Avec Xavier Moreau Historien et analyste politico-stratégique, directeur du site “strat pol”. Auteur de “Livre noir de la gauche française”” « Ukraine pourquoi la france s’est trompée »
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00:00 - Radio Berkhoff dans tous ses états, le face à face.
00:04 - Le face à face d'André Berkhoff avec Xavier Moreau, historien, analyse politico-stratégique,
00:10 directeur du site Stratpol, auteur de Livre noir de la gauche française et Ukraine, pourquoi
00:14 la France s'est trompée ? Xavier Moreau est à Moscou, il y est en ce moment, il y est
00:17 depuis 23 ans. Bonjour Xavier Moreau.
00:19 - Bonjour Xavier Moreau, oui bonjour, vous êtes à Moscou, nous sommes à Paris, vous
00:25 êtes un homme d'affaires, entrepreneur franco-russe, vous avez écrit pas seulement ces deux livres
00:31 et pour beaucoup d'autres, et vous analysez la situation. Ce que je voudrais avec vous,
00:36 c'est peut-être deux choses d'abord, enfin il y a deux domaines qui nous intéressent,
00:40 vous vivez à Moscou, alors vous savez que un certain ministre, un ministre certain de
00:49 l'économie disait que nous allons mettre à genoux et va s'effondrer l'économie russe,
00:55 il y a déjà quelques mois. Aujourd'hui, à Moscou, très franchement, et je pense
01:02 que même si vous êtes à Moscou, vous êtes franco-russe, je pense que vous avez l'objectivité,
01:07 comment ça se passe ? Je parle du point de vue économique, mieux, moins bien qu'avant,
01:11 il y a des choses qui manquent, des choses qui... comment ça se passe ? La vie quotidienne,
01:16 je parle. - Écoutez, la vie quotidienne a été un peu
01:21 tourmentée au début de ce que les Russes appellent l'opération spéciale, c'est-à-dire
01:25 fin février et le mois de mars. - C'est l'agression, Xavier Meurot juste,
01:29 il y a quand même une agression et une invasion quand même.
01:32 - Écoutez, ce serait une agression que je comparerais à celle qu'aurait dû accomplir
01:37 la France contre l'Allemagne en 1936. - À Carrément.
01:41 - Oui, les Russes avaient le choix de faire une guerre préventive, ils ont fait le choix
01:45 que nous nous aurions dû faire et que malheureusement le général Gamelin n'a pas fait.
01:50 - C'est votre avis. - Voilà pour ce que j'en pense.
01:52 C'est mon avis, je comprends très bien. - Mais alors, revenons à ça, il y a eu quand
01:59 même cette opération spéciale que vous appelez, cette invasion que j'appelle ou agression,
02:05 après on pourra en discuter, effectivement les tenants et les aboutissants et ça c'est
02:09 tout à fait normal. Mais là, vous me dites qu'au début ça a été dur et après ça
02:15 s'est plutôt arrangé ? - Ça a été dur sous deux aspects, déjà
02:19 parce que les Russes ne s'y attendaient pas, donc il y a eu une espèce de stupeur en fait.
02:25 Après le gouvernement russe a expliqué que l'Ukraine s'apprêtait à tomber sur le Donbass
02:31 au milieu du mois de mars, mais bon même avec ces explications-là, on est quand même
02:35 passé d'un état de paix armée à une guerre qui finalement s'avère être une guerre
02:42 de l'OTAN contre la Russie. Donc là, il y a eu un moment de stupeur, moi par exemple
02:47 je ne m'y attendais pas, je n'étais pas au courant de tout ce qui se passait derrière
02:50 évidemment et à côté de ça, il y a eu des sanctions qui ont été prises et qui
02:54 ont eu un impact immédiat, notamment l'inflation et puis qui a aussi obligé la Banque Centrale
03:02 à réagir, et d'ailleurs la Banque Centrale a très bien réagi, de l'avis même des économistes
03:06 occidentaux en augmentant très fort les taux d'intérêt, en bloquant les transferts d'argent
03:12 pour éviter ce qu'on appelle, pardonnez l'anglicisme, un "bank run" et ça a très
03:16 bien marché. Les taux d'intérêt ont augmenté, je ne sais plus, on était presque à 20%
03:22 je crois, mais contrairement à 2014 et à 2016, on est très rapidement retombé à des
03:29 taux d'intérêt normaux et finalement la monnaie aujourd'hui est plus forte avec des
03:36 taux d'intérêt plus bas qu'elle l'était avant l'opération spéciale. Donc on peut
03:39 dire que la Banque Centrale russe et puis aussi le fait d'adosser le rouble à la vente
03:44 du gaz, entre guillemets, aux pays hostiles, donc à l'Europe, a été un coup de génie.
03:48 Donc visiblement tout ça a été relativement bien préparé et une fois qu'on avait passé
03:53 cette vague d'inflation au début de l'opération spéciale, et bien en fait finalement les
03:57 choses se sont lissées et aujourd'hui si vous ne vivez pas à la frontière nord de
04:05 la Crène, en Russie, c'est-à-dire à Belgorod ou à Koursk, en fait vous n'entendez parler
04:10 de la guerre qu'à la télévision et sur les réseaux sociaux.
04:14 Alors justement, on va en parler avec Xavier Moreau après une toute petite pause, c'est
04:18 très intéressant, comment justement est le moral des Russes, comment ils ont réagi
04:22 et le rapport avec l'Occident aujourd'hui tel qu'il est perçu, que ce soit dans les
04:28 sphères d'autorité mais surtout dans la population, comment s'est vécu, on en parle
04:32 tout de suite après une toute petite pause.
