SMART CROISSANCE - Emission : Claire Chabrier (France Invest) et Grégoire Sentilhes (Nextstage)

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Dimanche 23 avril 2023, SMART CROISSANCE reçoit Claire Chabrier (présidente, France Invest) et Grégoire Sentilhes (Président, Nextstage)
Transcript
00:00 Bonjour à tous, bienvenue dans Smart Croissance, votre rendez-vous consacré au capital et
00:11 à l'investissement.
00:12 Aujourd'hui, on va se parler du financement de l'industrie verte et de la décarbonation
00:17 des entreprises.
00:18 Pour en parler, à mes côtés, Claire Chabrier, présidente de France Invest.
00:21 Bonjour.
00:22 Bonjour.
00:23 Et Grégoire Senti, bonjour.
00:24 Bonjour.
00:25 Vous êtes le président de Nextage AM.
00:26 Alors moi, je me suis penchée un peu sur les grands équilibres pour qu'on ait un peu
00:30 une idée.
00:31 Rex & Co chiffent le coût de la décarbonation de l'industrie entre 58 et 80 milliards d'euros
00:36 supplémentaires par an d'ici à 2030.
00:38 Donc plus de la moitié serait à la charge des entreprises.
00:41 Claire, est-ce que vous avez une idée de comment on va atteindre une telle masse de
00:45 financement ? J'imagine qu'évidemment, le capital investissement aura un rôle à jouer.
00:48 Alors effectivement, c'est massif.
00:51 Les besoins de financement vont être massifs dans les 30 prochaines années.
00:56 Je crois qu'on partage ces chiffres-là.
00:57 Donc, financement par les entreprises, comment ça va se financer ? Une partie par les entreprises,
01:04 forcément, et une partie par les particuliers aussi.
01:07 Donc, je crois que ce sera les deux principaux financeurs de cette transition.
01:11 Donc nous, quelque part, les acteurs du capital investissement, donc je vous rappelle que
01:14 France Invest, c'est l'association qui représente l'ensemble des actionnaires du capital investissement
01:21 et des acteurs de la dette privée.
01:23 On a plus de 400 adhérents chez France Invest et notre métier, c'est d'accompagner justement
01:28 des PME, principalement des start-up et des ETI, dans leur développement et leur croissance,
01:33 mais aussi sur ce chemin de la transition.
01:35 Parce qu'on finance à la fois des entreprises qui sont des solutions à cette décarbonation,
01:40 donc sur tous les sujets d'innovation, et puis aussi, c'est du financement, mais c'est
01:45 de l'accompagnement, donc pour faire grandir les entreprises, mais aussi répondre à cet
01:49 enjeu qui va être cet enjeu de décarbonation.
01:51 Donc ça va être un enjeu massif et quelque part, le rôle qu'on joue dans tout ça, c'est
01:56 aussi de faire le pont entre l'épargne et ces entreprises qui sont ces PME et ces ETI
02:03 des territoires.
02:04 Justement, Grégoire, moi je me posais la question, comment, on parle toujours de flécher
02:07 l'épargne des Français vers l'économie réelle et on sait, même si on progresse,
02:11 que ça reste toujours compliqué.
02:13 Comment est-ce qu'on peut y arriver quand on voit les enjeux qui sont massifs, on vient
02:17 de le dire, il va falloir accélérer aussi de ce côté-là ?
02:19 Oui, mais il faut peut-être, pour reprendre les grands équilibres, d'abord se rappeler
02:23 qu'il y a à peu près 6 000 milliards d'euros d'épargne financière des Français, que
02:28 sur ces 6 000 milliards d'euros, on est passé depuis 2017 de 1% à presque 2% d'allocations
02:36 d'actifs en capital d'investissement.
02:37 Alors, il faut se dire que c'est très bien parce qu'on a pratiquement doublé.
02:40 Quand on part de zéro, c'est toujours facile de doubler.
02:43 Et d'ailleurs, on voit bien, il y a une activité économique qui a été en France
02:47 plutôt positive, paradoxalement, quoi qu'on en dise, sous plan économique, et ça se
02:53 reflète sous plan de l'emploi.
