L'édito de Mathieu Bock-Côté : «Anne Hidalgo : vers la dictature de la bien-pensance ?»

  • il y a 11 heures
Dans son édito du 03/10/2024, Mathieu Bock-Côté revient sur les critiques envers les automobilistes.

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00:00On est des grandes villes et pas que de Paris, on voit ce que je décrirai ce soir, c'est
00:04vrai un peu partout dans le monde occidental, mais point de départ c'est la réaction
00:07légitime de tant d'automobilistes qui se disent « mais est-ce qu'on pourrait un jour
00:12nous ficher la paix ? Pourquoi est-ce qu'on s'acharne toujours sur nous ? Est-ce qu'il
00:17y a une guerre à la voiture ? Est-ce qu'il y a une volonté d'éliminer l'automobile
00:22et les automobilistes, symboliquement, de la vie publique ? Ou est-ce qu'on est simplement
00:27devant des mesures techniques qui, un jour, s'arrêteront ? »
00:30Le point de départ de tout cela, c'est de se dire qu'effectivement, et vous avez donné
00:34les deux exemples, 50 km heure, on limite l'accès au diesel pour l'essentiel, donc
00:40qu'est-ce qu'on voit à travers ça ? C'est effectivement une volonté de compliquer à
00:44ce point la vie aux automobilistes, qu'ils en viendront peu à peu à renoncer à l'utilisation
00:50de leurs véhicules. C'est vrai pour ceux qui sont à l'intérieur de Paris, mais c'est
00:53aussi vrai pour ceux qui voudraient venir à Paris. Il ne faut pas l'oublier, c'est
00:57une dimension qui s'ajoute à cela. Ce n'est pas qu'un caprice. On peut avoir l'impression
01:02quelquefois que Mme Hidalgo a des caprices, des caprices tyranniques, dirait certains,
01:05ce n'est pas mon cas, mais des caprices tyranniques, souveraines absolues qui, par ailleurs, aiment
01:09compliquer la vie de ces sujets. Ce n'est pas votre analyse.
01:12Non, je privilégie toujours l'idéologie sur les caprices personnelles. Donc, de ce
01:17point de vue, je pense qu'effectivement, elles compliquent la vie des gens, mais en
01:19pensant les libérer. On appelle ça la gauche. Point de départ, pourquoi cet acharnement
01:25contre l'automobile? Rappelons-nous l'évolution du symbole qu'est l'automobile dans nos sociétés
01:30depuis les années 50 pour l'essentiel. L'automobile des deux côtés de l'Atlantique, c'est d'abord
01:34et avant tout un incroyable symbole de liberté. C'est la possibilité de se déplacer soi-même,
01:40d'aller où on le veut, comme on le veut, quand on le souhaite, à nos propres conditions,
01:44sans être soumis à quelques contraintes collectives que ce soit. C'est le symbole d'une liberté
01:49véritable. En Amérique du Nord, c'est le symbole des grandes aventures possibles, mais
01:53en Europe même, c'est le symbole de l'autonomie de la classe moyenne, c'est l'accession à
01:57la liberté de mouvement. Dans l'histoire du monde, c'est assez récent, c'est le moins
02:01qu'on puisse dire. Donc, se délivrer des circuits déjà établis, des circuits programmés,
02:06c'est la possibilité d'être libre et maître de sa propre vie. On pourrait dire que ça
02:10s'est venu jusqu'aux années 90, et à partir des années 2000, il y a un discours nouveau
02:14qui s'impose sur l'automobile et qui est alors présenté comme le symbole de l'aliénation
02:20du conducteur, de l'automobiliste. Pourquoi? On peut dire les grandes raisons des phénomènes
02:23de congestion de plus en plus. C'est très vrai. L'automobile est présenté comme finalement
02:28la prison de l'automobiliste. On le croyait libre, en fait, il est prisonnier de son moyen
02:33de transport. Et plus encore, on commence à politiser la critique de l'automobile.
