SMART BOURSE - Planète marché(s) du lundi 24 avril 2023

  • l’année dernière
Lundi 24 avril 2023, SMART BOURSE reçoit Alain du Brusle (Directeur de la gestion, Claresco) , François Collet (Directeur adjoint de la gestion, DNCA Investments) et Alain Pitous (Senior Advisor ESG)
Transcript
00:00 (Générique)
00:09 Trois invités avec nous chaque soir pour décrypter les mouvements de la planète,
00:12 marché, Alain Pithou, c'est avec nous, seigneur advisor ESG.
00:15 Bonsoir Alain. - Bonsoir.
00:16 Merci d'être là, merci à François Collet d'être avec nous également.
00:19 Bonsoir François. - Bonsoir Grégoire.
00:20 Vous êtes gérant obligataire et directeur adjoint de la gestion de DNCA Investments
00:24 et Alain Dubrulle avec nous également en plateau.
00:26 Bonsoir Alain. - Bonsoir Grégoire.
00:27 Ravi de vous retrouver, vous êtes directeur de la gestion de Claresco.
00:30 Alain, je commence avec vous sur le dossier casino, fut un temps,
00:34 le secteur de la grande distribution a fait partie de vos domaines d'expertise
00:38 en tant qu'analyste financier Alain et donc je suis ravi de parler avec vous de ce sujet casino.
00:45 Juste pour redonner quelques éléments parce que c'est un dossier compliqué,
00:48 c'est un dossier un peu serpent de mer effectivement avec des difficultés
00:53 qui s'accumulent depuis des années pour le groupe sur le plan opérationnel,
00:56 sur le plan financier.
00:58 On a d'un côté des négociations exclusives avec le groupe Teract
01:02 dont l'actionnaire majoritaire est la coopérative Invivo.
01:05 S'y ajoute le groupement Mousquetaires Intermarché dans ces négociations
01:11 aux côtés de Teract en vue de fusionner les activités de Teract,
01:15 ils sont présents dans la jardinerie, dans des anciennes distributions alimentaires également,
01:19 tournées vers le frais, vers le bio.
01:21 L'idée étant de fusionner les activités de Teract et les activités françaises
01:25 de casinos, francs-prix, monoprix, etc.
01:29 avec une injection d'argent frais qui pourrait aller jusqu'à 500 millions d'euros
01:32 et la perspective d'une introduction en bourse de ces activités fusionnées en septembre.
01:38 Pourquoi pas, c'est une deadline qui est évoquée.
01:41 Et de l'autre, c'est le rebondissement du jour.
01:43 Alix le disait effectivement dans son résumé de la séance,
01:47 cette proposition d'injection d'augmentation de capital de Daniel Kretinsky,
01:51 actionnaire majoritaire dans les médias de la chaîne Bismarck,
01:54 pour 1,1 milliard d'euros au global.
01:57 Offre qui est une offre concurrente, nous a dit le management d'Invivo,
02:02 actionnaire majoritaire de Teract.
02:04 Que dire de la situation à ce stade ?
02:06 Et est-ce que c'est le money time pour Jean-Charles Nahoury à la tête de Casino ?
02:10 - C'est difficile de parler de money time, en fait, il faut juste resituer deux choses.
02:14 Le premier, c'est que la distribution alimentaire en France,
02:16 c'est un secteur très compliqué, très concurrentiel,
02:19 avec des acteurs beaucoup plus puissants que Casino.
02:22 Les deux grands acteurs, c'est Leclerc, Intermarché, Carrefour, on va dire.
02:27 Et donc, ça fait très longtemps que le groupe Casino, en fait, qui,
02:30 rappelons à l'origine, Jean-Charles Nahoury, il a pris le contrôle de Casino sans capital.
02:34 Donc, il y avait une cascade de holdings avec beaucoup de dettes.
02:37 Et ça, ça a toujours été un problème.
02:39 Les petits importeurs historiques de Casino se souviennent
02:41 que Casino a toujours versé un gros dividende.
02:43 Et ça a servi, entre autres, dans les 30 dernières années, à financer les holdings au-dessus.
02:48 Ça, c'est la première chose.
02:49 La deuxième chose, c'est que le constat de Jean-Charles Nahoury,
02:52 c'était que la France, en alimentaire, c'était pas terrible
02:55 et qu'il fallait au maximum essayer de se diversifier,
02:57 ce qu'il a fait notamment en Amérique latine, en Asie.
03:00 Mais le problème, c'est que la France, on n'arrivait pas à en sortir.
03:03 Elle est devenue de plus en plus compliquée.
03:05 Et du coup, il a fallu commencer par vendre quelques bijoux de famille.
03:09 On est obligé de vendre aussi un petit peu les actifs qui marchent à peu près bien en Amérique latine.
03:13 Tout ça pour sauver le soldat franc, qui est de plus en plus mal.
03:16 Et donc, en fait, on est actuellement, l'opération envisagée avec Teract,
03:20 c'est juste une fuite en avant pour essayer d'éviter la faillite,
03:24 retrouver une forme de recapitaliser un petit peu ces structures,
03:30 en essayant de l'améliorer, parce que ce que font les activités de Teract
03:33 sont d'un petit peu de meilleure qualité, on va dire.
03:35 Et puis, peut-être, en le filialisant, c'est une façon de faire de Casino un nouveau rallye.
03:42 C'est-à-dire, probablement, une structure qui fera faillite après,
03:44 pour essayer de loger ce qui a de la valeur un peu plus bas,
03:47 pour essayer de refléter mieux cette valeur, pour qu'au moins au-dessus,
03:50 après une bonne renégociation de dette, comme ils savent faire,
03:52 comme ils ont été obligés de le faire et comme ils le referont,
03:54 pour essayer de s'en sortir.
03:56 Mais en réalité, c'est une fuite en avant depuis très longtemps.
03:59 Les indices de prix des enseignes de Casino sont très mauvaises,
04:02 parce qu'il faut faire du cash.
04:03 La rentabilité est sous pression.
04:05 Ils ont vendu beaucoup.
04:06 Il y avait pas mal d'actifs immobiliers qui crédibilisaient un peu le business,
04:09 mais ils ont été obligés de le vendre, notamment chez Monoprix.
04:11 Chez Casino, les géants étaient trop grands.
04:13 Ils ont réduit la surface. Ils l'ont sous-loué.
04:16 Ils avaient une foncière, Mercialis, dont ils sont quasiment complètement sortis.
04:20 Donc en fait, ils cherchent petit à petit à vendre les bijoux de famille
04:23 pour essayer de recapitaliser un métier dont le cœur est de plus en plus difficile.
