SMART BOURSE - Emission du vendredi 14 avril

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Vendredi 14 avril 2023, SMART BOURSE reçoit Olivier Malteste (Directeur des investissements, Yomoni) , Sebastian Paris Horvitz (Directeur de la recherche, Banque Postale AM) , Sophie Chauvellier (Gérante allocations d'actifs, Dorval AM) et Pierre Bismuth (Directeur Général et Responsable des Gestions, Myria AM)
Transcript
00:00 Smartbourse vous est présenté par Vernier, créateur vertueux d'indépendance énergétique depuis 1989.
00:07 C'est reparti pour Smartbourse, votre double dose quotidienne de marché en direct sur Bsmart.
00:20 Chaque jour à la mi-journée, 12h30-13h et en fin d'après-midi, la grande édition pendant une heure à partir de 17h,
00:26 rediffusée à 20h sur Bsmart TV, émission que vous retrouvez chaque jour en replay sur bsmart.fr et en podcast sur l'ensemble de vos plateformes.
00:34 Au sommaire de cette édition ce soir, le bilan d'une semaine qui aura porté le CAC 40 au-delà de nouveaux records,
00:41 des sommets historiques à plus de 7500 points, le CAC s'est même élevé pendant cette dernière séance de la semaine à 7533 points précisément,
00:51 grâce au secteur vedette qui est le secteur du luxe. Dans le sillage des résultats extraordinaires en termes de croissance organique
00:58 qui auront été publiés cette semaine par LVMH, numéro 1 mondial du luxe, et Hermès qui reste un ovni dans le secteur du luxe.
01:06 Les résultats ont été salués évidemment par le marché, les investisseurs. Quand on regarde les 4 fantastiques du luxe à Paris,
01:14 à savoir LVMH, Hermès, L'Oréal et Kering, on a 20-25% peut-être de l'indice qui est représenté à travers ces 4 valeurs,
01:24 LVMH étant toujours la plus grosse capitalisation européenne aujourd'hui. Ceci explique donc les niveaux records atteints aujourd'hui encore par le CAC 40,
01:34 avec en plus le soutien du secteur bancaire qui s'est plutôt bien comporté tout au long de la semaine et particulièrement aujourd'hui
01:41 avec les résultats des grandes banques américaines, les premiers résultats des grandes banques américaines qui ont été publiés en début d'après-midi.
01:47 JP Morgan a placé la barre relativement haute avec une augmentation de plus de 50% de son résultat net sur le trimestre,
01:54 qui en fait un trimestre record en matière de profitabilité pour la plus grande banque américaine et l'une des plus grandes banques du monde.
02:02 Des résultats positifs et salués positivement également pour Citigroup ou encore Wells Fargo, avec plutôt une dynamique positive pour le crédit,
02:10 la consommation plutôt que pour les activités de banques, d'investissements et de marchés. En attendant, ce sont des résultats qui sont salués par les marchés.
02:20 Le titre JP Morgan s'engole de 7% à Wall Street cet après-midi. Voilà pour les sujets autour des résultats des entreprises.
02:28 Du côté des statistiques économiques, on notera le petit fléchissement de la consommation américaine à travers l'indicateur des ventes au détail pour le mois de mars,
02:35 en baisse de 1% sur un mois, après une baisse légère de 0,2% en février, deux mois de baisse pour les ventes au détail aux Etats-Unis,
02:43 qui viennent après un mois de janvier qui avait été un mois exceptionnel puisqu'on avait vu des ventes au détail de plus de 3% en début d'année aux Etats-Unis.
02:51 En niveau, on peut dire quand même que la consommation américaine reste à des niveaux importants justement.
02:58 Et puis on notera également une amélioration de la production industrielle également aux Etats-Unis, essentiellement tirée par la production d'énergie dans le secteur des utilities.
03:06 Mais le chiffre est positif, +0,4% pour le mois de mars pour la production industrielle américaine.
03:11 Voilà pour les sujets de marché à suivre dans un instant avec nos invités de Planète Marché.
03:15 Et puis dans le dernier quart d'heure, comme une fois par mois, le vendredi, nous ferons un point sur les dernières tendances au sein de l'industrie ETF avec les équipes de Yeomoney.
03:23 Et le nouveau directeur des investissements de Yeomoney, Olivier Malteste, qui sera avec nous en plateau à partir de 17h45 pour ce rendez-vous.
03:30 Tendances mon ami, chaque soir à 17h en ouverture de l'émission, le résumé de la séance avec Alix Enguyen.
03:46 Alix aura été un carton plein cette semaine pour les bourses européennes. Le CAC 40 aura affiché 5 séances consécutives de hausse.
03:53 Et aujourd'hui montre encore une séance record pour l'indice Parisien.
03:57 Oui, le marché digère les résultats des grandes banques américaines. On retient que Citi dépasse les attentes. Ses bénéfices affichent une progression de 7%.
04:06 JP Morgan Chase de son côté voit son bénéfice net trimestriel bondir de 52%.
04:12 JP Morgan Chase, pour qui la hausse des taux d'intérêt a dynamisé les activités aux consommateurs.
04:18 Et puis, Wells Fargo voit son bénéfice augmenter à près de 5 milliards de dollars.
04:23 Tous bénéficient de la politique monétaire de la Fed.
04:27 La plus grande inquiétude portée sur les dépôts, eh bien chez JP Morgan, le total des dépôts n'a finalement pas reculé,
04:34 mais a même augmenté, passant de 2340 à 2380 milliards de dollars.
04:40 Wells Fargo, en revanche, a vu les dépôts légèrement baisser à 2%.
04:44 Et puis Citi les a vu baisser de 3%.
04:47 Pour le reste de l'année, on retient que Wells Fargo a maintenu ses prévisions inchangées.
04:51 Et JP Morgan les a relevé. Les actions des trois groupes bondissent à Wall Street.
04:56 Dans leur sillage, Goldman Sachs et Bank of America grimpent.
05:00 Et puis en Europe et à Paris notamment, le marché savoure les résultats solides du secteur du luxe, comme ceux d'Hermès aujourd'hui.
05:09 Oui, c'est ce qui a permis au CAC ce matin de franchir le cap des 7500 points.
05:13 Après les très bons résultats d'LVMH hier, c'est au tour de la maison de luxe de briller au premier trimestre.
05:19 Son chiffre d'affaires s'élève à 3,3 milliards d'euros, en hausse de 22% en taux de change courant.
05:26 Plus en détail, la plus forte croissance vient du Japon.
05:29 L'Asie, hors Japon, dépasse les prévisions avec une hausse de 23%.
05:33 Comme pour LVMH, ces résultats sont supérieurs aux attentes.
05:37 A noter que dans la foulée des résultats, le titre Hermès a gagné 3% pour la première fois.
05:43 Il vaut désormais plus de 200 milliards d'euros en bourse.
05:46 Et puis sur le plan des statistiques, effectivement, petit affaiblissement de la consommation aux Etats-Unis avec un recul des ventes au détail pour le mois de mars.
05:54 Oui, bien plus que prévu, même les ménages ont réduit leurs achats de voitures et d'autres biens.
05:58 D'après le département du commerce, les ventes ont reculé d'un pour cent.
06:02 Les chiffres de février ont été révisés. Les ventes n'ont pas été aussi faibles qu'annoncées auparavant.
06:08 On remarque qu'après la publication des ventes au détail, les rendements américains se sont mis à augmenter.
06:13 Toujours aux Etats-Unis, d'après des données de la Fed, la production industrielle a grimpé de 0,4% en mars
06:20 du fait d'une forte demande de chauffage en raison d'une météo plus froide.
06:24 Et puis pour le mois d'avril, la confiance des consommateurs, selon l'université du Michigan, ressort meilleure que prévu.
06:31 Tendance mon ami. Chaque soir, les infos clés de marché à 17h en direct avec Alexane Guyenne dans Smartbourse sur Bismarck.
06:48 Trois invités avec nous chaque soir pour décrypter les mouvements de la planète marché.
06:51 Sophie Chauvelier est avec nous en plateau, gérante allocataire chez Dorval Asset Management.
06:55 Bonsoir Sophie.
06:56 Bonsoir de quoi ?
06:57 Merci d'être là. Merci à Pierre Bismuth de nous accompagner également.
06:59 Bonsoir Pierre.
07:00 Bonsoir Grégoire.
07:01 Directeur général et responsable des gestions de Myria Asset Management et avec nous également en plateau Sébastien Parissorvitz.
07:07 Bonsoir Sébastien.
07:08 Bonsoir.
07:09 Ravi de vous retrouver. Vous êtes directeur de la recherche de la banque postale Asset Management.
07:12 Le CAC 40 porté a de nouveaux records grâce aux quatre fantastiques et notamment LVMH et Hermès qui ont publié leurs chiffres d'affaires et leur croissance extraordinaire pour le premier trimestre cette semaine.
07:26 Sophie, sans être trop spécifique, mais ces entreprises et notamment LVMH ont une taille suffisante pour qu'on puisse peut-être en tirer des enseignements un peu généraux, un peu macroéconomiques, même peut-être sur l'appétit de consommation pour le secteur du luxe bien sûr, pour la consommation discrétionnaire peut-être plus largement et puis plus précisément encore peut-être l'appétit renouvelé de consommation en Chine.
07:51 Oui.
07:52 C'est très bien.
