Retraites : "Nous aurions souhaité qu'il y ait une confrontation avec la majorité, en débattant."

  • l’année dernière
Après le vote de la réforme des retraites au Sénat, Corinne Féret sénatrice (PS) du Calvados, membre de la commission mixte paritaire sur la réforme des retraites juge que "la droite était étrangement silencieuse. Nous aurions souhaité qu'il y ait une confrontation avec la majorité en débattant. Je le regrette et je le dénonce aussi. Nos amendements étaient argumentés."

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00:00 Merci d'être avec nous Corinne Ferré et de nous accompagner pendant cette première demi-heure
00:03 sénatrice socialiste du Calvados.
00:05 Vous êtes membre de la Commission mixte paritaire sur la réforme des retraites
00:08 et justement on va commencer en parlant de cette Commission mixte paritaire.
00:12 Est-ce que vous demandez, vous aussi, qu'elle soit rendue publique demain,
00:15 cette CMP qui se réunit à 9h ?
00:17 – La demande a été formulée par notre collègue à l'Assemblée nationale,
00:21 président du groupe socialiste,
00:23 demande formulée auprès de la présidente de l'Assemblée nationale
00:26 et nous verrons comment les choses évoluent.
00:29 – Vous le souhaitez vous ?
00:31 – Si ça est possible, je pense que ça va dans le bon sens
00:33 de permettre aux citoyens qui le souhaitent de suivre cette Commission.
00:39 Il est vrai que jusqu'à maintenant, jamais cette instance
00:43 et ce type de réunion n'ont été rendues publiques.
00:46 Ces commissions se sont toujours tenues à huis clos.
00:48 – Ça ne risque pas de nuire à la sérénité des débats
00:50 parce que c'est pour ça que ces CMP sont à huis clos.
00:53 Pour vous, il n'y a pas de risque en la rendant publique
00:54 de nuire à la sérénité des débats ?
00:56 – Quand il y a transparence, tous les débats pour moi
00:59 n'ont pas, comme on pourrait dire, il n'y a pas de risque
01:02 dans la mesure où c'est démocratique et où c'est donner la possibilité
01:07 aux Français d'être informés de ce qu'il se passe
01:10 dans cette Commission en particulier.
01:11 Il n'y a rien de secret mais effectivement,
01:15 les parlementaires doivent pouvoir échanger dans les meilleures conditions.
01:19 – C'est-à-dire que vous aussi, vous lancez un appel à Gérard Larcher
01:21 comme Boris Vallaud l'a fait auprès d'Yael Mohn-Pivet ?
01:23 – Je verrai avec mes collègues ce qu'il en est pour cette demande en particulier.
01:28 – Vous faites partie des 14 parlementaires qui seront donc réunis
01:31 demain matin à partir de 9h.
01:32 Comment vous vous préparez à cette Commission mixte paritaire ?
01:35 – Eh bien nous travaillons bien évidemment avec ma collègue Monique Lubin
01:39 qui est notre chef de file sur ce dossier.
01:42 Elle connaît parfaitement le sujet, elle a travaillé depuis de nombreux mois.
01:46 Nous y travaillons avec elle bien sûr et nous avons développé
01:51 un certain nombre d'arguments pendant ces dix derniers jours de débats au Sénat.
01:55 Donc je dirais que tous les arguments sont bien préparés, affûtés même,
02:00 on pourrait dire, pour cette Commission mixte paritaire qui se tiendra demain matin.
02:04 – On va revenir sur le fond mais sur la forme.
02:06 Donc vous serez vous, sénatrice socialiste, avec votre collègue Monique Lubin.
02:10 C'est Mathilde Panot qui représentera la gauche pour l'Assemblée nationale.
02:14 Vous serez trois parlementaires de gauche plus un RN opposé à la réforme.
02:17 Les dix autres sont a priori favorables au texte.
02:19 Est-ce que vous pourrez peser au sein de cette Commission mixte paritaire ?
02:22 – Eh bien nous ferons entendre notre voix comme nous l'avons fait
02:26 au cours de ces dix jours et nuits passés au Sénat,
02:30 indiquant que nous sommes opposés à cette réforme
02:33 mais avec des arguments très précis, des propositions également que nous avons pu faire.
