• l’année dernière
Midi actu avec Rudy Albina, avocat pénaliste au barreau de Paris, défend des émeutiers jugés en comparution immédiate et Bruno Bartocetti, secrétaire national du syndicat Unité SGP-FO Police chargé de la zone sud.

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##LE_DEBAT_DU-JOUR-2023-07-24##

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News
Transcription
00:00 12h33 en direct sur Sud Radio, on revient sur cette grève des policiers à Marseille et les mots chocs du directeur général de la police pour Frédéric Vaud.
00:08 Un policier n'a pas sa place en prison, il souhaite d'ailleurs la libération du policier de la BAC de Marseille,
00:13 écroué après avoir été mis en examen dans le cadre d'une enquête commise sur un jeune garçon en marge des émeutes.
00:21 On en parle avec le secrétaire national du syndicat UNETE SGTP, SGP Police, chargé de la zone sud, Bruno Bartocchetti.
00:31 Bonjour Bruno Bartocchetti, merci d'être avec nous.
00:35 Bonjour, merci de votre invitation.
00:37 Avec plaisir, et à vos côtés Rudy Albina également, qui est donc avec nous, avocat, défenseur vous des émeutiers,
00:48 lors de concurrence immédiate après cette séquence d'émeutes. Merci d'être avec nous Rudy Albina.
00:55 Merci de l'invitation.
00:57 On rappelle le contexte, 4 policiers de la BAC ont été mis en examen, dont un placé en détention provisoire.
01:03 Ils sont poursuivis pour violence sur un jeune homme de 21 ans, Eddy, en marge des émeutes à Marseille.
01:08 Pour protester contre la mise en détention, un syndicat a lancé un appel au code 562, ça veut dire le service minimum.
01:15 Plusieurs centaines d'agents se sont mis en arrêt maladie.
01:19 Le directeur général de la police est allé en soutien, Frédéric Vaud, qui dit clairement, un policier n'a pas sa place en prison.
01:28 Bruno Bartocchetti, comment vous avez pris cette déclaration de votre directeur général ?
01:34 Alors on l'a pris comme un véritable soutien bien sûr.
01:37 Bien sûr, nous sommes à demi surpris, car je me suis exprimé assez souvent là-dessus,
01:42 en disant que c'était la profession tout entière et qu'ils ne comprenaient pas cette décision de détention provisoire.
01:47 Alors qu'il n'y a pas de malentendu, on n'est pas là pour gêner une enquête,
01:51 on est là juste pour dire qu'un policier, dans l'exercice de ses fonctions, n'a rien à faire en détention provisoire.
01:57 Remarquez, parallèlement, on a des pédophiles et des criminels qui sont en contrôle judiciaire,
02:00 et nous on a des policiers en détention provisoire.
02:02 Toutes les garanties étaient requises, ce policier allait répondre bien sûr aux convocations de justice,
02:07 il ne serait pas parti à l'étranger, il n'aurait pas mis de pression sur les victimes, donc on ne peut pas comprendre.
02:11 C'est une colère dans nos rangs, quand on sait que parallèlement,
02:14 on a des personnes qui volontairement tentent de tuer des policiers,
02:18 et l'homicide volontaire n'est même pas retenu, vous comprenez bien que c'est l'exaspération.
02:23 Alors, vous avez expliqué qu'on était en grève, donc vous savez que nous n'avons pas le droit de grève,
02:27 pour une ITGP Police, on a demandé le code de 566...
02:29 - C'est ton arrêt maladie, on va dire.
02:31 - Non, on n'a pas initié, on n'a pas demandé l'arrêt maladie,
02:34 c'est vrai qu'on a eu un burn-out, j'en prends un terme qui n'est pas qualitatif en matière médicale,
02:39 nous avons des policiers qui se sont mis en arrêt maladie, nous ne sommes pas là derrière,
02:43 nous, nous avons demandé la légalité de ne pas travailler sur initiative,
02:47 mais de répondre aux services publics sur les appels 17 et police secours.
02:50 Voilà ce qui est aujourd'hui à l'ordre du jour et qui va durer,
02:53 on va être dans la durée tout simplement parce qu'on attend maintenant
02:56 qu'une bonne fois pour toutes, on ait plus cette insécurité juridique sur les épaules,
03:00 et qu'on puisse évoluer dans la loi et protéger juridiquement les policiers
03:03 dans l'exercice de leurs fonctions, j'insiste bien là-dessus.
