Régis le Sommier : "Cette guerre en Ukraine, c'est vraiment Verdun plus des drones."

  • l’année dernière
Avec Régis le sommier, firecteur de la rédaction de OMERTA, Grand reporter pour son livre “Jusqu’au dernier Ukrainien” chez Max Milo Editions

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Transcription
00:00 Sud Radio Berkhoff dans tous ses états,
00:03 le face à face.
00:05 Vous êtes bien dans le face à face d'André Berkhoff sur Sud Radio avec Régis Le Sommier,
00:10 directeur de la rédaction de Omerta, grand reporter pour son livre "Jusqu'au dernier ukrainien"
00:14 édité chez Max Milot. Bonjour Régis Le Sommier.
00:16 Bonjour.
00:17 L'histoire commence, c'est le livre de Régis Le Sommier qui commence comme ça,
00:22 mais je sais une phrase, une phrase assez extraordinaire
00:26 qui a été prononcée par le sénateur Lindsey Graham, le sénateur américain Lindsey Graham.
00:32 La phrase, c'était le 1er janvier, conférence de presse au Capitol, 1er janvier 2023,
00:37 donc il y a même pas trois mois.
00:40 Et il a dit ceci, "Je suis satisfait par la voie VOE bien sûr que nous avons prise,
00:45 avec les armes américaines et notre argent, l'Ukraine combattra la Russie jusqu'au dernier ukrainien."
00:54 Jusqu'au dernier ukrainien, quelle phrase, et c'est le titre de votre livre, Régis Le Sommier.
00:59 Vous êtes, mais on vous connaît déjà, on disait "J'aime pas la phrase, on ne vous présente plus",
01:04 si on vous présente, vous avez été 27 ans à Paris-Mâches,
01:08 directeur adjoint de la rédaction ensuite, et puis vous restez grand reporter,
01:11 vous avez été ensuite à RT, et puis vous êtes aujourd'hui directeur de la rédaction de Omerta,
01:16 la plateforme d'enquête et de reportage sur le web.
01:20 Alors justement, cette guerre, cette guerre, vous en parlez dans ce livre,
01:24 et c'est très intéressant parce que vous parlez aussi bien des deux fronts,
01:29 c'est-à-dire que vous avez été côté ukrainien, enfin ukrainien, Kiev, ukrainien,
01:33 et puis le côté russophone du Donbass,
01:35 comme vous avez couvert énormément de guerres et de faits depuis 27 ans, ou 30 ans même.
01:41 Et je dis ça simplement à nos éditeurs, parce que vous savez,
01:44 il n'y a pas deux races de journalistes, il n'y a pas deux catégories,
01:48 mais quand même, il n'est pas mauvais, parce que l'espèce se fait rare,
01:52 et c'est très dommage, des journalistes, des enquêteurs, des reporters qui vont sur le terrain.
01:57 Il y en a, et heureusement il y en a, mais il n'y en a pas assez par rapport à auparavant,
02:03 et c'est grave, et c'est dommage, parce que c'est très bien de discuter justement sur un plateau,
02:08 mais c'est encore mieux d'aller voir ce qui se passe et de raconter ce que vous avez fait,
02:12 dans ce livre Régis Le Saumier.
02:14 - Alors, si on avait à caractériser cette guerre, parce que vous parlez des hommes,
02:18 vous parlez des gens qui sont là, parce que c'est pas une abstraction la guerre,
02:22 c'est dégueulasse la guerre quelque part, enfin il y a tout ça,
02:25 et en fait, au bout d'années, puisque ça fait deux ans et demi que vous allez à peu près partir d'autres,
02:32 avant même la déclaration de l'invasion de l'Ukraine vers la Russie,
02:36 vous diriez quoi aujourd'hui ? C'est un combat douteux, comme disait Steinbeck,
02:41 c'est quoi cette guerre russo-ukrainienne qui continue et qui fait des vagues dans le monde entier ?
02:47 - Sur ce que j'en ai vu de mon dernier reportage, c'est Verdun plus les drones.
02:53 - Carrément Verdun, vous diriez.
