Jacques Weber, monstre sacré du théâtre, nous emmène en plein Pays Bigouden, sa terre de coeur. Du petit port de Sainte-Marine où il a ses habitudes à la Pointe de la Torche, l'acteur se dévoile à Nathalie Schraen-Guirma sur les routes du Sud Finistère. Le multivan fait notamment des haltes à la Criée du Guilvinec, à l'heure du retour des chalutiers, à Kérity où Nathalie et Jacques prennent un verre dans un petit bar de marins et à Saint-Guénolé, où ils retrouvent Scarlette, algocultrice passionnée, qui partage avec eux sa connaissance des algues. Année de Production : 2023
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00:30...
00:39Je suis ravie de vous retrouver ici en Bretagne,
00:42une région qui nous révèle à chaque visite de nouvelles richesses.
00:45La Bretagne que nous allons parcourir, c'est celle des Hautes Coiffes,
00:48des petits ports de pêche, des côtes sauvages, des prairies verdoyantes.
00:52C'est une terre de caractère qui fait la fierté de ses habitants, les Bigoudins.
00:57...
01:02Notre voyage débutera dans la commune de Combride-Sainte-Marine,
01:05chère à notre invité,
01:07avant de rejoindre Pont-l'Abbé, capitale de ce pays bigoudin.
01:11Au Guilvinet, que nous découvrirons ensemble,
01:13l'une des plus grandes criées de l'Hexagone.
01:15Enfin à Saint-Guénolé, une passionnée de la mer
01:18partagera avec nous sa connaissance du monde des algues,
01:21avant de terminer notre périple à la Pointe de la Torche.
01:24...
01:27Mon invité, amoureux de la région,
01:29est un monstre sacré du théâtre et du cinéma.
01:32Il a incarné des personnages emblématiques comme Don Juan, Montecristo,
01:35sans oublier Cyrano,
01:37avec qui il partage un goût immodéré pour les mots et les beaux textes.
01:41Je suis très heureuse de faire cette route du pays bigoudin
01:45avec Jacques Weber.
01:47...
01:49Bonjour Jacques !
01:50Bonjour Laura !
01:51Et vous ?
01:52Très bien !
01:53Très bonne !
01:55J'ai la serviette !
01:56Ah oui, heureusement !
02:00Une petite serviette !
02:02Une DS !
02:04James Bond !
02:06C'est une James Bond girl !
02:08Daniel Gray !
02:09Elle a été bonne, non ?
02:13C'est pour ça que vous allez venir tôt le matin ?
02:15Ah oui, parce que moi j'adore, j'admire comme ça très peu ailleurs.
02:20Et puis il n'y a personne !
02:22Vous êtes seul, la plage vous appartient ?
02:24Oui, il y a juste ce bruit qui est magnifique.
02:27Ah moi j'adore ça !
02:31J'adore !
02:32Je vais vous laisser le temps de vous rhabiller, vous sécher.
02:34Oui !
02:35Et puis...
02:36Je vais avoir le droit à le dommage sonné sur la plage !
02:39Je t'emmène dans mon astronome !
02:53On est bien ici !
02:54Oui, voilà !
02:56Je suis dos au large, mais je suis face à la rivière.
03:01C'est extraordinaire ici !
03:03Moi j'ai appris des rôles entiers ici, là.
03:05Ou écrits, ou...
03:07J'ai le sentiment qu'on est dans une Bretagne très authentique, ici.
03:10Oui, alors justement il faut la préserver comme telle,
03:13parce que c'est ça le contresens du grand touriste,
03:16c'est que le grand touriste s'installe dans un endroit très authentique.
03:19Parce que ce qui attire les gens, c'est l'authenticité.
03:21Et ensuite le fait que ça les attire, ça ne les rend plus du tout authentiques,
03:24donc il y a des contresens terribles.
03:26Et par exemple la plage où je me suis baignée,
03:28c'est quand même une des rares plages que je connais,
03:32où le matin, si vous y allez tôt, il y a les vaches à côté de vous,
03:35des centaines de lapins qui se baladent, qui discutent.
03:38Donc il ne faut surtout pas aller dans les endroits où il y a du tourisme de masse, hein !
03:41Vous aimez bien vous retrouver !
03:43Non, mais ce que je veux dire, c'est que...
03:45Je comprends très bien qu'il y ait des gens...
03:47Tout le monde a le droit, heureusement, et Dieu merci, à des vacances,
03:51mais les choses font que mal informé,
03:55trop rapidement, se précipitant sur un endroit où soi-disant c'est bien,
03:59beaucoup de gens se font avoir,
04:01alors que ce qui repose le plus l'âme, c'est quand même la paix de la nature,
04:05avec sa diversité, avec sa diversité,
04:07avec sa diversité, avec sa diversité,
04:09avec sa diversité, avec sa diversité,
04:11avec sa diversité, avec sa diversité,
04:13avec la paix de la nature, avec sa diversité,
04:15avec sa diversité, avec sa diversité,
04:17avec sa nudité aussi.
04:20Alors, je sais qu'on est dans un bel endroit,
04:22presque paradisiaque,
04:24mais il va falloir quand même qu'on y aille,
04:26quand on passe un peu de route ensemble.
04:28Je vais vous montrer le parcours, Jacques.
04:30Alors, nous sommes au niveau de Sainte-Marine,
04:33qui est un quartier de Combrit,
04:35on va aller du côté de Pont-l'Abbé,
04:37retrouver quelqu'un que vous connaissez très bien.
04:39Enchanté !
04:42On va longer la côte,
04:44jusqu'à Guilvinec,
04:46où se trouvent les plus grandes portes de France.
04:50Donc après Guilvinec, on finira notre route
04:52à la Pointe de la Torche,
04:54un endroit que vous aimez particulièrement.
04:56Alors ça, la Pointe de la Torche, pourquoi ?
04:58Parce que Pointe de la Torche,
05:00si tu prends l'heure exacte du lever du soleil,
05:02tu marches,
05:04le soleil passe par-dessus la dune
05:06en même temps que tu marches,
05:08ce qui fait que la lumière, au fur et à mesure
05:10que tu avances, le jour se lève,
05:12c'est quelque chose d'absolument inimaginable.
05:14Et bon, on y va ?
05:16Ah non, pas tout de suite !
05:18Pourquoi ?
05:20Parce que je veux vous montrer...
05:22Alors, si nous continuons par là,
05:24vers le petit port, il y a un endroit
05:26que je vais absolument vous faire découvrir,
05:28qui pour moi est un des plus jolis, jolis,
05:30au sens propre du terme.
05:32C'est un tout petit port,
05:34et il y a ce qu'on appelle le Café de la Cale,
05:36que j'ai connu tenu par trois vieilles bretonnes,
05:38sur leur siège,
05:40avec la coiffe immobile.
05:42Qu'est-ce que vous prenez, monsieur ?
05:44Alors, je dis souvent un café.
05:46Et on avait droit à ce qu'on appelle
05:48le Café Chaussette,
05:50c'est-à-dire que le filtre, c'était comme une espèce de vieille chaussette.
05:52Bon, alors maintenant, c'est devenu un petit peu mode,
05:54il faut dire ce qu'il y a, mais l'endroit est tellement magique.
05:56C'est l'entrée du cimetière des bateaux
05:58et du port, et en même temps,
06:00on a cette vue absolument standard.
06:02Il faut absolument voir ça avant de partir.
06:04Et après, Nathalie,
06:06je vous emmène.
06:08C'est parti.
06:22Il est beau, votre coin de France, Jacques.
06:26Avec tous ces bateaux colorés, là.
06:28C'est magnifique.
06:32Alors ça, tu vois, c'est ce qu'on appelle le Minaret.