02:40 Tous ces arguments développés, toutes ces raisons évoquées pour s'opposer à cette réforme,
02:46 eh bien nous poursuivrons ainsi au cours de cette Commission mixte paritaire.
02:50 – Vous discutez uniquement avec Monique Lubin, votre collègue sénatrice socialiste
02:54 ou vous discutez aussi avec Mathilde Panot.
02:55 Est-ce qu'il y aura une stratégie commune de la gauche ?
02:58 – Eh bien nous avons, en amont de ce texte, eu des réunions communes,
03:02 des groupes de gauche de l'Assemblée nationale et du Sénat.
03:06 Et nous avions travaillé, je dirais de concert pour développer, préciser nos arguments,
03:12 pour dire pour quelles raisons nous étions opposés.
03:14 Nous sommes toujours opposés à cette réforme,
03:17 de la même façon sur des propositions aussi concrètes.
03:19 Nous avons travaillé tous ensemble.
03:21 – Ça veut dire qu'il y aura un bloc de gauche demain ?
03:22 – Oui, oui, tout à fait.
03:24 – Vous avez parlé avec Mathilde Panot, vous l'avez entendu,
03:26 Mathilde Panot hier soir sur notre antenne,
03:27 elle dit qu'elle fera le live tweet de la CMP,
03:30 c'est-à-dire qu'elle mettra sur les réseaux sociaux en temps réel ce qui se passe.
03:33 Vous êtes d'accord avec cette méthode ?
03:35 – Là je dois dire à titre personnel, non.
03:37 La demande, elle a été formulée officiellement par le président du groupe socialiste
03:40 à l'Assemblée nationale, auprès de la présidente de l'Assemblée nationale.
03:44 Si elle donne son accord, eh bien les choses se dérouleront ainsi.
03:48 Si elle y est opposée, on doit respecter aussi la décision
03:51 qui sera prise par la présidente de la République.
03:53 – Donc pas de suite en temps réel.
03:54 – Et de ne pas être dans une organisation, un format,
03:58 qui ne soit pas conforme à ce qui aurait été décidé par les deux assemblées.
04:02 Il ne s'agirait pas de remettre en cause, je dirais, l'issue,
04:06 et surtout la décision de cette CMP à l'issue de ce travail en commun
04:11 que nous mènerons demain matin.
04:13 – Qu'est-ce que sur le fond, donc vous dites,
04:15 vous avez travaillé évidemment vos arguments,
04:17 qu'est-ce que vous allez défendre ?
04:18 Sur quel point vous allez vous battre ?
04:20 – Alors le point majeur, c'est le fameux article 7
04:24 qui propose le report de l'âge légal à la retraite.
04:28 C'est vraiment là la mesure phare de cette réforme,
04:31 la proposition sur laquelle tous sont opposés.
04:35 Je vois évidemment les organisations syndicales qui sont unies depuis le début
04:39 pour demander au président de la République de retirer la réforme,
04:43 mais particulièrement cet article.
04:45 Quand on demande aux Français de travailler 2 ans de plus,
04:49 64 ans, c'est bien 2 ans de plus que 62 ans, quels qu'ils soient.
04:53 C'est-à-dire que ce soit des personnes qui sont en situation,
04:57 comment on pourrait dire, de carrière longue, je cherche le terme,
05:01 elles seront même doublement pénalisées,
05:04 parce que non seulement c'est le recul d'âge légal à la retraite,
05:07 mais avec ces annuités de cotisation qui passent donc à 43 ans.
05:13 Il y a une accélération de la réforme tourenne.
05:16 Donc quand vous avez commencé à travailler à 20 ans,
05:18 vous y ajoutez 43 annuités, ça ferait 63 ans.
05:21 Sauf que l'âge légal de départ à la retraite, c'est de 64 ans.
05:24 Est-ce que c'est logique ? Est-ce que c'est juste ?
05:25 C'est surtout cela.
05:26 – Donc vous allez encore vous battre,
05:28 c'est un point aussi de divergence entre les LR de l'Assemblée et les LR du Sénat,
05:32 vous allez encore vous battre sur cette question des carrières longues
05:34 pour que les Français dans un dispositif de carrière longue
05:37 ne travaillent pas plus de 43 annuités ?