04:34 Et vous souhaitez interpeller Xavier Moreau sur sa vie en Russie, vous nous appelez au
04:37 0826 300 300 pour participer à l'émission 0826 300 300, à tout de suite sur Sud Radio.
04:43 Les Français parlent au français, je n'aime pas la blanquette de veau, je n'aime pas la
04:52 blanquette de veau.
04:53 Sud Radio Bercov dans tous ses états.
04:56 Et nous sommes en direct avec Moscou, avec Xavier Moreau, historien, analyste, politico-stratégique,
05:02 directeur du site Stratpol et auteur du livre "Noir de la gauche française", de Ukraine,
05:07 pourquoi la France est tropée.
05:08 Xavier Moreau, alors justement vous parliez de l'inflation, vous parliez d'un équilibre
05:16 qui a été en tout cas retrouvé, relativement vite d'ailleurs, même s'il y a encore...
05:22 Alors justement, vous savez quand on...
05:25 L'embargo juste pour rester sur le plan économique, on a dit voilà, plusieurs sociétés françaises
05:29 à ce moment-là, et grosses entreprises multinationales, on dit bon on se retire, voilà c'est l'embargo,
05:34 c'était pas l'embargo de la France bien sûr, l'embargo de l'Occident, etc.
05:38 Est-ce que ça s'est senti dans les marchés, dans les étalages, dans les magasins ou pas
05:45 vraiment ?
05:46 Non, non ça s'est pas senti parce que déjà en fait les Russes avaient annoncé la couleur
05:50 en disant si vous partez, nous on garde les usines et les machines outils.
05:54 Par exemple, Ikea a fermé ses portes il y a un peu plus de six mois, et là en fait
06:00 l'ancien management d'Ikea a repris les magasins, a repris les usines et va refaire de l'Ikea
06:06 simplement, ça s'appellera autrement.
06:08 Vous avez également le Finlandian Okian qui est sur le point de partir, donc qui vend
06:13 à 50% de la valeur de son usine, et j'écoutais sur une radio économique qui s'appelle Business
06:19 in Russia, et l'analyste expliquait que de toute manière la matière première est russe,
06:25 l'usine est là avec les machines outils, donc la seule différence pour les Russes
06:30 c'est que ça coûtera 20% moins cher parce que ça ne s'appellera plus Okian.
06:33 Donc en fait la Russie a largement de quoi reprendre la production.
06:38 Le domaine automobile a été touché parce que, mais ça c'est pas seulement en Russie,
06:44 il y a des sous-ensembles qui sont fabriqués dans d'autres pays, qui sont importés, et
06:49 donc tout ça tout d'un coup a été bloqué, mais les Russes ont rapidement réagi, ont
06:52 fait venir les Chinois, ont dit aux Chinois "vous pouvez tout reprendre, mais dans ce
06:57 cas il faut construire des usines pour faire des sous-ensembles", et les Chinois sont tout
07:01 à fait intéressés.
07:02 Pour vous donner un exemple, le premier producteur automobile en Russie avant la crise c'était
07:09 Renault, aujourd'hui ce sont les Chinois de Haval.
07:12 Oui, c'était un économiste français qui disait "on a tout fait pour pousser la Russie
07:18 dans les bras des Chinois, on y a réussi".
07:20 Donc en fait, ce que vous dites c'est que tous ces grands qui ont décidé, enfin grandes
07:27 entreprises ou autres, qui ont décidé de se retirer, ont été assez rapidement, peut-être
07:32 pas complètement remplacés, en tout cas, et refonctionnant sous d'autres étiquettes.
07:37 Tout à fait, et de ce que j'observe, si vous voulez, je compare par rapport à ce
07:41 qui s'est passé en 2014 et 2015, où là il y a eu les premières sanctions à la suite
07:45 de la destruction du MH17, et en fait je trouve qu'elles sont beaucoup moins pénibles, les
07:51 sanctions et les contre-sanctions, que celles qu'on a connues en 2014-2015.
07:55 Parce que si vous voulez, la Russie a mis en place des tas de systèmes pour compenser
08:00 ces sanctions potentielles.
08:02 Par exemple, elle a son propre système de paiement, qui a remplacé Visa Mastercard,
08:05 ce qui fait qu'en fait en Russie, Visa Mastercard sont fermés, mais vous ne vous en rendez
08:10 même pas compte.
08:11 Il a son propre système de transfert d'argent interbancaire.
08:14 Il y a des tas de choses.
08:16 La vie est extrêmement numérisée, l'administration, les services publics, surtout à Moscou, et
08:22 Moscou c'est quand même 13 millions d'habitants, ça marche mieux qu'à Paris, si vous voulez,
08:25 quand je compare les deux.
08:26 Et tout ça, on n'a pas vu la différence.
08:29 Et du point de vue même de l'inflation, l'inflation, ça ne concerne pas tout.
08:33 Par exemple, la Russie, du point de vue alimentaire, ça doit être la première puissance agricole
08:36 au monde.
08:37 Ça aussi, c'est une déconséquence, et c'est important d'en parler, parce que Vladimir
08:40 Poutine en a parlé pas plus tard qu'hier, des sanctions, c'est-à-dire que Vladimir
08:44 Poutine est en visite à Toulon, donc c'est une ville industrielle, et il a répondu aux
08:51 questions des ouvriers à Toulon.
08:53 C'est connu pour les samovars, mais également pour l'armement en fait.
08:56 Et donc en fait, les ouvriers s'inquiétaient pour les machines outils, etc.
09:01 Et Poutine leur a répondu, écoutez, en 2014, on nous a mis des sanctions, on a pris des
09:05 contre-sanctions sur les produits agricoles.
