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Business avec l’Afrique : l’heure du New Deal

Table Ronde Energie

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00:00 Bonjour à tous. On passe à cette deuxième séquence du forum consacré aux problématiques
00:11 d'électrification du continent et de transition énergétique et climatique, l'intitulé
00:15 Quel mix énergétique pour l'Afrique ? D'abord, avant de vous présenter, mesdames
00:20 et messieurs, et de vous remercier d'être là, on plante un petit peu le décor. L'Afrique,
00:25 c'est le pays, c'est le continent où la croissance démographique sera la plus forte
00:28 dans les prochaines décennies. D'ici 2100, la population devrait tripler, 1,4 milliard
00:34 à 3,9 milliard selon l'Ined, 4,5 milliard même selon les Nations Unies. Bref, un humain
00:39 sur deux qui naîtra d'ici à 2050, verra le jour sur le continent africain, et plus
00:44 précisément en Afrique subsaharienne. Alors une population qui augmente, mais pour laquelle
00:48 l'accès à l'électricité est une question qui est donc plus que jamais cruciale. Là
00:52 encore un petit chiffre qui sort de la banque de données de l'AIEA, l'Agence internationale
00:57 de l'énergie, 600 millions d'Africains qui aujourd'hui vivent sans électricité. C'est
01:03 même un chiffre qui était en légère augmentation du fait de la pandémie et de la crise qui
01:07 s'est déclenchée avec cette crise sanitaire. Autre problématique, d'nombreux États qui
01:12 peuvent s'appuyer sur leurs ressources nationales de pétrole, de gaz ou de charbon pour produire
01:17 l'électricité, même si ça devient de moins en moins en courant. D'autres qui ne disposent
01:20 pas des mêmes atouts et qui dépendent de combustibles importés, et du coup, ça les
01:24 rend vulnérables face à la volatilité des marchés. Des énergies fossiles qui aujourd'hui
01:28 fournissent près des trois quarts de l'électricité produite sur le continent africain, c'est
01:33 une des équations à résoudre à l'heure de la transition climatique dont je parlais
01:36 à l'instant. Donc indépendance énergétique et neutralité carbone, les deux faces d'un
01:39 même défi, être en mesure d'assurer l'équilibre entre l'offre et la demande à tout moment.
01:44 Pour débattre de cette éminente question, j'accueille cinq invités. Alors, honneur
01:49 aux dames, Bibia Ayoibata, vous êtes chef de division, association et relations tutelle
01:54 de la Société nationale des pétroles du Congo, Brazaville. Marie-Laure Masson, bonjour,
01:59 vous êtes directrice générale d'Ostoa, un fonds d'investissement qui a été créé
02:02 en 2017, vous nous parlerez, enfin, je vous laisserai le décrire, créé par la Caisse
02:06 des dépôts et l'Agence française de développement. Monsieur le ministre, bonjour. Ibrahim Yakoubou,
02:11 vous êtes ministre d'État, ministre d'énergie et des énergies renouvelables de la République
02:14 du Niger. Monsieur Idelsbad Chinamoula Vunimgoma, pardon pour la prononciation, vous êtes
02:21 directeur général de l'ANSER, l'Agence nationale de l'électrification des services
02:25 énergétiques en milieu rural et périurbain de la République démocratique du Congo.
02:29 Enfin, Gilles Parmentier, bienvenue, bonjour. Vous êtes président d'Africa Renne, qui
02:33 est un spécialiste des questions des énergies renouvelables en Afrique, qui développe,
02:36 finance et exploite des infrastructures pour accroître l'accès à l'électricité en
02:39 Afrique subsaharienne. Monsieur le ministre, je me tourne vers vous. On parle vite, l'heure
02:43 est longue. Qu'est-ce qui se passe demain dans les années, les décennies qui viennent
02:49 si on ne s'occupe pas de cette problématique d'électrification du continent ? Quelles
02:53 seront les conséquences pour les populations, le développement des pays et la croissance
02:59 économique du continent et en particulier des sous-zones et des pays ?
03:01 Bien, merci pour l'invitation. Je voudrais dire que les conséquences, si l'on n'électrifie
03:09 pas, elles ne se posent pas simplement pour demain, elles se posent au quotidien. L'accès
03:14 à l'électricité, c'est une condition fondamentale du développement. Si on ne crée pas les
03:20 conditions de l'accès universel à l'électricité, on ne va pas créer les conditions de débloquer
03:25 le potentiel économique de nos États, de notre continent. On ne créera pas les conditions
03:30 pour que tous les indicateurs du développement puissent être impactés positivement, puisque
03:35 vous savez qu'un système électrique bien établi, il a des impacts positifs sur la
03:41 santé, l'éducation, le développement économique. Et enfin, la question de l'accès à l'électricité,
03:46 c'est une question de l'accès au bien-être. Donc c'est une problématique essentielle
03:51 personnelle et c'est une problématique essentielle au niveau de tous les États. L'Afrique a
03:56 un potentiel énorme. Pour le transformer, il nous faut créer les conditions de l'accès
04:00 universel à l'électricité. Donc c'est un enjeu économique, social et politique
04:05 majeur qu'il faut rélever. Marie-Laure Mazeau, je vous laisse présenter
04:09 le fonds que vous dirigez, son activité. Et alors du coup, comment est-ce qu'on électrifie?
04:14 Quelles sont les pistes aujourd'hui? J'ai parlé des ressources d'énergie fossile,
04:20 hydrocarbures, mais il n'y en a pas que. La question se pose un peu partout sur la planète,
04:24 en Europe, en Amérique du Nord, en Asie. Il y a des énergies renouvelables. Voilà.
