François Asselin : "Rétablir les finances publiques est une urgence"

  • il y a 6 mois
Avec François Asselin, président de la CPME (Confédération générale des petites et moyennes entreprises)

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##L_INVITE_POLITIQUE-2024-03-28##
Transcript
00:00 En direct depuis Lyon-Eurexpo, Sud Radio, l'invité politique Jean-Jacques Bourdin.
00:11 Bonjour, bonjour à toutes et à tous, les Français veulent savoir.
00:15 Et ce matin, pour savoir, pour comprendre, pour commenter les dernières informations,
00:21 nous recevons ici, en direct d'Eurexpo, François Asselin, le président de la CPME,
00:27 la Confédération des petites et moyennes entreprises. François Asselin, bonjour.
00:31 Bonjour Jean-Jacques Bourdin.
00:33 Merci d'être avec nous. Nous allons commencer, nous sommes à Eurexpo.
00:36 Eurexpo, c'est dans la banlieue lyonnaise, un châssisieux, grand salon de PME,
00:42 le "Made in PME", je crois que c'est la deuxième édition de ce salon.
00:48 Je vais rappeler deux choses. D'abord les PME, c'est un chiffre que je donnais tout à l'heure,
00:52 1 900 000 PME TPE qui emploient au moins un salarié en France.
00:58 243 000 adhérents à la CPME, 4 300 000 salariés.
01:05 Ça représente 4 300 000 salariés. Plus les familles, c'est 10 millions de personnes.
01:11 Au moins 10 millions de personnes concernées.
01:13 Et puis en plus, Jean-Jacques Bourdin, ça irrigue tout le territoire.
01:16 Les PME sont dans nos campagnes, sont dans les périphéries des villes, sont dans les villes.
01:21 C'est votre boulanger de quartier, c'est votre réparateur automobile, c'est aussi la petite industrie.
01:28 C'est parfois la belle ETI qui fait la valorisation de son territoire.
01:34 Et je suis aujourd'hui dans la région Orat, dans un territoire qui a réussi et qui réussit la réindustrialisation de son territoire.
01:41 Parce que c'est la première région en France sur la réindustrialisation.
01:45 Comme quoi c'est possible, voyez-vous.
01:47 Il y a des choses possibles dans notre pays, à condition de s'appuyer sur ceux qui font la richesse, les PME et leurs chefs d'entreprise.
01:54 Bien, François Asselin, oui c'est possible, mais les difficultés sont là.
01:59 Je rappelle aussi que nous sommes à Lyon, et qu'à Lyon, vous pouvez écouter Sud Radio sur 105.8.
02:06 Je le rappelle parce que nous avons ouvert cette fréquence il y a peu,
02:10 et que les Lyonnais doivent absolument, absolument, tous les habitants de la région lyonnaise, le savoir.
02:16 Bien, François Asselin, hier, le Premier ministre, Gabriel Attal, était à la télévision, sur TF1,
02:23 et il a répondu aux questions de nos confrères.
02:25 Qu'a-t-il dit ?
02:26 Première chose, la situation est sérieuse.
02:30 Vous la trouvez sérieuse ?
02:32 Oui.
02:33 François Asselin, est-ce que c'est le mot "sérieuse" ?
02:36 Oui, elle est sérieuse, elle est même préoccupante, mais nous avons des leviers, nous avons des solutions.
02:44 Ça fait, j'ai 59 ans, ça fait 50 ans que cette situation est préoccupante.
02:49 Ça fait 50 ans que la France nourrit une dette qu'on pousse un petit peu comme une boule de neige,
02:54 qui grossit, qui grossit, qui grossit, sans jamais avoir eu le courage de s'attaquer à cette dette,
03:00 qui devient un vrai sujet, un vrai problème.
03:02 Le Premier ministre disait hier, un pays endetté, ce n'est pas un pays libre.
03:07 Eh oui, et je vous rappellerai simplement, il y a trois semaines,
03:10 François a vu le roi de Gallo, le président, le gouverneur de la Banque de France.
03:14 Que dit-il dans sa prise de parole publique ?
03:17 Il dit "la France est fragilisée en Europe".
03:20 Lorsque vous êtes le président de la 7ème économie mondiale,
03:24 et que vous allez vous exprimer sur des terres lointaines,
03:28 en ce moment le président de la République est au Brésil,
03:30 lorsque vous devez peser dans votre environnement plus proche, l'Europe,
03:33 et que vous avez un pays qui depuis 50 ans produit de la dette,
03:36 et finalement est à la merci de ses créanciers.