09:07 Aujourd'hui, on est le premier exportateur de blé.
09:09 On importait du cochon, on en exporte.
09:11 Et en fait, l'ambition de Vladimir Poutine, et ça je pense que c'est quelque chose qui
09:14 est calculé dès le début de l'opération spéciale, c'est de toute manière on va
09:19 se prendre des sanctions, quoi qu'il arrive, quoi qu'on fasse, et on va utiliser ces sanctions,
09:23 comme en 2014 et comme en 2015, pour faire un saut qualitatif dans ce que moi j'appelle
09:28 l'hyper-industrialisation.
09:29 C'est-à-dire qu'aujourd'hui, vous prenez les chiffres de 2021 du Fonds monétaire international
09:34 ou de la Banque mondiale, mais ça doit être à peu près les mêmes, industrie + construction,
09:41 c'est 32% du PIB en Russie.
09:43 En France, en 2021, c'était 16.
09:45 Aujourd'hui, on doit être à 10 avec la crise énergétique.
09:47 Et aujourd'hui, ça ne suffit pas Vladimir Poutine, il veut passer, j'ai l'impression,
09:50 à 50% de production industrielle.
09:52 La Russie est une puissance qui produit ce dont elle a besoin.
09:55 Alors, Xavier Moreau, en fait, on n'arrive pas à l'autosuffisance, mais on fait de
10:01 sa faiblesse une force et on fait de ses sanctions en disant "bon ben on est obligé, on est
10:06 dos au mur".
10:07 Enfin, "dos au mur", pas vraiment, mais je veux dire, on est obligé de se débrouiller
10:11 nous-mêmes avec nos propres forces.
10:12 Enfin, c'est un peu ça.
10:14 Alors, pas qu'avec ses propres forces, parce que la Russie, en fait, a beaucoup d'argent,
10:19 elle génère énormément d'argent, même et grâce aux sanctions, en fait, tout en
10:23 vendant moins de pétrole et de gaz, comme les sanctions créent une crise sur les marchés,
10:27 ça a augmenté les prix et donc la Russie, finalement, a gagné plus d'argent en 2022
10:31 qu'avant.
10:32 Mais également aussi parce qu'elle s'appuie sur une réalité qu'ont refusé de voir
10:37 les pays occidentaux, c'est la bascule de l'économie mondiale vers l'Asie.
10:44 Pour vous donner alors d'idées, dans les années 80, la CEE, Communauté économique
10:48 européenne, que nous connaissons mais que les plus jeunes ne connaissent pas, c'était
10:52 30% de la richesse mondiale, du PIB mondial.
10:55 Aujourd'hui, l'Union européenne, c'est 12%.
10:57 40 à 12% ! Oui, c'est pas dénigre.
11:01 Et ça, la Russie l'a compris, la Chine l'a compris, il y a des tas de structures
11:05 qui sont mises en place ces dix dernières années, notamment les fameux BRICS avec leurs
11:09 banques de développement.
11:10 Et donc, petit à petit, en plus, les systèmes de transfert d'argent en direct ont été
11:17 mis en place.
11:18 On parle du SWIFT, en fait, qui est un système de transfert interbancaire.
11:22 Les Russes ont créé leur propre système, je l'ai dit, des banques étrangères sont
11:25 connectées, les Chinois ont créé le CIPS qui également sont connectés.
11:30 Ils viennent de se connecter avec le Brésil il y a quelques jours.
11:33 C'était la question que je voulais vous reposer sur le monde multipolaire qui est
11:36 en train d'arriver avec, effectivement, la dédollarisation, en tout cas, la tentative
11:41 de dédollarisation.
11:42 On va en parler, Xavier Moreau, tout de suite après cette petite pause.
11:45 A tout de suite.
11:46 Et vous avez la parole sur Sud Radio 0826 300 300 pour interpeller Xavier Moreau, avoir
11:52 son analyse, son ressentiment sur place à Moscou.
11:54 Vous nous appelez 0826 300 300.
11:57 A tout de suite sur Sud Radio.
11:58 - Et oui, toujours, toujours et avec toutes les informations que nous donne Xavier Moreau,
12:05 homme d'affaires, entrepreneur franco-russe, écrivain et essayiste en direct de Moscou.
12:10 Xavier Moreau, justement, pour poursuivre les chiffres et les informations que vous
12:15 nous donniez et qui sont très intéressantes pour remettre en perspective ce qui se passe.
12:19 Quand Xi Jinping, le numéro un chinois, est venu il n'y a pas si longtemps, il y a quelques
12:25 jours à Moscou, en quittant Vladimir Poutine, il lui a dit cette phrase très à la chinoise,
12:34 mais quand même, il dit "Voyez ce qu'on vit actuellement, c'est la première fois depuis
12:38 100 ans que l'on vit un tel bouleversement".
12:41 Poutine lui a dit "oui" et il est parti.
12:43 Ça veut dire quoi, ça, très exactement, selon vous ?
12:46 - Si vous regardez la situation de la Chine il y a 100 ans, c'était pas très brillant.
12:53 L'Occident colonialiste était en pleine apogée.
12:57 D'ailleurs, l'exposition coloniale, je crois, en 1930, a été considérée comme l'apogée
13:03 de la colonisation française.
13:05 Et en fait, c'était le monde dans lequel on vivait.
13:09 Et je pense que pour une bonne partie du monde, ce monde, on va dire, avec l'Occident dominant
13:14 et un monde colonial, ou en tout cas, même après la décolonialisation, où l'Occident
13:20 fait régner son hégémonie, c'est ce monde-là qui prend fin.