03:06 Justement, vous faites bien de rappeler le contexte et d'être clair Bruno Bartocetti,
03:10 parce que vous, c'est ni grève ni arrêt maladie, mais à Marseille, c'est vrai qu'il y a
03:14 manifestement beaucoup d'arrêts maladie en cascade, c'est bien ça.
03:18 Vous avez le chiffre d'ailleurs ?
03:21 Alors ça va être difficile parce que je peux vous parler de centaines d'arrêts maladie
03:25 dans les Bouches-du-Rhône, ça s'est étendu sur les départements voisins,
03:29 mais c'est difficile de quantifier parce que vous avez des policiers qui ont consulté
03:32 qui ne se sont pas arrêtés, d'autres qui se sont arrêtés deux jours,
03:34 d'autres pendant une semaine ou dix jours, mais je peux vous parler de centaines
03:37 de policiers en arrêt maladie. Pour ceux qui sont présents, j'insiste bien,
03:41 ils répondent aux appels de police secours, ils défendent le service public et les victimes
03:45 et la population marseillaise qui soutiennent bien sûr sa police à 80%, croyez-moi.
03:50 On a vu ici ou là des mouvements s'amorcer, créer des émules, notamment à Paris.
03:55 Est-ce que vous avez le sentiment, Bruno Bartocetti, que c'est un mouvement
03:59 qui peut s'amplifier dans toute la France ?
04:03 Alors le mouvement, d'ailleurs, c'est un appel national que nous avons lancé.
04:06 Le mouvement est très très fort en zone sud. Plus on est proche de Marseille,
04:09 plus le mouvement est important, comme vous en doutez.
04:11 Mais l'île de France soutient bien sûr, j'allais dire Marseille,
04:15 mais soutient la profession de la même manière.
04:17 Alors c'est des endroits où il y a une grande concentration de policiers.
04:20 Et là, on retrouve bien sûr l'application du Code 562,
04:24 mais c'est la France entière qui est concernée. En fonction des endroits,
04:26 c'est plus ou moins suivi. Mais tout le monde est conscient aujourd'hui
04:29 qu'on doit franchement faire comprendre une bonne fois pour toutes
04:33 que la situation n'est plus tenable aujourd'hui en France
04:37 pour notre population et pour la police.
04:39 Rudy Albina, avocat pénaliste au barreau de Paris,
04:41 qui a défendu des émeutiers jugés en comparution immédiate.
04:45 Avant d'aborder les propos du directeur général de la police,
04:48 qui ont fait pas mal parler, vous comprenez ce sentiment des policiers
04:52 qu'on vient d'entendre dans la bouche de Bruno Bartocetti ?
04:55 Un ras-le-bol également de leur côté ?
04:59 Écoutez, est-ce que je le comprends ? Je pense que je peux l'entendre
05:02 à demi-mot dans le sens où de toute façon, il y a toujours une certaine
05:05 solidarité dans le milieu de la police, dès lors qu'il y avait un policier
05:09 qui était soit mis en cause, sans même parler de détention provisoire,
05:12 sans rentrer dans le débat, mais dès lors qu'il y avait un policier
05:15 qui pouvait être mis en cause dans un dossier, on a toujours
05:17 une certaine solidarité. Alors est-ce que je le comprends en vérité ?
05:20 Et on en débattra, mais non, je ne le comprends pas.
05:23 Mais c'est quelque chose qui ne m'a pas spécialement étonné, effectivement.
05:27 Pourquoi ? Pourquoi ça ne vous a pas étonné ?
05:31 Ça ne m'a pas étonné parce que, alors que ce soit pour ce dossier-là
05:35 ou même par rapport à Naël, on a dans tous les cas, dès lors qu'il y avait
05:39 un policier mis en cause, eu une certaine solidarité dans le milieu de la police,
05:42 un certain soutien de la part de confrères policiers,
05:46 et aujourd'hui ce n'est finalement qu'une réitération de cette solidarité
05:50 que nous constatons depuis bien longtemps.
05:52 Rudy Albina, un soutien aussi de la population française ?