02:37On va dire, par exemple, aux États-Unis, c'est un lieu favorable au basculement en
02:43droite des sociétés. Hein? Comment ça? Parce que lorsque vous êtes dans votre voiture,
02:48vous écoutez ce qu'on appelle aux États-Unis la talk radio, donc la radio parlée. Donc,
02:51ce n'est pas la radio musicale, c'est la radio plus politique. Or, elle est plutôt
02:55à droite aux États-Unis, la radio parlée, comme ça. Donc là, on dit que les gens qui
02:59écoutent la radio basculent à droite. Et c'est un problème qu'ils se laissent ainsi
03:03influencer dans leur voiture en cultivant en plus le ressentiment parce qu'ils subissent
03:07la congestion. Croyez-moi, c'est un argument qui a été développé pendant plusieurs années
03:10aux États-Unis, encore aujourd'hui. Ensuite, évidemment, il y a l'argument plus important,
03:15c'est le symbole de l'individualisme mauvais. Donc, autant l'individualisme était valorisé
03:19dans les années 50, l'homme maître de sa propre vie, la femme maître de sa propre
03:23vie. Aujourd'hui, c'est plutôt, vous vous soustrayez aux exigences collectives. Il y
03:28a des plans qui ont été faits pour vous. Pourquoi vous entêtez-vous à vouloir vivre
03:31selon vos propres règles? Êtes-vous un peu anarchiste au fond de vous-même?
03:35S'ajoute à ça, et là c'est très important dans les temps présents, l'automobiliste
03:39est présenté comme le responsable individuel du changement, du réchauffement climatique,
03:44des dérèglements climatiques comme on dit aujourd'hui. Donc, chaque fois que vous prenez
03:47votre voiture et qu'elle n'est pas électrique, parce que si une voiture est électrique c'est
03:51un peu différent, on y reviendra. Chaque fois que vous prenez votre bagnole, sachez que
03:54vous vous transformez en personnage éco-sidère, comme on dit. Donc, vous tuez la planète
03:59un peu chaque jour lorsque vous prenez votre voiture. C'est la culpabilisation de l'automobiliste,
04:03votre empreinte carbone, qui est l'autre nom de la vie de chacun, votre empreinte carbone
04:07ne cesse de s'alourdir. Dès lors, lorsque vous utilisez votre véhicule, c'est un problème.
04:14Ajouté à ça, et c'est une chose qui est importante, il y a différents types de véhicules,
04:17je l'ai dit, il y a le véhicule de la bonne bourgeoisie urbaine, l'automobile électrique,
04:21c'est très bien, on lui souhaite bonne chance. Mais il y a l'autre, il y a l'autre voiture,
04:25la voiture thermique.
04:26On n'occupe pas l'électricité en hiver, on est à bout de catastrophe il n'y a pas longtemps.
04:30J'ai cru comprendre. Donc là, il y a l'autre symbole, la voiture avec laquelle il faut
04:34en finir, c'est l'automobile thermique. 2035, d'ailleurs, il ne sera plus possible d'en
04:38acheter. Et l'automobile thermique, et plus particulièrement le diesel, qu'est-ce que
04:42c'est? C'est la voiture, par excellence, des gens de peu, des gens qui ont moins d'argent,
04:48des gens qui n'ont pas accès justement aux voitures de l'oligarchie et de l'aristocratie,
04:52des voitures qui sont recommandées par la transition écologique.
04:56Donc dès lors, ces gens sont inquiétants avec leurs voitures. Rappelez-vous cette formule,
05:00je reviendrai dans un instant, mais de M. Grimault au moment des Gilets jaunes. Des gens qui
05:03fument des clopes et qui roulent en diesel, vraiment la lit de l'humanité, le bas de
05:08la gamme de la société française. Qu'est-ce que ces gens viennent faire dans nos villes?
