Fanny Warzowski et Léon Preys enfants juifs cachés

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Fanny Warzowski et Léon Preys enfants juifs cachés

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00:00 Donc, famille Warsowski, je vais avoir 90 ans et je suis un enfant caché à la Seconde
00:12 Guerre mondiale.
00:13 Moi, c'est Léon Frey, aussi 90 ans et aussi un enfant caché depuis la guerre.
00:24 Si on dit enfant caché, c'est pas tout à fait, je dirais, discipliné.
00:32 Ils ont eu l'intelligence de ne mélanger les gens, de ne pas se cacher derrière un armoire
00:39 ou un placard, comme Anne Frank dans la fausse bibliothèque.
00:44 On vivait à Bruxelles, comme tous les autres.
00:50 Nous sommes partis également, toute la famille est partie, pas toute la famille, toute notre
00:57 famille, c'est-à-dire mes parents et les quatre enfants, sur les routes pour arriver
01:03 en France.
01:04 Et quand mon père a constaté qu'en France, c'était comme à Bruxelles, on a fait demi-tour.
01:11 C'était devenu très dangereux.
01:13 C'était déjà en 1942 et là, ça commençait à être très dangereux.
01:18 Les rafles n'arrêtaient pas et mon père a décidé de vite mettre tout ça en route,
01:27 de mettre les enfants, chacun, dans un autre endroit, mais tout à fait différent.
01:35 Moi, j'étais, je veux dire, dans un château, l'endroit s'appelait, ou s'appelle encore,
01:47 Bonnet.
01:48 Mon père avait décidé, avec sa famille, de faire l'exode.
01:52 Quand la guerre s'est étalée en 1940, nous sommes partis sur les routes françaises.
01:57 Et au retour, nous n'avons pas retrouvé la maison, elle avait été pillée.
02:02 Donc mes parents ont décidé de nous mettre dans un orphelinat à Marseillais,
02:11 cité des enfants à Marseillais.
02:14 Et là, a commencé les différents endroits où j'étais caché.
02:24 On nous a mis dans une vieille camionnette et on nous a mis à Jambiou.
02:30 On a logé là, deux mois, dans la cabane, à Outille, dans le Berlin,
02:37 parce qu'elle avait peur, une vieille dame avait peur.
02:40 Et j'avais une peur bleue d'avoir assez longtemps, très longtemps même, de dire que j'étais vieille.
02:52 C'est un mot que je n'osais même pas prononcer.
02:56 On ne parlait pas d'enfant juge quand même, en aucun cas.
03:02 Et même, je vous dis, même après la guerre, on ne se parlait pas non plus de ce qui était arrivé.
03:11 C'est la première fois que je la sens, ce que je suis venu dire ici.
03:15 Ça s'est surtout manifesté par un silence.
03:19 Et je suis toujours la même.
03:22 Ça m'a terriblement choquée, traumatisée.
03:27 J'étais vraiment paniquée pour un oui, pour un non.
03:32 Je paniquais.
03:34 J'étais tellement traumatisé, à peur.
03:38 J'avais peur.
03:40 Je n'osais pas aller aux toilettes.
03:43 Je ne venais dans la vie.
03:47 Ça m'est resté quelques mois.
03:49 Ça m'a marqué.
03:52 Ça m'a complexé en tout cas.
03:54 Ça m'a marqué.
03:57 Probablement, comme on dit, pas d'école.
04:01 J'étais jusqu'à l'âge de 9 ans en alphabète.
04:08 Oui, ça laisse des traces.
04:11 Mais ça a été un problème dans ma vie, un grand problème.
04:16 De ne pas pouvoir dire, voilà, je suis juif.
04:19 Que ce soit parmi les juifs, et les non-juifs, et surtout les non-juifs, bien sûr.
04:25 On peut oublier, mais pas pardonner.
04:28 On peut oublier.
04:30 C'est une chose, mais pas tout quand même.
04:35 Je suis heureuse et fière d'être juive.
04:40 Non, non, il ne voulait pas savoir, il ne voulait pas entendre.
04:44 Tout ce qui était assez important de cette déportation, c'était pas vrai.
04:53 On disait que c'était pas possible, que c'était pas vrai.
04:56 Alors les juifs se sont tués.
04:59 Le soir.
05:00 Repensons notre quotidien.
05:02 [SILENCE]

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