05:56 Alors je sais que la cagnotte, ce n'est pas ni un sondage,
06:00 mais il y a eu une cagnotte des Français en faveur d'ailleurs du policier
06:06 incarcéré pendant les émeutes à la suite de l'assassinat du jeune Naël.
06:13 Ça vous a choqué, ce soutien un petit peu tacite finalement
06:17 de la part d'une partie des Français ?
06:21 Moi ça m'a profondément choqué.
06:23 Ça m'a profondément choqué car aujourd'hui, et encore une fois,
06:27 par rapport à la loi de 1881, son article 40, il n'est aujourd'hui pas légal
06:32 de financer notamment par exemple les frais de justice d'un mis en cause.
06:37 Et je pense aujourd'hui, et comme mon confrère Yacine Boussereau,
06:40 il me semble l'a très bien compris au travers de la plainte qu'il avait déposée
06:43 notamment pour l'escroquerie en board organisé, pour moi cette cagnotte
06:47 n'est pas le reflet d'un soutien de la part du peuple des Français
06:51 à l'égard de la police.
06:53 Pour moi, cette cagnotte n'est qu'un soutien, disons,
06:57 d'une partie de la population qui estime que Naël était peut-être
07:04 un multi-récidiviste pour reprendre les faux propos de Jean Messiaen.
07:08 Pardonnez-moi, Albina, je vous coupe, mais c'est vrai qu'il y a eu aussi
07:12 des sondages qui tendent à montrer que les Français font confiance
07:17 et soutiennent leur police en majorité.
07:20 Alors qu'il a soutenu en majorité, ça je peux totalement l'entendre,
07:24 mais encore une fois, et je le répète, et je pense que c'est le principe
07:28 même d'enquête ou même de statistique, c'est qu'il y a effectivement
07:32 des Français, une part des Français, heureusement, que nous pouvons
07:35 soutenir la police puisque c'est eux qui nous protègent véritablement.
07:38 Je pense que dans certains cas, dans certains dossiers,
07:40 même dans le dossier Naël tout simplement, il y a un soutien envers la police
07:44 qu'il faut tout de même mettre en exergue et recentrer dans le débat
07:50 par rapport aux circonstances qui ont été captées, celui du dossier Naël.
07:53 Bruno Bartocchetti, on entend vraiment une sorte de fracture à l'instant.
07:59 D'ailleurs, Jean-Luc Mélenchon qui avait déjà pris la parole
08:02 sur ce qui se passe actuellement à Marseille, Jean-Luc Mélenchon,
08:05 qui rappelle aujourd'hui au respect des institutions républicaines,
08:08 les policiers, je cite, "entraient en sécession factueuse"
08:12 après les propos controversés, je cite, "du patron de la police nationale
08:17 pour qui un policier n'a pas sa place en prison".
08:19 On y reviendra tout à l'heure lors de notre débat sur ces propos de Frédéric Vaud.
08:25 Mais vous sentez vraiment une fracture ?
08:27 Il y a aujourd'hui deux Frances, celle qui soutient d'une certaine façon
08:31 la police et l'autre France.
08:34 Oui, je constate que 80% de la population soutient sa police.
08:39 Pour Mélenchon, puisque vous en parlez, ce qui est dommage,
08:41 c'est qu'il est venu à Marseille pour sa campagne électorale,
08:44 lorsqu'il a voulu être député.
08:46 Et puis là, il aurait dû être au cœur des émeutes, justement,
08:49 pour voir un petit peu la position des émeutiers, des voyous,
08:52 des casseurs, des pilleurs, des agresseurs, et celle des policiers.
08:56 Il aurait pu, peut-être avec beaucoup d'objectivité,
08:59 ce qui lui échappe bien souvent, en parler d'une manière beaucoup plus claire.
09:03 Si vous permettez deux mots sur la cagnotte, j'entends ce que vient de dire Rudy Albina.
09:08 Excusez-moi si je déforme votre nom.
09:10 J'entends ce qu'il dit.
09:13 Je voudrais juste faire un petit réglage sur la cagnotte.
09:16 Les cagnottes qui ont été récupérées politiquement,
09:19 nous n'avons montré aucun commentaire.
09:21 Les cagnottes qui ont été créées par des amicales de police,
09:24 elles ont été créées non pas pour financer les avocats,
09:27 mais pour soutenir les familles de ces policiers
09:29 qui ont été obligés de déménager parce que les enfants des policiers,
09:32 les femmes des policiers, sont menacés, sont agressés.
