Mobilisation contre la réforme des retraites : analyse de la violence avec le sociologue Fabien Jobard

  • l’année dernière
Avec Fabien Jobard, sociologue, directeur de recherche au CNRS et chercheur au CESDIP, Centre de recherche sociologique sur le droit et les institutions pénales. Il est co- auteur avec Olivier Fillieule des « Politiques du désordre, La Police des manifestations en France » publié au Seuil

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##SUD_RADIO_VOUS_EXPLIQUE-2023-03-29##
Transcript
00:00 Le Grand Matin Sud Radio, 7h-9h, Patrick Rocher.
00:05 Il est 7h47 à Lyon à Paris et dans d'autres villes, il y a eu encore de la casse hier en marge des manifestations.
00:13 Certes, moins que la semaine dernière ou que le week-end dernier à Sainte-Soline, mais pourquoi cette violence et d'où viennent en fait ces casseurs ?
00:21 Parlons-en avec Fabien Jobart, qui est sociologue, directeur de recherche au CNRS et co-auteur aussi des politiques du désordre.
00:29 "Police des manifestations en France" publié au Seuil. Bonjour Fabien Jobart.
00:33 - Bonjour.
00:34 - Pourquoi cette violence et ces casseurs ? Là, on en a vu encore hier en marge des manifestations, je le disais en fait à Lyon,
00:43 certains qui ont défilé, mais également en marge d'autres cortèges.
00:48 - Des casseurs, si vous voulez, c'est-à-dire des jeunes, on va dire, anarcho-autonomes qui se trouvent dans les manifestations pour commettre des destructions,
01:01 des dégradations, des affrontements avec les policiers, il y en a toujours.
01:04 - Oui.
01:05 - Simplement, parfois on les voit, parfois on ne les voit pas.
01:07 On ne les a pas vus lorsque les intersyndicats maîtrisaient les cortèges, lorsque les services d'ordre des syndicats encadraient les manifestants
01:16 et lorsque l'idée des manifestations était de faire nombre en laissant la discussion parlementaire se dérouler.
01:24 - Oui.
01:25 - Et on les voit subitement apparaître, évidemment. Lorsque la discussion parlementaire est brutalement interrompue par le 49-3,
01:33 là, les casseurs se retournent vers les manifestants et disent "ben, vous voyez, ça sert à quoi de manifester,
01:41 puisque la discussion parlementaire, ça sert à quoi de respecter la discussion parlementaire,
01:47 puisqu'elle est interrompue et donc il faut employer la violence, c'est par la violence qu'on se fera entendre".
01:54 Et là, subitement, les casseurs, ça n'est plus quelques centaines, mais c'est quelques milliers,
02:00 parce que, en fait, l'interruption du processus législatif, comme l'indiquait votre audition précédente,
02:09 ça offre une base de légitimité aux gens qui veulent faire visage de la violence,
02:15 qui estiment que la violence, c'est le moyen essentiel de se faire entendre.
02:19 - Oui, on a l'impression que certains cherchent justement des éléments déclencheurs pour qu'il y ait cette violence.
02:26 À Sainte-Soline, ça a été un petit peu la même chose, quoi.
02:29 - Alors non, je pense que Sainte-Soline, c'est une autre dynamique, mais...
02:34 - Attendez, il y avait des casseurs à Sainte-Soline qui sont les mêmes qu'on retrouve à Nantes, à Rennes ou à Paris.
02:41 - Oui, c'est vrai. - Non, mais c'est vrai !
02:43 - Je ne vais pas rentrer trop dans les détails des différentes villes.
02:46 Vous avez raison de dire qu'il y a effectivement des manifestants qui attendent les opportunités pour commettre des violences.
02:53 Pourquoi ? Parce que leur motivation, c'est au fond de dire
02:59 "Ne vous laissez pas abuser par l'État, qui n'est que démocratique en apparence. Nous allons le provoquer et vous allez voir.
03:07 L'État, c'est d'abord la violence."
03:09 Et en fait, c'est un jeu de provocation-réaction qu'on a vu dans d'autres démocraties.
03:14 En Italie, dans les années 60, 80, en Allemagne également.
03:18 Et c'est un jeu de provocation-réaction dans lequel tout l'art de l'État, justement, est de ne pas se laisser entraîner.
03:26 Sinon, on est entraîné dans une dynamique de violence mimétique et ça part en spirale et on ne sait pas où se characterise.
03:33 - Oui, c'est ça. Fabien Jobard, dernière question.
03:35 Qu'est-ce que vous avez pensé de cette définition qui a été reportée le week-end dernier des "Black bourges" ?
03:41 - Eh bien, j'y vois la dextérité lexicale du ministre de l'Intérieur.
03:49 Je pense que c'est réducteur en fait.
03:52 Effectivement, il y a des jeunes bourgeois chez les "Black blocs",
03:56 il y a aussi pas mal d'apprentis, des jeunes qui sont déscolarisés, des jeunes travailleurs.
04:03 En fait, c'est un public beaucoup plus divers que ce que l'expression "Black bourges" veut dire.
04:11 - Merci beaucoup Fabien Jobard pour ces explications.
04:15 Dans "Sud Radio", vous explique Sociologue et je rappelle votre livre.
04:18 Vous êtes co-auteur des "Politiques du désordre, la police, des manifestations en France" publié au Seuil.
04:22 Merci d'avoir été avec nous ce matin sur "Sud Radio".
04:24 Radio.

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