05:39 – Bien sûr, il faut que ce soit logique et juste.
05:42 Encore une fois, logique n'est pas le bon terme.
05:44 C'est juste.
05:45 Pourquoi celui ou celle qui a commencé à travailler à 20 ans ?
05:48 Et en particulier puisque cette réforme brutale va s'appliquer dès cette année 2023,
05:53 toutes les personnes qui sont nées dans les années 60,
05:55 à cette époque, excusez-moi de revenir un peu en arrière,
05:58 beaucoup, beaucoup de jeunes commençaient à travailler à 20, 21 ans.
06:02 Beaucoup, ou même 19 ans, énormément de personnes.
06:05 Elles ont pu avoir une carrière, je dirais, complète,
06:09 sans difficultés, sans interruptions pour quelconque raison.
06:14 Et pour autant, elles devront travailler et cotiser donc 44 ans,
06:19 alors que celui qui aura 22 ans ou 23 ans sera limité, entre guillemets, à 43 ans.
06:24 C'est totalement injuste, injuste.
06:27 – Sur l'article 7, puisque c'est la première chose que vous nous avez dit,
06:29 on va se battre sur l'article 7.
06:31 Vous espérez encore vraiment pouvoir changer des choses sur cet article 7,
06:34 sur le report de l'âge demain matin ?
06:36 – J'espère que mes collègues de la majorité présidentielle,
06:42 de la majorité sénatoriale, entendront nos arguments,
06:46 entendront les arguments des parlementaires de gauche que nous sommes,
06:49 mais entendront ce que disent les Français,
06:52 ce que les Français rejettent à 90%,
06:55 ce que l'intersyndical dénonce et rejette depuis le début,
06:59 demande au président de la République à être reçu, ce qu'il a refusé,
07:03 prétendant que c'était le temps du Parlement et qu'il fallait se laisser ce temps au Parlement.
07:08 Mais enfin, l'un n'empêche pas l'autre,
07:10 bien évidemment respecter le temps de débat du Parlement,
07:13 à la condition que les choses se passent, je dirais,
07:16 de façon à laisser le temps de débat et non pas à empêcher le débat.
07:20 On pourra y revenir bien évidemment dans quelques instants.
07:24 Donc tout cela, il faut que ce soit entendu, nous n'avons cessé de le dire.
07:27 Entendez ce que nous disent les Français, ce qu'ils vous disent, M. le Président, entendez-les.
07:33 – Est-ce qu'il y a des bonnes choses qui ont été votées dans ce texte,
07:36 notamment au Sénat, puisqu'il n'y a pas eu de vote à l'Assemblée ?
07:38 Est-ce que, par exemple, la surcote des mères de famille,
07:40 c'est quelque chose que vous allez défendre demain ?
07:43 – Alors c'est une… oui, on va dire, ce n'est pas une mauvaise chose,
07:48 voilà, je cherche la façon de m'exprimer,
07:50 mais ce n'est évidemment pas une réponse apportée aux femmes
07:54 qui sont les premières victimes de cette réforme.
07:56 – Mais vous souhaitez que ça reste dans le texte ?
07:58 – Eh bien, ça a été adopté au Sénat,
08:03 je pense que les choses resteront dans le texte à l'issue de l'INSEMP.
08:07 Mais ce que je veux dire, c'est que c'est une mesure
08:10 tout à fait insuffisante au regard de la situation des femmes,
08:14 des nombreuses femmes qui vont être totalement victimes,
08:17 directement impactées par cette réforme.
08:19 Elles sont les femmes, en majorité, sur des petits salaires.
08:23 Elles ont souvent des carrières hachées,
08:26 c'est-à-dire interrompues pour différentes raisons.
08:28 Elles sont plus souvent sur des temps partiels imposés, non choisis.
08:33 Et puis, on va leur demander demain de travailler, à elles aussi,
08:37 deux ans de plus, avec un montant de petites pensions.
08:42 Et j'oublie de dire qu'elles sont encore aujourd'hui,
08:46 à travers un salaire, un travail égal, pardon,
08:50 salaire égal, on en est encore très loin.