07:54 Merci.
07:56 Non mais parce que je sais que vous allez me dire que vous n'êtes pas stockpiqueur et que effectivement LVMH c'est une action particulière mais là c'est tellement emblématique qu'il faut en parler.
08:04 Le luxe c'est notre tech à nous en Europe. Effectivement c'est un secteur qui suscite toujours autant d'intérêt et qui n'a cessé de monter dans les indices. Et c'est vrai que ce qu'on est tenté de lire c'est dans cette très très belle performance et que c'est aussi un proxy pour s'exposer à la demande chinoise et à la réouverture chinoise.
08:25 Et ce proxy il est effectivement confirmé par les très très bons chiffres d'activité qu'on voit. J'entendais Alix dire là en préambule effectivement que Kermesse avait une très forte progression de sa demande au Japon.
08:38 On sait que le Japon se réouvre aussi aux touristes étrangers et en première ligne aux touristes asiatiques. Donc il y a effectivement une demande, un appétit qui reste toujours très très fort pour le luxe.
08:49 La consommation en Chine elle est déjà repartie à plein régime. C'est une montée en puissance progressive, graduelle, au delà du luxe ? Est-ce qu'on peut l'observer à travers d'autres secteurs, d'autres anecdotes ou d'autres éléments d'évidence venant des entreprises ?
09:08 Alors ça a été pour le moment, c'est plutôt progressif. La réouverture est quand même relativement récente et je pense qu'il y avait beaucoup d'histoires autour de cette réouverture chinoise, de consommation, revanche.
09:21 Et c'est quelque chose qui vient très très progressivement. On ne peut pas dire qu'on ait vraiment observé une consommation de revanche. Mais c'est quelque chose qui se fait progressivement et qui se matérialise effectivement.
09:32 Pas seulement dans la consommation, on a vu aussi que les ménages chinois commençaient à se tourner à nouveau vers l'immobilier, ce qui en soit, les derniers chiffres étaient meilleurs, ce qui en soit était une surprise,
09:41 puisqu'il y a eu une consolidation très très forte du secteur immobilier, une crise, on peut même dire une crise, assez notable du secteur immobilier. Maintenant, les demandes à l'industrie, les exportations commencent à repartir, etc.
09:53 Donc on a cette réouverture qui se fait progressivement et qui accélère. Donc voilà, on est dans cette matérialisation. Mais c'est vrai que, c'est ce qu'on se disait, du point de vue de l'investissement, pour les investisseurs internationaux,
10:04 il y a un inconfort à aller investir directement en Chine à cause des tensions géopolitiques avec les États-Unis et que les proxys, que ce soit dans les matériaux, que ce soit au travers du secteur du luxe, en Europe, etc.
10:17 a été préféré par les investisseurs. – Oui, traditionnellement, on se disait, tiens, je veux m'exposer à la Chine, si je suis en Europe et que je suis bien en Europe, je veux aller sur le DAX, je veux aller en Allemagne.
10:29 Là, c'est le CAC qui en profite. – Oui, parce que là, la reprise au niveau industriel est plus lente. Et c'est vrai que le CAC a été en première ligne.
10:36 – Un des messages qui étaient faits passer par le directeur financier de l'LVMH hier sur la Chine, donc ils font quand même 22% de croissance en Chine, pour la division modé marocainerie, Louis Vuitton, Christian Dore,
10:45 il dit "ça se passe bien sans excès". 22% de croissance ! Qu'est-ce que ça vous inspire, Pierre ? Je sais qu'on est sur des sujets qui sont macroéconomiques, mais encore une fois,
10:57 c'est tellement emblématique d'avoir aussi ces entreprises-là sur notre marché parisien. Je rappelle au passage, c'est pas juste par chauvinisme qu'on parle du CAC 40 et des stars du CAC,
11:06 mais la place de Paris est la première place boursière en Europe, y compris devant le UK aujourd'hui. C'est pas un marché anecdotique non plus.
11:15 – Ah non, pas du tout ! – Parce que parfois, on se dit "c'est la France, c'est franco-français, c'est petit, personne ne regarde".
11:22 Ben, c'est le meilleur marché du monde depuis le début de l'année !
11:25 – Et surtout, on ne pense pas que le CAC 40 soit un marché français, mais bien évidemment très international.
11:30 Nous, on est ravis de la performance du groupe du Luxe, parce que ça valide quelque part notre scénario qu'on a depuis mi-décembre, à savoir des risques à la hausse
11:40 plutôt qu'à la nord-asténie et à la récession. On n'est pas du tout sur un scénario récessif, et je pense que des résultats comme ça, c'est extrêmement constructif sur la croissance mondiale.
11:51 Ça donne une véritable indication sur, finalement, où est l'inflation, où est la croissance, est-ce que finalement tout le monde peut en profiter,
11:59 est-ce que finalement on va éviter ce billet récessif qui traîne quand même encore dans la tête des gens.
12:06 On n'est pas du tout sur ce billet récessif et on trouve que c'est extrêmement constructif.
12:11 Donc, on est ravis non seulement pour les entreprises, mais aussi que ça valide un scénario qui est plutôt optimiste par rapport à un scénario pessimiste
12:21 tel qu'on avait des attentes au début de l'année.
12:23 – La clé pour vous, c'est la bonne tenue de la consommation ? La clé macro un peu devant nous ?
12:27 – En fait, c'est un peu tout. Moi, ce que je trouve intéressant, c'est que les résultats sont communiqués à deux chances constants.
12:33 Donc, ça veut dire quand même que, finalement, la faiblesse relative de l'euro ne joue pas réellement dans la force de la consommation.
12:41 Bien sûr, il y a la réouverture des économies après la vague de Covid, mais c'est plus, je pense, une ambiance,
12:49 et en plus, on est dans la consommation discrétionnaire, donc ce n'est vraiment pas des biens essentiels.
12:53 Donc, on a finalement un monde qui se tient bien malgré des forts vents de face sur la géopolitique, notamment à l'Est,
13:01 et je pense que ça explique aussi la moindre performance du DAX. Il n'y a pas que la Chine, il y a aussi vraiment toute l'Europe de l'Est.
13:07 Voilà, donc on pense que ces résultats, vraiment, nous offrent un bol d'air, en tout cas sur les marchés,
13:15 et c'est salué heureusement par la planète financière.
13:19 Sachant que là, on parle quand même d'un secteur qui a un pricing power démentiel.
13:24 Bah, qu'il y ait un pricing power démentiel, encore faut-il que les consommateurs puissent le vouloir,
13:29 et c'est ça qui est vraiment intéressant. Non mais ce n'est pas par...
13:34 Ah non, ce n'est pas magique, non, non, non, mais ça...
13:37 Ce n'est pas par haine, non, mais en fait, vous allez voir qu'on a aussi des secteurs qui ont un pricing power démentiel,
13:42 c'est certaines parties de l'automobile. Si je regarde le fleuron Peugeot, on peut dire qu'il a un pricing power,
13:53 et même Renault, on va dire qu'il y a quand même un pricing power important l'année dernière,
13:57 et on va voir les résultats cette année, mais on peut espérer que ça se passe aussi bien.
14:02 Et donc quand la consommation discrétionnaire se passe bien, vraiment, on a quand même un optimisme qui se répand.
14:10 Ça va nous amener à la question des marges, de l'inflation et des marges, évidemment,
14:14 mais c'est intéressant l'exemple du secteur automobile. On a bien compris pourquoi ils avaient regagné en profitabilité
14:20 avec des goulots d'étranglement qui les ont poussés à produire les véhicules qui étaient les plus margés.
14:26 Ce phénomène, il peut perdurer encore, ou est-ce qu'on peut très vite se retrouver dans une situation
14:32 qui se renverserait avec des goulots d'étranglement qui vont se détendre quand même d'une certaine manière ?
14:37 Tesla nous dit "moi je baisse mes prix", alors parce que peut-être je suis agressif, je veux gagner des parts de marché,
14:42 mais c'est aussi parce que mes chaînes de production se détendent et que je peux donc commencer à baisser un peu mes prix
14:48 sans forcément trop entamer mes marges.
14:51 Tesla, c'est quand même un micro-marché sur la planète automobile.
15:01 Ce qui est plus intéressant, à mon avis, c'est de voir le partage de la valeur. C'est un peu ce qui s'est passé en 2021-2022.
15:08 L'inflation crée des profits très élevés, mais ces profits très élevés, finalement, profitent un peu aux employés également.
15:14 On a finalement une montée en gamme des consommateurs et on va voir si ça peut perdurer,
15:21 mais j'ai quand même l'impression que sur le mix produit, on est quand même plutôt pas mal
15:26 et la montée en gamme, finalement, se concrétise de trimestre en trimestre.
15:32 Cette histoire d'inflation et de marge, comment vous la regardez à ce stade Sébastien ?
15:38 La montée continue de l'inflation en 2022, on l'a constaté, exposte, a été très profitable pour les marges des entreprises,
15:45 les salaires également, mais les marges en Europe notamment ont très largement profité de cet esprit inflationniste généralisé,
15:51 tout secteur confondu. Maintenant qu'on commence à observer des signes de détente, voire d'accélération, voire de désinflation,
15:58 est-ce que c'est le moment où il faut commencer à s'inquiéter justement de la tenue des marges en général
16:04 et peut-être spécifiquement pour certains secteurs ?
