Face à l'Info du 06/03/2023

  • l’année dernière
Christine Kelly et ses chroniqueurs débattent de l'actualité dans #Facealinfo

Category

🗞
News
Transcript
00:00 Oui, on est à l'antenne. Ravie de vous retrouver.
00:03 Comment allez-vous ? Vous avez passé un bon week-end ?
00:05 Absolument.
00:06 Bon, moi je suis...
00:07 Sans les épines.
00:08 Quelles épines ?
00:09 Bah parce que vous êtes une rose.
00:10 Oh merci. En tout cas, moi j'étais en Tunisie.
00:12 Je vous ai ramené des gâteaux.
00:14 Oh !
00:15 Regardez, regardez les beaux gâteaux.
00:17 Ils ne sont pas trop sucrés.
00:18 Ils sont à mourir.
00:19 Alors, figurez-vous que j'avais un cadeau pour vous,
00:20 mais je l'ai oublié.
00:22 Ah !
00:24 Mais il paraît que c'est ma grande spécialité, n'est-ce pas ?
00:26 Ah, c'est fort.
00:27 J'avais un cadeau pour vous, mais je l'ai oublié.
00:30 Marc, maintenant, taisez-vous, s'il vous plaît.
00:31 C'est parti.
00:32 C'est qui la minute d'info ?
00:34 Alexis, allez, c'est parti.
00:35 Les transports fortement perturbés demain.
00:41 80% des TGV Zinoui et Ouigo seront annulés,
00:45 selon les prévisions de la SNCF.
00:47 Vous le voyez, un train sur cinq en moyenne,
00:49 sauf dans le sud-est avec un train sur trois.
00:52 En Ile-de-France, l'ARATP prévoit également une réduction
00:55 du nombre de métros dans la capitale.
00:57 À l'exception des lignes 1 et 14 qui sont automatisées.
01:02 Les préavis de grève se multiplient pour protester
01:04 contre la réforme des retraites.
01:06 Trois des quatre terminaux méthaniés en France
01:09 sont arrêtés pour sept jours, ont annoncé les syndicats.
01:13 Ces terminaux permettent d'importer du gaz naturel liquéfié,
01:16 nécessaire pour alimenter les choux de diarrhée à gaz.
01:19 Et dernier hommage à l'ancien footballeur Juste Fontaine.
01:23 Ses obsèques se sont déroulés cet après-midi à Toulouse.
01:27 Juste Fontaine était entrée dans la légende
01:29 avec ses 13 buts marqués lors de la Coupe du Monde de 1958 en Suède.
01:34 Un record jamais inégalé depuis,
01:37 dans une phase de finale de Coupe du Monde.
01:39 Au sommaire ce soir, le député Louis Boyard lance un défi
01:46 appelant les étudiants à bloquer les universités demain
01:49 avec une récompense à la clé, une visite de l'Assemblée nationale.
01:53 Alors que l'accès au Palais Bourbon est gratuit,
01:56 accessible à tous, alors que c'est illégal,
01:58 alors que la région Île-de-France porte plainte,
02:01 Jean-Luc Mélenchon apporte son soutien.
02:03 En quoi l'appel à violer la loi de la part d'un député est-il possible ?
02:08 L'édito de Mathieu Boccoté.
02:11 À la veille de la mobilisation du 7 mars,
02:13 jour d'appel à bloquer le pays,
02:15 Dimitri Pavlenko tentera de connaître le coût d'une journée de blocage.
02:19 Que perdra la France chaque jour de blocage ?
02:21 Blocage soutenu à l'heure qu'il est par une majorité de Français.
02:26 Souvenez-vous du bateau de migrants Océan Viking,
02:29 bateau de l'association SOS Méditerranée,
02:31 une association partie financée par la ville de Paris.
02:34 100 000 euros en 2019.
02:36 On a appris que la Cour administrative d'appel a annulé cette subvention
02:40 il y a quelques jours. Pourquoi ?
02:42 Parce que la mairie de Paris prend partie
02:44 dans les dossiers diplomatiques de la France et ce n'est pas son rôle.
02:47 Que comprendre le décryptage de Charlotte Nornelas ?
02:52 Une bombe jetée dans l'hémicycle par le député Auguste Vaillant,
02:56 Sadie Carnot assassinée, l'affaire Dreyfus, le scandale de Panama,
03:00 la rancœur ressassée de la défaite de 1870, la perte de l'Alsace-Lorraine.
03:06 Les années 1890, la période est donc sinistre.
03:10 La France est une sorte de chaos et soudain, au théâtre, une pièce.
03:14 Cyrano de Bergerac, le héros capable de vaincre les situations les plus
03:19 épouvantables, maintenant raconte.
03:23 Et puis nous reviendrons sur cette déclaration de la porte-parole
03:26 d'oser le féminisme.
03:28 Elle qualifie le meurtre terrible de deux femmes à moins de 24 heures
03:32 par leur conjoint en accusant notre culture judéo-chrétienne.
03:36 C'est elle la responsable.
03:38 En quoi notre culture judéo-chrétienne est-elle responsable de ces meurtres ?
03:45 L'édito de Mathieu Beaucoup.
03:47 Une heure pour prendre un peu de hauteur avec nos mousquetaires.
03:49 C'est maintenant.
03:51 ...
04:03 Et puis notre tour de table ce soir, une question.
04:06 Faut-il bloquer la France ?
04:09 On en parle dans un instant.
04:11 Mathieu Beaucoup et Louis Boyard, le député LFI,
04:14 a décidé de lancer un défi sur les réseaux sociaux.
04:16 Je n'ai pas envie de dire challenge.
04:17 - Vous avez tout à fait raison.
04:18 - Je ne l'ai pas dit d'ailleurs.
04:20 - C'est écrit.
04:21 Pour mobiliser les lycéens contre la réforme des retraites.
04:26 Il invite ces derniers à organiser le blocus de leur lycée,
04:29 à prendre le blocus en photo, sur le mode du challenge.
04:33 Il appelle d'ailleurs son blocus challenge
04:35 et promet d'inviter à l'Assemblée nationale
04:38 une équipe de bloqueurs, photographes,
04:39 qui sera un peu pigée au hasard dans quelques jours.
04:42 Est-ce qu'il faut prendre, Mathieu, cet appel au sérieux
04:45 ou devrions-nous plutôt laisser ce jeune homme à ses frasques ?
04:50 - Oui, je pense que c'est une question
04:51 chaque fois que l'on doit se poser
04:53 lorsqu'il est question de Louis Boyard.
04:55 Devons-nous parler de lui ?
04:57 Parce que qu'est-ce qu'il représente, en fait ?
04:58 C'est le bouffon le plus caricatural qui soit,
05:01 la mascotte qui représente la dégradation
05:04 de la classe politique aujourd'hui,
05:05 le symbole de l'effondrement intellectuel des Insoumis.
05:09 Bon, nous savons qu'il est tout cela.
05:10 Donc, on pourrait se dire, on le balaie du revers de la main
05:13 et on ne s'intéresse pas à lui.
05:14 C'est une note de bas de page dans un livre de série,
05:18 un film de série B qu'on peut laisser de côté
05:20 et l'oublier à jamais.
05:21 Hélas, hélas, notre époque est faite de personnages comme lui.
05:24 Et il suffit de regarder la classe politique insoumise
05:27 pour voir que c'est avec de tels personnages
05:29 que nous devons aujourd'hui réfléchir à la politique.
05:32 On y a de...
05:33 Enfin, plus largement à gauche, dans la Nupes,
05:34 il y a Mme Rousseau, Mathilde Panot, Clémentine Nautin,
05:37 Daniel Obono, Hercilia Soudain et tant d'autres.
05:40 Alors, nous devons les prendre tels qu'ils sont,
05:41 teler la classe politique,
05:43 à la fois, je dirais, dévorée par le ressentiment
05:46 et traversée par un certain fanatisme
05:48 qui caractérise aujourd'hui la gauche parlementaire.
05:51 Alors, une fois...
05:52 Et donc, il faudrait un jour, je crois,
05:54 faire une forme de sociologie de la députation insoumise.
05:56 Ce serait intéressant, on pourrait faire des comparaisons
05:58 avec d'autres périodes de l'histoire
05:59 pour voir ce qui arrive lorsque des gens
06:01 qui n'y étaient pas du tout préparés intellectuellement
06:03 surgissent au coeur de l'Assemblée.
06:04 - Rendez-vous, et pouvez-vous nous faire ça un jour?
06:06 - Ah bien, avec grand plaisir, avec grand plaisir.
06:08 Alors, qu'est-ce qu'il y a dans ce défi, dans ce challenge?
06:10 Premièrement, premièrement, il y a la rhétorique révolutionnaire.
06:13 Il faut le dire.
06:14 Ce qui est une grève...
06:15 Alors, les syndicats nous parlent d'une grève,
06:18 d'une grève qui est liée à la question
06:20 de la réforme des retraites.
06:21 Donc, ça, c'est une grève ciblée
06:23 que certains peuvent vouloir reconduire,
06:25 que certains peuvent vouloir durable,
06:27 mais c'est une grève liée à un objet particulier.
06:29 Que cherche à faire la France insoumise en ce moment,
06:32 et notamment, le dénommé Boyard,
06:35 cherche à transformer la grève
06:36 en journée d'insurrection à potentiel révolutionnaire.
06:39 On a vu M. Mélenchon, qui, lui, est un authentique homme politique,
06:43 un homme politique très radical,
06:44 mais c'est un homme politique à l'ancienne.
06:45 Et qu'il sait ce qu'il dit,
06:47 dans un exposé qui a circulé beaucoup ces derniers jours,
06:49 il nous dit que c'est le peuple qui se manifeste
06:52 au moment de cette grève.
06:54 Donc, on comprend que Jean-Luc Mélenchon,
06:55 c'est l'interprète autoproclamée du peuple français
06:58 tel qu'il se le représente.
07:00 Il nous dit que le peuple peut mettre à genoux les puissants.
07:02 Donc, c'est un appel explicite à une logique révolutionnaire.
07:05 Il y a le désir que ça déborde,
07:07 le désir que tout ça conduise ailleurs.
07:09 Donc, il y a la rhétorique révolutionnaire
07:11 qui est présente là-dedans.
07:12 Il faut le noter.
07:13 Deuxièmement, il y a la grève qui est présentée comme une fête.
07:16 Et ça, il faut le voir, c'est assez particulier.
07:18 La grève est présentée par le dénommé Boyard
07:20 comme la fête qui permet de rassembler
07:22 sur le mode festiviste,
07:24 pour parler comme Philippe Meuré, le feu Philippe Meuré.
07:27 Donc, c'est l'espèce de fête,
07:28 on le fait sur le mode challenge,
07:29 on le fait sur le mode...
07:31 l'espèce de carnaval, en fait.
07:33 Donc, c'est la grève carnaval
07:34 qui permet de rejoindre les jeunes générations croitons.
07:37 Et enfin, ça témoigne, il faut bien le dire,
07:39 de ce que plusieurs rappellent avec raison,
07:40 la tiktokisation de la politique,
07:42 c'est-à-dire les réseaux sociaux,
07:44 aujourd'hui, permettent de rejoindre
07:47 une jeune génération, de l'endoctriner,
07:48 il ne faut pas l'oublier,
07:49 permettent de la mobiliser véritablement,
07:51 permettent de la fanatiser aussi,
07:53 à travers une forme...
07:54 ça devient presque un jeu vidéo.
07:56 Donc, prenez tout ça ensemble.
