La "génération Z" entre peu à peu sur le marché du travail. Or, si l'angoisse professionnelle touche les travailleurs toutes générations confondues, les plus jeunes semblent particulièrement affectés. C'est le sujet du Talk franceinfo. Tous les soirs à partir de 18 heures, Manon Mella et ses invités débattent avec les internautes de la chaîne Twitch de franceinfo.
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00:04:12 - Bonsoir à toutes et tous.
00:04:18 Bienvenue sur le talk de France Info.
00:04:20 De 18h à 19h, une heure d'émission
00:04:22 depuis notre charmant petit studio
00:04:24 du troisième étage de la Maison de la Radio.
00:04:26 Bienvenue à vous sur le chat.
00:04:28 Salut Lolo, salut Youssouf,
00:04:30 salut Brest 85,
00:04:32 salut Mars,
00:04:34 salut Charlie,
00:04:36 Charlie Segna qui nous voit depuis le Mexique.
00:04:38 Salut Charlie. Faites comme chez vous,
00:04:40 on est ensemble pour parler d'actu, de ce qui se passe en France
00:04:42 et par-delà nos frontières,
00:04:44 pour sonder les tréfonds du monde qui ne tournent pas
00:04:46 toujours bien rond, pour triturer
00:04:48 les sujets qui bourdonnent dans l'actualité
00:04:50 de la semaine. Aujourd'hui, on va parler des jeunes.
00:04:52 Vous allez me dire que ça fait de moi une sorte d'affreux
00:04:54 boomer et que ça ne nous avance pas beaucoup,
00:04:56 et je dois bien dire que vous aviez
00:04:58 et que vous auriez un petit peu raison
00:05:00 parce que c'est qui les jeunes ? Les jeunes, c'est moi,
00:05:02 c'est vous, c'est votre collègue de travail,
00:05:04 c'est peut-être aussi votre grand-mère, on est tous le jeune de quelqu'un
00:05:06 et puis on est aussi le vieux de quelque chose,
00:05:08 l'aîné de quelqu'un d'autre.
00:05:10 Il s'agit donc de clarifier, de préciser.
00:05:12 Alors allons-y. Ce soir, on va parler de la génération
00:05:14 Z, celle qui succède à la génération
00:05:16 Y, qui elle-même succède à la génération
00:05:18 X. On va parler de ceux qui sont nés
00:05:20 après 1997 et qui ont débarqué
00:05:22 sur le marché du travail. Comme tous les jeunes,
00:05:24 le jeune est fainéant,
00:05:26 le jeune n'aime pas travailler, le jeune fait peur,
00:05:28 le jeune est insouciant, le jeune fait sa révolution dans ses pantoufles,
00:05:30 le jeune est
00:05:32 paresseux.
00:05:34 Et là, je cite quelqu'un, "nos jeunes aiment le luxe,
00:05:36 ont de mauvaise manière, se moquent de l'autorité
00:05:38 et n'ont aucun respect pour l'âge".
00:05:40 C'est Aristote qui le disait, c'était quelque part
00:05:42 vers -322 avant Jésus-Christ.
00:05:44 C'est-à-dire si l'affaire est plus que millénaire
00:05:46 et que les boomers existaient déjà
00:05:48 il y a plus de 2300 ans. Voilà pour
00:05:50 les vieux et voilà pour les grecs. Plus près de nous
00:05:52 et plus près du temps, il s'avère que le jeune,
00:05:54 celui de la génération Z,
00:05:56 donc, fait toujours aussi peur à ses aînés
00:05:58 et pourtant il a envie, comme eux, de travailler,
00:06:00 de trouver sa place dans le monde. Il a des idées,
00:06:02 il connaît la réalité du monde
00:06:04 mais ses aînés ne le comprennent pas toujours bien.
00:06:06 Pourtant c'est injuste parce que la génération
00:06:08 Z aurait bien envie qu'on la comprenne un peu plus.
00:06:10 Notamment parce que la génération Z souffre.
00:06:12 Elle souffre parfois et notamment
00:06:14 au travail, dans l'entreprise. Ce n'est pas moi qui le dis,
00:06:16 c'est ce qui ressort d'une étude menée
00:06:18 auprès de 12 000 personnes à travers le monde
00:06:20 au terme de laquelle 91%
00:06:22 des 18-24 ans dirait
00:06:24 ressentir de l'angoisse sur leur lieu de travail
00:06:26 avec près d'un quart de l'échantillon qui estime être
00:06:28 touché par un stress ingérable.
00:06:30 Pire encore, 98%
00:06:32 d'entre eux disent qu'ils ont été confrontés
00:06:34 à des symptômes d'épuisement professionnel,
00:06:36 en gros un burn-out. Alors le
00:06:38 Covid est passé par là, la crise économique aussi,
00:06:40 le chômage de masse qui a touché leurs parents,
00:06:42 les questions liées peut-être au changement climatique,
00:06:44 des questions que ne connaissaient pas leurs parents
00:06:46 ou qu'ils ne connaissaient pas de la même manière.
00:06:48 Et puis il y a aussi des entreprises qui ne savent pas encore
00:06:50 bien comment les séduire, leur proposer
00:06:52 un cadre en adéquation avec leurs aspirations.
00:06:54 On va parler de ça ce soir, de mal-être au travail,
00:06:56 de cas de deux sens, d'envie de
00:06:58 changement, de réalisation de soi,
00:07:00 de semaines de quatre jours peut-être,
00:07:02 de télétravail, de nouvelles organisations du travail.
00:07:04 Alors pour répondre à vos questions et pour les
00:07:06 mettre en perspective, avec nous
00:07:08 en studio, si je ne me trompe pas,
00:07:10 parfait,
00:07:12 Elisabeth Soulier, anthropologue et essayiste,
00:07:14 auteure de la génération Z au rayon X,
00:07:16 parue aux éditions du CERF,
00:07:18 un chouette livre que je n'ai pas encore lu,
00:07:20 mais que je vous recommande certainement à la fin de l'émission.
00:07:22 Bonsoir Elisabeth, salut.
00:07:24 Et à tes côtés,
00:07:26 Daphne Breton, psychologue du travail,
00:07:28 pour la première partie de l'émission.
00:07:30 Et ensuite, vous ne la voyez pas encore, mais elle va arriver
00:07:32 au bout de 30 minutes à peu près,
00:07:34 Gabrielle Prêtco, qui est journaliste pour
00:07:36 "Welcome to the Jungle", qui est chef de rubrique
00:07:38 "Salariés, candidats, étudiants".
00:07:40 Donc vous ne la voyez pas, elle est en face de moi, mais
00:07:42 elle va arriver tout à l'heure. Pendant ces 60
00:07:44 minutes, il y aura aussi vous dans le chat,
00:07:46 avec vos questions, vos réactions,
00:07:48 vos remarques, vos interpellations. Allez-y,
00:07:50 on va essayer de répondre à tout le monde.
00:07:52 Une première question pour toi Elisabeth,
00:07:54 donc tu es anthropologue, tu as
00:07:56 commis ce livre "Génération Z",
00:07:58 est-ce qu'elle existe, la génération Z ?
00:08:00 Oui, elle existe,
00:08:02 même si c'est toujours un peu délicat de parler,
00:08:04 d'utiliser le terme de génération, parce que
00:08:06 on a un sentiment de globaliser,
00:08:08 même de simplifier, de dire que
00:08:10 toutes les personnes qui
00:08:12 appartiennent à une génération fonctionnent
00:08:14 de la même manière. Mais on est bien obligé
00:08:16 d'utiliser un terme, moi j'aurais bien aimé utiliser
00:08:18 le mot vague, mais mon éditeur a choisi le mot génération,
00:08:20 donc bon, allons-y pour la
00:08:22 notion de génération. Pourquoi
00:08:24 plutôt la vague ? Parce que c'est vrai que la génération
00:08:26 Z, elle arrive après la génération Y, et qu'il n'y a que
00:08:28 15 ans qui séparent les Z des Y, donc c'est
00:08:30 un peu leurs aînés, plus que
00:08:32 une génération précédente qui aurait pu être leurs
00:08:34 parents, et donc généralement,
00:08:36 les générations, quand on parle de génération, c'était
00:08:38 quand il fallait à peu près 20 ou 25 ans, le temps que
00:08:40 une génération se succède à une autre. Donc là, on a
00:08:42 un rapprochement générationnel, et on va
00:08:44 l'avoir encore plus avec les prochains, c'est-à-dire
00:08:46 10 ans plus tard, il y a les alphas qui sont déjà là.
00:08:48 Donc on a un rétrécissement générationnel,
00:08:50 mais qui est assez intéressant quand même,
00:08:52 quand on s'y arrête, parce que plus
00:08:54 on a une génération qui est
00:08:56 serrée, j'allais dire, en termes d'années,
00:08:58 plus elle développe des imaginaires
00:09:00 et des représentations qui sont assez similaires.
00:09:02 Et c'est ça en fait qui est intéressant avec cette génération
00:09:04 Z, c'est de voir, bah, quels sont
00:09:06 justement ces grands traits distinctifs,
00:09:08 sans mettre tout le monde dans le même panier, mais c'est de voir un peu
00:09:10 justement, qu'est-ce qui la traverse, quels sont
00:09:12 ces gros... Dans le marketing, on dirait
00:09:14 ces tendances, mais moi je parle plutôt de ces
00:09:16 imaginaires-là, comment elle les a construites,
00:09:18 et qu'est-ce qui fait qu'elle est si différente en effet des
00:09:20 générations précédentes. - Et alors pourquoi ce livre ?
00:09:22 - Ce livre, parce que justement...
00:09:24 - Tu peux parler peut-être un peu plus
00:09:26 près du micro, ou peut-être le rapprocher
00:09:28 simplement, parce que tu es simplement trop
00:09:30 loin de toi. Voilà, super. - Ce livre,
00:09:32 parce que j'ai trouvé qu'il y avait justement,
00:09:34 avec la génération Z, il y a de telles incompréhensions,
00:09:36 c'est-à-dire elle déstabilise les entreprises, elle déstabilise
00:09:38 les institutions, on a du mal à la comprendre, on sait pas
00:09:40 très bien comment elle fonctionne, et donc elle fait un peu peur
00:09:42 d'où c'est tous ces stéréotypes dont tu as parlé
00:09:44 au tout début, et ces préjugés qu'on a sur
00:09:46 cette génération. Et donc je me suis dit,
00:09:48 elle est extrêmement passionnante
00:09:50 cette génération, et puis c'est surtout, c'est que
00:09:52 dans l'histoire de l'humanité, elle arrive à un moment quand même
00:09:54 assez fondamental. C'est-à-dire
00:09:56 si on reprend toute l'histoire de l'humanité,
00:09:58 on a trois révolutions anthropologiques, trois
00:10:00 ruptures anthropologiques. La première,
00:10:02 qui est le passage de l'oralité à l'écrit,
00:10:04 une deuxième qui va être de l'écrit
00:10:06 à l'imprimerie, et une troisième de l'imprimerie
00:10:08 au numérique. Et c'est la première génération
00:10:10 full numérique. Elle est née avec les réseaux sociaux,
00:10:12 elle est née avec le numérique, elle est tombée dans le numérique
00:10:14 comme Obélix dans la potion magique, j'allais dire.
00:10:16 Donc elle va être
00:10:18 constituée, elle va être travaillée
00:10:20 par le numérique en permanence. Et donc
00:10:22 toutes ces représentations vont
00:10:24 naître de ça.
00:10:26 Et c'est ça qui la rend intéressante, et c'est ça qui la rend
00:10:28 très disruptive, en fait.
00:10:30 - Daphné, c'est une
00:10:32 enquête, une étude plutôt
00:10:34 menée par Santé publique France. Il y aurait un jeune
00:10:36 sur cinq qui présente des troubles dépressifs.
00:10:38 Et donc moi j'avais lu que 98%
00:10:40 des jeunes,
00:10:42 des jeunes de cette génération-là
00:10:44 qui étaient interrogés,
00:10:46 98% d'entre eux
00:10:48 disaient être confrontés à des symptômes
00:10:50 d'épuisement professionnel, de burn-out. C'est quelque chose
00:10:52 que tu constates. Et puis peut-être pour commencer,
00:10:54 qu'est-ce que c'est qu'un syndrome d'épuisement professionnel ?