13:24 Et pour la Chine, c'est quelque chose de très important, puisque la Chine a été humiliée
13:28 la deuxième moitié du 19ème siècle et entre les deux guerres, notamment par le Japon.
13:33 Donc je pense qu'effectivement, c'est vraiment la mise en place, entre guillemets, d'un nouvel
13:38 ordre mondial, pour paraphraser George Bush, père, et surtout un ordre mondial qui n'est
13:45 pas fondé sur une domination, mais plus sur un développement à la chinoise, c'est-à-dire
13:51 fondé sur l'économie.
13:52 J'espère à la chinoise qu'on ne parle pas du crédit social et autres joyeusetés
13:57 de ce genre.
13:58 Non, parce que les Chinois considèrent que chacun fait ce qu'il veut chez soi.
14:03 Eux, en revanche, ils ont un projet qui n'est pas un projet militaire, qui n'est pas un
14:08 projet diplomatique, qui est un projet économique, qui est les routes de la soie.
14:11 Les routes de la soie passent par l'Asie centrale et en principe devraient arriver,
14:18 c'est Marco Polo si vous voulez, jusqu'en Europe.
14:21 Et la Chine a intérêt que tout au long de ces routes de la soie, la paix règne.
14:28 Et donc, ils ont une activité, et à la base, encore une fois, les routes de la soie c'est
14:32 un projet du ministère de l'économie, pas du ministère des affaires étrangères.
14:36 Mais ils ont intérêt à inviter, par exemple, l'Arabie Saoudite, par exemple l'Iran, à
14:42 s'entendre pour que la paix règne dans la région.
14:44 C'est ce qui se passe en ce moment, on le voit, ce qui était impensable il y a encore
14:48 quelques années.
14:49 Regardez ce qui se passe également au Pakistan, qui a invité l'Inde à participer à des
14:56 rencontres.
14:57 La Chine a un projet économique, c'est un peu le doux commerce de Montesquieu, sauf
15:00 que cette fois ça marche, c'est-à-dire de faire une ligne de commerce où tout au
15:04 long de cette ligne, tout cela soit plus ou moins calme.
15:08 Et dans ce cadre-là, d'ailleurs, la Russie prend sa place, puisque au long de cette
15:11 route de la soie qui va d'est en ouest, vous avez un axe qu'on appelle l'axe de transport
15:17 de la Caspienne, qui part de la Volga en Russie, qui descend jusqu'en Iran.
15:22 Et la Russie, et la Chine aussi, veut utiliser cet axe.
15:25 La Chine veut aussi utiliser ce qu'on appelle la route maritime du Nord, qui passe en Arctique
15:30 et qui passe en partie au réchauffement climatique à cet endroit-là.
15:34 Et la Russie, qui se dote d'une toute une flotte de tankers ou de transporteurs brise-glaces,
15:41 qui vont pouvoir utiliser cet axe, donc qui fait gagner des millions de dollars.
15:45 - Et qui a contourné très largement l'embargo qu'il y avait décrété.
15:50 - Exactement.
15:51 - Xavier Moreau, justement, Basson, ça m'intéresse d'avoir, puisque vous le côtoyez aussi bien
15:57 des autorités que le russe moyen, si le russe moyen existe, enfin comme on parle du français
16:04 moyen, quel est aujourd'hui, par rapport à il y a 20 ans, puisque ça fait un peu plus
16:09 de 20 ans que vous vivez en Russie, enfin de façon régulière...
16:13 - 23 ans.
16:14 - 23 ans, voilà.
16:15 Qu'est-ce qui a changé ou qu'est-ce qui change en ce moment dans l'appréhension de l'Occident
16:25 par les Russes ?
16:26 Qu'est-ce qui a changé ou qu'est-ce qui a changé depuis quelques temps ou pas ?
16:30 - Alors ça, ça ne date pas de l'opération spéciale, mais l'Occident n'est plus un
16:37 modèle, n'est plus un modèle de développement.
16:39 C'est lié à deux choses, c'est que la Russie a trouvé son propre modèle et surtout c'est
16:44 que les Russes voyagent et pardonnez-moi, mais lorsqu'ils rentrent de Paris et qu'ils
16:48 reviennent à Moscou, ils disent mais en fait, donc notre ville, alors c'est 13 millions
16:53 d'habitants à Moscou, c'est plus grand que Paris et sa banlieue.
16:55 - Paris, intra-muraux, c'est 2 millions, Paris et le Grand Paris, c'est 10 millions, 8 à
17:01 10 millions, c'est ça.
17:03 - Donc imaginez que Paris et sa banlieue soient totalement sans insécurité, tout est parfaitement
17:10 organisé, numérisé, il y a des parcs partout avec des plachats de kiosques, des petites
17:16 places pour que les enfants jouent partout, des places pour que les gens fassent du sport,
17:21 vous avez par exemple en bas de chez moi, il y a des sacs de frappe, quand ils les ont
17:24 posés il y a un an, je me suis dit il y en a un qui va arriver avec son coup de boulon,
17:27 ça ne va pas durer 24 heures, il est toujours en place, il y en a deux.
17:31 Donc ce que je voulais c'est qu'en fait on est dans une ambiance qui, alors ça a beaucoup
17:34 changé depuis que je suis arrivé, je ne vous cache pas que en 23 ans, si vous venez
17:38 à Moscou tous les deux ans, vous ne reconnaissez pas la ville, tellement ça progresse.
17:42 Donc vous avez la propreté, si vous voyez ce que je veux dire, vous avez la sécurité,
17:47 vous avez des infrastructures tout simplement extraordinaires, c'est 30 stations de métro
17:52 ouvertes en un an par exemple, c'est tout simplement incroyable, et puis vous avez accès
17:59 à tout, des restaurants partout, vraiment une qualité de vie qui est extraordinaire.
