L'édito de Mathieu Bock-Côté : «Associations de droite : "Une persécution politique" ?»

  • l’année dernière
Dans son édito du 07/11/2023, Mathieu Bock-Côté revient sur [thématique de l'édito]
Transcript
00:00 Mathieu Bocoté, c'est très intéressant ce qui se passe parce que ce matin sur Twitter,
00:04 Alice Cordier, porte-parole du groupe identitaire Nemesis, s'est désolée sur les réseaux sociaux
00:11 de la fermeture arbitraire du compte bancaire de son association militante.
00:16 Elle y voit une forme de persécution idéologique qui ne dit pas son nom mais qui vise les militants
00:20 identitaires.
00:21 Faut-il voir dans cet événement une réelle persécution ou un fin d'hiver sans trop
00:26 d'importance ?
00:27 Commençons par un petit détour en Grande-Bretagne.
00:30 Nigel Farage, la grande figure du Brexit, il y a quelques mois, découvre qu'il est
00:36 chassé de sa banque.
00:37 On ne veut plus de lui comme client.
00:39 Et qu'est-ce qu'on lui donne comme raison ? Vous n'êtes pas un assez bon client, ça
00:42 ne fonctionne pas, il est en train de prendre avec vous.
00:44 Mais là, il y a une fuite à l'intérieur de la banque.
00:46 Et qu'est-ce qu'on apprend ? Qu'on décide de chasser Nigel Farage de sa banque à cause
00:51 de ses opinions politiques et de ses positionnements politiques.
00:54 Il critique la théorie du genre, anti-vax, ami de Joe… le tennisman qui était anti-vax
01:02 aussi.
01:03 Joe Covid.
01:04 Proche de Trump, Trumpien.
01:05 Donc, on le chasse de sa banque pour cela, au point où ça crée une réaction très
01:10 vive dans la classe politique britannique.
01:12 On dit « mais un instant, on ne chasse pas un homme de banque à cause de ses opinions
01:15 politiques ».
01:16 Incroyable.
01:17 Qu'est-ce que c'est que ça ? Est-ce que de telles pratiques existent ailleurs ? C'est
01:20 ce que suggère Alice Cordier, donc à la tête de Nemesis, qui est une association
01:24 féministe identitaire qui fait le lien très souvent entre immigration et délinquance
01:29 du point de vue des femmes.
01:31 Qu'est-ce qu'elle nous dit sur Twitter ? Elle nous dit « globalement, on ne comprend
01:35 pas cette fermeture arbitraire de notre compte de banque parce qu'on a toujours été réglo,
01:41 on n'a jamais… »
01:42 Imagine tout ce qui pourrait vous conduire à être en rapport trouble avec une banque.
01:47 « D'aucune manière, ce n'est le cas ».
01:49 Elle est contactée.
01:50 Je cite « Depuis quelques semaines, nous avions remarqué un changement de comportement
01:55 de la part de nos conseillers, tantôt injoignable, tantôt à la limite du harcèlement pour
01:59 récupérer les informations dont une banque n'a pas besoin concernant nos donateurs.
02:03 »
02:04 Nos donateurs, pourquoi ? Parce que c'est une association qui fonctionne essentiellement
02:08 par le don de gens qui soutiennent cette cause.
02:11 En lien avec cela, le compte de Nemesis a été fermé par PayPal tout récemment.
02:16 Donc, la structure de financement qui permet à cette association de fonctionner, on coupe
02:21 les vivres.
02:22 Est-ce qu'on a une preuve formelle du fait que cette association s'est fait chasser
02:27 de sa banque ou de PayPal pour des raisons idéologiques et politiques ? Les preuves
02:32 formelles ne sont pas là.
02:33 Est-ce qu'on a de bonnes raisons de croire qu'Alice Cordier se plaint avec raison du
02:38 fait qu'elle est victime d'une persécution idéologique ?
02:40 Je pense que c'est la question à se poser.
02:42 Est-ce que c'est votre avis ?
02:43 Oui, absolument.
02:44 Soyons honnêtes.
02:45 Donc, fermer son compte en fonction de ses idées.
02:48 Ce n'est pas la première fois qu'on voit de telles fermetures arbitraires, soit d'un
02:52 compte pour une personne.
02:53 Je vais vous donner quelques exemples récents ces derniers temps.
02:55 D'abord, la dissolution des identitaires.
02:57 Les identitaires qui sont frappés de dissolution alors qu'ils ne sont pas violents.
03:00 Quant au soulèvement de la terre, qui eux sont violents, finalement la dissolution,
03:04 mauvaise idée, ça ne passe pas.
03:05 Deux poids, deux mesures.
03:07 On peut penser à l'interdiction du colloque Dominique Veyner, il y a quelques mois.
03:11 On peut penser à ce qu'on veut de Dominique Veyner, mais interdire un colloque, pour
03:14 quelle raison il l'avait interdit à ce moment-là ?
03:16 Parce que pourrait-il s'y tenir des propos contraires à la loi Pleven, disait-on.
03:21 Si vous interdisez à l'avance un événement parce que pourrait-il s'y tenir des propos
03:25 qui heurtent une loi, c'est Minority Report, pour ceux qui connaissent le film ou le livre.
03:30 Minority Report pour les Français.
03:32 Oui, absolument.
03:33 Pardonnez-moi.
03:34 Rapport minoritaire, comme on dit au Québec.
03:37 Oui, les manifestations dites d'extrême droite à réellement, on s'en souvient, pour
03:42 contester l'implantation d'un camp de migrants.
03:45 Que dit le responsable qui interdit la manifestation ? C'est organisé par des gens d'extrême
03:50 droite.
03:51 Donc, on peut interdire la manifestation.
03:53 Je suis curieux de savoir comment cette personne va gérer les prochaines élections présidentielles
03:56 avec les différents partis étiquetés ainsi.
03:58 La sévérité dont nous avait parlé Charlotte, contre les militantes d'Argos, qui s'inquiètent
04:02 justement de la violence, souvent, dont les femmes sont victimes.
04:06 Et maintenant, Nemesis.
04:07 C'est toujours la même chose, soyons sérieux.
04:09 La mouvance identitaire a été présentée comme une mouvance qui pourrait être politique.
04:12 On peut la critiquer de mille manières, on s'entend très sévèrement.
04:15 Mais elle est traitée comme une mouvance factieuse, une mouvance criminogène, une
04:19 mouvance toxique.
04:20 Et on nous dit sans cesse qu'il faut interdire la haine.
04:22 On assimile cette association, une association porteuse de discours haineux.
04:26 Dès lors, il est légitime, directement ou indirectement, formellement ou informellement,
04:31 par le chuchotement ou par l'action brutale quelquefois, d'interdire tout simplement
04:35 la constitution politique de cette mouvance.
04:38 On pourrait dire que les gens de Nemesis ont été victimes d'une forme de déchéance
04:41 de citoyenneté.
04:42 Ce sont les citoyens de seconde zone, parce que leurs idées ne leur permettent pas d'avoir
04:46 accès non seulement à la vie publique, mais aussi aux commodités ordinaires de leur vie
04:50 dans une société libérale et démocratique.
04:51 Je pense que ça mérite d'être mentionné et j'espère qu'il y aura une suite à ce dossier.
04:55 La chasse à l'homme.
04:58 Ah ben, absolument.
04:59 Merci beaucoup Mathieu.
05:00 Merci.
05:01 [Musique]
05:03 [Sous-titres réalisés para la communauté d'Amara.org]

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