08:53 Donc, cette proposition, pourquoi pas,
08:55 mais nous considérons qu'elle est totalement insuffisante,
08:58 et que ce n'est pas cela qui va permettre de rendre la réforme plus juste,
09:03 pire encore, sociale, comme certains ministres ont pu l'évoquer.
09:08 – Pour vous, cette commission mixte paritaire, demain, elle sera conclusive ?
09:13 – Au regard du rapport de force, comme vous l'évoquiez tout à l'heure,
09:16 je pense que les collègues de la majorité présidentielle
09:20 et de la majorité sénatoriale trouvent un accord.
09:23 J'ai envie de dire, c'est leur réforme.
09:26 Ce n'est pas seulement la réforme d'Emmanuel Macron,
09:30 c'est aussi la réforme, en ce qui concerne le Sénat,
09:32 de Bruno Retailleau et de l'ensemble des sénateurs de la majorité sénatoriale.
09:40 Donc, je ne vois pas comment ils ne pourraient pas trouver un accord.
09:43 – Si c'est le cas, il y aura un vote, jeudi matin au Sénat,
09:46 jeudi après-midi à l'Assemblée.
09:47 Vous pensez que le gouvernement, à l'Assemblée nationale,
09:49 pourra se passer du 49-3 ?
09:52 – J'ai envie de dire, cela ne me concerne pas directement,
09:55 puisque le 49-3 ne peut pas être utilisé au Sénat.
09:58 Cela revient à la décision du président de la République.
10:03 Il en portera la responsabilité.
10:05 Ce que je peux dire, c'est qu'un recours sur une telle réforme au 49-3,
10:09 alors que le texte n'a pas été au terme de son examen à l'Assemblée nationale,
10:14 donc il n'a pas été voté à l'Assemblée nationale,
10:17 au final, faire adopter cette réforme de force,
10:20 vraiment, on pourrait dire même au forceps,
10:22 en allant jusqu'à utiliser le 49-3,
10:26 eh bien, je considère que c'est vraiment...
10:29 Je réfléchis avant de vous dire les mots que je veux utiliser,
10:34 parce qu'on pourrait dire que c'est un déni de la démocratie.
10:38 Bien évidemment, le 49-3, il est inscrit dans la Constitution
10:41 et on peut l'utiliser, en tout cas, le président de la République
10:44 et son Premier ministre peuvent le solliciter.
10:46 Il l'a fait dernièrement, en fin d'année 2022, sur un bon nombre de textes.
10:52 Mais là, quand on entend la colère des Français, il faut savoir l'entendre.
10:57 Et à un moment donné, vraiment, ce serait un très très mauvais signe,
11:02 ou une très mauvaise réponse donnée aux Français
11:05 que d'aller jusqu'à recourir au 49-3.
11:08 – On va revenir sur ce qui s'est passé au Sénat et votre stratégie,
11:11 la stratégie de la gauche sénatoriale.
11:13 Pour ça, on accueille Alex Poussard.
11:14 [Générique]
11:23 – Bonjour Alex. – Bonjour Yann.
11:24 Bonjour Cohen Ferret. – Bonjour.
11:26 – Et Alex, on peut dire que la gauche sénatoriale a usé de plusieurs stratégies
11:29 pour rallonger les débats sur la réforme des retraites.
11:31 – Eh oui, un concept est né, l'obstruction cordiale.
11:34 A distinguer de l'obstruction radicale des députés insoumis
11:38 lors des débats à l'Assemblée nationale, où il y a eu des attaques personnelles.
11:40 Non, là, le débat au Sénat a resté respectueux,
11:43 mais les sénateurs de gauche ont utilisé tous les moyens réglementaires
11:47 qu'ils avaient à leur disposition pour rallonger les débats
11:50 et éviter un vote sur l'ensemble de cette réforme des retraites.
11:53 Ils ont déposé sur chaque article à discuter des dizaines d'amendements
11:58 quasiment identiques, où seul changeait un mot, un chiffre.
12:02 Ils ont également déposé des centaines, voire des milliers de sous-amendements
12:05 pour amender des amendements, ce qui a multiplié les prises de parole
12:09 des sénateurs de gauche, sans oublier les rappels aux règlements en cascade.