16:07 Écoutez, moi je suis assez sceptique sur le fait de dire que le luxe est un leading indicator, comme on dit, sur l'économie mondiale.
16:18 Moi, depuis de nombreuses années, j'appelle ça le trade des inégalités.
16:24 C'est justement ce qu'il n'y a rien qui représente mieux, la façon dont le monde s'est décomposé sur les deux décennies
16:33 et surtout la dernière décennie avec cet ombreau de liquidités qui ont fait des énormes richesses.
16:39 Il faut se rappeler que pour ce qui est de l'hubiton et toutes les boîtes de luxe qui vendaient beaucoup en Chine,
16:49 elles ont perdu pas mal l'année dernière. Et donc là, il y a un rebond très fort et le marché achète quelque chose qui reste extraordinaire.
16:57 On se dit pourquoi les gens continuent à acheter des sacs, continuent à acheter ces choses rares aussi massivement.
17:04 Mais quand on regarde la croissance mondiale, elle est très faible. Elle va s'affaiblir.
17:09 Si vous regardez l'EFMI ou tout ce qu'ils font de la projection économique, vous allez voir que ce n'est pas génial.
17:15 Sur les marges, justement, voilà un secteur qui a un pricing power sans limite.
17:20 Les riches, dès qu'ils peuvent sortir de chez eux, comme les Chinois aujourd'hui, c'est les premiers qui sont se déplacer.
17:27 Il y a cette demande réprimée et ils sont allés chercher ces choses très chères et eux, ils peuvent le monter.
17:33 Alors je crois que Kering, qui est moins bien pensé chez les Chinois, a eu du mal, surtout que certains de ses sous-marques ont été attaqués en Chine.
17:46 Il y a eu des controverses. Toutes les boîtes du secteur ne sont pas logées à la même enseigne.
17:51 Et donc, encore une fois, sur les marges, on a eu ce que vous disiez tout à l'heure, c'est-à-dire que cette reprise depuis le Covid,
17:59 il y a tellement de choses particulières qui arrivent et notamment les goulets d'étranglement ont permis, c'est vrai, à beaucoup d'entreprises d'augmenter leurs prix.
18:08 Tesla avait beaucoup augmenté ses prix. Là, c'est un petit coup de rappel parce que le marché chinois est très compétitif au niveau des automobiles électriques
18:19 et donc ils baissent leurs prix. Tout le monde va en bénéficier parce que les Américains vont en bénéficier aussi.
18:25 Donc moi, j'ai du mal à voir ces secteurs comme étant des indicateurs d'une direction.
18:32 En revanche, sur les marges, c'est vrai qu'il y a quelque chose d'un peu étonnant.
18:37 Quand ça se fait que les marges restent aussi élevées, que ce soit au niveau des indices, quand on regarde les résultats financiers
18:45 ou même quand on regarde par la cotabilité nationale, que ce soit en Europe ou aux États-Unis, on regarde des marges très élevées alors qu'on voit des coûts monter.
18:52 Alors évidemment, c'est quelque chose d'étonnant mais en fait, ça traduit quelque chose d'assez simple.
18:59 Ça traduit qu'on est toujours dans une sorte de situation de surchauffe, un excès de demande par rapport à notre offre.
19:05 Comme vous le disiez, il y a des goulets étranglements qui se stompent en tous les cas, voire qui disparaissent complètement.
19:11 Les indicateurs qui suivent ça montrent qu'on est revenu à la normale.
19:15 Et donc, c'est normal qu'on commence à voir des marges qui vont commencer à baisser parce que les coûts, eux, ils n'ont pas baissé.
19:24 Les coûts salariaux montent moins vite que l'inflation encore mais ils montent aux États-Unis, en Europe un peu moins,
19:31 on va voir même au Japon monter les négociations salariales au Japon.
19:35 Donc je pense que la tendance des marges est à la baisse. On l'a déjà dit plein de fois.
19:40 - À côté des salaires, il y a des coûts d'entrant qui ont quand même très franchement reculé depuis quelques mois.
19:46 Du transport aux matières premières.
19:48 - Mais qu'est-ce qui commande les marges ? C'est quand même les salaires pour les services, c'est l'élément le plus important.
19:55 C'est vrai qu'au niveau des charges sur l'énergie, etc., vu les niveaux de prix qu'on a déjà atteints,
20:02 on va avoir une amélioration sur certains coûts. Il n'empêche qu'il faut maintenir ce prix.
20:09 Mais qu'est-ce qui va déterminer ça ? C'est la demande.
20:12 Et la demande, moi je ne vois pas ni accélérer, je ne vois pas quelle est la raison qui nous permettrait de la voir accélérer.
20:21 Qu'est-ce qu'on voit ? On a des taux d'intérêt réels qui vont s'élever parce que l'inflation va reculer.
20:28 Donc qu'est-ce qui va stimuler la demande ? C'est quel est le facteur qui va stimuler ?
20:32 On va aux Etats-Unis sûrement vers une récession qui va être fragile. Même la fête pour la première fois,
20:38 du moins le staff nous dit, le personnel, les économistes, on aura une récession aux Etats-Unis, même si elle est modérée.
20:44 Ça ne peut pas se faire sans que la demande souffre et ça va faire baisser les marges.
20:49 Est-ce que ça va être brutal ? Ça va être terrible ? Non.
20:52 Le marché n'y croit pas et c'est le sujet le plus difficile aujourd'hui.
20:56 Les taux sont à horreur, n'est pas crête et on ne comprend pas.
20:59 Même aujourd'hui, la volatilité des taux, c'est un truc de dingue, de ouf.
21:06 Si les taux réels montent parce que l'inflation baisse, mais c'est que les salaires réels vont aussi monter, Sébastien ?
21:16 En pouvoir d'achat, avec les hausses de salaire embarquées devant nous et moins d'inflation, la demande va réaccélérer.
21:23 Et les marges ? Qu'est-ce qui se passe ? Ça veut dire que les coûts réels vont monter.
21:28 L'inflation, c'est quoi ? Ça passe des prix de production au prix de consommation.
21:33 Le lien n'est pas simple. Il n'empêche que si vous avez des coûts qui montent,
21:37 et notamment la masse salariale qui viendrait à peser sur les boîtes, ça va changer.
21:43 À moins qu'on se mette à licencier. Et donc la demande recule.
21:47 Est-ce que ça va être différent ? Peut-être.
21:51 Comment regardez-vous cette question des marges à ce stade, avec un phénomène de désinflation devant nous ?
21:57 On verra jusqu'où il se poursuit.
22:01 C'est un peu un casse-tête. C'est une question qui nous préoccupe aussi pas mal.
22:05 En compte à nat, les marges américaines ont commencé à baisser. Pas boursièrement, mais en compte à nat.
22:12 Il y a beaucoup d'effets de structure. Il y a quand même des secteurs qui d'ores et déjà vont avoir des baisses assez notables.
22:20 Des résultats. Et qui ont commencé à avoir une baisse de la rentabilité.
22:23 Exemple, Sophie ?
22:24 Les matériaux, l'énergie, etc. Parce qu'elles sont en première ligne des baisses des prix.
22:29 On le voit tout de suite se manifester. La consommation discrétionnaire, si on fait abstraction du luxe, ce n'est pas glorieux non plus.
22:36 Donc il y a le real estate, l'immobilier. Il y a vraiment tout un pan.
22:42 Et puis il y a des morceaux, des micro-anomalies qu'on a relevées.
22:45 Et notamment, une des anomalies qui apparaît aujourd'hui, ce sont des anomalies qui sont liées aux relances vertes.
22:54 C'est-à-dire aux relances budgétaires à destination de stratégies net zéro.
22:59 Donc net zéro carbone financé par les Etats.
23:03 Et alors un segment qui moi m'a beaucoup surprise et que je voyais aujourd'hui, c'est le segment du ciment en Europe.
23:09 Alors c'est un segment très particulier parce que normalement, ce segment-là devrait souffrir beaucoup de la hausse du prix du CO2.
23:17 Il avait eu une forte hausse des coûts matières, etc.
23:21 Or, ce segment-là a pu passer 35% de hausse de prix sur les trois dernières années.
23:25 Pourquoi ? Parce qu'en fait, avec les contraintes qui viennent notamment avec la hausse du prix du CO2, l'offre a énormément baissé.
23:32 Et donc les entreprises qui sont toujours présentes sur ce marché-là, en dépit de la baisse de la demande liée à la construction,
23:38 ont passé des hausses de prix tellement fortes que leur marge ne baisse pas.
23:42 Donc il y a des espèces de phénomènes et ça crée à mon sens des nouveaux gagnants.
23:47 Alors on ne le voit pas que là, on l'a vu dans un certain nombre d'industriels.
23:50 Il y a beaucoup d'industriels qui ont surpris, notamment en Europe avec des très bons chiffres, qui se tiennent en fait, qui continuent à se tenir.
23:56 Alors que quand on regarde les PMI manufacturiers, tout le monde est…
24:00 Ça a plongé.
24:01 Ça a plongé. Mais ça ne se voit pas dans les boîtes.
24:03 C'est-à-dire que les grands industriels qui répondent effectivement à ces enjeux de transition énergétique, l'électrification, le truc,
24:09 n'ont jamais été aussi bien.
24:11 Et voire ont eu une sorte de re-rating de leur rentabilité, c'est-à-dire que leur rentabilité en tendance s'est améliorée.