18:03 Donc quand vous avez un touriste russe qui revient, ou une touriste russe puisque généralement
18:08 c'est elles qui se font embêter si vous voyez ce que je veux dire, qui revient de
18:11 Paris, il y a une chance sur deux, ça va se faire voler sa montre.
18:14 Je parle d'expérience de mes amis, moi je leur dis surtout quand vous allez dans une
18:19 table de café, ne mettez pas votre téléphone portable sur la table parce que vous risquez
18:22 de vous le faire attraper quand vous êtes en terrasse.
18:24 Ça en Russie ça n'existe pas, à Moscou ça n'existe pas.
18:27 - Mais Xavier Moreau, c'est pas honnêtement, c'est pas un tableau trop idyllique que vous
18:30 faites de Moscou par rapport à Paris, je comprends, on traite très bien ce qu'on vit
18:34 à Paris, mais vous n'êtes pas dans l'idylle, vous n'êtes pas dans...
18:37 - Ah non non, je vous assure.
18:38 Et moi c'est ce que je dis d'ailleurs dans mes vidéos, c'est je dis "Venez voir", et
18:43 je peux vous dire que ceux qui viennent me disent "Xavier on a subi un choc technologique,
18:48 un choc de propreté, et un choc de vérité aussi parce qu'on s'aperçoit qu'on nous
18:52 ment".
18:53 C'est-à-dire que...
18:54 - Dites-moi, quand est-ce que... vous dites "il y a 20 ans tout change", mais vous dites
18:58 "oui ce n'est plus..."
18:59 À un moment donné, parce qu'on se rappelle que même Poutine, il y a 20 ans etc. était
19:03 assez ouvert sur l'Europe, c'est-à-dire qu'il y avait une envie non pas d'intégrer l'Union
19:06 Européenne, c'est pas le problème, mais quand même l'Europe avait beaucoup beaucoup beaucoup
19:11 euh...
19:12 Je veux dire, fasciné, enfin on va pas revenir à l'histoire et à la culture etc.
19:17 Mais vous savez, j'ai lu un truc extraordinaire de Bukowski que je recommande à tout le monde,
19:24 Vladimir Bukowski, le dissident de l'Union Soviétique, qui avait connu tout ce qu'il
19:29 a connu, a dit aujourd'hui "écoutez moi c'est très simple, je viens de l'Europe, et bien
19:33 l'Union Européenne c'est l'URSS".
19:35 Même système, exactement, même politburo, même gens non élus etc.
19:39 Il a comparé, mais de manière extrêmement saisissante, évidemment, il n'y a pas le goulag,
19:44 heureusement chez nous, mais quand même, il a comparé les deux, il a dit "mais l'Union
19:49 Européenne aujourd'hui me rappelle furieusement l'URSS d'hier".
19:53 "Je vis dans votre futur", c'est ce qu'il a dit, exactement.
19:56 C'est ça, c'est ça.
19:57 "Je vis dans votre futur".
19:58 Oui, exactement.
19:59 Et euh...
20:00 Bah écoutez, oui, je suis désolé, encore une fois, quand je suis arrivé en Russie
20:03 il y a 23 ans, c'est pas du tout l'impression que j'avais, j'avais l'impression d'arriver
20:06 dans un tiers monde blanc.
20:07 C'était euh...
20:08 Alors, moi j'étais jeune, j'avais 28 ans, c'était comme quasiment comme dans les films,
20:14 mais en plus j'étais dans...
20:15 Dans le tiers monde quoi, c'était la pauvreté, c'était quoi ?
20:18 C'était euh...
20:19 Oui, c'était pauvre, donc j'avais, en plus j'étais expatrié, j'avais un pouvoir d'achat
20:23 extraordinaire, n'importe quelle boîte de nuit, vous arriviez, vous montriez votre
20:28 passeport français ou n'importe quel étranger, vous entriez, vous étiez considéré...
20:33 Le tube à la mode quand je suis arrivé, c'était "American Boy" ou "We Do Sta Boy".
20:38 "American Boy", je pars avec toi.
20:40 Donc il y avait trois jolies filles qui chantaient ça, et tout le monde ne rêvait que de ça.
20:44 De les jeunes filles.
20:45 Aujourd'hui, c'est plus du tout le cas.
20:47 Aujourd'hui, au contraire, la Russie regarde...
20:49 Alors, du point de vue civilisationnel, elle regarde tout de même toujours du côté de
20:53 l'Occident parce que c'est un pays européen, et le modèle chinois les attire pas plus
20:58 que ça.
20:59 Mais en revanche, ceux qui connaissent, on est dans la situation inverse des années
21:03 90 si vous voulez.
21:04 Dans les années 90, ceux qui voulaient être l'intelligentsia expliquaient aux Russes de
21:10 base ce que c'était que le bonheur de vivre en Europe.
21:13 Et c'était vrai.
21:14 En 1992, un Russe qui commence à voyager en France ou en Allemagne, il découvre le
21:18 supermarché.
21:19 Il n'y a pas de queue.
21:20 C'était heureux comme Dieu en France à l'époque.
21:23 "We got it, France!"
21:24 Voilà, comme disait Salomon.
21:25 Mais aujourd'hui, c'est l'inverse.
21:26 Croyez-moi, les témoignages de Français qui viennent ici, qui tout d'un coup débarquent
21:32 à Moscou, mais ils sont sous le choc.
21:34 Ils sont sous le choc, je vous le dis honnêtement.