07:57 Une nouvelle manière de faire la politique,
07:59 le mode tiktok,
08:01 la grève présentée comme une fête,
08:02 la logique révolutionnaire,
08:04 et vous avez le coeur du message de Louis Boyard
08:06 et qui, aujourd'hui, il faut l'appeler,
08:08 il y en a plein, il y a des actions illégales,
08:09 et Valérie Pécresse et d'autres disent
08:11 on ne peut pas laisser faire ça.
08:12 Pour une fois, pour une fois,
08:13 les pouvoirs prennent au sérieux
08:15 des gens qui ont une logique, quelquefois,
08:16 d'insurgés, pour ne pas dire de voyous.
08:18 - Pour une fois, il y a une plot.
08:20 - Oui, exactement.
08:20 - Alors, tournons-nous, mon cher Mathieu,
08:22 un instant vers l'histoire.
08:24 La mobilisation de la jeunesse
08:25 n'est-elle pas le fait des régimes
08:27 et des idéologies totalitaires?
08:29 - Bien, c'est ainsi qu'elle prend forme,
08:31 d'abord et avant tout, au 20e siècle.
08:32 Il faut le garder à l'esprit.
08:33 Ce sont les régimes totalitaires
08:35 qui misent sur la jeunesse
08:36 comme force de destruction,
08:38 comme force aussi que l'on peut fanatiser,
08:40 que l'on peut mobiliser facilement
08:43 pour la jeter sur une société
08:44 qui ne sait pas quoi faire devant elle.
08:46 Je ne dis pas que toute la mobilisation
08:49 de la jeunesse, c'est ça,
08:49 c'est très bien que les jeunes
08:50 s'engagent en politique,
08:51 que les jeunes s'engagent
08:52 dans la vie collective,
08:53 mais la fanatisation de la jeunesse
08:54 en disant on mise sur vous,
08:55 votre culture civique n'est pas complétée,
08:57 votre culture politique n'est pas complétée,
08:59 votre culture historique n'est pas complétée,
09:01 mais vous savez répéter des slogans,
09:02 nous misons sur votre capacité
09:03 à sloganiser,
09:05 il y a quand même un peu de...
09:06 ça fait un écho
09:07 à la première moitié du 20e siècle.
09:09 Ensuite, deuxième moitié du 20e,
09:11 mai 68, on en a souvent parlé,
09:14 Paul Lionnet, un très grand sociologue,
09:16 un peu oublié aujourd'hui,
09:17 s'est intéressé à la constitution
09:19 du peuple adolescent.
09:20 Le peuple adolescent, qu'est-ce que c'est?
09:22 Ce n'est plus la nouvelle génération
09:23 qui représente la continuité
09:25 dans l'histoire,
09:26 le peuple adolescent,
09:26 c'est un peuple autoréférentiel
09:28 qui dit dégager les vieux,
09:29 qui dit dégager le monde d'avant,
09:31 qui dit dégager la société qui précède
09:33 et qui encore une fois
09:34 se laisse facilement fanatiser.
09:36 Il faut garder ça à l'esprit,
09:37 c'est-à-dire que c'est important.
09:38 Quellefois on parle de la spontanéité
09:41 de la jeunesse,
09:42 il n'y a rien de plus faux
09:44 que d'affirmer que la jeunesse
09:45 est spontanée dans ses engagements.
09:47 On pourrait même dire
09:47 que la jeune génération,
09:49 lorsqu'elle s'engage,
09:51 dit-je, a tendance à amplifier
09:53 les préjugés sociaux, médiatiques
09:56 dominants du moment.
09:57 Je donne quelques exemples
09:59 qui vont au-delà du dénommé Boyard.
10:01 L'éco-anxiété de Greta Thunberg.
10:04 On en a beaucoup parlé ces derniers temps,
10:05 rappelez-vous, c'était la croisade
10:06 des enfants pour sauver la planète.
10:09 Greta Thunberg, il faut arrêter,
10:11 ce n'est pas une philosophe
10:12 qui soudainement révolutionnait
10:13 notre rapport à la connaissance
10:14 et au savoir et à la planète.
10:15 C'était simplement une militante
10:17 qui répétait de manière automatique,
10:19 de manière presque robotique,
10:21 des slogans entendus
10:23 sur le mode de l'angoisse climatique.
10:25 Donc c'est comme si elle captait
10:26 dans l'air du temps le slogan
10:28 « On va tous mourir »
10:30 et elle reprenait ça.
10:31 C'est comme si elle n'avait
10:33 finalement comme culture
10:34 que son fanatisme.
10:36 Et ça donnait donc
10:37 l'écologisme apocalyptique
10:38 version Greta Thunberg.
10:40 La mode de l'identité de genre
10:41 déconstruite, dont on parle beaucoup
10:42 aujourd'hui, ça ne vient pas
10:43 de nulle part.
10:44 Ce n'est pas la première fois
10:45 dans l'histoire...
10:45 En fait, c'est la première fois
10:46 dans l'histoire humaine
10:47 qu'on doute de l'existence
10:48 de l'homme et de la femme.
10:49 Qu'est-ce qui se cache derrière ça?
10:51 Ce cache derrière ça,
10:52 cette logique de la déconstruction
10:54 qu'on a poussée le plus loin possible,
10:55 la jeune génération
10:56 irrite d'une idée.
10:57 Déconstruire, déconstruire, déconstruire,
10:59 elle veut déconstruire
10:59 jusqu'à la nature.
11:01 L'hypervictimisme, c'est-à-dire
11:03 se définir comme victime
11:04 en toutes circonstances,
11:06 dans la même logique,
11:07 et cette jeunesse qui voit aussi
11:08 du racisme partout.
11:09 Donc, elle a été élevée
11:11 dans une forme de multiculturalisme
11:12 extrême.
11:13 Eh bien, elle a intériorisé ça
11:14 et désormais, elle pousse ça
11:15 jusqu'à la haine de l'homme blanc,
11:17 l'auto-haine de l'homme blanc,
11:18 appelons ça comme ça.
11:20 La jeunesse est souvent,
11:21 soit dit en passant,
11:21 aujourd'hui, on le voit, violente.
11:23 Elle est souvent violente,
11:24 elle est souvent intolérante.
11:26 Je vais me permettre
11:26 de donner un exemple.
11:27 On va migrer dans une autre faculté
11:29 pour un instant.
11:30 Stanislas Rigaud,
11:31 vous connaissez,
11:32 président de Génération Z,
11:34 qui voulait faire,
11:34 qui veut faire, en fait,
11:35 une conférence au campus
11:37 Trotabas à Nice.
11:39 La CGT Campus des Alpes-Maritimes
11:42 veut refuser,
11:43 refuse sa venue
11:44 et va organiser
11:45 une contre-manifestation
11:46 pour l'empêcher de s'exprimer.
11:49 Je cite pour montrer
11:50 nos gens qui disent
11:51 il faut que la jeunesse se mobilise,
11:52 il faut que la jeunesse s'engage.
11:53 Mais quand elle ne s'engage pas
11:54 derrière le bon drapeau,
11:55 on cherche à la faire taire.
11:57 Je cite le communiqué
11:58 qui justifie la mobilisation
12:00 contre l'ego.
12:01 C'est dans Nice matin, je crois.
12:03 L'extrême droite n'a pas sa place
12:04 dans la fac.
12:05 Les racistes dort.
12:06 Encore une fois,
12:07 l'extrême droite s'apprête
12:08 à diffuser son idéologie
12:09 haineuse et fasciste
12:10 dans l'indifférence la plus totale.
12:13 Ça se poursuit, ça se poursuit.
12:14 Autrement dit,
12:14 si vous êtes en désaccord
12:15 avec la vision de la jeunesse
12:17 con-boyard et compagnie,
12:19 eh bien, ou plus largement
12:20 que la gauche radicale,
12:22 vous n'êtes tout simplement
12:23 pas les bienvenus.
12:24 Mais il y a quelque chose
12:24 de triste néanmoins
12:25 dans le discours
12:26 de cette jeune génération
12:27 qui est invitée donc en ce moment
12:28 à bloquer, bloquer, bloquer.
12:30 Qu'est-ce qu'elle a
12:30 comme projet finalement?
12:32 On lui offre comme projet
12:32 de bloquer le pays,
12:34 d'une forme d'ivresse
12:35 dans la paralysie revendiquée.
12:37 Et de l'autre côté,
12:38 on lui dit déconstruire,
12:39 déconstruire tout,
12:41 déconstruire.
12:42 Ça, c'est l'horizon mental,
12:43 idéologique et politique
12:45 qui est proposé
12:45 aux jeunes générations.
12:46 Bloquer et déconstruire,
12:48 bloquer et déconstruire
12:49 et censurer ceux
12:50 qui ne voient pas
12:51 le monde comme elle.
12:52 Je pense que dans cet appel
12:53 à la violence,
12:54 pas la violence pardonne-moi,
12:55 cet appel à le blocage
12:57 de boyards et compagnie,
12:58 il y a beaucoup
12:59 de pathologies politiques
13:00 qui se croisent, qui coagulent,
13:01 qui convergent et qui donnent
13:02 cet appel un peu absurde
13:04 qui est de blocus,
13:05 challenges, campus, machin.
13:07 Très intéressant,
13:08 remarquable comme analyse.
13:09 Bloquer, déconstruire, censurer.
13:11 Mais ces jeunes,
13:12 dans quelques années,
13:14 ne risquent-ils pas
13:15 de se calmer,
13:16 de devenir de bons bourgeois,
13:18 de bons conservateurs,
13:19 de bons citoyens,
13:20 de classe moyenne?
13:21 C'est l'erreur
13:22 de la droite bourgeoise
13:23 de croire cela.
13:24 Moi, ça me fascine.
13:25 Vous savez,
13:26 une bonne droite bourgeoise
13:27 qui regarde ça en disant
13:28 « Ils prendront de la bedaine,
13:30 ils iront mieux,
13:30 ils auront un compte épargne,
13:32 la vie va aller changer. »
13:33 Non, non, non, non, non.
13:34 - Mais je prends juste
13:35 un exemple.
13:35 Quelqu'un comme Éric Zemmour,
13:36 il était à gauche avant?
13:38 - C'était la gauche
13:38 chevênementiste.
13:39 C'est-à-dire...
13:39 Si, si, si, si.
13:40 Avec cette gauche-là,
13:41 on pourrait s'entendre.
13:42 Mais c'est pas la même gauche,
13:44 si je peux me permettre.
13:45 Mais en fait, vous avez raison,
13:46 je dirais à 25 %.
13:48 Et je m'explique.
13:49 Des études ont été faites
13:50 là-dessus.
13:50 Alors, on pourrait dire
13:51 que la génération 68,
13:52 pour l'essentiel,
13:54 elle a conservé ses idéaux,
13:56 même si elle les a conjugués
13:57 avec une capacité de défendre
13:58 ses intérêts économiques
13:59 et financiers.
14:00 Donc, déconstruisons la culture,
14:01 mais au même moment,
14:02 enrichissons-nous et traitons
14:04 la génération qui suit
14:05 de sales petits égoïstes
14:06 lorsqu'on lui fait remarquer
14:08 qu'elle s'est enrichie
14:09 tout en déconstruisant.
14:10 Mais, mais...
14:11 Donc, quand on regarde
14:12 des études, par exemple,
14:13 Éric Kaufman.
14:14 Éric Kaufman,
14:14 c'est un très bon politologue
14:16 canadien-anglais
14:17 qu'il vaut la peine de lire.