02:55 - C'est la ligne de front aujourd'hui, qu'elle s'étale depuis Vügledaar, Marinka,
03:01 dans le Donbass, jusqu'au nord, jusqu'à Krimina, Zvatovo,
03:08 la zone dans laquelle j'étais en passant par Bakhmout,
03:11 tout ce tronçon qui fait plusieurs centaines de kilomètres de long,
03:17 l'intensité des combats qui ont eu lieu pendant ces derniers mois,
03:22 l'intensité des combats qui ont toujours lieu aujourd'hui,
03:25 je rappelle que le centre de Bakhmout est l'objet d'une guerre intense entre Ukrainiens et Russes,
03:31 alors on parle avec des centaines de morts,
03:35 quand je dis Verdun, c'est très précis pour moi, parce que j'ai couvert plusieurs guerres,
03:40 Verdun, ça veut dire qu'on se retrouve dans des paysages, parfois,
03:43 où tous les arbres sont brûlés, où il ne reste plus que les socles des maisons
03:49 et des petits murets à peine d'un mètre de haut,
03:52 et les soldats sont enterrés dans les caves et circulent à travers des venelles,
03:59 c'est-à-dire des tranchées, dès qu'ils conquièrent une position,
04:02 dès qu'ils grignotent un peu de terrain, ils font des tranchées pour ensuite consolider ce qu'ils ont pris,
04:08 et ce grignotage permanent entre Russes et Ukrainiens, il a lieu depuis des mois,
04:13 avec des duels d'artillerie, c'est surtout là où j'en viens avec Verdun,
04:19 moi j'ai eu un grand-père qui a passé six mois à Verdun,
04:24 et je me souviens de ces histoires, et je me souviens justement particulièrement de l'intensité de l'artillerie,
04:30 j'ai assez rarement dans ma carrière vécu ou partagé des moments avec des soldats vivant dans ces enfers,
04:37 où à trois heures du matin il y a un bombardement, toute la journée,
04:42 on s'arrête simplement, je l'ai noté, parce que c'est peut-être un petit soupçon d'humanité
04:49 qui reste parmi les deux belligérants, c'est-à-dire qu'à peu près autour de midi,
04:53 il y a un peu une pause qui a été un peu décidée tacitement, sans accord des chefs, avec les soldats,
04:59 et on bombarde un peu moins pendant ce moment-là, mais il faut imaginer ces obus de 300 mm
05:05 qui se baladent au milieu de la campagne, ces sifflements, ces impacts aussi,
05:11 parce que ça vous brise le cerveau, et ça, je dois avouer que c'est quelque chose,
05:17 voilà, c'est cet état de guerre, alors par rapport à ce qu'on disait tout à l'heure,
05:20 juste un petit détail, c'est que mon livre, que ce soit du côté ukrainien,
05:26 j'ai moins vécu de choses intenses du côté ukrainien, mais j'ai accompagné des volontaires français
05:30 qui allaient s'engager dans l'armée ukrainienne, ce que je veux, c'est vraiment rendre hommage aux hommes,
05:38 qu'on oublie parfois, parce que franchement, vous parliez de désanalyste, etc.,
05:44 et de ce qu'on peut dire de cette guerre, moi j'écoute parfois la télévision, les plateaux en continu,
05:49 les chaînes en continu, et j'ai l'impression que ces gens-là vivent, jouent à la bataille navale.
05:54 - Ils sont sur leur planète, ils font du video-game.
05:58 - Et derrière, quand on parle d'affrontements, qu'on parle de percées à tel endroit,
06:02 il y a des hommes qui meurent, et les hommes meurent, et il y a des gens dans mon livre qui sont morts,
06:08 que j'ai rencontrés, et c'est ça, je veux rappeler la nature humaine de cette guerre,
06:16 même si elle est monstrueuse, et ce que ça coûte tous les jours, et quelle est la vie de ces hommes.
06:23 - Oui, c'est ça. Et justement, la vie de ces hommes, parlons-en à un moment donné,
06:27 puisque vous avez vu les volontaires qui venaient se battre pour l'Ukraine, les volontaires étrangers,
06:32 d'ailleurs, vous avez fait, on en avait parlé déjà un peu, on va pas en reparler longuement,
06:37 mais vous avez fait un peu scandale en disant, il y a quelques mois, que vous disiez
06:41 qu'il y avait un instructeur américain. - Tout à fait, oui, bien sûr.
06:44 - Mais comme vous disiez, écoutez, je l'ai vu, je l'ai vu, même si ça avait été un Coréen du Nord,
06:50 je pourrais raconter aussi. - Mais le titre de mon livre qui provient de cette phrase,
06:54 de l'Insegram que vous avez citée, en est l'illustration. Les Américains, ils ont assez peu d'angoisse
06:59 pour dire qu'ils sont, alors, ils diront pas "boots on the ground", parce que pour eux, attention,
07:04 pour l'opinion américaine, ça rappellerait l'Irak, l'Afghanistan, où les boys sont,
07:09 mais évidemment qu'il y a des conseillers sur place, et même pour nos canons César,
07:13 je doute qu'on donne comme ça à l'Ukraine une trentaine de canons César sans qu'il y ait des instructeurs,
07:19 ou que subitement des Polonais puissent expliquer aux Ukrainiens comment ça fonctionne.
07:26 Non, tout ça, c'est évidemment qu'il y a une guerre clandestine qui se joue,
07:29 il y a une guerre à travers les forces spéciales, donc des parties non visibles des armées,
07:35 pour évidemment masquer à l'opinion, qu'elle soit américaine ou qu'elle soit française,
07:39 qu'on est vraiment sur place. Et en fait, c'est ça qu'il faut rappeler, il faut rappeler ces éléments,
07:44 je pense que c'est assez important, et sur la question effectivement de l'encadrement de l'armée ukrainienne,
07:50 je vais vous dire une chose très simple, c'est que l'armée ukrainienne,
07:53 elle a une efficacité peut-être plus importante que l'armée russe,
07:57 l'armée russe a ses forces, toujours l'artillerie, le côté, la masse critique par rapport à l'Ukraine,
08:04 qui est une population évidemment moins nombreuse, donc l'armée russe a des avantages,
08:09 mais elle a aussi des inconvénients, c'est qu'elle a très peu, contrairement aux armées occidentales,
08:14 l'usage des sous-officiers, ce qu'on appelle le NCO aux Etats-Unis,
08:19 c'est-à-dire ce dédoublement de l'officier au milieu de la troupe,
08:23 cette courroie de transmission, donc c'est plutôt la domination du chef sur ses troupes.
