es exactement comme un frère".
37:00 Ça relève de l'amour inconditionnel qui est normalement la règle dans la famille.
37:05 Les enfants grandissent avec l'idée de stabilité
37:08 parce que c'est le seul endroit où l'amour est inconditionnel.
37:11 C'est la chair de ma chair.
37:12 C'est comme ça qu'on parle des enfants.
37:14 Et ce n'est pas parce qu'il y a des modèles défaillants,
37:17 des parents évidemment défaillants ou coupables,
37:20 que le modèle n'est pas bon dans la famille.
37:22 Or, lui, Laganry, il nous dit quoi ?
37:24 La famille, c'est le lieu de la calcification de l'identité.
37:28 C'est-à-dire ?
37:29 C'est très intéressant.
37:30 Il est en train de nous dire ce qui est insupportable dans la famille,
37:33 c'est qu'elle me rappelle que je viens de quelque part
37:36 et que je ne suis pas maître de moi-même,
37:38 pas complètement maître de ce que je décide d'être.
37:41 C'est le lieu de la calcification.
37:43 Il y a une part de moi que je ne décide pas.
37:45 C'est ça qu'elle ne supporte pas.
37:47 Et ensuite, il nous dit que les dispositions mentales de la famille
37:50 sont moins libertaires que l'amitié.
37:52 Donc on comprend, il prend deux exemples qui sont franchement extrêmement intéressants.
37:56 Pourquoi est-ce qu'il déteste la famille ?
37:58 1) La conjugalité réduit par 5 le nombre de sorties.
38:02 Il y a un moment où il faut sortir de l'adolescence quand même,
38:04 c'est-à-dire que ce n'est pas une raison
38:05 pour laquelle on doit détruire un modèle familial.
38:09 Le deuxième exemple,
38:10 alors, il ne supporte pas ce qu'il appelle le matinalisme,
38:13 c'est-à-dire l'obligation à se lever le matin.
38:15 Et il dit que c'est insupportable
38:17 que quand on donne un rendez-vous à 8h du matin,
38:19 on ne peut pas répondre dans cette société,
38:21 on ne peut pas répondre, pas du tout,
38:22 parce que j'ai fait la fête jusqu'à 3h,
38:24 donc je ne peux pas me lever à 8h.
38:25 Il dit que c'est qualifié de caprice.
38:27 Et pourquoi c'est qualifié de caprice ?
38:29 A cause de, je cite,
38:31 "le cannibalisme moral et corporel des gens qui ont des enfants".
38:36 Ce sont les mots qu'il utilise.
38:38 Les mots qu'il utilise, alors dans le studio de France Inter,
38:40 ça fait rire quand même, on dit "ah, il y a un petit manque de mesure",
38:42 mais manque de mesure qui, cette fois-ci, fait rire.
38:45 Très bien, donc il explique qu'en fait, les gens qui ont des enfants
38:48 exercent sur la société un cannibalisme moral
38:52 qui oblige les gens comme lui à se lever à 8h du matin.
38:55 Donc voilà ce qu'il reproche à la famille, en l'occurrence,
38:58 c'est de contester, on va dire, la vie que lui a choisie.
39:03 Et il appelle ça, les gens qui ont des enfants, en l'occurrence,
39:05 font preuve d'égoïsme.
39:06 Alors, j'ai rarement vu de ma vie une inversion aussi totale,
39:11 le matin en l'occurrence, puisqu'il a accepté de se lever
39:13 pour être à la matinale quand même.
39:16 L'amitié politique est une notion très développée dans la philosophie.
39:21 Est-ce qu'elle n'est pas aussi primordiale ?
39:22 Oui, et en fait, il cite lui-même, il parle lui-même d'amitié politique.
39:26 Donc au début, on est un peu perdu.
39:28 On se dit "tiens, intéressant".
39:29 Il revient sur l'amitié politique développée énormément,
39:32 notamment par Aristote.
39:33 Sauf qu'il a tort d'opposer les deux.
39:35 Et c'est là qu'on comprend qu'il ne parle pas du tout
39:37 d'amitié politique en réalité.