09:34 Donc il a fallu soutenir la famille.
09:36 Et là, je ne vois pas dans le compte pénal quelque chose de choquant.
09:38 Donc c'est important de faire la part des choses
09:40 entre les cagnottes qui ont été faites à l'endroit des familles des policiers
09:43 et celles qui ont été faites dans le cadre de récupération politique.
09:46 La France aujourd'hui, elle souffre d'idéologie
09:49 à travers les propos de Mélenchon qui salit carrément l'institution
09:52 quand il prend la parole dans ce sens.
09:55 Ensuite, la position que nous avons,
09:58 ce n'est pas du tout d'avoir des faveurs dans la police nationale.
10:01 C'est de faire évoluer les lois, de faire évoluer les textes.
10:04 C'est pour cette raison qu'on va se rapprocher de tous les parlementaires
10:07 pour protéger juridiquement les policiers dans le cadre d'une détention provisoire.
10:10 Parce que lorsqu'ils ont été en garde à vue devant les GPN pendant 48 heures,
10:15 on ne s'est pas exprimé.
10:16 On laisse l'enquête courir et on va la laisser aller jusqu'au bout.
10:20 La seule chose qui compte pour nous, c'est la détention provisoire
10:22 et de préserver un policier dans l'exercice de ses fonctions.
10:25 Je crois qu'on peut évoluer dans notre société sur ce thème-là.
10:28 Et je ne vois pas pourquoi ça doit choquer ceux qui sont sur la planète Bisonours.
10:32 Pas pour vous, un maître, mais pour ceux qui se positionnent politiquement là-dessus.
10:36 Rudy Elbina, la réponse.
10:38 Oui, alors effectivement, pour reprendre les termes de monsieur,
10:45 le porte-parole concernant la cagnotte,
10:47 encore une fois on ne va pas débattre dessus, ce n'est pas le sujet.
10:49 Je pense qu'il y a la réalité juridique, la réalité judiciaire,
10:53 la réalité de la cagnotte et les interprétations qu'on va pouvoir en donner.
10:57 Que ce soit l'interprétation que vous donnez des maîtres, cher monsieur,
11:01 ou l'interprétation que j'ai pu donner juste avant.
11:04 En revanche, encore une fois, j'entends totalement qu'il y a un soutien qui soit apporté.
11:09 Mais encore une fois, que ce soit dans le cadre d'une cagnotte,
11:12 ou dans le cadre d'un soutien qui se veut moral,
11:14 je pense qu'il y a toujours un fond qui se veut politique.
11:17 Quand on dit qu'on ne commente pas le dossier, c'est faux.
11:20 C'était davantage les propos que vous étiez exprimés sur la cagnotte,
11:23 sur les propos de Jean-Luc Mélenchon,
11:25 mais je vous propose d'y revenir dans quelques instants,
11:27 chers invités Rudy Elbina, Bruno Bartoletti,
11:31 et surtout, chers auditeurs, n'hésitez pas, 0 800 26 300 300,
11:37 si vous voulez vous aussi réagir, apporter de l'eau au moulin de tel ou tel débatteur,
11:44 n'hésitez pas, l'antenne est ouverte, on se retrouve dans quelques instants.
11:47 Les débats de l'été Sud Radio, midi 13h30, Stéphanie Deburu.
11:52 12h47, soyez bienvenus en direct sur Sud Radio,
11:56 bon appétit si jamais vous êtes à table,
11:58 bonnes vacances à ceux qui ont la chance d'en prendre,
12:01 et merci surtout de nous suivre.
12:03 Les réactions se multiplient après les propos de Frédéric Vaud dans Le Parisien.
12:07 Le directeur général de la police nationale a apporté son soutien aux policiers incarcérés
12:11 suite à une plainte pour violence policière sur un jeune homme de 21 ans à Marseille en marche
12:16 des émeutes début juillet.
12:18 On est avec nos invités, toujours Rudy Elbina, avocat pénaliste du barreau de Paris,
12:23 qui défend des émeutiers jugés en comparution immédiate,
12:26 et puis Bruno Bartocchetti, secrétaire national du syndicat, unité SGPFO,
12:31 police chargée de la zone sud de Marseille,
12:35 et puis 0826300, vous le savez, chers auditeurs,
12:39 toujours invités à réagir à nos débats, à nous apporter vos réactions.