14:18 Et il s'est intéressé justement
14:20 à l'effet des idéologies
14:22 qu'on dit woke aujourd'hui,
14:23 donc racisme systémique,
14:24 suprématie blanche,
14:25 déconstruction de l'identité
14:26 de genre chez
14:27 des jeunes générations.
14:28 Quel est l'effet?
14:29 Eh bien, globalement,
14:29 vous avez 75 %,
14:31 je vais très, très rapidement,
14:32 75 % qui intériorisent
14:34 ce discours fondamentalement,
14:36 qui l'accepte, qui l'accepte.
14:38 Parce que ça devient comme...
14:38 C'est comme une évidence,
14:39 c'est la vérité.
14:40 Le progressisme militant
14:42 radicalisé, c'est la vérité.
14:44 Et vous avez 25 % environ,
14:46 je résume très bien,
14:47 qui va s'y extraire,
14:48 s'en arracher en ayant
14:49 une forme de réaction vitale
14:51 devant ce discours
14:52 qui pousse à la censure,
14:53 qui pousse à la déconstruction
14:54 de soi, en fait, qui pousse
14:55 à une forme de nihilisme
14:56 à travers tout ça.
14:57 Donc, vous avez une minorité
14:58 qui réagit très vivement,
15:00 mais elle demeure une minorité.
15:01 Sinon, ce qui va se passer,
15:03 c'est ce qui s'est passé
15:03 depuis 50 ans.
15:04 Les valeurs qui étaient
15:05 autrefois marginales,
15:06 radicales, la déconstruction,
15:08 la fin de notre civilisation,
15:09 le sacrifice du travail,
15:10 le refus du mérite,
15:11 le refus de la famille.
15:12 C'est une idéologie
15:13 qui est aujourd'hui,
15:14 qui s'est normalisée
15:15 dans les médias,
15:16 dans l'administration,
15:17 dans la publicité,
15:18 dans le discours dominant.
15:19 Donc, il faut garder ça à l'esprit.
15:21 Alors, que faire devant cela?
15:22 Que faire, comme aurait dit
15:23 Lénine? Eh bien, si on suit
15:25 la question de Lénine,
15:26 que faire? Eh bien, Zemmour,
15:28 à qui vous avez fait référence,
15:29 a sa propre réponse
15:30 qui n'est pas sans intérêt.
15:31 Il a créé son réseau
15:32 de parents vigilants,
15:34 auquel le causeur fait référence
15:35 d'ailleurs ce mois-ci.
15:36 Ce qui est intéressant,
15:37 c'est que ça crée
15:38 un contre-pouvoir inattendu.
15:40 On a l'école qui est devenue
15:41 une école idéologique,
15:42 très idéologique,
15:43 qui endoctrine.
15:44 Eh bien, qu'est-ce qu'il dit?
15:45 Il dit qu'on va simplement
15:46 signaler l'endoctrinement.
15:47 On ne fera plus semblant
15:48 de ne pas se rendre compte
15:49 de ce qui se passe devant nous.
15:51 Nous allons signaler
15:52 l'endoctrinement
15:52 de la jeune génération.
15:53 Et peut-être est-ce que ça créera
15:54 un débat dans le rapport
15:56 à la culture,
15:56 à la transmission culturelle.
15:57 Comme quoi, c'est peut-être
15:59 pas une mauvaise réponse
16:00 dans les circonstances.
16:01 Merci, Mathieu,
16:04 pour cette analyse
16:05 sur votre député préféré.
16:08 Dans un instant...
16:09 Sondreine Rousseau aussi.
16:10 Oui, Sondreine Rousseau aussi.
16:12 Dans un instant,
16:12 on parlera du féminisme
16:14 parce que notre culture,
16:15 j'ai des idées chrétiennes
16:15 qui entraînent
16:17 à tuer son conjoint.
16:19 Il va falloir m'expliquer.
16:20 J'ai envie d'avoir votre regard.
16:21 Dimitri, on va sortir
16:22 la calculette avec vous ce soir.
16:23 Sortez vos calculettes.
16:25 Demain, sixième journée d'action
16:27 contre la réforme des retraites.
16:29 Les syndicats appellent
16:30 à mettre la France à l'arrêt.
16:31 D'ailleurs, ça commence dès ce soir.
16:33 Ça vient de commencer ce soir.
16:34 Et même ce vendredi,
16:35 dans l'énergie notamment.
16:37 Et quand ce n'est pas mettre
16:38 l'économie à genoux.
16:40 Avec, dans certains secteurs,
16:41 des grèves reconductibles.
16:43 On ne sait pas où on va.
16:44 Combien ça coûte au pays
16:46 de se mettre à l'arrêt ?
16:47 Dimitri, quel est le coût
16:48 d'une journée de grève
16:49 pour l'économie française ?
16:51 Est-ce que vous avez trouvé
16:53 la solution ?
16:53 La réponse à la question.
16:55 Des estimations.
16:56 Mais je vous préviens,
16:56 vous allez être soit déçu,
16:58 soit vous allez être soulagé.
17:00 Mais je pense qu'on surestime.
17:03 On surestime assez largement
17:04 le coût d'une journée de grève.
17:05 Ce n'est pas le crépuscule des dieux.
17:08 Ce n'est pas le coût fatal
17:09 porté au grand capital
17:09 qu'espèrent certains
17:11 leaders syndicaux.
17:12 Je pense notamment à ceux
17:13 de quelques fédérations CGT
17:15 qui ont pour ambition
17:18 de mettre l'économie française
17:21 à genoux.
17:22 Je trouve que ce n'est pas anodin
17:22 comme formule.
17:23 On sort quand même de trois ans
17:25 de perfusion de l'économie
17:28 française où le gouvernement
17:29 a tout fait, lâché des milliards,
17:30 arrosé tout le monde
17:31 pour protéger les emplois,
17:33 pour protéger les entreprises.
17:34 Et qu'on s'en félicite
17:35 ou qu'on s'en désole.
17:36 Il se trouve que vous avez
17:37 en France des gens
17:39 qui occupent des postes
17:41 protégés.
17:42 Ce sont les derniers
17:43 qu'on licenciera
17:44 et qui sont prêts à casser
17:45 les entreprises,
17:46 qui sont prêts à casser l'économie,
17:47 à empêcher le pays de tourner,
17:49 à empêcher la distribution
17:50 du carburant,
17:51 l'étreinte circulée, etc.
17:52 Pourquoi ?
17:53 Alors, par idéal révolutionnaire,
17:56 par volonté de nuire aussi,
17:57 peut-être, je pense aussi,
17:58 par haine des politiques
17:59 ou de leurs employeurs.
18:01 Vous voyez, voilà.
18:02 Il y a ce bain culturel
18:03 chez certains de vraiment
18:05 vouloir faire mal.
18:06 Alors, le raisonnement, d'ailleurs,
18:07 de ces bloqueurs de l'extrême,
18:09 il est le suivant.
18:10 C'est...
18:10 Je l'ai lu.
18:11 Je l'ai lu tel quel, en fait,
18:13 je ne sais plus où, mais
18:14 le raisonnement était très simple.
18:15 En fait, c'était,
18:15 écoutez, les entreprises d'aujourd'hui
18:17 n'ont plus de stock.
18:18 C'est ce qu'on avait vu avant Covid,
18:19 rappelez-vous.
18:20 Elles n'ont plus de stock,
18:21 donc elles travaillent en flux tendu.
18:22 C'est simple, on empêche
18:23 les livraisons,
18:24 on empêche les approvisionnements
18:25 et c'est simple, comme ça,
18:26 tout le monde est au chômage technique.
18:28 Voilà, ce serait simple,
18:29 aussi simple que ça.
18:30 Bon, heureusement,
18:31 on ne met pas l'économie française
18:33 à genoux comme ça.
18:34 La France à l'arrêt,
18:35 ça ne veut pas dire l'arrêt total de la France.
18:37 Il faut être bien clair.
18:38 J'en viens donc au calcul.
18:39 Combien ça coûte un jour de grève ?
18:41 L'avantage qu'on a en France,
18:42 c'est qu'on a une solide expérience
18:44 en la matière.
18:45 Et donc, ça permet quand même
18:47 de se faire une idée
18:49 assez précise du coût de cette grève.
18:51 Alors dites-moi que je me trompe,
18:54 Dimitri, mais est-ce que moi,
18:55 j'aurais tendance peut-être à prendre
18:56 le PIB, prendre la richesse nationale
18:58 et la diviser par 365 jours ?
19:01 Est-ce qu'on peut faire comme ça ?
19:02 Oui, c'est un bon point de départ,
19:03 sauf qu'il faudrait plutôt diviser
19:05 par le nombre de jours ouvrés.
19:06 Donc, si je prends votre raisonnement
19:08 et il est très juste,
19:10 le PIB de la France,
19:11 grosso modo, l'an dernier,
19:12 c'est autour de 2500 milliards d'euros
19:14 de richesses créées.
19:15 Vous divisez par 253 jours ouvrés,
19:17 ça vous donne de l'ordre de 10 milliards
19:19 d'euros de richesses créées par jour,
19:22 par jours ouvrés entre le lundi
19:23 et le vendredi, en gros, pour faire simple.
19:26 Seulement, quand vous prenez un jour
19:27 de grève comme demain,
19:28 tous les actifs ne vont pas être en grève.
19:30 Tous les actifs ne vont pas être en grève.
19:31 L'INSEE, qui travaille sur le coût des grèves
19:33 depuis une trentaine d'années,
19:35 estime qu'en moyenne,
19:36 un jour de grève national,
19:38 interprofessionnel, intersyndical,
19:40 comme on va avoir demain,
19:41 donc les points de comparaison,
19:42 ça va être mobilisation
19:45 contre la loi travail en 2016,
19:46 mobilisation contre la réforme des retraites
19:48 en 2010 ou en 2015 ou en 2003.
19:51 Vous voyez, ce genre de grandes journées
19:52 où vous avez entre 500 000,
19:54 1 million, 1 million de personnes,
19:55 1 million et demi dans la rue.
19:57 C'est 15 à 20 % de l'activité française,
20:00 en moins par rapport à un jour habituel.
20:05 C'est-à-dire que ces jours-là,
20:06 vous avez entre un milliard et demi
20:08 et deux milliards d'euros de richesses
20:10 qui ne sera pas créé.
20:11 Ce qu'on appelle la perte, vous voyez.
20:13 Mais ça, c'est un montant théorique
20:15 parce que ce qui se passe
20:16 les jours de grève, concrètement,
20:17 c'est que vous avez d'abord
20:19 des reports d'activité.
20:20 Quand les transports en commun sont fermés,
20:22 alors certes, vous avez de plus en plus
20:23 de gens qui restent chez eux,
20:24 qui vont faire du télétravail,
20:25 mais vous en avez beaucoup
20:26 qui vont prendre la voiture, par exemple,
20:27 et qui vont dans le mois
20:28 consommer plus de carburant
20:29 qu'ils n'en consommeraient d'habitude.
20:31 Et là, vous avez une consommation
20:33 de carburant supplémentaire
20:34 induite par la grève.
20:36 Donc une création de richesses,
20:37 finalement inattendue,
20:39 une création de richesses
20:41 générée par la grève elle-même.
20:43 Donc premier bémol,
20:44 la grève, ce n'est pas qu'une perte
20:46 de chance pour l'économie.
20:47 Ensuite, on observe qu'il y a toujours
20:48 un effet rattrapage post-grève.
20:51 C'est-à-dire que les gens,
20:52 soit ils mettent les bouchées doubles
20:54 pour rattraper le temps perdu,
20:55 si vous voulez.
20:56 Et je vous donne un exemple, 1995,
20:58 les grandes grèves de 1995
20:59 qui durent trois semaines.