03:38 Plus de la moitié de la dette de notre pays appartient à des créanciers étrangers.
03:42 Vous perdez une part de votre souveraineté.
03:46 Et le poids politique que vous devriez avoir, il s'effrite.
03:50 Et nous sommes dans cette situation.
03:52 Donc il y a une urgence, rétablir les finances publiques.
03:56 Pour vous c'est clair, c'est indispensable.
03:58 Nous allons voir comment, nous allons voir quelles sont les solutions avancées par le gouvernement.
04:03 Les gouvernements sont-elles bonnes ou mauvaises ?
04:05 Vous allez les commenter, vous allez les analyser avec nous.
04:08 Mais François Asselin, c'est une urgence, rétablir les finances publiques.
04:13 C'est une urgence qui malheureusement a été mise sous le tapis, rappelez-vous.
04:18 Parce que tous les responsables politiques ne sont pas totalement d'accord avec cela.
04:22 Certains disent qu'il faut laisser courir la dette, c'est une autre priorité.
04:27 Bien sûr, alors attention au baliverne.
04:29 C'est-à-dire qu'effectivement, on peut dire que la dette est virtuelle, il suffit de l'annuler et tout va bien.
04:34 Ceux qui vous ont prêté de l'argent demanderaient de rembourser.
04:37 Que ce soit quand vous êtes à titre personnel, que vous soyez entrepreneur, les dettes ça se paye.
04:43 Et quand vous êtes à la tête d'un pays, un pays doit rembourser ses dettes.
04:45 Sinon ça s'effondre.
04:47 Regardez ce qui s'est passé il y a quelques années en Grèce.
04:49 Où d'un seul coup, mise en défaut du pays.
04:51 Et là, on ne peut plus payer les traitements des fonctionnaires.
04:54 Moins 20% immédiatement sur les traitements des fonctionnaires.
04:56 On baisse les retraites de 25%.
04:58 Scénario catastrophique.
05:00 Et pour autant, la Grèce a relevé la tête.
05:02 Donc, plutôt que d'attendre que l'extérieur nous impose des mesures radicales,
05:06 autant se remonter les manches dans notre pays et faire en sorte de retrouver un peu d'orthodoxie budgétaire.
05:12 Bien, François Asselin, le gouvernement avance des solutions, ses solutions.
05:16 Alors, parmi ses solutions, j'ai écouté Gabriel Attal qui dit
05:21 "Soit vous augmentez les impôts, soit vous faites en sorte qu'il y ait plus de Français qui travaillent."
05:27 C'est ce qu'il dit.
05:28 Alors, pour que plus de Français travaillent, il faut beaucoup de paramètres.
05:33 Mettre en route beaucoup, beaucoup de leviers.
05:37 La première chose voulue par le gouvernement, c'est un raccourcissement de la durée d'indemnisation des chômeurs.
05:44 Du chômage.
05:45 Est-ce une priorité à vos yeux ?
05:48 Alors, moi j'ai envie de vous répondre.
05:50 Je vais vous répondre précisément sur la question que vous venez de me poser.
05:53 Mais ce qu'il manque dans la prise de parole du Premier ministre, c'est quelque part ce qu'on pourrait qualifier d'un plan stratégique.
05:59 Dire que les petites mesures, allez on va toucher à l'assurance chômage...
06:03 C'est une petite mesure ?
06:04 Toucher à l'assurance chômage, c'est une petite mesure ?
06:07 À l'échelle de ce qu'il faut faire pour le pays, oui, c'est une petite mesure.
06:11 Comme la réforme de retraite que nous avons nous accompagnée, pour des raisons très objectives,
06:16 est une réformette, disons les choses telles qu'elles sont.
06:19 C'est-à-dire que dans la situation où nous sommes, bien évidemment, si on veut s'en sortir,
06:23 nous attendons, nous, à la CPME, un plan d'ordre stratégique,
06:27 où on redéfinit quelle doit être l'action de l'État,
06:33 quelle doit être l'action publique.
06:34 Ça touche bien évidemment notre système social,
06:37 ça touche l'organisation de notre système public,
06:39 ça touche les territoires.