39:39 L'idée de l'amitié politique, c'est que l'homme est naturellement
39:42 un animal familial et politique parce qu'il a besoin des autres
39:46 pour vivre correctement.
39:47 Il ne peut pas tout faire.
39:49 Il ne peut pas se satisfaire lui-même à tous ses besoins.
39:52 Or, en réalité, moi, en l'écoutant, j'ai pensé à Pascal.
39:54 Vous savez, Pascal disait "on peut choisir dans la vie
39:57 le divertissement pour arriver insensiblement à la mort".
40:01 C'est-à-dire qu'on se divertit pour combler l'ennui.
40:04 Lui-même dit "la famille, c'est le lieu de l'ennui".
40:05 Et comme ça, on arrive à la mort.
40:07 Pourquoi ? Parce qu'on ne se pose pas la question de la finalité.
40:09 Donc l'alternative au divertissement,
40:11 à la fameuse société liquide dont on parle,
40:13 c'est en effet la recherche d'une finalité.
40:15 Or, la perpétuation de la société elle-même est une finalité pour la société.
40:20 Il y a Dieu, évidemment, mais ça, le Geoffroy Laguernerie,
40:22 je ne vais pas lui parler de Dieu parce que là,
40:24 je vais aller trop loin pour lui.
40:25 Mais la perpétuation de la société.
40:27 Et c'est là qu'on comprend que la perpétuation de la société
40:29 suppose l'amitié politique et la famille,
40:31 ou plus exactement, la famille pour l'amitié politique.
40:35 C'est-à-dire que la famille est soutenue par l'État.
40:36 Lui, il dit "il faut remplacer les allocations familiales
40:39 par des allocations amicales".
40:40 Ce qu'il ne comprend pas, c'est que la famille est soutenue par l'État,
40:43 non pas parce que c'est une identité,
40:45 mais c'est parce que c'est la nécessité pour la société de préserver son avenir.
40:49 On aide les familles parce qu'elles ont des enfants
40:50 et que les enfants sont l'avenir de la société.
40:53 Et donc, c'est la famille qui rend possible l'amitié politique.
40:57 C'est-à-dire l'amitié politique, elle est possible
41:01 parce que les êtres ont quelque chose en commun.
41:03 C'est ce que l'on nomme autrement la fraternité dans notre devise, par exemple.
41:07 Donc le commun, il peut être de l'ordre du particulier,
41:09 des coutumes, des mœurs, des traditions,
41:11 tout ce que conteste par ailleurs Geoffroy Laguernerie,
41:13 ou de l'ordre de l'universel, des principes moraux,
41:15 une adéquation à ce qu'est la nature humaine.
41:18 Mais c'est d'abord la famille qui assimile les enfants
41:20 à ce qu'ils ont en commun dans le pays,
41:22 pour que les enfants devenus adultes puissent s'assimiler à la grande famille,
41:26 on va dire, qu'est la famille politique française,
41:28 et qui permet l'amitié politique.
41:30 Mais pour ça, il faut une raison commune.
41:32 Et que nous dit Geoffroy Laguernerie ? Il nous dit plusieurs choses.
41:34 "Mon livre ne s'adresse pas aux gens qui sont à l'aise avec la vie familiale."
41:39 Donc je ne sais pas ce qu'il appelle amitié politique,
41:40 mais si dès lors que l'immense majorité des gens
41:42 sont à l'aise avec l'idée de la vie familiale.
41:45 Donc ça ne s'adresse pas à ces gens-là.
41:46 Deuxièmement, il refuse le débat avec la droite.
41:48 On en avait déjà parlé, il avait fait cette sortie-là.
41:51 Donc il y a toute une partie de la société avec laquelle il ne veut pas débattre.
41:54 Donc l'amitié politique n'est pas son sujet.
41:56 Et enfin, il veut simplement une reconnaissance de l'identité qu'il a choisie,
42:01 ce mardi matin, je ne sais pas si c'était aujourd'hui ou hier, ce jour-là.
42:04 Donc ça n'est pas une amitié politique qu'il veut,
42:06 mais c'est exactement l'inverse,
42:08 c'est-à-dire l'abolition même de la société et de la nature humaine
42:12 sur laquelle repose la possibilité même d'une amitié politique.