21:36 C'est le même choc que j'ai eu en arrivant il y a 23 ans en Russie.
21:39 De l'autre côté, Xavier Moreau, restez évidemment avec nous.
21:43 On va vous confronter.
21:45 Je crois qu'il y a beaucoup de questions à vous poser de la part des auditeurs de
21:49 Sud Radio.
21:50 Beaucoup de gens nous appellent au 0826 300 300.
21:52 Allez-y, on va commencer par voir quelqu'un là.
21:54 Et oui, on accueille Christian de Bordeaux.
21:56 Bonjour Christian.
21:57 Bonjour Christian.
21:58 Bonjour.
21:59 On vous écoute Christian.
22:00 Alors, je suis déjà intervenu avec Monsieur Le Saumier, mais je n'avais pas pu poser
22:04 mes questions.
22:05 Je ne sais pas si Xavier Moreau est plus apte ou capable.
22:08 Je ne sais pas s'il connaît le système militaire russe, chinois, etc.
22:14 Chinois et français.
22:17 Alors, je suis ingénieur de formation.
22:20 J'ai travaillé dans l'armement, etc.
22:22 Bon, je connais un peu le développement russe, des techniques russes.
22:28 Je voulais savoir quel est le taux d'engagement militaire des Russes aujourd'hui en Ukraine
22:33 parce que cela me paraît un peu faible, etc.
22:36 Je pense qu'il y a beaucoup...
22:38 Est-ce qu'on nous dit tout comme vous dites ?
22:40 Alors, j'aimerais m'adresser à Monsieur Moreau.
22:43 J'apprécie beaucoup parce que je l'écoute et je regarde son site Stratpol, etc.
22:49 D'accord.
22:50 Alors, vous posez la question justement.
22:52 On a bien entendu Christian.
22:54 Xavier Moreau, alors le niveau d'engagement des Russes en Ukraine, demande Christian,
22:59 il paraît un peu effectivement.
23:01 Il paraît aussi un peu faible, sans rien dire, par rapport à quoi ?
23:06 Il est largement supérieur à celui d'il y a un an.
23:10 Il faut bien se rendre compte qu'il y a un an, lorsque les Russes sont rentrés,
23:13 ils sont rentrés un contre trois.
23:15 C'est la première fois dans l'histoire de l'humanité qu'un pays en attaque un autre
23:22 dans un rapport où il est largement en infériorité numérique.
23:24 Aujourd'hui, ils ont mobilisé.
23:26 Donc, je pense qu'il y a 500 000 hommes à peu près du côté russe.
23:29 Et l'armée russe, c'est un million d'hommes.
23:32 En comptant les mobilisés, ils doivent passer un million cinq dans les années qui viennent.
23:38 Je pense que ce sera assez rapidement atteint.
23:42 Donc voilà, ça vous donne un ordre d'idée.
23:43 Ce qu'on peut tout de même dire, c'est que l'essentiel de ce qu'on appelle en Russie
23:47 les contrats Knikis, c'est à dire les militaires sous contrat, comme ce que nous on a en France,
23:51 on a une armée uniquement de contrats Knikis.
23:53 Voilà, ils sont tous engagés dans l'affaire Ukraine, quasiment tous.
23:58 Donc, ça mobilise quand même des forces importantes.
24:02 Et du point de vue de l'équipement, là, on a assisté à quelque chose d'intéressant.
24:08 C'est que contrairement à ce qu'on peut entendre sur certains plateaux télé,
24:11 l'armement qui arrive aujourd'hui côté russe est plus moderne que celui qu'ils ont engagé il y a un an.
24:17 Parce que des programmes d'équipement, par exemple, des derniers modèles,
24:20 je ne vais pas rentrer dans les détails, mais du T-90M ProRiv,
24:23 qui devait équiper progressivement l'armée russe,
24:27 en fait, maintenant sont fabriqués 24 heures sur 24.
24:29 C'est pareil pour les munitions, c'est pareil pour les missiles, c'est pareil.
24:32 Donc, en fait, ce qu'on voit au contraire, quand on regarde un peu le matériel qui est déployé,
24:36 c'est que l'armée russe qui se met aujourd'hui en place face à ce que j'appelle l'armée autanokienne
24:42 est plus puissante, non seulement en nombre, mais également en équipement qu'elle ne l'était il y a un an.
24:49 - Christian, vous voulez poser rapidement ?
24:52 - Oui, oui, oui, on a déjà parlé de ça, tout le monde se souhaite la paix.
24:56 Moi, je crois qu'il faut créer la zone tampon et arrêter un peu d'insulter un peu les pays comme ça, etc.
25:05 par différents moyens.
25:06 On se met, comme je le dis l'autre fois, on ne se met jamais en colère volontairement.
25:10 Il y a toujours, il y a toujours, oui, l'effet déclencheur qui fait...
25:15 Et on se met en colère parce qu'on a été un peu titillés, agressés.
25:20 - Merci Christian. Merci. - Merci M. Moreau.
25:22 - Merci Christian. Christian, restez bien avec nous.
25:25 On revient tout de suite. Vous continuez de nous appeler au 0826 300 300.
25:28 On ira à Aubagne à accueillir Franck.
25:31 A tout de suite sur Sud Radio.
25:32 Vous êtes bien sur Sud Radio dans le face à face d'André Bercoff
25:52 et vous avez la parole au 0826 300 300.
25:56 On accueille Franck d'Aubagne. Bonjour Franck.
25:59 - Bonjour Franck. - Bonjour.
26:01 - On vous écoute.
26:03 - Oui, alors, puisqu'on parlait de commerce,
26:08 moi, j'ai une question pour M. Moreau.