00:10:56 - Alors, il y a
00:10:58 plusieurs définitions du syndrome d'épuisement
00:11:00 professionnel dans le réseau dans lequel j'appartiens,
00:11:02 qui est celui du réseau de souffrance
00:11:04 et travail de Marie Pesay. On le définit
00:11:06 comme un syndrome d'adaptation, où
00:11:08 en fait, suite à... en étant exposé
00:11:10 à un certain nombre de facteurs de risques
00:11:12 professionnels, et notamment des facteurs
00:11:14 de risques organisationnels, qu'on appelle
00:11:16 aussi risques psychosociaux,
00:11:18 on va compenser, on va essayer de
00:11:20 compenser le manque de moyens
00:11:22 organisationnels, et on va mettre en place des stratégies,
00:11:24 des stratégies qui ont un coût
00:11:26 à moyen long terme, et à un
00:11:28 moment donné, le corps va lâcher.
00:11:30 Ce qui décrit
00:11:32 un petit peu le syndrome d'épuisement professionnel,
00:11:34 en tout cas le stade le plus
00:11:36 loin en termes
00:11:38 d'évolution des symptômes, c'est une fatigue
00:11:40 qui reste présente
00:11:42 et pour laquelle le repos
00:11:44 ne suffit plus, les vacances, le
00:11:46 week-end, la nuit,
00:11:48 des comportements addictifs
00:11:50 avec un recours
00:11:52 à la caféine, un recours à des médicaments
00:11:54 ou à tout type d'excitants
00:11:56 ou de drogue, ou
00:11:58 d'apports médicamenteux, et ça
00:12:00 va être aussi d'autres
00:12:02 troubles qui... le corps
00:12:04 est assez ingénieux pour nous faire
00:12:06 arrêter quand on va un peu trop loin,
00:12:08 et donc c'est à ça qu'on reconnaît le syndrome
00:12:10 d'épuisement professionnel. Alors c'est
00:12:12 un mot qui est aujourd'hui assez
00:12:14 utilisé et un petit peu
00:12:16 vulgarisé, tout le monde se dit être en
00:12:18 burn-out, ce qui fait que ça amenuise
00:12:20 aussi ce type de
00:12:22 syndrome pour les personnes
00:12:24 qui en sont vraiment souffrantes.
00:12:26 Pour autant, c'est un phénomène d'ampleur,
00:12:28 il y a aussi une reconnaissance qui a
00:12:30 évolué, c'est-à-dire qu'on a essayé
00:12:32 de mettre un mot, alors c'est toujours pas une maladie
00:12:34 qui est reconnue comme
00:12:36 maladie professionnelle, il n'y a pas
00:12:38 de définition médicale parce que les syndromes
00:12:40 et les symptômes sont multiples,
00:12:42 chacun va déclarer des symptômes
00:12:44 différents et des manifestations cliniques
00:12:46 différentes, ce qui le rend aussi
00:12:48 difficile à appréhender
00:12:50 pour un certain nombre de médecins qui ne connaissent
00:12:52 pas le monde de l'entreprise,
00:12:54 parce que le monde de l'entreprise est quelque chose de
00:12:56 très opaque, et
00:12:58 effectivement, la jeunesse n'est pas épargnée,
00:13:00 loin de là,
00:13:02 les chiffres, effectivement, sont réels,
00:13:04 dans les entreprises dans lesquelles j'interviens
00:13:06 en tant que consultante,
00:13:08 les jeunes prennent de plein
00:13:10 fouet la dégradation des conditions de travail,
00:13:12 alors on parlait de beaucoup d'une génération
00:13:14 qui serait dans le numérique, etc.
00:13:16 Moi, c'est de par
00:13:18 ma profession, mais j'analyse les
00:13:20 systèmes dans lesquels les individus
00:13:22 vivent et interagissent,
00:13:24 et aujourd'hui, le marché de l'entreprise,
00:13:26 le marché de l'emploi place aussi
00:13:28 cette génération dans
00:13:30 des attentes particulières, ou en tout cas
00:13:32 les oblige aussi à faire bouger
00:13:34 pas mal de choses dans leur perspective
00:13:36 et dans leurs attentes par rapport au marché de l'emploi.
00:13:38 Alors tu constates, toi,
00:13:40 on va dire, ce sont des
00:13:42 patients pour toi ? Alors c'est
00:13:44 des patients dans une partie de mon activité,
00:13:46 et c'est des salariés que je rencontre...
00:13:48 - C'est pour ma question.
00:13:50 - Il faut le mettre en lien
00:13:52 avec l'évolution des organisations
00:13:54 du travail de ces dernières
00:13:56 40 ou 50 ans.
00:13:58 Moi, je le mets beaucoup en lien
00:14:00 avec la financiarisation
00:14:02 des entreprises qui ont
00:14:04 ce qu'on appelle le tournant gestionnaire,
00:14:06 où en fait les politiques d'entreprise
00:14:08 sont tournées avant tout
00:14:10 sur les résultats financiers, sur la
00:14:12 performance individuelle, sur des indicateurs
00:14:14 chiffrés qui sont totalement
00:14:16 sortis de la question du travail,
00:14:18 des interactions dans le travail,
00:14:20 de la qualité du travail,
00:14:22 ce qui fait que le sens
00:14:24 et la qualité du travail se détériore
00:14:26 pour un certain nombre de travailleurs, qu'ils soient
00:14:28 salariés ou non d'ailleurs,
00:14:30 et ce qui en vient à un moment
00:14:32 donné créer des situations de fort
00:14:34 déséquilibre pour les individus
00:14:36 et en parallèle avec
00:14:38 une détérioration
00:14:40 des politiques aussi
00:14:42 menées en interne qui visent à détruire
00:14:44 les collectifs, ce qui
00:14:46 était aussi avant
00:14:48 le rempart d'un certain nombre de choses et encore
00:14:50 aujourd'hui... - Par exemple, pour expliquer,
00:14:52 pour rendre ça peut-être plus concret
00:14:54 pour ceux qui nous regardent ? - Des objectifs
00:14:56 individuels qui vont favoriser
00:14:58 la mise en concurrence des salariés dans
00:15:00 une équipe, dans plusieurs équipes,
00:15:02 dans différents sites.
00:15:04 Le fait que le travail
00:15:06 soit beaucoup plus individualisé,
00:15:08 on le découpe,
00:15:10 peu, aujourd'hui,
00:15:12 les chiffres sont assez importants,
00:15:14 mais il y a presque 40%,
00:15:16 il me semble, dans les études qui ont été
00:15:18 faites par la Dares, qui est
00:15:20 l'institut statistique du ministère du
00:15:22 travail, qui montre qu'un
00:15:24 salarié ne fait plus
00:15:26 son travail du début à la fin
00:15:28 de la chaîne,
00:15:30 ce qui veut dire qu'on perd en sens, et ce qui veut dire
00:15:32 aussi que
00:15:34 on les met en concurrence
00:15:36 et finalement chacun ne voit pas
00:15:38 la finalité de son travail
00:15:40 et donc on va avoir
00:15:42 des conséquences
00:15:44 en cascade et des degrés
00:15:46 d'interdépendance entre les salariés
00:15:48 qui ne vont pas favoriser le travail
00:15:50 collectif.
00:15:52 - Est-ce que ce qui était invisible avant n'est pas
00:15:54 devenu visible, peut-être, tout simplement,
00:15:56 en plus, peut-être, parce que
00:15:58 cette génération-là a peut-être plus conscience
00:16:00 de sa santé mentale, qu'elle va peut-être te voir
00:16:02 peut-être plus facilement qu'avant ?
00:16:04 Je pose la question.
00:16:06 - Oui, je ne pense pas que la souffrance au travail
00:16:08 était plus
00:16:10 faible auparavant, elle était différente.
00:16:12 Il y a eu une transformation
00:16:14 entre la pénibilité physique,
00:16:16 il y a encore quelques siècles,
00:16:18 le travail était beaucoup plus physique
00:16:20 qu'aujourd'hui, il y a eu un tournant,
00:16:22 la part de l'emploi aujourd'hui dans
00:16:24 le secteur tertiaire et
00:16:26 le premier employeur de France,
00:16:28 ces secteurs-là, donc il y a eu une transformation
00:16:30 aussi à ce niveau-là.
00:16:32 Et j'ai perdu, du coup,
00:16:34 ta question initiale.
00:16:36 - Qu'est-ce qui serait devenu
00:16:38 visible, parce qu'avant, peut-être, les gens
00:16:40 avaient peut-être plus de mal
00:16:42 à s'adresser à son psychologue du travail,
00:16:44 à son médecin du travail,
00:16:46 à avancer un problème de santé mentale,
00:16:48 puisque c'est un problème de santé mentale.
00:16:50 - La santé, alors, aller consulter
00:16:52 un psy encore aujourd'hui, notamment en France,
00:16:54 c'est quelque chose d'assez tabou, se dire
00:16:56 en mauvaise santé mentale, la santé mentale, c'est
00:16:58 la santé au global, que ce soit physique
00:17:00 et mentale, tout est lié, on n'a pas
00:17:02 un psychisme déconnecté de notre corps.
00:17:04 Donc il y a ce tabou qui tend un petit peu
00:17:06 aujourd'hui, depuis la crise Covid aussi,
00:17:08 on a beaucoup parlé de santé mentale, et les médecins
00:17:10 ont été beaucoup interrogés
00:17:12 sur ce sujet-là, qui fait qu'il est
00:17:14 un peu moins tabou ces dernières années,
00:17:16 avec cette crise, et que ça
00:17:18 rend l'importance
00:17:20 de ce sujet aussi assez crucial.
00:17:22 Après,
00:17:24 il y a encore un certain nombre de freins,
00:17:26 où l'accès, notamment, au psychologue
00:17:28 du travail et au psychologue
00:17:30 en général,
00:17:32 n'est pas favorisé,
00:17:34 n'est pas aidé par le gouvernement, malgré
00:17:36 les dernières mesures qui ont été mises en place.
00:17:38 - On a Arj qui nous dit dans le chat,
00:17:40 en même temps, les collégiens, lycéens et étudiants sont
00:17:42 déjà soumis, entre eux, à la compétition,
00:17:44 et certains sont déjà en burn-out.
00:17:46 - Mais quand on parle
00:17:48 de travail, alors il faut,
00:17:50 souvent, moi, c'est l'emploi
00:17:52 dans mon propos,
00:17:54 mais on travaille très jeunes, on travaille
00:17:56 à l'école, on travaille au foyer,
00:17:58 il y a beaucoup
00:18:00 de femmes sur ce plateau, donc on peut
00:18:02 en parler, parce que ça touche beaucoup de femmes.
00:18:04 Il y a un certain nombre de travail qui ne sont
00:18:06 pas rémunérés aujourd'hui.
00:18:08 L'épuisement
00:18:10 professionnel, on ne l'appelle pas comme ça, mais
00:18:12 chez les jeunes dans la scolarité, est de
00:18:14 plus en plus important, parce que la crainte
00:18:16 de l'insécurité professionnelle
00:18:18 pour les parents envers leurs enfants
00:18:20 est tellement forte qu'il y a une pression qui est
00:18:22 mise sur les enfants, sur la réussite
00:18:24 scolaire et sur cette performance individuelle,
00:18:26 qui va générer du stress
00:18:28 assez vide dans la scolarité.
00:18:30 Aujourd'hui, la note,
00:18:32 et tout le monde est en demande,
00:18:34 beaucoup de parents sont en demande de notes
00:18:36 aussi, dans les systèmes, c'est des notes
00:18:38 qu'on va retrouver très
00:18:40 très tôt dans la scolarité et jusqu'à
00:18:42 très tard dans l'environnement professionnel,
00:18:44 où il va falloir qu'on juge
00:18:46 le travailleur,
00:18:48 quel qu'il soit dans sa posture,
00:18:50 sur son travail, sans forcément,
00:18:52 en tout cas, dans le cadre de l'emploi et de
00:18:54 la vie professionnelle, interroger
00:18:56 les moyens
00:18:58 dont le travailleur dispose
00:19:00 pour faire son travail.
00:19:02 - Elisabeth, tu voulais réagir, je crois ?
00:19:04 - Oui, je peux réagir.
00:19:06 Ce qui est intéressant, justement,
00:19:08 par rapport à tout ce qu'il vient de dire Daphné,
00:19:10 c'est que c'est ce que vient questionner
00:19:12 la génération Z, justement.
00:19:14 Le mal-être au travail, elle est en train de le questionner.
00:19:16 Qu'est-ce qu'elle veut ? Elle va chercher de la qualité relationnelle
00:19:18 au travail, elle va chercher des écosystèmes
00:19:20 dans lesquels elle puisse épanouir.
00:19:22 C'est la finalité pour elle du travail.
00:19:24 Et d'ailleurs, le travail n'est plus central
00:19:26 dans sa vie. Elle a d'autres centres
00:19:28 dans lesquels elle veut s'épanouir.