04:27 Comment est-ce qu'on électrifie aujourd'hui l'Afrique? Comment vous y contribuez?
04:31 Je vais être assez rapide. Donc vous avez dit, on a été créé en 2017. On est un
04:36 fonds impact. Voilà. On a engagé trois quarts des montants qui nous avaient été alloués
04:43 sur les 440 millions d'euros à peu près sur 15 participations. On a signé cette semaine
04:50 une 16e sur l'Afrique d'ailleurs, mais je ne peux pas l'annoncer pour le moment. Voilà.
04:55 Donc ça sera dans les prochains jours. On est là pour résorber le déficit d'infrastructures
05:04 dans les pays émergents et le continent africain, c'est une priorité absolue pour le fonds
05:09 puisque c'est plus de 50% de nos investissements. Aujourd'hui, on est présent en Afrique du
05:13 Sud, au Kenya, au Cameroun, au Gabon, mais aussi en Ouganda, au Rwanda, au Malawi, au
05:20 Sierra Leone et au Burkina Faso à travers des plateformes énergétiques essentiellement.
05:24 C'est surtout sur le domaine de l'énergie hydro, éolien et solaire également, solaire
05:34 avec stockage. L'idée, c'est qu'effectivement, on soutienne des projets qui permettent de
05:39 changer la vie de millions de personnes et effectivement d'avoir accès à l'électricité
05:47 à travers un impact positif sur les projets et en servant de catalyseur. Donc quand on
05:53 regarde des projets, on regarde trois composantes essentielles. C'est l'accessibilité, c'est-à-dire
06:00 permettre à des populations d'avoir accès à une énergie propre et sobre et pour répondre
06:09 à des besoins et des insuffisances de services non disponibles. C'est aussi abordable, c'est-à-dire
06:17 qu'il faut que les populations puissent y avoir accès et que ça leur apporte un bien-être
06:20 et je rejoins le monsieur le ministre sur ce sujet. Et c'est sobre, donc c'est effectivement,
06:27 on a un objectif d'émissions évitées et cette année on va publier aussi sur nos émissions
06:33 brutes. Mais qu'est-ce que ça veut dire en termes de tendance aujourd'hui ? On a fait
06:37 surtout des grands projets avant la crise, donc on a notamment participé à Nachtigal,
06:40 mais on a fait aussi des projets avec stockage. Mais depuis fin 2021-2022, les deux derniers
06:48 ou trois derniers projets dans lesquels on est rentrés, sur lesquels on a communiqué,
06:52 c'est des plateformes de développement de petits hydros ou de mini solaires à travers
06:56 Serengeti, qui est présent sur un certain nombre de pays que je vous ai cités. C'est
07:02 aussi de l'énergie distribuée en Afrique du Sud, donc en Candie Solar dans lequel on
07:07 est rentrés et une annonce qu'on a faite il y a moins d'un mois avec, comme partenaire
07:12 IBL énergie, pour racheter Equator Energy qui est présent au Kenya ou en Ouganda et
07:18 développer en fait l'autoconsommation et les mini grids. Et on a l'ambition d'aller
07:24 aussi sur la RDC, sur tout ce qui est mini réseau parce qu'il y a des besoins qui sont
07:29 énormes. Je me tourne vers Aïdesba de Chinamula-Venigoma, vous représentez la République démocratique
07:35 du Congo qui fait 2,3 millions de kilomètres carrés, c'est le deuxième plus gros pays
07:38 du continent. Un taux d'électrification qui est à peu près de 40%, mais en fait
07:44 derrière, c'est un chiffre qui masque mal les disparités parce qu'en milieu urbain,
07:48 il peut être plus fort, mais en milieu rural, qui est précisément le sujet dont vous vous
07:52 occupez, il est beaucoup plus faible. Mais la RDC dispose aussi, Marie-Laure Mason en
07:56 parlait, du quatrième potentiel hydroélectrique au monde, ce n'est pas sur le continent.
08:01 Du coup, la stratégie que vous menez à la tête de l'Annecer, quelle est-elle en matière
08:05 de l'hydroélectricité ? Evidemment, on parle au super projet INGA que tout le monde
08:10 peut avoir à l'esprit, mais voilà, quelle place de l'hydroélectricité dans le mix
08:14 énergétique que vous voulez mettre en place dans votre pays à l'avenir ?
08:17 Merci beaucoup, je voudrais aussi remercier l'invitation Sian pour l'invitation, les
08:22 gouvernements français qui nous ont accueillis également. Donc au nom de la République
08:26 démocratique du Congo, je m'appelle Idesbatchin Amoula et je dirige l'Agence Nationale d'Electrification
08:32 Rurale et Périurbaine. Quand on parle de rurale ou périurbaine, ce ne sont pas seulement
08:36 les amants, ce ne sont pas seulement les villages, mais c'est des millions de populations. Donc
08:41 ça fait environ 70% de la population congolaise, environ 70 millions de personnes qui vivent
08:47 dans ces zones rurales et périurbaines et pour lesquelles, effectivement, le taux d'accès
08:51 à l'électricité est assez faible aujourd'hui. Je crois que le ministre le disait tout à
08:56 l'heure, le potentiel que l'électricité pourra apporter justement pour pouvoir valoriser
09:00 ces zones-là, c'est très important. Conscient effectivement du potentiel, du rôle, quelle
09:05 énergie pourra jouer dans ces zones, les gouvernements congolais ont mis en place cette
09:09 Agence d'Electrification Rurale et Périurbaine. Cette agence, effectivement, a monté des
09:13 stratégies et parmi les stratégies au niveau du gouvernement, c'est la libéralisation
09:17 du secteur. On a libéralisé le secteur aujourd'hui, ça veut dire qu'on s'est rendu compte que
09:21 l'État ne peut pas à lui seul financer l'investissement dans les secteurs d'électrification
09:25 rurale et périurbaine et dans l'électrification de façon générale. Donc aujourd'hui, le
09:29 secteur est totalement libéralisé, on invite les investisseurs privés à venir et c'est
09:34 un marché immense. Français, j'imagine ? Bien entendu, bien entendu, c'est un marché
09:38 immense qui est en train de se mettre en place et le potentiel est là. Le potentiel aujourd'hui,
09:42 la RDC est présenté comme le deuxième plus grand marché mondial en termes de solutions
09:46 mini réseaux. Un inventaire récent qui vient d'être réalisé a montré que nous avons
09:50 plus de 7000 mini réseaux sur le système solaire uniquement et je ne parle pas de
09:55 ce que nous avons démontré il y a quelques mois, quelques années sur le potentiel hydroélectrique.