06:40 Pourquoi ? Parce que vous avez aujourd'hui en France, un secteur marchand qui produit la richesse,
06:45 ce sont nous, les PME,
06:46 et vous avez un secteur public qui est devenu pentagruellique,
06:49 qui fait que, pour, nous n'arrivons plus à créer assez de richesse,
06:53 pour tout simplement équilibrer la juste solidarité que nous devons à nos concitoyens.
06:57 Et là, quand nous avons une pression fiscale telle qu'elle est aujourd'hui,
07:00 il n'y a plus aucun levier sur les impôts, reste le travail.
07:03 Bien, reste le travail.
07:05 Et dans ce travail, il y a l'assurance chômage.
07:08 Je ne vais pas passer la demi-heure sur l'assurance chômage,
07:11 parce qu'il y a beaucoup, beaucoup de sujets, beaucoup de leviers pour agir.
07:17 Beaucoup de leviers possibles pour agir.
07:19 Mais François Asselin, sur l'assurance chômage,
07:21 donc, raccourcir la durée d'indemnisation, ça, vous êtes favorable ou pas ?
07:26 Nous sommes favorables, oui.
07:27 Oui, on est à 18 mois aujourd'hui, le Premier ministre a dit pas moins de 12 mois.
07:32 Vous êtes favorable à quoi ?
07:34 A 12, 14, 16 mois ?
07:36 Le meilleur système assurantiel, parce que c'est une assurance chômage.
07:40 C'est un système qui indemnise correctement celui qui a un accident de parcours professionnel,
07:45 celui qui perd son emploi.
07:46 Mais c'est un système qui le raccroche le plus rapidement possible au marché du travail.
07:50 Et regardons quand même ce que nous avons fait, notre assurance chômage.
07:53 C'était souvent un outil qui permettait, entre deux contrats, d'être payé sur la collectivité.
07:59 Donc, pas 18 mois, pas 12 mois, mais quoi ? 14, 16 mois ? Dites-moi, quelle est votre position ?
08:06 12 mois me paraît un étiage intéressant, avec une indemnité qui soit correcte.
08:14 Pourquoi ? Parce que lorsque vous êtes cadre et que vous perdez votre emploi,
08:17 sinon, si d'un seul coup, votre indemnité chômage fait que vous ne pouvez plus garder votre maison,
08:20 c'est une catastrophe.
08:21 En revanche, si vous êtes indemnisé correctement et que vous savez que vous en avez pour un an,
08:26 et bien là, vous pouvez vous organiser pour immédiatement raccrocher l'emploi.
08:30 Est-ce qu'il faut durcir les conditions pour accéder au chômage, aux indemnités ?
08:35 Aujourd'hui, on n'est pas trop loin de ce qu'il faudrait faire.
08:39 Il faut travailler 6 mois pendant les 24 derniers mois.
08:41 6 mois les deux dernières années.
08:43 Les deux dernières années.
08:44 On peut toujours essayer de bouger les curseurs, suivant votre catégorie socio-professionnelle,
08:48 suivant votre âge.
08:49 Ce qu'il faut quand même regarder dans cette histoire, c'est qu'il faut avoir un système,
08:53 et c'est ça la clé du succès, un système qui soit vraiment incitatif à la reprise d'emploi.
08:58 Et on sait, et les économistes l'ont théorisé, on sait que la durée d'indemnisation est capitale.
09:05 C'est-à-dire que si vous savez que vous en avez pour deux ans,
09:08 généralement vous vous mettez à chercher de l'emploi au bout de 18 mois.
09:11 C'est foutu, c'est trop tard.
09:12 Donc dès que vous perdez votre emploi, il faut raccrocher le plus rapidement possible au marché du travail.
09:16 Alors François Asselin, le gouvernement décidera si les partenaires sociaux ne se mettent pas d'accord,
09:21 le calendrier est fixé, vous devez discuter jusqu'au mois de juin, et à l'automne.
09:26 Et à l'automne, il y aura un projet de loi, évidemment, du gouvernement,
09:30 et c'est le gouvernement qui décidera si vous n'arrivez pas à vous mettre d'accord.
09:33 Puisque vous avez compris.
09:34 Oui, mais vous savez, Jérémie Bourdin, quand bien même on se mettra d'accord,
09:37 le gouvernement reprendra la main. Je vais vous dire pourquoi.
09:39 Parce qu'entre partenaires sociaux...
09:40 Donc c'est lui qui décide, quoi.
09:42 Oh ben bien sûr !
09:43 Pourquoi servez-vous ?
