Patrick Vignal, député Renaissance de la 9e circonscription de l’Hérault, était mardi 21 mars l'invité de la matinale de franceinfo. Il répondait aux questions de Marc Fauvelle.
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00:00 du 49.3 et du rejet des motions de censure.
00:02 Quel est l'état des troupes ce matin au sein de la majorité ?
00:05 Il s'en est fallu de neuf voix seulement hier pour qu'Elisabeth Borne conserve son poste.
00:10 La première ministre a senti le vent du boulet.
00:12 Et dans la rue, même si la réforme des retraites est donc considérée comme adoptée,
00:15 la contestation se poursuit avec des manifestations dans plusieurs villes.
00:19 Bonjour Patrick Vignal.
00:20 - Bonjour.
00:21 - Vous faites partie des députés frondeurs, je ne sais pas si c'est la bonne expression de la majorité.
00:25 Député Renaissance de Leroux,
00:27 vous aviez menacé de voter contre cette réforme des retraites,
00:30 vous étiez contre également le recours au 49.3.
00:33 Quand vous voyez ce qui se passe tout d'abord dans la rue ces derniers jours,
00:36 ces manifestations nocturnes à Marseille, à Lyon, à Strasbourg,
00:40 dans des villes plus petites, aussi à Dijon, à Angoulême,
00:42 avec parfois des tensions, avec parfois des violences, des arrestations,
00:46 est-ce que tout cela vous inquiète ?
00:48 - Bien sûr que ça m'inquiète.
00:49 Ça me veut comme vous avez des gens qui sont dans la rue,
00:51 quand des salariés prennent des jours de grève et non rémunérés.
00:54 Vous savez, moi je n'étais pas contre cette réforme.
00:56 Il faut la réforme des retraites.
00:58 Et je vais vous dire, même si il y a fallu...
01:00 - Vous dites que vous n'étiez pas contre cette réforme,
01:02 vous avez menacé de voter contre.
01:03 - Oui, non, mais quand je dis pas menacé de voter contre,
01:05 j'aurais voté pour à l'arrivée.
01:07 Ce qui me gêne, je veux dire pourquoi.
01:08 Il faut cette réforme.
01:09 C'est 30 milliards empruntés par an qui servirait à autre chose.
01:13 Après, qu'est-ce que c'est que la pénibilité ?
01:16 Quels sont les gens qui doivent travailler jusqu'à 64 ans ?
01:19 Et je pense qu'on a mis beaucoup de pression sur le gouvernement,
01:22 mais on oubliait une rencontre entre syndicats et patronat.
01:26 Aujourd'hui, 25% des métiers vont changer.
01:28 Vous savez, il y a une génération qui arrive
01:30 qui, pour eux, la relation au travail est différente.
01:33 Parce que le Covid est passé par là.
01:34 Parce qu'il y a le télétravail.
01:36 Et donc aujourd'hui, on voit que c'est pas suffisant.
01:38 Et puis surtout, on voit, Marc Fauvel,
01:40 que 70% des Français ne croient plus à la parole politique.
01:44 Ce qui se passe aujourd'hui,
01:45 c'est qu'on a eu une opposition qui n'a pas voulu négocier
01:48 et on a une partie des LR qui prépare 2027.
01:52 Donc moi, je vais être clair,
01:53 je pense qu'il faut mettre un stand-by cette réforme
01:56 parce que nous avons la loi travail.
01:57 - Mettre un stand-by la réforme, c'est-à-dire suspendre la réforme qui vient d'être adoptée ?
02:00 - Non, vous allez comprendre.
02:01 Il y a la loi travail qui arrive.
02:03 Si je dis aux Français "faites-nous confiance,
02:05 la loi travail va corriger toutes les inégalités
02:09 qu'on a découvertes pendant cette réforme",
02:10 les Français ne vont pas nous croire.
02:12 Donc, on a 4 mois avant que ce soit promulgué, septembre.
02:16 Est-ce qu'on dit aux Français "faites-nous confiance,
02:18 la loi travail va tout corriger" ?
02:20 Ou est-ce qu'on dit aux Français
02:22 "à ce moment-là, on entend votre colère" ?
02:24 Parce que qu'on veuille ou pas,
02:25 le 49-3, c'est constitutionnel.
02:27 Mais on se rend compte, et je fais confiance à Emmanuel Macron,
02:30 qu'on ne peut pas gouverner toujours avec du 49-3.
02:33 - J'essaye de traduire votre demande à Emmanuel Macron.
02:37 Vous lui demandez de mettre la réforme sur pause,
02:38 celle-là même qui viendrait être adoptée avec le rejet des motions de censure,
02:43 le temps d'ouvrir de nouvelles discussions avec les syndicats.
02:45 On reprend tout à zéro ?
02:47 - Non, on ne reprend pas tout à zéro.
02:48 Il y a des avancées, Marc Fogel.
02:50 Il y a des avancées sur les carrières longues,
02:56 il y a des avancées sur les femmes,
02:57 régons l'inégalité des salaires des hommes et des femmes.
03:00 Vous savez, moi j'ai confiance en cette majorité.
03:02 Le président a toujours été disruptif.
03:05 On a deux choix là.
03:06 On continue à dire "voilà, c'est comme ça, c'est constitutionnel,
03:09 on a fait un 49-3, on travaille,
03:11 on a des talents dans ce gouvernement".
03:13 Franchement, Marc Fogel, 6% le chômage,
03:16 1 million d'entreprises créées,
03:18 la France est debout.