02:55 Mais si on prend trois pas de recul, aux États-Unis, on est aujourd'hui à peu près à 20% d'allocations
03:01 d'actifs.
03:02 Donc, vous avez 18%, vous appliquez 18% sur 6 000 milliards.
03:07 Et donc, dès que vous faites ça, vous vous rendez compte que finalement, les 80 milliards
03:13 d'euros par an, qui était votre question de départ, sont non seulement tout à fait
03:18 réalisables, mais tout à fait souhaitables, puisqu'en fait, aujourd'hui, on considère
03:21 qu'il y a à peu près un peu plus de 40% de l'épargne des Français qui leur apporte
03:25 entre 0 et 1%.
03:26 C'est-à-dire que chaque année, s'il y a une inflation à 4 ou 5%, ils perdent de l'argent.
03:31 Donc, il vaut mieux mettre cet argent au travail.
03:33 Et donc, les caractéristiques, et je vais revenir à votre question, c'est le mettre
03:39 au travail en investissement, parce qu'on ne finance pas de la transformation par de
03:43 la dette.
03:44 Le deuxième point, c'est forcément du temps long, avec, comme Claire Chavoyer l'a rappelé,
03:49 de l'accompagnement.
03:50 Et pour ça, je pense qu'il y a un enjeu qui est important, ce sera d'arriver à faire
03:55 émerger un label.
03:56 On avait vu à l'époque du Covid, France relance pour essayer de catalyser une mobilisation
04:02 d'épargne pour permettre de redémarrer.
04:04 Finalement, ça n'a pas si mal marché que ça.
04:06 Et donc, on voit bien qu'on peut capitaliser sur ça dans une logique qui permet de dire
04:13 qu'on va donner de la lisibilité et du sens.
04:16 Parce qu'en fait, je pense que l'enjeu pour les Français, ce n'est pas juste.
04:20 C'est de comprendre que leur épargne, ce n'est pas une boîte noire, c'est plutôt
04:24 une ligne verte, et qui va s'investir chez eux, dans leur territoire, et avec quelque
04:32 chose qui est porteur de sens.
04:33 Et donc, je pense que c'est comme ça qu'on rend les Français actifs sur leur épargne
04:38 et aussi responsables de leur épargne.
04:40 Parce que c'est comme ça qu'on va s'en sortir.
04:43 Ce n'est pas en laissant les gens dans une situation d'être passifs.
04:46 Et donc, le label, ça crée de la lisibilité, ça crée de la responsabilité.
04:50 Il ne faut pas oublier qu'on sort de 40 ans d'absence quasi totale d'éducation financière
04:55 des Français, grâce à ce qu'on n'a pas fait à l'éducation nationale dans ce domaine.
04:59 Claire, sur ce label d'excellence environnementale, un label EEE ou triple E, je ne sais pas comment
05:04 faudra dire, quelle est la position de France Invest ? C'est un outil pour vous de se dire
05:10 que ça va permettre aussi de faciliter nos investissements, d'aller cibler peut-être
05:15 directement des entreprises qui auraient ce label ? Comment est-ce que vous voyez les
05:19 choses ?
05:20 Déjà, ce label triple E, qui est porté dans le cadre de ce projet de loi Industrie
05:24 verte, effectivement l'objectif c'est quand même d'accompagner ces entreprises françaises
05:31 qui sont sur un chemin de transition, de transformation avec ces critères d'excellence.
05:36 Donc, pour nous, à partir du moment où ce label est bien construit, donc on est vigilant
05:44 et on travaille aussi sur ce sujet-là, de bien comprendre la construction de ce label,
05:49 il peut ressortir quelque chose de positif parce que ça nous permettrait effectivement
05:53 d'aller flécher une partie de nos financements vers les entreprises qui bénéficieraient
05:58 de ce label.