24:18 Alors est-ce que c'est durable ? C'est assez difficile à le dire.
24:22 En tendance générale, on va avoir effectivement une démarche qui…
24:27 Moi, j'ai l'impression que c'est ces hausses de prix effectivement qu'on a observées.
24:31 Les entreprises, surtout en Europe, avaient peu monté les prix pendant très très longtemps.
24:35 Donc là, elles ont profité. En fait, il y a une sorte de marche d'escalier de hausse de prix qui s'est faite.
24:39 Les entreprises en ont profité.
24:41 Ça reste l'Europe. Il est difficilement imaginable.
24:43 Il y a un côté « one-off ».
24:45 Il est possible.
24:47 On est surpris. On va de surprise en surprise.
24:49 De toute façon, dans l'ère post-Covid, vous disiez, ça a énormément déformé le fonctionnement habituel.
24:54 Et on a toujours des effets secondaires.
24:57 Mais il est possible que ce soit une grosse marche d'escalier et qu'après, ça se normalise.
25:01 Est-ce que… Et alors la question de l'auto était super intéressante.
25:04 Est-ce qu'il y a eu un changement de mix qui va faire que les marches sont soutenables sur un niveau un peu plus élevé ?
25:12 Ça peut être le cas pour l'auto puisque finalement, on ne produit plus la même chose.
25:15 Les constructeurs ne vendent plus la même chose.
25:18 Et en plus, ils en produisent moins.
25:20 Ça veut dire que la voiture pour tous, c'est un peu moins l'idée.
25:25 Peut-être que c'est un peu moins faux et tabou.
25:27 Oui, mais…
25:29 Mais oui, il y a des changements.
25:34 Et c'est vrai que ces grands enjeux qui sont soutenus par une politique volontariste des États
25:40 ont aussi des incidences et changent un petit peu la donne cyclique.
25:43 C'est surtout ça, mon impression.
25:45 Il y a des secteurs qui étaient très, très cycliques qui deviennent un petit peu moins,
25:48 mais qui ont une meilleure visibilité.
25:50 Là, on sort de la question de ces valeurs. Je suis d'accord avec vous, Loulou.
25:53 Les politiques industrielles, effectivement, pour certains secteurs, donnent de la visibilité
25:58 et permettent de lisser aussi un peu le côté cyclique de ces secteurs-là.
26:02 Pierre, sur les marches, disons un mot aussi des premiers résultats des banques américaines.
26:08 On parle des méga-banques, JP Morgan, Citigroup, Wells Fargo.
26:13 Pour ce groupe-là, on aura les autres, Goldman, Morgan Stanley, Bank of America, la semaine prochaine.
26:20 Mais le premier trimestre a l'air d'être un trimestre très bon,
26:24 marqué notamment par le dynamisme des activités de crédit tournées vers les ménages.
26:30 De toute façon, on va voir un peu ce qui se passe également en Europe.
26:35 Mais on reste quand même dans la grande énigme d'une croissance qui a l'air d'être molle,
26:40 avec un chômage qui est au plus bas et finalement des ménages qui s'en tirent plutôt bien.
26:46 Donc on a une énigme à laquelle on ne sait pas répondre,
26:50 mais on a quand même des facteurs de soutien de la croissance.
26:54 Je voulais revenir quand même sur le fait de la croissance.
26:58 Ce qui est intéressant, c'est que ça batte les anticipations.
27:02 Ce n'est pas que la croissance soit optiquement très forte, ce n'est pas ça.
27:05 C'est la différence entre deux dynamiques.
27:10 On ne s'attendait pas à une croissance plutôt positive en Europe et aux Etats-Unis.
27:15 Là, on a vu que les Etats-Unis, si on regarde certains indicateurs sur Bloomberg,
27:20 on sort même de la récession technique.
27:23 On ne s'attend plus à une récession technique au deuxième ou troisième trimestre.
27:27 On n'a plus qu'un trimestre de croissance négative.
27:30 Il y a beaucoup d'énigmes dans la puissance de l'emploi,
27:37 que ce soit en Europe ou aux Etats-Unis.
27:40 Le fait que le pouvoir est maintenant aux employés et plus vraiment aux entreprises,
27:44 qu'il y a une difficulté à recruter.
27:46 Et ça, ce n'est quand même pas un facteur évident de crash de croissance à court terme.
27:53 Et là, on parle d'anticipation, post-choc SVB,
27:57 et toutes les inquiétudes et toutes les craintes qu'on avait encore il y a quelques semaines seulement.
28:01 Sur les banques, ces résultats sont extrêmement encourageants de notre point de vue.
28:05 Je suis vraiment désolé, je suis peut-être devenu des lunettes roses.
28:08 On a le droit d'être positif.
28:10 On voit des résultats aussi impressionnants avec des dépôts.
28:14 Il n'y a pas de bank run.
28:16 C'est les méga banques.
28:18 On verra parce qu'il y a des petites banques régionales qui vont publier aussi.
28:21 Est-ce que c'est là l'important ?
28:23 C'est extrêmement important de mon point de vue.
28:25 C'est que la Fed, qui était sur une réduction de bilan,
28:28 en 15 minutes, ou presque, a fait un virage à 180 degrés
28:34 et a remis 300 milliards sur la table pour finalement doucher toutes les craintes des marchés.
28:41 Ça, c'est vraiment intéressant.
28:43 C'est qu'on a un aléa moral qui est maintenant institutionnalisé et on ne veut pas de crise.
28:49 Quand on disait que la Fed voulait provoquer une récession hyper forte avec un chômage qui allait s'envoler,
28:56 il n'y avait qu'à laisser les marchés s'exploser.
29:00 Ce n'est pas du tout ce qui a été fait.
29:02 Je pense sincèrement qu'on est dans un processus économique extrêmement contrôlé par les banquiers centraux.
29:08 Il y a un aléa moral très fort.
29:10 Les banques américaines qui publient des résultats canons, appelons ça comme ça,
29:15 c'est extrêmement encourageant, non seulement pour la croissance américaine,
29:19 mais également pour la croissance européenne.
29:21 On attend avec impatience les résultats des banques européennes.
29:23 Et encore une fois, ça valide des risques plutôt à la hausse qu'à la baisse.
29:27 C'est le retour du "Fed put".
29:29 D'avoir vu la Banque centrale réagir aussi vite sur une question de liquidité demandée par des banques en difficulté,
29:37 on en tire la conclusion que la Fed va baisser ses taux dans trois mois.
29:41 Encore une fois, le vrai enjeu n'était pas la baisse des taux ni la hausse des taux.
29:47 On en a déjà parlé.
29:49 Le vrai enjeu, c'est la réduction du bilan.
29:51 Parce que, ok, on monte les taux, ça fait les "headlines".
29:57 Mais ce qui est important, c'est la réduction du bilan.
30:00 Et cette manière de gérer son bilan pour éteindre les crises, c'est ça qui est vraiment intéressant.
30:05 Est-ce que la Fed a remporté la bataille ou une bataille décisive contre l'inflation ?
30:11 Est-ce qu'en avril 2023, on peut commencer à le dire ou pas, Sébastien ?
30:15 Moi, je ne crois pas.
30:17 Et la raison, c'est la suivante.
30:19 D'abord, c'est vrai que la politique monétaire américaine, et pas que aux Etats-Unis,
30:25 a été celle qui a alimenté des bulles avec beaucoup d'argent
30:31 dans un monde complexe dans lequel le fait d'injecter de la liquidité,
30:38 de voir beaucoup de croissance de l'endettement, a créé des risques systémiques tout le temps.
30:45 Et donc, il fallait éviter ces risques systémiques parce qu'on sait ce que ça donne.
30:51 Peut-être le Japon reste l'exemple majeur.
30:55 On peut se référer au passé, à 1929.
30:58 On a vu ce que c'était une crise cardiaque de l'économie
31:02 parce que le système financier et bancaire en particulier s'arrêtait.
31:06 Et donc, la Fed est responsable parce qu'on pouvait faire ça.
31:11 Et pourquoi on pouvait le faire ? Parce qu'il n'y avait pas d'inflation.
31:14 Parce que c'est quand même l'objectif.
31:16 Il n'y avait pas d'inflation. On n'a pas eu d'inflation.
31:18 Il y a plein de raisons pour lesquelles on essaye d'expliquer ça.
31:22 Il se trouve que là, on a de l'inflation.
31:24 Et je ne suis pas tellement d'accord sur la façon de traiter ce qui vient de se passer.
31:29 Le risque systémique, quand on resserre de 500 points de base presque,
31:34 forcément, il y aura des dégâts.
31:37 Et pour l'instant, ce n'est pas la croissance le premier dégât,
31:40 même si on a beaucoup ralenti.
31:41 C'est la sphère financière.
31:42 C'est la sphère financière.
31:43 Alors, évidemment, on a quelques banques mal gérées et qui souffrent.
31:47 Et on a, comme vous le disiez, on va insister beaucoup sur les grosses banques qui tiennent bon
31:53 parce qu'il n'y a pas de risque systémique.
31:56 Et l'intervention, c'est Mickey Mouse.
31:58 Ce n'est rien.
31:59 On vient de faire quelque chose de tout petit.
32:01 Si vous regardez...
32:03 Et oui, 400 milliards, ce n'est plus rien, Pierre.