00:19:30 Et puis, on a aussi
00:19:32 une génération qui,
00:19:34 d'ailleurs, le turnover des entreprises est absolument
00:19:36 hallucinant pour cette génération, c'est 18 mois,
00:19:38 la moyenne, parce que
00:19:40 c'est vrai qu'on a des jeunes, au bout de trois mois,
00:19:42 ils partent déjà
00:19:44 de l'entreprise, ils veulent changer,
00:19:46 ils veulent faire des expériences professionnelles diverses et variées.
00:19:48 Ils ne rentrent plus dans un temps long,
00:19:50 le temps linéaire d'une carrière.
00:19:52 C'est quelque chose qui,
00:19:54 aujourd'hui, ne parle pas du tout à cette jeunesse-là.
00:19:56 Cette jeunesse, elle cherche à faire des expériences
00:19:58 professionnelles et personnelles
00:20:00 parce que tout ça, il y a une fluidité.
00:20:02 On ne peut pas comprendre, je pense,
00:20:04 les mécanismes de cette génération sur la pense pas,
00:20:06 déjà, dans la notion de mouvement, de fluidité, de liquidité.
00:20:08 Il y a un sociologue allemand
00:20:10 qui s'appelle Sigmund Baumann, qui est décédé il y a quelques années,
00:20:12 qui parlait de société liquide.
00:20:14 Mais on est complètement là-dedans avec cette génération.
00:20:16 C'est-à-dire qu'elle est transfrontalière.
00:20:18 C'est-à-dire que dans sa vie professionnelle,
00:20:20 elle est aussi dans sa vie personnelle.
00:20:22 Elle ne fait pas de séparation.
00:20:24 Il y a aussi le virtuel, etc.
00:20:26 Donc elle fait ces passages permanents entre les uns et les autres
00:20:28 qui fait que,
00:20:30 justement, elle va avoir des attentes
00:20:32 par rapport au monde du travail qui n'étaient pas
00:20:34 du tout les mêmes attentes
00:20:36 que les générations précédentes.
00:20:38 Elle sait épanouir, ça passe par les sens,
00:20:40 elle se sentir bien. Elle a un indicateur
00:20:42 interne et subjectif qui s'appelle la notion de bien-être.
00:20:44 La notion de bien-être,
00:20:46 c'est comment je me sens
00:20:48 dans ma tâche,
00:20:50 dans ma mission, dans ma relation à l'autre,
00:20:52 dans l'écosystème dans lequel j'interagis,
00:20:54 dans l'entreprise elle-même, dans le lieu lui-même.
00:20:56 C'est une génération qui crée de ce qu'on appelle
00:20:58 de la reliance. Et donc, elle va avoir
00:21:00 cette espèce de sensibilité
00:21:02 à ce qui l'entoure,
00:21:04 à ce qu'elle fait,
00:21:06 à quoi sert et quel est l'impact de ce que je suis
00:21:08 en train de faire.
00:21:10 Elle ne veut plus se penser comme une unité numérique
00:21:12 au sein d'une multitude d'entreprises
00:21:14 qu'on va pouvoir changer,
00:21:16 un Kleenex qu'on change quand on a besoin,
00:21:18 qu'on jette un pion sur les chiquiers.
00:21:20 Elle, elle se pense comme une plus-value
00:21:22 dans l'entreprise. Et d'ailleurs, on verra tout à l'heure
00:21:24 avec pour "Welcome to the Jungle"
00:21:26 comment un jeune va maintenant...
00:21:28 C'est l'entreprise qui séduit le jeune,
00:21:30 c'est pas le jeune qui séduit l'entreprise.
00:21:32 Parce qu'il ne se pense pas comme une ressource
00:21:34 dans laquelle on va puiser. Et il fait des liens
00:21:36 avec l'écologie et la société
00:21:38 dans laquelle elle a vécu,
00:21:40 et nous aussi avec. C'est-à-dire se dire
00:21:42 qu'on n'est pas une ressource dans laquelle on va puiser
00:21:44 à l'infini
00:21:46 jusqu'à ce que je fasse un burnout.
00:21:48 Mais elle va partir bien avant.
00:21:50 Je trouve que le taux de burnout
00:21:52 sur cette génération Z,
00:21:54 il n'est pas si impactant que ça.
00:21:56 Il est beaucoup sur la génération Y,
00:21:58 qui en effet a vécu de plein fouet
00:22:00 non seulement la dégradation
00:22:02 des conditions de travail, de relationnel au travail,
00:22:04 mais qui s'est construite
00:22:06 très différemment sur l'empowerment,
00:22:08 etc. On peut en parler des heures,
00:22:10 mais il y a quelque chose de différent.
00:22:12 Le Z, lui, il va partir avant même que ça lui arrive.
00:22:14 Alors soit il part
00:22:16 parce qu'il a la possibilité de partir, mais il l'a,
00:22:18 il s'autorise à partir.
00:22:20 Et puis s'il ne le fait pas,
00:22:22 il va faire du quiet quitting,
00:22:24 c'est-à-dire il va en faire le moins possible.
00:22:26 C'est un mécanisme de retrait justement
00:22:28 par rapport à ce qu'on lui demande trop
00:22:30 pour en faire le moins et se protéger
00:22:32 parce qu'il veut développer sa vie personnelle à côté.
00:22:34 Je pense que justement
00:22:36 tout ce qui vient d'être décrit,
00:22:38 c'est ce qui fait que ces jeunes,
00:22:40 on a du mal à les faire revenir dans l'entreprise.
00:22:42 Moi j'interviens énormément dans les entreprises.
00:22:44 Et aujourd'hui, le vrai défi d'entreprise
00:22:46 c'est attirer, manager et garder
00:22:48 et retenir ses talents.
00:22:50 Et en fait, elles n'y arrivent pas. Donc elle fait sa mutation.
00:22:52 - Juste pour réagir, parce que
00:22:54 il y a deux choses.
00:22:56 On globalise les jeunes. C'est aussi
00:22:58 très compliqué de parler des jeunes parce qu'il y a plusieurs jeunes.
00:23:00 Il faut séparer le
00:23:02 niveau d'éducation, d'instruction
00:23:04 et de diplôme.
00:23:06 Un certain nombre de jeunes aujourd'hui,
00:23:08 moins diplômés, n'ont pas le choix
00:23:10 de choisir forcément leur emploi,
00:23:12 leurs conditions de travail, leur rémunération.
00:23:14 Donc il faut faire attention,
00:23:16 je trouve, à globaliser tout ça.
00:23:18 Et quand on parle des jeunes, ce n'est pas forcément
00:23:20 tous les jeunes. Et ce que je constate,
00:23:22 moi, en allant dans les entreprises, c'est que
00:23:24 ces jeunes aussi ont intériorisé
00:23:26 depuis
00:23:28 longtemps, depuis leur grande jeunesse,
00:23:30 dès l'école,
00:23:32 qu'ils auraient un marché
00:23:34 du travail où il faudrait qu'ils soient flexibles.
00:23:36 Mais pas parce que ça vient d'eux et que c'est
00:23:38 un choix qui vient
00:23:40 d'eux, mais parce qu'on les oblige
00:23:42 à être flexibles. Donc quand les entreprises
00:23:44 disent "on n'arrive pas à recruter,
00:23:46 les jeunes ne restent pas, il faut qu'on séduise
00:23:48 les jeunes", ça dépend. Il y a des
00:23:50 compétences qui sont aujourd'hui
00:23:52 très rares sur le marché de l'emploi, où là
00:23:54 les entreprises sont obligées de vendre
00:23:56 ce poste,
00:23:58 augmenter les rémunérations,
00:24:00 etc. Mais c'est sur des compétences bien précises.
00:24:02 Sur le reste du marché de l'emploi,
00:24:04 les entreprises ne font pas
00:24:06 de gestion prévisionnelle des emplois,
00:24:08 n'ont pas des politiques de ressources
00:24:10 humaines qui cherchent
00:24:12 à stabiliser les effectifs.
00:24:14 Ce n'est pas du tout dans
00:24:16 les orientations stratégiques des entreprises
00:24:18 qu'ils me présentent à moi
00:24:20 et aux représentants du personnel.
00:24:22 Donc il faut aussi faire attention
00:24:24 à ne pas replacer, ce qu'ont
00:24:26 tendance à faire beaucoup de directions,
00:24:28 à replacer
00:24:30 cette dynamique sur l'individu,
00:24:32 mais bien à
00:24:34 comprendre aussi que c'est le système
00:24:36 dans lequel on place
00:24:38 ces jeunes, qui les oblige
00:24:40 à avoir ces comportements, et où ce
00:24:42 "quiet quitting", si on peut en parler, c'est aussi
00:24:44 parce qu'il y a une déconnexion entre
00:24:46 ce qu'on attend du travail,
00:24:48 ce qu'on ne peut pas avoir du travail,
00:24:50 et donc avoir une sorte de stratégie individuelle
00:24:52 qui devient collective, parce qu'un certain nombre,
00:24:54 mais ça ne touche pas que les jeunes sont dans ces démarches-là
00:24:56 de protection, mais parce
00:24:58 qu'on n'arrive plus à tenir
00:25:00 le lancement du travail. Donc on va essayer de trouver
00:25:02 des solutions qui nous font tenir dans ce travail-là.
00:25:04 Et donc, pour moi,
00:25:06 il faut faire attention à ne pas
00:25:08 donner
00:25:10 cette responsabilité de cette jeunesse
00:25:12 qui serait plus fainéante,
00:25:14 moins impliquée dans le travail,
00:25:16 dont la place
00:25:18 du travail ne serait pas centrale.
00:25:20 Les chiffres diminuent, mais
00:25:22 ils restent quand même très élevés. C'est 60%
00:25:24 des répondants dans la dernière
00:25:26 étude de la Fondation Jean Jaurès
00:25:28 qui placent le travail en premier
00:25:30 lieu. Donc 60%, c'est quand même
00:25:32 très grand. C'est moins grand, il y a un recul,
00:25:34 parce que les conditions de travail se dégradent,
00:25:36 parce que les conditions d'emploi se dégradent,
00:25:38 parce que la jeunesse est
00:25:40 la plus vulnérable en matière
00:25:42 de vulnérabilité
00:25:44 économique. C'est celle qui
00:25:46 est la plus touchée par la pauvreté.
00:25:48 Les 18 à 24 ans, 1 sur 5
00:25:50 jeunes de 18 à
00:25:52 24 ans, vit sous le seuil de pauvreté.
00:25:54 Donc ça aussi donne une dynamique
00:25:56 sur le marché de l'emploi
00:25:58 pour ces jeunes-là. Il faut aussi l'avoir
00:26:00 en perspective, il me semble.
00:26:02 Il faut qu'on fasse une pause lexique,
00:26:04 parce qu'il y a plein de questions là-dessus sur le
00:26:06 tchat, et peut-être qu'on aurait pu le faire avant, mais
00:26:08 on l'a quand même un petit peu fait. On demande beaucoup
00:26:10 quelle est la différence entre la génération X,
00:26:12 la génération Y et la génération Z.
00:26:14 Il n'y a peut-être pas de différences
00:26:16 énormes. Une question peut-être plus
00:26:18 pour toi, Elisabeth. Si ? Si, il y a des
00:26:20 grosses différences. En introduction,
00:26:22 mais ce qui est sûr,
00:26:24 c'est que, rien
00:26:26 qu'au niveau des âges, si on est sur
00:26:28 une dynamique juste sociologique,
00:26:30 c'est-à-dire en termes d'âge,
00:26:32 la génération
00:26:34 Z, c'est les vingt-dernières d'aujourd'hui.
00:26:36 Grosso modo, c'est ça. C'est ce dont tu as parlé,
00:26:38 les dates à peu près. La génération Y,
00:26:40 c'est plutôt la génération, justement,
00:26:42 30-35 ans à 35 ans,
00:26:44 30-40 ans, si on veut, et après,
00:26:46 c'est la génération X, dont
00:26:48 je suis une représentante, et qui s'en est dans les
00:26:50 années plutôt 60. Donc, il y a
00:26:52 des différences en termes d'âge, ça c'est sociologique,
00:26:54 il y a des différences en termes de représentation,
00:26:56 de représentation et de nos imaginaires.
00:26:58 En fait,
00:27:00 on se construit par rapport à l'écosystème
00:27:02 dans lequel on a vécu pendant qu'on a passé
00:27:04 les 10-15 premières années de sa vie.