10:03 Je l'ai mentionné, huitièmes au niveau mondial mais au niveau africain, nous sommes encore
10:07 les premiers parce que la RDC, c'est la cuvette centrale qui régauge effectivement toutes
10:10 les eaux de l'Afrique. Donc le potentiel, il est là et c'est potentiel pour le développer.
10:14 Comme je le disais tout à l'heure, on a libéralisé les secteurs et pour développer
10:18 ce potentiel, effectivement, nous faisons des concessions, nous avons mis en place un
10:22 système de concessions à tous les investisseurs, des concessions allant jusqu'à 25 ans. Aujourd'hui,
10:27 les entreprises pourront fixer leurs tarifs pour pouvoir vendre l'électricité, c'est
10:31 un produit commerçable. Effectivement, pour que nous puissions permettre aux ménages
10:35 de pouvoir accéder à cette électricité, nous avons mis en place un certain nombre
10:38 d'attraits et d'éléviers financiers, donc nous avons créé un fonds de subsides qui
10:42 s'appelle les fonds Mwinda qui permet justement à ce que l'État puisse compenser peut-être
10:46 ce qu'on peut considérer comme manque à gagner vis-à-vis du pouvoir d'achat qui
10:50 pour l'instant est encore faible mais qu'on va travailler pour pouvoir le remonter. Et
10:54 puis donc avec ces fonds Mwinda, nous compensons jusqu'à 30-40% du coût de l'électricité
10:59 au niveau bien entendu local. Et donc ces fonds, ils marchent très bien. Aujourd'hui,
11:03 nous avons une provision d'environ 70 millions de dollars dans ces fonds qui est en train
11:08 d'être mis en place. Donc c'est vraiment un attrait et un puissant lévier qui pourra
11:12 aider effectivement à viabiliser les secteurs. Et puis en dernier lieu, c'est que la stratégie
11:17 s'est développée, les potentiels agricoles et les potentiels de développement qui existent
11:23 dans ces milieux ruraux et périurbains parce que c'est vaste. Les milieux ruraux, c'est
11:27 l'agriculture, c'est aussi les high tech, c'est aussi les numériques, c'est aussi
11:32 toutes ces autres infrastructures qu'on pourra développer dans ces zones.
11:35 Merci.
11:36 Gilles Parmentier, je vais t'enlever à vous. Parlez de mix énergétique. L'Afrique,
11:40 c'est tellement vaste. 54 pays, 54 problématiques différentes, des ressources qui sont profondes.
11:45 Donc j'imagine 54 pays, c'est 54 mix énergétique potentiellement différents. Surtout, ce
11:51 que le Docteur Hiddelbad a prononcé à moi, c'est le mini réseau. On parle de grands
11:56 projets et de mini réseaux. Est ce que c'est ça l'avenir aujourd'hui de l'Afrique ?
11:59 Des petites infrastructures pour répondre à des demandes très locales et après des
12:03 grands projets pour répondre à des demandes sur des grandes zones de vie. Je rappelle
12:06 le continent africain, le grand public ne le sait pas forcément. C'est l'un des continents
12:11 qui est le plus métropolisé au monde. C'est là que se retrouvera demain, après-demain,
12:16 les plus grandes zones de vie sur la planète.
12:18 Oui, tout à fait. En fait, l'Afrique doit s'électrifier beaucoup plus et va s'électrifier
12:28 beaucoup plus. Donc la question, c'est comment on fait ça ? Et chaque pays a ses spécificités,
12:35 a ses ressources naturelles propres.
12:37 Vous êtes présent où d'ailleurs ?
12:39 Alors, nous on est présent surtout dans la zone sahélienne, Sénégal, Burkina Faso,
12:43 où on a des actifs, des centrales qui sont déjà en opération.
12:46 Centrales de quel type ?
12:48 Pardon ?
12:49 Centrales de quel type ?
12:50 Solaires. Et au Sénégal, on va démarrer le mois prochain la première centrale de
12:55 stockage visant à stabiliser le réseau sénégalais. Ça va être la première centrale de ce type
13:01 sur le continent. Donc essentiellement dans la zone sahélienne. Pourquoi ? Parce que
13:07 le potentiel solaire de la zone est formidable. Mais évidemment, quand on prend la RDC, il
13:13 y a un potentiel hydro qui est très important. Il y a le Kenya, la Tanzanie avec la géothermie.
13:21 Ils ont la géothermie qui est une énergie renouvelable formidable. Donc les pays côtiers
13:28 peuvent avoir des gisements de vent très importants. Donc il faut que chaque pays mobilise
13:34 ses ressources naturelles et on ne peut pas plaquer d'un pays à l'autre un modèle.