08:30 - Elle fonctionne comme ça ? - Oui, mais elle a toujours fonctionné comme ça.
08:33 Or l'Ukraine a adopté bien en amont des critères de l'OTAN, de formation des officiers et des sous-officiers,
08:40 qui sont plus en correspondance avec les armées modernes occidentales.
08:44 Donc tout ça évidemment ça ne s'est pas fait du jour au lendemain,
08:47 et même ça s'est fait bien avant le début de la guerre.
08:49 - On va continuer à parler de cette guerre, de ce que ça implique,
08:53 et de ce que Régis Le Saumier a vu et vécu dans ce livre "Jusqu'au dernier Ukrainien" que je vous recommande.
08:59 Et vous avez la parole sur Sud Radio, vous nous appelez au 0826 300 300 pour interpeller Régis Le Saumier sur son livre "Jusqu'au dernier Ukrainien" édité chez Max Milot.
09:08 A tout de suite sur Sud Radio.
09:22 - Et nous sommes toujours avec Régis Le Saumier, grand reporter, qui raconte dans un livre, encore une fois, que je vous recommande, "Jusqu'au dernier Ukrainien",
09:32 c'est la phrase, vous savez, l'expression de la phrase d'un sénateur américain.
09:36 Alors, effectivement Régis Le Saumier, c'est pas la première guerre que vous couvrez,
09:41 ce ne sera pas je pense la dernière, hélas, on aimerait bien que la paix règne sur le monde.
09:45 Mais au fond, ce qui est tout à fait frappant du point de vue de si on se remettait ici,
09:52 c'est que je pense que c'est pour ça que votre livre, je l'aime bien parce qu'il est nuancé au vrai sens du terme,
09:57 parce que la complexité, la vérité, elle est complexe, elle n'est pas manichéenne, blanc et noir.
10:01 Et au fond, chez nous, on a tendance à mettre des étiquettes.
10:05 "Ah, si vous osez dire que Poutine n'est pas totalement Hitler et que Zelensky n'est pas totalement Churchill, vous êtes à la droite, effectivement, du Führer."
10:14 C'est plus compliqué que ça, je crois, non ?
10:17 - Oui. - Ce que vous avez, vous, vécu dans...
10:20 - Moi, j'ai vécu des choses... Je vais vous dire, j'ai aujourd'hui 54 ans,
10:26 j'ai fait, donc, vous l'avez rappelé, 27 ans de carrière à Paris Match et beaucoup de grands reportages,
10:32 et de guerre, ce que je trouve assez... Quand je faisais mes classes, par exemple,
10:37 de grands reporters en Irak, dans les années 2000,
10:41 quand on revenait, on avait été, par exemple, on avait passé, j'ai passé beaucoup de temps avec l'armée américaine, d'ailleurs,
10:47 parmi mes détracteurs, il faudrait bien regarder ce que j'ai fait, parce que je pense que c'est peut-être l'armée avec laquelle j'ai passé le plus de temps,
10:52 cette fameuse armée américaine. Donc, je la connais très bien.
10:55 Mais, à l'époque, on revenait, le sujet sortait,
10:59 et on se disait, peut-être que nos confrères vont le remarquer, parfois,
11:03 on avait fait un sujet très très bon, donc on était content, parce qu'on en parlait,
11:07 mais on revenait ici, on était satisfait, on était content de rentrer en vie,
11:11 et de rentrer en un seul morceau, et puis...
11:15 Mais, aujourd'hui, ce qui est terrible, c'est quand vous allez, par exemple, dans le Donbass,
11:19 vous revenez, vous êtes sur un plateau télé, des gens qui ne sont pas allés,
11:23 qui n'ont jamais entendu siffler une balle, ni quoi que ce soit, vous expliquent les choses,
11:27 et vous contestent, d'ailleurs, et vous disent "non, non, ça n'a aucune importance", etc.
11:31 - C'est pas comme ça que ça s'est passé, oui. - Voir, en fait, vous êtes obligés, vous vous faites flinguer à domicile.
11:36 Et ça, c'est insupportable, de mon point de vue,
11:40 parce que, je veux dire, voilà, je rappelais mon âge,
11:44 j'ai couvert des guerres avec tout un tas de...
11:48 dans toutes les latitudes, et j'ai toujours eu...
11:52 et mis et appliqué les mêmes principes d'excellence
11:56 journalistiques, c'est ça, pour rappeler le terme, sur mes expériences de terrain.
12:00 Je vais pas devenir un espion russe à 54 ans,
12:04 tout ça est complètement grotesque, et je vois des gens me prêter des choses,
12:08 ou essayer de bricoler, comme vous André,
12:12 on s'aperçoit par exemple, quand on regarde Wikipédia, que c'est complètement...