32:06 Non, non, parce que 400 milliards, en fait, le gros, c'est des prêts qu'on doit tenir au FDIC
32:13 qui s'occupent du démantèlement de ces banques qui ont fait faillite.
32:16 C'est pour SVB signature, pour dire les choses.
32:19 C'est essentiellement ça.
32:21 Et donc, c'est une façon de traiter le sujet.
32:24 Vous dites qu'il ne faut pas se tromper et se méprendre sur l'intention de la Fed
32:27 parce que le bilan a pu augmenter comme ça en un jour de 400 milliards.
32:30 L'objectif... 95 milliards de treasuries disparaissent.
32:36 La Fed n'est plus sur le marché tous les mois.
32:42 Ils continuent à disparaître.
32:44 Mais encore une fois, votre question, est-ce que la Fed a gagné la bataille ?
32:50 La Fed est partie très tard.
32:52 Elle a mal analysé l'inflation.
32:55 Ce n'est pas la seule.
32:56 Il y a plein de gens qui pensaient que c'était temporaire.
32:58 Là, ça y est, la messe est dite.
32:59 On sait que ce n'est pas temporaire.
33:01 Aujourd'hui, elle hésite parce que c'est normal.
33:04 Elle hésite parce qu'elle voit des fragilités ici et là.
33:06 On a du mal à établir quel est le bon niveau auquel on est allé.
33:10 C'est ce qu'elle a dit la dernière fois.
33:11 Et donc, cette fragilité, elle est là.
33:13 Il n'empêche qu'elle voit bien que l'inflation, certes, il y a des bonnes nouvelles,
33:17 mais on n'y est pas.
33:18 On est très loin des 2% où on veut aller.
33:21 Et on peut toujours dessiner une courbe.
33:23 On ne sait pas.
33:24 Il y a plein de choses.
33:25 On parle des marges.
33:26 Comme vous le disiez, les entreprises qui profitent de la situation,
33:30 c'est qu'il y a un excès de demande.
33:32 Il y a quelqu'un qui peut profiter de l'autre.
33:34 S'il n'y avait pas de demande, on ne peut pas profiter de monter ses marges.
33:37 Donc, on ne sait pas ce qu'on a développé.
33:40 Je pense que personne ne peut dire que c'est fait.
33:44 Et le fait de tergiverser, je reviens à ce que je vous disais tout à l'heure,
33:48 ce n'est pas normal quand même qu'on ait cette volatilité sur les taux.
33:51 Ce n'est pas possible.
33:52 Il y a bien un dialogue qui se passe mal entre l'économie,
33:55 ou ce qui se passe dans l'économie, entre les banques centrales et les marchés.
33:59 Vous avez la volatilité, une volatilité historique sur les parties courtes.
34:03 – C'est un sidiane qui doit nous alerter.
34:05 – Je pense qu'il doit nous alerter.
34:07 En tout cas, ce n'est pas une preuve de bonne santé de notre système financier.
34:12 Et c'est vrai que les banques centrales sont un petit peu responsables.
34:15 Donc, le marché a envie de voir les choses de façon très positive.
34:19 Il y a des boîtes qui font des choses extraordinaires et il faut les saluer.
34:22 Nous, on a de la chance d'avoir ces boîtes de luxe,
34:26 mais on a un problème, je ne sais pas comment ça va se résoudre.
34:30 Nous, on continue à avoir une hypothèse de récession faible aux États-Unis,
34:34 ou modérée comme on dit, mais je ne vois pas comment on échappe à ça.
34:39 Mais peut-être qu'on se trompe et que les choses vont mieux se passer
34:43 que ce que nous, on anticipe.
34:45 – Pour autant, Pierre, je vous redonne la parole,
34:47 mais est-ce que vous avez dans l'idée que la Fed pourrait rapidement
34:52 rebaisser ses taux si nécessaire, ajuster ses taux à la baisse ?
34:57 Ou est-ce que l'idée étant de pouvoir piloter à la fois d'un côté
35:02 peut-être des épisodes bancaires devant nous encore,
35:05 tout en gardant quand même le cap sur une inflation qui n'a pas totalement disparu,
35:10 même si certains y voient des signaux encourageants.
35:13 – Alors, si on regarde la dynamique des chiffres d'inflation,
35:16 là on vient de baisser de 1%, on est passé de 6 à 5.
35:19 – Oui, inflation globale, bien sûr.
35:22 – Sauf qu'en juin, en fait, on arrive à 3,5.
35:26 Donc pour l'instant, le marché est positionné là-dessus.
35:29 – En début d'année, on prévoyait d'arriver à 2 en juin.
35:31 – Oui, mais je note que déjà, quand on regarde les courbes,
35:36 on est plutôt à 3,5 et puis ça va décroître tranquillement vers 3.
35:40 Donc ça, ça donne des marges de manœuvre à la Fed,
35:43 mais c'est surtout là où le marché est positionné qui est très intéressant.
35:47 Moi, je n'ai pas bien compris cette courbe inversée,
35:50 parce qu'une courbe inversée, généralement, ça veut dire que
35:52 les marchés obligataires sont, alors là, vraiment complètement dépressifs
35:55 et jouent un phénomène récessif énorme.
35:58 Surtout quand on a un 3 mois, 10 ans inversé de 150 points de base.
36:01 C'est historique, ça ne s'est quasiment jamais vu
36:04 et c'est quelque chose qui est compliqué à comprendre.
36:06 Mais finalement, on peut voir aussi, alors là, je chausse encore une fois mes lunettes roses,
36:10 et on peut voir un signal extrêmement encourageant.
36:14 C'est que le marché pense que l'inflation est sous contrôle
36:18 et va être de plus en plus contrôlée et que c'est pas vraiment…
36:22 que finalement, la Fed peut laisser ses taux jusqu'à la fin de l'année
36:26 vers entre 5 et 5,5, notre hypothèse de taux terminal,
36:30 et finalement, aura des marges de manœuvre pour rebaisser ses taux
36:33 parce que l'inflation sera finalement sous contrôle.
36:36 Et quand on regarde, alors certes, il y a une grosse volatilité sur les taux,
36:40 mais si on gomme les effets de panique, SVB ou autre,
36:45 là, on a quand même une courbe fortement inversée sur le court terme,
36:48 donc 3 mois et 2 ans, ce qui peut sembler signifier,
36:52 parce que les anticipations d'inflation n'ont pas véritablement bougé,
36:55 que le marché joue le fait que la Fed ait plutôt gagné la bataille contre l'inflation,
37:01 que si on retombe sur 3,5, 3, finalement, on sera dans un monde assez à l'équilibre,
37:07 et moi, je trouve que c'est très important, les équilibres financiers actuels,
37:12 et que ça sera pas par plaisir, enfin, ça sera une évidence, finalement,
37:17 que la Fed pourra rebaisser ses taux tranquillement
37:20 parce que l'inflation sera sous contrôle.
37:22 Pour l'instant, certes, c'est un scénario rêvé, mais en même temps,
37:26 les chiffres donnent raison aux anticipations.
37:30 - Sophie, entre soft, hard, normal lending...
37:35 - J'ai le sentiment, effectivement, où il y a un message dual, un peu,
37:38 entre le marché des actions et le marché obligataire.
37:41 J'ai l'impression que les investisseurs, un certain nombre d'investisseurs,
37:46 achètent des obligations parce qu'ils n'ont pas le choix,
37:49 et que beaucoup d'investisseurs sont prêts aussi à payer cher pour un hedge.
37:54 Pendant très longtemps, on n'a pas vraiment pu utiliser les obligations comme un hedge,
37:58 c'est davantage le cas aujourd'hui.
38:00 Il y a un risque financier qui s'est matérialisé dans des banques,
38:04 qui n'était pas d'ailleurs le segment dont on avait le plus peur
38:06 parce que le FMI a sorti son rapport de stabilité financière,
38:11 alors celui d'octobre était déjà prudent, et ils en reparlent là,
38:15 c'est dans la partie plutôt non... enfin, dans la partie cotée,
38:18 c'est-à-dire le shadow, cette partie, le non bancaire financial asset,
38:25 où là il y a les choses qui sont les plus inquiétantes avec beaucoup de leviers.
38:30 Et face à cette crainte-là, face à cette réalisation-là,
38:34 qui rejoint ce que vous disiez, c'est-à-dire qu'il y a eu 500 points de base de hausse
38:37 et que forcément ça a été pris quelque part, il y a beaucoup de problèmes de liquidités
38:41 qui peuvent avoir, notamment quand on pense au monde du crédit,
38:44 qui peuvent créer des "credit crunch", donc une attrition,
38:48 on l'a déjà dans le commercial réel, c'est-à-dire dans l'immobilier commercial,
38:54 qui peuvent créer des stress assez forts avec des conséquences sur l'économie réelle assez importantes.
38:59 Et donc je pense qu'il y a quand même...
39:01 - Et puis le côté refuge qui joue, pour vous, sur la partie obligataire.
39:04 - Voilà, qui sont prêts à payer finalement une assurance assez chère.
39:07 Mais on verra. Sur le soft/hard, nous on est plutôt dans le camp du soft.
39:12 C'est vrai que la résilience, elle se matérialise.
39:15 On a une conjonction de désinflation assez notable et de résilience,
39:20 mais c'est vrai que la cartographie des risques, en tout cas, augmente aux Etats-Unis.
