Avec Jean-Louis Guiheneuf, commandant de Police honoraire. Intervenant dans les stages de sensibilisation aux violences conjugales.
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00:00 le plus grand site de webcam live réservé aux adultes.
00:04 14h16h, Brigitta et Sud Radio.
00:08 Jean-Louis Guillenaf est avec nous, vous êtes délégué du procureur à Versailles,
00:13 on parle du harcèlement, on a compris que la société a beaucoup avancé,
00:19 que la société est du côté du harcelé, mais on a aussi compris,
00:25 grâce au témoignage de tous ceux qu'on écoute depuis tout à l'heure,
00:29 que pour beaucoup de gens, c'est loin d'être simple.
00:32 Bonjour Valérie.
00:33 Bonjour Brigitte.
00:35 Merci de témoigner Valérie, on vous écoute, allez-y.
00:39 Mais de rien, je vous remercie.
00:41 Écoutez, moi je pourrais témoigner par rapport à deux faits,
00:47 c'est-à-dire que j'ai connu moi-même le harcèlement au niveau du travail,
00:51 et j'ai aussi découvert le harcèlement via mon fils, mon fils est né au moment du collège.
00:59 Voilà, donc quand on est maman, on vit très très mal ce genre de situation,
01:06 parce que c'est vrai qu'on pense qu'on fait bien les choses, qu'on prépare nos enfants,
01:11 on les pense en sécurité aussi à l'école,
01:15 et puis en fait on s'aperçoit qu'ils ne sont pas forcément bien armés pour se défendre et répondre,
01:23 et que nous on est complètement décontenancés quand on découvre la situation aussi.
01:29 Et il avait quel âge quand il a subi ce harcèlement Valérie ?
01:34 Il avait 12 ans.
01:35 Donc très jeune encore.
01:37 Oui, c'est ça.
01:38 Et vous l'avez découvert parce qu'il vous en a parlé ?
01:41 Et bien non.
01:42 C'est ça qui est terrible.
01:44 C'est ça, alors que je pensais que c'est un enfant qui parle assez facilement et à qui j'ai appris à parler.
01:50 Et bien non, quand ces enfants en fait traversent des situations comme ça, ils ne parlent pas, ils n'y arrivent pas.
01:57 Et donc nous en tant que parents, on le vit vraiment très très mal.
02:01 Alors Valérie, votre témoignage est fondamental, moi j'ai régulièrement en audience des auteurs de harcèlement,
02:10 parce que moi je n'ai pas les victimes, j'ai les auteurs, parce que moi je punis, je ne protège pas, je punis.
02:16 J'ai des auteurs et j'en ai de plus en plus jeunes et il n'y a pas très longtemps, ils avaient 12 ans,
02:20 ils étaient en 5e ou en 6e et ils harcèlent, ils harcèlent le camarade.
02:26 C'est terrible parce qu'il y a une immense souffrance dans la victime, il y a des retentissements psychologiques
02:32 et les parents le découvrent par le CPE, ils le découvrent par l'infirmière scolaire,
02:40 ils le découvrent par des parents d'un ami, mais la victime, l'enfant ne verbalise pas vis-à-vis de ses parents,
02:49 non pas parce qu'il se défie de ses parents, c'est parce qu'il ne dénonce pas ses camarades.
02:55 12 ans, on est pré-ado, on vit dans son monde de pré-ado et on ne raconte pas ce qu'on subit,
03:03 ce n'est pas une défiance, ce n'est pas un manque de confiance, c'est une incapacité.
03:08 C'est pour ça que, et ça si d'autres parents entendent c'est important, dès l'instant que vous sentez chez votre adolescent
03:17 un changement de comportement, baisse des notes, il ne sourit plus, il ne joue plus, il ne communique plus,
03:26 il se passe quelque chose et là il faut arriver à le faire parler en y mettant les formes,
03:32 en y allant doucement, mais il se passe quelque chose et c'est souvent un harcèlement
03:37 parce que les jeunes entre eux sont extrêmement cruels. Ils sont extrêmement cruels.
03:43 Je suis tout à fait d'accord avec vous, ce qui est une difficulté supplémentaire pour repérer un changement de situation
03:51 sur des âges comme ça, c'est que déjà traverser l'adolescence, c'est déjà un changement de comportement
03:57 et d'attitude chez les enfants. Donc il faut qu'on arrive à décrypter ce qui serait de l'adolescence et ce qui serait de l'adolescence.