12:13 Alors forcément, ça a agacé la majorité de droite du Sénat.
12:16 – Effet répétitif d'amendements similaires,
12:20 modifiant simplement un petit pourcentage de cotisations supplémentaires.
12:30 Il y a déviance du débat parlementaire.
12:34 Vous n'expliquez pas votre amendement, vous profitez de la tribune
12:39 pour faire des effets de tribune, parce que vous savez qu'on vous regarde.
12:44 Et effectivement, les gens nous regardent.
12:47 [Applaudissements]
12:49 – Alors la majorité de droite du Sénat avait un autre objectif,
12:52 aller au bout de ce texte et obtenir un vote sur cette réforme des retraites.
12:55 Et donc en réplique aux sénateurs de gauche, les sénateurs de droite
12:58 ont aussi utilisé tous les articles du règlement du Sénat
13:01 pour accélérer les débats, article 38, article 42, on en a beaucoup parlé.
13:06 Le gouvernement est aussi venu en aide à la majorité sénatoriale
13:10 en dégainant dans les derniers jours de ce débat,
13:13 l'article 44.3 de la Constitution, la procédure dite du vote bloqué.
13:17 Ça veut dire qu'à ce moment-là, les sénateurs ne pouvaient plus modifier le texte,
13:21 ils pouvaient seulement présenter leur amendement.
13:25 Et face à ce passage en force du gouvernement,
13:27 samedi, les sénateurs de gauche ont voulu répondre par l'absurde
13:31 en répétant tous la même phrase, regardez.
13:34 Vous avez décidé de dévitaliser la fonction parlementaire
13:39 par l'addition de toutes les procédures que vous offre la Constitution et le règlement.
13:43 Nous ne sommes pas dupes et les Français non plus.
13:45 Nous ne lâcherons rien.
13:47 Vous avez décidé de dévitaliser la fonction parlementaire
13:51 par l'addition de toutes les procédures que vous offre la Constitution et le règlement.
13:55 Mais nous ne sommes pas dupes et les Français non plus.
13:58 Nous ne lâcherons rien, nous ne les lâcherons pas.
14:01 – Voilà, réponse par l'absurde en cœur de la part des sénateurs de gauche.
14:04 Et samedi soir, lors du vote final sur cette réforme des retraites,
14:08 la gauche sénatoriale a tenté une dernière manœuvre de règlement
14:11 pour rallonger d'une heure les débats.
14:14 Ils ont demandé la vérification du quorum de sénateurs.
14:18 On le rappelle, pour qu'un vote soit validé,
14:19 il faut qu'il y ait dans l'hémicycle une majorité absolue de sénateurs,
14:23 c'est-à-dire 175 sénateurs.
14:25 Et si ce n'est pas le cas, le vote est reporté d'une heure.
14:29 Mais pour demander ce quorum, il faut qu'il y ait une demande écrite de 30 sénateurs,
14:34 en l'occurrence de 30 sénateurs de gauche.
14:36 Et au moment de la rédaction de cette lettre,
14:38 il y a eu une faute de frappe, une faute dans les noms.
14:42 Et le compte de 30 signatures de sénateurs de gauche n'y était pas,
14:46 d'où les rires de la droite. Regardez.
14:48 – Après contrôle, il n'y a pas 30 sénateurs mais 29.
14:56 [Applaudissements]
15:08 – Voilà, la demande de quorum a été ratée par la gauche,
15:11 et 5 minutes plus tard, la réforme des retraites était votée par le Sénat.
15:16 Corinne Ferret, dans ces 10 jours de débat au Sénat sur la réforme des retraites,
15:20 est-ce que vous reconnaissez quand même qu'il y avait une volonté à gauche
15:23 de rallonger les débats et d'éviter un vote final sur le texte ?
15:26 – Alors, vous présentez ça ainsi, moi je veux dire que nous souhaitions
15:30 prendre le temps nécessaire pour examiner l'ensemble des articles,
15:35 pour pouvoir étudier l'ensemble des amendements que tous ont pu déposer,
15:39 à droite comme à gauche, et donc ce temps-là, il appartenait au Parlement,
15:43 nous étions totalement dans notre rôle de parlementaires,
15:46 que de pouvoir non seulement débattre et proposer des amendements.