06:34La tour, là-bas,
06:36c'est un milliardaire arabe
06:38qui a été sauvé
06:40dans une chasse aux tigres par un breton.
06:42C'est vrai, je n'éconne pas.
06:44Le tigre,
06:46le gars l'avait attiré,
06:48il a sauvé le milliardaire arabe
06:50et le milliardaire arabe a offert ça pour le remercier.
06:52C'est marrant, ça. C'est pas une légende.
06:54Ah non, pas du tout.
06:56Et bien, on va faire un petit théâtre,
06:58mes amis.
07:00Un petit café, ici ?
07:02Ah oui, ça, c'est ma tournée.
07:06Regarde ça.
07:14Il ne faut pas oublier aussi
07:16que la Bretagne, c'est
07:18la seule partie
07:20qui ne soit pas latine,
07:22en France.
07:24Puisque c'est celtes,
07:26c'est entièrement celtes.
07:28Et que, je ne sais pas quelle ère,
07:30la Bretagne était liée
07:32à l'Angleterre.
07:34Et on le retrouve, ce côté celtique,
07:36dans le caractère des Bretons,
07:38par rapport au reste de la France ?
07:40Non, je trouve,
07:42dans les écrits,
07:44la personnalité des gens,
07:46je trouve que c'est très fort.
07:48On est beaucoup plus près de l'irlandais,
07:50du gallois, de l'écossais,
07:52que le reste de la France.
07:54Ce n'est pas pareil.
08:08Je suis un peu désolée,
08:10je vais vous arracher à votre petite crique,
08:12pour qu'on puisse se balader un petit peu.
08:14C'est bien d'ouvrir avec vous cette cote.
08:16Oui, bien sûr.
08:18On va rejoindre le Van.
08:22Et voilà !
08:36Direction Pont-l'Abbaye.
08:38Première étape.
08:40Grâce à ce petit port de Sainte-Marie,
08:42nous avons eu un premier aperçu
08:44du pays bigoudin.
08:46Mais nous allons en apprendre beaucoup plus
08:48sur son histoire et sa culture,
08:50et sa capitale.
08:52Ici, on est vraiment dans le pays bigoudin.
08:54Il paraît que le pays bigoudin,
08:56c'est vraiment un territoire
08:58avec une forte identité.
09:00Très, très.
09:02Et ils tiennent beaucoup, en plus, très fermés.
09:06D'ailleurs, ils ont une phrase assez forte.
09:10« Sans personne, nous seuls ».
09:12« Sans personne, nous seuls » ?
09:14Oui.
09:16En breton, je ne sais pas le dire.
09:18Je trouve que tout est dit.
09:20Alors vous, votre premier contact
09:22avec la Bretagne, ce n'est pas ce pays bigoudin ?
09:24Le tout premier contact, c'est
09:26Côte d'Emeraude, pendant plusieurs années,
09:28avec mes parents,
09:30à côté de Plumeur-Beaudoux,
09:32qui était la première station spatiale.
09:34Enfin, « spatiale », c'était un bien grand mot
09:36à l'époque du général de Gaulle.
09:38Et puis après, parce qu'il n'y avait pas
09:40de location dans ce coin,
09:42je décide d'emmener mes amis
09:44de conservatoire, qui étaient
09:46McVieyret, Huster, Balmaire,
09:48tout le monde,
09:50je voulais les emmener
09:52en Bretagne, pour un mois.
09:54Et donc, il n'y avait pas de loc' à Nitros,
09:56donc je me suis dit, je vais regarder du côté de Finistère-Sud,
09:58que je ne connais pas. Et puis là, je suis tombé
10:00en amour, non seulement du pays, mais de ma femme.
10:02Donc, voilà.
10:04C'est ici que vous avez rencontré votre femme ?
10:06Voilà, voilà, c'est ça.
10:08Et voilà, je l'ai croisée
10:10très bêtement dans une boîte de nuit,
10:12et j'ai dit à mon camarade,
10:14c'est ma femme, ce que je n'avais jamais dit.
10:16Et ça s'est passé
10:18il y a 30, il y a près de 40 ans.
10:20C'est marrant,
10:22parce que vos parents ne sont pas du tout
10:24d'origine bretonne. Pas du tout, rien à voir.
10:26L'un est d'origine suisse,
10:28l'autre est d'origine belge.
10:30Ça peut faire rire à l'époque de Coluche.
10:34Mes origines.
10:36Mais c'est la vérité.
10:38Je n'ai rien à voir, mais je ne sais pas.
10:40Mes parents m'ont emmené dès l'âge de 6 ans,
10:42et ça, c'est l'enfance
10:44qui détermine tout, tellement de choses.
10:46Et dès l'âge de 7 ans,
10:48ils m'ont emmené en Bretagne tout le temps.
10:50Et il y avait des choses qui me touchaient.
10:52Je me souviens très bien
10:54d'un métier à tisser avec des vieux tisserands.
10:56Et ça m'émeut beaucoup.
10:58Tout ce qui est artisanal,
11:00par exemple, on va voir des pêcheurs.
11:02C'est magnifique, ces métiers.
11:04En même temps, c'est d'une difficulté dont on n'a pas idée.
11:06Ils ont les mains.
11:08C'est des mains magnifiques,
11:10c'est des concepts de vignes.
11:12C'est des gueules sculptées à l'opinel.
11:14C'est des tronches de chefs-d'oeuvre.
11:16Ils sont abîmés par le boulot.
11:18Et ça, c'est magnifique.
11:20C'est des artisans purs et durs.
11:22Quand on voit un boucher,
11:24très bon boucher,
11:26découper sa viande,
11:28ou un gars préparer le poisson,
11:30ce sont des gestes qui ont une élégance
11:32très profonde,
11:34que moi, je trouve tout aussi respectables
11:36que...
11:38que...
11:40que mon boulot.
11:44On n'est plus très loin de Pont-l'Abbé.
11:46On va aller rencontrer un de vos amis photographes.
11:48Oui.
11:50Très grand photographe qui, avant,
11:52était un homme magnifique de relations publiques dans un hôtel.
11:54C'est comme ça qu'on est venus avec lui.
11:56Il connaît par cœur Pont-l'Abbé ?
11:58Lui, il connaît par cœur Pont-l'Abbé.
12:00Il connaît par cœur toute l'agence qu'il organisait
12:02pour les gens de son hôtel.
12:04Des rallies, des trucs, des chasses au trésor.
12:06Enfin, il était incroyable.
12:08On a rendez-vous
12:10à une librairie mythique, ici.
12:12Ah, Guilbault.
12:14Librairie mythique.
12:26J'en crois pas mes yeux.
12:28Toi, ici, en Bretagne.
12:30Comment vas-tu ?
12:32C'est comme ça que les Bretons se disent bonjour.
12:34Bonjour.
12:36Philippe, très heureux.
12:38Grand maître de la Bretagne.
12:40C'est vrai.
12:42C'est l'ancien patron du pont, c'est moi.
12:44Ça va ?
12:46T'as pas ton appareil photo ?
12:48Non, pas aujourd'hui.
12:50Aujourd'hui, c'est un jour culture.
12:52Exactement.
12:54C'est toi qui as eu l'idée de la librairie ?
12:56Oui.
12:58Ah, ça sent bon, le bouquin.
13:00C'est vous, Philippe,
13:02qui vous a donné l'idée de cette librairie.
13:04La librairie, c'est un point incontournable
13:06à Pont-la-Vé.
13:08Vraiment, dans une petite ville comme ça,
13:10avoir subsisté une librairie indépendante
13:12avec des gens de qualité,
13:14c'est juste indispensable.