00:27:06 Et donc, pour rebondir sur la notion du travail,
00:27:08 la valeur travail est toujours très importante,
00:27:10 mais elle n'est plus pensée
00:27:12 de la même manière, c'est-à-dire la relation
00:27:14 au travail n'est pas pensée de la même manière.
00:27:16 En ça, il n'est pas central, c'est-à-dire,
00:27:18 bien sûr que les jeunes veulent travailler, mais ils n'en
00:27:20 font plus une affaire totalement centrale,
00:27:22 c'est-à-dire qu'il y a d'autres choses qu'ils veulent développer,
00:27:24 et même au travail, ils veulent développer leur personne.
00:27:26 C'est ce qu'on appelle vraiment
00:27:28 le fait de développer non pas simplement des compétences,
00:27:30 mais se développer soi-même, donc développer son potentiel
00:27:32 de croissance. C'est un peu différent
00:27:34 que simplement d'acquérir des compétences.
00:27:36 C'est ce qu'on appelle
00:27:38 les "fixed mindset" par rapport au "gross mindset",
00:27:40 c'est-à-dire que je suis là parce que je suis dans
00:27:42 un potentiel de vie, dans un potentiel de croissance
00:27:44 dans lequel je vais pouvoir m'épanouir, justement.
00:27:46 Et c'est là où on a justement cette fluidité
00:27:48 entre la vie personnelle et la vie professionnelle
00:27:50 qui n'est pas liée à des équilibres entre
00:27:52 l'un ou l'autre,
00:27:54 mais c'est comment ça va être en fluidité, ça va passer.
00:27:56 On a des jeunes qui peuvent
00:27:58 tout à fait répondre à des mails à minuit
00:28:00 alors qu'ils sont en train d'être dans un bar avec des potes,
00:28:02 à leur manager,
00:28:04 pour un truc extrêmement important, le lendemain matin,
00:28:06 etc., et inversement, travailler sur des trucs
00:28:08 hyper personnels au sein de l'entreprise.
00:28:10 On a des métissages,
00:28:12 des systèmes complètement hybrides.
00:28:14 Après, pour reprendre ce que
00:28:16 dit Daphné, je suis tout à fait d'accord,
00:28:18 il y a des jeunesses, même si les imaginaires...
00:28:20 Moi, je travaille beaucoup en banlieue,
00:28:22 en Seine-Saint-Denis,
00:28:24 et j'avais été très surprise quand j'ai écrit ce livre,
00:28:26 justement, quand j'ai mené mes interviews
00:28:28 et que j'ai fait mes terrains ethnographiques,
00:28:30 de voir combien, justement, dans les imaginaires,
00:28:32 on se retrouvait, même si les comportements
00:28:34 peuvent être différents. C'est vrai qu'un jeune,
00:28:36 quand on parle de télétravail,
00:28:38 en fonction de l'emploi que
00:28:40 vous avez, il y en a qui peuvent le faire,
00:28:42 en effet, en normal digital, si vous voulez,
00:28:44 et d'autres qui sont obligés d'aller au Turbin,
00:28:46 en l'occurrence, je travaille
00:28:48 avec des jeunes dans la filière
00:28:50 de maintenance, donc c'est vraiment...
00:28:52 - C'est pas télétravail, enfin, quoi que...
00:28:54 - Le télétravail est difficile, même si de plus en plus,
00:28:56 la maintenance va pouvoir se faire à distance,
00:28:58 ça va être prédictif, etc. Bref, les métiers évoluent.
00:29:00 Mais il y a plein de métiers qu'on ne peut pas faire à distance.
00:29:02 Et puis, il y a aussi, en effet,
00:29:04 des possibilités, même si je trouve
00:29:06 que quand même on a cette flexibilité
00:29:08 qu'on retrouve même dans cette
00:29:10 jeunesse-là,
00:29:12 mais qu'on retrouve aussi dans ce qu'on appelle
00:29:14 la France périphérique,
00:29:16 dans les campagnes et dans les milieux ruraux,
00:29:18 il y a une adaptation, en effet,
00:29:20 au fait que, par exemple,
00:29:22 les entreprises ont multiplié les CDD
00:29:24 à l'envie, etc., sans aller vers un
00:29:26 CDI, donc ils l'ont complètement intégré, donc maintenant,
00:29:28 ils disent "en fait, j'ai pas tant envie
00:29:30 d'un CDI, parce que,
00:29:32 d'un autre côté, le contrat de travail, qu'est-ce que ça représente
00:29:34 aujourd'hui, on est un peu plus sur la notion
00:29:36 de pacte relationnel, j'ai plutôt
00:29:38 envie de travailler aussi", et puis ils sont nés
00:29:40 les co-signes des startups, donc ils veulent créer
00:29:42 leur propre emploi. - Justement,
00:29:44 sur le tchat, on a Touan qui fait
00:29:46 une remarque un peu amusée, qui dit
00:29:48 "mais les conditions de travail ne se dégradent pas, puisque des patrons
00:29:50 achètent des baby-foot". - Mais oui,
00:29:52 c'est ça qui...
00:29:54 L'augmentation des inégalités
00:29:56 dans la société, et qui
00:29:58 se traduit aussi dans le monde de l'entreprise,
00:30:00 où un PDG peut gagner,
00:30:02 il y a des écarts de salaire monstres,
00:30:04 donc ça donne pas envie, alors
00:30:06 je reviendrai sur cette question de l'envie
00:30:08 du CDI,
00:30:10 pour reciter la Fondation Georges Ress, parce qu'ils
00:30:12 font quand même pas mal d'études avec des échantillons
00:30:14 assez significatifs,
00:30:16 ce qui ressort, et je rejoins
00:30:18 également ce qui vient
00:30:20 d'être dit, c'est que ce qui ressort,
00:30:22 qu'on soit diplômé, pas diplômé,
00:30:24 qu'on soit issu d'une famille
00:30:26 avec des diplômes ou non,
00:30:28 le premier point d'attente
00:30:30 sur le marché du travail, c'est d'avoir
00:30:32 un emploi sécurisant.
00:30:34 CDI.
00:30:36 C'est le premier point qui ressort.
00:30:38 Il y a la rémunération qui ressort aussi.
00:30:40 Il y a l'autonomie.
00:30:42 Alors ça, l'autonomie, plus on va
00:30:44 avoir un diplôme élevé, plus la recherche
00:30:46 d'autonomie va être aussi élevée.
00:30:48 Et après, en fonction de l'augmentation
00:30:50 du niveau de diplôme, on va avoir des attentes
00:30:52 qui vont être beaucoup plus développées
00:30:54 sur le marché du travail.
00:30:56 Ceux qui n'ont pas de diplôme, même si
00:30:58 tout le monde partage les mêmes envies,
00:31:00 d'avoir la flexibilité du télétravail,
00:31:02 et toutes ces choses-là, ils ont pas le choix
00:31:04 de l'avoir ou de ne pas l'avoir.
00:31:06 Parce que selon les métiers dans lesquels
00:31:08 on va exercer, ces possibilités-là
00:31:10 vont être assez réduites.
00:31:12 Donc c'est effectivement...
00:31:14 Il faut avoir en tête
00:31:18 toutes ces différences,
00:31:21 quand on parle aussi de la jeunesse,
00:31:23 de cette génération X, Y ou Z,
00:31:25 où moi, je me référencie pas forcément
00:31:29 dans le cadre de mon activité
00:31:31 sur ces types de générations, parce que
00:31:33 je vois l'ensemble des travailleurs
00:31:35 sur le marché du travail,
00:31:37 et où effectivement, si on reparle
00:31:39 de cet équilibre et de cette frontière
00:31:41 vie pro-vie perso,
00:31:43 encore une fois,
00:31:45 l'arrivée des ordinateurs portables,
00:31:47 l'arrivée des téléphones,
00:31:49 ou l'instantanéité aussi qui est arrivée
00:31:51 dans le cadre du travail,
00:31:53 requiert des travailleurs,
00:31:55 quel que soit leur âge,
00:31:57 d'avoir une limite totalement poreuse
00:31:59 entre leur vie professionnelle et leur vie personnelle.
00:32:01 Et si les ouvriers
00:32:03 n'étaient pas touchés il y a quelques années
00:32:05 par ces interruptions
00:32:07 et dans la vie personnelle,
00:32:09 par le biais de ces téléphones notamment,
00:32:11 aujourd'hui, le nombre d'ouvriers
00:32:13 qui se retrouvent contactés
00:32:15 en dehors de leurs horaires de travail
00:32:17 augmente. Ce qui veut bien dire
00:32:19 que c'est aussi, au-delà de l'âge,
00:32:21 l'ensemble des catégories socio-professionnelles
00:32:23 qui commencent à être touchées par ces problématiques-là,
00:32:25 et qui après les exposent,
00:32:27 notamment si on revient sur le sujet
00:32:29 de l'épuisement professionnel,
00:32:31 a aussi ce genre de
00:32:33 manifestations cliniques.
00:32:35 On a dans le chat
00:32:37 Jamax qui dit
00:32:39 "le format du travail aujourd'hui n'est pas compatible
00:32:41 avec nos aspirations".
00:32:43 Ça vous inspire quelque chose ?
00:32:45 Oui, ce qui est proposé
00:32:47 aujourd'hui, c'est
00:32:49 justement des contrats
00:32:51 longues durées,
00:32:53 des semaines de cinq jours,
00:32:55 venir à des heures fixes et repartir
00:32:57 à des heures fixes.
00:32:59 Tout ça est questionné.
00:33:01 Aujourd'hui, on a beaucoup plus
00:33:03 une envie de fluidité, de mobilité,
00:33:05 de pouvoir un peu harmoniser
00:33:07 ces temps de vie.
00:33:09 Est-ce que ça ne s'est pas accentué depuis la crise Covid ?
00:33:11 Je pose la question à tous les deux.
00:33:13 Il y a sûrement une question du sens.
00:33:15 Le Covid a eu un effet
00:33:17 bénéfique, je pense,
00:33:19 de se dire "quel est le sens de tout ça ?
00:33:21 Quel va être le sens de ma vie ?"
00:33:23 Tous les jeunes que j'interview,
00:33:25 ils parlent de mission de vie.
00:33:27 Je ne veux pas perdre ma vie à la gagner.
00:33:29 Je suis assez surprise
00:33:31 de cette enquête
00:33:33 dont tu parles.
00:33:35 Cette génération
00:33:37 qui a
00:33:39 moins de 25 ans,
00:33:41 elle me dit
00:33:43 "je préfère moins gagner ma vie, mais je veux
00:33:45 pouvoir m'épanouir.
00:33:47 Je préfère avoir des projets
00:33:49 personnels qui peuvent être accompagnés
00:33:51 ou non dans l'entreprise, incubés ou non
00:33:53 dans l'entreprise. Je veux pouvoir donner du sens
00:33:55 à ce que je fais. Je veux savoir quel est mon
00:33:57 impact positif sur le monde, sur les
00:33:59 autres et sur moi-même. Quel est
00:34:01 justement cette possibilité de collaborer,
00:34:03 de coopérer. On est vraiment dans des
00:34:05 synergies aujourd'hui d'intelligence collective qui ne
00:34:07 se retrouvent pas dans l'entreprise et qui questionnent
00:34:09 l'entreprise et le travail. C'est ce que
00:34:11 tu disais, ce travail très individualisé,
00:34:13 cette compétition, etc.
00:34:15 Elle est complètement remise en cause par cette génération
00:34:17 qui est née dans les réseaux sociaux
00:34:19 donc qui a recréé du "nous". On sort de
00:34:21 l'individualisme avec cette génération précédente
00:34:23 où c'était le "je" sujet
00:34:25 et là on est dans un "nous" sujet.
00:34:27 D'ailleurs ça pose d'autres problèmes, des scènes
00:34:29 parfois de
00:34:31 des gens qui
00:34:33 suivent
00:34:35 où on suit tous le même avis,
00:34:37 etc. Mais il y a quand même le retour du
00:34:39 "nous", du collectif.
00:34:41 Et ça c'est très important parce que
00:34:43 justement ils vont vouloir, nombre de fois
00:34:45 où ils me disent "moi je préfère avoir
00:34:47 un métier presque, une tâche moins
00:34:49 intéressante, mais le faire en collectif, le faire ensemble".
00:34:51 Et donc les attentes
00:34:53 ne sont plus du tout les mêmes, c'est-à-dire que je ne suis pas là
00:34:55 pour me réaliser au sein
00:34:57 de ma boîte, mais je suis là pour faire quelque chose
00:34:59 ensemble, pour pouvoir justement
00:35:01 avoir des projets
00:35:03 qui puissent avoir un impact dans le
00:35:05 quotidien, dans le concret des gens. En fait
00:35:07 la notion de sens elle se situe vraiment
00:35:09 sur quelque chose qui est extrêmement précis.