15:50 Vous avez évoqué une obstruction cordiale, j'ai vu que c'est la presse
15:54 qui a titré cela comme ça, moi je parle aussi d'empêchement de débat,
16:01 parce que revenons, on va dire, un peu sur la façon dont les choses se sont organisées.
16:06 La première chose, je note, et vous avez certainement constaté,
16:09 que dans les premières journées de débat, la droite était étrangement silencieuse,
16:13 étrangement silencieuse, au point évidemment d'en conclure
16:17 que consignes leur avaient été données de ne surtout pas intervenir,
16:20 pour ne pas ralentir le débat.
16:22 Là, on est véritablement, est-ce que c'était la gauche qui empêchait,
16:26 ou bien c'est la droite qui empêchait, et qui était dans une volonté d'obstruction.
16:31 Nous, nous avons présenté nos amendements, comme on le fait sur tous les textes,
16:34 et nous aurions souhaité, comme on le fait toujours, qu'il y ait une confrontation.
16:38 On est d'accord, on n'est pas d'accord, les uns et les autres donnent leurs arguments,
16:43 et on avance ainsi, et on prend le temps.
16:45 Donc ça, je le regrette, et voire je le dénonce aussi,
16:48 parce que c'était délibéré, et je dois dire que j'ai trouvé mes collègues de droite extrêmement courageux,
16:55 parce que ne rien dire pendant des heures, des jours et des nuits, il faut être courageux.
16:59 Nous, nous avons joué, et surtout rempli, notre rôle de parlementaires avec ces amendements,
17:06 qui, contrairement à ce que le rapporteur a pu évoquer, étaient des amendements argumentés.
17:12 Certes, un certain nombre d'entre eux ont été déposés par plusieurs de mes collègues,
17:17 et nous avons, quand vous reprenez le déroulé des débats,
17:22 vous constaterez que les arguments ont été complémentaires les uns des autres.
17:26 Nous ne répétions pas systématiquement les mêmes choses.
17:30 Peut-être, à la fin de ces dix jours et nuits longues au Sénat,
17:35 il est vrai que nous avions cette phrase, que nous avons souhaité formuler chacun et chacune
17:41 en amont des arguments développés sur les amendements,
17:45 parce qu'il y avait une situation qu'il fallait dénoncer, autant au Sénat qu'au niveau national.
17:51 L'attitude, on va dire, du Président de la République,
17:54 nous souhaitions dénoncer ce mépris qu'il exerce à l'égard des Français et des organisations syndicales.
18:01 – Il y a eu quand même des débats très tendus sur le plan réglementaire,
18:04 une bataille réglementaire entre les sénateurs de gauche et les sénateurs de droite.
18:07 Est-ce que vous diriez que ça va laisser des traces dans les futurs débats de la Haute Assemblée
18:12 qui a traditionnellement été serein ?
18:14 – Oui, moi je regrette que, voulant à tout prix accélérer sur l'examen de ce texte
18:21 et donc ainsi empêcher, encore une fois, la parole des sénateurs de gauche,
18:26 la majorité sénatoriale, dans un premier temps, a eu recours
18:29 à bon nombre d'articles du règlement intérieur, vous les avez cités,
18:33 au point que nous ne pouvions plus surenchérer, on va dire,
18:38 ou intervenir à plusieurs au moment des explications de vote notamment.
18:42 Et comme si cela ne suffisait pas, le gouvernement a aussi activé
18:47 le fameux article 44.3 pour le vote bloqué.
18:51 Donc on voit bien là que la majorité présidentielle et la majorité sénatoriale
18:54 étaient main dans la main pour empêcher l'opposition et les parlementaires de gauche
18:59 et les sénateurs de gauche de s'exprimer.
19:02 Et puis, même je vais jusqu'à dire que tous ces articles, c'est légal on va dire,
19:08 je ne conteste pas, ce que je conteste c'est d'avoir recours à ces articles
19:12 dans le seul but d'empêcher la parole des sénateurs.
19:16 Comme si cela ne suffisait pas, eh bien des collègues sénateurs LR
19:20 ont même retiré leurs amendements pour que les sénateurs de gauche
19:25 ne puissent pas intervenir dans le débat et sous-amender.
