Anne Fulda reçoit Stéphane Juvigny pour son livre «Esthétique de la trahison» dans #HDLivres
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00:00 Bienvenue à l'Heure des livres, Stéphane Juviny.
00:02 Merci Anne Filda pour votre invitation.
00:04 Vous avez travaillé pendant de nombreuses années dans ce qu'on appelle
00:08 des cabinets ministériels, dans différents ministères.
00:11 Et vous êtes désormais conseiller, conseiller de chef d'entreprise,
00:16 d'élu aussi, à titre bénévole.
00:18 Et vous venez de publier un premier roman, "Esthétique de la trahison",
00:22 et c'est publié chez Fayard.
00:24 Alors c'est un très joli titre, "Esthétique de la trahison",
00:27 qui ne va pas réconcilier tous ceux qui pensent que...
00:30 Ceux qui se détournent aujourd'hui de la politique et l'accusent des pires mots,
00:36 puisque bon, il y a des trahisons, des combats, des coups de poignard.
00:40 Est-ce que ça va obligatoirement ensemble, la trahison et la politique ?
00:46 Oui, c'est évident. C'est évident dans l'histoire.
00:48 L'histoire politique est faite de trahisons, plus ou moins bien réussis.
00:51 Il y a des manigances, il y a des complots.
00:54 On attaque beaucoup le complotisme,
00:55 mais en politique, le complot, ça existe.
00:58 Donc "Esthétique de la trahison", c'est l'idée de dire
01:00 qu'il peut y avoir une certaine beauté dans la trahison,
01:04 mais sans aucune connotation morale.
01:07 Mais c'est plutôt au lecteur, puisque c'est un roman,
01:09 c'est le lecteur qui le dira si tel personnage a trahi.
01:12 Alors c'est un roman, comme vous le précisez,
01:14 mais qui est tout de même alimenté, nourri par votre connaissance
01:17 des arcanes du monde politique.
01:19 Par les lieux que j'ai beaucoup menté, fréquenté.
01:21 Il y a tous les lieux du pouvoir.
01:22 Les lieux et les personnalités aussi.
01:25 Vous montrez d'ailleurs, ça fait partie,
01:28 comment un grain de sable peut finalement gripper
01:32 une machine qui paraissait parfaitement huilée.
01:34 C'est vrai qu'on dit très souvent avant une présidentielle,
01:37 "Bon, c'est lui, c'est fait, c'est écrit."
01:39 Mais en vérité, ce que montre votre roman, c'est jamais fait.
01:44 En vérité, oui.
01:45 Ici, c'est un accident de vélo dans un abouté à Parisien.
01:47 Derrière, il y a des affaires, des choses que les Français connaissent.
01:51 Il y a un enchaînement d'événements.
01:53 Mais il y a aussi un enchaînement de micro-événements
01:55 qui font que les choses ne se passent pas comme on se l'attendait.
01:58 C'est-à-dire qu'on ne peut pas calculer
02:00 comment va exactement se passer une élection présidentielle.
02:03 Oui, l'accident de vélo, c'est assez cocasse.
02:05 C'est celui de la première adjointe à la mairie de Paris,
02:10 qui est en charge de la circulation, qui est renversée, qui meurt.
02:15 Et effectivement, à partir de là, il y a tout un enchaînement
02:18 d'événements qui vont changer la donne.
02:21 Alors vous croquez des personnages dont certains ont, on croit,
02:25 à reconnaître certains traits.
02:26 Enfin, il y a des...
02:27 Ça, c'est le journaliste politique qui peut les reconnaître.
02:29 Je crois que le lecteur verra des archétypes.
02:32 Vous avez l'archétype du préfet,
02:33 vous avez l'archétype du ministre, du conseiller.
02:36 Puis vous avez aussi les électeurs qui interviennent,
02:37 qui viennent aussi brouiller le jeu.
02:40 Il y a la candidate de droite, Nathalie Fabre-Espérance,
02:43 aussi, vous écrivez "manipulatrice et influence impéremptoire
02:47 et opportuniste, attachante et ingrate".
02:49 Je n'ai jamais travaillé avec...
02:51 J'ai une patronne politique qui était très sympathique.
02:55 Il y a la porte-parole Esther Diallo,
02:57 qui pourrait faire penser à d'autres porte-paroles
03:00 qui auraient été en fonction.
03:01 Bon, quelqu'un y trouve ce qu'il veut.
03:03 J'ai travaillé dans un porte-parole-là.