00:35:11 Moi ils me disent "les utopies c'est hyper lourd à porter,
00:35:13 même par rapport à l'écologie
00:35:15 c'est trop lourd à porter.
00:35:17 Ce qui est important c'est concrètement à quoi ça sert
00:35:19 ce qu'on en fait. C'est ce que tu disais, on ne voit pas
00:35:21 le début jusqu'à la fin d'un projet, aujourd'hui
00:35:23 c'est ce qu'ils cherchent, c'est-à-dire c'est des missions beaucoup plus courtes
00:35:25 avec des projets dans lesquels ils puissent voir
00:35:27 tout le processus en fait.
00:35:29 - Tu parles d'écologie, c'est intéressant puisque c'est aussi
00:35:31 pas la première génération, mais en fait
00:35:33 un peu quand même, qui arrive sur le marché
00:35:35 du travail avec des considérations
00:35:37 notamment sur le réchauffement climatique,
00:35:39 des horizons qui sont beaucoup moins balisés, beaucoup plus incertains
00:35:41 aussi peut-être.
00:35:43 - Il y a des incertitudes
00:35:45 surtout, aujourd'hui on demande
00:35:47 à des jeunes de venir travailler
00:35:49 alors que globalement l'espèce humaine
00:35:51 serait amenée à disparaître
00:35:53 très prochainement si on ne changeait pas
00:35:55 le système de l'économie mondiale
00:35:57 actuelle. Donc c'est
00:35:59 un enjeu qui existait beaucoup moins
00:36:01 en tout cas qui n'était pas
00:36:03 saisi politiquement non plus, qui ne l'est
00:36:05 encore toujours pas, mais qui fait partie des attentes
00:36:07 de cette jeune génération
00:36:09 et alors beaucoup, il y a aussi
00:36:11 des plus vieux qui s'intéressent
00:36:13 à l'écologie depuis longtemps et je pense que
00:36:15 ça leur hérisserait un peu le poil
00:36:17 si on ne les citait pas.
00:36:19 Mais pour revenir aussi
00:36:21 sur le confinement, ce que ça a généré,
00:36:23 le confinement, comme le disait
00:36:25 tout de suite,
00:36:27 ce qui vient d'être dit tout de suite, c'est cet aspect du collectif.
00:36:29 Le travail, c'est
00:36:31 un objet de socialisation
00:36:33 et c'est ce qui fait que les individus font faire
00:36:35 société. Alors on parle du travail
00:36:37 avec un grand T, ce n'est pas forcément de l'emploi
00:36:39 mais du travail, on
00:36:41 travaille tous, tout le temps,
00:36:43 sans être forcément rémunérés, c'est ce que je disais
00:36:45 tout à l'heure, mais dans le
00:36:47 confinement, ce que ça est venu créer, c'est qu'on
00:36:49 est venu aussi individualiser
00:36:51 les personnes dans le cadre de leur situation
00:36:53 de travail, on s'est retrouvés
00:36:55 isolés.
00:36:57 Un certain nombre de jeunes notamment qui ont pris
00:36:59 des postes pendant cette période de confinement
00:37:01 se sont retrouvés seuls face à leur
00:37:03 écran d'ordinateur sur un premier jour
00:37:05 de travail à essayer de
00:37:07 comprendre un réseau
00:37:09 informatique qui était assez lunaire
00:37:11 de ne pas pouvoir aller voir ses collègues
00:37:13 et à qui on leur donnait des tâches tout de suite
00:37:15 et avec une demande de résultats et de
00:37:17 performances assez immédiates.
00:37:19 C'est assez dramatique. Pareil pour
00:37:21 des stagiaires, des étudiants qui se sont retrouvés
00:37:23 à finalement appréhender le monde du travail
00:37:25 en étant totalement isolés.
00:37:27 Le travail, ce qui est aussi, ce que je disais,
00:37:29 le premier rempart à la
00:37:31 santé, en tout cas à la détérioration de la
00:37:33 santé au travail, c'est le collectif de
00:37:35 travail. Aujourd'hui, depuis le confinement,
00:37:37 si un certain nombre d'entreprises
00:37:39 étaient très frileuses au télétravail, parce que
00:37:41 si je schématise,
00:37:43 c'était ça ce qui se passait dans les entreprises et les
00:37:45 employeurs le disaient ouvertement, c'est si je ne vois
00:37:47 pas mon travailleur travailler,
00:37:49 il ne travaillera pas. Ce qui
00:37:51 ne s'est pas produit parce que les gains de
00:37:53 productivité en entreprise ont
00:37:55 augmenté en flèche.
00:37:57 Les entreprises se sont
00:37:59 en tout cas ont pris
00:38:01 le chemin de ce flex office
00:38:03 et de tout ça pour un objectif.
00:38:05 Ce n'était pas d'accroître et d'améliorer
00:38:07 les conditions de travail loin de là, c'était
00:38:09 de réduire les coûts fixes et
00:38:11 notamment les coûts de structure.
00:38:13 Ce qu'il y a aujourd'hui fait
00:38:15 l'objet d'un certain nombre de
00:38:17 mécontentements de plusieurs travailleurs qui
00:38:19 ne retrouvent pas le collectif de
00:38:21 travail et toutes ces relations
00:38:23 et ces interactions informelles qui font qu'on
00:38:25 arrive à travailler ensemble et qu'on est performant
00:38:27 au travail, individuellement et
00:38:29 collectivement. Le confinement s'est venu
00:38:31 aussi casser tout ça et
00:38:33 ça s'est inscrit dans la durée.
00:38:35 Aujourd'hui, le travail,
00:38:37 ce qui se retrouve dans les paroles
00:38:39 de ces jeunes aujourd'hui, c'est ce qui
00:38:41 nous donne envie de travailler,
00:38:43 c'est d'être dans un
00:38:45 collectif, dans un groupe d'individus
00:38:47 et non pas de se retrouver
00:38:49 tout seul face à un écran d'ordinateur.
00:38:51 Encore une fois, ça ne touche pas tous les métiers parce que
00:38:53 tous les métiers ne sont pas télétravaillables.
00:38:55 Aujourd'hui, c'est seulement 40%
00:38:57 des postes,
00:38:59 des actifs français qui peuvent être
00:39:01 télétravaillables. Donc on est à 60%
00:39:03 de métiers qui ne sont pas encore télétravaillables.
00:39:05 Dans les années à venir, d'ici 2050,
00:39:07 on augmenterait à 50%.
00:39:09 Donc ce n'est pas tous les français,
00:39:11 c'est globalement 1 sur 2, donc il faut aussi
00:39:13 l'avoir en tête. Mais ce qui ressort,
00:39:15 c'est bien l'aspect de la
00:39:17 société, de l'individu et du collectif
00:39:19 où des fois, il y a un peu le
00:39:21 stéréotype de ces jeunes qui sont très individualistes.
00:39:23 C'est faux, en fait.
00:39:25 Il y a aussi, tu citais Aristote
00:39:27 au tout début de l'émission, en introduction,
00:39:29 il faut aussi voir que la génération
00:39:31 d'avant, pour la génération
00:39:33 d'après, est toujours moins bien que
00:39:35 sa propre génération ou que ses anciennes.
00:39:37 Donc il faut aussi replacer à chaque fois
00:39:39 dans le temps ce débat qui finalement
00:39:41 devient assez infini et sera encore
00:39:43 très très long.
00:39:45 - Merci Daphné Breton. Est-ce que j'ai oublié de te poser une question ?
00:39:47 Je vois qu'on a un peu passé la moitié
00:39:49 de l'émission et je vois qu'en face de moi, Gabrielle trépigne
00:39:51 quasiment. Je te fais
00:39:53 trépigner en tout cas. Est-ce que
00:39:55 j'ai oublié de te poser une question ?
00:39:57 Avant que tu settes ta place.
00:39:59 - Non, peut-être pour finir
00:40:01 sur une note assez
00:40:03 positive, c'est qu'il y a plein de choses à faire pour
00:40:05 essayer de faire en sorte que la santé mentale
00:40:07 des jeunes s'améliore.
00:40:09 Il faut rester positif
00:40:11 et malgré ces constats, les jeunes
00:40:13 sont assez dynamiques et se
00:40:15 mobilisent comme on
00:40:17 le voit aujourd'hui dans la rue
00:40:19 pour les prochaines années. - Merci
00:40:21 infiniment, Daphné Breton.
00:40:23 Merci pour tes réponses. Je te chasse du plateau
00:40:25 mais pas du studio, tu restes avec nous bien sûr.
00:40:27 Si tu as vraiment envie d'intervenir, tu reviens,
00:40:29 tu prends le micro et j'accueille
00:40:31 donc avec grand joie Gabrielle Pretko,
00:40:33 journaliste pour Welcome to the Jungle.
00:40:35 Bienvenue dans la jungle.
00:40:37 Tu es journaliste, tu es chef de rubrique
00:40:39 "Salariés, candidats, étudiants".
00:40:41 On va peut-être commencer par ça et ce n'est pas forcément
00:40:43 pour faire la pub de ta structure mais c'est quoi
00:40:45 Welcome to the Jungle ? - C'est une question
00:40:47 difficile. - En résumé.
00:40:49 - On va faire ça très simplement.
00:40:51 On est une plateforme de recrutement
00:40:53 avec des offres d'emploi
00:40:55 mais qui vont donner énormément d'informations
00:40:57 aux candidats pour qu'ils puissent choisir
00:40:59 l'entreprise qui leur correspond
00:41:01 avec des informations sur la parité,
00:41:03 des informations sur
00:41:05 le but de l'entreprise,
00:41:07 sur l'émission de chaque salarié
00:41:09 avec des vidéos et on est aussi
00:41:11 un média qui parle
00:41:13 de travail et qui essaie
00:41:15 de décortiquer notre rapport au travail,
00:41:17 comment il évolue
00:41:19 et notre relation à notre job.
00:41:21 - Est-ce que les aînés
00:41:23 de cette génération Z, ils ne sont pas un peu
00:41:25 désemparés ?
00:41:27 - Je pense qu'ils ont tout à gagner
00:41:29 dans cette prise de parole
00:41:31 de la génération Z
00:41:33 puisque si l'idée
00:41:35 et l'envie de cette génération Z est de faire évoluer
00:41:37 un peu les codes,
00:41:39 de sensibiliser les entreprises
00:41:41 à la santé mentale des salariés,
00:41:43 à demander
00:41:45 un salaire qui
00:41:47 leur convient, je pense que
00:41:49 tout le monde a à gagner à tout ça.
00:41:51 Ça peut passer
00:41:53 par un meilleur équilibre vie pro-vie
00:41:55 perso aussi et ce ne sont pas des conditions
00:41:57 qui vont bénéficier uniquement
00:41:59 à la génération Z.
00:42:01 Je ne sais pas s'ils sont désemparés
00:42:03 mais je pense qu'ils n'ont pas à l'être.
00:42:05 Je pense qu'ils devraient
00:42:07 plutôt être à l'écoute.
00:42:09 - Je te pose la question
00:42:11 parce que j'avais un peu préparé mon émission tout de même
00:42:13 et donc j'ai su
00:42:15 de gérer à Google plein de questions et notamment
00:42:17 comment on manage la génération Z
00:42:19 et on a une foultitude de cabinets
00:42:21 qui proposent des tas de solutions mais un peu comme s'il fallait
00:42:23 un mode d'emploi pour parler à un extraterrestre
00:42:25 un petit peu. C'est très étonnant.
00:42:27 On a l'impression qu'on a deux blocs
00:42:29 qui n'arrivent pas vraiment
00:42:31 à se comprendre ou qui se reniflent
00:42:33 mais qui ne se rencontrent pas vraiment
00:42:35 ou qui ont peur de se rencontrer peut-être, ou c'est pas le cas.
00:42:37 - Je pense
00:42:39 qu'en tout cas, il y a tout un tas de solutions
00:42:41 qui existent parce que
00:42:43 forcément, les entreprises ont
00:42:45 besoin d'être accompagnées par des consultants.
00:42:47 Moi, ce que je dirais,
00:42:49 peut-être qu'il suffit de parler aussi,
00:42:51 d'écouter, de voir
00:42:53 quelles sont les envies
00:42:55 de cette génération. On a parlé
00:42:57 tout à l'heure de santé mentale.