04:27 Donc là, qu'est-ce qu'on a ?
04:28 On a l'offre Teract, qui finalement permet d'apporter un peu d'argent frais,
04:32 mais on parle de 500 millions,
04:34 et quelques actifs intéressants pour essayer de redynamiser le business France.
04:37 Mais beaucoup de gens pensent que ce sera insuffisant.
04:40 Donc ça serait juste pour gagner un petit peu de temps.
04:42 Et là, on a une offre concurrente où on parle d'injecter 1,1 milliard d'euros,
04:47 avec au passage beaucoup de conditions suspensives,
04:51 notamment celle qui...
04:53 - Un "deliveraging" massif.
04:55 - Dans cette offre, il est aussi demandé à ce que les porteurs de dettes fassent un effort.
04:58 Donc quand les porteurs de dettes font un effort, en général,
05:01 il ne reste pas grand-chose pour les actionnaires, dans la vie normale.
05:03 Après, il y aura forcément un bras de fer qui va se créer.
05:07 Et ils demandent aussi à ce qu'il y ait une dérogation,
05:10 puisqu'il va prendre le contrôle, il passerait de 10 à 40-45%.
05:14 Normalement, il y a une OPA au milieu.
05:15 Donc il y a beaucoup d'éléments tout à fait incertains dans cette opération.
05:18 Ce qui est sûr, c'est que le business de casino,
05:21 en l'occurrence Monoprix, Franprix, Géant, les hypermarchés Géant et les supermarchés,
05:26 ne va pas bien.
05:28 C'est difficile en France, et pour eux en particulier.
05:30 - Je me permets de dire que...
05:34 Jean-Charles Meury a refusé, quand même, avant cela, d'autres propositions,
05:38 des tentatives de fusion ou de rapprochement industriel
05:42 avec des concurrents type Carrefour.
05:44 Ce sont des tentatives qui sont revenues régulièrement.
05:47 Je ne sais pas si c'était des bonnes idées sur le papier,
05:49 mais en tout cas, il y avait ces options-là qui n'ont jamais abouti.
05:53 Et il y a la question également de Jean-Charles Meury,
05:56 le fondateur de ce groupe, en tout cas, qui en a fait ce qu'il est aujourd'hui,
06:02 qui reste l'actionnaire de contrôle majoritaire de ce groupe casino.
06:07 Et ce qu'on comprend, c'est que c'est quand même une majorité
06:09 qui a du mal à envisager d'abandonner.
06:12 C'est très difficile, jusqu'à présent, en tout cas.
06:15 - Il ne peut pas, parce qu'en fait, quand on regarde la holding,
06:17 il y a plusieurs holdings, mais la holding qui est juste au-dessus du casino,
06:19 en l'occurrence Rally, avant même qu'elle se déclare...
06:22 - Elle était mise en protection en 2019.
06:25 - Elle était déjà, si on prenait la valeur de casino, moins les dettes de Rally,
06:30 on avait un actif net qui était franchement négatif,
06:32 de l'ordre de -5, -10, -15 euros par action Rally.
06:35 Et pourtant, elle restait encore à une valeur légèrement positive.
06:39 La raison, c'est parce que la dette, elle-même, ne cotait plus à 100% de sa valeur,
06:43 mais beaucoup moins, et qu'il y a toujours une valeur d'option.
06:46 Mais aujourd'hui, avec les différents scénarios qui sont envisagés,
06:49 on ne voit pas comment Rally pourrait revenir à une valeur positive.
06:54 Donc, si celui, son objectif, c'est que Casino ne meure pas,
06:58 de telle sorte que peut-être un jour, on puisse avoir une valeur positive dans Rally
07:02 et faire en sorte que toute la cascade de holding au-dessus ne s'effondre pas.
07:05 C'est un vrai problème pour lui, il n'a pas le choix, c'est pour ça qu'il s'accroche, coûte que coûte, je dirais.
07:09 - Pas le choix, parce qu'évidemment, il y a un niveau d'endettement qui est intenable,
07:14 à court, moyen terme, vous êtes spécialiste des marchés obligataires du crédit,
07:18 François, Casino, c'est évidemment un dossier crédit que toute la place connaît.
07:22 Qu'est-ce qu'on peut dire du niveau, effectivement, de tension qu'on a aujourd'hui
07:27 sur une dette comme celle de Casino ?
07:30 - Il est très important. Donc, la dette de Casino, c'est à peu près 4,5 milliards d'euros.
07:36 Il y a 1,5 milliard qui vont arriver à échéance assez rapidement, au début de l'année prochaine,
07:41 avec différents types de séniorité, donc des obligations qui sont sécurisées par les actifs,
07:47 dont les porteurs sont prioritaires en cas de faillite pour récupérer des actifs,
07:52 ce qu'on appelle des obligations sécures, des obligations séniores non sécures,
07:58 qui sont leur rang de subordination dessous, et puis enfin, on a les obligations hybrides,
08:02 qui sont de la quasi-action, mais qui sont théoriquement, à l'exception de Crédit Suisse,
08:07 on va dire, prioritaires sur les actionnaires.
08:13 C'est pour 100 euros investis, aujourd'hui, les obligations sécures sont encore à 90%
08:24 sur des échéances à un peu moins d'un an, mais ça veut dire qu'on est quand même sur des niveaux de rendement
08:30 aux alentours de 15% là-dessus. Les obligations séniores non sécures traitent autour de 25%,
08:37 et les obligations hybrides autour de 8%. - D'accord. Donc le marché a déjà fait le write-off, quoi ?
08:42 - En gros, sur le marché obligataire, on est sur des niveaux qui sont distresses,
08:47 et effectivement, le marché ne croit pas à la récovrie de casinos.
08:56 - Malgré le plan de marche qui a été élaboré, alors dans l'urgence, dans la douleur,
09:01 la protection des holdings et de rallies notamment, le programme de cession,
09:06 qui était quand même une garantie ou un gage que Jean-Charles Nauri voulait apporter au marché,
09:11 tout ça n'aura pas suffi ? - Il y a deux options sur la table,
09:14 un SPAC ou finalement une proposition qui implique un write-off sur la dette.
09:21 Donc de toute façon, ça paraît assez illusoire de penser qu'on puisse revenir à bien meilleure fortune
09:28 sur la dette, sur la dette rallye bien sûr, mais casinos également.
09:34 - Alain, sur ce dossier casinos, encore une fois, c'est une situation spéciale parisienne
09:38 que tout le monde connaît et a suivi ces dernières années.