19:28 Et pas des moindres, puisque je pense à un amendement du sénateur Retailleau
19:34 sur l'article 1er qui concerne les régimes spéciaux
19:37 et qu'il voulait déjà amender à l'article 7 dans un premier temps
19:42 pour que l'application de cette suspension des régimes spéciaux se fasse immédiatement.
19:49 On va remarquer c'est dans la continuité de la brutalité de cette réforme.
19:52 Dès cette année 2023, dans un premier temps il a demandé à reporter cet amendement
19:59 au-delà de l'article 13, donc on est beaucoup plus loin dans le débat.
20:03 – Et après il l'a retiré.
20:04 – Après il l'a retiré parce que voyant que nous étions un certain nombre
20:09 à vouloir nous exprimer et donc sous-amender.
20:12 Il y a des moyens d'expression que nous avons utilisés qui étaient tout à fait légaux
20:18 pour pouvoir dire ce que nous pensions de cela en particulier.
20:22 – Merci Alex, à tout à l'heure.
20:24 – A tout à l'heure.
20:24 – On reparle évidemment de cette réforme des retraites dans le club débat de sénateurs.
20:28 On va voir l'actualité du côté de chez vous.
20:30 Corinne Ferré on va à Caen retrouver Elodie Dardenne.
20:32 Bonjour Elodie, merci beaucoup d'être avec nous,
20:35 chef de la rédaction de West France à Caen.
20:37 Et avec vous Elodie on va faire le point sur la mobilisation
20:40 contre la réforme des retraites, y a-t-il toujours des blocages ?
20:44 – Oui bonjour, oui toujours des blocages depuis le 7 mars à Caen
20:49 et plus largement dans le Calvados.
20:50 On a vu des plus petites villes, des villes moyennes aussi touchées par des blocages,
20:56 des barrages filtrants depuis le 7 mars quasiment tous les jours,
21:02 notamment au niveau du périphérique canné.
21:05 Jusqu'ici tout va bien, il n'y a pas eu de tensions exacerbées,
21:12 les manifestations continuent à rassembler aussi beaucoup de monde.
21:16 Au plus fort de la contestation,
21:19 on a compté entre 25 000 et 40 000 personnes à Caen.
21:24 Vous avez, vous madame la sénatrice,
21:27 défilé lors des premières manifestations cannaises
21:31 et en tant que parlementaire opposé à cette réforme depuis le début,
21:34 j'imagine que tout cela vous a porté pour mener le combat dans l'hémicycle.
21:38 J'ai une petite question, alors qu'on arrive dans la dernière ligne droite,
21:43 que vous l'avez évoqué un petit peu avant,
21:46 mais le recours au 49.3 est possible,
21:49 ne craignez-vous pas une certaine résignation des manifestants
21:53 ou au contraire l'émergence de tensions,
21:55 à l'image de ce qu'on a pu connaître dans le Calvados
21:58 lors de l'épisode des Gilets jaunes en 2018 ?
22:02 Tout d'abord bonjour, je voulais vous saluer.
22:05 Comme vous l'avez dit, j'ai participé aux premières manifestations
22:10 parce qu'elles étaient sur des jours
22:12 où je n'avais pas nécessité d'être au Sénat
22:14 et ensuite j'étais retenue au Sénat
22:16 et particulièrement, bien évidemment, ces dernières journées.
22:19 Mais c'était très important pour moi, effectivement,
22:22 avec les autres manifestants,
22:24 de signifier mon opposition à cette réforme.
22:27 Mais c'était aussi très important pour moi
22:28 de pouvoir écouter, entendre ce que les hommes et les femmes
22:32 présents dans ces cortèges pouvaient dire aussi
22:35 pour quelle raison ils s'opposaient à cette réforme.
22:38 Je note que ces dernières manifestations
22:41 ont associé beaucoup, beaucoup de personnes.
22:46 Vous avez cité des nombres très importants à Caen,
22:50 mais je sais aussi que des cortèges et des manifestations
22:53 ont été organisés à Lisieux, à Vire, à Falaise, à Bayeux,
22:57 dans des plus petites villes,
22:59 là où on avait moins l'habitude de voir s'organiser des manifestations.