00:42:59 Je pense que ça doit faire
00:43:01 effectivement un petit peu bizarre à certains managers
00:43:03 de dire en point, en one to one
00:43:05 avec quelqu'un qui manage
00:43:07 comment tu te sens en ce moment. Mais je pense que
00:43:09 c'est déjà un bon début pour
00:43:11 amener chaque salarié à
00:43:13 parler de son état du moment,
00:43:15 d'essayer d'identifier avec
00:43:17 lui ou elle pourquoi
00:43:19 ça va pas, pourquoi il est
00:43:21 stressé, pourquoi il est en
00:43:23 surmenage et peut-être qu'il y a des solutions à mettre en place
00:43:25 pour limiter ça.
00:43:27 Donc, honnêtement,
00:43:29 je pense que ça passe par beaucoup de
00:43:31 communications.
00:43:33 C'est quelque chose de peut-être plus sincère, en fait,
00:43:35 qu'a tiré un salarié en disant
00:43:37 "On a un baby-foot, c'est super".
00:43:39 Je pense que c'est plutôt ça qui
00:43:41 compte, c'est de se dire "Je vais
00:43:43 accorder une attention particulière à son bien-être
00:43:45 au travail
00:43:47 et que c'est des discussions qu'il faut avoir".
00:43:49 Après, ça veut pas dire que l'entreprise,
00:43:51 elle est responsable de la santé
00:43:53 mentale de tout le monde. - Elle en est responsable
00:43:55 dans son cadre. - Voilà, dans son périmètre.
00:43:57 Mais non,
00:43:59 on peut pas... - Elle en est pénalement responsable.
00:44:01 - Mais je pense qu'il y a aussi des choses
00:44:03 à mettre en place, un intérêt
00:44:05 particulier sur le droit
00:44:07 à la déconnexion. On parlait de cette génération qui est
00:44:09 aussi dans beaucoup de métiers du numérique,
00:44:11 où on a du mal à couper le soir
00:44:13 et où toutes les entreprises
00:44:15 n'ont pas forcément les bonnes pratiques,
00:44:17 vont solliciter les salariés
00:44:19 après la fin de la journée.
00:44:21 Je pense que c'est aussi plein de bonnes pratiques
00:44:23 à mettre en place et que
00:44:25 c'est déjà un très bon début,
00:44:27 finalement.
00:44:29 Et pour ce qui est de la question du sens au travail,
00:44:31 vous l'avez dit tout à l'heure
00:44:33 et je trouvais que c'était très intéressant, mais
00:44:35 je pense que les entreprises
00:44:37 ont besoin aussi de réfléchir
00:44:39 à leur raison d'être et
00:44:41 après, il faut le transmettre à travers les offres
00:44:43 d'emploi pour donner envie,
00:44:45 mais pas seulement. Je pense que c'est quelque chose
00:44:47 qui doit être présent au quotidien.
00:44:49 Dans son travail,
00:44:51 vous le disiez, aujourd'hui, on s'occupe d'une petite
00:44:53 partie de la production,
00:44:55 donc c'est vrai que le but final peut nous paraître
00:44:57 un peu loin et c'est aussi
00:44:59 au manager de faire ressentir
00:45:01 à chaque personne au quotidien, "Voilà, là, ce que t'es
00:45:03 en train de faire, ça sert à ça."
00:45:05 Et je pense que c'est
00:45:07 quelque chose qui doit être diffusé
00:45:09 dans l'entreprise au quotidien.
00:45:11 C'est perçu comme un concept un peu bourgeois, la quête de sens
00:45:13 au travail. Là, on parle de jeunes qui sont
00:45:15 pour la plupart,
00:45:17 sur ce propos-là, en tout cas, qui sont pour la plupart diplômés,
00:45:19 qui vont aller dans des entreprises
00:45:21 qui sont a priori plus ou moins
00:45:23 armées, en tout cas, ou pour les accueillir.
00:45:25 Il y a des métiers
00:45:27 qu'on ne choisit pas forcément.
00:45:29 Je pense que tu fais bien de le souligner
00:45:31 parce que c'est un biais.
00:45:33 En fait, en la faisant, on se dit
00:45:35 "Mais à qui parle-t-on ?"
00:45:37 C'est un prétexte, évidemment, pour parler
00:45:39 plus généralement d'une jeunesse
00:45:41 en particulier, d'une génération en particulier
00:45:43 et des rapports au travail.
00:45:45 Mais il y a toute une flopée de gens qui ne choisissent pas
00:45:47 leur métier, bien sûr, ou qui ont
00:45:49 un job qui est alimentaire. Il y a des bullshit jobs.
00:45:51 Complètement, je pense que
00:45:53 tu fais bien de le souligner
00:45:55 parce qu'il y a ces études qui sortent.
00:45:57 Ça fait des années qu'on nous dit aussi
00:45:59 que l'écologie, c'est
00:46:01 quelque chose qui motive énormément les jeunes.
00:46:03 Pareil, je dis les jeunes, mais...
00:46:05 Oui, oui, toi, le jeune.
00:46:07 L'écologie,
00:46:09 c'est quelque chose qui motive aussi
00:46:11 que c'est important pour cette génération
00:46:13 d'avoir une entreprise
00:46:15 qui est engagée sur ces sujets.
00:46:17 Et je pense qu'il faut
00:46:19 effectivement prendre cette information
00:46:21 avec des pincettes puisque,
00:46:23 surtout quand on cherche un premier emploi,
00:46:25 on sait que c'est quand même difficile d'accès,
00:46:27 que
00:46:29 trouver son premier job,
00:46:31 c'est pas évident, qu'on n'a pas forcément le luxe
00:46:33 de pouvoir choisir
00:46:35 l'entreprise qui va offrir le bon salaire
00:46:37 avec
00:46:39 une mission super intéressante,
00:46:41 des conditions de travail exceptionnelles.
00:46:43 Généralement, on prend un peu
00:46:45 ce qu'on a en se recentrant
00:46:47 sur quelques critères.
00:46:49 Et oui, effectivement,
00:46:51 c'est pas un luxe.
00:46:53 Et il y a un autre biais, je pense,
00:46:55 dans lequel il ne faudrait pas tomber.
00:46:57 C'est aussi celui de se dire que tous les jeunes
00:46:59 qui, eux, ont ce choix, vont
00:47:01 travailler dans des entreprises engagées.
00:47:03 En fait, il y a aussi beaucoup de jeunes qui choisissent
00:47:05 les mêmes cursus
00:47:07 que leurs aînés ou qui vont faire
00:47:09 des grandes écoles, aller travailler dans des grandes entreprises,
00:47:11 sur des postes qui sont
00:47:13 intéressants mais qui ne sont pas forcément
00:47:15 tournés vers
00:47:17 l'envie de sauver la planète.
00:47:19 Et c'est pas grave, chacun
00:47:21 a ses ambitions aussi et je pense que tout ça
00:47:23 doit coexister.
00:47:25 - On a Mack Albarn dans le chat
00:47:27 qui dit "étant entre la génération
00:47:29 Y et la génération Z
00:47:31 et travaillant depuis quelques années, une solution
00:47:33 pour plein d'entreprises, ce serait déjà d'être
00:47:35 plus honnête auprès de ses salariés, être plus ouvert
00:47:37 à des discussions franches, sans jugement,
00:47:39 bref, de l'écoute, du dialogue, de l'honnêteté."
00:47:41 C'est nouveau ça, Elisabeth ?
00:47:43 - En tout cas, c'est une vraie attente, c'est vrai.
00:47:45 Et en fait, c'est vrai
00:47:47 que c'est ce que tu disais
00:47:49 à l'instant, c'est-à-dire que
00:47:51 prendre du temps dans la discussion,
00:47:53 dans le dialogue, en fait pour moi c'est la notion de dialogue
00:47:55 qui est hyper importante, c'est-à-dire
00:47:57 perdre du temps dans la relation
00:47:59 pour gagner après dans la relation.
00:48:01 C'est en ça que je parle
00:48:03 de pacte émotionnel en fait,
00:48:05 qu'il y a, comment créer, co-construire
00:48:07 ensemble une relation, comment co-évoluer,
00:48:09 parce qu'on va co-évoluer ensemble.
00:48:11 C'est une génération qui est née quand même avec
00:48:13 toutes les plateformes de co, etc.
00:48:15 Et donc, elle est dans cette
00:48:17 dynamique collective de se dire "en fait,
00:48:19 on est des humains et on va
00:48:21 co-évoluer ensemble dans un écosystème",
00:48:23 parce qu'elle parle plus d'écosystème peut-être même
00:48:25 que d'institution
00:48:27 ou que d'entreprise, et donc
00:48:29 comment on va co-évoluer ensemble. Il y a une dynamique un peu
00:48:31 biologique dans cette vision-là.
00:48:33 Et donc, co-créer
00:48:35 la relation, se dire comment on va fonctionner
00:48:37 ensemble en fait, tout simplement, à égalité,
00:48:39 en pire tout pire, parce que c'est ça ce qu'a généré
00:48:41 aussi pour cette génération
00:48:43 qui est très numérique, ce qu'est de ce qu'on
00:48:45 appelle le web 2.0,
00:48:47 c'est qu'on est à parité avec les experts,
00:48:49 avec les managers, avec...
00:48:51 Il n'y a plus cette notion d'autorité descendante,
00:48:53 de connaissance, etc.,
00:48:55 d'expertise, des sachants
00:48:57 du pouvoir, etc. Et moi,
00:48:59 les jeunes me disent "mais mon manager
00:49:01 est le manager sur le papier", mais en fait, dans la
00:49:03 réalité des faits, on est en
00:49:05 pire tout pire, enfin, on travaille
00:49:07 sur la même chose. Et donc d'ailleurs, on aimerait
00:49:09 que les retributions se passent de la même manière, qu'il y ait une
00:49:11 redistribution de la même manière, en termes de reconnaissance,
00:49:13 quelle qu'elle soit d'ailleurs.
00:49:15 Et donc, je pense qu'il y a quelque chose
00:49:17 en effet à jouer pour les entreprises,
00:49:19 de créer cette relation dans laquelle on va
00:49:21 avoir cette possibilité en effet de créer
00:49:23 une proximité. C'est nouveau pour les managers
00:49:25 des générations précédentes. Pourquoi ? Parce que
00:49:27 les émotions étaient mises au placard le temps...
00:49:29 Enfin, je schématise un peu, mais il y avait un peu de ça.
00:49:31 C'est-à-dire qu'on sort
00:49:33 quand même d'une forme de modernité pour entrer dans ce qu'on
00:49:35 appelle la post-modernité. Là, je veux dire,
00:49:37 je ne suis pas la seule à le dire, on est des...
00:49:39 Tout le monde est en train de le dire, c'est-à-dire que là, on ferme
00:49:41 une parenthèse d'une époque pour entrer
00:49:43 dans une nouvelle époque, une nouvelle ère, ce qu'on appelle le monde d'après
00:49:45 ou peu importe, on lui donnera un nom plus tard
00:49:47 à cette post-modernité, mais
00:49:49 c'est ça, on sort de ça
00:49:51 pour aller vers quelque chose un peu différent et que
00:49:53 c'est vrai que ce qui était des autorités
00:49:55 descendantes, ce qui était
00:49:57 des hiérarchies assez lourdes, etc.,
00:49:59 aujourd'hui, c'est très questionné, ça.
00:50:01 Et on va rentrer plus dans des systèmes de collectif
00:50:03 voire même des communautés. Et dans
00:50:05 les communautés, il y a une
00:50:07 envie, peut-être une...
00:50:09 Oui, d'entraide, de partage,
00:50:11 de ne plus être dans la rat race justement,
00:50:13 du chacun pour soi, mais pour faire des choses
00:50:15 ensemble, pour travailler ensemble, pour vivre ensemble, pour
00:50:17 vivre ensemble des expériences, qui
00:50:19 peuvent être une expérience de travail, une expérience personnelle, peu importe,
00:50:21 mais qui sont des expériences ensemble.
00:50:23 Et ça, je pense que c'est assez important
00:50:25 pour les entreprises et pour les managers
00:50:27 de l'entendre parce que
00:50:29 c'est ça qui est déstabilisant, en fait. C'est comment
00:50:31 je vais être recrutée dans ma vulnérabilité
00:50:33 aussi d'être humain dans une relation
00:50:35 d'humain à humain, en fait.
00:50:37 - Gabrielle, tu sembles souscrire totalement.
00:50:39 - Oui, complètement. Mais je trouve ça assez rigolo
00:50:41 justement qu'il y ait des entreprises qui déploient
00:50:43 énormément de moyens pour parler.