09:40 - Je trouve que c'est intéressant ce qui se passe sur casinos pour illustrer
09:45 plusieurs choses qui se passent en ce moment.
09:48 La première chose, casinos, quand j'ai commencé l'ESG, c'était un cas qu'on nous montrait tout de suite.
09:54 Il y a un sujet de gouvernance et quand on nous montre une boîte bien gouvernée,
09:57 une boîte où il y a des caractéristiques de gouvernance qui sont contestables,
10:01 c'était un modèle quand même. Donc ce point est intéressant.
10:05 À la fin, la gouvernance, ça coûte très cher quand ce n'est pas dans les canons
10:09 de ce que souhaitent les analystes et les investisseurs.
10:12 Bon, ça c'est la première chose, ce n'est pas une nouveauté.
10:14 Deuxième chose, après, je trouve que ça illustre bien ce qu'on est en train de vivre en ce moment.
10:19 C'est-à-dire qu'en fait, il y a eu la hausse des taux, il y a eu un peu moins de liquidités dans le marché
10:23 et puis on commence à voir des dossiers comme ça qui arrivent.
10:27 Alors on a eu SVB, on a eu la boîte américaine...
10:30 - Bed, Bath & Beyond ? - Bed, Bath & Beyond.
10:32 Oui, ça a été une star des années cuits, moi je m'en souviens très bien.
10:36 Toute la période 2008-2015, c'était une des vedettes du marché américain, Bed, Bath & Beyond.
10:41 Donc ça c'est aussi... Il y a pas mal de réflexions j'imagine qui doivent être enclenchées un peu à droite à gauche
10:46 sur ce qu'est-ce qu'on fait de ce genre de boîtes, est-ce qu'on les laisse couler comme aux Etats-Unis,
10:51 est-ce qu'on les aide, est-ce qu'on les refinance ?
10:53 Et il se trouve qu'il y a quand même encore des investisseurs qui sont prêts à prendre un pari
10:56 sur ce genre de dossier quand même, parce qu'ils mettent quand même de l'argent.
11:00 Piatynski met un milliard, les autres mettent 500, après il va y avoir des abandons de dettes, etc.
11:05 Ça illustre quand même que la crise n'est pas totale non plus, on n'est pas en train de laisser couler les boîtes.
11:10 Alors Bed, Bath & Beyond c'est autre chose, mais en France il y a quand même des acteurs qui sont intéressés.
11:15 Donc ça c'est quand même aussi assez intéressant.
11:17 Autre point intéressant, je ne suis pas un spécialiste de la distribution comme peut l'être...
11:20 - Alain, Alain, facile à retenir. - C'est bien, il y a beaucoup d'Alain, c'est très bien.
11:25 Comme le disait Alain tout à l'heure, la distribution, ça illustre aussi qu'en centre-ville,
11:30 la distribution en France c'est extrêmement concurrentiel et c'est très difficile.
11:35 Les niveaux de marge ne sont pas très élevés.
11:37 On a entendu pendant un moment que les distributeurs se gavaient un petit peu avec la hausse de l'inflation,
11:44 pouvaient avoir refait un peu de marge.
11:46 En fait on s'aperçoit que ce n'est pas un business facile du tout.
11:50 Il y a encore beaucoup d'acteurs en France, donc c'est aussi un sujet d'action.
11:56 Ils n'ont sans doute pas perdu en marge pendant ces derniers mois ou ces derniers trimestres les distributeurs.
12:00 Oui mais ils n'ont pas regagné énormément non plus.
12:02 Il reste quand même des marges qui sont tellement faibles que quand vous regardez les marges de Canfour...
12:07 - Oui, c'est plus de 2%. - Oui c'est ça, donc ce n'est vraiment pas beaucoup par rapport à tout un tas de business.
12:11 Et malgré un petit peu l'engouement qu'il y a eu autour de cette idée que les entreprises avaient refait un peu de marge,
12:18 ils ne l'ont pas refait tant que ça non plus parce qu'il y a quand même encore des grandes difficultés.
12:22 Donc voilà, je trouve que c'est assez illustratif de ce qui se passe en ce moment.
12:25 C'est assez emblématique de la période.
12:27 Oui, tout à fait, et ça fait réfléchir sur la suite quand même.
12:31 C'est-à-dire qu'on parlait des activités macro qu'il va y avoir dans les semaines qui viennent.
12:37 La hausse des taux et des discours sur la liquidité qui seront peut-être moins expansionnistes qu'ils ont pu l'être,
12:42 ça fait poser question.
12:44 Même chose quand on évoquait les niveaux de dette, il y a quand même pas mal de dossiers qu'il faut peut-être regarder avec un autre oeil aujourd'hui.
12:51 Parce que quand on arrive avec des niveaux de distress comme a été Casino,
12:57 et malgré tous les artifices qu'on a pu essayer de trouver pour essayer de trouver une solution...
13:01 - On arrive au bout quoi. - Oui, on arrive un peu au bout.
13:03 Et quand les taux remontent et qu'il y a un peu moins de liquidité, on s'aperçoit assez rapidement de la fragilité de pas mal de dossiers.
13:09 Donc ça peut être une période assez difficile.
13:12 - Qu'est-ce qu'on peut dire justement, François, globalement du niveau de stress qu'on trouve dans le marché de crédit ?
13:17 Alors, Casino est peut-être un emblème un peu exacerbé,
13:21 parce que c'est une situation spéciale qui n'est pas née avec la hausse des taux de la Fed ou de la Banque Centrale Européenne,
13:27 mais évidemment on s'interroge sur ce niveau de stress qu'on peut avoir sur des émetteurs spécifiques.
13:31 Si stress il y a, ça reste localisé sur des noms qu'on connaît et avec lesquels on comprend qu'il y ait du stress ?
13:39 Ou est-ce qu'on commence à voir des choses un peu plus générales ?
13:42 - Non, ça reste localisé. Ça reste localisé à certains secteurs, à certaines signatures ou à certains niveaux de qualité de signature,
13:50 mais il n'y a pas de stress sur le marché du high yield dans son ensemble.
13:54 Et on est finalement, c'est vrai qu'on entend beaucoup parler de la prochaine récession.
14:01 Le marché du high yield va évoluer avec le marché d'action.
14:06 Et là-dessus, il y a peu de signaux à prendre. Le marché du high yield n'est pas très inquiet de l'avenir de cette récession possible,
14:15 de manière assez étonnante finalement.
14:17 - Oui, et comment on explique cet étonnement ? On n'attend pas de défauts massifs, de remontées massives des taux de défauts ?
