Mathieu Bock-Côté sur la polémique Hugo Clément : «Il y a cette idée qu'il y a des personnes avec qui on ne parle pas»

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Mathieu Bock-Côté sur la polémique Hugo Clément : «Il y a cette idée qu'il y a des personnes avec qui on ne parle pas, si on les touche on est contaminé par leur simple présence (...) C'est le principe de l'imperméabilité absolue»
Transcript
00:00 C'est absolument fascinant comme scène.
00:02 Hugo Clément accepte de se rendre à un débat organisé par Valeurs Actuelles,
00:05 hebdomadaire, tout à fait recommandable et de qualité.
00:08 Dans le cadre de ce débat, on évite un débat avec Jordan Bardella,
00:11 qui représente un parti qui a quand même fait autour de 42 % de la présidentielle.
00:15 Réaction scandalisée, d'abord sur les réseaux sociaux,
00:18 à gauche, où on dit, en gros, tu t'es présenté chez les fachos,
00:23 tu t'es présenté dans l'ordre du loup,
00:24 t'as accepté de parler à la bête, t'as accepté de parler à la bête immonde.
00:28 Aurélien Taché, le toujours sobre intellectuellement,
00:32 dit qu'on avait repéré, en plus il fait une faute,
00:36 on avait repéré ses obsessions identitaires,
00:38 notamment sur l'abattage rituel depuis un bon moment.
00:41 Cette fois, Hugo Clément révèle son vrai visage,
00:44 celui de la caution écologiste de l'extrême droite.
00:48 Alors là, on se comprend bien, on reproche à Hugo Clément
00:52 d'aller débattre avec des gens qui ne pensent pas comme lui.
00:56 Mieux vaudrait en général débattre avec des gens qui pensent comme nous, je devine.
00:59 C'est ce que pense probablement M. Taché,
01:01 bien qu'à ce qu'on dit, il aime bien écrire aux journalistes,
01:04 aux intellectuels de droite pour débattre avec eux.
01:06 Je dis ça, je dis rien.
01:07 - Et puis j'étais contente de l'accueillir face à Éric Zemmour,
01:10 il a débattu face à Éric Zemmour.
01:12 - Drôle de personnage.
01:13 Alors, il y a deux choses là-dedans.
01:15 Premier élément, c'est ce que j'appelle le principe de contamination à gauche.
01:18 Il y a cette idée qu'il y a des personnes avec qui on ne parle pas
01:21 parce que si on les touche, on est contaminé de par leur simple présence.
01:25 Il y a des gens, si on les touche, on les dit d'extrême droite,
01:28 c'est l'étiquette pour maudire quelqu'un aujourd'hui,
01:30 si on les touche, on sera maudit soi-même.
01:32 Donc c'est le principe de l'imperméabilité absolue.
01:36 Et d'ailleurs, lorsqu'on en parle,
01:38 c'est sur le mode de l'exorcisme davantage que du débat politique.
01:41 C'est le principe aussi, on dénonce Hugo Clément, de la normalisation.
01:44 Vous acceptez donc de parler avec ces gens ?
01:47 Vous acceptez donc qu'ils existent ?
01:49 Mais si vous êtes de gauche, Hugo Clément,
01:51 vous acceptez pas que ces gens existent.
01:54 Dès lors, si vous acceptez de leur parler,
01:56 quitte à dire que vous êtes en désaccord avec eux,
01:58 c'est la preuve que vous acceptez leur présence dans la vie démocratique,
02:01 ce qui est un scandale.
02:03 C'est le principe de pureté.
02:04 Les purs ne parlent pas aux impurs.
02:06 Et ceux qui sont classés à l'extrême droite,
02:09 c'est-à-dire des gens de droite qui s'opposent vraiment aux gens de gauche,
02:12 eh bien, on ne parle pas à ces impurs-là, on les piétine.