42:16 Donc en réalité, on a une inversion qui est absolument parfaite.
42:21 Quelle analyse. Merci Charlotte.
42:24 Et j'ai lu dans le Journal de l'économie hier que les jeunes, au contraire,
42:28 sont de plus en plus attachés à la famille,
42:31 non seulement à la notion de famille, mais aussi de famille durable.
42:36 C'est intéressant ce paradoxe.
42:39 On continue avec les chiffres qui viennent de nous parvenir
42:43 pour la manifestation du jour.
42:44 Selon la CGT, 3,5 millions de participants.
42:47 Je vous le disais tout à l'heure, un chiffre record.
42:50 Le 31 janvier, par exemple, ils étaient 2,8 millions dans les rues.
42:53 Et selon la police, c'est 1,2 million de participants manifestants aujourd'hui.
43:00 Donc 3,5 millions.
43:01 Maintenant, je viens à vous mettre dans un instant,
43:06 on fera un tour de table à propos du double bras d'honneur d'Éric Dupond-Moretti
43:10 face à Olivier Marlex à l'Assemblée nationale.
43:12 On en parle dans un instant.
43:13 Mais Marc, aujourd'hui, grande journée de mobilisation,
43:17 grande journée de grève.
43:20 Certains sont offusqués par cette grève qui est visiblement une réussite
43:24 pour l'instant aujourd'hui.
43:25 Et certains sont offusqués parce que cette grève atteint leur liberté de travail,
43:30 liberté de déplacement, leur autonomie.
43:32 Reste que si on déplore ce type de situation,
43:35 l'histoire nous révèle que sans les luttes extrêmes,
43:38 les avancées sociales n'auraient peut-être pas existées.
43:42 Hélas, oui, il suffit déjà de se rappeler ce qui existait
43:47 en règle sociale sous l'Ancien Régime.
43:50 On travaillait 7 jours sur 7, 16 heures par jour,
43:53 et il n'y avait pas d'âge pour commencer à travailler.
43:57 Donc, vous étiez condamné à être l'un des pions,
44:01 dès lors que vous étiez capable de marcher, d'effectuer le moindre effort,
44:05 un des pions pour ceux qui avaient besoin de vos bras.
44:10 La Révolution change tout, mais pourquoi il y a la Révolution ?
44:12 C'est sans doute parce que les aristocrates n'avaient pas fait assez attention
44:17 à ce qui se passait du côté du peuple.
44:20 Alors vous allez dire "mais vous avez déjà évoqué les jacqueries, vous avez déjà..."
44:24 Oui, sauf que là c'était les corporations,
44:27 c'était dire des gens qui avaient le petit atelier,
44:31 qui tenaient un appenti et ces gens-là avaient à souffrir de l'impôt.
44:35 Et de temps en temps, ça leur était tellement intolérable,
44:38 même chose, ils étaient obligés de se révolter pour faire entendre leur voix.
44:44 Et à chaque fois, c'est toujours la répression qui l'emporte.
44:47 Venons maintenant sur la notion sociale.
44:49 Comment, à un moment donné, les individus sentent que sans manifester
44:57 les souffrances qui sont les leurs,
44:59 on ne tient jamais compte de leur quotidien.
45:02 Par exemple, là, il y a les trois glorieuses qui font tomber Charles X
45:09 et lorsque l'on est avec le roi des Français, du côté de Lyon,
45:14 les ateliers vont se mettre en grève.
45:17 Pourquoi ? Ce sont ce qu'on appelle les canutes.
45:21 Les canutes parce que les conditions sont épouvantables.
45:24 Ils demandent quoi ?
45:25 Ils demandent au préfet d'avoir une entente avec leur patron.
45:31 Et à la fin, on les assigne à reprendre le travail
45:34 sans essayer de comprendre ce qui les anime.
45:38 Et la manifestation va se reproduire plusieurs fois et à chaque fois,
45:42 c'est par la force, par les armes qu'on répond à leur attente.