12:45 Julien nous appelle d'ailleurs de l'Essone.
12:48 Julien, bonjour.
12:50 - Oui, bonjour.
12:51 - Je crois que vous êtes policier, vous, et vous vouliez réagir,
12:54 on a entendu déjà le débat commencer entre Rudy Elbina et Bruno Bartocchetti,
12:58 vous vouliez réagir ?
13:00 - Oui, de toute façon je voulais réagir, je pense un peu comme 99% de mes collègues,
13:04 c'est que forcément on a de plus en plus de collègues qui essayent de faire leur travail
13:08 et qui se retrouvent sans présomption d'innocence en prison.
13:14 Et le problème c'est que, pourquoi il y a un mouvement de grève,
13:17 c'est que cette situation là elle dure depuis des années,
13:19 on met la poussière sous le tapis, elle dure depuis des années,
13:21 on ne fait rien pour nos collègues.
13:23 Et qu'est-ce qui se passe ?
13:24 On est arrivé au point où là les collègues se mettent en arrêt maladie massivement,
13:28 et ils ont bien raison, parce que pourquoi aller au travail pour
13:32 prendre des risques physiquement et des risques en plus pénalement également.
13:37 Donc c'est pour ça qu'après que mes collègues n'ont pas d'autre choix
13:41 de se mettre en arrêt maladie,
13:43 parce qu'ils ne vont pas risquer leur vie et leur vie de famille pour rien.
13:47 Parce que c'est ça qui se passe, c'est qu'on nous demande de faire toujours plus
13:51 d'interpellations, d'user de la force strictement nécessaire,
13:54 et qu'on ose user un peu de la force et que ça ne convient pas,
13:58 on finit en prison.
13:59 Mes collègues n'ont pas signé pour ça.
14:01 - Merci beaucoup Julien, en tout cas de nous avoir apporté votre témoignage.
14:05 Rudi Albina, voca pénaliste, vous avez défendu des émeutiers jugés en comparution immédiate.
14:10 Quand vous entendez ces propos de Julien, c'est un ras-le-bol,
14:13 il y a notamment la question de la présomption d'innocence
14:16 qui semble être bafouée selon ce poéticier.
14:18 Qu'est-ce que vous lui répondez ?
14:21 - Je me dis "enfin", parce que quelque part je trouve qu'on est un peu
14:27 dans un cadre de convergence des luttes, puisque finalement ce que dénonce ce policier,
14:31 et quand il parle notamment de présomption d'innocence,
14:35 c'est ce que moi en tant qu'avocat je dénonce à longueur de temps,
14:37 à longueur d'année, lorsque des clients à moi finissent en détention provisoire
14:41 pour des délits pour lesquels, délits ou crimes par ailleurs,
14:45 pour lesquels ils sont encore présumés innocents.
14:47 Alors effectivement, on a l'article 137 du Code de procédure pénale
14:51 qui dit très bien que la liberté c'est le principe et la détention l'exception,
14:55 et qu'il faut respecter très strictement l'article 144 du Code de procédure pénale
14:59 pour déterminer si effectivement il y a des motifs pour incarcérer la personne
15:03 en attente de son procès.
15:04 Alors maintenant j'entends, excusez-moi, j'entends plutôt effectivement
15:08 les propos de ce policier, du ras-le-bol qu'il peut avoir,
15:11 mais aujourd'hui je ne peux pas entendre qu'il y ait un ras-le-bol
15:15 par rapport aux risques pénaux dans le cadre des policiers,
15:18 puisqu'on a quand même un Code de la sécurité intérieure
15:21 qui les protège assez largement.
15:23 Le Code de procédure, le Code pénal, le Code de procédure pénale
15:26 leur donne un certain crédit, une véracité dans leurs procès verbaux,
15:31 dans la façon qu'ils auront de les rédiger, leur parole va toujours priver
15:35 par rapport à la parole de n'importe qui dans le cadre d'une interpellation.
15:39 Donc moi, quand on me parle de risques pénaux,
15:41 quand on me parle d'un ras-le-bol et de personnes qui sont en détention,
15:45 moi, en fait c'est mon combat de tous les jours.