39:24 Il pourrait nous amener vers un scénario un petit peu plus dur.
39:28 - Est-ce que le Japon est de retour, Sophie ? Est-ce que c'est un vrai ou un faux départ ?
39:32 - Alors... On en reparlera, comme toujours, comme tous les trois ans.
39:38 - Oui, c'est ça. J'ai jamais autant parlé du Japon qu'en ce moment, depuis trois ans.
39:42 - En tout cas, il est certain qu'il y a énormément de progrès qui ont été faits au Japon dans plein de domaines,
39:48 mais à très court terme. Pourquoi est-ce que, finalement, on commence à regarder le Japon à nouveau ?
39:52 Il y a trois grandes raisons. D'abord, c'est aussi un proxy Chine.
39:55 De la même façon qu'on est allé chercher le CAC, on peut aussi aller chercher du Japon.
40:00 Il y a tout un tas de belles boîtes japonaises, notamment dans les domaines industriels de pointe,
40:04 qui sont très bien implantées en Chine et qui vont en Chine.
40:08 Le deuxième élément, c'est que Warren Buffett en a parlé.
40:11 Si Warren en parle, ça intéresse tout le monde.
40:13 - Il y en a beaucoup d'autres. Eliot, beaucoup d'activistes anglo-saxons
40:17 qui sont déjà en chasse depuis plusieurs mois sur ce marché japonais.
40:20 - Absolument. Et puis, c'est pas cher. - Mais quand c'est Warren Buffett, oui, c'est Warren Buffett.
40:22 - Oui, quand même. C'est Warren. - Oui, bien sûr.
40:24 - Et puis, c'est pas cher. C'est-à-dire qu'aujourd'hui... - Ça l'est jamais, hein ?
40:26 - Alors, ça l'a été beaucoup plus. - Oui.
40:28 - Ça l'a été beaucoup plus. Aujourd'hui, en équipe endérée, c'est-à-dire toutes les équipes endérées,
40:34 ça se paye moins cher que l'Europe. On est à 12,5 à peu près en PE.
40:39 - La moitié des boîtes du Topix qui sont sous la book value. - Absolument.
40:43 - 53% des boîtes du Topix sous la book value. - Vous avez eu la curiosité de regarder ce que c'était ?
40:48 - Forcément. - Comme type de société ?
40:50 - Voilà. C'est-à-dire que ce ne sont pas celles qu'achètent les internationaux en général.
40:55 Ce ne sont pas les Keynes et les Fanuc de ce monde qui sont sous la book value.
40:59 - Oui, je comprends. - Ce ne sont pas les entreprises...
41:02 - Ce ne sont pas les valeurs internationales qui sont sous la book value.
41:04 - Voilà, exactement. Mais bon, le Japon a quand même pas mal d'atouts.
41:07 Sa proximité avec la Chine, le retour des touristes chinois, le désintérêt.
41:11 Personne n'en a. Donc, si on se met à regarder à nouveau et qu'on revient, on a un effet positif.
41:16 Le soutien très affirmé de la Banque du Japon, l'activisme même du Tokyo Stock Exchange
41:23 qui encourage les entreprises à améliorer leur gouvernance.
41:26 - Ce n'est pas qu'elle les encourage, c'est qu'elle va les dénoncer si les entreprises n'améliorent pas.
41:30 - Oui, à la japonaise. Elle les encourage à aller au Japon. - Oui, c'est spectaculaire quand même.
41:34 - Et donc, on pourrait avoir un retour d'intérêt, un retour de flux parce que de toute façon, on cherche des idées.
41:38 Donc, c'est possible. - Avec une nouvelle ère qui s'ouvre aussi pour la Banque du Japon.
41:43 - Oui, qui s'ouvre pour la Banque du Japon. - Après les 10 ans de couvrages.
41:45 - Et moins auquiche qu'on aurait pu le craindre. - Oui, c'est ça. C'était le risque en fait.
41:49 - Que Ueda soit plus trop auquiche par rapport à la colombe éternelle qui restera couronne.
41:55 - Les premiers discours ont complètement contredit cette idée-là.
41:58 - Bon. Qu'est-ce qui vous intéresse au-delà du Japon en matière d'investissement ?
42:01 On va faire un petit tour de table là-dessus. Sophie ?
42:03 - Alors nous, on s'interroge énormément sur...
42:06 Bon, on aime plutôt... Comme on est plutôt dans le scénario de résilience et de désinflation,
42:10 on continue à bien aimer les actions, mais on s'interroge beaucoup sur la partie duration.
42:15 Est-ce qu'il est temps ou pas de remettre de la duration ?
42:19 C'est difficile parce qu'on est mieux payé dans le monétaire.
42:21 Donc quand on touche 3,5 à 4 sur du crédit très court sans risque...
42:25 - Pourquoi les prendre du 10 ans ? - C'est ça, c'est un petit peu difficile.
42:28 Mais donc il y a la question du hedge, il y a la question de la couverture.
42:31 Est-ce qu'aujourd'hui on achète du cyclique avec éventuellement un petit peu de duration plus longue
42:36 pour se protéger d'un atterrissage plus dur de l'économie ?
42:39 Voilà, c'est des questions qui maintenant se posent de façon plus prégnante.
42:43 C'est un moment obligataire là, tout le monde ne parle que d'obligataire de crédit.
42:47 Moi je vois les marchés actions, encore une fois, en Europe.
42:50 Bon, pour l'instant, les pertes des marchés actions sont meilleures qu'une stratégie obligataire.
42:54 - Ah c'est sûr, c'est une certitude.
42:56 Le marché a toujours raison. La question est-ce qu'il aura raison ?
43:02 Moi je ne crois pas, en tous les cas c'est notre conviction.
43:06 Donc nous effectivement on va vers le crédit.
43:09 On disait on peut parquer de l'argent à court terme, on est plutôt bien traité en tous les cas par rapport au passé.
43:14 On perd toujours de l'argent en terme réel, puisque l'inflation reste beaucoup plus élevée.
43:18 Mais sur le crédit, y compris des banques en Europe, après le stress qu'on a eu,
43:24 on peut trouver sur l'investissement de grève des choses très intéressantes.
43:27 Nous on parque de l'argent sur ces segments.
43:31 - Les obligations bancaires depuis le choc du crédit suisse en l'occurrence ont bien repris.
43:35 Et on est bien rémunéré, donc on trouve qu'on prend moins de risques d'aller ailleurs.
43:41 On ne croit pas à un risque systémique bancaire en Europe.
43:45 Donc on va plutôt se parquer ailleurs.
43:47 Et après sur les actions, on est sélectif.
43:50 On va chercher des choses qui nous semblent plutôt, non pas défensives,
43:56 mais déjà qui aient une valorisation qui soit attrayante.
43:59 C'est vrai qu'on ne sait pas, pour être luxe, c'est certain.
44:02 Parce que celui qui croit que le monde va être toujours le même
44:07 et que les sacres vont continuer à voler ou être achetés comme des petits pains, c'est possible.
44:12 Mais si jamais on a un petit peu raison...
44:16 - On a un petit peu les bénéfices sur 30 ans.
44:18 - Pour reprendre, sans lunettes roses,
44:21 se dire que si on a un petit peu raison que les choses s'effilochent à partir de là,
44:27 les actions devraient souffrir.
44:29 C'est difficile de voir comment ça peut être mieux.
44:32 Qu'est-ce qui ferait que ça serait mieux ?
44:34 Qu'est-ce qu'on voit aujourd'hui au niveau des marges ?
44:37 Est-ce qu'attendre le marché...
44:39 C'est difficile. Le marché, il monte, non pas parce que les attentes sont meilleures sur les résultats.
44:44 - Non. - C'est pas du tout ça.
44:46 - Mais il monte parce qu'il y a beaucoup de gens qui pensent que ça ne peut pas être mieux.
44:48 - Exactement. Et parce que les taux sont à nouveau descendus.
44:53 Les gens les ont poussés encore plus bas.
44:55 Et il y a une sorte de promesse. Les banquets centraux, tout de suite, vont baisser
44:59 et vont nous aider et nous offrir ce put qui va nous relancer.
45:04 - Pierre, la séquence et la tactique un peu devant, comment vous réfléchissez ?
45:09 Est-ce que la hausse des actions, c'est des points pour s'alléger un peu
45:12 en prévision de quelque chose qui s'effilocherait, comme le dit Sébastien ?
45:16 Est-ce qu'il faut résister à la tentation de vendre trop vite ?
45:20 On sait que c'est un biais dans les marchés de vendre trop vite.
45:23 - Exactement. En plus, chez nous, les avis sont partagés
45:26 puisqu'on est deux géants allocataires.
45:29 Et moi, je suis plutôt court en duration et mon collègue est plutôt long en duration.
45:32 Et force est de constater que j'avais raison en février et complètement tort en mars,
45:36 et vice-versa. Donc, effectivement, ça dénote ce problème de volatilité sur les taux.
45:43 Et c'est extrêmement difficile d'avoir une position structurelle dans un marché
45:47 comme ça tant que le taux terminal n'est pas atteint.
45:50 Et moi, je préfère les actifs risqués. Donc, comme je n'ai pas un scénario récessif,
45:54 j'ai plutôt du crédit high yield plutôt que du crédit investment grade.
46:00 Mais en tout cas, je suis toujours très court en obligations internationales.