04:04 Au début vous avez mis ça sur le fait qu'il rentrait dans l'adolescence.
04:09 Voilà, c'est ça et peut-être qu'il était un peu en opposition avec ses parents,
04:15 un peu plus renfrogné, plus enfermé dans sa chambre, des choses comme ça.
04:20 Je suis d'accord avec vous, ce n'est pas facile de décrypter un adolescent, c'est très dur.
04:25 L'adolescence, on la connaît mieux maintenant et c'est une période extrêmement complexe
04:31 où se passent plein de choses dans le corps et dans la tête de l'adolescent.
04:35 Ce n'est pas facile pour les parents, mais de toute façon un changement de comportement
04:42 doit attirer l'attention ou du moins lever le doute.
04:47 Il faut lever le doute et je vais terminer là-dessus,
04:51 de plus en plus d'adolescents de cet âge-là ont des smartphones
04:56 et à 12 ans, il ne faut pas hésiter à aller dans le smartphone de votre enfant pour voir ce qu'il y a dedans.
05:03 Parce que le harcèlement se fait par l'intermédiaire de cet outil
05:08 qui le met sous la coupe des harceleurs 24/24.
05:13 Là-dessus, pas de restriction ou pas de sentiment de violer les secrets de l'ado.
05:20 C'est un pré-ado, vous êtes parent, vous avez le droit de rentrer dans son intimité
05:26 de smartphone ou de journal intime, mais je pense que ça n'existe plus.
05:31 Si vous sentez qu'il y a quelque chose qui ne va pas bien.
05:34 - Oui, tout à fait. - Et comment vous l'avez découvert alors Valérie ?
05:38 - En fait, tout simplement, il a eu un trop-plein à un moment donné
05:43 et on a été convoqué parce qu'il a eu une attitude de rébellion
05:49 et il a eu un geste violent, il a bousculé son camarade
05:54 et je crois qu'il lui a carrément mis son poing dans la figure pour que la situation s'arrête.
05:58 C'est comme ça qu'on a découvert que ça faisait des mois que ça durait.
06:03 Il y a eu l'intelligence de la CPE et des enseignants à ce moment-là
06:09 qui ont su marquer le fait qu'on ne peut pas réagir avec de la violence
06:18 pour gérer une situation, qu'il aurait pu effectivement venir voir les enseignants, la CPE.
06:24 Mais que son camarade, par contre, n'était en aucun moment autorisé à avoir ce genre d'attitude.
06:33 Ils ont été punis tous les deux d'une manière réparative,
06:37 c'est-à-dire qu'ils ont dû nettoyer une salle de classe, mais ensemble.
06:41 Et l'agresseur, par contre, a dû faire une lettre d'excuses adressée à notre fils.
06:47 Et ses parents étaient tenus au courant, comme nous.
06:51 - Ça a été réglé au lycée et ce n'est pas passé par la justice ?
06:55 - Non. - Ce n'est pas plus mal.
06:57 - Oui, on a pu gérer ça. - Ce n'est pas indispensable.
07:01 - Quand on peut le faire.
07:03 - Alors attention, parce que ça ne se passe pas toujours aussi bien que ça.
07:06 Hier, j'ai toté une affaire et ça ne s'est pas passé comme ça.
07:09 Celui qui a mis la main dans la figure de son harceleur s'est fait renvoyer du collège.
07:14 C'est ce qui est parfaitement injuste, parce qu'effectivement, il avait un peu tapé son harceleur.
07:21 Mais ça, c'est une réaction de défense, ça s'explique, ça se justifie.
07:26 Alors, ce qu'il faut savoir, et ça je le regrette parce que ce n'est pas assez répandu,
07:30 c'est que lorsqu'il y a un conseil de discipline, la présence d'un avocat est tout à fait autorisée.
07:38 Il ne faut pas hésiter, pour les parents qui ont leur enfant qui passe en projet de visite,
07:43 de se faire assister par un avocat qui défendra.
07:46 - Pour éviter que l'enfant se fasse renvoyer du collège.
07:49 Merci beaucoup Valérie, merci beaucoup Jean-Louis Guilleneuve.
07:52 J'espère que ceux qui nous écoutent seront mieux armés grâce à votre boîte à outils contre le harcèlement.
07:58 Tout de suite, vous allez retrouver C'est votre avenir, demain, on sera avec Michel Oudoul
08:02 et on va écouter vos mots du corps pour que vous alliez mieux,
08:06 que vous puissiez prendre soin de votre santé.
08:09 Je vous dis à demain.