14:24 Il n'y a pas d'enjeu financier immédiat pour les entreprises à ce stade ?
14:28 - Non, c'est vrai que le refinancement aura lieu principalement en 2025.
14:34 C'est vrai qu'il y a une corrélation très importante avec le marché d'action qui tient bien.
14:39 Le marché d'action, on peut parler de sa volatilité, c'est vrai qu'elle est très différente du marché obligataire aujourd'hui.
14:45 La volatilité obligataire est très haute, la volatilité d'action est faible.
14:48 Les actions sont censées sur longue période vous protéger contre l'inflation.
14:52 C'est vrai que quand on regarde la volatilité sur le marché obligataire, elle vient principalement de la composante inflation.
14:59 Cette composante inflation, vous ne l'avez pas avec les actions.
15:03 Les profits sont censés augmenter avec l'inflation, le chiffre d'affaires est censé augmenter avec l'inflation.
15:08 La corrélation que vous avez entre le marché high yield et le marché action immunise, peut-être à tort, le marché high yield, ses craintes de récession.
15:17 Alors que oui, c'est vrai que sur les actions, on pourrait bénéficier de cette hausse de l'inflation, en tout cas ne pas la subir.
15:24 Alors que sur la dette, par définition, on doit la subir de manière un peu plus frontale.
15:30 Alain, je vous ai coupé dans votre élan.
15:32 Oui, revenons sur la liste.
15:34 Le premier, c'était sur la gouvernance. Ce serait ce qu'on pourrait objectivement reprocher, même s'il y a des problèmes historiques.
15:38 C'est que depuis au moins 4-5 ans, le dirigeant exploite la société pour essayer de faire remonter du cash vers la holding et ne travaille pas.
15:48 Il y a une contrainte personnelle.
15:50 On sent que les préoccupations de la holding de contrôle ne sont pas forcément dans l'intérêt des minoritaires.
15:55 Et ça, c'est interdit de gérer de la manière optimale les opérations du business ?
16:00 Il y a une contrainte qui est telle, un peu comme des fonds que vous souhaitez qui sont sous LBO cruciales.
16:04 Les contraintes de cash mènent à faire des politiques peut-être court-termistes sur les prix, qui endommagent à mon avis la valeur de long terme de l'actif.
16:14 La deuxième chose, c'est que tu disais qu'ils avaient refusé des offres, etc. Il faut bien comprendre que dans le retail, le problème, c'est qu'il y a des antitrusts qui sont très forts.
16:24 On l'a même vu. Même quand Carrefour a été... Il y a eu une proposition de rachat par quelqu'un qui n'est absolument pas un concurrent, un Canadien.
16:31 Couchetard, bien sûr.
16:32 Étonnamment. Mais quand deux... C'est très compliqué de vendre un réseau comme Casino à un concurrent parce qu'il y a de l'antitrust partout, notamment à Paris.
16:40 Donc les prix payés, en fait, si on fait net de tout ce qu'il faut recéder derrière alors qu'on est dans un environnement où, à l'époque de la loi Galland, je ne sais pas si vous vous souvenez, il y a 20-30 ans,
16:48 les surfaces avaient une valeur extraordinaire parce qu'elles étaient rares et qu'il y avait un emplacement.
16:53 Aujourd'hui, les chiffres d'affaires sont en déclin. Les surfaces, il y en a presque trop. Donc la valeur d'opportunité d'un emplacement a complètement chuté.
17:01 C'est un peu comme pour les pharmacies, d'ailleurs, mais bon. Et du coup, les opérations de M&S sont beaucoup plus complexes.
17:07 À la limite, ce qu'ils ont fait, ils l'ont fait. Ils essayent de franchiser les hypermarchés qui marchent le moins bien. Carrefour le fait aussi.
17:14 Ils vendent deux petits magasins par-ci, trois magasins par-là. Ça, ils l'ont fait largement. Mais ça atteint ses limites et ce n'est pas ça qui résout globalement le problème.
17:21 Et là, une opération sur casinos, puis je mets ça aussi en parallèle de la chute de Bed, Bath & Beyond. Si des acteurs disparaissent ou se voient leur taille conciliée,
17:31 en termes d'intensité concurrentielle, ça n'amène pas beaucoup plus d'intensité concurrentielle dans le secteur, j'imagine.
17:37 Tout dépend comment on définit le marché. Par exemple, à un moment, le marché avait frétillé parce qu'ils avaient fait un accord avec Amazon sur la partie alimentaire.
17:44 Certains s'étaient dit que peut-être, Amazon ayant racheté une chaîne un petit peu haut de gamme aux Etats-Unis, que peut-être Amazon pourrait racheter Monoprix
17:53 parce que ça serait une sorte de vecteur de showroom de centre-ville, etc. Bon, ça reste possible, mais c'est une idée qui prospère un peu moins en ce moment.
18:02 Et donc, oui, globalement, on ne se bouscule plus pour tous ces actifs-là, en fait. C'est ça, le problème.
18:06 Alors, s'est racheté le Covid avec le fait que le centre-ville a peut-être perdu un peu de son attractivité aussi, et les habitants qui ne sont plus là,
18:13 et aussi il y a beaucoup plus de bureaux dans les Monoprix lors du déjeuner, il y a moins de gens à Paris.
18:19 Enfin, tout ça, ce sont des facteurs qui n'ont pas aidé non plus.
18:21 Oui, c'est ça. Je pensais à ça dans les problématiques. C'est vrai que la problématique du commerce en centre-ville a pris un coup quand même.
18:27 Et en France en particulier, avec tous les mouvements qu'il y a eu depuis 2-3 ans, ça n'a quand même pas aidé non plus au développement de ces activités.
18:35 Bon, voilà ce qu'on pouvait dire sur le dossier Casino. Le titre Casino, mais je ne sais pas si c'est le sujet d'ailleurs,
18:41 parce que c'est tellement la dette qui fait le marché sur Casino.
18:44 Et puis il y a des shorts aussi qui se rachètent aussi, peut-être un petit peu.
18:47 Je ne crois pas que le titre a beaucoup monté, Casino.
18:49 Il a monté puis baissé.
18:51 Oui, voilà, c'est ça. C'était à plus de ce matin, mais je crois qu'il termine en négatif ce soir.
18:55 Sur le plan macroéconomique, encore une fois, la séquence des 10 prochains jours va être intense et nous amener jusqu'aux décisions de la Fed et de la BCE la semaine prochaine.
19:03 François, entre-temps, on aura eu des chiffres de croissance trimestrielle en Europe.