21:01 On fait -0,16%
21:03 au troisième trimestre 1995.
21:05 On fait 0% tourons
21:07 au quatrième trimestre 1995.
21:10 On va faire +0,7% au premier trimestre 1996.
21:12 Et après, on va faire +0,3%, +0,2%.
21:15 Vous voyez, il y a une espèce
21:16 d'accélération, de reprise
21:19 juste après la grosse séquence de grève
21:21 qui vient gommer les pertes
21:23 des mois précédents.
21:24 Pardonnez-moi, mais je vous verrais,
21:25 moi, justement, au contraire,
21:26 le fait que ce soit exponentiel.
21:29 Par exemple, s'il y a un jour de grève,
21:30 le deuxième jour de grève...
21:31 Ah, mais j'y viens.
21:31 D'accord, pardon.
21:33 Mais vous avez...
21:34 Non, mais c'est une bonne question.
21:35 Est-ce que deux jours de grève,
21:37 ça coûte le même prix
21:38 que dix jours de grève ?
21:40 Est-ce que le dixième jour...
21:42 Et est-ce que le rattrapage...
21:43 Voilà.
21:43 Est-ce que le dixième jour a le même coût
21:44 que le deuxième, etc.
21:45 Vous avez raison.
21:46 Bon, mais d'abord,
21:47 important de noter qu'après la grève,
21:48 vous avez un effet rebond.
21:50 Mais c'est important parce que
21:51 ça, c'est au niveau du PIB.
21:53 Ça veut dire qu'on va rattraper
21:54 ce qu'on a perdu,
21:55 ce milliard et demi, deux milliards
21:56 que je vous parlais à l'instant.
21:59 Mais ça, c'est au niveau du PIB,
22:00 dans son ensemble,
22:01 au niveau de l'économie globale.
22:02 Si vous détaillez secteur par secteur,
22:04 là, on va se rendre compte
22:05 que la grève, elle est profondément
22:06 inéquitable.
22:07 Qu'est-ce que ça veut dire ?
22:08 Vous avez des secteurs
22:09 qui ont un pouvoir de blocage énorme,
22:11 les raffineurs.
22:11 Vous prenez les raffineurs
22:12 au mois d'août, par exemple,
22:13 au mois d'octobre.
22:15 L'impact, c'est que la production
22:16 industrielle au mois d'octobre,
22:18 -2,1%.
22:19 Et c'est les raffineurs à eux tous seuls
22:21 qui font ça.
22:21 Ils sont 50, une centaine.
22:23 Voyez l'impact que un secteur
22:25 peut avoir sur les autres,
22:26 comme ça, en cascade.
22:27 Une grève chez Air France
22:29 ou à la SNCF, alors là,
22:30 c'est un coût très important
22:31 pour l'entreprise elle-même.
22:32 Et vous prenez la SNCF,
22:33 les deux jours de grève,
22:35 24 et 25 décembre,
22:36 ça a coûté 100 millions d'euros
22:38 à la compagnie.
22:38 Sachant qu'un jour de grève
22:39 en moyenne à la SNCF,
22:41 un jour de grève national,
22:42 c'est de l'ordre de 25 millions
22:44 d'euros de pertes.
22:45 C'est le prix d'une rame de TGV,
22:46 pour vous figurer les choses.
22:48 À la SNCF, on dit un jour de grève,
22:49 c'est une rame de TGV en moins.
22:51 Donc ce jour-là,
22:53 c'est des jours de départ
22:53 en vacances importants,
22:54 100 millions de pertes.
22:55 Mais derrière, en cascade,
22:57 c'est de la perte sèche pour qui ?
22:59 Pour le tourisme,
23:00 pour le commerce physique.
23:02 Et la clientèle va partir,
23:05 va migrer, soit vers d'autres
23:06 destinations que la France
23:07 ou bien partir vers le commerce
23:09 en ligne.
23:09 Et pour ces gens qui font peu
23:11 grève dans le tourisme
23:12 ou le commerce physique,
23:13 eh bien, eux, ils vont prendre
23:14 la perte plus que les autres.
23:15 Vous comprenez ?
23:16 Donc là, il y a une forme
23:17 d'injustice générée par la grève.
23:20 Et si vous prenez l'hiver 2019,
23:22 la grande mobilisation
23:23 contre les retraites déjà,
23:24 les commerces parisiens,
23:25 ben, de Noël, le mois de Noël,
23:27 décembre, c'est moins 18%
23:29 de chiffre d'affaires par rapport
23:30 à une année habituelle.
23:33 Et qui sont les grévistes,
23:35 Dimitri ?
23:36 Comment se répartit l'effort
23:37 de grève dans la population
23:38 française ?
23:39 Ça, c'est intéressant.
23:40 Ça, j'aime beaucoup.
23:40 On a des données de la Dares,
23:42 en fait. Donc la Dares,
23:42 c'est le service statistique
23:43 du ministère du Travail
23:44 qui nous dit que...
23:45 Alors, des données uniquement
23:46 sur les entreprises privées
23:48 de plus de 10 salariés.
23:50 Alors, c'est un peu embêtant
23:50 parce que les TPE,
23:51 moins de 10 salariés,
23:52 c'est plus de 2 millions
23:53 d'entreprises en France quand même.
23:54 Donc, pour ces gens-là,
23:55 on ne sait pas trop.
23:56 Mais on va dire, de toute façon,
23:57 c'est pas grave parce que
23:58 c'est pas dans les petites TPE
23:59 que la gréviculture se concentre.
24:01 Et la Dares nous montre
24:02 très clairement que plus la taille
24:04 de l'entreprise augmente,
24:06 plus le pourcentage,
24:07 le taux de grève est important.
24:09 Dans les entreprises
24:11 de 10 à 49 salariés,
24:12 en 2019, vous avez 0,5%
24:15 de ces entreprises-là
24:16 où il y a eu des grèves.
24:18 La même année,
24:18 dans les entreprises
24:19 de plus de 500 salariés,
24:20 vous avez 28% des entreprises
24:22 qui ont connu
24:23 des mouvements de grève.
24:25 Vous voyez ?
24:25 Alors, d'une année sur l'autre,
24:26 en fait, ça varie.
24:28 D'un secteur à l'autre aussi,
24:29 je vous donne ce chiffre.
24:30 Dans les transports, 2019 toujours,
24:32 1 038 jours de grève
24:33 pour 1 000 salariés.
24:34 Dans la construction,
24:35 cette même année,
24:36 vous avez 4 jours de grève
24:38 pour 1 000 salariés.
24:39 Vous voyez ? Donc, c'est...
24:40 Encore une fois,
24:41 ce que je vous disais,
24:41 c'est un secteur où la grève
24:42 se concentre parce qu'elle a
24:44 un impact important
24:45 sur l'ensemble de l'économie.
24:47 On marque une pause et on revient.
24:48 Beaucoup de questions,
24:49 vous posez.
24:49 Je ne sais pas si vous avez vu
24:50 que le samplon,
24:50 il est à 2,36 euros,
24:52 le samplon 98.
24:52 Ah oui, dans certaines stations.
24:53 J'ai plein de questions.
24:54 Allez, on marque une pause.
24:55 À tout de suite.
24:56 Rien à voir, mais bon.
24:59 Alors, on parle de la grève
25:00 avec Dimitri.
25:01 Je voyais que depuis 2020,
25:03 la France comptabilise
25:04 le plus de jours perdus
25:05 pour cause de grève en moyenne.
25:07 79 jours,
25:08 suivi par la Belgique,
25:09 57 jours.
25:10 La Norvège, 50 jours.
25:11 Ça, c'est la moyenne
25:12 sur 1000 salariés.
25:14 Mais là, je vais vous donner
25:14 les chiffres en millions de jours.
25:15 Vous allez voir,
25:15 c'est beaucoup plus impressionnant.
25:17 Alors, justement,
25:18 on était en train de parler
25:19 de la répartition,
25:21 comment se répartit
25:22 l'effort de grève.
25:23 Et vous n'avez pas encore parlé
25:24 de la fonction publique.
25:25 Ah oui, alors la fonction publique,
25:26 en gros, c'est 20% de l'emploi
25:28 en France, à peu près.
25:29 Mais elle fait beaucoup plus
25:30 grève que le privé.
25:31 Sans surprise.
25:33 Je vous donne l'exemple 2019.
25:34 2019, c'est une année
25:35 de mobilisation importante
25:36 contre la réforme des retraites.
25:37 Déjà, cette année-là,
25:39 on a 4 750 000 jours de grève
25:41 perdus en France
25:43 pour le conflit des retraites.
25:44 4 750 000.
25:46 1 600 000, c'était dans la fonction
25:49 publique, qui ne pèse que 20%
25:50 de l'emploi.
25:51 Vous voyez, donc, elle fait
25:52 un tiers de la grève
25:54 pour un cinquième seulement
25:55 du total de l'emploi.
25:56 C'est assez...
25:58 Comment dire ?
25:59 Ça illustre relativement bien
26:00 le poids de la fonction publique
26:01 dans la gréviculture française.
26:03 Bon, ce qu'il faut retenir,
26:04 en gros, c'est qu'on fait quand même
26:06 en France beaucoup moins grève
26:07 aujourd'hui qu'on ne le faisait
26:08 il y a 20, 30,
26:09 il y a surtout au-delà de 40 ans,
26:11 sous l'effet de la désyndicalisation,
26:14 l'ubérisation.
26:15 Donc, l'ubérisation, c'est au sens
26:16 où il y a de plus en plus
26:18 de gens qui sont indépendants,
26:19 faux salariés,
26:21 mais qui sont indépendants,
26:22 qui ne font pas grève parce qu'en fait,
26:23 ils n'ont pas les moyens de la faire,
26:24 etc.
26:25 On se rend compte aussi que l'économie,
26:27 elle encaisse de mieux en mieux
26:28 les jours de grève.
26:29 Elle s'habitue, il y a une forme
26:29 de résilience.
26:30 Le terme est très à la mode.
26:32 Donc, le télétravail, etc.
26:33 Par contre, vous avez raison,
26:34 Christine, de pointer du doigt
26:35 le fait que plus une grève dure,
26:38 et plus son coût est important.
26:39 Ça, c'est le calcul de ceux
26:40 qui se disent grève reconductible,
26:42 trois semaines de mise
26:43 à l'arrêt des raffineries,
26:44 on va voir dans quel état
26:45 sera l'économie française.
26:46 Ça, c'est certain qu'il y a
26:47 un coût croissant de la grève
26:49 parce qu'il y a aussi
26:50 un effet de cascade.
26:51 Vous avez des secteurs
26:52 qui ne veulent pas la grève
26:53 et qui vont finir
26:54 par devoir la subir.
26:55 Typiquement, je vous disais,
26:56 la construction qui est un secteur
26:57 qui fait très peu grève.
26:59 Si demain, il n'y a plus de carburant
27:01 dans les raffineries,
27:02 qu'est-ce qui va se passer
27:03 dans les usines qui fabriquent
27:04 le béton, etc.
27:05 Il y a un impact comme ça
27:06 qui va se faire petit à petit.
27:08 Il y a aussi un autre effet
27:09 qui est important,
27:10 c'est l'effet corrosif,
27:11 je pense, sur l'esprit national,
27:13 sur l'esprit public.
27:14 J'aime bien cette vieille expression
27:15 sur le moral, à savoir que
27:17 la question de la confiance
27:18 en l'avenir, la question
27:19 des entrepreneurs notamment,
27:20 vont commencer à se poser
27:22 la question, qu'est-ce que c'est
27:23 que ce pays où on ne peut pas avancer ?