13:40 Ça ne marchera pas. Également, vous l'avez mentionné, il y a le sujet de la taille,
13:47 du type de centrale. Les distances sont parfois gigantesques et ce n'est pas forcément rentable
13:55 d'aller tirer des lignes à haute tension sur des centaines de kilomètres pour alimenter
13:59 des villes moyennes ou des villages. C'est beaucoup plus pertinent de passer par des
14:05 systèmes de mini réseaux, voire pour les populations qui sont très isolées, des systèmes
14:10 de solar home system, de kits solaires, d'électrification individuelle. Donc la politique énergétique
14:18 de chaque pays doit tenir compte de ses ressources propres et de sa géographie. Effectivement,
14:25 on ne peut pas électrifier la RDC comme on va électrifier le Niger. En revanche, il
14:30 faut vraiment mobiliser le potentiel énergétique de chaque pays et puis derrière mobiliser
14:37 les financements pour permettre à cette éducation de se faire.
14:40 M. le ministre, je me tourne vers vous. Marie-Laure Masot a prononcé un adjectif tout à l'heure
14:44 "abordable". Dans un article du Figaro, un autre grand journal français, c'était le
14:50 20 février, vous avez déclaré pour accompagner les usages productifs des agriculteurs, des
14:53 éleveurs, aussi des PME, des entrepreneurs, de développer votre économie qui est en
14:56 forte croissance. Il fallait proposer de l'électricité à un coût abordable. Alors, cette électricité
15:01 à coût abordable, comment est-ce qu'on conjugue prix abordable et infrastructure
15:05 qui par ailleurs peuvent être très coûteuses ? Et c'est quoi un prix abordable selon
15:09 vous ?
15:10 Oui, avant d'arriver à la question, je voudrais dire que c'est la question du mix énergétique
15:15 tel que ça a été posé tout à l'heure. L'Afrique a une position, elle a été définie
15:21 au mois de juillet 2022 qui consiste à dire que nous allons déployer toutes les ressources
15:26 énergétiques de nos pays en tenant compte de notre responsabilité vis-à-vis de l'environnement
15:32 mais également de notre droit au développement, ce qui implique que chaque pays devra définir
15:38 selon la configuration, ses capacités technologiques et financières, les conditions pour créer
15:43 l'accès universel à l'électricité pour accompagner le développement de nos États
15:48 et la réindustrialisation de nos pays. Donc ça c'est une question sur laquelle nous
15:52 avons une position globalement presque inanime en Afrique, elle est vraiment commune et nous
15:57 la soutenons. Sur l'abordabilité, vous savez que tout à l'heure j'avais dit que la question
16:02 de l'accès à l'électricité est une question du développement. Mais pour que l'énergie
16:06 soit un moyen qui impulse le développement, il faut qu'elle soit accessible géographiquement
16:12 et financièrement pour que les ménages aient les moyens de l'acquérir et que pour les
16:16 entreprises elle soit pas une condition qui hypothèque le développement et la prospérité
16:21 de ces entreprises. Pour cela il nous faut avoir accès à de l'énergie qui coûte de
16:25 moins en moins cher. Et cette énergie on peut l'avoir de deux sortes, ou en mobilisant
16:32 le fossile, qui est aussi, je sais que ce n'est pas très à la mode de le dire ici,
16:37 mais c'est l'option des pays africains de recourir à toutes les énergies, à toutes
16:41 les ressources pour l'avoir, ou en mobilisant les ressources propres fossiles que nous avons,
16:45 ou en investissant de plus en plus dans les énergies renouvelables. Il est avéré que
16:50 l'électricité issue de l'hydroélectricité, de l'éolien, du solaire, coûte moins cher
16:56 que ce que nous avons, le prix que nous avons à partir du fil ou d'autres produits. Donc
17:01 c'est investir de plus en plus dans les renouvelables et c'est pourquoi dans la plupart des pays
17:06 vous avez des objectifs très importants de mix énergétique porté sur les renouvelables.
17:10 Par exemple au Niger, nous avons l'objectif de le multiplier par 50 sur 14 ans. Nous sommes
17:17 à 1% à peu près, 0,73%, mais d'ici 12 ans nous comptons aller à au moins 30% de
17:24 notre production qui est en renouvelable. Et si on exclut l'exportation du Nigeria,
17:29 l'essentiel de la production, 55% sur 12 ans, va être porté sur les renouvelables.
17:33 Donc l'investissement dans le renouvelable est une condition de la création de l'abordabilité
17:39 du prix de l'énergie. Ensuite soutenir les investissements qui sont faits. Lorsqu'ils
17:46 sont très coûteux, ils peuvent racheter le prix. C'est créer les conditions pour
17:50 que les États, les partenaires et les acteurs du privé puissent investir pour que les infrastructures
17:57 ne soient pas très élevées.
17:58 Vous avez libéralisé vous aussi le marché de l'énergie au Niger, je crois que c'était
18:01 en 2017, c'est ça ?
18:02 On l'a libéralisé, on continue puisque cette année aussi nous avons…
18:06 Quelles sont les entreprises qui sont présentes alors sur ce marché dans votre…
18:10 Nous avons des entreprises africaines essentiellement qui sont notre principal IPP. Mais cela va
18:15 changer puisque notre plus grand producteur IPP en solaire, il va être européen puisqu'il
18:21 va mettre en place un champ solaire de 150 MW d'ici 2 ans. Ça va être notre principal
18:27 parc solaire, ça va être mis en œuvre par une entreprise européenne. Donc j'appelle
18:34 les entreprises européennes à investir dans l'énergie au Niger. La réglementation
18:38 elle est, le cadre il est mis en place, l'environnement politique le permet. Ensuite je pense que
18:43 nous le savons tous, l'énergie c'est… il n'y a pas de mévente en énergie, il
18:49 n'y a pas d'arriéré. Le seul risque que vous courez c'est de vous faire de l'argent.