05:12Donc pourquoi est-ce qu'on les accepterait dans nos villes? Ils viendraient les souiller
05:16en quelque sorte. Donc il y a cette idée, l'automobile, ça devient le symbole en quelque
05:20sorte de ce dont on doit se délivrer. Et les grandes villes font tout ce qu'elles peuvent
05:26concrètement pour compliquer la vie aux automobilistes. Donc quel que soit le côté de l'Atlantique,
05:30je pourrais vous parler longtemps du mien, en comment, par exemple, on fait tout pour
05:33que le trajet qui pouvait se faire il y a quelques années en cinq minutes de la point
05:36A au point B, maintenant ça en prend 35 pour vous convaincre de ne pas utiliser votre
05:40bagnole. Il y a quand même du génie chez les ingénieurs urbains.
05:43Mais ce n'est qu'un exemple parmi d'autres de ce qui se passe aujourd'hui, c'est une
05:47volonté de contrôle social. La gauche connaît ça. Mais elle considère que le lieu privilégié
05:53du contrôle social aujourd'hui, c'est moins la nation, on y reviendra, que la ville qui
05:58est devenue le laboratoire privilégié pour exercer son contrôle social, pour imposer
06:02aujourd'hui, non pas au nom du socialisme, mais de l'écologisme, un contrôle tactillon
06:06des existences. Je vais vous donner quelques exemples aussi qui sont liés à ça. Par exemple,
06:12exemple montréalais, mais pas seulement, ça existe aussi en Europe, l'existence d'une
06:15police des poubelles. Une police des poubelles, qu'est-ce que c'est? Ce sont des inspecteurs
06:19qui sont embauchés pour aller vérifier devant chez vous, vous avez tel sac de poubelle,
06:24est-ce qu'il y a, par exemple, du non-récyclable dans le recyclable? Aha! Il y a du non-récyclable
06:29dans le recyclable et là, on trouve dans le sac, la petite affiche, par exemple, une
06:32affiche Amazon qui dit, ben voilà, quelle est votre adresse? Eh bien, nous savons à
06:36qui envoyer la contravention. Il y a des fouilleurs de poubelles payés par l'État pour savoir
06:42exactement comment vous triez vos déchets. Si vous ne voyez pas là-dedans, une intrusion
06:46exceptionnelle dans la vie privée, des fouilleurs de poubelles étatiques.
06:50Mais c'est pour la planète.
06:51Ah ben oui, il y a beaucoup de choses qui se font pour la planète aujourd'hui. Alors,
06:56même chose, et là, Paris, tout récent, la guerre de plus en plus contre l'habitation
07:01privée. La hausse de la taxe foncière dont on parle régulièrement. Ne croyez pas que
07:05tout ça n'est pas sans conséquences réelles sur le droit d'accès à la propriété.
07:08La légitimation du squat, la normalisation du squat. Il faut comprendre ce que ça veut
07:12dire. C'est que le droit du squatteur est plus important que votre droit de propriété.
07:16La volonté partout présente des deux côtés de l'Atlantique d'assurer ce qu'on appelle
07:20la densification urbaine. La densification urbaine, qu'est-ce que ça veut dire? C'est
07:25de moins en moins d'espace pour vous parce qu'on considère justement que si vous avez
07:29accès à votre propriété, le vieux rêve des classes moyennes, l'accès à la propriété,
07:33c'est l'autre nom du comportement éco-sidaire.
07:35Allons un peu plus loin là-dessus. Quand je dis la guerre au logement, il y a aussi
07:41cette idée que si votre appartement est trop grand, un jour peut-être faudrait-il vous
07:44taxer en particulier pour pénaliser les appartements trop grands. Donc, qu'est-ce qu'on voit à
07:49travers tout ça? C'est la gauche qui a redéployé au niveau municipal, au niveau
07:53local, ses ambitions collectivistes de régulation, de contrôle social. Tout comme l'extrême-centre
07:59privilégie les tecto-structures mondialisées, tout comme ce qu'on appelle les populistes
08:03ou les conservateurs privilégient la nation, la gauche radicale est dans un réflexe féodal,
08:08se dit on va construire de nouvelles unités politiques conformes au progressisme et au
08:12contrôle social auquel on rêve de plus en plus ou à tout le monde de nouveau.

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