19:08 L'économiste Zonoro Daxa, à midi et demi dans l'émission, nous disait qu'on sera au-dessus de 0,5% croissance trimestrielle en zone euro,
19:16 avec pourquoi pas une croissance qui pourrait à l'extrême aller jusqu'à 0,7%.
19:21 Mais trimestre sur trimestre, non-annualisé, il faut se préparer à un sacré bon chiffre de croissance quand même en zone euro pour le premier trimestre, François.
19:32 Oui, effectivement. On a eu beaucoup de bonnes surprises au premier trimestre, avec la baisse des prix du gaz, avec la réouverture de l'économie chinoise,
19:41 avec des politiques budgétaires qui sont expansionnistes encore en zone euro. Donc finalement, il y a assez peu d'inquiétude cette année.
19:50 On craignait cette récession. Et puis en zone euro, oui, on devrait rester autour du potentiel.
19:55 Alors c'est vrai que le premier trimestre sera suite à un quatrième trimestre qui était négatif. Donc voyons les choses avec un petit peu de recul.
20:03 Mais en gros, on s'attend à une croissance européenne qui devrait rester proche de son potentiel sur l'année 2023.
20:10 C'est du côté des États-Unis qu'il faudra chercher les premiers signes de ralentissement, parce qu'on a une Fed qui a été plus agressive,
20:18 parce que le gouvernement américain est moins en support de l'économie. On a également ces problèmes du secteur bancaire qui font que la distribution de crédit
20:33 est plus compliquée aujourd'hui aux États-Unis. Donc oui, on s'attend à un ralentissement de l'activité aux US. Mais ce sera sans doute en deuxième partie d'année.
20:43 Ça va mettre du temps. - Là aussi, c'est pas pour tout de suite. Encore ? - Non. Il y a un décalage qui est quand même très important entre le temps des marchés
20:53 et le temps de l'économie. Le temps des marchés, c'est quelques heures. Le temps de l'économie, c'est quelques mois. Et oui, on va vers un ralentissement.
21:02 Mais ça met plusieurs mois, voire plusieurs trimestres à se météoriser. L'impact entre les premières hausses de taux de la Fed et puis l'économie...
21:13 - SVB. - SVB a mis du temps. Et SVB... Je suis pas en train de dire qu'il y aura d'autres problèmes bancaires. Mais les répercussions de cette hausse de taux
21:24 sur certains secteurs aux Etats-Unis, notamment l'immobilier, n'ont pas fini de se faire ressentir. Donc on a encore quelques trimestres devant nous à voir ce ralentissement.
21:36 - Et ça veut dire qu'on se prépare tous à ce que la Fed délivre 25 points de base la semaine prochaine, ainsi que la BCE. Mais ce seront doses de taux de 25 points de base
21:45 qui seront pas les mêmes, d'une certaine manière. - Non, a priori, c'est la dernière pour la Fed. - Elle va pouvoir le dire ou pas que c'est la dernière ?
21:53 Ou elle a plutôt intérêt à pas trop le dire ? - Je pense qu'elle peut le dire. Je pense qu'elle peut le dire qu'elle imagine que c'est la dernière, qu'elle se tient prête
22:00 si les pressions inflationnistes repartent à la hausse à pouvoir réenclencher un cycle de hausse de taux, mais qu'a priori, on est à la fin du cycle de hausse de taux,
22:10 qu'il faudra néanmoins, elle va essayer de lutter contre les anticipations de baisse de taux pour cette année. Donc dire qu'il faudra aussi qu'il y ait beaucoup d'eau qui coule sous les ponts
22:17 avant qu'elle réenclenche un cycle de baisse de taux. Mais un petit peu à l'image de ce qu'a fait la Banque du Canada, je pense qu'elle peut annoncer
22:26 qu'on est proche du point haut. En zone euro, attention, le 50 BP est toujours pas forcément exclu. On aura des chiffres d'inflation en fin de semaine qui vont être cruciaux.
22:40 Et si on a une surprise haussière encore sur l'inflation en zone euro, il est tout à fait possible que la BCE nous fasse encore 50 points de base la semaine prochaine.
22:50 Ce que pourrait faire la FED, c'est effectivement dire qu'elle va arrêter de monter ses taux, mais qu'elle va quand même être active sur son bilan.
22:57 C'est-à-dire qu'en fait, continuer à le remettre dans une tendance qui était depuis quelques mois. Et ce qui revient quand même quelque part à des petites hausses des taux quand même.
23:06 C'est-à-dire que ça permet de calmer un peu. C'est-à-dire qu'on dit qu'on arrête de monter les taux. Bon, c'est un peu d'optimisme de ce côté-là.
23:12 Mais en même temps, calmer les liquidités parce que c'est quand même un sujet...
23:16 — Même après ce qui s'est passé au mois de mars, ils peuvent être en situation dès la semaine prochaine de dire...
23:21 — Comment ça se fait ? — Ah bah le bilan a déjà retracé pas mal, hein. Bien sûr.
23:24 — Enfin c'est -600, +300, -100, quoi. Des choses comme ça. Donc... — Oui ! Oui. C'est chaotique, mais...
23:29 — Oui. Mais enfin je pense qu'ils vont continuer cette tendance. Alors peut-être qu'ils vont le dire ou pas le dire. J'en sais rien.
23:33 Mais enfin ce serait possible que ce soit dans le discours. C'est-à-dire de dire voilà "On arrête de monter les taux", ce qui est un peu un message un peu deviche, quoi, en fait.
23:42 Et en même temps dire qu'on va réduire les liquidités encore un petit peu sur le marché, quoi. Voilà.
23:47 Mais je pense que le... Ça, ça a été signé juste à la fin, là. Le sujet immobilier est plus préoccupant aux États-Unis qu'en zone euro, quand même.
23:55 Donc je pense que c'est un vrai sujet, quand même. Alors pour des raisons concrètes, il y a moins de crédit parce que les petites banques
24:02 qui ont été sous pression et qui sont toujours sous pression parce qu'elles-mêmes perdent de la liquidité. C'est-à-dire qu'on voit les sorties
24:07 massives qu'a du système bancaire américain, quand même. Je montre bien où va l'argent, d'ailleurs. Mais...
24:11 — Bah sur le monétaire ? — Ouais, mais ils ne collectent plus, là. Ils ne collectent plus trop, là. Enfin c'est... Enfin c'est pas à l'échelle, quoi, de ce qu'ils ont perdu d'un côté.
24:19 Donc malgré tout, enfin il y a moins de cash qui peut permettre d'acheter des maisons, de construire des maisons.