18:53 Donc moi j'appelle les entreprises à venir.
18:59 Vous auriez tort de vous en priver.
19:01 Honnêtement nous avons une demande la plus élevée, je crois que ça a été rélevé
19:05 tout à l'heure, elle augmente 10% chaque année. Nous avons une croissance économique
19:09 très élevée qui demande de l'énergie. Nous avons un déficit à combler. Donc la
19:13 demande elle est là, le cadre il est mis en place et le gouvernement crée les conditions
19:18 pour que plus aucune entreprise ne puisse avoir peur d'investir au Niger.
19:22 Alors vous avez parlé d'hydrocarbures et d'environnement, alors intuitivement c'est
19:25 vrai qu'on peut penser que c'est antinomique. Je me tourne vers le docteur Ibata, qui est
19:30 docteur en recherche pétrolière. Vous représentez du coup un acteur qui fait de l'extraction
19:37 d'hydrocarbures. Comment est-ce qu'on produit des hydrocarbures tout en développant
19:41 des technologies plus respectueuses de l'environnement ?
19:43 Vous avez une heure pour plancher.
19:46 Avant de répondre je voudrais me permettre de préciser que je représente aujourd'hui
19:52 Monsieur Bengzang Raoul Ominga, directeur général de l'Association nationale des
19:56 pétroles du Congo, SNPC, qui est empêchée. Par ma voix, Monsieur Ominga s'excuse de
20:02 n'avoir pas pu répondre présent à cette invitation et il remercie les organisateurs
20:07 du forum pour cette opportunité qu'il nous est donnée de présenter la modeste contribution
20:11 de la SNPC à toute cette dynamique de transition énergétique.
20:16 Donc la SNPC c'est l'Association nationale des pétroles du Congo en charge de la gestion
20:22 des hydrocarbures liquides et gazeux. Le Congo est membre de l'OPEP, membre de l'APO
20:27 et c'est le troisième producteur de pétrole en Afrique subsaharienne. Le Congo est connu
20:31 pour être un pays pétrolier mais c'est aussi un pays gazier. Nous avons des ressources
20:35 de gaz naturel en place de l'ordre de 352 milliards de mètres cubes et de ces ressources
20:42 en place environ 150 milliards sont considérés techniquement récupérables. Pourquoi on
20:46 parle du gaz naturel aujourd'hui ? C'est parce que dans toute cette dynamique de transition
20:50 énergétique, le Congo n'est pas à la traîne. Le Congo comme ses pères pays développeurs
20:54 d'hydrocarbures a décidé en fait de trouver le moyen de continuer à développer des hydrocarbures
21:00 tout en étant proche de la transition énergétique et le Congo a fait le choix aujourd'hui d'utiliser
21:04 le gaz naturel comme son énergie de transition. A terme on va introduire un peu plus d'énergie
21:11 renouvelable mais pour l'instant c'est le gaz naturel qui est l'énergie de transition
21:15 choisie par le Congo parce que le gaz naturel c'est l'hydrocarbure le plus propre, c'est
21:20 l'hydrocarbure qui émet le moins de carbone pour son utilisation et donc là le Congo
21:25 est en train de déployer toute une stratégie pour pouvoir valoriser de la meilleure manière
21:30 qu'il soit son gaz naturel. Avec des gros investissements qui ont été réalisés par
21:34 votre entreprise ? Oui là nous sommes en train de finaliser sous la supervision du
21:41 ministère des hydrocarbures le master plan gaz de la république du Congo qui va présenter
21:45 en fait aux acteurs majeurs du secteur toute la composition gazière du pays, les ressources
21:51 en place, les demandes, les projets qui ont été identifiés et nous avons plusieurs
21:55 projets qui devraient permettre en fait de développer le secteur domestique gazier au
21:59 Congo mais aussi un secteur d'exportation avec le GNL. On a un premier projet de GNL
22:05 qui va être lancé d'ici la fin de l'année et là vraiment le Congo va être placé sur
22:10 l'échiquier international du gaz naturel. Alors je me tourne vers Gilles Parmentier,
22:14 on a parlé des énergies renouvelables mais bon le gaz c'est un gros atout aujourd'hui
22:18 de l'Afrique qui plus est dans une situation géopolitique mondiale qui a évidemment changé
22:23 depuis un an et demi. Qu'est-ce que vous constatez sur place ? Parce qu'on parle d'éolien
22:28 mais l'éolien il faut du vent, s'il n'y a pas de vent voilà, le solaire la nuit forcément
22:33 ça pose problème. Donc le gaz c'est une solution aussi d'avenir à court, moyen et
22:39 même long terme. Effectivement je crois qu'il ne faut pas être dogmatique. On est dans
22:45 une logique de transition énergétique au niveau mondial, c'est évident et il faut
22:49 l'accompagner. Néanmoins effectivement le vent c'est instable, le solaire évidemment
22:57 ne marche pas la nuit. Alors on a des énergies renouvelables qui fonctionnent ce qu'on appelle
23:02 en baseload, l'hydroélectricité ou la géothermie, mais il n'y en a pas partout. Donc il faut
23:09 arriver à penser le mix énergétique en privilégiant les énergies les moins chères et permettre
23:18 en même temps de délivrer un service aux consommateurs, aux populations quand ils en
23:23 ont besoin. Et donc si c'est du solaire il faut penser stockage, parce que le pic de
23:29 consommation en 19 heures il faut bien arriver à fournir de l'électricité et ce n'est
23:33 pas fourni par les centrales solaires, elles sont éteintes à ce moment là. Donc il faut
23:36 stocker ou alors il faut avoir des capacités par exemple de centrales au gaz. Et aujourd'hui
23:41 il y a beaucoup de pays qui ont entamé la conversion de centrales existantes, de centrales
23:47 charbonnes, de centrales diesel. On pense évidemment à l'Afrique du Sud qui s'y
23:51 était engagé lors de la COP26. On pense à l'Afrique du Sud, alors je pense également
23:55 au Sénégal qui est un pays que je connais bien, où on est bien établi et nous on
23:59 ne travaille pas spécifiquement dans le gaz, on fait du renouvelable. Néanmoins effectivement
24:05 ces pays là convertissent leur centrale HFO, leur centrale diesel en centrale au gaz, alors
24:12 d'autant plus dans des pays où ils ont des ressources gazières. Donc là ça fait d'autant
24:18 plus de sens.