27:25 Alors, un pays peut sortir
27:27 aussi renforcé d'une longue
27:28 séquence de grève.
27:29 Pardon ?
27:30 Ben oui, si on arrive à une issue
27:32 par le haut au conflit social,
27:35 eh bien, ça peut avoir un effet
27:37 positif.
27:37 Pardon ?
27:39 Par exemple, oui, c'est vrai,
27:40 vous avez un effet très concret.
27:41 Là, vous avez des acquis sociaux,
27:43 comment dire, sonnant et trébuchant
27:44 immédiat, et ça a un effet
27:46 sur l'humeur nationale.
27:47 Par contre, très intéressant
27:48 sur l'attractivité du pays.
27:50 Vous savez, on dit toujours
27:50 la grève, ça fait la mauvaise
27:52 réputation de la France.
27:53 Ben, en fait, pas tant que ça.
27:54 2010, grande année de grève
27:56 contre la réforme des retraites.
27:57 Cette année-là, vous avez
27:58 14 milliards de dollars
28:00 d'investissements étrangers
28:01 en France.
28:02 L'année suivante, on pourrait
28:03 se dire les étrangers vont
28:04 nous pénaliser.
28:05 Eh ben non, 32 milliards
28:07 d'investissements cette année-là
28:08 en 2011, puis 34 milliards
28:10 en 2012.
28:11 Donc, vous voyez, il y a des
28:12 évidences qui ne le sont pas
28:13 tant que ça.
28:14 Très intéressant.
28:15 Et on parlait la semaine dernière,
28:16 justement, du record des
28:17 investissements étrangers
28:19 en France.
28:21 Assume, dans un instant,
28:22 j'ai envie de savoir qui répond
28:23 à ma question.
28:24 Faut-il bloquer le pays ?
28:25 Qui dit oui ? Qui dit non ?
28:27 Autour de la table,
28:28 on verra ça dans un instant.
28:29 Juste avant, l'association
28:31 SOS Méditerranée,
28:33 Charlotte Dornela se dit
28:34 inquiète de l'annulation
28:36 de la subvention de la ville
28:37 de Paris attribuée en 2019.
28:39 Elle dit ce n'est pas politique,
28:41 on ne fait pas de politique,
28:42 on fait de l'action humanitaire
28:43 et ça relève de l'obligation
28:45 morale et légale, selon elle,
28:47 puisqu'en juillet 2019,
28:48 la mairie de Paris lui avait
28:49 accordé 100 000 euros.
28:50 Alors, on se rappelle un peu
28:51 de tout ça dans le contexte
28:52 océan viking.
28:53 SOS Méditerranée a son bateau
28:56 océan viking.
28:57 On avait bien regardé tout ça,
28:59 mais on aimerait comprendre
29:00 comment se fait-il que
29:03 en première instance,
29:04 en premier jugement,
29:06 cette subvention ait été validée
29:10 et maintenant, non.
29:11 Alors, en effet, c'est une jurisprudence
29:13 qui est intéressante
29:13 là, à la Cour d'appel,
29:14 puisque vous le disiez,
29:15 SOS Méditerranée,
29:16 on a entendu parler d'eux.
29:16 Alors récemment, on se souvient
29:18 de l'océan viking,
29:18 mais souvenez-vous,
29:19 quelques années en arrière,
29:20 c'était déjà l'Aquarius
29:21 qui avait déjà provoqué
29:23 des heurts diplomatiques
29:25 entre l'Italie et la France.
29:27 Et donc, c'est une association
29:28 qui symbolise un peu les autres
29:30 et qui est souvent revenue
29:31 dans le débat public.
29:32 Et là, on a une jurisprudence
29:33 intéressante.
29:34 Pourquoi ?
29:34 Parce que d'habitude,
29:35 il y a plusieurs contribuables
29:36 dans plusieurs villes
29:37 qui ont fait des recours
29:39 sur ces subventions
29:40 à SOS Méditerranée
29:41 devant les tribunaux.
29:42 Et les tribunaux ont systématiquement
29:44 validé les subventions
29:45 en se basant sur les statuts
29:47 de SOS Méditerranée,
29:48 qui dit très clairement,
29:49 je vais citer,
29:51 l'objet de l'association,
29:53 c'est de sauver la vie
29:54 des personnes en détresse.
29:55 Et c'est une association,
29:57 encore une fois, dans ses statuts,
29:59 association humanitaire
30:00 indépendante de tout parti
30:01 politique et de toute confession.
30:04 Donc, les tribunaux se sont
30:05 toujours basés sur les statuts.
30:06 Et alors là, on a un contribuable
30:08 parisien qui, en l'occurrence,
30:10 en effet, a été devant le tribunal,
30:12 qui a validé, encore une fois,
30:13 sur les statuts de l'association,
30:15 la subvention.
30:18 Et devant la Cour d'appel,
30:20 la Cour d'appel a accepté d'aller
30:22 un peu au-delà de la question
30:23 des statuts et d'analyser
30:25 ce que lui demandait le
30:26 contribuable parisien.
30:27 En gros, il y avait trois choses.
30:29 Le contribuable disait dans sa
30:30 requête, un, que la décision
30:32 n'était pas conforme aux droits
30:33 parce que la population aidée
30:35 n'est pas identifiée.
30:36 Alors là, c'est le droit des
30:36 collectivités territoriales.
30:38 C'est un peu compliqué, qui régit
30:39 les subventions qu'elle peut
30:41 donner.
30:41 Il disait, deuxièmement,
30:42 aucune justification d'intérêt
30:44 local, d'intérêt public local,
30:47 en l'occurrence à Paris,
30:48 par rapport à cette association.
30:50 Et troisièmement, disait-il,
30:52 elle méconnaît la subvention,
30:53 le principe de neutralité du
30:55 service public, puisque
30:56 l'association, un, a pris
30:58 position contre les politiques
31:00 de l'Union européenne et des
31:01 États membres, deux, s'oppose
31:03 à ces politiques et donc génère
31:05 un conflit, en l'occurrence,
31:06 entre l'Italie et la France.
31:08 Et troisièmement, que la
31:09 délibération au Conseil de Paris
31:11 pour voter cette subvention
31:13 s'était faite avec une motivation
31:15 d'aller contre la politique
31:17 migratoire nationale, ce qui
31:19 n'est pas dans les prérogatives
31:20 de la mairie.
31:21 Donc voilà, en gros,
31:22 vous savez, devant la justice
31:24 administrative, la justice,
31:26 elle fait avec les textes qu'elle
31:28 a, avec les textes qu'on lui
31:29 produit.
31:29 Et là, en l'occurrence,
31:30 à priori, en me renseignant,
31:32 à priori, la requête était
31:34 extrêmement précise dans ses
31:36 formulations et a apporté tous
31:37 les textes possibles à la Cour
31:39 pour qu'elle puisse aller au-
31:40 delà des statuts.
31:41 Donc, en effet, on avait la
31:43 ville de Paris et l'association
31:44 SOS Méditerranée, qui, en
31:46 première instance, avait réclamé
31:47 de l'argent aux contribuables
31:48 parisiens, puisque le tribunal
31:50 administratif lui avait donné
31:51 raison.
31:52 Cette fois-ci, la Cour d'appel
31:53 sur le fond donne raison aux
31:54 contribuables et décide d'annuler
31:57 cette subvention parce qu'au-
31:58 delà des statuts, elle va sur
32:00 l'aspect politique à la fois de
32:01 la subvention et des
32:03 revendications de l'association.
32:04 C'est en effet une première pour
32:06 ce qui concerne les requêtes
32:07 concernant cette association.
32:09 Mais les villes n'ont-elles pas
32:10 le droit de subventionner
32:13 justement des actions
32:14 humanitaires?
32:15 Il va falloir désormais que les
32:16 villes cessent donc de soutenir
32:18 des projets d'aide aux personnes,
32:19 c'est ça?
32:19 Alors, c'est ça.
32:20 C'est ce qui essaie de faire
32:22 croire, on va dire, à l'association
32:23 par exemple, que vous étiez tout
32:24 à l'heure en disant, en rappelant
32:26 ces statuts, nous sommes une
32:27 association humanitaire et par
32:28 ailleurs indépendante.
32:29 Alors, le tribunal, la Cour
32:31 d'appel, dans ses arrêts, qui
32:33 sont extrêmement pédagogiques et
32:34 très simples à comprendre, c'est
32:35 assez rare pour le souligner,
32:37 en l'occurrence, rappelle en
32:38 premier que toute collectivité
32:41 peut financer des opérations de
32:42 coopération, d'aide au
32:44 développement et des
32:46 actions humanitaires.
32:48 Précise-t-elle dans le respect
32:50 des engagements internationaux de
32:51 la France, c'est-à-dire du droit
32:52 en place ou, en l'occurrence, de
32:53 la politique migratoire ou de la
32:55 politique étrangère, qui dépend
32:56 du gouvernement et non pas de la
32:58 mairie.
32:59 Donc, elle balaye l'idée de
33:01 l'intérêt public local.
33:02 D'ailleurs, ça pourrait être
33:03 l'objet d'une autre interrogation
33:04 politique cette fois-ci.
33:06 Est-ce qu'il ne faudrait pas
33:07 limiter, surtout sur des villes
33:08 qui sont en faillite ou qui ont
33:10 une dette abyssale, est-ce qu'il
33:11 faudrait pas limiter à l'intérêt
33:13 public local les subventions
33:15 accordées à la ville?
33:15 Mais en l'occurrence, sur le
33:16 terrain du droit, le gouvernement
33:18 balaye cette idée-là.
33:19 Par ailleurs, elle dit, une
33:21 collectivité territoriale, en
33:23 revanche, peut faire de
33:23 l'humanitaire sans méconnaître
33:26 les engagements politiques de la
33:28 France qui relèvent, en
33:29 l'occurrence, du gouvernement.
33:31 Or, c'est là qu'SOS Méditerranée
33:32 pêche.
33:33 Ce n'est pas dans les statuts,
33:34 c'est dans l'application, dans
33:36 les actions concrètes.
33:38 Alors, le tribunal rappelle qu'entre
33:39 2016 et 2018, c'est 30 000
33:41 personnes qui sont non seulement
33:43 sauvées par SOS Méditerranée,
33:45 puisque, vous savez, toute
33:46 embarcation sur la Méditerranée
33:48 est considérée en détresse.
33:49 Donc, "sauvées", ça veut dire
33:50 abordées sur le bateau, leur
33:51 apporter les soins très bien,
33:52 donc, ils sont non seulement
33:53 sauvés, mais débarqués en
33:55 Europe.
33:55 Et c'est là qu'est le hiatus.
33:57 C'est que, en l'occurrence, le
33:58 tribunal dit, outre l'aspect
34:00 humanitaire, c'est-à-dire le
34:01 secours directement, les
34:03 responsables de l'association ont
34:04 publiquement critiqué et
34:06 déclaré vouloir contrecarrer par
34:08 leur action les politiques
34:09 définies par l'Union européenne
34:10 et les États membres.
34:11 Alors, ça, évidemment, ce n'est
34:12 pas dans les statuts.
34:13 Donc, d'habitude, le tribunal dit
34:14 les statuts de l'association,
34:15 nickel.
34:16 Mais sauf que là, c'est dans des
34:17 déclarations publiques.
34:18 Deuxièmement, nous dit le
34:20 tribunal, l'action a eu pour
34:22 effet d'engendrer de manière
34:23 irrégulière des tensions et des
34:25 différents diplomatiques entre
34:27 États membres de l'Union.