05:59 Et pourquoi ce sujet est essentiel pour nous ? Parce que tout au début de mon propos,
06:03 je disais qu'on finance à la fois dans les start-up que nous accompagnons, on finance
06:08 l'innovation qui va être un élément essentiel à la décarbonation, ce que j'appelle aussi
06:12 les solutions, et puis on finance aussi à 80% la transition, donc ces PME et ces ETI
06:20 qui vont devoir transitionner leur business model, puisqu'on sait que toutes les entreprises
06:25 seront concernées, alors une partie de leur business model, ça pourra être de 5% jusqu'à
06:31 50% voire plus, ça sera plus compliqué évidemment pour ces entreprises-là, mais chaque entreprise
06:35 va être concernée par cette transition.
06:38 Donc, c'est faire le lien quelque part aussi avec ce financement, et nous on a ce travail,
06:46 je crois vraiment dans notre ADN, d'accompagner les entreprises dans leur transformation,
06:51 donc de les accompagner sur ce chemin-là.
06:52 Donc une entreprise qui s'engage sur ce chemin, à travers notamment un label bien construit,
06:58 et bien ça nous permettra de dire voilà, on va l'accompagner nous à la financer, et
07:02 puis bien sûr à faire ce travail d'accompagnement qui est du travail de temps long, parce que
07:06 comme le disait Grégoire, je crois que c'est vraiment un de nos marqueurs aussi, c'est
07:11 d'accompagner dans le temps long, puisqu'on investit dans des durées moyennes de plus
07:15 de 5 ans dans les entreprises, donc ça va être plusieurs cycles sur les 30 prochaines
07:19 années, je crois que c'est ce qu'il faut regarder aussi, et donc de flécher une partie
07:24 de l'épargne vers cet investissement de temps long.
07:26 Quand on parle de temps long, où est-ce qu'il faut aller chercher l'épargne des Français,
07:31 sur quel véhicule d'épargne, si je comprends bien, support d'épargne ?
07:35 C'est assez simple, la réponse comporte trois volets.
07:38 Le premier véhicule d'épargne français, c'est l'assurance vie, c'est un peu plus
07:42 de 1 800 milliards d'euros, avec une duration moyenne qui est de 14 ans.
07:47 Le deuxième véhicule d'épargne, qui est celui de tous les véhicules d'épargne qui
07:52 a le temps le plus long devant lui, puisque c'est une duration moyenne de 24 ans, c'est
07:57 le PER.
07:58 Et le PER, on sait que c'est chronique d'un succès annoncé.
08:01 C'est chronique d'un succès annoncé pour trois raisons.
08:04 D'abord, c'est le plus gros démarrage d'impôt du départ dans l'industrie financière
08:10 française depuis 40 ans.
08:12 Deuxième point, c'est que les chiffres de passage sont assez remarquables et assez exceptionnels.
08:18 Et troisième point, c'est pas moi qui vais vous faire un dessin sur le besoin des Français
08:23 de se rassurer sur le financement de leur retraite à long terme.
08:27 Or, le PER, c'est cette réponse-là.
08:29 Et le PER, en fait, c'est le complément en capitalisation de la retraite par répartition.
08:36 Donc c'est profondément vertueux.
08:38 En plus, il y a des avantages fiscaux qui ont été mis en place, etc.
08:43 Donc voilà.
08:44 Troisième point, puisque je le rappelle, quand on investit à long terme, c'est beaucoup
08:47 plus performant que quand on investit à court terme.
08:50 Je pourrais vous faire la table de capitalisation si vous voulez, mais voilà.
08:58 Troisième ressource, c'est que, comme je l'évoquais tout à l'heure, malheureusement,
09:04 pour des raisons de manque d'éducation financière et d'une aversion aux risques structurels
09:09 et culturels en France, qui est quasiment séculaire, c'est qu'on se retrouve avec
09:12 40% de notre épargne, qui aujourd'hui ne rapporte rien.
09:16 C'est les fameux 40% qu'on évoquait tout à l'heure.
09:18 Et donc, il faut arriver à déconcheler, dégeler cette épargne pour lui donner envie,
09:25 intérêt d'aller se projeter sur ça.
09:28 D'où l'enjeu, pas juste de la performance, mais aussi du sens.
09:32 Parce que si vous investissez dans des choses qui ont du sens et qui vous inspirent, forcément,
09:39 comme beaucoup de décisions dans la vie, c'est plus facile.