24:19 Alors on a parlé de production, qui dit production dit distribution, dit aussi transmission,
24:24 et on en parle aussi parce qu'il y a des pays qui ont producteurs, des pays qui sont
24:28 importateurs, et puis des zones géographiques très très denses. Ça fait partie des projets
24:33 sur lesquels aussi vous travaillez vous Marie-Laure Mazeau, on produit l'électricité mais
24:38 après les réseaux il faut les construire.
24:40 Alors c'est un développement qui est quand même assez récent en fait, abordé par le
24:45 marché privé. Il y a effectivement un sujet de pouvoir livrer aux populations qui en
24:53 ont besoin ces lignes de transmission et qui sont parfois extrêmement coûteuses, qui
24:57 nécessitent aussi de disposer de droits fonciers associés pour les accompagner et de mobilisation
25:05 de capitaux importants. On note qu'il y a quand même des initiatives de poules en fait,
25:14 inter régionaux. Vous en avez en Afrique australe, un réseau qui est extrêmement bien
25:22 connecté et qui permet je dirais d'exporter ou d'importer, y compris vers l'Afrique
25:28 du Sud, l'énergie produite. Vous avez des sociétés aussi de trading qui commencent
25:37 à se développer pour justement permettre d'opérer cette interopérabilité entre
25:44 les réseaux de manière harmonieuse. Vous en avez aussi sur l'Afrique de l'Ouest,
25:50 avec des livraisons de la Côte d'Ivoire vers les pays limitrophes et plus intérieurs
25:54 qui exportent leur énergie, y compris à partir de cycles combinés pour servir la
26:01 population. Ce qu'on note c'est qu'il y a eu quelques initiatives, donc que nous
26:05 on suit. Pour l'instant on n'a pas encore investi sur ce secteur là comme Gridworks,
26:12 donc qui est en fait une plateforme dédiée à la transmission qui a été montée par
26:16 un investisseur public qui vient du Royaume-Uni, BIA, ex-CDC. C'est vrai que ce sont des
26:29 initiatives qui sont intéressantes parce que finalement elles permettent de bout en
26:34 bout d'associer la production d'électricité à sa transmission et à sa distribution.
26:40 Donc effectivement il y a des besoins qui sont importants dans ce domaine là, qui ont
26:45 été souvent financés par le secteur public, mais qui prennent du temps à être mis en
26:51 œuvre par rapport aux processus associés, donc permettre au secteur privé aussi d'accompagner
27:02 ce développement c'est important.
27:03 Juste avant de passer la parole à votre voisin, sur le process justement de développement,
27:07 le temps de gestation entre le moment où un projet est validé et puis après le moment
27:10 où il voit le jour, c'est quand même assez long ?
27:12 Ça peut être effectivement assez long. Alors je ne l'ai pas sur les lignes de transmission,
27:19 mais on l'a vu sur des projets hydro comme sur des projets d'ailleurs éoliens dont
27:24 on parlait. Les sujets liés aux aspects de droits fonciers, aux études géotechniques
27:32 ou de bâtimenterie quand on parle d'hydroélectricité ou d'impact sur les populations et sur l'environnement
27:39 et la biodiversité avec les plans de réinstallation des personnes qui sont affectées, les plans
27:47 de compensation pour produire aussi des nouvelles ressources stables à la population. Ça prend
27:55 énormément de temps, ça peut prendre 3, 4, 5 ans. Donc c'est un temps long, c'est
27:59 un temps qui est coûteux et c'est vrai qu'il y a besoin de partenariats et d'utiliser
28:04 des proof of concept, des projets qui ont marché, qui ont fonctionné, d'avoir les
28:09 retours d'expérience pour pouvoir accompagner de nouveaux projets. On est présent dans
28:14 Nachtigal par exemple au Cameroun, un barrage hydro, il y a eu 5 ans de développement,
28:22 le closing s'est fait fin 2018, on est en phase de construction, il va rentrer en service
28:28 en septembre 2024. Donc voilà, c'est un temps long et c'est aussi un temps d'apprentissage
28:35 et de retour d'expérience qu'il faut pouvoir partager avec les partenaires, les autres
28:41 pays pour pouvoir permettre de nouveaux développements.
28:45 Et un gros coût pour les Etats parce que j'imagine que dans un premier temps ce sont
28:47 eux qui prennent en charge justement les coûts de développement, d'études, etc.
28:50 Dans le cadre du projet Nachtigal, il y avait un JDA avec des coûts de développement qui
28:55 ont été partagés, mais on parle de plusiennes dizaines de millions d'euros pour pouvoir
29:00 mener ces projets à leur closing financier. Donc il faut avoir l'air insolide et il faut
29:04 être partenaire.
