Anne Fulda reçoit Fabrice Midal pour son livre «Tout ce qui nous empêche d’être heureux» dans #HDLivres
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00:00 Bienvenue à L'Heure des livres, Fabrice Midal.
00:02 Alors, vous êtes philosophe, écrivain.
00:04 Vous avez déjà écrit de nombreux livres et là, vous venez de publier
00:07 "Tout ce qui nous empêche d'être heureux et ce qu'il faut savoir pour l'être".
00:11 Et c'est paru chez Flammarion Versilio.
00:13 Alors, vous avez écrit en dédicace pour libérer le bonheur de sa gang de mièvreries.
00:17 Alors, première question, c'est mièvre le bonheur ?
00:20 La manière dont on en parle, oui, parce que c'est quand on parle de bonheur,
00:22 on imagine qu'on est au bord de la piscine, bronzés,
00:26 que les enfants sont sages et font leur devoir avant même qu'on leur ait
00:28 demandé quoi que ce soit, une sorte d'image un peu idyllique.
00:32 Et je voulais essayer de montrer que non, le bonheur, ça n'a rien à voir avec ça.
00:35 Qu'être heureux, c'est plutôt être en mouvement,
00:37 sentir qu'on est en adéquation avec soi-même, qu'on est honnête.
00:42 J'avais envie de changer un peu, de libérer le bonheur de l'OPA
00:47 qu'il y a aujourd'hui sur lui et qui le rend un peu abstrait.
00:52 C'est un truc un peu qui n'a aucun rapport à nos vies.
00:54 Moi, mon père me demandait souvent "Es-tu heureux ?"
00:58 J'allais vous poser la question et c'est une question qui vous désarçonnait.
01:01 Oui, parce que j'avais cette image de quelque chose de parfait.
01:03 Moi, je suis hyper sensible, donc il m'arrive d'être stressé.
01:06 Il m'arrive d'avoir des douleurs comme tout le monde.
01:08 Et donc je me disais "Mais être heureux, qu'est-ce que ça veut dire ?"
01:10 Et à un moment, je me suis dit "Non, mais c'est cette idée fausse du bonheur
01:13 comme perfection et qu'il est temps de montrer, de revenir au pont
01:16 à la grande idée philosophique, que qu'est-ce qui nous rend heureux ?
01:19 Se poser cette question-là, c'est nous mettre déjà en mouvement.
01:23 C'est déjà un acte philosophique.
01:24 C'est dire le matin "Mais qu'est-ce qui me rendrait heureux aujourd'hui ?"
01:28 On est obligé de faire déjà des choix.
01:29 Ah bah oui, peut-être on va se prendre moins de la tête.
01:32 On va peut-être se mettre moins de la pression.
01:34 On va peut-être apprécier mieux ses proches.
01:36 Et donc c'est ce mouvement-là que j'avais envie de rendre,
01:39 qui est donné déjà par le titre.
01:41 Qu'est-ce qui nous empêche d'être heureux ?
01:43 Se poser la question, voilà, ça peut changer la perspective.
01:47 Alors tout ça, ça implique qu'on sache ce que ça veut dire, être heureux.
01:50 Qu'on sache ce qui nous procure du bonheur.
01:52 Oui, soit qu'il faut un tout petit peu s'interroger.
01:55 Qu'est-ce qui nous empêche d'être heureux ?
01:57 Par exemple, voilà, moi je viens faire une émission,
01:59 je pourrais être trop sérieux ou me stresser trop.
02:03 Et donc du coup, je serai plus heureux.
02:05 Donc peut-être qu'il faut que je m'amuse un peu plus
02:07 et que je vienne faire cette émission en m'amusant.
02:09 Ou il fait gris, on sort dehors et au lieu de se dire "Ah là là, il fait froid",
02:14 est-ce qu'on pourrait pas essayer d'apprécier aussi
02:17 même la splendeur de l'hiver ?
02:19 Donc il y a plein de manières de bouger comme ça.
02:21 Au fond, on sait tous ce qui nous rend un peu plus heureux,
02:24 mais on ne s'autorise pas à se poser ces questions-là.
02:26 Qu'est-ce qui m'empêche d'être heureux ?
02:28 Et qu'est-ce que je sais déjà qui peut me permettre de l'être ?
02:30 Alors comme souvent, pour trouver la réponse,
02:32 vous vous êtes tourné vers les philosophes grecs
02:34 et notamment vers Socrate qui dit qu'en fait, on trouve son bonheur,
02:37 on est heureux dès qu'on est fidèle à soi-même.
02:39 Oui, je trouve que c'est une belle idée parce que...
02:41 Je raconte dans le livre un moment déclencheur,
02:44 c'était que j'ai aidé un ami qui allait mal,
02:46 j'ai dû l'emmener à l'hôpital, finalement tout s'est bien passé,
02:48 mais c'était vraiment difficile et le soir, je me sentais heureux.