26:11 Est-ce que cette guerre qui a lieu en Ukraine,
26:14 ce n'est pas tout simplement une histoire de gros sous, encore une fois ?
26:18 Parce qu'on sait parfaitement que quand les Américains vont faire la guerre quelque part,
26:21 c'est parce qu'il y a de l'argent à gagner.
26:23 Mais de la même façon, est-ce que les Russes
26:27 qui influencent Vladimir Poutine en coulisses
26:30 n'ont pas de gros gros intérêts financiers à ce que la Russie récupère l'Ukraine dans son giron ?
26:36 On voit par exemple avec les mines de sel de Soledad,
26:39 le charbon du Donbass, toutes les ressources halieutiques de la mer d'Azov,
26:43 et j'en passe sans parler des terres agricoles, etc.
26:48 Donc en résumé, est-ce que la Russie ne veut pas reprendre,
26:51 ou les oligarques russes ne veulent pas reprendre ce que les oligarques américains leur ont pris en 2014 ?
26:57 - Xavier Moreau.
26:59 - Alors, déjà, juste une précision, il n'y a pas d'oligarques en Russie, en fait.
27:03 Il y a des milliardaires, mais ils n'ont aucun pouvoir politique.
27:05 C'est exactement le contraire de ce qu'on voit en Ukraine,
27:07 et d'ailleurs pour partie aux États-Unis.
27:10 Donc il n'y a pas d'oligarques.
27:12 Donc ce n'est pas les oligarques qui décident de là où va l'armée russe.
27:16 Et pourquoi elle y va ensuite ?
27:19 La partie de l'Ukraine qui sera récupérée par la Russie à la fin du conflit,
27:23 ça va lui coûter très cher.
27:24 Il n'y a qu'à voir en Crimée.
27:26 C'est la Russie, un peu pour en faire une victime,
27:29 d'ailleurs à mon avis pour le reste des territoires du sud-est de l'Ukraine,
27:34 qui sont considérés comme des territoires russes à 100%.
27:37 Les Russes y ont investi énormément.
27:39 L'aspect le plus visible, c'est le pont de Crimée,
27:42 mais il y a des routes, tout a été construit.
27:44 D'ailleurs vous demandez aux Criméens,
27:45 en 25 ans la Crimée a été laissée telle qu'elle est,
27:49 le Soviétique l'avait laissée.
27:50 Et là maintenant c'est quelque chose de magnifique.
27:52 La ville de Mariupol est en train d'être construite à une vitesse.
27:56 J'ai des amis russes qui sont dans le bâtiment,
27:58 ils me disent "on n'a jamais vu les choses comme ça".
28:00 Donc ça va coûter très cher à la Russie.
28:03 Je ne suis pas certain que toute cette partie industrielle puisse repartir,
28:08 puisque précisément l'armée Kievienne a construit
28:11 ses lignes de défense en plein milieu des villes, des usines, des villages.
28:14 C'est pour ça qu'il faut qu'on comprenne ça.
28:17 Ce n'est pas la ligne Maginot qui était dans la nature,
28:19 c'est vraiment délibérément construit au milieu des villes et des villages.
28:23 Et donc il y a des industries qui ne pourront pas repartir.
28:28 Donc je pense surtout que pour les 15 prochaines années,
28:31 ça va coûter très cher à la Russie de reconstruire ce qui a été...
28:35 - Ce que dit juste Xavier Moreau, ce que dit Franck quand même,
28:39 on peut les appeler oligarques, on peut les appeler milliardaires,
28:43 mais chacun peut trouver aussi son compte dans les entreprises de reconstruction, etc.
28:47 Et puis ce qu'il parlait sur les sous-sols,
28:49 enfin Dombas et ça, il y a...
28:52 Personne n'est angélique dans cette histoire.
28:55 - Vous avez raison.
28:57 Aujourd'hui, si vous voyez ce qui a été fait du côté de la partie
29:01 qui était contrôlée par les forces pro-russes depuis 2014-2015,
29:05 ils ont tout simplement nationalisé
29:07 les mines, tout ce qui appartenait précisément à des oligarques comme Arkhmetov,
29:11 le plus puissant d'entre eux,
29:12 qui contrôlait notamment la ville de Mariupol.
29:15 Tout ça est nationalisé.
29:17 Après, si vous regardez la manière dont il y a eu quelques privatisations
29:22 qui ont été faites sous Vladimir Poutine,
29:23 les entreprises étaient vendues au prix qu'elles coûtaient.
29:26 Donc ce n'est pas ce qu'on a connu dans les années 90 en Ukraine ou en Russie,
29:31 où tout ça était bradé.
29:33 Ensuite, il est vrai, et ça c'est une des conséquences des sanctions,
29:36 c'est que comme les Occidentaux ont sanctionné tous les Russes,
29:39 y compris ceux qui étaient hostiles à Vladimir Poutine,
29:43 tout d'un coup, vous avez énormément d'argent qui revient en Russie.
29:47 Et moi, je peux vous dire, puisque notamment, je vois très bien les signaux sur les marchés,
29:51 il y a énormément de Russes milliardaires
29:53 qui sont en train de chercher les entreprises occidentales
29:57 qui sont prêtes à partir et à vendre à moitié prix.
30:01 Donc évidemment, je pense que les acteurs privés vont aller essayer de récupérer.
30:05 Mais avant de gagner de l'argent avec,
30:07 il y aura énormément d'investissements à reconstruire.
30:11 - Merci beaucoup Franck.
30:14 Et on va à Narbonne avec Cynthia. Bonjour Cynthia.
30:17 - Oui bonjour Cynthia.