13:16J'ai même vu dans la vitrine
13:18un livre de Jacques Weber.
13:20Les livres de Jacques Weber.
13:22D'ailleurs, les quelques livres que j'écris,
13:24ça part très souvent de la Bretagne.
13:26C'est vrai.
13:28C'est très important qu'il y ait une librairie
13:30parce qu'on découvre des bouquins,
13:32on parle avec le libraire,
13:34on parle avec Philippe.
13:36Il est intéressant de se dire que
13:38Pont-la-Vé, c'est une ville de combien d'habitants ?
13:40À peu près entre 7 et 8.
13:42Et une librairie comme celle-ci,
13:44elle est presque disproportionnée
13:46par rapport à cette petite ville.
13:48Je le répète, c'est vraiment
13:50un élément majeur
13:52dans la ville. Il y en a plusieurs,
13:54mais celui-là, c'en est un.
13:56Jacques m'a dit que vous connaissiez tout Pont-la-Vé.
13:58J'étais curieuse de connaître un petit peu la ville.
14:00Vous nous la fassiez découvrir.
14:02Pas de problème, avec grand plaisir.
14:04Suivez le guide, mesdames, messieurs,
14:06si vous voulez bien le suivre.
14:10On va aller un petit peu
14:12dans le centre de la ville.
14:28Là, on a des belles villes.
14:30Le château de Pont-la-Vé.
14:34Le château des barons Dupont.
14:36Avant, c'était une grosse forteresse,
14:38parce que c'était la demeure
14:40seigneuriale, et bien évidemment,
14:42il fallait que ce soit à la mesure
14:44du titre des barons Dupont.
14:48C'est quoi l'histoire des curés laïcs ?
14:50Je trouve ça génial.
14:52Il y avait
14:54un monastère
14:56et il y avait
14:58une confrérie,
15:00si tu veux,
15:02de seigneurs qui s'étaient réunis
15:04avec à leur tête un abbé.
15:06On les appelait les abbés laïcs.
15:08Bien sûr, ils avaient des enfants,
15:10ces gens n'étaient pas abbés.
15:12C'est l'une des filles
15:14de ces abbés laïcs qui s'est mariée
15:16avec un baron Dupont qui a donné le nom Pont-la-Vé.
15:18D'accord.
15:20Pont-la-Vé vient de ça, l'origine du nom Pont-la-Vé.
15:22De ces abbés laïcs.
15:24Nous sommes au cœur du Pays Bigoudin.
15:26C'était une espèce
15:28de petite coiffe qu'on portait sur le devant de la tête.
15:30Je vous montre.
15:32Ça mettait en valeur le chignon.
15:34Comme tu peux le voir,
15:36il y a le chignon.
15:38C'était une petite coiffe assez laid
15:40qui s'est modifiée au cours du temps.
15:42On y a rajouté
15:44des broderies, des rubans,
15:46des perles, etc.
15:48À partir de 1900,
15:50peut-être début 1900,
15:52jusqu'à 1925-30
15:54et à nos jours, la coiffe a monté,
15:56monté, monté, mais par
15:58élégance ou par signe de différence.
16:00Le symbole de la coiffe
16:02Bigoudin, c'est devenu le symbole
16:04de la Bretagne en général.
16:06On voit cette coiffe assez haute
16:08et on a oublié les autres coiffes.
16:10Les coiffes de Pont-Aven, les coiffes plus petites,
16:12différentes.
16:14Est-ce qu'il y a d'autres vestiges
16:16dans la ville qui témoignent du passé de Pont-la-Vé ?
16:18Oui.
16:20Il y a des milliers.
16:22Surtout toi !
16:24Surtout moi !
16:26Oui, il y a quelques hôtels particuliers
16:28et il y a aussi,
16:30un petit peu plus loin, sur le quai Saint-Laurent,
16:32il y a surtout l'église des Carmes
16:34qui a, vous allez le voir,
16:36c'est assez particulier,
16:38avec un clocher tout à fait atypique.
16:40Ne nous en dites pas plus, on va le voir !
16:42Alors on va le voir !
16:44On va le découvrir ensemble !
16:50Musique
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17:06Musique
17:08Donc là, Philippe, on est devant un autre emblème
17:10de Pont-la-Vé.
17:12Absolument, c'est Notre-Dame des Carmes.
17:14C'est vraiment, on va dire, c'est le point névralgique de Pont-la-Vé.
17:16C'est l'église
17:18qui a été construite, qui a été démolie
17:20et ce clocher,
17:22alors ce clocher qui est incroyable, qu'on voit...
17:24C'est abracadabrantesque !
17:26Comme disent certains, abracadabrantesque !
17:28Et qui, pour mon sens,
17:30ressemble au casque de Dark Vador.
17:32C'est tout à fait vrai !
17:34C'est tout à fait, lui, le soir, dans la pénombre,
17:36ça fout les jetons. Moi qui ai vu dessus
17:38par ma fenêtre, puisque j'habite à côté...
17:40T'as peur ? Tu m'as dit ! Parfois !
17:42Mais alors,
17:44qui a construit ce clocher ? Pourquoi cette forme assez étonnante ?
17:46Alors, ça, je sais pas. Et je pense qu'il devait y avoir
17:48un clocher gothique qui a été
17:50abattu pour une raison x, y,
17:52alors est-ce qu'il a été détruit volontairement,
17:54ou il y a eu un incendie, etc. Et on a reconstruit ça,
17:56c'est pas si vieux que ça,
17:58et donc cette forme-là est vraiment très curieuse.
18:00Et on est très fiers d'un autre clocher,
18:02qui est l'emblème de Pont-la-Vé.
18:06Il lui manquerait la cascade du guide.
18:08C'est un grand défonceur de Pont-la-Vé, en tout cas, c'est bien.
18:10Je suis ravi que vous ayez choisi de venir.
18:12Merci, cher ami.
18:14Le plaisir est pour moi.
18:16Elle est très sympa d'être venue, en tout cas. Merci mille fois.
18:18Merci beaucoup, Philippe.
18:20On va repartir.
18:22T'as droit à des jours !
18:24Je suis jalouse.
18:26On a rendez-vous à la prière, il ne faut pas qu'on oublie le retour des chalutiers,
18:28ce serait dommage.
18:30Merci beaucoup, Philippe.
18:32Au revoir.
18:38De la coiffe bigoudaine au casque de Dark Vador,
18:40étonnante, cette découverte de Pont-la-Vé.
18:42Mais d'autres surprises nous attendent au Guilvinec
18:44avec sa célèbre criée,
18:46l'une des plus grandes de France.
18:50C'est un vrai passionné, Philippe.
18:52Oui, vraiment.
18:56Est-ce que vous vous rappelez, Jacques Weber,
18:58de votre première rencontre
19:00avec le théâtre ?
19:04Alors, avec le théâtre,
19:08c'est tout bêtement
19:10d'abord par l'intermédiaire
19:12de La Fontaine
19:14et de la télévision.
19:16Il y avait un homme
19:18qui faisait un numéro de changement de costume.
19:20Il arrivait, il s'appelait Gérard Setti,
19:22et il arrivait à faire 15 costumes
19:24avec ça.
19:26C'est un transformiste absolument extraordinaire,
19:28mais uniquement avec des choses qu'il avait sur lui.
19:30Et ça m'avait fasciné,
19:32ce numéro,
19:34et ça m'avait branché avec
19:36le fait de dire les fables de La Fontaine
19:38en me costumant
19:40en corbeau, en renard,
19:42avec ce que j'avais sur moi.
19:44Je crois que c'est de là que tout part.