02:51 Pas heureux parce que j'ai vécu un moment agréable, c'était très dur,
02:53 mais j'avais l'impression d'avoir fait quelque chose qui était juste,
02:56 d'avoir fait quelque chose qui était bien.
02:58 Vous voyez, quand on a des enfants, c'est pas toujours facile,
03:02 des fois ils nous réveillent en pleine nuit,
03:03 mais on est heureux du lien, de la relation
03:07 et d'être en accord avec soi-même.
03:09 Et c'est sûr que Socrate définissait le bonheur non pas comme un état béat,
03:12 bien-être, mais comme une manière de se connaître soi-même,
03:15 d'être en accord avec soi, d'être juste par rapport à soi-même.
03:18 De trouver l'accord avec sa voix intérieure, sa mélodie ou sa propre mesure,
03:21 ce que les Grecs nommaient le daimonia, c'est ça ?
03:24 C'est ça.
03:25 Alors, est-ce que ça ne peut pas déboucher sur une forme d'égo-centrisme,
03:28 voire de narcissisme ?
03:30 Moi, je pense que c'est l'inverse.
03:31 Il y a plein de problèmes aujourd'hui, il y a la guerre en Ukraine,
03:35 il y a des problèmes économiques.
03:37 Si on est juste en train de se plaindre toute la journée,
03:39 on va aider personne et le monde va devenir de plus en plus sombre.
03:42 Essayer d'être heureux, c'est pouvoir apporter un peu de lumière dans le monde.
03:45 Donc, je dirais la seule manière de ne pas être égoïste, c'est d'assumer
03:48 qu'il est important d'essayer d'être heureux pour arrêter de créer encore plus
03:51 de confusion dans le monde.
03:54 Et c'est une question vraiment essentielle.
03:58 Alors, dans cette marche vers le bonheur, vous vantez au passage
04:01 les vertus de l'habitude, de la routine, de la fadeur,
04:04 qui est essentielle, en fait, pour qu'on prenne conscience de...
04:07 Oui, parce qu'on a tendance à dire que ce n'est pas bien,
04:09 les routines, mais la routine, ça peut être effrayant quand on vit tout le temps
04:13 dans la routine, mais il y a des routines qui sont magnifiques.
04:16 J'essaie de donner plein de conseils et d'essayer de montrer des petits changements
04:19 et essayer de voir comment les routines qui nous font du bien,
04:22 elles sont nécessaires et elles nous permettent de faire attention à autre chose.
04:26 Le matin, moi, j'ai ma routine et du coup, en suivant ma routine,
04:30 j'ai plus de temps pour sentir le bonheur d'être vivant.
04:33 Et je voulais essayer de réhabiliter, je voulais sortir un peu de tout
04:36 l'époncif qu'on a sur le bonheur.
04:38 Il ne faut pas être dans la routine, etc. Ça dépend lesquels.
04:41 Dernière question. Est-ce que vous avez l'impression d'être un marchand de bonheur,
04:45 comme vous le reprochez un peu, Ferry, dans une de ses récentes chroniques ?
04:49 Non, parce que je pense que libérer le bonheur du bien-être,
04:55 c'est non pas essayer de vendre.
04:57 Voilà ce que je dénonce moi aussi, une sorte de niaiserie,
05:01 de niaiserie irréaliste, mais au contraire, de montrer un chemin très
05:04 accessible à chacun, mais qui est vraiment un chemin,
05:07 parce qu'on n'est pas heureux juste dans un état, mais en se mettant en mouvement.
05:10 Si vous jouez au tennis, vous n'êtes pas heureux juste le moment où vous avez gagné.
05:13 Sinon, à deux minutes plus tard, vous n'êtes plus heureux parce que vous allez devoir
05:16 remettre en question votre victoire.
05:18 Mais peut-être que vous mettez vos baskets, il fait froid, vous vous entraînez.
05:21 Des fois, vous perdez, des fois, vous gagnez.
05:22 Mais vous êtes heureux de ce mouvement-là.
05:24 Et c'est réhabiliter ce dynamisme du bonheur
05:28 que j'ai voulu me consacrer dans ce livre.
05:32 Eh bien, si vous voulez y parvenir ou tenter d'y parvenir,
05:36 donc vous devez donc lire "Tout ce qui nous empêche d'être heureux et ce qu'il faut
05:39 savoir pour l'être", un titre un peu long quand même.
05:41 C'est publié chez Flammarion Versilio.
05:43 Merci beaucoup, Fabrice Midal.
05:45 Merci.
05:45 Merci.
05:46 [Musique]
05:49 [Sous-titres réalisés para la communauté d'Amara.org]