24:25 Donc ça ralentit aussi un petit peu. Même si les prix baissent pas encore. Donc ça a surveillé ce côté immobilier aux États-Unis, quand même.
24:33 — Bon. Les prochaines décisions, la semaine prochaine. Ce qui est intéressant aussi, c'est que de plus en plus de banquiers centraux s'expriment sur...
24:40 Alors non plus la spirale prix-salaire mais la spirale prix-profit, hein, qui commence à être quand même bien documentée et constatée par tout le monde.
24:48 Ça nous amène peut-être aussi à dire un mot de ce qu'on attend en termes de résultats pour le premier trimestre, mais sur les perspectives.
24:54 Est-ce que les entreprises ont encore la capacité à augmenter leurs marges ou au moins à tenir les niveaux de marge qui ont été atteints pendant quelques temps ?
25:03 — Ça dépend un peu des secteurs. En tout cas, ce qui est un peu paradoxal, c'est qu'en ce moment, j'ai l'impression que le marché a bien acheté
25:09 l'idée que l'économie allait ralentir. Donc en ce qui concerne les taux d'intérêt, on était proche des plus hauts.
25:15 — De quel marché vous parlez ? Le CAC à 7 575 points ou... ? — Non, non. Ou alors le CAC, son mix luxe. N'en parlons pas. Mais même en général.
25:23 — En général. Mais disons que les marchés financiers anticipent a priori un ralentissement de l'économie plus fort aux États-Unis qu'en Europe.
25:30 Et tout le monde a l'air d'attendre qu'on soit très proche des dernières hausses de taux aux États-Unis mais même aussi en Europe.
25:36 Donc on est plutôt dans un mode « ça ralentit et les taux vont baisser ». Les taux longs vont se tasser. Les taux courts, probablement fin d'année...
25:43 Enfin certains espèrent dès l'été pour la Fed et pour la BCE, peut-être début 2024. Donc on est déjà dans un mode ralentissement/baisse de taux.
25:52 Donc ça, ça aide les marchés. Et puis en même temps, ce fameux ralentissement, comme on vient de le dire, le premier trimestre, il était pas encore...
25:59 L'activité spot, elle est encore assez bonne. Et là, on voit des indicateurs économiques où si on raisonne en fondamentale, quand on regarde la hausse des taux,
26:06 la baisse des distributions de crédit, l'immobilier, etc., on sent bien qu'au deuxième semestre, ça va être très compliqué dans ce genre de secteur.
26:13 Et en même temps, on voit que pour l'instant, au moins le mois, les choses vont plutôt pas mal. Et d'ailleurs, les chiffres d'inflation,
26:21 notamment en Europe, restent un peu trop ou à l'égard... Enfin selon ce qu'on souhaiterait. Donc on a un mix entre un court terme qui est finalement encore assez bon
26:29 et un moyen terme où tout le monde est convaincu que ça va être moins bon. Donc le problème, c'est que du côté des entreprises, on attendrait normalement
26:35 des baisses de résultats ou un ajustement du tir. Les résultats du premier trimestre, il n'y a pas encore beaucoup de résultats. Mais pour l'instant,
26:42 ils sont encore tout à fait corrects. Les perspectives, on les sent plus prudents. Mais pour l'instant, il n'y a pas de méga-warning parce qu'ils savent pas trop.
26:49 Ils doutent bien que ça va ralentir. Mais pour l'instant, ils maintiennent souvent leurs objectifs annuels parce qu'ils n'ont rien vu venir finalement.
26:56 Donc le paradoxe, il est là. Donc j'attends pas tellement du côté publication des nouvelles trop alarmistes parce que, comme ça a été dit,
27:04 l'activité à l'instant... - Ouais, ouais, ouais. Reste dynamique. - ... fonctionne à peu près. - Dans les services, c'est même...
27:09 - Non. Ça peut commencer à ralentir dans les prochains mois. Et il faudrait pas que le marché se soit un petit peu trop envolé parce que là,
27:16 les déceptions sur les résultats, normalement, tout le monde attend mais qu'on voit pas venir, il pourrait y avoir un petit hiatus à ce moment-là.
27:21 - À quelle vitesse est-ce que le ralentissement qu'on peut attendre peut-être de la demande dans les prochains mois, à quelle vitesse est-ce que ça peut se transmettre
27:29 dans les marges des entreprises ? C'est ça, le sujet aujourd'hui. C'est-à-dire on a l'impression que la BCE est un peu soumise à la stratégie-prix des entreprises
27:37 de ce point de vue-là. Est-ce que ça peut aller vite ? Emmanuel Macron, par exemple, s'engage sur une diminution des pressions inflationnistes dans l'alimentaire
27:46 à la fin de l'été. Là aussi, c'est une échéance qu'on a fait que reporter un petit peu dans le temps en permanence, François. Au-delà de l'aspect politique,
27:55 économiquement parlant, ça semble être une idée raisonnable de se dire qu'il faudra attendre encore jusqu'à la fin de l'été pour voir une vraie diminution, peut-être,
28:03 de ces pressions inflationnistes sur l'alimentaire, qui sont un point majeur aujourd'hui de l'inflation en zone euro.
28:08 Oui, bien sûr. On a des effets de base qui sont très importants. C'est vrai que quand on regarde les glissements annuels, a priori, il y a fort à parier
28:15 que l'inflation va rester élevée jusqu'au début de l'été, donc aux alentours de 7% en zone euro, de 6% pour la France, et diminuée.
28:26 Les effets de base sont un peu plus importants pour la zone euro, pour l'inflation européenne, qui avait plus monté que l'inflation française l'année dernière.
28:32 Ce qui veut dire que l'inflation, puisqu'elle se rapporte à son niveau de l'année dernière, va rebaisser de manière plus importante en zone euro qu'en France.
28:44 Ce à quoi on s'attend, c'est de voir une inflation qui atterrisse au mois de septembre aux alentours de 4,5% en zone euro et 5% en France.
28:52 Donc ça veut dire qu'on devrait voir a priori une petite décélération de cette inflation.
28:57 Peut-être qu'effectivement, on aura encore une surprise liée à l'OPEP, à El Nino, à je ne sais quelle nouvelle mauvaise surprise,
29:11 mais finalement, le gouvernement blâmera des fonctions...
29:14 Oui, oui, oui, des facteurs extérieurs.
29:16 Mais sans ces facteurs extérieurs, l'inflation devrait, en glissement annuel, baisser à la fin de l'été.
29:21 Et cette situation, ça maintient un risque à la hausse sur le taux terminal de la BCE encore ?
29:27 Vous disiez que la Fed est au bout, presque au bout. Est-ce qu'elle le dira la semaine prochaine ou pas ? On verra la communication.