46:03 Sur les actions, toujours au minimum à un neutre, voire positive action,
46:10 et des proxys au CDE pays développés. On adore les États-Unis.
46:17 Et on aime encore plus l'Europe, une fois n'est pas coutume.
46:20 Ça tombe bien avec les records du CAC qu'on aura battus tout au long de la semaine
46:24 et encore au cours de cette séance à plus de 7530 points pour le CAC en séance.
46:28 Un nouveau record marqué et en clôture à plus de 7500 points ce soir.
46:32 Merci à vous trois. Merci d'avoir été les invités de Planète Marché.
46:35 Sophie Chevelier, d'Orval Asset Management, Pierre Bismuth, Myriah Haem
46:38 et Sébastien Parysorovitz, la Banque Postale Asset Management.
46:42 [Musique]
46:52 Le dernier quart d'heure de Smart Bourse. Une fois par mois, le deuxième vendredi du mois,
46:57 17h45, est consacré aux dernières tendances au sein de l'industrie ETF.
47:02 C'est un baromètre que nous propose Yeomanie chaque mois.
47:07 Et nous accueillons donc ce soir le nouveau visage de Yeomanie, Olivier Malteste,
47:11 le directeur des investissements d'Yeomanie, qui est avec nous en plateau.
47:14 Olivier, bonsoir et bienvenue. Merci beaucoup. C'est votre première pour ce rendez-vous.
47:19 Vous prenez la succession d'Alexis Nak, que je salue au passage,
47:22 avec qui on a initié ce rendez-vous, cet observatoire ETF qui a été lancé
47:26 par Alexis et les équipes de Yeomanie. Je crois qu'Alexis restera pas très loin d'Yeomanie,
47:30 mais dans une logique plus entrepreneuriale. Vous avez un parcours qui montre déjà
47:36 une grande expertise au sein de l'industrie ETF notamment.
47:39 Vous avez passé près de 15 ans chez Lixor, puis à Mundi depuis leur achat.
47:44 Vous êtes dans votre univers avec ce monde et cette industrie des ETF, Olivier.
47:49 Pour attaquer le sujet, l'idée étant de faire chaque mois un peu le bilan des flux,
47:54 qu'on a pu observer sur le mois de mars. Le mois de février avait marqué un petit trou d'air.
47:59 Tout à fait. Après un très bon mois de janvier, on était parti avec 17 milliards et demi
48:04 de souscription sur le mois de janvier, ce qui était quand même relativement important.
48:07 Février, un trou d'air. Et en mars, on revient sur des niveaux d'une moyenne plutôt haute,
48:12 avec environ 12 milliards de souscription sur les ETF en Europe, d'une manière générale.
48:17 Ce qui est important aussi de noter, c'est que pour une fois, ce qui n'est pas le cas à chaque fois,
48:21 toutes les classes d'actifs ont connu des souscriptions.
48:23 Très intéressant. Comment est-ce qu'on rentre un peu dans le détail de tout ça, justement,
48:27 par classe d'actifs, Olivier ?
48:28 Par classe d'actifs. La première classe d'actifs, celle qui a le plus souscrit,
48:31 c'est la classe action. Malgré les tensions qu'on a pu connaître et le mois de mars
48:35 qui était un petit peu nerveux, c'est quand même la classe d'actifs qui a le plus collecté,
48:39 avec environ 50%, environ 6 milliards de collecte sur les ETFs actions.
48:43 Si on regarde un peu plus en matière géographique, il y a eu des rachats sur le Canada.
48:47 Mais ce qui est important de voir, c'est qu'il y a eu quand même une rotation géographique.
48:51 On a eu pas mal de ventes sur les actions européennes, pour un retour sur les actions américaines.
48:57 C'est vrai que le choc bancaire au niveau Crédit Suisse a fait craindre un petit peu sur les banques.
49:01 Et puis comme le marché européen, d'une manière générale, marchait très bien depuis le début de l'année,
49:05 il y a certainement eu des prises de profit.
49:07 Ça, c'est le premier mouvement. Le deuxième mouvement, un retour sur les actions américaines.
49:10 Un retour aussi sur les actions émergentes, qu'on a pu noter, avec une différence au niveau du cycle, de toute façon.
49:16 Et puis surtout aussi, de la même manière que sur la performance des marchés en tant que telle,
49:21 une baisse de la value et vraiment un retour sur les valeurs cycliques,
49:25 puisqu'on avait eu un qui avait eu un réflexe sur les valeurs cycliques.
49:28 Et ça se voit aussi au niveau des flux, au niveau des ETF.
49:31 Très clair. Le mois de mars a été marqué quand même par une baisse des taux,
49:34 suite aux différents chocs bancaires, qui a redonné un peu d'intérêt pour des styles, en tout cas, qui avaient beaucoup souffert.
49:42 Avec la remontée des taux.
49:43 Que s'est-il passé justement sur l'obligataire ?
49:46 Sur l'obligataire, on a environ 4 milliards de subscriptions sur l'obligataire, ce qui est assez important pour le marché obligataire.
49:50 Et là vraiment, le mouvement, c'est une réduction du risque,
49:53 parce qu'on a vraiment vu un mouvement de sortie des obligations d'entreprise,
49:57 que ce soit d'une investment grade ou de la high yield,
50:00 et vraiment un retour vers les obligations d'Etat, donc moins risqué.
50:04 L'idée, certainement, c'est que le différentiel de rémunération entre les deux est devenu quand même relativement serré.
50:10 Et avec une crainte que les banques un peu contractent l'offre de crédit, globalement,
50:15 a fait se déplacer les investisseurs vers les investissements vraiment en obligation d'Etat,
50:21 considérés comme étant moins risqués aussi dans ce mouvement-là.
50:25 Et puis les produits matières premières, également, collectent.
50:28 Environ 1,5 milliard de collecte.
50:30 Et là, essentiellement, sur tout ce qui va être métaux précieux,
50:34 le pétrole a collecté aussi, tout ce qui est énergie, au sens large, a collecté aussi,
50:38 mais dans des mesures un petit peu moindres.
50:40 Et là, il y a certainement aussi un réflexe d'aversion un petit peu au risque,
50:43 durant le mois de mars, qui a fait que les matières premières,
50:45 vraiment sur le côté métaux précieux, a collecté un peu plus.
50:50 C'est ça, avec le phénomène de prise de profit.
50:52 Mais ce que vous décrivez là, c'est quand même l'idée, alors après,
50:55 attention, les ETF, ça peut être aussi des outils très tactiques,
50:57 d'exposition très rapide aussi, dans des moments particuliers.
51:01 Mais il y a quand même l'idée, on est revenu à un truc un peu plus défensif,
51:04 avec un peu plus de visibilité, de protection peut-être aussi dans les stratégies.
51:10 Du côté des émetteurs, quels ont été peut-être les mouvements intéressants
51:14 à signaler au cours du mois de mars ?
51:16 La BlackRock a publié, d'ailleurs, j'ai vu qu'ils avaient baissé en cours,
51:20 ils se sont un peu éloignés des 10 trillions de dollars d'encours.
51:23 Ils ont vu leurs encours baisser de quelques pourcents, je crois.
51:26 Ils restent malgré tout leaders.
51:27 Alors sur les ETF, ils ont encore collecté pratiquement 8 milliards,
51:30 donc 7 milliards, 7 milliards, 8 pour être précis.
51:33 Sur 12, c'est ça ?
51:34 Sur le mois de mars, depuis le début de l'année, on a 19 milliards,
51:38 ce qui est quand même 5 fois plus que le deuxième émetteur qui a collecté,
51:42 qui est DWS.
51:43 Donc l'écart est vraiment colossal, ils sont vraiment loin devant.
51:47 Et mois après mois, je ne vais pas vous y rendre,
51:50 mais c'est encore une fois BlackRock qui collecte le plus.
51:53 À noter en termes d'émetteur, Amundi, qui avait fait un début d'année
51:56 un petit peu compliqué, et qui là revient avec 1,7 milliard de collecte
52:00 et retrouve ce qu'on peut attendre d'un émetteur de la taille d'Amundi
52:03 et des ambitions d'Amundi.
52:05 Et là, vraiment sur le mois de mars, c'est quand même 75% de sa collecte annuelle
52:09 qui a été faite uniquement sur le mois de mars.
52:11 Donc on voit vraiment un retour d'Amundi au niveau de la collecte.
52:15 En termes d'émetteur, c'est un peu anecdotique par rapport à ce qui s'est passé
52:18 entre UBS et Crédit Suisse, mais moi je me suis amusé de regarder
52:21 et la logique voudrait que de toute façon UBS reprend aussi l'activité de TF
52:25 de Crédit Suisse, avec une gamme qui se complète bien,
52:28 notamment en termes ESG avec des méthodes différentes.
52:30 Donc on verra si les deux gammes seront conservées,
52:34 parce qu'évidemment dans ces mouvements-là, on peut aussi vouloir
52:36 rationaliser un petit peu les gammes.
52:38 Mais ce qui est un petit peu amusant de regarder, c'est que si on fait
52:40 à fin mars la somme des encours d'UBS et de Crédit Suisse,
52:43 ça permettrait à UBS de gagner un rang en termes de classification,
52:47 de se retrouver quatrième et de dépasser juste Vanguard,
52:50 et de se retrouver donc du coup derrière BlackRock, Amundi et DWS.