34:27 De façon irrégulière, ça veut
34:28 dire qu'on n'est pas en guerre
34:29 avec l'Italie, normalement.
34:31 Et il se trouve que c'est par
34:32 l'action de cette
34:34 association que des différents
34:36 diplomatiques arrivent.
34:37 Et enfin, il ressort de la
34:39 transcription, je cite le
34:40 tribunal, de la transcription des
34:42 débats qui ont précédé l'adoption
34:43 de la délibération contestée.
34:45 Donc, au Conseil de Paris, quand
34:47 les élus décident de voter cette
34:49 subvention, le tribunal nous dit
34:51 il est clair que le Conseil de
34:52 Paris a voulu s'approprier les
34:53 critiques de cette association
34:55 à l'encontre des politiques
34:56 migratoires qui ne dépendent pas
34:58 de ces prérogatives, en
35:00 l'occurrence municipales.
35:02 Donc, concrètement, on a le
35:03 Conseil de Paris qui évoque
35:05 l'aide d'urgence au moment de
35:06 voter cette subvention, ce qu'il
35:07 a le droit de faire.
35:08 L'association qui revendique une
35:10 indépendance totale sur le
35:11 terrain politique et le tribunal
35:13 qui dit attention, à côté de
35:15 vos déclarations, il y a les
35:16 déclarations que vous faites et
35:17 qui sont très clairement
35:18 politiques.
35:19 C'est pour ça que l'accord d'appel
35:21 a donné raison à ce contribuable
35:22 et décidé d'annuler la
35:23 subvention.
35:24 Donc, ce n'est pas la question
35:25 humanitaire.
35:26 Certains se sont inquiétés
35:27 immédiatement en disant les
35:28 villes ne pourront plus aider sur
35:29 le terrain humanitaire.
35:30 Ce n'est pas ça la décision.
35:31 La décision, elle est précisément
35:33 sur le terrain politique et non
35:34 pas humanitaire.
35:35 C'est très intéressant d'avoir
35:37 justement cette hypocrisie entre
35:39 les statuts et ce qui est dit
35:41 et la volonté derrière.
35:42 Alors, peut-on comprendre,
35:44 Charlotte, de cette décision et
35:45 qu'en retenir surtout ?
35:46 Dernier mot.
35:47 Précisément ce que vous venez de
35:48 dire, qu'elle résume, en
35:49 l'occurrence, cette décision
35:50 résume sur le terrain juridique
35:52 la mauvaise foi qui prévaut en
35:53 permanent sur ce débat.
35:55 Vous avez deux choses.
35:56 Les immigrationnistes, ceux qui
35:57 veulent, qui communient, on va
35:59 dire, à une volonté
36:01 immigrationniste dans le pays,
36:02 il y en a qui trouvent ça
36:03 absolument merveilleux, ils
36:05 brandissent systématiquement
36:07 pour contraindre le débat.
36:09 La question humanitaire, en se
36:11 résumant à ça.
36:11 Et là, le tribunal nous rappelle
36:13 sur le terrain du droit, mais on
36:14 pourrait le mettre sur le terrain
36:15 politique, qu'il y a deux choses
36:17 en l'occurrence dans l'action
36:18 humanitaire, soi-disant seulement
36:20 humanitaire.
36:21 Il y a un, le secours aux
36:22 personnes et deux, la
36:24 destination d'arrivée de ces
36:26 personnes.
36:26 Est-ce que porter secours sur un
36:28 bateau, ça veut dire débarquer
36:30 systématiquement en Europe ?
36:32 Alors, en l'occurrence, souvent
36:33 l'Union européenne répond oui.
36:34 Donc, imaginez que l'association
36:35 veut contrer l'Union européenne
36:37 sur sa politique, qui est une
36:38 politique de forteresse.
36:39 C'est toujours les mots qu'ils
36:40 utilisent.
36:40 Bon, on parle souvent de la
36:41 politique migratoire de l'Union
36:42 européenne pour savoir que ce n'est
36:43 pas exactement une politique qui
36:45 veut faire de l'Union européenne
36:46 une forteresse, mais passons.
36:48 Et en clair, ce qu'on comprend,
36:50 c'est que ça n'est pas
36:51 précisément le discours
36:52 humanitaire qui est attaqué.
36:54 C'est ce qui poursuit le discours
36:55 humanitaire.
36:56 L'association, en l'occurrence,
36:57 prétend ne porter secours
36:59 uniquement aux personnes.
37:00 Mais quand on dit qu'elle
37:01 contrecarre la volonté de la
37:02 politique migratoire, c'est qu'elle
37:04 veut porter secours aux personnes
37:05 dans l'unique but de les faire
37:07 débarquer en Europe.
37:08 C'est ça le discours politique.
37:09 Ce n'est évidemment pas le secours.
37:11 Alors, ce qu'on comprend, c'est
37:12 la différence qu'on pourrait avoir
37:13 tous dans nos vies et que même les
37:15 immigrationnistes font.
37:16 C'est-à-dire quand vous avez
37:17 quelqu'un qui meurt de froid ou de
37:19 faim dans la rue, vous avez la
37:20 fameuse obligation morale, que
37:22 tout le monde ne s'oblige pas, mais
37:23 on peut trouver une obligation
37:25 morale, apporter assistance
37:27 immédiatement à cette personne.
37:28 En revanche, quand vous êtes un bon
37:29 père de famille, ça ne veut pas dire
37:31 que vous prenez toutes ces
37:32 personnes-là, malheureusement, et
37:33 que vous les accueillez chez vous,
37:34 au risque de déstabiliser le
37:36 budget de votre famille, la
37:37 sécurité, pourquoi pas, de votre
37:39 famille, la place qu'il y a dans
37:41 votre logement.
37:41 Tout le monde fait cette différence.
37:43 Alors, à l'échelle du pays, c'est
37:44 exactement la même chose.
37:45 La question qui est en jeu, c'est
37:47 la question de la responsabilité
37:48 politique. Or, normalement, ce n'est
37:49 pas une option, c'est une
37:50 nécessité.
37:51 C'est exactement, à mon avis, ce
37:53 que nous rappelle sur le terrain du
37:54 droit, encore une fois, la
37:55 différence que fait pour la
37:57 première fois, en effet, cette
37:59 cour d'appel.
38:00 Très intéressant.
38:01 Merci beaucoup, Charlotte.
38:03 On suit les dossiers, on suit les
38:05 dossiers jusqu'au bout d'oeil.
38:07 Ils sont devenus quoi, ceux qui
38:08 étaient dans le bateau, aussi, en
38:09 viking ?
38:11 Vive leur vie.
38:12 Je dis ça en avec, j'ai répondu à
38:14 la question.
38:15 Alors, dans un instant...
38:16 Réponse vague.
38:17 Oui.
38:18 Marc, on va revenir un peu
38:21 dans l'histoire pour bien
38:23 comprendre le présent, parce que
38:24 c'est intéressant, les années
38:26 1890.
38:28 Une bombe jetée dans
38:30 l'hémicycle par le député
38:33 Auguste Vaillant.
38:34 On est loin de Louis Boyard.
38:36 Sadiq Arnaud est assassiné.
38:38 L'affaire Dreyfus, c'est un
38:39 scandale de Panama.
38:40 Appelons le président de la
38:41 République Sadiq Arnaud, pour ceux
38:42 qui ont une petite lacune.
38:43 Le scandale de Panama,
38:46 la rancœur, ça, c'est la défaite
38:48 de 1870, la perte
38:50 de l'Alsace-Lorraine.
38:51 Ça, c'est pour un peu planter le
38:52 décor. Et dans ce contexte-là,
38:55 la France est vraiment dans le chaos
38:57 et soudain, au théâtre, sort
38:59 Cyrano de Bergerac.
39:00 Et là, qu'est-ce qu'on peut
39:02 retenir de cette
39:04 dualité entre le chaos et le
39:06 comique ?
39:07 Alors déjà, ce qui est formidable,
39:08 c'est d'avoir planté le décor.
39:10 Parce que quand on cherche des
39:12 effets miroirs, on s'aperçoit
39:14 que ces années 90, c'est la
39:17 fin du 19e siècle.
39:20 Et il y a quand même beaucoup
39:21 d'analogies.
39:22 C'est-à-dire que la France est
39:23 malade, vous vous rendez compte ?
39:24 On assassine le président de la
39:26 République.
39:27 Il y a eu l'épisode Boulanger,
39:29 le général, qui a été prêt de
39:31 prendre le pouvoir.
39:33 Une agitation permanente.
39:35 Il y a des grèves.
39:36 On est toujours dans l'esclavage.
39:38 Il n'y a pas d'autre mot.
39:39 Avec des gamins qui travaillent
39:41 dès l'âge de 5 ans sur des
39:43 horaires de plus de 10, 12 heures.
39:45 Les premières mesures ont été
39:47 prises 10 ans auparavant.
39:49 Il y a le scandale de Panama,
39:51 où 85 000 personnes se
39:53 retrouvent en faillite.
39:55 Donc, c'est l'angoisse qui
39:57 ronge les uns et les autres.
39:59 Et puis, il y a cette Alsace-
40:02 Lorraine qui nous a été retirée.
40:04 Les Allemands, les Prussiens,
40:07 les Casques à pointes, c'est
40:09 quelque chose... On se
40:11 baratte ça. Il y a un désir de
40:13 vengeance, malheureusement, mais
40:15 ça occupe véritablement le peuple
40:17 français. Il va y avoir, le
40:20 28 décembre 1897, cette pièce
40:24 Cyrano. Alors, vous allez dire
40:26 "Mais pourquoi, si c'est un 28
40:27 décembre, on en parle aujourd'hui ?"
40:29 C'est parce que le vrai Cyrano de
40:31 Bergerac, celui à qui notre
40:35 Edmond Rostand rend hommage, est
40:38 né un 6 mars. Et ce personnage-là,
40:42 c'était un poète, c'était un
40:44 prêtre, c'était un de ces gaillards
40:46 qui voulait libre, vivre libre,
40:49 être dans cet emballement de
40:52 l'esprit, oubliant les règles,
40:55 les carcans qui, au quotidien,
40:58 rendent la vie si pénible. Et ce
41:01 personnage-là a créé quelques
41:04 pièces. Il y en a une qui est
41:06 restée marquée "Pédant joué". Et
41:08 c'est intéressant parce que vous
41:10 avez chez Molière une des
41:12 répliques... Ah, Molière, c'est
41:14 peut-être de temps en temps, comme
41:15 les uns et les autres, vous voyez,
41:16 vous avez un petit truc que vous
41:17 repérez et vous le recyclez, ça
41:19 devient votre citation. "Qu'alliez-vous
41:21 faire dans cette galère ?" Eh bien,
41:23 c'est pas de Molière, c'est du
41:25 véritable Cyrano. Et alors, donc,
41:27 notre Edmond Rostand, qui lui aussi
41:30 est dans la même veine. C'est un
41:32 homme né dans une belle famille,
41:34 mais qui a ce désir d'indépendance.
41:36 Il veut véritablement que
41:38 l'existence emporte les uns et les
41:40 autres, et dans le contexte que vous
41:41 venez de camper, c'est d'autant plus
41:44 délicat, je dirais, comme ambition.
41:46 C'est même irréalisable. Eh bien,
41:48 lui, il a décidé, malgré son père
41:50 qui voudrait le voir avocat, il a
41:52 son diplôme et il est inscrit au
41:55 barreau et lui dit "Non, je serai
41:57 poète". Et le voilà qui se lance,
41:59 les pièces. Et celle-ci, rien
42:03 de doute. Il se dit "C'est pas
42:04 possible, quoi, c'est pas possible".