29:32 Pour la BCE, il y a encore du chemin à parcourir. Dans quelle mesure ? Jusqu'où le décalage dans la séquence entre la Fed et la BCE peut nous amener ?
29:42 Et en termes de marché, qu'est-ce que ça peut donner sur des actifs clés, que ce soit les taux, l'échange ?
29:48 Le marché parie aujourd'hui sur 3,75% comme taux terminal de la BCE. On est à 3, donc ça veut dire soit 50, puis 25, soit 3 fois 25 en mai, juin, juillet.
29:59 On a vu ces derniers jours des négociations salariales qui ne s'orientent pas forcément dans le bon sens,
30:08 notamment pour le secteur public en Allemagne. On aurait aux alentours de 11% de hausse de salaire comprise entre 2023 et 2024.
30:17 C'est pas forcément de nature à rassurer la BCE sur cette boucle prix-salaires qui est en train de s'enclencher.
30:24 Les salaires sont très en retard par rapport à l'inflation. Ça fait deux ans qu'on a une inflation très élevée, donc le pouvoir d'achat a diminué.
30:32 Et étant donné que le marché du travail est excessivement tendu, les salariés sont en situation de force pour négocier aujourd'hui.
30:38 Donc oui, on s'attend à avoir des salaires qui vont s'afficher encore en hausse au cours de cette année,
30:46 ce qui devrait empêcher finalement l'inflation de redescendre beaucoup plus, de se rapprocher de l'objectif de la BCE.
30:54 Et donc ça, c'est de nature à pousser les membres les plus hauts quiches de la BCE à aller plutôt vers 4% que vers 3,50.
31:05 — Ça veut dire que l'euro-dollar n'a pas fini de monter ? Ça veut dire que les taux longs européens ne sont pas encore stabilisés ?
31:10 — Ça veut dire effectivement... Si vous avez votre cash qui est rémunéré à 3,75 ou à 4 %,
31:17 est-ce que ça fait vraiment du sens d'acheter une obligation à 10 ans allemande à 2,50 ?
31:21 Je ne suis pas certain, d'autant plus quand on voit la volatilité de cette obligation allemande.
31:26 Et effectivement, sur l'euro-dollar, oui, il y a peut-être de la place pour qu'on aille revisiter des niveaux proches de 1,15 si la Fed s'arrête
31:38 et que la BCE a encore entre 75 et 100 points de base à monter.
31:43 — Alain ? — Moi, j'ai deux remarques. La première, sur l'attitude des entreprises qui ont augmenté leurs prix.
31:48 En fait, habituellement, quand il y a une période de tension, de crise, quelle qu'elle soit,
31:53 les entreprises nous ont habitués à être capables de réduire très rapidement la voilure, de réduire leurs coûts.
31:58 Et je me demande si elles sont pas arrivées au bout de l'exercice. Enfin je parle pas des techs qui peuvent encore
32:02 un peu licencier quelques personnes. Mais le gros business, je pense qu'ils sont coincés. Je pense qu'ils ont pas tellement de marge de manœuvre.
32:09 Et je pense qu'ils ont saisi l'occasion. Et je dirais que quelque part, ça les a vraiment bien arrangés, cette situation, où ils ont pu
32:18 augmenter les prix. On avait l'idée du pricing power, qui était vraiment le truc discriminant. En réalité, tout le monde a monté ses prix.
32:24 — Oui, c'est pas juste le luxe. C'est généralisé à l'ensemble des secteurs et des industries.
32:29 — Et je pense que pour beaucoup d'entreprises, taper sur les coûts aujourd'hui, ça devient très difficile, parce que le plus simple, c'est
32:35 diminuer la masse salariale. Mais le problème, c'est que si vous faites ça, le lendemain, vous pouvez plus bosser. Donc il y a quand même
32:40 une grosse difficulté. Donc ça, c'est la première chose. Et alors le deuxième élément très perturbateur... Alors on va voir si c'est juste
32:45 une hirondelle qui fait le printemps ou autre chose. Je pense que dans les secteurs très concurrentiels, ceux qui ont une capacité de faire
32:53 des augmentations de capital simplement parce qu'il y a du capital aux États-Unis par exemple, la guerre des prix, elle peut commencer.
32:58 C'est-à-dire qu'ils vont sacrifier leurs marges pendant 2 ans peut-être. Tesla va peut-être sacrifier ses marges pendant 2 ans pour...
33:06 — Rincer tout le monde, quoi. — Rincer tout le monde, parce que ça va faire très très mal, quand même. C'est-à-dire que ce qu'ils ont fait là
33:11 est extrêmement perturbateur pour le secteur automobile européen qui... — On voit la résistance d'ailleurs des groupes européens.
33:17 Renault, pour l'instant, c'est « Non, non, on suivra pas. On n'y va pas ». Non mais ils disent ça aujourd'hui, évidemment, qu'on verra demain.
33:23 — Oui, c'est ça. C'est le bras de fer. Quand vous commencez le bras de fer, vous commencez en disant... — Oui, en disant « Je vais gagner », oui.
33:28 — « Je vais gagner », mais montrer vos muscles et tout. Mais je trouve que dans les mois qui viennent, sur les secteurs un peu concurrentiels
33:36 où on peut faire quelque chose sur les prix, c'est quand même incroyable, cette histoire. Enfin c'est passé un peu comme ça,
33:41 dans le bordel qu'il y a sur les marchés. Mais en fait, c'est quand même extrêmement violent. Et c'est un truc...
33:47 — 25% de baisse depuis le début de l'année pour le prix des Tesla, en gros. — Bah oui. Oui, c'est ça. Donc ça change la donne.
33:53 En plus, on voit arriver sur ce segment-là la concurrence asiatique avec des voitures... — Je crois que c'est ça qui a fait peur aussi.
33:58 — Oui. On est attaqué des deux côtés, quand même. — 10 000 €, la citatine électrique de BYD.
34:04 — Voilà, pour des voitures européennes qui sont plutôt à 25 000 € et qui n'ont pas forcément des critères particulièrement meilleurs.
34:11 Bon, il n'y aura jamais une voiture chinoise chez moi. Mais je suis pas le seul acheteur.
34:15 — Bah ouais, vous êtes pas le seul sur le marché français. Voilà, c'est ça. Oui, je suis bien d'accord avec vous.
34:19 — Non mais même en mettant les taxes, taxe carbone, etc., je veux dire 6 000... — Enfin, taxe carbone, c'est pas tout ça qu'on voulait faire, quoi.