15:48 Et d'entendre aujourd'hui, parce qu'effectivement on a eu deux policiers
15:51 en détention provisoire entre l'affaire Nael et l'affaire d'aujourd'hui
15:54 qui nous intéresse à Marseille, moi je ne peux pas entendre
15:57 qu'il y ait un ras-le-bol, il n'y a pas de citoyen de seconde zone
16:00 et les policiers ne doivent absolument pas avoir plus de clémence
16:03 que quiconque.
16:04 Justement on arrive, oui, Rudy Elmina, on arrive justement dans le cœur
16:07 de ce débat, puisque Frédéric Vaud, le directeur général de la police,
16:10 est venu en soutien à ce policier incarcéré à Marseille
16:13 en détention provisoire, il dit clairement
16:15 "Le savoir en prison m'empêche de dormir, il faut se donner les moyens
16:18 techniques et judiciaires pour que ce fonctionnaire de police
16:21 retrouve la liberté. Je considère qu'avant un éventuel procès
16:24 un policier n'a pas sa place en prison, même s'il a pu commettre
16:27 des fautes ou des erreurs graves dans le cadre de son travail."
16:31 Bruno Vartocchetti, ça pose la question dans le fond de savoir
16:34 est-ce qu'un policier est un citoyen vraiment comme les autres
16:37 ou comme le dit Frédéric Vaud, il faut qu'il ait un traitement
16:40 finalement différent ?
16:42 Je vais répéter pour être très clair, on ne demande non pas une faveur,
16:48 on ne demande pas que le policier soit un citoyen différent,
16:51 on insiste sur le fait que le policier dans l'exercice de ses fonctions
16:55 puisse ne pas être en détention provisoire. Je crois que c'est clair,
16:58 ce n'est pas qu'on veut être au-dessus des lois.
17:01 Et lorsque Maître Elmina parle de la protection de la sécurité intérieure,
17:06 l'article 435-1 devrait nous protéger justement et ça n'a pas été le cas
17:11 dans l'affaire Nahel. Donc on ne demande pas un droit de tuer,
17:13 on dit qu'aujourd'hui, je prends l'exemple de la détention provisoire,
17:17 il va falloir m'expliquer pourquoi le policier aujourd'hui
17:20 dans l'affaire Nahel ne peut même pas voir ses enfants en détention provisoire
17:23 alors qu'on le sait, on le sait Maître, vous le savez,
17:26 on a des primo-délinquants qui ne sont jamais incarcérés,
17:29 on a des tentatives d'homicide volontaire, des meurtres
17:32 et on retrouve ces personnes-là en contrôle judiciaire.
17:35 Donc ce n'est pas supportable, on demande un acte de contrôle juridique.
17:38 Moi je vous dis que c'est vrai, au final c'est vrai.
17:41 Alors je vous dis qu'aujourd'hui vous avez une insécurité.
17:44 Ne me coupez pas la parole parce que j'insiste,
17:47 moi je vous dis que c'est vrai.
17:48 Bon, je ne vous ai pas coupé la parole, je continue de m'en développer.
17:51 Moi je vous dis qu'aujourd'hui on a en détention provisoire
17:54 des personnes qui sont policiées dans l'exercice de leur fonction
17:57 et vous avez des personnes qui sont sous contrôle judiciaire
18:00 pour des faits nettement plus graves et qui sont des citoyens.
18:03 Je ne vois pas pourquoi ces voyous-là seraient justement au-dessus des lois
18:06 par rapport à des policiers qui se retrouvent aujourd'hui en détention provisoire.
18:09 Vous savez, le policier aujourd'hui, il enregistre dans l'année 10 000,
18:14 la fonction de police enregistre 10 000 policiers blessés par an.
18:17 On intervient entre 3 à 4 millions d'interventions par an.
18:21 Et qu'est-ce qu'on le sait ?
18:22 On le voit bien qu'aujourd'hui l'impunité est faite à l'endroit des voyous
18:25 et le policier se retrouve en prison.
18:27 Alors ça plaît ou ça ne plaît pas,
18:28 Maître, si vous deviez défendre les policiers,
18:30 si vous étiez appelé à défendre les policiers,
18:32 vous partiriez sur un autre axe de défense
18:35 et vous ne tiendrez pas les propos que vous tenez aujourd'hui sur ce plateau.
18:38 - Rudi Elmira ?