23:04 Souvent, c'est effectivement le rassemblement à Caen, la ville-centre.
23:08 Et là, on voit bien aussi que dans cette insatisfaction,
23:13 dans ce rejet de cette réforme,
23:16 eh bien, ce sont aussi des hommes et des femmes
23:18 que l'on ne voyait pas forcément dans les autres manifestations
23:20 qui sont venus le dire dans la rue
23:23 et qui ont ainsi rejoint les rangs des millions,
23:27 je le dis, de millions de Français en France au total
23:30 qui ont manifesté.
23:33 Alors, les choses s'organisent aussi
23:35 selon les souhaits et les directives,
23:38 on pourrait dire des organisations syndicales,
23:40 bien évidemment, les mouvements sociaux sont de leur initiative.
23:46 Donc, il y a des manifestations, des cortèges organisés,
23:49 il y a des rassemblements d'organisés ici ou là,
23:53 il y a, je le vois, je l'ai vu aussi,
23:56 même si j'étais à Paris,
23:57 je suis l'actualité de mon département au quotidien,
24:00 grâce à votre journal notamment.
24:03 J'ai vu effectivement des points de rassemblement
24:07 pour interpeller, sensibiliser aussi la population,
24:12 que ce soit dans l'agglomération de Caen
24:14 ou sur d'autres villes de notre département.
24:16 – On va parler d'un autre sujet, il ne nous reste qu'une minute,
24:18 Élodie, avec vous, on va parler de la reconstruction du CHU de Caen.
24:23 – Oui, tout à fait, la reconstruction du CHU
24:27 a été lancée il y a deux ans maintenant, en février 2021,
24:30 elle se poursuit, ça avance bien.
24:32 C'est le plus gros chantier des 20 dernières années dans la région,
24:36 un chantier à plus de 550 millions d'euros.
24:40 Le ministre de la Santé, François Brun,
24:42 le redisait lors d'une récente visite,
24:44 c'est l'une des plus vastes opérations
24:46 actuellement menées dans le milieu hospitalier en France.
24:50 Ce futur CHU, il est montré en exemple pour le futur de l'hôpital public.
24:54 Vous, Madame Ferrer, vous avez souvent pris la parole
24:56 au sein de l'hémicycle ou en dehors pour défendre l'hôpital public.
24:59 Avant le Covid, il était prévu de supprimer des lits dans ce futur CHU,
25:05 aujourd'hui ça reste un point de vigilance pour vous ?
25:08 – Oui, un point de vigilance absolument,
25:10 je note que nous avions été entendus lorsque,
25:14 effectivement au tout début du Covid,
25:16 et quand les choses ont commencé à se préciser
25:17 sur l'organisation du futur CHU,
25:21 l'idée et la proposition était de supprimer un certain nombre de lits.
25:26 Nous avons alerté les parlementaires,
25:28 je me souviens très bien avec ma collègue de l'époque, Laurence Dumont,
25:32 nous avions alerté non seulement le directeur du CHU,
25:35 mais aussi les plus hautes autorités, que ce soit la R.S.
25:38 et surtout le ministre de l'époque,
25:40 en disant "c'est une erreur, ne faites pas cela,
25:42 voyez ce qu'il se passe, etc."
25:44 Nous avons été entendus puisque le nombre de lits est revenu
25:50 à un nombre suffisant, tout en permettant,
25:54 parce que c'était la volonté aussi de l'établissement,
25:57 d'être dans une organisation, une hospitalisation de jour,
26:01 donc tout cela est aussi à prendre en considération.
26:04 L'organisation, en tout cas de l'accueil et de l'accès aux soins
26:08 de nos concitoyens doit évoluer,
26:10 mais certainement pas aux dépens de leur santé.
26:12 – Merci beaucoup Corinne Ferré.
26:14 On remercie Elodie Dardenne d'avoir été avec nous depuis quand ?
26:17 La une de West France, quand ? Paris 2024,
26:19 les défis à 500 jours des Jeux.
26:21 C'est à la une de votre journal.
26:23 Merci Elodie, merci beaucoup Corinne Ferré d'avoir été avec nous.

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