12:16 c'est l'objet d'un "hold up", c'est-à-dire que vous avez
12:20 une description de votre carrière qui n'est pas votre carrière, parce que des gens ont décidé
12:24 que... - Courageusement anonyme, d'ailleurs. - Oui, toujours, souvent anonyme,
12:28 ou alors souvent les mêmes, qui viennent d'un petit milieu qui a décidé de vous faire
12:32 la peau, en fait. Et c'est ça qui est terrible, parce que la plupart de ces gens-là
12:36 ne sont pas dans votre sphère, ce ne sont pas des gens qui vont
12:40 sur le terrain, ce ne sont pas des gens... et moi ça me navre
12:44 de voir ça, parce que c'est déjà assez dur, vous l'expliquez,
12:48 d'être, par exemple, d'aller dans les deux camps, vous savez,
12:52 moi je suis allé en Ukraine, je suis allé en Russie, ensuite... - D'être dans la complexité. - Aujourd'hui,
12:56 ça m'est très difficile, parce que je suis allé en Russie,
13:00 le côté ukrainien m'a dit "votre carte de presse, c'est fini". - Ah ouais, carrément.
13:04 - Oui, bah vous êtes allé dans le Donbass, donc vous ne reviendrez plus là. - C'est fini, voilà, c'est fini.
13:08 Et en fait, je me rends compte, hier j'ai déjeuné avec une collègue,
13:12 une amie, Dorothée O'Leary, de France 2,
13:16 qui a la couverte "Bakhmout" de l'autre côté, c'était passionnant
13:20 de se retrouver avec une confrère, et de discuter, de comparer ce qui se passe côté russe,
13:24 on était à 20 kilomètres l'un de l'autre, voilà, et au même moment.
13:28 Et donc on compare, on s'aperçoit d'ailleurs
13:32 en comparant que les soldats vivent à peu près la même réalité, que ce soit d'un côté
13:36 ou de l'autre, ça change pas grand-chose malheureusement aux conditions épouvantables
13:40 dans lesquelles ils sont, mais c'est important d'avoir cette
13:44 vision, c'est important, alors ok, on peut souhaiter la victoire de l'Ukraine,
13:48 mais la souhaiter au prix de déformer la vérité, ou de ne pas vouloir voir
13:52 ce qui se passe en face, je trouve que c'est préjudiciable pour notre profession,
13:56 c'est préjudiciable pour notre santé mentale aussi, parce que ce n'est pas
14:00 à force d'incantations qu'on va arriver, et moi j'en ai vu combien sur les plateaux
14:04 télé, expliquant au mois de novembre que des généraux très gradés, avec des
14:08 titres pas possibles, qui nous expliquaient que l'armée russe c'était la défendade,
14:12 c'était fini, on est fin mars là, on va arriver début avril,
14:16 et ça ne s'est pas produit ! - Et petit, cancéreux, super claquant...
14:20 - Oui, mourant, etc, etc, avec 25 cancers, enfin bref, non mais tout ça
14:24 ça fait partie de la propagande, ça existe dans toutes les guerres, et notre travail
14:28 à nous, journalistes, c'est de ne pas rentrer là-dedans, c'est d'expliquer les choses,
14:32 et de dire "oh là j'y suis allé, les ukrainiens là, là ils ont merdé",
14:36 et de le dire ! Et là les russes, moi je suis allé sur un
14:40 détail tout simple qu'on entendait, oui, ils
14:44 combattent avec un fusil pour deux, et après j'ai regardé
14:48 d'où ça venait, ça vient de Stalingrad, où en effet les russes
14:52 à la fin, il y avait le premier qui arrivait avec son fusil, et le deuxième était derrière,
14:56 le premier tombait, il prenait le fusil et continuait à monter à la slope. - Et on l'a dit, là,
15:00 pour ici, aujourd'hui ! - Et d'avoir entendu des généraux nous ressortir ces salades,
15:04 ils connaissent sans doute très bien leur histoire, mais ce n'est pas
15:08 le cas, l'armée russe a beaucoup de matériel, voilà ce que j'ai constaté,
15:12 il faut aller sur place pour constater ça, de même que livrer en ce moment
15:16 avec la fameuse raspoutitsa et de la boue, par centaines des
15:20 blindés avec des roues aux ukrainiens, ce n'est pas leur faire un cadeau, il vaut mieux
15:24 des chenilles, enfin il y a des choses comme ça que vous comprenez, parce que vous êtes allé sur place.
15:28 - Vous voulez dire qu'avec la boue actuellement, la cadeau, ça va pas ? - Mais vous n'imaginez pas, personne ne sait
15:32 ce que c'est que cette boue, on en parle dans les... pareil, quand vous marchez dans cette boue,
15:36 vous avez assez rapidement 2 kilos en plus sur chaque pied,
15:40 donc vous imaginez les fantassins, donc il faut forcément qu'ils soient sur des BMP
15:44 ou des BTR, c'est-à-dire groupés sur le blindé pour avancer,
15:48 parce qu'à pied, 2 kilos de plus sur chaque... vous ne faites pas des kilomètres et des kilomètres
15:52 avec ça, donc ça c'est une réalité que nous... - Rappelez la réalité, le réel.