45:47 La modification des conditions de travail se fait tellement lentement
45:52 qu'on a deux médecins qui, dans ces aléas, font un rapport
45:56 sur l'état de santé des individus.
45:58 Alors il y a Guillermet à Lyon et puis Guépin à Nantes.
46:04 Ils disent, c'est terrible parce que les 50% des conscrits
46:09 sont réformés car ils ne sont même pas capables de servir.
46:13 On a des vieillards à 26 ans.
46:15 Et dans tout cela, pas la moindre décision politique
46:20 qui vient aménager le sort des individus.
46:24 Les manifestations, elles vont se reprendre.
46:27 Malheureusement, elles sont tellement nombreuses
46:30 qu'il faut choisir celles qui sont peut-être les plus spectaculaires.
46:34 Par exemple, on est à Limoges en 1895 avec des pauvres femmes.
46:39 Elles viennent de la campagne.
46:41 Elles travaillent 15 heures par jour.
46:43 Et ces femmes-là, elles demandent une petite amélioration le soir.
46:47 Elles sont dans un dortoir.
46:48 Elles n'ont pas de jours de repos.
46:50 Et Mme Clément ne veut rien entendre.
46:52 104 jours.
46:54 104 jours de lutte.
46:56 Et à la fin, il n'y a pas la moindre amélioration.
46:59 Quelle est la réponse de ceux que l'on appelle les bourgeois ?
47:03 C'est si on cède, eh bien c'est un encouragement à la paresse.
47:11 Et c'est toujours cela qui est répondu
47:13 quand on a des petites améliorations.
47:15 Tout à l'heure, je vous parlais des 16 heures par jour.
47:18 Il faudra attendre 1848 pour tomber à 12 heures par jour.
47:23 En 1892, 11 heures par jour.
47:28 Vous vous rendez compte ?
47:29 Et quand par exemple, vous avez les mineurs
47:32 qui demandent des améliorations de conditions de travail,
47:36 là, ce n'est même pas une petite fantaisie pour leur quotidien,
47:39 sauf qu'ils sont dans des conditions,
47:41 les risques sont tellement énormes
47:43 que c'est leur peau qu'ils mettent en jeu.
47:45 Il n'y a pas de réponse.
47:47 Et quand on connaît le fameux drame de 1906 à Courbières,
47:53 là, il y a 1 200 morts.
47:55 Et quand les gens manifestent contre le patronat,
47:58 on réplique par quoi ? Par les armes.
48:00 Alors vous voyez, il n'y a pas de situation
48:03 qui soit volontairement dans la négociation
48:07 ou même je dirais avec une appréhension du quotidien des gens
48:13 pour dire c'est vrai, il nous faut envisager
48:16 que les uns et les autres aillent un peu mieux.
48:19 Non, c'est uniquement par la lutte
48:21 qu'à chaque fois on concède une petite avancée.
48:24 Sinon, le leitmotiv, c'est la fainéantise que l'on favorise.
48:29 - Parfois, c'est aussi avec, pas forcément la lutte,
48:32 mais on peut avoir des avancées.
48:34 - Sauf que voilà.
48:36 - Merci. La page de gauche de Marc Menand.
48:38 Alors un tour de table quand même,
48:43 avant de parler avec vous de ce qui se passe à l'Institut,
48:46 à l'IEP de Lyon.
48:48 Très intéressant, on va voir un peu ce qui se passe là-bas.
48:50 Aux couleurs LGBT, mais tous les, à l'Assemblée,
48:54 aujourd'hui, après le double bras d'honneur
48:56 d'Éric Dupond-Moretti, ministre de la Justice,
48:58 à Olivier Malex, président du groupe LR.
49:00 Le garde des Sceaux a ensuite présenté ses excuses.
49:03 Alors tout cela a dérapé lorsque Olivier Malex
49:07 a rappelé la mise en examen d'Éric Dupond-Moretti
49:09 pour prise illégale d'intérêt.
49:11 Est-ce que le gouvernement perd ses nerfs ?
49:13 Comment expliquer ce niveau d'invective
49:15 au cœur de l'Assemblée nationale ?
49:17 On est habitué à quelques sorties de LFI.