18:40 - Alors déjà, il y a quelque chose qui me dérange pas mal
18:42 dans le développement de M. Bartolotti.
18:45 Vous différenciez les voyous des policiers dans le cadre d'une détention provisoire.
18:51 Ce qui me dérange très largement, parce que s'il est en détention provisoire,
18:54 c'est qu'il n'a pas encore été condamné, donc ce n'est pas un voyou.
18:56 Déjà que le terme me dérange pas mal,
18:58 alors encore plus qu'on est présumé innocent.
19:00 - Je parle des récits du vice et je me permets de vous couper la parole,
19:02 puisque vous le faites.
19:04 - D'accord, très bien, coupez-moi la parole.
19:06 Tout ça pour dire, et encore une autre chose qui m'a pas mal dérangé,
19:10 vous dites qu'on ne veut pas un traitement de faveur,
19:12 en revanche on ne veut pas de détention provisoire avant un procès.
19:14 C'est un traitement de faveur, quoi qu'il en soit.
19:17 - Non, vous n'avez pas écouté, vous n'entendez pas ce que je dis.
19:20 - Ah si, c'est ce que vous avez dit, M. Bartolotti.
19:22 Je vous ai coupé une fois, je ne vous ai pas coupé 5000 fois,
19:24 je vous demanderai de me laisser parler.
19:26 - Je ne vous ai pas coupé, je ne vous ai pas coupé.
19:28 - En tant qu'invocat, j'attache une certaine importance au contradictoire.
19:32 Tout ça pour dire, aujourd'hui, pour moi, les propos de M. Frédéric Vaud sont une honte.
19:38 C'est une honte parce que M. Frédéric Vaud veut se substituer à l'autorité judiciaire.
19:42 M. Frédéric Vaud estime effectivement qu'il y aurait des citoyens...
19:45 - C'est ce qu'effectivement viennent de réagir les magistrats,
19:48 des propos scandaleux et gravissimes de la part du directeur général de la police,
19:52 disent les syndicats de magistrats à l'instant, effectivement.
19:55 - C'est gravissime.
19:57 C'est-à-dire qu'on assiste finalement au directeur de la DGPN,
20:02 si je ne dis pas de bêtises, M. Frédéric Vaud,
20:04 qui estime pouvoir se substituer à l'instance judiciaire
20:08 pour déterminer qui mérite ou pas la détention provisoire.
20:12 Moi, je me bâche chaque jour de l'année,
20:14 que ce soit absolument n'importe qui, pour éviter la détention provisoire.
20:18 Le débat, pour moi, est tout simplement irréel,
20:22 dans le sens où la détention provisoire devrait être encore une fois l'exception.
20:25 Et moi, j'entends totalement les propos de M. Bartocetti.
20:28 La détention provisoire, aujourd'hui, doit être réservée que dans certains cas.
20:32 Et moi, je ne compte plus le nombre de dossiers dans lesquels j'ai,
20:35 que ce soit en correctionnelle ou aux assises,
20:37 où on n'a absolument aucun élément de l'article 144
20:40 qui permet de placer quelqu'un dans la détention provisoire.
20:43 Et pourtant, on se bat pendant des mois, voire des années,
20:45 pour pouvoir mettre quelqu'un sous contrôle judiciaire.
20:48 Donc effectivement, je pense que le débat et les arguments que nous avons au son sont les mêmes.
20:51 Sauf que le problème, c'est qu'aujourd'hui, depuis l'affaire Nahel,
20:54 on a des policiers qui tombent pour la première fois en détention provisoire,
20:58 alors qu'aujourd'hui, c'est quelque chose que, chez nous, en tant qu'avocat,
21:01 on vit tous les jours, en fait.
21:02 – Merci, en tout cas, messieurs, on a compris vos deux propos.
21:05 Rudy Albina, avocat pénaliste au barreau de Paris,
21:08 Bruno Bartocetti, secrétaire national du syndicat UNITÉ SGPFO POLICE,
21:12 merci à vous d'avoir été avec nous.
21:14 Restez avec nous dans quelques instants,
21:16 on écoutera en direct sur Sud Radio, la locution d'Emmanuel Macron,
21:19 suivri d'un décryptage avec nos invités 0826 300 300,
21:23 si vous voulez réagir évidemment après la déclaration du président.

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