30:18 - Bonjour à tous.
30:20 Ça me fait plaisir de vous voir.
30:22 Dobryzhen' Xavier.
30:23 - Dobryzhen'.
30:25 - Je suis la présidente de l'association russophone de Narbonne en fait.
30:29 Tout à l'heure, vous avez parlé, j'ai allumé la radio comme souvent,
30:35 j'allais toujours bloquer sur Sud Radio, donc j'allume et je vous entends.
30:38 Et ça m'a fait plaisir parce que vous avez dit une chose très vraie tout à l'heure,
30:43 enfin une chose très vraie a été dite,
30:44 que la France, l'Europe se soviétise.
30:48 Alors nous, on l'a remarqué, comme je l'ai dit tout à l'heure,
30:51 j'en parlais avec le Standard, je disais que souvent,
30:55 j'ai remarqué aujourd'hui et depuis, j'habitais avant en banlieue parisienne
31:00 et c'est là où, on va dire, c'est un petit peu là à chaque fois
31:02 où on arrive à voir ce qui va se passer plus tard en France.
31:05 C'est-à-dire qu'en banlieue parisienne, il y a déjà 20 ans,
31:09 la France se soviétisait.
31:11 C'était déjà la croix et la manière pour se chercher un médecin,
31:14 un dentiste, un ophtalmo, quoi que ce soit, c'était déjà très difficile.
31:18 Ça devenait déjà un petit peu l'Union soviétique que moi,
31:21 que j'ai pas connue, mais j'ai connue l'après Union soviétique,
31:24 je suis allée en 95, j'ai tombé 15 ans.
31:26 À l'époque, pour mon premier voyage scolaire,
31:29 j'y suis allée faire un échange scolaire,
31:31 où j'ai rencontré mon mari d'ailleurs, mon futur mari.
31:34 Et à l'époque, les gens, ils vivaient encore avec les petits kiosques,
31:38 sans les supermarchés, on descendait dans la rue, on allait chercher.
31:42 Ils vivaient avec autre chose et ils avaient gardé cette authenticité,
31:47 par contre, qu'on a perdue en France.
31:49 - Tindia, allez-y, mais oui...
31:52 - Je voulais juste vous partager tout ça et vous dire simplement,
31:55 le fait qu'aujourd'hui, on parle essentiellement de l'économie et tout ça,
32:00 je pense aussi qu'aujourd'hui, la Russie essaye de se battre pour des valeurs,
32:05 et les valeurs, c'est celles qu'on a beaucoup perdu en France avec le capitalisme et tout ça,
32:08 c'est-à-dire se battre pour un pays où on a envie de garder un modèle,
32:12 que ce soit un modèle familial ou un modèle de vie traditionnel, parfois.
32:17 Et en France, on essaie depuis longtemps,
32:19 et ça on l'a vu en Borgogne il y a très longtemps, on essaie de nous effacer.
32:23 C'est-à-dire, on essaie de nous dire "vous n'avez pas d'identité,
32:26 vous n'êtes pas un homme, ni une femme, vous êtes français".
32:30 - Le genre, le "wow" qui compagnie.
32:31 Non mais Tindia, vous avez très bien exprimé ça.
32:34 Comme on arrive en fin d'émission, je voudrais donner le dernier mot à Xavier Moreau.
32:38 Effectivement, alors bon, le capitalisme il est maintenant partout,
32:41 y compris en Russie, partout, partout,
32:43 mais les valeurs, ce serait lesquelles, si valeurs il y a, on voit très très bien que
32:47 c'est aussi un conflit d'identité et de valeurs.
32:49 Rapidement, vous diriez, l'enjeu est sur quoi dans ce domaine ?
32:54 - Je citerais Vladimir Poutine qui a dit que la seule idéologie qu'il doit y avoir en Russie,
32:58 c'est le patriotisme.
32:59 Et qu'il espérait que plus jamais la Russie ou les élites russes
33:02 n'auraient envie d'étendre une vision messianiste du monde.
33:06 Mais je crois que ce à quoi fait allusion votre auditrice...
33:09 - Tindia, oui.
33:10 - C'est-à-dire qu'en fait c'est la défense des valeurs de la famille.
33:12 Et ça, si vous voulez, la Russie est un pays, comme il disait même, multi-confessionnel,
33:16 et donc ils appellent ça les quatre religions traditionnelles,
33:19 donc l'orthodoxie, l'islam, le judaïsme et le bouddhisme.
33:23 Et il y a un consensus là-dessus, et un consensus complet,
33:26 c'est-à-dire que ces valeurs occidentales nouvelles,
33:29 parce qu'à l'origine l'Occident, ce n'était pas ça,
33:31 que vous venez de citer, eh bien ce ne sont pas les nôtres,
33:33 et nous n'en voulons pas.
33:36 - C'est ça, oui, c'est vrai que Poutine a beaucoup parlé du "Woke" et de la "Kantzelle",
33:39 qui était assez étonnant, mais on le comprend mieux.
33:41 - Ça les horrifie, les Russes sont horrifiés par ça.
33:43 Horrifiés.
33:44 - Je vous le dis honnêtement, je pèse mes mots.
33:46 - Merci Xavier Moreau, et merci à nos auditeurs.
33:50 - Merci beaucoup, chers auditeurs, d'être toujours aussi nombreux à nous écouter,
33:54 et merci à Xavier Moreau, historien et analyste politico-stratégique,
33:57 directeur du site Stratpol, auteur du livre noir de la gauche française,
34:00 et de "Ukraine, pourquoi la France s'est trompée",
34:03 tout de suite l'émission de Brigitte Lahaie, à tout de suite sur Sud Radio.