19:46Et puis, le grand choc,
19:48où là je suis sorti,
19:50j'ai dit je fais du théâtre,
19:52c'est l'avare à la comédie française,
19:54et pas tellement sur la pièce,
19:56mais sur la fin, où il y avait
19:58ce qu'on appelle un deus ex machina,
20:00le dernier rôle qui résout tous les problèmes,
20:02et qui disait uniquement
20:04une phrase, ce seigneur Arpagon,
20:06qu'avez-vous ?
20:08Je vous vois tout ému,
20:10avec une voix très très noble,
20:12et là, c'est pourquoi
20:14j'ai eu un flash,
20:16et j'ai dit je fais du théâtre.
20:18Puis j'ai eu la rencontre
20:20énorme de mon papa de théâtre,
20:22qui a été Pierre Brasseur,
20:24avec lequel je jouais dans une pièce.
20:26Voilà, puis tout a démarré comme ça,
20:28puis après ça a été très vite, j'ai refusé la comédie française.
20:30C'est incroyable, vous allez voir une pièce
20:32à la comédie française, c'est le déclic,
20:34mais au lieu de rêver d'y entrer,
20:36vous aviez l'occasion d'y aller,
20:38vous avez dit non ?
20:39Il y avait trois éléments.
20:41Un, j'étais un enfant de 68.
20:43Il faut savoir que la comédie française
20:45était perçue comme le théâtre dit de droite,
20:47le théâtre des bourgeois,
20:49ce qui est complètement idiot, ça ne voulait rien dire.
20:51Et c'était d'autant plus crétin,
20:53c'est que moi, la passion que j'avais
20:55pour le théâtre, c'était aussi en allant au français.
20:57Donc c'était complètement
20:59contradictoire mon raisonnement.
21:01Et en même temps, j'avais aussi très peur de l'alternance.
21:04C'est-à-dire de jouer un jour Hamlet,
21:06le lendemain Figaro, sur le lendemain
21:08je crois quitte, on s'abuse.
21:10Et puis je crois que j'avais un peu peur en fait.
21:12J'avais un peu peur, je me sentais encore...
21:14Parce qu'à l'époque, j'avais 18 ans, 18 ans et demi.
21:16Et je crois que j'ai eu peur.
21:18Et donc très brutalement,
21:20j'ai refusé le français.
21:22Pour partir avec un fou,
21:24jamais je n'aurais cru que je serais parti avec ce gars-là,
21:26qui était Robert Hossein.
21:28Et puis là, j'ai joué grimé, châtiment,
21:30puis après ça n'a pas arrêté.
21:32Donc c'est plutôt...
21:34Donc vous ne regrettez pas du tout d'avoir refusé la comédie française ?
21:36Non.
21:38Qui plus est, parce qu'il y a deux ans,
21:40Éric Ruff me l'a reproposé.
21:42Et j'ai beaucoup réfléchi cette fois-là,
21:44parce qu'ils font des choses magnifiques.
21:46Mais je me dis,
21:48il y a quand même encore ce fait de prendre un rôle
21:50à toute vitesse, d'en reprendre un autre,
21:52de faire de l'alternance.
21:54Alors moi, j'aime bien être embarqué
21:56longuement dans une aventure.
21:58Donc voilà, j'ai envie de privilégier
22:00une forme de liberté de choix.
22:02C'est ce que j'allais dire, c'est ça.
22:04La liberté, ça vous caractérise bien, effectivement.
22:06Faire vos choix, à votre rythme.
22:08Et en même temps, vous savez, un jour,
22:10il y a un très grand metteur en scène, Jacques Lassalle,
22:12qui m'a dit,
22:14parce que je lui dis,
22:16Jacques, j'arrête, parce que j'ai été directeur de théâtre
22:18de Nice et de Lyon,
22:20et je lui dis, Jacques, j'arrête.
22:22J'arrête de diriger
22:24les théâtres, je veux reprendre ma liberté.
22:26Et il a eu ce mot sublime,
22:28il m'a dit, oui, mais laquelle ?
22:30J'ai trouvé ça merveilleux.
22:32Alors là, nous arrivons vraiment...
22:34Tout en parlant, on arrive.
22:36C'est magnifique.
22:38Qu'est-ce que c'est beau.
22:40C'est le vrai, vrai port de travail,
22:42là, ici, c'est pas du tout...
22:44Là, ça rigole plus, là, Jacques.
22:46Ah oui, là, ça rigole plus, là, c'est pas...
22:48Au lieu des belles criées de France.
22:58Et bien là, on a rendez-vous avec un autre Philippe,
23:00qui fait partie de cette grande famille
23:02des travailleurs de la mer.
23:04Ah, très bien, ça, c'est formidable.
23:28Bonjour, Philippe.
23:30Bonjour.
23:32Vous allez bien ? Je vais vous faire la bise.
23:34Bonjour, ça va ?
23:36On est ravis d'être là,
23:38d'assister à la criée, c'est l'arrivée des chaletiers.
23:40Voilà. Là, les bateaux qu'on voit,
23:42c'est des tonniers qui sont partis
23:4414 jours en mer pour pêcher du thon germand.
23:4614 jours, d'accord.
23:48Ils vont le chercher à combien de kilomètres ?
23:50Ils vont le chercher là où il est.
23:52Des fois, c'est à 400 km, des fois, c'est à 200 km.
23:54Comment tu sais qu'ils sont loin ou pas loin, le thon ?
23:56Je regarde déjà en voyant où est-ce que les Espagnols le pêchent.
23:58C'est bien, ça.
24:00Et après, en fait,
24:02ça remonte au fur et à mesure de l'arc Atlantique.
24:04On démarre vers Saint-Jean-de-Luz,
24:06et après, on remonte tout le long pour monter jusqu'à Norwest-Irlande.
24:08Et donc, là, ils vont repartir dans combien de temps ?
24:10Ils sont arrivés de... Dans 3 jours.
24:12Dans 3 jours, ils repartent en mer ?
24:14Oui, on décharge, on refait le plein de gasoil,
24:16on fait les vivres, on nettoie, ils repartent avec la même équipe.
24:18Voilà.
24:20C'est Jacques qui voulait mettre en avant
24:22ces travailleurs de la mer. Je comprends pourquoi.
24:24Je trouve ça magnifique, parce qu'on oublie trop
24:26qu'on doit énormément à tous ces gens-là.
24:28Ça fait partie de notre vie, quoi.
24:30Quand on bouffe, c'est des heures et des heures de boulot,
24:32mais de vrai travail.
24:34En plus, c'est difficile. Si la mer est forte,
24:36si j'ai bien compris, il faut quand même y aller.
24:38La mer, forte ou pas forte, il faut y aller.
24:40Et là, c'est pas marrant.
24:42Quand c'est de la mer très, très forte...
24:44Tempête en sortant, ton chien en rentrant.
24:46Tempête en sortant, ton chien en rentrant.
24:50Mais vous, Philippe, vous étiez marin-pêcheur ?
24:52Non, mon père avait un bateau,
24:54il était armateur à Seine-Marine.
24:56Moi, toutes mes vacances,
24:58dès que j'étais libre, je naviguais dessus.
25:00Après, tous mes copains sont pêcheurs à Seine-Marine,
25:02entre autres, ou ici.
25:04Voilà.
25:06Là, il y a un bateau qui arrive droit sur nous.
25:08Je ne sais pas ce qu'il a à bord.
25:10C'est le Bérenice. C'est un des premiers côtiers qui rentre.
25:12Bérenice, tiens.
25:14C'est le premier de quatre.
25:16Il rentre avec ses langoustines.
25:18Expliquez-nous un peu ce qui se passe.
25:20Là, c'est une équipe de jeunes.
25:22Oui. Sur le quai, il y a les anciens.
25:24Les moussanodes, c'est les anciens pêcheurs.