29:05 Alors, Idesbald Chinepula et Vinigoma, réseau, transmission, alors vous pour le coup c'est
29:11 une grosse problématique puisque pays très très grand, du coup il faut que ça rayonne
29:15 sur tout l'ensemble du territoire.
29:16 Effectivement, c'est un élément important de notre stratégie, effectivement. Les transports
29:22 pour être assuré comment ? Déjà on a adopté la stratégie des mini-réseaux justement
29:26 pour pouvoir valoriser, permettre l'accès pour tous à l'électricité dans les contextes
29:31 de la RDC parce qu'effectivement les réseaux, il est pour l'instant très très localisé,
29:36 mais bien sûr l'extension du réseau peut être envisagée dans certains cas, mais il
29:40 ne va pas couvrir l'ensemble du pays. Donc ça c'est très clair. Et on est en train
29:43 de voir effectivement sur les quatre segments, production, transport, distribution, commercialisation,
29:49 c'est des segments qui sont ouverts, effectivement tout a été libéralisé pour l'instant en
29:53 RDC. C'est ce qu'on appelle parfois l'ultralibéralisme parce que c'est vraiment total. Vous pouvez
29:58 venir juste pour la production et puis nous sommes en train de voir comment effectivement
30:01 peut-être qu'on rationalise. C'est ça qu'on essaie de faire aujourd'hui, c'est
30:05 définir les normes, essayer de donner les normes à la fois pour la production, à
30:08 la fois pour les transports parce qu'une fois que les normes sont fixées, ça va permettre
30:12 d'aligner tout le monde à la métrologie légale.
30:14 Je voulais par contre revenir sur l'intervention de tout à l'heure sur la question des coûts.
30:19 C'est un élément très important pour nous, la question des costings. J'ai entendu tout
30:23 à l'heure le ministre parler sur un certain nombre de pistes d'action sur les énergies
30:28 renouvelables pour pouvoir baisser les prix. Je pense effectivement que c'est l'option,
30:32 c'est la voie royale pour pouvoir baisser les prix. Mais les analyses récentes que
30:35 nous avons réalisées chez nous en RDC, effectivement montrent qu'il est effectivement possible,
30:42 il y a la composante logistique qui est une composante importante, la logistique sur le
30:46 transport. Un pays vaste comme la RDC, le transport c'est un élément important. Il
30:50 représente jusqu'à 35% des coûts. On ne parle pas encore des composantes réellement.
30:54 Le transport lui-même prend jusqu'à 35% des coûts, c'est un élément important sur
30:58 lequel on doit jouer, bien sûr avec l'aménagement du territoire, avec tout ce que nous faisons
31:02 comme consortium, grouper les stocks pour pouvoir réduire les coûts au niveau des
31:07 transports. Bien entendu, la partie qui reste, le 110%, si on regarde aussi sur la partie
31:11 technique, nous avons environ 30% qui sont les panneaux pour parler du solaire photovoltaïque.
31:17 Nous avons 40% environ pour les stockages. Nous avons 30% pour les composantes locales
31:23 et les accessoires. Donc si on veut baisser les prix, la conclusion à laquelle nous sommes
31:27 en train d'arriver, c'est d'éviter les fabricants. Nous, nous voulons traiter directement
31:31 avec les fabricants, ceux qui produisent, ceux qui fabriquent les composantes à la
31:37 fois solaires, à la fois les turbines, de venir s'installer en RDC. C'est parce qu'ils
31:41 nous offrent beaucoup d'avantages. Effectivement, on l'a parlé l'année passée dans le cadre
31:46 de notre accord des investissements, qu'il y a beaucoup d'avantages qui sont accordés
31:49 pour venir s'installer en RDC et en même temps profiter de ces vastes marchés. Ce
31:53 n'est pas seulement 100 millions d'habitants congolais, mais c'est aussi 9 pays voisins
31:57 qui nous entourent. Donc c'est un hub qui peut bien marcher pour les entreprises. Les
32:01 discussions que je vais avoir tout à l'heure avec les entreprises, j'ai commencé à la
32:05 suite de l'arrivée récente, en mars dernier, du président Macron en RDC. Je crois qu'il
32:11 y a eu beaucoup d'échanges dans ce sens-là avec les entreprises françaises, mais aussi
32:14 européennes pour venir.
32:16 L'une des problématiques que vous dégérez aussi, c'est un équilibre entre importation
32:19 et exportation et faire en sorte que les importations ne viennent pas entraver le développement
32:22 de la filière, notamment hydraulique ?
32:24 Bien entendu, c'est pour ça qu'il y a une composante locale. Et comme je disais tout
32:27 à l'heure, sur les quatre chaînes au niveau technique, nous avons les panneaux solaires,
32:31 nous avons les composantes transformation, donc conversion, nous avons la composante
32:36 stockage et puis nous avons les accessoires. On peut concéder pour les panneaux et la
32:41 conversion que ça vienne de l'extérieur directement, mais la composante stockage,
32:45 nous sommes en train de développer une chaîne de développement aujourd'hui, de mettre
32:48 en place une chaîne de développement des capacités de stockage pour justement, avec
32:52 l'Elysium que nous avons, pour développer les batteries avec une grande capacité de
32:56 stockage. Et aussi les composantes locales, ce sont les poteaux, c'est aussi la formation,
33:00 c'est aussi les câbles. Au niveau local, on en produit. Donc si vous venez, effectivement,
33:04 il faut intégrer cette composante locale qui permet d'utiliser la main d'œuvre locale,
33:07 qui permet effectivement d'utiliser les produits locaux que nous avons sur l'ensemble du territoire
33:12 national. Ce sont des éléments qui vont jouer énormément, jusqu'à 30-40% pour baisser
33:17 les prix et avoir un prix qui soit tout à fait compétitif au niveau local.