00:50:45 Alors finalement, ça passe aussi
00:50:47 par ça. Après, je pense qu'il y a
00:50:49 effectivement plein d'autres choses qu'elles peuvent mettre
00:50:51 en place dans les conditions de travail qu'elles offrent
00:50:53 à tous leurs salariés.
00:50:55 On parlait
00:50:57 du télétravail, je pense que c'est important.
00:50:59 Mais c'est pareil, c'est pas quelque chose
00:51:01 qu'on va brandir et dire "Ah bah voilà, chez nous,
00:51:03 il y a du télétravail, venez, c'est super."
00:51:05 C'est aussi comment elles accompagnent ce télétravail.
00:51:07 - Ça s'aménage. - Parce qu'on disait aussi
00:51:09 que personne n'a envie
00:51:11 de télétravailler isolé chez soi
00:51:13 et ne parler à personne.
00:51:15 Donc il faut aussi qu'elles accompagnent
00:51:17 tout ce qu'elles proposent
00:51:21 et que ce soit fait de manière sincère.
00:51:23 C'est un peu
00:51:27 tout moche peut-être. - Ça sort peut-être du
00:51:29 cadre de l'entreprise, mais ça devrait
00:51:31 en réalité... Est-ce qu'il y a des métiers qui n'intéressent plus
00:51:33 pour ceux qui peuvent choisir ?
00:51:35 - Alors c'est difficile
00:51:37 à dire. Je ne saurais pas te dire
00:51:39 en termes d'études s'il y a des métiers qui n'intéressent plus.
00:51:41 - De ce que tu constates, puisque vous êtes aussi
00:51:43 une plateforme de recrutement. - J'ai pas forcément
00:51:45 constaté ça. Je pense que justement,
00:51:47 alors je pense qu'il y a des métiers qui intéressent de plus en plus,
00:51:49 mais
00:51:51 c'est un peu ce que je disais tout à l'heure,
00:51:53 c'est qu'il y a en fait, même si
00:51:55 aujourd'hui il y a une prise de conscience
00:51:57 écologique, que
00:51:59 beaucoup de jeunes veulent travailler
00:52:01 dans des entreprises qui sont engagées pour
00:52:03 l'écologie, en fait il y en a aussi
00:52:05 qui vont choisir de travailler
00:52:07 pour une grande boîte dans la finance
00:52:09 parce qu'elles sont stimulées, pas que par
00:52:11 le salaire d'ailleurs, mais aussi par l'aspect
00:52:13 hyper stratégique du travail.
00:52:15 Nous c'est quelque chose qu'on a vu
00:52:17 dans des articles chez
00:52:19 "Welcome to Jungle", notamment avec un chercheur
00:52:21 en sociologie qui s'appelle Tristan Dupas-Amory.
00:52:23 Et c'est ce qui dit
00:52:25 en fait qu'il y a encore des jeunes qui choisissent
00:52:27 ces voies-là et il ne faut pas
00:52:29 tomber dans ce biais de se dire "bon bah voilà, en fait
00:52:31 il y a des métiers qui ne vont plus attirer"
00:52:33 parce que je pense que
00:52:35 derrière tout ça il y a aussi
00:52:37 le fait que chacun
00:52:39 choisit son orientation en fonction de critères
00:52:41 très différents et en ce moment
00:52:43 il y a de nouveaux critères qui s'ajoutent
00:52:45 le télétravail, le bien-être au travail
00:52:47 c'est hyper important, mais
00:52:49 il y en a d'autres aussi
00:52:51 et puis on n'est pas obligé de suivre
00:52:53 ces critères-là en fait.
00:52:55 Mais alors typiquement par exemple sur le télétravail c'était
00:52:57 quelque chose qui n'était pas inenvisageable, il y a des entreprises
00:52:59 qui télétravaillaient mais c'était quand même une portion vraiment congrue
00:53:01 marginale, le Covid a
00:53:03 balayé tout ça et en fait a inscrit
00:53:05 avec un clou, un marteau
00:53:07 ça s'est rentré un peu
00:53:09 au forceps dans le monde de l'entreprise
00:53:11 et donc ça a restructuré des relations
00:53:13 des structures d'entreprise
00:53:15 des manières de travailler
00:53:17 et on pourrait penser que
00:53:19 les aspirations de cette génération
00:53:21 Z et en réalité celles des précédentes aussi
00:53:23 pourraient aussi
00:53:25 amener un bol d'air et proposer
00:53:27 de nouvelles façons de travailler, qu'est-ce qui
00:53:29 pourrait se passer ? Je pose la question à toutes les deux en réalité
00:53:31 quel est l'avenir des relations
00:53:33 au travail, quel est l'avenir des
00:53:35 structures d'entreprise ?
00:53:37 On fait de la prospective ?
00:53:39 Oui, oui, la prospective, je pense
00:53:41 que tout ce qui est fixe, c'est quelque chose
00:53:43 qu'il faut bien faire, c'est-à-dire de dire
00:53:45 dans une entreprise, à un jeune
00:53:47 c'est deux jours obligatoires de télétravail
00:53:49 déjà le truc obligatoire
00:53:51 c'est comme ça que ça se fait chez nous, etc.
00:53:53 on a des réticences
00:53:55 je pense qu'en fait cette jeunesse
00:53:57 de ce que moi je perçois et que j'analyse
00:53:59 de ces jeunesses, on va le mettre au pluriel
00:54:01 si on veut bien, mais ces jeunesses
00:54:03 elles ont quelque chose qu'elles ont
00:54:05 peut-être en commun, c'est que tout ce qu'on pense
00:54:07 tout ce qui est fixe
00:54:09 c'est quelque chose qui n'est plus, on est dans une fluidité
00:54:11 de genre, on est dans une fluidité
00:54:13 cognitive, une fluidité temporelle, spatiale
00:54:15 enfin on peut le développer à l'infini
00:54:17 et donc tout ce qui est assigné
00:54:19 à résidence, justement ça ne lui
00:54:21 convient plus, c'est-à-dire qu'elle va
00:54:23 vouloir une forme de fluidité et cette fluidité
00:54:25 elle va le retrouver dans ses temps de travail
00:54:27 et dans ses espaces de travail, c'est-à-dire
00:54:29 se dire "je peux travailler là, et je peux
00:54:31 travailler là, et je peux travailler là"
00:54:33 et en fait ce n'est pas quelque chose
00:54:35 qui est fermé
00:54:37 alors c'est compliqué pour les entreprises parce que quand un jeune
00:54:39 se dit "ben voilà, moi entre
00:54:41 11h et 12h je vais aller faire mon cours
00:54:43 de boxe avec mon coach et puis qu'après je vais revenir
00:54:45 et c'est ras, c'est de mettre en place le collectif
00:54:47 c'est ça qui va être le coeur à mon avis
00:54:49 du travail dans les entreprises
00:54:51 ça va être de comment gérer le collectif, comment
00:54:53 situer des repères
00:54:55 de collectif en présentiel
00:54:57 pourquoi ? Parce que c'est une génération, elle vit quand même
00:54:59 beaucoup par les émotions, elle a besoin de présence physique
00:55:01 elle vit dans le corps à corps vivant
00:55:03 elle a besoin de la présence de l'autre et on a trouvé
00:55:05 justement qu'on pensait qu'elle allait très bien
00:55:07 s'en sortir pendant le confinement en se disant "mais c'est une jeunesse,
00:55:09 elle est numérique donc elle a l'habitude d'être derrière les écrans"
00:55:11 mais en fait elle en a souffert
00:55:13 parce qu'elle s'est sentie, un, déjà assignée à résidence
00:55:15 derrière ses écrans et deux, c'est le
00:55:17 et le virtuel et le réel et ce
00:55:19 et justement ce passage
00:55:21 permanent qu'elle fait entre les deux n'a plus été possible
00:55:23 et donc ça, ça a été un manque important
00:55:25 et ça a généré justement
00:55:27 ce mal-être là
00:55:29 de cette frustration en tout cas
00:55:31 de la présence à l'autre. Donc moi j'ai des jeunes
00:55:33 qui en effet, on en a parlé tout à l'heure, les
00:55:35 e-stagiaires etc, mais ça a été une catastrophe
00:55:37 ça les a dégoûtés une bonne partie du monde
00:55:39 du travail en se disant "mais il n'y a pas eu d'onboarding
00:55:41 je ne savais même pas qui était mon manager, d'ailleurs je ne savais même pas
00:55:43 que j'existais parce que le manager il n'était pas préparé
00:55:45 non plus à faire tout ça, parce qu'on ne va pas
00:55:47 culpabiliser tous les managers" mais ça a été
00:55:49 extrêmement compliqué pour tous ces jeunes qui rentrent
00:55:51 en stage ou sur un premier emploi et où il n'y a
00:55:53 pas eu ça par exemple. L'onboarding
00:55:55 il est super important, pourquoi ? Parce que c'est
00:55:57 - Il faut peut-être que tu expliques à ceux qui...
00:55:59 - L'onboarding c'est comment on va intégrer un jeune les premiers jours
00:56:01 où il va rentrer dans une entreprise. C'est important
00:56:03 parce qu'elle a un très fort besoin d'appartenance
00:56:05 et d'intégration
00:56:07 parce qu'elle le vit sur ses réseaux sociaux, parce qu'elle vit
00:56:09 par ce système là en fait, de système
00:56:11 d'appartenance. Et donc quand elle arrive
00:56:13 et qu'elle voit qu'elle n'est pas "ah"
00:56:15 qu'on se dit "il y a juste ce jeune qui est en train
00:56:17 d'arriver, il est juste génial et on va lui faire une place
00:56:19 canon, d'ailleurs on a tout préparé pour lui
00:56:21 et on va célébrer son arrivée"
00:56:23 et il se dit "mais en fait c'est ça" et ça a été compliqué
00:56:25 justement de ne pas avoir ça
00:56:27 cette espèce d'invisibilité derrière l'écran
00:56:29 alors qu'ils ont l'habitude de toujours être visibles.
00:56:31 Donc il y a tous ces imaginaires
00:56:33 là qui sont à prendre en compte pour
00:56:35 comprendre un peu cette génération je pense.
00:56:37 Et donc il y a en effet pas mal de choses
00:56:39 à faire encore pour qu'ils soient, qu'ils se sentent
00:56:41 bien, se sentirent bien
00:56:43 c'est ça et ils en ont besoin en fait.
00:56:45 Gabrielle ?
00:56:47 Je trouve que c'est intéressant en plus parce que finalement
00:56:49 en fait c'est des critères qu'on aurait
00:56:51 tous dû avoir en fait, le fait de se sentir
00:56:53 bien dans son entreprise, de se sentir accueilli,
00:56:55 de sentir qu'on a été attendu.
00:56:57 Ça paraît le minimum en fait.
00:56:59 Et je pense que c'est peut-être une génération aussi qui le rappelle
00:57:01 et qui dit "bah en fait
00:57:03 non nous on veut un salaire décent,
00:57:05 on veut un travail intéressant, on veut être considéré
00:57:07 qu'on puisse écouter"
00:57:09 et je pense que ça vient rappeler ça
00:57:11 et je pense que c'est une bonne chose
00:57:13 et maintenant faut que...
00:57:15 j'ai peur
00:57:17 qu'il y ait beaucoup de déceptions aussi derrière
00:57:19 puisque du coup il y a beaucoup d'attentes
00:57:21 les jeunes attendent beaucoup
00:57:23 des entreprises, il y a beaucoup de critères
00:57:25 à cocher et
00:57:27 je pense que ça joue en fait
00:57:29 par rapport à cette étude dont tu parlais tout à l'heure
00:57:31 qui vient de sortir sur le stress, je pense
00:57:33 que ça doit peser en fait de se dire "bah voilà j'ai eu aussi
00:57:35 des attentes très élevées,
00:57:37 les écoles, les organismes de formation
00:57:39 poussent un peu aussi dans cette voie je trouve
00:57:41 à dire "bah voilà vous allez sortir
00:57:43 d'école, vous allez être...
00:57:45 avoir des beaux salaires"
00:57:47 - Alors après on peut se dire aussi qu'un
00:57:49 salarié qui est malheureux
00:57:51 c'est un salarié donc qui va déprimer
00:57:53 enfin un salarié qui ne sera pas bien au travail
00:57:55 c'est un salarié qui travaillera moins bien
00:57:57 et partira plus vite, qui va générer
00:57:59 du turnover, les entreprises n'y ont absolument pas intérêt
00:58:01 en réalité. - D'accord.