15:56 - Tout simplement, mais si le réel est dérangeant parce qu'il montre que les choses ne se passent pas aussi
16:00 bien pour les ukrainiens et que ça ne se passe pas si mal pour les russes,
16:04 est-ce que ça vaut le coup d'être condamné pour ça ? Or malheureusement, c'est ce que certains font.
16:08 Et justement, vous écrivez ce livre, vous racontez encore
16:12 une fois ce que vous avez vu, je voudrais juste parler, parce que
16:16 vous ne venez pas... les guerres, vous ne venez pas d'univers étrangers, votre père était militaire,
16:20 je rappelle, votre père était ingénieur en chef
16:24 dans les sous-marins nucléaires, c'est ça ? - Oui, officier, c'était le numéro 3 du bord, il s'occupait
16:28 de ce que les sous-mariniers appellent la chaudière, c'est-à-dire le réacteur, le coeur
16:32 du nucléaire. - Le coeur du réacteur, ouais. - Voilà, et c'est lui qui faisait fonctionner la machine
16:36 et qui emportait, et cette
16:40 enfance liée au secret, au monde de l'île longue,
16:44 au SNLE, c'est-à-dire à la dissuasion française, le coeur
16:48 de la dissuasion française, m'a quand même pas mal aussi, au niveau des
16:52 guerres, même si je viens d'une famille militaire, mais elle m'a aussi
16:56 très tôt mis la puce à l'oreille, j'étais très tôt conscient que mon père allait sur
17:00 l'eau avec, à côté de sa couchette,
17:04 à côté de son oreiller, 500 fois la bombe d'Hiroshima.
17:08 Et que mon père, ce qu'il faisait sous l'eau, il pouvait très bien aussi appuyer sur un bouton
17:12 qui fasse disparaître la planète. Donc le risque nucléaire, quand je l'entends
17:16 brandi par Poutine ou par d'autres,
17:20 moi ça me rappelle vraiment ce que faisait mon père quand il était jeune,
17:24 et pendant mon enfance, et que oui,
17:28 - Et c'est ça qui vous a donné envie d'aller sur le terrain ?
17:32 - D'aller sur le terrain, en tout cas, certainement de ne pas m'enfermer
17:36 dans un sous-marin pendant deux mois et demi et de vivre à l'air libre, oui.
17:40 - Vous n'êtes pas pour le confinement ? - Non, parce que je voyais mon père
17:44 quand il revenait, au bout de deux mois et demi, on partait à la montagne pour qu'il puisse s'oxygéner.
17:48 C'est des métiers très particuliers.
17:52 J'ai moi-même fait des reportages sur les sous-marins par la suite,
17:56 mais oui, c'est sûr que je préfère l'eau grande terre,
18:00 je préfère la liberté que nous donne, vous savez,
18:04 un soldat américain m'avait dit en Irak un jour, il m'avait dit,
18:08 quand on vient en tant que journaliste, partager votre quotidien, il m'a dit
18:12 "oui, mais la différence c'est, tu vois, ce shit hole, cette merde dans laquelle on est"
18:16 - Ce trou, ouais - Il dit "toi tu peux partir quand tu veux, nous on en a encore
18:20 pensé, c'est la grosse différence" - "Toi c'est un CDD, nous c'est un CDI"
18:24 - "Nous on peut partir" - Très bien, non mais c'est
18:28 vraiment, encore une fois, je renvoie au livre, prenez le temps de le lire,
18:32 voilà, comprendre le réel, ce que c'est que le réel,
18:36 après vous faites votre propre opinion, comme toujours, vive l'esprit critique.
18:40 Lucia, je crois que nous avons pas mal de... - Oui, beaucoup d'éditeurs nous appellent
18:44 au 0826-300-300 et vous continuez de nous appeler, et on reçoit Rodolphe
18:48 de l'Oise, bonjour Rodolphe. - Bonjour Rodolphe. - Bonjour M. Darfoeff et bonjour à votre
18:52 invité. Alors déjà, première chose, merci pour votre émission, puisque j'ai découvert que ce
18:56 livre sortait, et je vais rapidement l'acquérir pour pouvoir le lire. Je voulais
19:00 souligner que le mot "guerre", comme l'a bien expliqué votre invité, représentait
19:04 quelque chose d'absolument horrible, voilà, la réalité de la guerre est horrible, et qu'on a quand même
19:08 un président des politiques et des médias qui utilise ce mot-là pour tout et n'importe quoi.
19:12 Guerre économique à la Russie, guerre contre le Covid, scènes de guerre
19:16 quand il y a des manifestations qui dégénèrent, je pense qu'ils se rendent pas compte
19:20 de l'irresponsabilité de l'usage de ce mot, quand la réalité c'est
19:24 toutes les vidéos qu'on voit de gars dans des trous d'obus qui se font déchiqueter.
19:28 - Oui, c'est vrai, c'est vrai qu'on emploie "guerre" à tort et à travers.