25:26Eux, en fait, vont débarquer le poisson,
25:28le donner aux anciens,
25:30qui, eux, vont rentrer dans la criée pour la vente.
25:32Et en échange de ce service, on a ce qu'on appelle la godaille.
25:34C'est un sac de langoustines dans un sac de poissons.
25:36Ou alors, on les piraille avec la monnaie locale, le black.
25:38On peut regarder depuis quoi ?
25:40C'est appelé le dollar bigoudin.
25:42Bonjour, messieurs.
25:44Bonjour, madame.
25:46Donc, finalement, marin un jour, marin toujours.
25:48Il y a des langoustines.
25:50Là, il y a des nouvelles caisses qui arrivent.
25:52Là, c'est quoi ? C'est de la sèche ?
25:54Là, il y a de la sèche et de l'encornet.
25:56L'encornet, c'est rare.
25:58Ah, du poulpe.
26:06Philippe, le bateau est vidé, là ?
26:08Ça y est, c'est fini.
26:10Il va partir se mettre à son mouillage.
26:12Donc, si vous voulez, on va aller voir à l'intérieur
26:14comment se passe la vente.
26:16Donc, là, il y a 2 ventes actuellement en cours.
26:18Les 2 chariots, là.
26:22Ah, c'est ça, le cadran ?
26:24Voilà, c'est ça.
26:26Moi, je n'ai jamais vu ça.
26:28C'est une première pour moi, la vente au cadran.
26:30Alors, expliquez-nous, Philippe,
26:32comment ça se passe ?
26:34Nous, c'est des enchères descendantes,
26:36les prix descendent par 4 centimes d'euros.
26:38Dès qu'un acheteur est intéressé,
26:40il appuie sur le bouton,
26:42et le prix descend.
26:44Dès qu'un acheteur est intéressé,
26:46il appuie sur son bip.
26:48C'est à l'œil qu'il voit la qualité ?
26:50Voilà, c'est leur métier.
26:52Ils connaissent les bateaux,
26:54ils connaissent comment c'est trié, etc.
26:58Là, maintenant, c'est de la sol, taille 20.
27:00Vous voyez, les prix sont déjà beaucoup plus élevés.
27:02Ça démarre à 22 euros, ça descend, là, maintenant.
27:04On est à 21,60, 21,50.
27:06Personne n'en veut.
27:10Voilà, c'est bon.
27:14C'est bon.
27:24Bon, Jacques,
27:26on est venus travailler sur la criée,
27:28donc on va aider à décharger, là.
27:30Bonjour, messieurs.
27:32Je te le mets où ?
27:36Allez, au boulot.
27:40T'as vu ça ? J'ai le coup de main.
27:42C'est vrai que vous avez fait ça toute votre vie, c'est pas possible.
27:44Oui, oui, oui.
27:46T'en suis ?
27:48Jacques les met bien, il alterne les couleurs.
27:50Moi, je fais à quart d'heure.
27:54Voilà.
27:56T'as vu ça ? Moi, tout seul.
27:58Bravo.
28:00Maintenant, il y a tout le poisson, encore.
28:02Il y a le poisson.
28:04C'est pas fini.
28:06C'est bon ?
28:10Bon, Jacques et Nathalie, vous avez bien travaillé,
28:12et donc vous allez pouvoir embarquer un petit peu
28:14sur la Vallée Néolle avec Eric,
28:16qui va vous recevoir à bord.
28:18C'est le cadeau, et après, on aura une petite dégustation,
28:20si vous êtes sages, pendant la traversée.
28:22Voilà, parfait.
28:26Comme ça.
28:28Ça va ?
28:30Non, merci, Jacques.
28:32Bonjour, messieurs.
28:34Ça va bien ?
28:36Bon voyage.
28:38Salut.
28:40Philippe, encore un grand merci.
28:42Merci pour tout.
28:44Qu'est-ce qu'il y a ?
28:46Qu'est-ce qu'il y a, Philippe ?
28:48C'est de la récompense,
28:50un petit tour en bateau.
29:00Qu'est-ce que je vois arriver ?
29:02Voilà, la récompense de la journée.
29:04C'est génial, merci.
29:06Ça, c'est génial.
29:08Vous avez vu, Jacques, il en prend une moche pour l'assiette.
29:10Moi aussi.
29:12On peut jeter, c'est vrai ?
29:20Franchement, c'est trop bon.
29:22Ça, c'est une belle récompense.
29:24Regarde comment je fais, moi.
29:26Je bouffe trop.
29:28Non.
29:30C'est vrai ?
29:32On peut faire comme ça, Éric ?
29:34Oui, on doit pouvoir le faire,
29:36mais je ne le fais pas non plus.
29:38Mais c'est plein de calcium.
29:40Celui qui a la possibilité de le faire,
29:42pour les os, c'est certainement bon.
29:44Moi, j'enlève délicatement.
29:46Je vous remercie.
29:48Parce qu'on a vraiment eu une grande chance
29:50entre la découverte de la criée avec Philippe,
29:52cette récompense de l'angoustine.
29:54Au moins, je lui ferai bon travail.
29:56Là, on est au paradis.
29:58C'est trop bien.
30:06Quels régalent ces langoustines
30:08tout juste pêchées ?
30:10Après avoir partagé ce moment
30:12avec des hommes de la mer,
30:14nous allons rencontrer une femme.
30:16Elle est marin-pêcheur et algocultrice.
30:18Elle nous attend près du port de Saint-Guignolet.
30:22Mais la gueule des vieux,
30:24qui ne veulent plus, qui ne veulent pas aller en retraite.
30:26C'est magnifique.
30:28J'adore.
30:30On était dans un endroit transgénérationnel.
30:32C'est superbe.
30:34Ce que j'ai vu
30:36qui m'a le plus touché,
30:38c'est
30:40la gentillesse énorme,
30:42la façon de nous recevoir
30:44avec fierté de leur boulot,
30:46et la gentillesse énorme des gens
30:48qui viennent de se taper
30:5012 heures de boulot.
30:52C'est pas des boulots faciles.
30:54On a l'air des touristes
30:56qui viennent faire des selfies
30:58avec le bon travailleur.
31:00C'est pas du tout.
31:02Ils étaient très heureux
31:04qu'on vienne
31:06dire qu'on s'intéresse à eux.
31:08Tout simplement.
31:12Pour en venir
31:14à la gastronomie,
31:16ça m'étonne pas que vous ayez aimé
31:18cette ambiance de criée.
31:20Vous êtes un épicurien, Jacques.
31:22Vous aimez dire,
31:24j'ai lu ça, je ne sais où,
31:26j'aime le mot, on va bouffer.
31:28Vous dites que bouffer, c'est rond comme une bonne cassolette.
31:30Oui, mais c'est vrai,
31:32bouffer, c'est quand vous voyez un type
31:34qui connaît, mais
31:36d'une façon vertigineuse,
31:38la bouffe, mais la bonne bouffe,
31:40et les bons vins, comme Gérard Depardieu,
31:42quand il vous dit
31:44qu'on va se faire une chiffonade
31:46de jambon,
31:48je reviens de nous une chiffonade,
31:50et j'ai pas le temps de faire ouf.
31:52Son énorme pogne
31:54qui avait déjà bouffé toute l'assiette.
31:56Mais c'est magnifique, ce sont des gestes magnifiques.
31:58Ce sont des gestes sensuels.
32:00On a besoin d'ogres
32:02et de biches.
32:04Non, mais c'est vrai.
32:06C'est ça le monde, c'est ça qui est très très beau.
32:08C'est marrant que vous parliez
32:10de Depardieu, parce que je trouve que vous avez quand même
32:12beaucoup de points communs, notamment
32:14dans les rôles que vous avez joués,
32:16entre Cyrano, entre
32:18le Comte de Montecristo.