09:44 Mais dans cette histoire sur l'assurance chômage, disons les choses telles qu'elles sont.
09:47 Et bien, ce qui s'est passé il y a déjà un peu plus de quatre ans,
09:50 lorsque il s'est agi, entre guillemets, de reprendre en main le système assuranciel
09:57 qui à l'époque était très déficitaire,
09:59 et bien, nous, partenaires sociaux, nous n'avons pas pris nos responsabilités.
10:03 Nous avons laissé l'État nous imposer déjà une lettre de cadrage.
10:06 Et à partir de ce moment-là, on n'est plus les patrons, il faut dire les choses.
10:09 Donc là, quand bien même nous arrivons à signer un accord,
10:12 l'État reprendra la main pour mettre en place les curseurs qu'il a en tête.
10:16 Bien, alors, on a parlé de l'assurance chômage, mais il y a beaucoup d'autres leviers,
10:22 comme je le disais.
10:23 Le travail doit mieux payer que l'inactivité.
10:26 Ben bien évidemment !
10:27 C'est ce que dit...
10:28 On est tous d'accord, on est tous d'accord.
10:29 Vous êtes d'accord avec le Premier ministre.
10:31 Ça veut dire quoi ?
10:33 Ça veut dire que le Premier ministre pense que les Français préfèrent le chômage au travail ?
10:37 Non, ça veut dire...
10:38 Est-ce que les Français préfèrent le chômage au travail ?
10:40 Non, non, les Français sont des bosseurs, les Français sont des bosseurs.
10:43 C'est tout simplement, si vous êtes dans un système qui ne vous engage pas à travailler,
10:47 eh bien, on peut facilement, c'est très humain, basculer dans la facilité.
10:50 On oscille entre la France des allocs et la France du travail.
10:52 Eh bien, vous m'avez effectivement orienté le curseur vers la France du travail.
10:56 Bien, alors on va parler des 35 heures.
10:58 Oui.
10:59 Pourquoi ? Parce que là encore, le Premier ministre a parlé des 35 heures.
11:02 Hier, il a eu une petite phrase qui m'a interpellé.
11:05 Il a dit "il faut sortir du carcan des 35 heures par semaine".
11:09 Sortir du carcan des 35 heures par semaine, ça veut dire quoi ?
11:12 Alors, aujourd'hui, très honnêtement, on peut sans problème travailler plus de 35 heures dans notre pays.
11:20 Le Code du travail vous le permet, le droit conventionnel dans votre branche professionnelle vous le permet.
11:24 Le seul problème, c'est que la 36e heure, vous allez la payer, et c'est normal, à +25%.
11:30 Et là, d'un seul coup, vous décrochez en compétitivité.
11:33 Il y a une mesure qui avait très bien fonctionné du temps de Nicolas Sarkozy,
11:36 elle a tellement bien fonctionné d'ailleurs qu'elle a été abandonnée, comme toutes les mesures qui fonctionnent,
11:39 c'était la détaxation et la défiscalisation des heures supplémentaires.
11:44 On a tout le temps voulu que les heures supplémentaires, c'était très populaire pour les salariés,
11:49 ceux qui avaient envie de travailler plus, gagnaient plus, le fameux "travailler plus, gagner plus".
11:53 Et c'était très populaire pour les entrepreneurs, parce que lorsque vous n'arriviez pas à trouver des compétences...
11:56 Rétablir totalement.
11:59 Rétablir sur les heures supplémentaires, bien évidemment, l'abaissement des charges patronales,
12:03 des charges sociales et des défiscalisations pour les salariés.
12:06 Et là j'aime mieux vous dire que ça donnerait un effet booster fantastique dans les entreprises.
12:10 Le travail doit payer plus. On est bien d'accord.
12:13 C'est ce que dit le gouvernement. Le gouvernement dit qu'il faut absolument que le salaire net soit plus élevé.
12:21 Parce que c'est vrai qu'en bas de sa fiche de salaire, on est surpris.
12:26 Oui, parce que vous avez à peu près 27 à 28% de charges directes,
12:31 sans parler du prélèvement à la source, ça selon les impôts, mais déjà sur les charges sociales,
12:34 vous avez 27 à 28% de charges directes qui sont retirées du salarié.
12:38 On finance l'assurance chômage. Ah non, les salariés ne financent plus l'assurance chômage.
12:42 C'est simplement les charges patronales.