34:25 Donc c'est ce qui se passe en ce moment. Enfin c'est fascinant, quand même, l'économie...
34:33 — Mais vous avez plutôt confiance dans l'idée que le jeu de la concurrence va très vite ramener dans certains secteurs
34:37 en tout cas les prix à quelque chose de plus raisonnable par rapport à ce qu'on a connu ces derniers mois, trimestre ?
34:42 — Bah les endroits où il y a possibilité de le faire, je pense que ça va être fait. Et si vous regardez... Moi, j'avais en tête...
34:48 Je sais pas dire, mais Tesla avait fait une augmentation de capital de 5 milliards.
34:51 — 5 milliards. Ils en ont fait 2 à la suite de 5 milliards. Oui, oui.
34:54 — C'était le communu qui avait pas bougé le cours de bourse. 5 milliards, c'était la capi de Renault à ce moment-là.
34:57 Donc c'est juste pas possible pour eux de faire ça.
35:00 — Le patron de Volkswagen disait qu'ils viennent de lever 5 milliards. C'est ce qu'on met une année à générer en matière de cash flow.
35:06 — Donc c'est quand même... Je pense que les secteurs, et en particulier l'industrie, tous ces endroits où on peut aller assez rapidement
35:13 aux clients, ça fait réfléchir, quoi. — Bon. Qu'est-ce que... Quand on réfléchit en matière d'investissement, du coup, tour de table,
35:20 Alain Pithous, à ce stade, quel type de risques on a envie d'être exposés, l'équilibre qu'on a envie d'avoir ?
35:26 — En fait, moi, je me dis... L'inflation va effectivement ralentir, avec des prix qui vont rester élevés, comme globalement.
35:34 Ça, c'est la première période. Deuxième période, des tensions encore entre de l'excès de liquidité, des goulets d'étranglement.
35:41 Donc une volatilité sur les prix. Et puis si on regarde à plus long terme, une grosse tension entre la demande d'investissement autour
35:49 de la transition énergétique et puis la démographie qui baisse. Donc on est quand même dans un endroit où l'inflation est quand même
35:54 un sujet. Donc moi, assez simplement, quand il y a de l'inflation, je fais cours sur les obliques. Ça va pas me faire très très long.
36:01 Dès que ça monte un petit peu, je rallonge un petit peu pour aller échapper le 3 ans. Puis s'il est au continu à monter du 4 ans,
36:06 5 ans, comme ça, bon. Et puis sur la partie action, des entreprises très internationales qui font de la croissance, parce qu'il faut pas être
36:14 loqué sur un pays ou sur une zone. C'est quand même très dangereux. Et il y avait de la croissance visible des entreprises bien gérées.
36:21 Et puis éviter les risques qui sont assez évidents, parce qu'aujourd'hui, quand on voit l'inflation, les dégâts que ça fait dans les pays émergents,
36:30 c'était une des questions que vous posiez pour nous faire réfléchir. Moi, pendant un moment, je me disais que ça allait peut-être être bon.
36:40 Est-ce que les émergents sont une bonne source de diversification ? Je ne me souviens plus de la question.
36:44 Mais c'est encore trop dangereux. Et puis après, les actifs réels. Un petit peu d'actifs réels, un peu d'or, un peu de forêt.
36:50 Et puis pour protéger sa devise contre l'inflation, un peu de France Suisse.
36:57 C'est bien, ça. Un panel quand même d'alternatives aujourd'hui. Alain ?
37:01 Sur les stratégies d'action, notamment, la question des intérêts.
37:04 Sur les obligations, on est plutôt Investment Grade que High Yield, parce qu'on pense que le High Yield n'est pas très différencié par rapport aux actions.
37:10 Donc si ça chauffe, on préfère acheter les obligations avec du rendement. Et puis sur les actions, on reste quand même investi,
37:17 parce qu'il faut rappeler que les multiples de valorisation ne sont pas très élevées. En Europe, on a 13 fois les résultats de 2023.
37:22 Aux États-Unis, 18, 19. Alors ça peut un peu plus se discuter, mais on a des sociétés de croissance qui, à mon avis, le resteront.
37:28 Et puis en termes de mix, oui, on fait quand même un petit peu attention aux entreprises cycliques.
37:32 Celles où une demande B2B pourrait amener à des baisses de prix un peu radicales.
37:37 Attention aussi à l'automobile, parce que l'année dernière, il y avait les prix. Ce n'était pas un problème. Il y a un problème de volume.
37:42 Les volumes sont là, mais quels seront les prix ? Et puis quelque part, quand même, toujours un attachement aux valeurs dites de croissance,
37:48 ou en tout cas visibles. Celles qui ont beaucoup souffert l'année dernière de la hausse des taux, mais qui actuellement seront capables d'avoir du pricing power
37:55 et résisteront dans le ralentissement.
37:58 François, pour terminer avec vous, dans le monde obligataire, toujours cette question de quelle duration on a envie d'avoir aujourd'hui.
38:04 Alors nous, sur l'obligataire, on préfère toujours ce qui va être actif réel. Donc ça va être des obligations à l'excession d'inflation.
38:10 Des obligations et des devises émergentes. On est toujours acheteur, puisqu'on a des fondamentaux qui sont souvent meilleurs que ce qu'on peut avoir
38:19 dans les pays développés. Et puis sur les marchés actions, c'est vrai que le rallye a été important. Les small et mid-cap sont très en retard.
38:30 Et donc pour ceux qui ont raté le rallye, il y a toujours cette possibilité d'accrocher le dernier wagon des small et des mid-cap, qui pourrait mieux tirer.
38:40 Il y a un risk/reward intéressant pour quelqu'un qui, aujourd'hui, voudrait s'exposer aux marchés actions en ayant raté les 6 mois précédents.
38:46 Oui, d'autant plus qu'on est souvent tourné vers l'Europe. Et qu'on l'a vu, la croissance européenne semble mieux tenir que la croissance américaine pour cette année.
38:55 Donc c'est sans doute les meilleures perspectives à venir pour les small et mid-cap que pour les large-cap.
39:00 On le verra vendredi, la croissance européenne. J'espère que ce ne sera pas le champ du signe.
39:03 Et ce sera un chiffre du passé, certes, mais quand même, on pourra se satisfaire d'un bon trimestre de croissance en zone euro pour ce début d'année 2023.
39:11 Merci à vous trois d'avoir été les invités de Planète Marché.
39:13 Alain Dubrul, Claresco. Alain Pithou, Senior Advisor ESG. Et François Collet, Directeur adjoint de la gestion de DNCA Investments.

Recommandée