52:54 Et de se retrouver donc du coup, de gagner un rang.
52:56 Ça les met un peu plus dans la course.
52:58 Je ne sais pas si ce sera une activité stratégique pour le nouvel ensemble,
53:01 on verra, parce que UBS et Crédit Suisse séparément n'étaient pas
53:04 des gros émetteurs ou pourvoyeurs de TF.
53:07 Il y a une certaine marge, il y a encore à franchir,
53:10 mais sur la course un petit peu avec Vanguard,
53:13 ça pourrait les faire passer devant et relancer un petit peu.
53:17 Oui, Vanguard étant quand même le pionnier historique des ETF,
53:20 c'est pas rien comme marque dans l'industrie des ETF.
53:23 Vous avez cité les ETF ESG, au passage, en termes de collecte,
53:27 là aussi je crois que ça se confirme sur le mois de mars,
53:29 il y a quand même un gros coup d'arrêt pour la collecte des produits ESG
53:32 en général dans l'industrie ETF.
53:35 Et là, il y a vraiment tout ce qui est ETF ESG au sens large
53:38 à collecter sur le mois de mars, ça ne représente que 5% de la collecte totale.
53:43 Et depuis que l'observatoire est suivi au Sankt-Denis, c'est le plus bas.
53:47 Ah oui, oui, oui. Moi j'avais en tête des proportions jusqu'à 30%
53:50 parfois de la collecte par mois.
53:51 Oui, il y a eu très très bonnes années, et là, ce mois, c'est vraiment
53:54 le "pire mois", donc un point ne fait pas une tendance.
53:57 Non, non, non.
53:58 Mais c'est vrai que c'est intéressant de regarder,
54:00 parce que ce qu'on a en tête, c'est qu'effectivement,
54:02 il y a un mouvement de fond quand même vers l'ESG,
54:04 un mouvement aussi qui a été favorisé par les performances
54:06 jusqu'à fin 2021.
54:08 2022 a été très dur en termes de performances,
54:10 puisque les secteurs défensifs, vraiment de la défense,
54:13 et les secteurs aussi liés à l'énergie, sont ceux qui ont le mieux
54:16 performé en 2022. Donc nécessairement, toutes les stratégies UEG
54:19 un petit peu en retrait par rapport, mais on ne fait pas que de la performance
54:22 lorsqu'on investit en ESG. Et là, alors, il faut voir, il faut observer.
54:26 Là, il y a un retrait. Nous, de la part de nos clients,
54:29 on ne voit pas de retrait spécifique par rapport à l'ESG.
54:32 Oui, c'est ça.
54:33 Et puis la volonté est toujours là.
54:34 Mais c'est vrai que sur les flux, vraiment sur les ETF,
54:36 c'est à noter, là, c'est uniquement 5% environ de la collecte
54:40 qui est sur les supports ESG, ce qui est très bas par rapport à ce qu'on a.
54:43 Est-ce qu'on le retrouve en matière de lancement de nouveaux produits ?
54:45 D'ailleurs, en quantité, est-ce que le mois de mars a été un mois
54:48 de lancement important ? Et est-ce qu'on continue de lancer quand même
54:51 des ETF alignés sur des accords de Paris ou ESG au sens général ?
54:55 Alors, on en voit un petit peu tout.
54:57 Sur la richesse un petit peu des lancements sur le mois de mars,
55:00 on a 14 lancements sur le mois de mars, donc c'est plutôt une bonne moyenne.
55:03 La moitié est faite par Amundi, donc vraiment une grosse activité
55:06 en termes de lancement, certainement dans le cadre de la refonte
55:09 de leur gamme aussi et des modifications d'indices.
55:12 Donc la moitié, 7 ETF lancés par Amundi.
55:15 Deux ETF, je vous ai sélectionné deux ETF un petit peu marquants
55:19 en termes de recherche, un petit peu d'innovation.
55:22 Un, un peu ESG, par Fidelity, sur le côté obligataire.
55:26 Fidelity a lancé un ETF obligataire, ce qui est relativement complexe,
55:30 sur obligations souveraines, donc vraiment émis par les Etats
55:35 et en recherche de réduction carbone, d'intensité carbone.
55:38 Et c'est vrai que c'est assez ambitieux, parce que c'est toujours très compliqué
55:41 lorsqu'on essaie de noter des Etats en termes d'émissions,
55:43 qu'est-ce qu'on prend, qu'est-ce qu'on considère.
55:45 C'est quand même plus facile sur les entreprises que sur des Etats.
55:47 Mais en tout cas, une démarche à saluer de la part de Fidelity
55:50 qui a lancé cet ETF obligataire.
55:52 Et là, pas du tout ESG, mais je trouve ça assez amusant côté VanEck
55:56 qui fait vraiment, toujours des ETF vraiment très thématiques, très spécifiques.
56:00 Et avec un ETF là sur action cette fois-ci, et sur la défense,
56:04 donc la défense au sens large, donc à la fois militaire et également à la cybersécurité.
56:08 Et moi, je trouve que c'est intéressant, parce que, évidemment,
56:11 c'est des thèmes qui sont géopolitiques, qui depuis l'année dernière
56:14 sont revenus vraiment au devant du tableau.
56:16 Mais lancer un ETF, ça demande quand même un investissement
56:18 en termes de recherche et en termes...
56:20 Et donc, ça signifie quand même que pour VanEck,
56:22 ces thèmes-là, malheureusement, sont loin de disparaître dans les prochains mois.
56:25 Ils ambitionnent que c'est un nouveau thème qui va redevenir important sur le...
56:29 Certains dans l'univers ESG estiment que si la défense n'est pas ESG,
56:34 effectivement c'est un secteur historiquement exclu.
56:36 Les événements des derniers mois, trimestres, années,
56:39 montrent que c'est peut-être un thème, la stabilité quand même géopolitique,
56:43 quelque chose qui mérite peut-être aussi d'être regardé
56:46 de manière un peu différente par les investisseurs.
56:48 Bon, voilà pour ce tour d'horizon, effectivement, des tendances au sein de l'industrie.
56:52 Qu'en est-il du positionnement et de la stratégie que vous déployez en ce moment
56:58 chez Yeomanie, pour le compte de vos clients, Olivier ?
57:00 Oui, alors sur la stratégie, sur le positionnement, on était un petit peu...
57:04 Enfin, pas conservatoire, pardon, offensif en termes d'action.
57:08 Enfin, offensif, c'est un peu exagéré, mais on était plutôt...
57:10 Constructif ?
57:11 Surpondé, voilà, constructif. Voilà, c'est ce que vous cherchez à voir.
57:13 On était plutôt constructif, donc avec une allocation légèrement surpondérée en action.
57:17 On maintient cette surpondération.
57:19 Pourquoi ? Parce que ce qui s'est passé pendant le mois de mars,
57:23 qui était quand même un événement très important, notamment des craintes bancaires,
57:25 aurait pu être interprété de deux manières.
57:27 La première, ça aurait été de se dire qu'avec la violence de haute taux qu'on avait vue,
57:31 on commençait vraiment à avoir des signaux qu'il se passait quelque chose
57:33 qu'on n'avait pas forcément anticipé.
57:35 Ça aurait été vraiment très négatif.
57:36 Et la deuxième, c'était de voir ça de manière positive sur la réaction des banques centrales
57:41 et sur le fait qu'ils étaient capables d'être flexibles
57:43 et qu'ils faisaient ce qu'il fallait au bon moment.
57:45 Et c'est vraiment cette deuxième approche qui a été prise,
57:47 puisque au final, le mois de mars finit en positif sur les actions.
57:50 Donc vraiment, le marché est très optimiste, très conciliant.
57:52 Et donc, on suit ce mouvement-là.
57:54 Donc, on maintient cette position.
57:55 On avait également une position à pari tactique sur les technologies,
57:58 les valeurs technologiques qui ont bien marché.
58:00 Et on le conserve.
58:01 Et on a bougé un petit peu sur les actions.
58:02 On rajoutait un petit peu d'émergents,
58:04 puisqu'on pense qu'on a une vue plutôt baissière sur le dollar.
58:07 Comme beaucoup sur la place.
58:10 C'est plutôt un vote en porteur, effectivement, pour les émergents.
58:13 Voilà, plutôt en porteur pour les marchés émergents.
58:15 Donc, on introduit un petit peu de marché émergent sur le côté actions.
58:19 Côté taux, nous aussi, on a fait un petit peu comme les ETF.
58:22 Au global, on a réduit la part en obligations émises par les entreprises.
58:27 Avec cette idée que les banques pourraient être un peu plus prudentes sur le crédit.
58:30 Ça pourrait pénaliser un petit peu les obligations d'entreprise.
58:33 Merci beaucoup Olivier.
58:34 Olivier Malteste qui était avec nous pour poursuivre, évidemment, ce rendez-vous mensuel
58:38 qui nous permet de décrypter les tendances mensuelles au sein de l'industrie des ETF.
58:43 Avec Yomoni, Olivier Malteste, directeur des investissements de Yomoni
58:46 qui était avec nous, l'invité de ce quart d'heure thématique de Smart Bourse ce soir.
58:49 On se retrouve lundi à 12h30 en direct sur Bsmart.
58:52 [Musique]
59:00 Smart Bourse vous a été présenté par Vernier, créateur vertueux d'indépendance énergétique depuis 1989.

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