09:41 Claire, ça veut dire aussi, si j'entends bien ce que dit Grégoire, qu'il va falloir
09:45 faire preuve d'énormément de pédagogie aussi pour que les Français s'emparent de ces
09:48 outils-là et finalement comprennent que ça peut être intéressant d'investir dans du
09:55 non-coté, c'est l'entreprise à côté de chez moi qui potentiellement fait travailler
09:58 mon voisin et qu'on retrouve un certain sens dans tout ça finalement.
10:01 Tout à fait.
10:02 Alors déjà, je rejoins à 200% de ce qui vient d'être dit parce qu'effectivement,
10:10 le capital investissement, c'est un investissement de temps long, donc qui s'inscrit parfaitement
10:14 dans l'épargne retraite, c'est certain.
10:16 C'est un investissement qui donne du rendement.
10:18 Je rappelle aussi que c'est une classe d'actifs qui surperforme l'ensemble des autres classes
10:23 d'actifs et ça fait pas loin de 40 ans qu'on mesure ça chez France Invest, donc on peut
10:28 le dire avec assurance.
10:29 Donc c'est important pour les Français justement pour créer aussi une épargne qui donne du
10:36 rendement.
10:37 Mais vous avez raison Aurélie, c'est un chantier immense de pédagogie qui est devant nous.
10:43 Donc on a commencé bien entendu.
10:46 Alors c'est une tendance qui est pas uniquement française quand même, c'est une tendance
10:51 qui est mondiale.
10:52 L'arrivée des personnes physiques dans notre industrie, c'est-à-dire dans le capital
10:56 investissement, c'est une tendance qu'on voit aux US, on le voit dans d'autres pays
11:00 européens.
11:01 Donc c'est vraiment une tendance mondiale.
11:03 D'ailleurs je vous rappelle qu'en 2022, les personnes physiques ont représenté pas loin
11:07 de 20% de nos souscripteurs dans le capital investissement.
11:10 On était plutôt à moins de 5% il y a quelques années.
11:15 Donc voilà, c'est pas une tendance française, c'est important de le dire, c'est une tendance
11:19 qui est mondiale.
11:20 Grégoire, rappelez les chiffres, c'est en lien avec cette masse d'épargne qui est pas
11:27 forcément allouée dans des classes d'actifs rentables, qui donne du rendement et du sens.
11:32 Donc oui, beaucoup de pédagogie, on s'y attelle.
11:37 Chez France Invest, on a fait un guide à la fois pour nos adhérents et aussi pour les
11:42 réseaux de distribution pour accélérer justement l'attractivité des personnes physiques
11:50 et donc ces canaux de distribution.
11:52 On vient de sortir des vidéos qui sont à destination à la fois des réseaux de distribution
11:58 mais aussi des personnes physiques, qui permettent de comprendre de façon assez simple et pédagogique
12:03 ce qu'est notre métier, à quoi on sert, qu'est-ce qu'on finance, quel type d'accompagnement
12:07 on fait, puisque c'est bien particulier.
12:09 C'est un accompagnement qui est très proche, on est un vrai partenaire des entrepreneurs
12:14 qu'on accompagne.
12:15 Donc on explique ça dans ces vidéos.
12:16 Et puis enfin, on travaille aussi sur une formation digitale qui sera prête au mois
12:21 de septembre, vraiment afin qu'elle puisse être déployée en grande masse, notamment
12:27 dans les canaux de distribution.
12:28 Donc oui, un grand travail, il faut en parler, expliquer, démystifier aussi cette classe
12:34 d'actifs et bien faire comprendre que nous investissons, on le disait, dans les startups,
12:39 les PME, les STI, tous les sujets aussi d'énergie renouvelable, évidemment, avec les acteurs
12:45 de l'infrastructure.
12:46 Donc dans l'économie réelle.
12:47 J'espère qu'on aura levé une partie des questions aujourd'hui.
12:51 Merci beaucoup Claire Chabrier, présidente de France Investe et Éric Rorsenti, président
12:55 de Nextage AM.
12:56 A très vite pour un nouveau numéro de Smart Croissance.

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