49:19 Est-ce qu'on a basculé lorsque les ministres même s'y mettent ?
49:22 Dimitri, ensuite Charlotte, Mathieu.
49:24 Je dirais que tout le monde est visiblement sur les nerfs.
49:28 C'est ce que vous disiez tout à l'heure.
49:29 Après c'est vrai, on a entendu beaucoup
49:31 des membres du gouvernement faire la leçon
49:32 aux députés de la France Insoumise sur le thème
49:34 "ils abaissent la vie politique ces gens-là", etc.
49:36 "ils ne savent pas se tenir, ils arrivent débraillés".
49:38 Bon, on voit que visiblement le monopole
49:42 de l'insolence et de la vulgarité,
49:43 il n'est pas qu'à la France Insoumise.
49:45 Et voilà, moi c'est le premier réflexe
49:49 que j'ai quand je vois ça.
49:52 Après la répétition de ce genre d'incidents quand même,
49:56 on commence à se demander sur la question
49:59 du niveau général de notre vie politique.
50:01 Pour ça on en a déjà parlé mille fois,
50:02 mais vraiment ça donne le sentiment
50:04 d'un abaissement général.
50:05 Éric Dupond-Moriti qui on pensait habitué
50:07 à ce genre de situation, visiblement lui,
50:10 n'est pas exemple.
50:11 - De Aurélien Saint-Aul qui avait qualifié
50:13 Olivier Dussopt d'assassin et d'éponceur.
50:16 - Oui mais ça c'était différent,
50:17 parce que c'était une attaque politique.
50:18 Le doigt de le bras d'honneur c'est...
50:20 - Et après il s'est excusé.
50:21 - Non mais je pense qu'il y a une brutalisation en fait.
50:22 C'est-à-dire que là, LFI a envoyé le signal
50:25 et à partir de là, tout le monde est tiré
50:27 vers le bas d'une manière ou de l'autre.
50:29 Donc c'est la brutalisation des mœurs parlementaires
50:31 dans un débat où tout le monde perd ses nerfs.
50:33 - Non mais c'est vrai que...
50:36 En fait c'est particulièrement malvenu
50:38 vu l'ambiance depuis quelques jours
50:39 et vu la leçon qui est faite en permanence.
50:41 En effet, aux députés de La France Insoumise,
50:43 maintenant je vais maintenir à ma ligne
50:44 quelqu'un qui présente ses excuses.
50:46 Je les accepte.
50:47 - Il y a quand même un député aussi
50:48 qui s'est fait ce week-end arrêter
50:49 pour conduite en état d'ivresse,
50:52 outrage à agents, etc.
50:55 On a un autre député renaissant,
50:56 celui de Carmel, il avait attaqué un autre au casque.
50:59 Et ce genre d'incident, malheureusement,
51:01 on voit que...
51:02 La délinquance est partout malheureusement.
51:04 - Oui et il n'y a plus le sens de l'honneur.
51:07 Le sens de représenter la république.
51:10 C'est-à-dire une sorte de fierté.
51:12 On est sorti du rang.
51:13 Dorénavant, nous avons un devoir.
51:16 Qu'un avocat, prince des mots,
51:19 celui qui théoriquement, grâce à l'éloquence,
51:21 doit imposer une thèse,
51:23 en soit réduit au bras d'honneur,
51:25 ça veut dire où on est en vieillissement précoce,
51:28 où véritablement on n'est plus en état
51:32 d'être digne de la position dans laquelle on se trouve.
51:36 Après, il y a une ambiance générale.
51:38 C'est vrai qu'aujourd'hui,
51:39 il y a une agressivité générale dans le pays.
51:42 Elle touche les politiques,
51:44 mais elle touche tous les individus.
51:46 On n'a jamais vu autant de violence partout.
51:49 Les étincelles se multiplient.
51:51 Les gens en viennent aux mains, au point pour un rien.
51:54 - On aura l'occasion d'en reparler.
51:55 C'est vraiment reflet de la société.
51:58 Comment cette semaine, à l'IEP de Lyon,
52:00 une semaine de propagande queer.