03:19 Vous savez le problème que l'on a ?
03:21 Quand je parle des gens de ma circonscription,
03:23 quand on leur dit "il faut trouver 14 milliards supplémentaires pour 2027",
03:28 c'est comme disent les gens "mais monsieur Vignal, Emmanuel Macron,
03:31 il a trouvé 260 milliards pour le quoi qu'il en coûte cet argent magique".
03:35 Donc je pense qu'on peut avoir le temps de réfléchir autrement.
03:38 - Cette demande que vous portez ce matin au micro de France Info,
03:41 vous la ferez en face à Emmanuel Macron
03:43 qui va recevoir l'ensemble des parlementaires de la majorité.
03:46 Vous y serez tout à l'heure ?
03:47 - Bien sûr que je y serai.
03:48 - Vous lui direz ça ?
03:49 "Appuie sur le bouton stop" ou "pose".
03:52 - Oui, vous savez, qu'est-ce qu'on doit dire aux Français ?
03:55 Qu'est-ce qui se passe aujourd'hui ?
03:56 Qu'on veuille ou pas, on est une classe politique
03:58 constamment dans la posture.
04:00 Nous ne sommes pas des têtes de gondole,
04:02 nous sommes là pour faire évoluer la société.
04:04 Le vrai débat qu'on a aujourd'hui,
04:05 c'est qu'on a une majorité relative.
04:07 Et j'en prends ma part.
04:08 On a assez travaillé.
04:10 Moi, je suis au 3ème mandat,
04:12 jusqu'à maintenant vous aviez 300 députés,
04:14 quand un texte arrivait, ils appuyaient sur le bouton.
04:16 Les Français ne veulent plus ça.
04:17 Donc on est face à une opposition
04:19 très compliquée à l'Assemblée Nationale.
04:21 Et les filles, c'est derrière, c'est Jean-Luc Mélenchon,
04:24 c'est le chaos qui recherche.
04:25 Et nos amis LR préparent la suite.
04:27 Arrêtons de préparer la suite,
04:28 faisons un projet de société.
04:30 On n'a pas parlé de la vie des Français
04:31 et au regard du travail.
04:33 - Cette position que vous défendez ce matin,
04:34 est-ce que vous êtes le seul à la défendre
04:36 aujourd'hui dans la majorité ?
04:37 Ou est-ce que d'autres députés sont prêts à vous rejoindre ?
04:39 - Vous savez, je pense qu'on a tous envie
04:41 de bien faire dans cette majorité.
04:43 Et personne n'est content de passer par un 49.3.
04:46 Y compris Mme Borne.
04:48 Je voudrais le dire,
04:49 arrêtons de dire "faire tomber ce gouvernement".
04:51 Il faut changer l'ADN du chemin du consensus.
04:54 En France, on ne sait pas créer du consensus.
04:57 Moi je pense que le Président
04:58 pourrait faire un magnifique projet de société.
05:01 On y mettrait dedans la réforme des institutions,
05:03 le millefold territorial, la dépense publique.
05:06 Il a le choix aujourd'hui de faire un grand projet de société.
05:09 Et je peux vous dire que les Françaises et les Français nous suivront.
05:12 - Le gouvernement a été lâché hier par un tiers
05:14 environ des députés des Républicains
05:15 malgré l'accord conclu sur les retraites
05:17 avec leur chef Éric Ciotti.
05:19 Est-ce que vous vous êtes fait avoir ?
05:21 - Moi je pense que non,
05:22 c'est pas un problème de se faire avoir.
05:23 C'est qu'une partie de DLR prépare la suite d'Emmanuel Macron.
05:26 La difficulté d'Emmanuel Macron,
05:28 quand il a été élu adjoint en 2022,
05:30 il ne pouvait plus se représenter au gouvernement que des couteaux.
05:33 - Vous ne pensez pas qu'il y a des ministres qui préparent la suite ?
05:34 Qui peut-être n'ont pas défendu la réforme
05:37 comme ils auraient pu le faire ?
05:38 - Joker ou je dis ce que je pense ?
05:40 Vous avez remarqué ? Bien sûr qu'on n'a pas assez défendu.
05:43 J'y prends ma part.
05:44 On aurait dû aller plus sur le terrain.
05:45 Vous avez vu que j'ai fait un groupe de travail
05:47 avec 60 personnes dans ma circonscription.
05:49 Je vous donne un exemple.
05:50 Je ne sais pas combien de personnel il y a France Info,
05:53 mais si votre PDG ou votre PDG met 1 euro dans la qualité du travail,
05:57 c'est 4 euros de productivité.
05:59 Il faut que les Françaises et les Français,
06:00 quand ils viennent au job, ils aient envie.
06:02 Ils ont envie de faire les choses.
06:03 Parce qu'on a une France qui est debout.
06:05 On a une jeunesse extraordinaire.
06:07 On est au plein emploi.
06:08 J'ai connu moi, quand j'étais plus jeune,
06:10 la peur du chômage.
06:12 C'était entre 15 et 16%.
06:14 Il y a tout pour réussir en France un nouveau projet de société.
06:17 - Merci à vous Patrick Vignal, député Renaissance de l'héros,
06:21 qui demande donc officiellement à Emmanuel Macron de suspendre la réforme.
06:24 - Ou de mettre en pause.
06:25 - Ce qui revient tout petit peu au même.
06:26 - Oui, on est d'accord.
06:27 - Vous étiez ce matin l'invité d'Actu de France Info.
06:29 Merci, bonne journée à vous.