02:15 Pour le dire comme le camarade Plenel,
02:17 on ne débat pas avec ces gens-là, on les combat.
02:20 Mais c'est le principe de la vigilance.
02:22 C'est-à-dire qu'il faut tracer autour de l'espace public
02:25 le cordon sanitaire des respectables.
02:27 Et ceux qui sont à l'extérieur de ce cordon,
02:30 il ne faut jamais, jamais, jamais accepter,
02:32 ne serait-ce que de leur parler.
02:34 Disons que c'est pas très démocratique.
02:36 Quoi qu'il en soit, la gauche se dévoile à travers cela de quelle manière ?
02:39 En disant que nous voulons maîtriser les termes du débat,
02:42 nous décidons non seulement avec qui nous débattrons,
02:44 mais nous déciderons qui peut débattre avec les autres.
02:47 Et si vous ne respectez pas nos interdictions,
02:49 on vous extrême-droitisera.
02:51 - Dernière question. Est-ce que cette gauche
02:53 que vous qualifiez de sectaire n'est pas minoritaire ?
02:56 - Dans la population, assurément.
02:58 Dans les médias, elle demeure très puissante,
03:01 pour ne pas dire hégémonique.
03:03 Je dirais que sa puissance médiatique
03:05 explique une partie du dérèglement démocratique français aujourd'hui.
03:08 Parce qu'elle est capable de dire que des centaines de milliers,
03:11 des millions de gens ne doivent pas avoir droit aux chapitres
03:14 parce qu'on a jeté sur eux le sort de l'extrême-droite.
03:17 Et elle a une capacité d'imposer son vocabulaire.
03:20 Elle impose son interdit.
03:22 Elle impose son dégoût.
03:24 Elle a la capacité de créer des scandales.
03:26 Ce pauvre Hugo Clément qui accepte d'aller débattre comme ça,
03:29 on fait un scandale de sa présence.
03:31 Elle conserve le pouvoir d'étiqueter les gens.
03:33 Elle colle les sales étiquettes
03:35 qui condamnent à la réputation de la bête immonde.
03:38 Elle conserve le pouvoir de distinguer
03:40 ce qui est respectable et ce qui ne l'est pas.
03:42 Et le problème majeur, c'est qu'il y a un effet.
03:45 Hugo Clément accepte de venir débattre.
03:47 Là, il voit ce que ça veut dire.
03:49 Il voit que le président, on crache sur lui.
03:51 L'an prochain, au prochain débat de valeurs,
03:54 les gens de gauche qui seront invités,
03:56 vont-ils se dire que le prix à payer est trop élevé
03:58 pour accepter de parler avec les gens de valeur actuelle?
04:01 Le prix est trop élevé pour accepter de parler à Jordane Bardella?
04:04 Le prix est probablement trop élevé
04:06 pour parler à François-Xavier Bélami, quand sais-je,
04:08 ou à Manuel Valls, si Manuel Valls était présent.
04:11 Le résultat de tout ça, c'est qu'on crée un interdit.
04:13 On fait en sorte que le prix à payer
04:15 pour exercer ce droit démocratique fondamental
04:17 soit élevé.
04:19 On veut débattre avec ceux qui sont en désaccord avec nous.
04:21 Le prix à payer devient trop élevé.
04:23 On préfère l'esprit de secte.
04:25 Je donnerai néanmoins le dernier mot à Hugo Clément
04:28 à propos de ses contradicteurs.
04:30 Je suis passé du statut écolo-bobo-gaucho
04:32 à militant d'extrême droite en 24 heures.
04:34 Bon, j'ai perdu mon badge journalope, au passage,
04:36 mais je ne désespère pas de le retrouver.
04:38 Ces gens sont tarés.
04:40 Je suis d'accord avec lui.
04:42 Ceux qui s'indignent de la possibilité du débat
04:45 sont des tarés.
04:47 ♪ ♪ ♪
04:49 [SILENCE]

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