52:03 Queer, c'est personnes dont l'orientation
52:05 et l'identité sexuelle ne correspondent pas
52:06 au modèle dominant.
52:08 Cette semaine de formation s'appelle
52:12 "Genre et inclusion sociale".
52:15 Pourquoi est-ce que cette propagande doit inquiéter
52:18 au sein de l'IEP de Lyon?
52:20 - Et ailleurs.
52:22 Résumons le mot.
52:23 L'IEP de Lyon est théoriquement un lieu d'éducation.
52:26 Lorsqu'il y a une telle semaine de propagande,
52:29 ça devient un lieu de rééducation
52:31 où une idéologie est martelée, tambourimée
52:34 pour faire en sorte que tout le monde comprenne
52:37 qu'il s'agit de l'idéologie obligatoire
52:39 pour fonctionner à l'université.
52:40 Je donne quelques exemples des conférences qui seront abordées.
52:43 Queer, mise en perspective historique d'une notion.
52:46 Genre et politique sociale.
52:47 Genre et médias, perspective nationale et internationale.
52:51 Autrement dit, on veut imposer le prisme du genre
52:54 dans tous les domaines de l'enseignement.
52:56 Ça va être le langage commun qui est partagé partout.
52:58 Autrefois, il y avait la culture classique
53:00 qui était le langage partagé.
53:02 Aujourd'hui, le langage partagé, c'est la théorie du genre,
53:05 c'est l'idéologie queer et woke.
53:07 Je précise, soit d'ici temps passant
53:08 que dans le cadre de la même activité, l'an dernier,
53:11 un documentaire avait été diffusé,
53:13 c'est Boulevard Voltaire qui nous l'apprend,
53:14 qui était "Petite fille".
53:15 Ça racontait l'histoire de Sacha, fillette de 7 ans,
53:19 assignée garçon à la naissance.
53:21 Et on racontait le combat de la famille
53:23 pour faire reconnaître son autre identité de genre,
53:25 sa vraie, pour le dire ainsi.
53:27 Alors là, vous me direz, c'est choquant.
53:30 Moi, je vous dirais malheureusement, c'est banal.
53:32 Mais c'est terriblement banal, parce que ces notions-là,
53:34 puis je pourrais en nommer plusieurs,
53:36 le genre, le racisme systémique, l'hétéropatriarcat,
53:39 le sexe assigné à la naissance,
53:41 le fait sexe assigné à la naissance,
53:42 c'est-à-dire que vous, Christine, lorsque vous êtes née,
53:44 on n'a pas reconnu que vous étiez une femme.
53:45 On vous a décidé de force par un système idéologique
53:48 que vous étiez une femme.
53:50 L'analyse différenciée selon les genres.
53:52 Tout ça, ce ne sont plus des concepts
53:54 qui sont réservés au monde militant.
53:56 Ce sont des concepts qui dominent
53:57 les sciences sociales aujourd'hui.
53:59 Ils sont utilisés dans la bureaucratie européenne,
54:01 ils sont utilisés dans la bureaucratie américaine,
54:04 ils sont utilisés par la bureaucratie onusienne,
54:06 canadienne et française, souvent, il faut bien le dire.
54:09 Donc, ces concepts, aujourd'hui,
54:11 on se choque lorsqu'ils sont présentés
54:13 de manière militante et caricaturale
54:14 sur le mode du carnaval idéologique,
54:16 mais dans les faits, ils sont déjà
54:18 au cœur des sciences sociales aujourd'hui.
54:20 Donc, l'université est un lieu d'endoctrinement
54:22 de plus en plus, d'endoctrinement idéologique,
54:25 et la science devient anti-science.
54:28 C'est au nom de la science aujourd'hui,
54:29 c'est au nom d'une conception falsifiée de la biologie
54:31 qu'on nous explique que les hommes et les femmes n'existent pas,
54:34 c'est au nom d'une conception falsifiée de l'histoire
54:36 qu'on nous explique qu'il n'y a jamais eu
54:37 de peuple historique français,
54:38 et c'est au nom d'une conception falsifiée de la démographie
54:41 qu'on nous explique que le peuple français
54:42 ne peut pas être enseveli démographiquement.