32:20En tout cas, ce que je sais, c'est que
32:22c'est sans aucun doute
32:24l'un des plus,
32:26le plus grand acteur
32:28de sa...
32:32de notre siècle,
32:34peut-être même du siècle dernier.
32:36C'est un vrai génie, c'est une sorte de Michel-Ange
32:38de notre métier, c'est évident.
32:40J'ai pour lui une admiration sans borne.
32:42C'est un bonheur pour moi de devoir
32:44jouer ou de travailler avec lui
32:46ou de l'entendre même
32:48parler, parce que c'est un homme
32:50de très grande culture.
32:52Et voilà,
32:54il a sa façon à lui de
32:56voir, d'entendre et d'écouter les choses.
32:58Est-ce qu'il y a d'autres acteurs comme ça
33:00qui vous ont marqué ou des réalisateurs ?
33:02Vraiment marqué ?
33:04J'ai lu que Pierre Brasseur
33:06avait été vraiment un déclencheur.
33:08C'était un peu dans le même genre.
33:10Pierre Brasseur, ça a été mon papa de théâtre.
33:12C'est avec lui que j'avais 16 ans.
33:14Et il m'a fait découvrir la nuit.
33:16Parce que les nuits à l'époque,
33:18c'était deux cabarets,
33:20c'était un restaurant, deux cabarets,
33:22ensuite à 4 heures du matin,
33:24la soupe à l'oignon, la cloche d'or.
33:26C'était complètement fou.
33:28Mais j'ai eu des rencontres,
33:30j'ai passé une nuit avec Pierre Brasseur et Michel Simon.
33:32On s'en souvient toute sa vie.
33:34L'un mesurait 2 mètres
33:36et l'autre 1m90 quand même.
33:38C'était des espèces de monuments,
33:40de coups de tonnerre permanents.
33:42Il y a eu des grandes rencontres.
33:44J'ai eu la chance
33:46de tourner
33:48d'être le beau-père,
33:50le gendre de Simone Signoret.
33:52Et celle qui nous mettait en scène,
33:54c'était Jeanne Moreau.
33:56Tu te souviens de ça toute ta vie.
33:58Jeanne Moreau et Signoret, qu'est-ce que tu veux faire ?
34:00Il y a trois femmes qui ont dominé
34:02complètement le cinéma français.
34:04On en déplaise à toutes les autres que j'admire.
34:06C'est Signoret, Moreau et Romy Schneider.
34:08On approche de Saint-Ghenouli, Jacques.
34:10C'est là où je suis censée vous emmener
34:12parce que j'ai une petite surprise
34:14qui vous attend sur place.
34:16Mais j'ai fait un petit détour
34:18parce qu'on n'est pas très loin de Kériti.
34:20Et je sais qu'à Kériti,
34:22il y a un endroit que vous aimez
34:24partout d'Iran.
34:26Je connais.
34:28C'est un bistrot-restaurant.
34:30Il y a des gueules
34:32soit de vieux retraités, soit de pêcheurs.
34:34C'est extraordinaire.
34:36C'est la Bretagne dans toute sa splendeur.
34:46Regarde ça.
34:48La plénitude totale.
34:50Bonjour.
34:52Bonjour.
34:54Comment ça va ?
34:56Ça va bien.
34:58On fait la bise.
35:00Ça va bien ?
35:02Oui, ça va.
35:04C'est un lieu incontournable ici,
35:06à Kériti.
35:08C'est un bistrot qui a une belle histoire.
35:10C'est un bistrot
35:12qui a une belle histoire.
35:14C'est un bistrot
35:16qui a une belle histoire.
35:18C'est un bistrot
35:20qui date de 1900.
35:22C'est le bistrot de mon arrière-grand-mère.
35:24Ça se transmet
35:26de mère en fille ?
35:28Oui, c'est toujours les femmes
35:30qui tiennent les bistrots.
35:32C'est vrai ?
35:34C'est toujours les femmes.
35:36Les maris sont en mer.
35:38L'homme est en mer.
35:40Ils étaient partis rejoindre le général de Gaulle.
35:42C'est les femmes qui tenaient la maison.
35:44Exactement.
35:46C'est le bistrot de mon arrière-grand-mère.
35:48Après, il y a eu ma grand-mère.
35:50Il y a ma mère, Emma,
35:52qui s'occupe du bar et moi qui m'occupe du restaurant.
35:54Elle a quel âge, votre maman ?
35:56Elle aura 87 à la fin de l'année.
36:00C'est toujours aussi important, les bistrots,
36:02dans les villages ?
36:04Oui, mais il y en a de moins en moins.
36:06Le vrai bistrot, il y en a de moins en moins.
36:08Le vrai tout simple,
36:10où les gens se mélangent.
36:12Vous aimez bien les bistrots ?
36:14C'est là où tu peux parler.
36:16Au bar, tu parles de tout.
36:18Tu rencontres des gens incroyables pour des histoires incroyables.
36:20Un jour, j'ai vu un mec
36:22qui était à un bar et au jukebox,
36:24il remettait le Madeleine.
36:26Tu sais, la chanson de Jacques Vrel.
36:28Il l'a remis 20 fois.
36:30Il chantait ce soir.
36:34Un mec malheureux comme les pierres.
36:36C'est magnifique.
36:38Toute la vie est là.
36:40Jacques, vous aimez tellement les bistrots
36:42que vous avez même emmené le théâtre au bistrot.
36:44Avec Hugo Bistrot.
36:46Je trouve que c'est un lieu
36:48où tu peux désacraliser
36:50des textes qui font peur.
36:52Partout, je l'ai fait.
36:54Ça, tu comprends, c'est le vrai billet.
36:56Ça, tu trouves plus sympa.
36:58Regarde, tu demandes
37:00une rondelle de saucisson.
37:02Regarde, on t'amène le saucisson.
37:04C'est génial.
37:08Vous avez vraiment le sentiment
37:10que ça apportait quelque chose
37:12de jouer vos pièces,
37:14de lire des textes de Victor Hugo
37:16dans un bistrot.
37:18Pour moi, ça m'a fait un bien fou
37:20d'être dans un lieu
37:22où il n'y a plus du tout
37:24d'ostentation de qui que ce soit.
37:26Et en même temps, je crois
37:28que pour beaucoup de personnes,
37:30c'était formidable.
37:32Ils étaient bouleversés
37:34parce qu'ils avaient une proximité
37:36avec l'émotion d'un texte,
37:38un texte rare.
37:40Et je vois des gars,
37:42je ne connaissais pas l'alcool
37:44qui gueule contre la misère.
37:46C'était Victor Hugo.
37:48Le gars, il envoie.
37:50Ça, c'est génial.
37:52Je vois qu'il vous reste beaucoup
37:54de saucissons, mais on a de la route.
37:56C'était une petite halte.
37:58On n'avait pas prévu de s'arrêter là.
38:00Je vous rappelle qu'on va à Guénolé.
38:02On va à Guénolé, on y va.
38:04Merci beaucoup.
38:06Et puis au mois de septembre.
38:08Merci beaucoup.
38:10Merci aussi.
38:12Bravo.
38:14Au revoir.
38:20Allez, on y va.
38:22Direction Saint-Guénolé.
38:28Que des femmes qui tiennent le bistrot.
38:30Que des nanas qui travaillent.
38:32Oui, parce que l'homme est en mer,
38:34et il y a des nanas qui tiennent la terre.
38:36C'est joli, ça.
38:38Dis donc, c'est sens interdit, ici.
38:40Je suis un peu coincée, là.