12:44 Mais en attendant, le travail coûte cher aux employeurs, et finalement pour les salariés, il y a une ponction qui est très importante.
12:53 Mais si on baisse les cotisations salariales et patronales, si on baisse les cotisations, vous augmenterez les salaires ?
13:01 Alors, si vous... Pardon, mais certains parlent de la fameuse TVA sociale,
13:07 on transfère les baisses de cotisations sur la TVA.
13:10 Bon, mais est-ce que si on vous baisse vos cotisations, vous augmentez les salaires ?
13:16 Oui ou non ? Entendons-nous bien.
13:18 Une entreprise ne peut distribuer que ce qu'elle gagne.
13:23 C'est-à-dire que si on baisse la part des cotisations salariales, le salaire net va mécaniquement augmenter.
13:30 Si on baisse les cotisations patronales, qu'est-ce qui se passe ?
13:33 La compétitivité des entreprises augmente, et du coup la marge augmente, et du coup les salaires augmenteront, voyez-vous.
13:39 Donc il faut avant tout, effectivement, retrouver...
13:42 Mais les chefs d'entreprise sont prêts à augmenter les salaires si les charges baissent.
13:45 Mais vous avez des chefs d'entreprise qui rêveraient, je vous assure, surtout dans les PME, de mieux rémunérer leurs salariés.
13:51 Mais si le client en face n'accepte pas l'augmentation que vous devez à vos salariés,
13:55 vous ne pouvez pas augmenter vos salariés lorsque vous avez une activité dans la propreté, dans le service à la personne, dans la sécurité,
14:02 et que votre marge de manœuvre est de quelques centimes d'euros sur votre prix de vente.
14:06 Comment faites-vous pour augmenter vos salaires lorsque vous allez basculer dans le rouge, si votre client n'accepte pas l'augmentation ?
14:11 C'est ça le problème, voyez-vous. Les entreprises ont besoin de dégager de la marge pour rémunérer correctement leurs salariés.
14:16 Et en France, on a un salaire minimum, on dit "on smicardise la France".
14:22 Oui, on smicardise la France.
14:23 Oui, mais ce qu'il ne faut pas oublier, c'est que notre smic, même si c'est aujourd'hui compliqué dans notre pays,
14:28 de vivre avec 1398 euros net par mois, c'est le montant du smic horaire pour 35 heures, mensuel pour 35 heures.
14:35 Ce n'est pas évident de vivre avec ça. Mais en attendant, c'est le salaire minimum l'un des plus élevés d'Europe, on est dans le trio tête.
14:42 Alors j'entends le Premier ministre qui défend la semaine de 4 jours. Il dit "c'est mon idée".
14:47 Ce n'est pas l'idée du Président de la République, c'est mon idée, la semaine de 4 jours.
14:51 C'est un gadget ou pas ?
14:53 On n'est pas tout à fait entre nous sur Soud Radio.
14:56 On est entre nous, mais si on est entre nous.
14:58 Entre nous, qu'est-ce qui intéresse ? C'est le week-end de 3 jours.
15:02 Quand on parle de la semaine de 4 jours, qu'est-ce qui intéresse les Français ? C'est le week-end de 3 jours.
15:06 Si vous mettez la semaine de 4 jours un mardi ou un jeudi, vous aurez déjà moins de candidats.
15:10 Alors, par rapport à cette volonté du Premier ministre de mettre en place la semaine de 4 jours, moi j'ai envie de dire la chose suivante.
15:16 Moi, quand je suis chef d'entreprise, je veux rester le garant de l'organisation de mon entreprise.
15:21 Si on m'impose le télétravail, si on m'impose la semaine de 4 jours, si on m'impose la manière dont je dois organiser mon entreprise,
15:28 autant que je sois nationalisé, je deviendrai directeur d'un sauve-cause, et puis on verra la suite.
15:33 Donc nous sommes, nous, chefs d'entreprise de PME, les garants de l'organisation du temps de travail.
15:36 Si j'ai envie de mettre en place la semaine de 4 jours dans mon entreprise, ça me regarde.
15:40 Ça ne regarde pas celui qui veut décider à ma place.
15:43 Voilà. Et si l'organisation de semaine de 4 jours vous permet de garder la compétitivité, tant mieux pour ces entreprises.
15:48 Par contre, si je ne peux pas, je veux rester libre de mes choix.
15:52 François Asselin, il y a une préoccupation importante de la part des chefs d'entreprise, des patrons de PME, c'est la commande publique.