00:58:03 - Tout à l'heure tu parlais de
00:58:05 cette fluidité donc ça ouvre des horizons
00:58:07 qui sont dingues et qui sont de mon point de vue
00:58:09 extrêmement positifs, c'est aussi très déstabilisant
00:58:11 dans les échelles de
00:58:13 valeur et dans la manière dont
00:58:15 la vie plus traditionnelle
00:58:17 on va dire il y a 50 ans était jalonnée par
00:58:19 des balises, les balises là sont
00:58:21 deviennent beaucoup plus floues
00:58:23 les repères sont beaucoup plus flous
00:58:25 c'est flippant en réalité. - Ah oui il y a une porosité
00:58:27 des frontières mais dans tout
00:58:29 dans tous les sujets j'allais dire
00:58:31 de la vie, il y a cette
00:58:33 porosité là, c'est à dire cette possibilité de
00:58:35 traverser, c'est à dire
00:58:37 la modernité s'était construite sur la notion
00:58:39 d'antagonisme,
00:58:41 d'une binarité si vous voulez, où il y avait
00:58:43 ou on était le masculin
00:58:45 ou le féminin, le
00:58:47 travail ou le jeu etc, le ici
00:58:49 ou le là-bas etc. Et aujourd'hui
00:58:51 on n'a plus ça, c'est à dire qu'on a des "et et"
00:58:53 c'est à dire il y a une possibilité
00:58:55 en tout cas une possibilité d'aller vers les uns et les
00:58:57 autres, vers ces deux pôles qu'on pensait
00:58:59 opposés et qui en fait il y a toutes les nuances
00:59:01 j'allais dire que l'on peut balayer
00:59:03 et sur lesquelles on va aller.
00:59:05 Bien sûr que c'est quelque chose d'extrêmement
00:59:07 nouveau, qui est très déstabilisant, parce que
00:59:09 c'est comment en fait construire, trouver
00:59:11 un équilibre dans
00:59:13 un mouvement permanent en fait, dans quelque chose
00:59:15 qui a priori semble instable, mais dans
00:59:17 lequel il y a une possibilité aussi d'équilibre.
00:59:19 J'allais dire c'est comme une bicyclette,
00:59:21 on tire en équilibre sur une bicyclette à partir du moment où elle roule,
00:59:23 il y a un peu ça, c'est à dire c'est où la
00:59:25 notion du surf elle a été reprise par un prospectiviste
00:59:27 Alain de Vulpian sur comment en effet
00:59:29 non c'était pas Alain de Vulpian, c'est un autre
00:59:31 Joël de René
00:59:33 qui est un grand surfeur, et qui
00:59:35 a pris justement cette métaphore du surf pour parler
00:59:37 aussi de cette génération, de ce temps
00:59:39 justement de cette liquidité,
00:59:41 comment s'adapter en permanence à un écosystème qui change.
00:59:43 Les métiers de demain n'existent pas
00:59:45 encore pour une grande partie, il y a une destruction
00:59:47 massive de métiers
00:59:49 qui sont là
00:59:51 parce qu'il y a l'intelligence artificielle, on en parle
00:59:53 quand même maintenant de plus en plus,
00:59:55 qui arrive et qui devient
00:59:57 surtout très opérationnelle, il y a énormément
00:59:59 de métiers qui
01:00:01 naissent chaque jour, il y a Welcome to the Jungle
01:00:03 qui montre le nombre de métiers
01:00:05 qu'il y a et qu'il n'y avait pas il y a quelques
01:00:07 années, et ça ça va très vite.
01:00:09 Et ça, ça crée pour moi une vraie
01:00:11 inquiétude, enfin une vraie anxiété
01:00:13 chez ces jeunes. Ces jeunes en permanence
01:00:15 il faut qu'ils...
01:00:17 Voilà, pour moi ça se situe là. C'est compliqué
01:00:19 pour elles parce qu'elles doivent faire face à un monde
01:00:21 tout à fait imprédictible. Aujourd'hui dans un monde
01:00:23 ce qu'on appelle un monde qui est géré par la complexité
01:00:25 tel que ça a été développé par Edgar Morin,
01:00:27 qu'est-ce que c'est qu'un monde de la complexité ?
01:00:29 C'est un monde qui bouge tout le temps
01:00:31 et dans lequel les émergences et les bifurcations
01:00:33 sont même plus prévisibles.
01:00:35 Donc en permanence, il faut s'adapter à quelque
01:00:37 chose qui change et sur lequel
01:00:39 il y a un truc qui peut-être ne va pas
01:00:41 changer, ça va être, et je pense que ça
01:00:43 ça n'est pas développé dans l'éducation nationale
01:00:45 et ils ont tort, c'est la confiance en soi.
01:00:47 C'est comment il y a une chose
01:00:49 qui ne peut éventuellement pas changer, c'est
01:00:51 la valeur que je m'offre,
01:00:53 l'estime de soi. Or aujourd'hui,
01:00:55 dans le classement PISA,
01:00:57 la France est tout à fait dans les dernières
01:00:59 places, alors que
01:01:01 justement, ça va être une compétence extrêmement
01:01:03 importante de savoir se dire "oui, je vais
01:01:05 pouvoir changer, mais il y a une chose qui va changer avec moi,
01:01:07 c'est que je vais m'embarquer
01:01:09 avec ça". Et ça, c'est
01:01:11 quelque chose qui, à mon avis, est très important,
01:01:13 savoir s'adapter, ça va être une compétence extrêmement importante
01:01:15 et savoir faire son storytelling
01:01:17 aussi pour pouvoir aller
01:01:19 d'une chose à une autre, etc.
01:01:21 Et donc savoir communiquer, développer des compétences
01:01:23 relationnelles, etc.
01:01:25 J'ai une dernière question, et après je vous libère,
01:01:27 puisque je vois qu'on a un peu dépassé l'heure, mais c'est pas grave,
01:01:29 on peut la dépasser un peu, on est sur Twitch.
01:01:31 On avait Kyle qui nous disait...
01:01:33 Pardonnez-moi...
01:01:35 Qu'est-ce que nous disait Kyle ?
01:01:37 Oui, alors Kyle, tant qu'on mesurera
01:01:39 tout à l'aune du chiffre d'affaires ou du PIB,
01:01:41 rien ne changera. Et sa question est intéressante,
01:01:43 parce que la croissance
01:01:45 d'une entreprise à tout prix, est-ce que c'est
01:01:47 finalement le cadre ultime ? Est-ce qu'on pourra dépasser
01:01:49 ce cadre ?
01:01:51 C'est-à-dire l'argent, en fait.
01:01:53 Alors là, il faut se lancer dans
01:01:55 un discours sur la décroissance,
01:01:57 et je ne suis pas sûre d'avoir envie
01:01:59 de m'insérer là-dedans.
01:02:01 Mais en tout cas, je pense que même au-delà de ça,
01:02:03 les deux sont pas incompatibles.
01:02:05 Posons la question différemment, c'est est-ce qu'une entreprise
01:02:07 peut, là, demain,
01:02:09 dans les cinq prochaines années, intégrer
01:02:11 tout ce dont on a parlé là ce soir,
01:02:13 et
01:02:15 faire valoir sa position
01:02:17 dans un marché qui est compétitif,
01:02:19 qui est concurrentiel ?
01:02:21 Je pense que oui, puisque tu l'as dit tout à l'heure,
01:02:23 en plus, je pense qu'en fait,
01:02:25 elles ont tout à gagner à avoir des...
01:02:27 à embarquer des salariés qui sont
01:02:29 motivés, qui sont heureux, qui font aussi...
01:02:31 qui sont ambassadeurs de leur entreprise
01:02:33 auprès, potentiellement, de personnes
01:02:35 qui pourraient la rejoindre. Donc,
01:02:37 je pense qu'elles ont tout à gagner à faire ça.
01:02:39 Et, enfin, la preuve,
01:02:41 moi, je sais que du coup, je suis dans une entreprise qui fait la semaine de quatre jours,
01:02:43 et ça ne nous empêche pas
01:02:45 d'avoir de la croissance, et en même temps,
01:02:47 de bien vivre notre vie au travail,
01:02:49 d'être productif, enfin...
01:02:51 Donc, je pense que les deux sont pas
01:02:53 incompatibles, et je trouve que
01:02:55 c'est un peu une idée qui...
01:02:57 qu'il faudrait mettre au placard, de se dire
01:02:59 que, en fait, pour faire de la croissance
01:03:01 et être productif et faire du chiffre, il faut qu'on soit
01:03:03 tous des gros requins.
01:03:05 Je pense que c'est plutôt la meilleure manière
01:03:07 de faciliter le turnover,
01:03:09 et de mettre tout le monde au burn-out, mais...
01:03:11 Bon, voilà.
01:03:13 - C'est exactement ça, c'est comment relier des choses qui
01:03:15 nous semblent antagonistes et qui ne le sont pas,
01:03:17 en fait. On peut être heureux au travail et avoir
01:03:19 une entreprise qui gagne des parts de marché.
01:03:21 C'est pas du tout antagoniste.
01:03:23 Mais on pourrait, en effet, mais il y a déjà,
01:03:25 peut-être que d'ailleurs, ou Elkom le fait, c'est
01:03:27 l'indice de bonheur au travail, aujourd'hui, on le parle
01:03:29 au niveau des États, on pourrait le faire aussi au niveau des entreprises,
01:03:31 il se fait déjà, il y a des classements
01:03:33 d'entreprises dans lesquelles il fait
01:03:35 bon vivre, et dans lesquelles il est donc
01:03:37 bon travailler. Parce que c'est ça,
01:03:39 le fait, c'est que quand on est sur son...
01:03:41 Un Z va sur son espace
01:03:43 de travail, il y va pour vivre,
01:03:45 vivre quelque chose ensemble
01:03:47 avec les autres. Donc cet indice de bonheur
01:03:49 au travail, je pense que ça peut être...
01:03:51 C'est quelque chose qui existe, le classement
01:03:53 des entreprises. - Complètement, et puis
01:03:55 ça, enfin, je pense que ça booste
01:03:57 aussi la créativité, ça donne
01:03:59 envie à chaque personne de donner
01:04:01 plus, enfin, je pense
01:04:03 qu'il n'y a que du bénéfice
01:04:05 derrière tout ça, et il ne faut pas
01:04:07 se dire que c'est complètement...
01:04:09 Ouais, complètement opposé. - Est-ce que c'est le mot
01:04:11 de la fin, mesdames ? - Un peu.
01:04:13 - Un peu ? Elisabeth ? - Et le bonheur
01:04:15 ne passe pas que par le baby-foot, même loin de là.
01:04:17 - Ce sera le mot de la fin. Merci Elisabeth,
01:04:19 merci Gabrielle,
01:04:21 merci Daphné,
01:04:23 merci à Joé aussi à la programmation,
01:04:25 merci à Sébastien à la rédaction en chef,
01:04:27 merci à Hugo, qui est à côté de moi, que vous ne voyez pas,
01:04:29 qui est à la régie. Merci évidemment à vous
01:04:31 dans le chat pour toutes vos questions,
01:04:33 mais comme très souvent, on n'a pas pu tout
01:04:35 poser, mais on a vraiment
01:04:37 essayé, c'est promis. Pour ceux qui veulent revoir
01:04:39 l'émission, elle est dispo dans une minute sur Twitch.
01:04:41 Pour ceux qui veulent la réécouter
01:04:43 avec les oreilles, vous la retrouverez dans
01:04:45 un instant en podcast sur la plateforme de Radio
01:04:47 France, mais aussi sur le site de France Info.
01:04:49 Le site de France Info, c'est france-tv-info.fr.
01:04:51 Demain, on va parler d'un petit
01:04:53 reporter belge et de son malicieux petit fox terrier
01:04:55 blanc. On va parler d'Archibald, son vieux
01:04:57 copain de marin qui n'aime pas l'eau douce. On va parler de
01:04:59 Tintin, du capitaine Haddock, de Trifon Tournesol,
01:05:01 du carabou de Jean, de la boucherie sans eau,
01:05:03 de Bianca Castafior, 40 ans tout juste
01:05:05 après la mort d'Hergé, leur créateur,
01:05:07 avec qu'un plateau en or, encore préparé
01:05:09 par Joey. Merci Joey, vous allez apprendre
01:05:11 plein de trucs, ce sera au même endroit et à la
01:05:13 même heure, de 18h à 19h sur
01:05:15 Twitch, pas vraiment de bonne humeur, de non,
01:05:17 ce sera pas vraiment de bonheur, mais
01:05:19 évidemment de bonne humeur. D'ici là, je vous souhaite
01:05:21 une excellente soirée. Salut à toutes
01:05:23 et tous et à demain !
01:05:25 Merci.
01:05:26 Merci d'avoir regardé cette vidéo !