19:32 Je me suis déjà exprimé là-dessus, je trouve ça préjudiciable d'abord pour l'exercice du pouvoir
19:36 aussi, cette communication en utilisant toujours des mots
19:40 comme une espèce d'emphase permanente, et puis quoi qu'on
19:44 ait vu, qu'on ait pu apercevoir sur les poubelles qui brûlent
19:48 à Paris, les véhicules renversés, ça n'a rien
19:52 à voir avec précisément cette... Vous savez,
19:56 "Bakhmout" est surnommé le "hachoir à viande", voilà, donc déjà
20:00 rien que ce mot, et ce mot, je m'en suis
20:04 intéressé sur l'origine de ce mot, et en fait ça vient
20:08 des Russes, juste après que les Allemands ont assiégé Moscou,
20:12 les Allemands se sont réfugiés à une quarantaine de...
20:16 Le ressac, la marée a changé, c'est-à-dire que les Russes ont commencé à monter
20:20 à l'assaut des lignes allemandes, et c'est un des points où
20:24 Zhukov envoyait par centaines de milliers ses soldats
20:28 à se heurter à l'artillerie. - Il faut se rappeler, 20 millions de morts des Russes.
20:32 - Et le "hachoir à viande", il date de cette époque-là, d'une ville
20:36 à l'ouest de Moscou, et il a été réutilisé, donc ça,
20:40 ça veut bien dire ce que ça veut dire, ça veut dire que tous les jours, vous avez des gens qui meurent
20:44 ou qui sont déchiquetés par des obus, des éclats d'obus en fusion, qui partent
20:48 à 300 km/h et qui vous rentrent dans le corps, et ça,
20:52 bon, il faut penser à ça quand on utilise le mot "guerre".
20:56 Faites attention. - Restez bien avec nous, on se retrouve dans quelques instants,
21:00 vous continuez de nous appeler au 0826 300 300 pour poser vos questions
21:04 à Régis Lesaumier sur son livre "Jusqu'au dernier ukrainien", édité chez Max Milot,
21:08 et on accueillera Christian de Bordeaux, à tout de suite sur Sud Radio.
21:12 Ici Sud Radio,
21:16 les Français parlent au français, je n'aime pas
21:20 la blanquette de veau, je n'aime pas la blanquette de veau.
21:24 - Sud Radio Bercov, dans tous ses états. - Vous êtes bien
21:28 dans le face-à-face d'André Bercov sur Sud Radio avec Régis Lesaumier pour son livre
21:32 "Jusqu'au dernier ukrainien", édité chez Max Milot, et vous avez la parole sur Sud Radio
21:36 au 0826 300 300, on accueille Christian de Bordeaux,
21:40 bonjour Christian. - Bonjour Christian. - Oui, bonjour à vous,
21:44 merci de m'accueillir, parce que j'ai essayé plusieurs fois
21:48 de prendre la parole, mais c'est très difficile.
21:52 - Et là, j'en ai beaucoup pour vous, allez-y. - Moi c'est un sujet un peu
21:56 brûlant évidemment, mais l'éditeur,
22:00 la personne qui est intervenue précédemment, me dit
22:04 "tout le monde est contre la guerre évidemment", mais ça ne peut pas être autrement.
22:08 On développe des systèmes d'armes terribles.
22:12 Et les Russes sont à la pointe de ce système.
22:16 Les gens ne le savent pas. Moi je travaillais là-dedans,
22:20 j'interviens parce que je suis un peu... c'est ridicule
22:24 de vouloir une paix avec un système comme ça. Les Américains
22:28 nous guident, nous mènent là-dedans,
22:32 celui qui sera le plus fort, moi je suis un peu écœuré là-dessus, parce que le système
22:36 d'armes russes, il est impressionnant.
22:40 - Mais oui, mais enfin, on peut quand même se dire que la paix est souhaitable,
22:44 Christian, vous ne croyez pas ? - Mais évidemment que tout le monde souhaite
22:48 la paix, tout le monde souhaite le bonheur de chacun, mais c'est impossible.
22:52 On peut le souhaiter, on peut prier... - Non mais pardon Christian,
22:56 on peut souhaiter que la guerre s'arrête quand même, même s'il y a des armes ultra-sophistiquées.
23:00 C'est pas parce qu'il y a des armes ultra-sophistiquées
23:04 qu'on va vivre avec ça pendant des années et des années.
23:08 Enfin, j'en sais rien, vous avez peut-être raison, mais ce serait triste.
23:12 - Oui, oui, c'est la discussion qui nous amène là-dessus, mais
23:16 vous savez, c'est pas celui... on ne se met jamais en colère
23:20 volontairement, je pense qu'on titille les gens. C'est pareil au niveau
23:24 de l'individuel, que dans un groupe, que dans un pays,
23:28 il y a des choses qui se sont passées, bien sûr c'est dégueulasse
23:32 tout ce qui se passe à la guerre, monsieur le sommier était devant,
23:36 moi j'ai jamais entendu siffler une balle, donc je vais pas faire de leçons de morale,
23:40 mais on ne pourra pas, à force d'exciter les gens, à force de
23:44 menacer, à force de développer des systèmes autour de grands pays
23:48 qui possèdent sans doute les richesses
23:52 les plus importantes au monde, et là je pense que c'est le nœud du problème.
23:56 On ne pourra pas développer, c'est impossible.