16:02 Aujourd'hui, trop cher, trop long, trop de paperas. La commande publique. Rediriger la commande publique vers les PME.
16:12 C'est indispensable.
16:13 C'est indispensable. La commande publique, il ne faut pas oublier que la commande publique, ce n'est pas que l'État.
16:18 Ce sont les collectivités.
16:20 Ce sont les collectivités territoriales.
16:22 C'est un levier très important pour l'animation économique des territoires.
16:26 Beaucoup d'entreprises ont besoin de la commande publique.
16:29 Et c'est pour ça que dans les coupes budgétaires annoncées, nous, ce que nous attendons, c'est que l'effort soit fait sur le fonctionnement et non pas sur l'investissement.
16:36 Ça, c'est très important.
16:37 Par rapport à la commande publique, on demande un dispositif qui serait très simple.
16:42 Pourquoi ne pas mettre en place un coffre-fort électronique ?
16:44 C'est dans nos 80 propositions de simplification où l'entreprise met tous ses documents administratifs.
16:49 Et ceux qui ont besoin, les sachants, viendraient chercher, bien sûr avec un code d'accès sécurisé, l'information que vous avez donné une bonne fois pour toutes.
16:57 Lorsque vous répondez à un appel d'offres publiques, si jamais dans la semaine vous répondez à trois appels d'offres publiques, vous allez faire trois fois la même démarche administrative.
17:03 Et parfois, on peut vous redemander des papiers qui ne sont pas obligatoires, mais que telle ou telle collectivité vous demande comme étant obligatoire.
17:09 Donc effectivement, c'est extrêmement lourd.
17:11 Après, comment réserver la commande publique au PME ?
17:13 Ce n'est pas compliqué.
17:14 Ça s'appelle l'allotissement.
17:15 C'est-à-dire qu'il faut segmenter la commande publique pour que les marchés ne soient pas trop importants pour échapper au PME.
17:23 Si vous voulez massifier vos achats, bien évidemment, du spectre de vos fournisseurs potentiels, les PME disparaissent.
17:30 Alors, la simplification, c'est l'une des demandes des patrons de PME.
17:35 Simplifier les procédures, réduire les normes, c'est parce que la paprasserie...
17:41 J'entends des témoignages.
17:42 Bien souvent, sur Sud Radio, des chefs d'entreprise m'appellent et me disent "Moi, je passe mon dimanche à remplir des papiers".
17:49 Bien sûr, bien sûr. Nous sommes des risques tous, enquiquinés, je reste au poli, par des risques rien.
17:54 Le risque rien, ce n'est pas le fonctionnaire zélé, ce n'est pas du tout ça.
17:56 Mais c'est la norme inapplicable, c'est le règlement incompréhensible, c'est la loi bavarde.
18:01 Et c'est ce qui fait que, bien, vous, chef d'entreprise, au bout d'un moment, vous devenez... vous êtes découragé.
18:05 Voilà. Trop, c'est trop.
18:07 Et sur ce sujet de la simplification, je pense très honnêtement que c'est le bon moment.
18:12 Il n'y a plus d'argent dans les caisses de l'État.
18:14 Et bien, c'est là qu'il faut pousser les curseurs.
18:16 Nous avons demandé la mise en place du test PME.
18:18 C'est quoi ce test PME ?
18:20 Avant toute proposition de loi, avant tout projet de loi, si nous passions au filtre,
18:25 eh bien, les conséquences de ce projet de loi au filtre des PME.
18:29 En clair, on fait de l'expérimentation.
18:31 Est-ce que ça va fonctionner ?
18:32 Mais j'aime mieux vous dire qu'on éviterait des sacrées bêtises pour embêter...
18:35 Mais le gouvernement ne vous écoute pas ?
18:37 Si, là-dessus, si.
18:38 Ah, bon.
18:39 Parce que déjà, il y a...
18:40 Non mais parce que je me posais une question.
18:41 C'est une loi, ces PME.
18:42 Parce que vous prévoyez qu'il ne faut pas vous écouter, mais je me dis, mais le gouvernement ne l'écoute pas.
18:44 Si, si, parce que le test PME, ça fait deux ans que je le porte.
18:46 J'en ai parlé à Bruxelles, bien évidemment, à Thierry Breton, j'en ai parlé au président de la République,
18:50 j'en ai parlé avec Gabriel Attal, avec Elisabeth Borne, quelques mois avant.