38:42Est-ce que je peux aller par là
38:44pour éviter un autre sens interdit ?
38:46Comme si j'étais dans le bon sens.
38:48Regarde, ça, c'est beau.
38:50C'est une jolie rue.
38:52C'est une rue assez étroite.
38:54Oui, pour couper le vent.
38:56Il faudrait que j'aille par là.
38:58Qu'est-ce que c'est étroit.
39:00C'est de la folie.
39:02Est-ce que je passe, là, avec le van ?
39:04Euh...
39:06Si, si, si...
39:08C'est pas de notre faute.
39:12Mais c'est galère, il y a plein de sens interdits.
39:14On peut même plus sortir.
39:16Je vais à Saint-Guénolé.
39:18Et comment je fais demi-tour ?
39:20Je peux pas reculer.
39:24Je vous laisse le volant ?
39:26Allez.
39:28On va essayer.
39:30Là, on a de la marge.
39:32On a de la marge, on a de la marge.
39:38Nickel.
39:40Voilà.
39:42C'est gentil.
39:44Super.
39:46Merci beaucoup.
39:48C'est vraiment gentil.
39:50Vous avez rien fait de...
39:52C'est nickel.
39:54Merci beaucoup.
39:56Merci.
40:00Quelle aventure.
40:04Elle est adorable.
40:08On n'est plus très loin de Saint-Guénolé.
40:10Alors là, vous allez rencontrer
40:12une femme incroyable.
40:14Mara-pêcheur, pêcheuse.
40:16Pêcheuse.
40:18Spécialisée dans les algues.
40:20Algo-cultrice.
40:22Ça, ça m'intéresse beaucoup.
40:24En plus, elle a un nom assez étonnant.
40:26Elle s'appelle Scarlett.
40:28Génial.
40:30On va la retrouver sur la grève.
40:32Très bien.
40:34À ce temps-là, elle doit être en train
40:36de pêcher les algues.
40:40La mer est là.
40:42J'ai accaluté tant les bras.
40:46Là, on est en pleine marée basse.
40:48C'est très beau.
40:50C'est trop beau.
40:54Musique douce
40:56...
40:58...
41:00...
41:02...
41:04...
41:06...
41:08...
41:10Scarlett est au travail.
41:12Bonjour, Scarlett.
41:14Bonjour.
41:16On va aller ensemble.
41:18Je suis ravi de vous rencontrer.
41:20Moi aussi.
41:22On va vous rejoindre sur votre spot.
41:24Vous êtes en train de travailler.
41:26On peut marcher sur la...
41:28Les algues ne risquent pas grand-chose.
41:30Elles vont être après lavées,
41:32nettoyées, triées.
41:34Même que je fais un premier tri sur le rocher,
41:36il y a d'autres tris qui vont être faits
41:38par la suite.
41:40Cette algue, elle me sert à faire...
41:42On va soit la sécher pour la mettre en poudre
41:44et après l'utiliser dans les aliments,
41:46dans les corbouillons
41:48ou alors en infusion.
41:50Combien il y a de sortes d'algues ?
41:52Dans celle-là, il n'y a que du fucus.
41:54Et là, c'est de l'enteromorpha.
41:56Celle-là.
41:58L'algue verte, c'est l'enteromorpha.
42:00C'est la mauvaise ?
42:02L'algue verte, c'est autre chose.
42:04L'algue verte, c'est un phénomène naturel
42:06de notre planète.
42:08Ça, c'est l'algue verte.
42:10C'est cette algue verte qu'on parle.
42:12Quand elle est dans la mer,
42:14quand elle est fixée au rocher,
42:16parce que toutes les algues ont un pied,
42:18il n'est plus fixé au rocher,
42:20il est là, mais il n'est pas mort.
42:22Contrairement à toutes les autres algues,
42:24quand elles vont se détacher du rocher,
42:26elles sont mortes.
42:28Pas celle-là.
42:30Pendant 5 semaines,
42:32elle va continuer de grandir.
42:34Et ce petit morceau d'algue
42:36peut faire 2 m2 de surface en 5 semaines.
42:38Au bout de 5 semaines,
42:40quand il est mort,
42:42il va s'échouer sur la plage.
42:44C'est un phénomène tout à fait naturel
42:46à nos heures de soleil plus importantes
42:48que ceux qu'on avait aussi avant.
42:50Mais en même temps, l'algue a un rôle
42:52dans la nature qui n'est pas négligeable.
42:54C'est les macro-algues qui ramassent
42:56notre pollution et la transforment en bon.
42:58C'est vrai que je ne vous l'ai pas dit,
43:00mais vous êtes pêcheuse à l'origine,
43:02mais vous êtes surtout algocultrice.
43:04Vous maîtrisez parfaitement le sujet des algues.
43:06C'est une passion.
43:08Ça fait combien d'années que vous travaillez sur ces algues ?
43:10Plus de 60 ans.
43:12Mes parents étaient guémonis avant moi.
43:14Guémonis, c'est le métier des gens
43:16qui ramassaient les algues.
43:18Le nom générique des algues, c'est guémonis.
43:20Ici, sur le port de Saint-Guénolé,
43:22vous avez 2 guémonis en activité
43:24qui font le même métier que mes parents
43:26pour l'industrie.
43:28Il faut savoir que vous consommez 1,5 kg d'algues
43:30par personne et par an en France et en Europe
43:32à travers votre alimentation
43:34qui sont des algues,
43:36entre les alginates et les carégananes.
43:38Il y a combien de variétés d'algues ?
43:40Ici, en Finistère Sud,
43:42il y a 3 espèces de macro-algues
43:44de répertoriées, celles que l'on voit à l'oeil nu.
43:46Dans le nord Finistère, il y en a 850
43:48et dans le monde, il y en a 23 000.
43:50Elle est impressionnante, hein ?
43:52Scarlette !
43:54Ça va vous faire plaisir car Scarlette ne fait pas que ramasser les algues.
43:56Elle est cuisine.
43:58On peut les déguster avec vous.
44:00Tout à fait.
44:02Là, on va déguster.
44:04C'est la grande surprise de la matinée.
44:06On vous suit ?
44:08Allez, venez.
44:12Musique douce
44:14...
44:16...
44:18...
44:20...
44:22...
44:24...
44:26A table.
44:28C'est là le petit miracle.
44:30Vous avez tout préparé, Scarlette ?
44:32Ah bah oui.
44:34Alors ça, c'est quoi ?
44:36Deux macros à la wakame.
44:38Elles sont bonnes.
44:40Ça, c'est mon petit déjeuner le matin.
44:42Vachement bon.
44:44Vachement bon.
44:46...
44:48...
44:50En tout cas, je vois que Jacques se régale.
44:52Des canals d'eau tournés.
44:54Tiens, on va mettre du pain.
44:56C'est bon, ça.
44:58Je vais prendre un peu d'où il y a 200 grammes.
45:00Vas-y.
45:02On aura fait le plein de vitamines avec vous, Scarlette.
45:04On a encore un petit peu de roux.
45:06On va jusqu'à la pointe de la torche.
45:08Je suis née à la torche.
45:10On penserait bien à vous, dès qu'on sera à la pointe de la torche.
45:12Merci beaucoup, en tout cas, Scarlette.
45:14Merci, STG.
45:16Impressionnant.
45:18...
45:20...
45:22La passion de Scarlette est communicative.
45:24Elle a réussi à convertir Jacques,
45:26notre épicurien,
45:28aux algues alimentaires.
45:30Et nous voilà en direction de notre dernière halte,
45:32la fameuse pointe de la torche,
45:34chère à mon invité.
45:36Alors, Jacques ?
45:38Oui, dites-moi tout.