42:06 Et il y a Coquelin, qui est celui
42:08 qui va jouer Cyrano, il le prend
42:11 juste avant la séance, et il dit
42:13 "Mon pauvre ami, pardon, pardon de
42:15 vous avoir embarqué dans cette
42:17 aventure". Il pleure. Et puis hop,
42:19 Coquelin jaillit. Et là, il y a
42:23 quelque chose qui se passe.
42:25 Pourquoi ? Parce que Cyrano, il est
42:27 l'exemple même de cette France
42:30 qui souffre, mais qui aurait le
42:33 prêteur, celui qui serait capable
42:35 d'abattre le malheur, celui qui
42:38 jaillirait des cendres d'une
42:40 société qui s'effondre, celui qui
42:42 rend l'avenir, non pas possible,
42:45 mais l'avenir, merveilleux, c'est
42:46 extraordinaire. Et puis, les
42:48 fameuses tirades dramatiques,
42:50 "C'est la mer rouge quand il saigne",
42:53 bah oui, là il parle de son nez.
42:55 Et à l'entracte, la foule est
42:58 debout, c'est une standing
43:00 ovation à l'entracte. On a même
43:02 le ministre des Finances qui se
43:04 précipite dans les loges et qui se
43:07 place devant Cyrano, devant Edmond
43:11 Rostand, il décroche sa légion
43:13 d'honneur, il lui dit "Permettez-moi
43:15 d'avoir un tout petit peu d'avance".
43:17 C'est extraordinaire. Et on repart
43:19 de nouveau et à la fin, 20 minutes
43:22 d'applaudissements. Pourquoi ?
43:23 Parce qu'on a tous besoin. On le
43:26 sent bien aujourd'hui quand on
43:27 entend les uns et les autres, que
43:29 l'on voit toutes ces querelles
43:31 dans la rue, il y a une
43:32 agressivité incroyable. Et s'il y a
43:34 quelqu'un qui vous dit "Mais non,
43:35 nous sommes maîtres de notre
43:37 destin", il suffit de s'y mettre,
43:39 avoir l'enthousiasme. Et voilà
43:42 pourquoi Cyrano est si fort et
43:45 Cyrano n'a jamais cessé d'accompagner
43:48 les uns et les autres durant des
43:50 générations. Pour un parfumeur,
43:54 qu'elle enseigne. Ce monument,
43:57 quand le visite-t-on ? Voilà.
44:00 (rires)
44:03 Imaginez aujourd'hui avec notre
44:05 sensibilité de la victimisation,
44:08 de se moquer comme ça d'un nez.
44:11 - Inimaginable.
44:13 - Oui, se moquer d'un nain,
44:14 se moquer d'un gros, machin.
44:16 - On ne peut plus rien dire.
44:19 Je me demandais si on allait
44:21 continuer à parler.
44:23 - J'ai une question pour vous.
44:25 Pour faire le lien avec ce
44:27 contexte qui était très
44:29 particulier, bombes lâches dans
44:31 l'hémicycle, le président
44:32 assassiné, etc. Là, on est à la
44:34 veille, peut-être, on parlait
44:35 avec vous, Dimitri, d'une France
44:37 bloquée pendant combien de temps ?
44:39 On ne sait pas. Une question pour
44:41 vous. Faut-il bloquer le pays,
44:44 oui ou non ?
44:46 - Non.
44:48 (rires)
44:49 - Vous dites ça parce que vous
44:51 avez le regard québécois ou bien...
44:53 - Non, parce que j'ai le regard
44:55 du bon sens.
44:56 - Parce que 60 % des gens sont
44:58 pour.
44:59 - Il y a une différence entre
45:01 soutenir une grève
45:03 circonstancielle et accepter de
45:05 bloquer un pays. Alors, bloquer
45:07 un pays, je parlerai comme
45:09 québécois, c'est la part
45:11 pathologique d'une qualité du
45:13 pays. C'est l'inverse du peuple
45:15 très politique, c'est l'ivresse
45:17 révolutionnaire. C'est cette
45:19 idée qu'on peut tout changer si
45:21 on le veut vraiment par un coup
45:23 de force et quelques slogans,
45:25 l'étendard brandi, et là, on
45:27 change le cours de l'histoire.
45:29 La culture révolutionnaire est
45:31 une culture qui fonctionne sur
45:33 la table rase. C'est une culture
45:35 qui veut tout abattre, qui aime
45:37 paralyser. Mais aujourd'hui,
45:39 dans les circonstances, c'est
45:41 la culture qui a rejeté l'économie
45:43 française par terre. Et ça, de
45:45 ce point de vue, c'est vraiment
45:47 le côté pathologique de la
45:49 culture révolutionnaire qui
45:51 irrigue encore une partie de la
45:53 gauche, notamment les syndicats.
45:55 - Peut-il bloquer le pays?
45:57 - Je vais peut-être vous
45:59 surprendre, mais je pense que
46:01 Mathieu, il y a un peu son
46:03 obsession contre la gauche
46:05 révolutionnaire qui prend le pas
46:07 sur le sujet. Malgré tout, je
46:09 suis d'accord avec vous sur la
46:11 retraite à 64 ans, parce que je
46:13 pense qu'économiquement, il faut
46:15 la faire. Sinon, notre système de
46:17 répartition ne tiendra pas.
46:19 Et on va me dire que c'est l'argument
46:21 du gouvernement. Mais pour le coup,
46:23 objectivement, il est fondé. Mais
46:25 quand vous avez 70% de l'opinion
46:27 publique qui est contre, pour de
46:29 bonnes ou de mauvaises raisons,
46:31 quand vous avez à l'Assemblée
46:33 nationale le ministre Olivier
46:35 Dussopt qui refuse de donner ses
46:37 chiffres, vous avez le droit de
46:39 vous députer, je n'ai pas à vous
46:41 donner vos chiffres. Si, vous êtes
46:43 comptable devant la représentation
46:45 nationale. Donc là, il y a un
46:47 problème de culture gouvernementale
46:49 et d'irrespect à l'égard du Parlement
46:51 qui, moi, personnellement, me choque.
46:53 Donc, de ce point de vue-là, je
46:55 considère que les syndicats sont
46:57 tout à fait en droit d'utiliser
46:59 l'arme du blocage, puisque
47:01 l'exécutif est, de manière
47:03 objective, sourd à l'opposition
47:05 alors après que le blocage, le blocage
47:07 pour le blocage, non, mais le blocage comme
47:09 un moyen de se faire entendre, éventuellement
47:11 pourquoi pas ? Après, si ça doit durer trois semaines, un mois
47:13 et que l'objectif c'est de mettre la France à genoux,
47:15 évidemment, là, il y a mon côté centriste
47:17 qui va reprendre le dessus et dire "ça va trop loin".
47:19 Mais sur le point... On ne peut pas dire
47:21 le blocage en soit une mauvaise chose.
47:23 La configuration politique de cette
47:25 crise justifie, je trouve ponctuellement
47:27 là, effectivement, qu'on monte d'un cran
47:29 dans l'opposition. C'est intéressant parce que je me demandais
47:31 les riches veulent bien
47:33 bloquer la France, veulent bien
47:35 la réforme et les pauvres sont contre
47:37 justement cette réforme et sont pour le blocage.
47:39 C'est une question. C'est clair que la retraite à 64 ans,
47:41 c'est la réforme que veut
47:43 l'élite. Ça, je suis bien d'accord.
47:45 C'est intéressant. Je suis bien obligé d'admettre qu'effectivement...
47:47 Donc vous êtes l'élite. Bah non mais...
47:49 Je taquine, je taquine. Mais non mais, après
47:51 tous les arguments sur bosser, porter des
47:53 sacs de sable à 64 ans, je les
47:55 entends, je les entends. Mais il y a
47:57 comment dire... Financièrement, il y a une
47:59 réforme à faire. Oui, oui, oui. Et il y a un refus
48:01 et je pense que le gouvernement a pris complètement
48:03 la réforme à l'envers. Il a voulu faire un symbole fort.
48:05 Il fallait travailler sur l'emploi des seniors
48:07 avant de dire aux gens "vous allez bosser jusqu'à
48:09 64 ans". Et en l'occurrence, le gouvernement
48:11 a semblé découvrir le sujet de l'emploi
48:13 des seniors après avoir mis sur la table
48:15 le fait qu'il faudrait travailler à 64 ans.
48:17 On a mis la charrue avant les bœufs, clairement.
48:19 Eh oui, l'adoption d'un CDI senior,
48:21 là. Bah voilà. Charlotte,
48:23 est-ce qu'il faut bloquer le pays, selon
48:25 vous ? Bah moi, je
48:27 rejoindrai un peu Dimitri, c'est-à-dire que
48:29 dans l'absolu, non. Bloquer
48:31 le pays, c'est-à-dire que si le but, c'est juste
48:33 de bloquer le pays, non, évidemment.
48:35 Parce qu'en fait, en bloquant le pays, par ailleurs, on bloque
48:37 énormément de gens et Dimitri nous expliquait bien
48:39 l'injustice
48:41 que la grève
48:43 fait peser sur certains. Mais en revanche, là,
48:45 pour une fois, il y a des circonstances vraiment
48:47 particulières qu'on n'a pas vues souvent.
48:49 C'est-à-dire qu'il n'y a personne à sauver
48:51 dans le comportement ces derniers jours.
48:53 Et quand on voit qu'en effet, on a un gouvernement
48:55 à la fois sur... C'est la troisième fois qu'il
48:57 rebosse cette réforme comme il n'avait jamais travaillé
48:59 et qu'il semble découvrir tous les sujets.
49:01 Là, en plus, on a eu un mensonge... - Les Français ne sont pas en confiance.
49:03 - Non mais on a eu un mensonge très clairement
49:05 exposé sur cette question des
49:07 1200 euros, très clairement exposé
49:09 à l'Assemblée. On a
49:11 à l'inverse des parlementaires qui n'ont pas voulu
49:13 provoquer le débat. Et in fine,
49:15 on a Olivier Véran.
49:17 Olivier Véran, le ministre de la santé de la
49:19 période Covid, qui nous explique que le monde
49:21 va s'arrêter de tourner si on bloque la France.
49:23 Lui, il ose dire ça, en fait.
49:25 C'est impossible à entendre. C'est impossible.
49:27 Donc, il n'y a pas une personne à qui
49:29 on a envie de se fier dans cette séquence.
49:31 Donc, en effet, le blocage, ça dépend quel est
49:33 le but. Et par ailleurs, derrière
49:35 blocage, il y a beaucoup de réalités différentes.
49:37 Il y a évidemment les amoureux du blocage
49:39 pour le blocage et des extrémistes fous
49:41 qu'on connaît par cœur en France, malheureusement,
49:43 mais qui ne peuvent pas nous faire oublier
49:45 tous les autres qui sont vraiment démunis
49:47 par ce qui s'est passé ces dernières semaines.
49:49 - Et c'est vrai que ça pose beaucoup
49:51 de questions, Marc, dans votre regard.
49:53 - Déjà, moi, je ne suis pas d'accord
49:55 avec Dimitri. Il n'y a pas qu'une façon
49:57 comptable... Non, non, il n'y a pas qu'une façon
49:59 comptable de corriger
50:01 les retraites. Je pense que, oui,
50:03 il pourrait y avoir la taxation de certains
50:05 traitements financiers, etc. Bref,
50:07 ça, c'est un autre domaine. Mais sur la logique
50:09 du blocage, et là non plus, je ne suis pas d'accord
50:11 avec Mathieu, un blocage, ce n'est pas une révolution.