24:00 C'est impossible d'après moi. - Écoutez, on verra bien qui vivra, verra.
24:04 Si on le verra bien. Merci Christian.
24:08 Merci beaucoup Christian, et on reste dans la Gironde, on va recevoir Yves d'Arcachon.
24:12 Bonjour Yves. - Oui bonjour à tous les deux. - Bonjour Yves.
24:16 - J'ai peut-être essayé une réflexion un peu plus légère par rapport à ce qui se dit
24:20 de la part de monsieur le sommier ou de mon prédécesseur
24:24 par rapport à une balle qui siffle aux oreilles,
24:28 j'étais chez Donan, j'ai eu comme
24:32 EDRH un ancien officier de carrière, qui était
24:36 capitaine de renseignement de l'armée, et puis rédacteur en chef
24:40 de l'écho d'Alger, monsieur Bernard Marion, qui avait beaucoup de panache.
24:44 Et je lui parlais justement, que un type s'était fait
24:48 engueuler par le DG, et je disais, il a entendu
24:52 la balle siffler à ses oreilles. Et là, cet officier
24:56 d'actif m'a dit, quand on entend la balle siffler
25:00 c'est pas grave. Moi, je l'ai entendu plusieurs fois s'arrêter
25:04 et depuis je fais du rab, c'est fantastique.
25:08 - On vient de parler de ça, c'est ce que disait Agis Le Sommier,
25:12 ce qu'on disait effectivement, la guerre, il y en a qui en entendent parler,
25:16 d'autres qui la vivent, et c'est surtout d'ailleurs les soldats, les divers soldats,
25:20 et ce n'est pas du tout, du tout la même chose.
25:24 Je voudrais peut-être, merci Yves, je voudrais, Julien. - Merci beaucoup.
25:28 Oui, bonjour Julien. - Julien, bonjour, vous nous appelez de Marseille.
25:32 - Bonjour André, grand bonjour à monsieur Le Sommier.
25:36 Je trouve que vous avez beaucoup de courage dans ces temps de dire la vérité,
25:40 en fait de faire votre travail tout simplement des journalistes, parce que ça devient de plus en plus difficile
25:44 je pense que le récit est plus important que la vérité
25:48 et des gens comme vous, on en a besoin, mais je pense
25:52 quand on regarde LCI, BFM, tout ça, on ne montre qu'une facette, et le reste
25:56 des gens qui disent plus ou moins la vérité
26:00 ou qui essayent de démontrer les deux facettes, bon,
26:04 ils se font bafouer quoi, et on nous a enlevé RT, on a enlevé... parce qu'on pense que le peuple
26:08 n'a pas l'intelligence de faire son choix par soi-même, de comprendre les choses par soi-même
26:12 et je pense que votre travail est très bénéfique, mais le problème
26:16 c'est que les gens ne vous consent plus, on vous dit que vous êtes d'extrême droite, que votre patron
26:20 il est lié à la Russie, c'est incroyable
26:24 ce qu'on peut dire sur ces choses-là alors que ça existe votre travail.
26:28 - Régis Le Sommier. - Oui, ben écoutez, oui, vous avez, enfin je vais pas vous donner
26:32 tort, vous avez même entièrement raison, ce qui est assez
26:36 moi je vois dans ce traitement
26:40 j'aime pas me plaindre, c'est toujours... je préfère
26:44 démontrer ce que je sais faire ou ce que mes équipes peuvent faire
26:48 avec Omerta sur le terrain, c'est-à-dire qu'en fait la meilleure
26:52 parade à tout ça c'est de s'abonner à Omerta, c'est de regarder ce qu'on fait
26:56 de regarder nos 52 minutes, nos documentaires
27:00 et puis les formats plus courts qu'on a mis en place, parce qu'on essaye
27:04 d'y appliquer ses critères, en fait c'est la démonstration par l'excellence qu'on
27:08 essaye de faire. Ensuite, le problème, oui, c'est ce que vous l'avez
27:12 vous l'avez mentionné, c'est cette espèce de désignation
27:16 vous savez avec Omerta on avait pas lancé
27:20 Omerta qu'un journal bien connu
27:24 en l'occurrence Libération, avait déjà dit qu'on était d'extrême droite et pro-russe
27:28 on avait encore, Omerta n'avait pas encore commencé
27:32 donc on était déjà jugé sur des intentions supposées
27:36 ces intentions ne sont jamais
27:40 matérialisées, il suffit de regarder nos documentaires et nos interventions
27:44 nous avons pour principe chez Omerta d'aller
27:48 sur place, notre promesse éditoriale c'est de se dire
27:52 on vous parle de l'Iran, on va vous faire un documentaire sur l'Afghanistan, en l'occurrence je viens
27:56 de 15 jours en Afghanistan et je vais
28:00 vous raconter ce qui se passe dans le pays, ça c'est pas orienté plus
28:04 d'un côté ou de l'autre, mais ce que je veux vous dire, voilà, nous
28:08 c'est la promesse d'aller sur place et d'essayer au maximum parce que c'est pas
28:12 facile de faire parler tous les acteurs sur un terrain, sur un conflit
28:16 sur une catastrophe, et voilà, c'est ça notre mission
28:20 c'est tout et pas autre chose. - Nous avons
28:24 une auditrice je crois - Oui, une auditrice, Karine du Jura, bonjour Karine
28:28 - Bonjour Karine - Bonjour, merci
28:32 M. Bercov de me donner la parole, et bravo M.