33:21 Monsieur le ministre, vous dépendez aussi des importations d'énergie, notamment je
33:24 crois du Nigeria. Est-ce que vous êtes fixé un objectif de, je crois que c'est aujourd'hui,
33:30 77% à peu près ? Oui. Donc quel est le chiffre cible que vous êtes fixé ?
33:36 Les importations ont souvent l'avantage d'avoir un coût d'accès assez intéressant,
33:46 mais elles ont le convénient que c'est quand même une dépendance. Donc nous, ce que nous
33:50 sommes en train de faire, c'est d'arriver à être capable, au moins d'assurer sur
33:55 les 10 années à venir, 55% de nos capacités propres de production. Aujourd'hui, l'importation
34:00 est à presque 77 ou 71% lorsque l'on le fait moins. Mais en même temps, vous savez
34:07 qu'il y a un marché régional qui se met en place, qui permet d'échanger les rapports.
34:11 Maintenant, ça ne va plus être une importation unilatérale, ça va être un échange, un
34:17 partenariat, faire en sorte que chaque pays puisse être capable de vendre à l'autre.
34:21 La CEDEAO a mis en place un marché régional qui va être effectif dans les mois à venir
34:27 et il va nous permettre autant que nous pouvions importer du Nigeria, mais que nous soyons
34:31 aussi capables d'exporter sur le Nigeria ou sur tout autre pays de la CEDEAO. Donc
34:36 maintenant, l'enjeu, c'est de réduire la dépendance progressivement et surtout nous
34:41 positionner aussi en capacité de satisfaire nos besoins et éventuellement d'exporter
34:46 sur les autres pays. Tout à l'heure, on a parlé de la question de la configuration.
34:52 Je veux dire que c'est la géographie qui détermine la capacité ou le réseau par
34:58 lequel on met en place le système électrique. Un pays comme le Niger, quoi que nous fassions,
35:04 nous ne pouvons pas aller au-delà de 75% des ménages qui peuvent être électrifiés
35:10 par le réseau. La solution décentralisée est une nécessité géographique et économique
35:16 et c'est en cela aussi un espace dans lequel les entreprises privées peuvent aller s'exercer,
35:22 investir et participer au développement de nos capacités.
35:26 Alors pour faire tout ça, il nous reste une minute trente, c'est trop peu évidemment.
35:30 C'est l'argent, l'argent c'est l'air de la guerre, qui plus est dans un contexte
35:33 où le coût de l'argent se rend chéri. Est-ce que les financements sont là ? Il
35:37 y a plein de projets, mais est-ce que l'argent est là ? Gilles Parmentier.
35:41 En tout cas, c'est ce qu'on nous annonce.
35:43 Oui, mais est-ce que ce que vous voyez ?
35:44 C'est ce qu'on nous annonce. Il y a le Fonds Vert Climatique, il y a plein d'engagement,
35:48 il y a plein d'annonces. Sur le terrain, évidemment, la réalité est assez différente
35:52 et ça reste difficile de mobiliser les financements. Ça reste un marché où on a besoin de financements
36:00 longs. Ce sont des projets longs. Une centrale solaire, ça s'est arrangé sur 25 ans.
36:04 Un barrage hydro, c'est encore plus long. Donc on a besoin de financements longs et
36:07 ces financements longs, effectivement, ils doivent venir, ils doivent même être bonifiés
36:14 par les institutions internationales qui doivent aider au développement du continent et qui
36:18 doivent accompagner le continent dans la transition énergétique. À un moment donné,
36:21 si on veut effectivement que ce soit les énergies propres qui se misent en avant, il faut donner
36:26 des financements verts, des financements bonifiés qui permettent de délivrer un tarif plus
36:32 compétitif. En revanche, il faut s'assurer que ces financements arrivent réellement
36:36 vers les porteurs de projets. Je pense que Marie-Laure confirmera. Mais l'enjeu pour
36:42 nous, ce n'est pas de se référer aux annonces de presse qui sont faites et aux grands engagements,
36:48 c'est derrière ma centrale solaire sur le terrain. J'ai besoin de financements à
36:53 20 ans. Comment je fais pour les avoir à un taux compétitif ?
36:55 Maud, la fin. Je suis désolé.
36:57 Juste rapidement, effectivement, nous, on s'intéresse beaucoup au blended financing.
37:01 On a des projets aujourd'hui avec les coûts des intrants des EPC qui ont énormément
37:07 augmenté. Donc, il y a des efforts qui sont faits côté d'IFI pour essayer de diminuer
37:12 les marges et nous aider à closer des projets qu'on ne peut plus closer aujourd'hui parce
37:15 que les taux ont remonté. Ça, c'est un premier point. Et puis, il faut qu'on regarde
37:19 aussi l'arrangement OCDE qui vient d'être modifié et qui va donner beaucoup plus de
37:24 flexibilité sur les projets verts et donc permettre en fait à des assureurs crédits
37:30 de venir financer ces projets et aussi sur des projets sur les ressources minières
37:35 et les ressources, les métaux rares. Et ça, c'est vraiment important. Donc, il faut
37:41 se mobiliser aussi sur cette nouvelle donne.
37:44 Merci beaucoup à tous les cinq. Je suis désolé, l'heure tourne. C'est passé très
37:47 vite. On aurait pu en discuter encore une heure. Je dois passer la parole à Pascal
37:51 Hérault, mon confrère de l'opinion, pour parler de logistique. Merci beaucoup.
37:57 [Applaudissements]
38:00 [Musique]

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