50:13 La révolution, c'est on descend,
50:15 on veut tout casser. Mais le blocage,
50:17 oui, c'est le mythe de 1936.
50:19 C'est-à-dire qu'à un moment donné,
50:21 il y a des gens qui sont épuisés,
50:23 qui ne croient plus dans leur quotidien
50:25 et qui n'ont pas le moindre
50:27 petit objectif,
50:29 il n'y a pas la moindre lanterne, la moindre
50:31 luciole qui leur fait
50:33 briller le lendemain,
50:35 pas l'avenir, simplement le lendemain.
50:37 Ils se disent "Eh bien, on bloque tout",
50:39 et 1936, c'est parce qu'ils ont
50:41 été dans l'extrême qu'à un
50:43 moment donné, ce qui n'était pas possible,
50:45 eh bien, est devenu soudain
50:47 réalisable. C'est ça
50:49 qui apparaît. C'est-à-dire qu'on a la sensation
50:51 que s'il n'y a pas cet engagement
50:53 extrême, constamment,
50:55 on dit "Non, vous allez trop loin
50:57 et on ne peut pas faire en sorte
50:59 d'améliorer le sort de tout
51:01 à chacun." - On suivra ça demain,
51:03 et peut-être après-demain, on suivra
51:05 tout ça de près. Je ne sais pas, une petite parenthèse,
51:07 vous avez vu la tribune, l'Union Européenne
51:09 doit accepter de voir en face la montée
51:11 des actes anti-chrétiens. On en avait parlé, intéressant
51:13 à lire dans Le Figaro,
51:15 ça c'est le petit cadeau pour vous, justement.
51:17 Je vais vous faire un petit lien avec la culture judéo-chrétienne.
51:19 Est-ce qu'elle est encore coupable,
51:21 mon cher Mathieu? On ne comprend pas. Depuis hier,
51:23 c'est une déclaration, choc,
51:25 qui tourne en boucle. Violaine de
51:27 Philippis, porte-parole d'Oseille le féminisme,
51:29 ont qualifié le meurtre terrible
51:31 de deux femmes à moins de 24 heures par leur
51:33 conjoint. Elle a mis en accusation
51:35 notre culture judéo-chrétienne
51:37 qui serait responsable.
51:39 Et c'est sur ce sujet que vous voulez revenir.
51:41 - Ah oui, parce que l'accusation est lourde.
51:43 Où est le pas d'amalgame quand on en a besoin?
51:45 - C'est la voix tremblante de la militante
51:47 quand on l'entendait, quand on la regardait.
51:49 Elle répétait le slogan appris
51:51 sous le signe de l'endoctrinement.
51:53 Je cite quelques passages qui sont importants
51:55 dans son interview, sur une autre chaîne info,
51:57 comme on dit. "C'est bien notre culture,
51:59 nos valeurs, notre éducation,
52:01 celles qu'on donne à nos enfants
52:03 qui, dans un continuum
52:05 de violence, c'est-à-dire une forme de progression
52:07 qui va du sexisme ordinaire
52:09 au féminicide, créent ces drames.
52:11 En fin de compte, on en est tous
52:13 et toutes responsables."
52:15 Donc on comprend cette logique,
52:17 ce qu'elle nous dit, cette dame,
52:19 c'est que c'est la culture
52:21 qui pousse dans une espèce d'engrenage
52:23 jusqu'à ce qu'elle nomme le féminicide.
52:25 Alors qu'est-ce que c'est le féminicide dans sa logique?
52:27 Il y a une structure de société patriarcale,
52:29 une structure de société patriarcale
52:31 qui pousserait à l'assujettissement
52:33 des femmes à leur domination.
52:35 Cette structure de domination
52:37 commencerait d'abord par la vie ordinaire,
52:39 la galanterie, par exemple,
52:41 la politesse, le fait d'ouvrir la porte aux dames,
52:43 de prendre la facture ou l'addition au restaurant.
52:45 Oui, ça peut être un geste de domination.
52:47 Et qui culmine d'une blague sexiste,
52:49 imaginez la suite,
52:51 jusqu'au féminicide.
52:53 Qu'est-ce que le féminicide dans la logique de cette dame?
52:55 C'est lorsqu'une femme cherche
52:57 à s'émanciper clairement
52:59 de ce patriarcat,
53:01 le féminicide arrive à la manière
53:03 de l'ultime jugement pour casser
53:05 l'émancipation des femmes.
53:07 Mais elle va plus loin, elle va plus loin
53:09 parce qu'elle cherche à récupérer,
53:11 en fait, ce double crime,
53:13 et c'est une récupération assez particulière.
53:15 Qu'est-ce qu'elle nous dit? Je cite.
53:17 « Depuis toujours en Europe,
53:19 les féminicides ont existé,
53:21 malgré ce que tente de nous faire croire
53:23 parfois l'extrême droite,
53:25 ce n'est pas dû à l'immigration. »
53:27 Fin de la citation.
53:29 Et là, ça devient intéressant. Parce que qu'est-ce qu'elle fait?
53:31 Elle cherche à s'appuyer sur cet événement
53:33 pour nier une réalité documentée
53:35 qui consiste à dire que l'insécurité
53:37 qui frappe particulièrement
53:39 les femmes aujourd'hui en Europe
53:41 est en bonne partie liée à l'immigration,
53:43 quoi qu'on en dise. Elle ne s'y réduit pas,
53:45 mais elle est clairement liée.
53:47 Mais cette logique du déni de ce lien,
53:49 qui aujourd'hui est reconnue quand même par un Darmanin
53:51 et même par Emmanuel Macron,
53:53 cette logique du déni, elle est récurrente.
53:55 Et je vais vous donner deux exemples ennemis,
53:57 si vous me permettez, pour montrer comment on aime nier
53:59 cette dimension pour finalement accuser
54:01 toujours l'Europe.
54:03 Porte-la-Chapelle 2017,
54:05 un peu après la présidentielle.
54:07 On s'en souvient, ça tourne dans les journaux,
54:09 c'est une espèce de déclaration étonnante,
54:11 on dit que les femmes ne peuvent plus se promener
54:13 à Porte-la-Chapelle. Pourquoi?
54:15 La Chapelle-Pageolle, parce qu'il y a
54:17 une présence massive d'hommes,
54:19 une arrivée massive d'hommes dans le quartier.
54:21 Mais de quel homme parle-t-on?
54:23 De quel homme? Il faudrait peut-être le savoir.
54:25 Mais non, on ne le dit pas. Et là, on sent le malaise
54:27 chez les présentateurs, chez les journalistes,
54:29 qui disent tout le temps, des hommes, des hommes, des hommes.
54:31 Finalement, c'était une arrivée massive de migrants.
54:33 On ne peut pas stigmatiser. On ne le disait pas.
54:35 Donc on va stigmatiser tous les hommes
54:37 plutôt que de nommer la question spécifique des migrants.
54:39 Cologne, Cologne 2016,
54:41 si je ne me trompe pas, l'agression des femmes,
54:43 des meubles qui se jettent
54:45 véritablement sur les femmes pour les agresser
54:47 la nuit de la Saint-Sylvestre.
54:49 Qu'est-ce qu'on nous dit au début?
54:51 Des hommes qui se promènent sans...
54:53 On nie les événements. Quand on ne peut plus les nier,
54:55 on dit que ce sont des hommes.
54:57 Quand on ne peut plus nier le fait que ce sont des migrants,
54:59 on dit que c'est un peu de la faute quand même
55:01 de Cologne qui n'ont pas compris le rapport
55:03 au désir de ces hommes-là par rapport aux femmes allemandes.
55:05 Et la mairesse de la place avait dit,
55:07 ne l'oublions pas, conseil, tenez-vous à un bras de distance,
55:09 deux, ça sera plus simple.
55:11 Tout comme on nous avait dit pour la chapelle pageule,
55:13 il faut élargir les trottoirs.
55:15 Et on se rappellera cette déclaration
55:17 d'une ministre du présent gouvernement
55:19 qui avait placé sur le même pied la manif pour tous.
55:21 Et les islamistes, les terroristes en disant
55:23 qu'ils ont des différences, certes,
55:25 mais néanmoins, néanmoins, ils ont l'homophobie en partage.
55:27 Donc c'est la même logique
55:29 de négation du réel chaque fois.
55:31 - Et pourtant, Mathieu Bocote, la France n'a pas
55:33 le monopole de la violence faite aux femmes.
55:35 - Non, mais j'ajouterais que dans le monde occidental,
55:37 le monde occidental, globalement, a tenu la promesse
55:39 de l'égalité. Je dis pas qu'il y a pas
55:41 des inégalités résiduelles. Je dis que globalement,
55:43 à l'échelle de l'histoire, aucune civilisation
55:45 n'a poussé aussi loin le principe égalitaire
55:47 entre l'homme et la femme. Donc il y a des résidus,
55:49 mais ce n'est plus structurant. La preuve en est
55:51 que la moindre inégalité est aujourd'hui jugée intolérable.
55:53 Mais j'inviterais Mme Violenne de Philippis
55:55 à s'intéresser aux crimes d'honneur.
55:57 Les crimes d'honneur qui arrivent quelques fois en France,
55:59 dans des populations liées à l'immigration,
56:01 qui nous disent, par exemple,
56:03 cette femme ne peut pas fréquenter un homme
56:05 issu un chrétien, un juif, un français,
56:07 quoi qu'on en dise, et elle va le payer.
56:09 Je l'invite à se tourner vers l'Iran, vers le monde arabe,
56:11 vers l'Inde. Je l'invite à se tourner vers tout cela
56:13 et elle nous dira si le féminicide ou la violence
56:15 faite aux femmes est une exclusivité française,
56:17 judéo-chrétienne.
56:19 - Remarquable.
56:21 Isabelle Piboulot, et on se retrouve demain.
56:23 Merci à tous.
56:25 ...
56:27 - La mobilisation contre la réforme des retraites
56:29 a déjà commencé à Paris.
56:31 Des salariés de la RATP ont déployé une banderole
56:33 sur un pont au-dessus du périphérique.
56:35 Le 7 mars, on bloque tout jusqu'au retrait,
56:37 peut-on lire à travers les fumigènes.
56:39 D'après une source policière,
56:41 entre 60 et 90 000 manifestants
56:43 sont attendus, rien que dans la capitale.
56:45 Face à la flambée des prix des produits alimentaires,
56:47 le gouvernement lance un tribunal
56:49 pour les femmes.
56:51 - Je suis une femme, je suis une femme.
56:53 - Le gouvernement lance un trimestre
56:55 anti-inflation, une opération commerciale
56:57 qui se déroulera du 15 mars au 15 juin.
56:59 Elle vise à offrir une sélection de produits
57:01 de la grande distribution
57:03 au prix le plus bas possible.
57:05 Bruno Le Maire a également annoncé
57:07 un chèque alimentaire pour les plus modestes
57:09 prévus pour cette année.
57:11 Achraf Hakimi,
57:13 convoqué par le PSG pour défier
57:15 le Bayern de Munich,
57:17 mercredi en Bavière.
57:19 Blessé à la cuisse, le club espérait
57:21 le retour de son défenseur
57:23 pour ce huitième de finale retour de la Ligue des Champions.
57:25 Mais en examen depuis jeudi,
57:27 Achraf Hakimi est accusé
57:29 par une jeune femme de viol.
57:31 S'il est placé sous contrôle judiciaire,
57:33 il est toutefois autorisé à quitter
57:35 le territoire français.
57:37 ...