03:05 Donc je décris comment on travaille quand on est
03:08 au porte-parole-là du gouvernement,
03:09 comment on essaie de travailler avec les journalistes,
03:12 comment on travaille les fameux élégements de langage,
03:14 ce genre de choses.
03:15 Donc il y a un côté très réaliste dans ce roman.
03:16 Puis il y a un côté aussi amusant parce que les grains de sable,
03:18 il y a aussi des petits moments un peu délirants,
03:20 comme ils existent dans la vie de chacun.
03:22 Oui, ou des histoires amoureuses.
03:24 Des histoires amoureuses, il y a de la passion amoureuse.
03:25 Il y a de la passion amoureuse.
03:26 Et il y a aussi, vous venez de parler de la presse,
03:29 il y a l'importance qu'a toujours la presse,
03:32 même si...
03:33 Vous évoquez aussi les relations de la presse
03:34 avec le pouvoir judiciaire.
03:36 Évidemment, la presse et le pouvoir politique,
03:38 avec une nouvelle dimension que vous avez connue à l'époque,
03:41 mais qui a pris de l'ampleur, c'est les réseaux sociaux.
03:43 Exactement.
03:44 J'ai vécu...
03:45 J'ai travaillé au début des réseaux sociaux.
03:48 Donc aujourd'hui, le monde est totalement...
03:50 Enfin, le monde politique passe son temps
03:52 à regarder ce qui se passe sur les réseaux sociaux.
03:53 Les journalistes aussi.
03:54 Les journalistes, des fois, se lâchent beaucoup plus
03:57 sur les réseaux sociaux que dans leurs papiers.
03:59 Mais surtout, ce que j'essaie de raconter,
04:01 c'est l'importance des algorithmes dans les réseaux sociaux,
04:05 ce qui fait que chacun, aujourd'hui, vit en silo
04:07 et que les écologistes restent dans leur univers
04:11 et sont confortés dans leurs décisions
04:13 parce qu'ils regardent sur les réseaux sociaux
04:15 ce qu'ils aiment.
04:16 Les gens de droite ne voient que ce qu'ils pensent.
04:18 Et donc, je pense que ça limite le dialogue en politique.
04:21 Et c'est ce que j'essaie de montrer
04:22 et comment ça peut aussi faire dérailler
04:24 une campagne électorale.
04:25 Oui, chacun reste dans son couloir.
04:26 Oui, voilà.
04:27 On vit en silo.
04:29 On vit en silo.
04:30 Alors, à l'arrivée, vous décrivez quand même
04:31 un paysage politique qui est plutôt désenchanté.
04:34 Vous parlez d'une gauche qui avait oublié la laïcité,
04:38 qui est complaisante envers l'islam radical,
04:40 une droite qui a la dérive.
04:41 On n'est pas très loin du...
04:43 On n'est pas loin du tout.
04:44 On n'est pas loin du paysage actuel.
04:46 Alors, question toute bête, c'était mieux avant ?
04:48 Oui, c'était mieux avant.
04:50 Je crois.
04:51 Moi, j'ai commencé quand j'étais jeune en politique
04:53 avec des personnages qui n'étaient pas toujours
04:57 hantés par la médiatisation.
04:58 Je pense qu'il y avait un plus grand souci
05:00 de l'intérêt général.
05:02 Et je pense que la répartition des pouvoirs était équilibrée.
05:04 Aujourd'hui, le pouvoir médiatique a pris une place
05:07 extrêmement importante.
05:08 On pourrait parler sur le fond.
05:10 C'est un travail d'essayiste.
05:11 Ce n'est pas un travail de romancier,
05:13 des contre-pouvoirs.
05:15 Et puis, je crois que les politiques aujourd'hui
05:17 ne peuvent plus travailler.
05:18 Il y a la difficulté des sujets et il y a l'immédiateté
05:23 et le contrôle des juges qui est devenu un peu plus...
05:27 -Contraignant. -Contraignant qu'avant.
05:29 -Contraignant. -Contraignant qu'avant.
05:31 En tout cas, merci beaucoup, Stéphane Givini.
05:32 C'est vraiment un livre qui se lit,
05:34 qu'on connaisse ou pas, la politique,
05:36 qui se lit avec bonheur.
05:37 Ça s'appelle "Esthétique de la trahison".
05:39 Et c'est donc paru chez Fayard.
05:40 C'est moi qui vous remercie beaucoup
05:41 et qui vous remercie de cette émission littéraire
05:44 qui permet aux jeunes auteurs de présenter...
05:46 -Et d'un premier livre. -Merci beaucoup.
05:47 -Merci.
05:49 ...
05:52 [Sous-titres réalisés para la communauté d'Amara.org]