18:52 J'en ai parlé avec Bruno Le Maire, et ça y est, c'est dans les tuyaux.
18:56 En ce moment, il y a un projet de loi qui court à l'Assemblée nationale.
18:58 C'est parti du Sénat, c'est rendu à l'Assemblée nationale.
19:00 J'étais hier à l'Assemblée nationale pour pousser le curseur.
19:03 J'espère que nous aurons un test PME, enfin.
19:05 Et deuxièmement, c'est le moment, par exemple, de relever les seuils des entreprises.
19:10 Quand vous voyez que vous avez trois fois plus d'entreprises, de moins de 50 salariés, de 49, que de 51,
19:16 c'est qu'il y a un vrai problème de seuil.
19:18 Pourquoi n'irions-nous pas augmenter les seuils ?
19:21 Le 10, on le passe à 20, le 20 à 50, le 50 à 250.
19:23 Qu'est-ce que ça ferait, très honnêtement, à l'histoire de l'échelle sociale et économique de notre pays ?
19:28 C'est une virgule. Et pour autant, ça donnerait un bol d'air fantastique aux entreprises.
19:32 Bien sûr. Alors, le Premier ministre a dû vous rassurer hier, puisqu'il ne dit pas haute dose d'impôts pour les entreprises.
19:37 Ça, attendrez voir.
19:41 Oui, d'abord, on va attendre pour voir.
19:43 Et puis deuxièmement, vous savez, pas de hausse d'impôts pour les entreprises, ça veut dire que peut-être que les baisses prévues n'auront pas lieu.
19:49 On attend encore les autres tranches de baisses sur la CVE.
19:51 Donc, voilà, il faut y se retraduire.
19:53 Et puis, n'oublions pas une chose, je suis aujourd'hui en territoire, la fiscalité des entreprises, comme de tous les Français, c'est aussi la fiscalité locale.
20:00 Et ce que l'on constate, ce qui n'est pas vrai d'ailleurs pour cette région, le Conseil Régional ne l'a pas fait,
20:06 eh bien, on voit une hausse très importante de la fiscalité locale sur les citoyens comme sur les entreprises.
20:12 Et là, attention.
20:13 Bien, là, attention. Bien sûr, les Européennes, évidemment, pas de consignes de vote.
20:17 Non.
20:18 La CPE ne donne jamais.
20:20 Jamais.
20:21 Quand un syndicaliste commence à faire de la politique, il arrête de faire du syndicalisme.
20:24 Alors, mon rôle, c'est d'être en dialogue avec l'ensemble de l'échiquier politique et nous devons tenir cette ligne.
20:30 J'avais une dernière question sur les cyberattaques. Est-ce que les PME sont démunis ?
20:35 Alors, les PME, oui, elles sont démunies, mais en même temps, nous avons les moyens de nous protéger.
20:41 Ce n'est pas très compliqué. Il faut simplement avoir cette culture aujourd'hui dans les entreprises de la cybersécurité.
20:45 Et comment faire pour aider les PME, justement, à trouver les moyens de se protéger ?
20:48 Alors, on les accompagne à la CPME.
20:50 C'est-à-dire que, bien sûr, il faut être informé des risques.
20:54 On a des moyens de se protéger. Il y a des sociétés de services qui savent les accompagner.
20:59 Ce n'est pas très compliqué. Il faut avoir une théorie, en tout cas, mettre en pratique la gestion des sauvegarde de l'entreprise.
21:04 C'est très important pour préserver l'entreprise en cas de cyberattaque.
21:07 Et puis, il faut bien évidemment, dans l'entreprise, avoir des modes de fonctionnement qui fassent en sorte que, bien,
21:13 tout le monde ne fait pas n'importe quoi avec son ordinateur professionnel.
21:17 Merci, François Asselin.
21:19 Merci, Jean-Marc Bourdin.
21:21 Merci pour ce plaidoyer pour les PME françaises.
21:24 Oui, c'est normal que je les aime. C'est ma vie, donc j'aime ma vie.
21:28 Merci, François Asselin. Nous allons continuer à parler des PME avec plusieurs invités entre 9h et 10h.
21:34 Et vous pouvez évidemment appeler, comme vous le faites tous les jours, 0826 300 300.
21:39 Vous êtes sur Sud Radio, 105.8 en région lyonnaise.
21:43 Merci d'être avec nous. A tout de suite.

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