28:36 Régis Saumier, pour votre livre, je ne l'ai pas lu
28:40 - Mais vous allez le lire - Oui tout à fait
28:44 Vous semblez parler de ce que vous connaissez
28:48 vous êtes expert parce que vous avez connu
28:52 la guerre, alors moi je vais vous dire, j'ai rencontré
28:56 beaucoup de jeunes dernièrement, et ils veulent tous partir en guerre
29:00 parce qu'il faut défendre l'Ukraine, il faut défendre ceci, il faut défendre cela
29:04 parce qu'ils s'abreuvent des paroles
29:08 mensongères des médias mainstream
29:12 et qui disent que des choses folles, même des
29:16 commandants otaniens qui disent
29:20 n'importe quoi, alors que c'est en effet un hachoir à viande
29:24 là-bas, il faut le dire très fort, il faut empêcher ces guerres
29:28 et cette guerre, donc il faut tous qu'on soit
29:32 de droite, de gauche, tous, il faut empêcher cette guerre
29:36 et merci M. le Saumier, parce que franchement, ça fait peur
29:40 quand vous voyez des jeunes, ils sont prêts à partir
29:44 et ils ne savent même pas ce qu'ils vont affronter
29:48 - Je vais réagir sur ce que vous dites, vous avez entièrement
29:52 raison, moi, si il y a une motivation politique
29:56 dans ce que je fais, elle est essentiellement d'ordre pacifiste
30:00 - D'accord - Oui, je pense qu'il faut éviter
30:04 à l'Europe, et je reprendrai, je suis tout à fait d'accord
30:08 avec Arnaud Clarsfeld là-dessus, d'être
30:12 déchiqueté à nouveau, on a oublié les dizaines de millions de morts
30:16 de la seconde guerre mondiale, les dizaines de millions de morts de la première guerre mondiale
30:20 et ce qu'il faut dire par rapport à cette capacité ou non de faire la guerre
30:24 moi ce que j'ai remarqué, c'est que à la fois du côté ukrainien comme du côté russe
30:28 sur place, ceux qui font la guerre sont des gens qui sont habitués
30:32 à vivre à la dure, les russes c'est des
30:36 peuples résilients, ce sont des peuples de paysans, de mineurs
30:40 - Comme les ukrainiens d'ailleurs - Comme les ukrainiens, donc ils se font une
30:44 guerre très dure, je ne suis pas sûr personnellement
30:48 que le jeune français aujourd'hui ait les capacités physiques
30:52 de mener une guerre dans des circonstances
30:56 comme le Donbass, que j'ai vécu moi au mois de janvier
31:00 par des températures de -15, où il faut supporter
31:04 des duels d'artillerie quasiment non-stop, donc c'est
31:08 une chose de se dire, oui on a fait des guerres, notre armée elle est intervenue
31:12 dans plein d'endroits, mais on a fait des guerres qui jusqu'à présent, il ne faut pas l'oublier,
31:16 étaient asymétriques, il y avait des risques, il y a plein de français qui sont morts au Sahel
31:20 en Irak pour défendre des causes justes, mais c'était des guerres
31:24 où l'ennemi se dérobait, où l'ennemi faisait des embuscades, il y avait un rapport
31:28 du faible au fort, là on est face à une guerre conventionnelle, comme on n'en a pas
31:32 vu en Europe depuis très longtemps, et c'est extrêmement meurtrière
31:36 et on n'a pas l'impression de ça en fait, quand on écoute la plupart
31:40 du temps la façon dont la guerre est narrée, on n'a pas l'impression de cette réalité
31:44 de cette dureté, et des hommes, la qualité d'homme, n'oublions pas
31:48 14-18, si la France a gagné en 14-18, peut-on encore
31:52 appeler ça une victoire, quand on sait ce qui s'est passé 20 ans plus tard avec la montée
31:56 du nazisme etc., quand on a perdu 250 000
32:00 hommes tous les ans pendant 4 ans, c'est parce que c'était des paysans qu'on envoyait
32:04 c'était des gens qui étaient durs, qui étaient solides, aujourd'hui on n'a plus cette qualité
32:08 de qualité d'homme malheureusement. - Et oui, est-ce qu'on est là, en tout cas, lire
32:12 "Jusqu'au dernier ukrainien" et surtout se dire que
32:16 il faut être très lucide, et qu'on oublie le privilège
32:20 qu'on a d'être en France. - Voilà, tout à fait. - Merci beaucoup chers auditeurs
32:24 d'être toujours aussi nombreux à nous écouter et à nous appeler, et merci beaucoup à Régis Lesaumier
32:28 directeur de la rédaction de "Omerta", grand reporter pour son livre "Jusqu'au dernier ukrainien"
32:32 édité chez Max Milot, tout de suite l'émission de Brigitte Lay, à tout de suite sur Sud Radio.
32:36 sur Swiss Radio.

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