54:44 Donc, là, l'anti-science devient la science,
54:47 et il faut prêter serment à cette idéologie
54:48 pour faire carrière dans le monde académique.
54:51 - Est-ce à dire que l'université est perdue,
54:53 que l'enseignement supérieur est perdu, dernière question?
54:55 - Oui, en vérité, oui.
54:56 C'est-à-dire qu'on peut espérer, à moyen terme et long terme,
55:00 une reconquête de l'université,
55:03 selon l'esprit classique de l'université,
55:05 mais à court terme, ça n'arrivera pas.
55:07 Parce qu'on peut dire que la pénétration idéologique
55:09 de ce discours en enseignement supérieur
55:10 est telle partout en Occident.
55:12 - Formatage incroyable.
55:13 - Mais c'est une institution de formatage généralisé.
55:16 Donc, si on veut réapprendre à penser par soi-même,
55:18 il faut quelquefois apprendre à penser contre ce faux savoir
55:21 qui est imposé à tous et qui est une idéologie.
55:23 Un peu comme le marxisme des années 70,
55:25 c'était l'idéologie obligatoire.
55:26 Il fallait s'arracher au marxisme
55:29 pour réapprendre à penser avec la réalité.
55:31 Il faut aujourd'hui s'arracher à cette idéologie obligatoire
55:34 qui formate des générations et demain d'autres générations
55:38 dans cet espèce de discours
55:40 qui nous coupe de la réalité des choses.
55:42 Donc, c'est-à-dire qu'il faut réapprendre...
55:43 Dans le monde anglo-saxon,
55:45 on parle souvent de liberté académique.
55:46 On cherche à regagner un peu d'espace,
55:48 on veut protéger les conférenciers
55:50 qui sont invités dans les universités
55:52 pour éviter que la gauche ne pratique la censure généralisée.
55:54 Bien franchement, quant à moi, je vous dirais
55:56 qu'il va falloir développer une nouvelle culture de la dissidence,
55:59 c'est-à-dire s'extraire quelquefois la véritable pensée aujourd'hui.
56:03 Elle se trouve étrangement quelquefois à la télévision,
56:05 à la radio, dans des séminaires privés,
56:07 dans des revues, dans des lieux
56:09 qui sont à l'abri du contrôle idéologique des temps.
56:11 Mais soyons conscients d'une chose,
56:13 plus on progresse dans le système universitaire aujourd'hui,
56:15 plus on a de chances d'apprendre à penser le contraire de la réalité
56:19 et à confondre le vrai, le faux, le beau et le lait,
56:21 en fait confondre la réalité et le fantasme idéologique.
56:25 Et comme disait Charlotte tout à l'heure,
56:26 ce qui est excessif est notre avenir.
56:28 Tout de suite, le JT Mathieu Devese, merci de nous avoir suivis.
56:32 Ensuite, c'est Pascal Praud.
56:33 Ils étaient 81 000 manifestants à Paris,
56:39 selon la préfecture de police, 700 000 selon la CGT.
56:43 C'était la sixième journée de mobilisation
56:45 contre le projet de réforme des retraites du gouvernement.
56:47 Une journée marquée notamment par des affrontements
56:50 entre des individus violents et les forces de l'ordre.
56:52 Pour l'instant, 22 personnes ont été interpellées dans la capitale.
56:57 Dans ce contexte, le Sénat a entamé ce soir l'examen très attendu
57:00 de l'article 7 de la réforme des retraites.
57:02 Il prévoit de repousser l'âge légal de départ de 62 à 64 ans.
57:06 C'est cet article que les députés n'avaient pas eu le temps d'aborder
57:09 lors de leur débat à l'Assemblée nationale.
57:12 Enfin, le trafic des trains restera fortement perturbé demain.
57:15 Aujourd'hui, on ne comptait que 20% des trains en circulation
57:18 sur les grandes lignes et les lignes régionales.
57:20 Et demain, un tiers d'entre eux seront en circulation pour les TGV et TER.
57:25 Le trafic intercité restera très perturbé avec 80% des trains supprimés.
57:30 ♪ ♪ ♪