45:40Ça vous a fait du bien, ce plein d'iodes ?
45:42Ah, ben, magnifique.
45:44Non, non,
45:46mais ce qui est magnifique, c'est la rencontre des gens
45:48et dans des lieux comme ça,
45:50qu'on a fait le mélange.
45:52C'était passionnant sur les algues.
45:54C'était quelque chose d'incroyable.
45:56Et puis, l'énergie qu'elle développe,
45:58on va se dire, merde, il faut que je bouffe des algues
46:00pour être comme elle.
46:02C'est clair.
46:04Vous avez été séduit par Scarlette.
46:06Elle est comme vous,
46:08elle est animée par ce qu'elle fait.
46:10C'est une femme passionnée,
46:12qui est engagée.
46:14Totalement passionnée.
46:16Et vous, vous êtes aussi connu pour être un homme
46:18qui n'a pas la langue
46:20dans sa poche,
46:22qui aime bien affirmer les choses,
46:24qui n'a pas peur de dire les choses.
46:26Parfois, je reconnais que je dis des conneries.
46:28Pourquoi je regrette ?
46:30Je dis que l'incertitude,
46:32c'est souvent la sottise, le début de la sottise.
46:34Il faut faire très très gaffe.
46:36Moi, il m'est arrivé d'être un petit peu affirmatif.
46:38Et puis, je me suis gouré.
46:40Mais ça fait partie aussi de mon âge.
46:42Ça ne veut pas dire maintenant
46:44que je suis un vieux pot qui n'a plus envie
46:46de rien dire et qui se dit,
46:48je vais regarder les marguerites
46:50et regarder le ciel en attendant de ne pas le rejoindre
46:52trop tôt.
46:54Mais ce qui est vrai,
46:56c'est qu'il y a quand même
46:58un apaisement
47:00et une révolte
47:02plus modérée.
47:06Ça vous inquiète,
47:08le temps qui passe ?
47:10C'est quelque chose
47:12qui vous stresse ou pas du tout ?
47:14Me stresser, non.
47:16Parce que c'est inéluctable.
47:18Tout simplement, c'est jamais agréable
47:20pour une simple et unique raison.
47:22Tout le monde constate qu'on garde
47:24un peu la borboteuse dans la tête.
47:26On garde quand même des rêves d'enfant.
47:28Parfois très enfantin.
47:30Par contre, le corps, il fatigue.
47:32Il prend des coups dans la tête.
47:34Mais sinon, j'aime bien cet âge-là
47:36où, justement,
47:38on saisit les choses.
47:40Je sais que je saisis mieux les choses importantes.
47:44Maintenant, je n'hésite pas
47:46à dire aux gens que je les aime.
47:48Tout en parlant,
47:50Jacques, on est arrivé
47:52à la pointe de la torche.
47:58Alors, tu vois,
48:00là, c'est une merveille.
48:02Même s'il y a du monde,
48:04ce sont des petites taches de couleurs.
48:06C'est formidable.
48:16Ce qui est vrai,
48:18c'est qu'il vaut mieux la voir
48:20marée basse.
48:22Là, elle est à moitié.
48:24Elle n'est pas très haute.
48:26Quand elle est basse,
48:28elle va, mais...
48:30Tu es sur la planète Mars.
48:32Il y a une lézère brume.
48:34À un moment, tu ne vois plus rien.
48:36Et tu te dis que tu es sur Mars.
48:38C'est un désert.
48:40C'est un désert gris-argent.
48:46Là, si tu marches un peu,
48:48elle est chaude.
48:50Elle est un peu fraîche, Jacques.
48:52Elle est chaude, là.
48:54Regarde, là, ça masse tes petits pieds.
48:56C'est vrai que ça fait du bien.
48:58Oui, c'est génial.
49:00Ça fait combien d'années que vous venez ici,
49:02à la Pointe de la Torche ?
49:04Là, ça fait...
49:0680...
49:08Ça fait 30 ans, peu près.
49:10Une trentaine d'années ?
49:1230 ans, oui.
49:14Là, j'ai conçu des spectacles.
49:16J'ai emmené mes décorateurs.
49:18Ici ?
49:20Oui, pour avoir des idées
49:22pour parler d'un spectacle.
49:24Il y avait des... Je ne sais pas.
49:26C'est un univers tellement épuré,
49:28sauvage.
49:30Encore une fois, le soir, il n'y a personne.
49:32Je ne sais pas.
49:34C'est très inspirant.
49:36Pour moi, c'est très inspirant.
49:40Pour moi, c'est le bonheur total.
49:42Ça se valait ?
49:44C'est vrai.
49:46Là encore, il y a du monde.
49:48Voilà.
49:50Tu ne bouges plus et tu causes.
49:58Ce qui, moi, me...
50:00me plaît particulièrement,
50:02c'est ce côté...
50:04On dirait une peinture abstraite.
50:06C'est d'une beauté saisissante.
50:08C'est vraiment toute la sauvagerie
50:10du grand large
50:12qui débarque sur 33 kilomètres.
50:14Ça m'émeut totalement.
50:16Je trouve que la Bretagne,
50:18elle correspond à ce que vous êtes.
50:20Il y a ce côté imprévisible,
50:22ce côté force de la nature,
50:24ce côté sauvage.
50:26C'est vrai ?
50:28Je ne sais pas, mais...
50:30En tout cas, je m'y sens bien.
50:32Tu sais qu'on dit souvent...
50:34On arrive sur une terre et on se dit
50:36qu'il y a un truc avec cette terre.
50:38J'ai dû avoir des ancêtres.
50:40C'est vrai qu'ici, je me sens très bien.
50:42Même si ça se ressent physiologiquement.
50:44Je reste 2-3 jours ici,
50:46je vais tout de suite mieux à tous les niveaux.
50:48Donc je crois qu'il y a...
50:50Je ne sais pas quoi, il y a des gènes.
50:52Elle est belle, votre Bretagne.
50:54Oui, vraiment.
50:56Tu as vu les gens qu'on a rencontrés,
50:58la gentillesse,
51:00la générosité immédiate,
51:02malgré... C'est tous des vigoureux.
51:04Ça bosse, ça bosse, ça bosse vraiment.
51:08En tout cas, c'était un plaisir de faire cette route avec vous.
51:10Je vous remercie.
51:12En plus, on a eu le soleil.
51:14Ton sourire.
51:16Votre générosité.
51:18Les langoustines.
51:20Les algues.
51:22Je vais faire une salade d'algues
51:24avec la rillette de sardines.
51:26Et vous finirez par un bon saucisson au bistrot.
51:28Ça, il ne faut pas le dire.
51:30Merci beaucoup.
51:32C'était un plaisir.
51:34Je reprends la route.
51:36J'espère à très bientôt.
51:38Je vous laisse face à votre pointe de la torche.
51:40Au revoir Jacques.
51:42Merci encore.
51:48Jacques préfère se baigner tôt le matin
51:50quand la plage est encore déserte,
51:52mais je le vois mal résister longtemps
51:54à l'appel de la mer.
51:56Grâce à lui,
51:58j'ai pu découvrir une Bretagne hors des sentiers battus
52:00avec ses hommes et aussi ses femmes de la mer
52:02comme Scarlette, notre passionnée d'algues,
52:04ou Annie,
52:06qui nous a si bien reçues dans son bistrot.
52:08Le pays bigoudin,
52:10c'est aussi ce petit port de Sainte-Marine
52:12où l'a criée du Kilvinaig.
52:14Après les avoir visités,
52:16on n'a qu'une envie, y retourner.
52:18Mais je dois prendre le large,
52:20une autre destination m'attend.
52:22Je vous retrouve très bientôt
52:24sur une nouvelle route mythique de France.
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