SMART JOB - Grand Entretien du mardi 25 avril 2023

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Mardi 25 avril 2023, SMART JOB reçoit Carole Grandjean (Ministre déléguée chargée de l'Enseignement et de la Formation professionnels)
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00:00 [Musique]
00:12 Le cercle est rache et on accueille aujourd'hui Carole Grandjean.
00:16 Bonjour. - Bonjour.
00:17 - Ravie de vous accueillir.
00:18 Ministre déléguée chargée de l'enseignement et de la formation professionnelle,
00:21 c'est dire que le portefeuille est important.
00:23 C'est un des enjeux de la campagne présidentielle d'Emmanuel Macron 2017 et la seconde,
00:29 ne l'oublions pas, et vous êtes, alors ça c'est assez original,
00:31 sous la tutelle de deux ministres, le ministre du Travail et du Plein Emploi Olivier Dussopt
00:36 et le ministre de l'Éducation Nationale et de la Jeunesse.
00:39 C'est un vrai plaisir de vous accueillir parce qu'on parle beaucoup de formation sur ce plateau.
00:43 D'abord un tout petit mot pour non pas l'enjamber mais le traiter.
00:46 À l'occusion du président de la République, il a lancé finalement les grands chantiers de réforme.
00:52 C'est quand même compliqué pour vous, la ministre déléguée en charge de la formation
00:57 puisqu'il y a un texte en attente, comme il y en a d'autres.
01:00 Est-ce qu'il va voir le jour ou pas ?
01:02 Est-ce que cette réforme des retraites, et je dirais ce mouvement social,
01:06 bloque un petit peu l'arrivée de ce texte qui est attendu par toutes les entreprises de formation ?
01:12 Au fond, ce que le président de la République a redit hier,
01:15 c'est l'attachement qu'il a à faire Nation des compétences
01:18 pour pouvoir porter aussi bien la formation des plus jeunes
01:22 comme la formation tout au long de la vie.
01:24 Et dans les propos du président de la République hier,
01:27 l'apprentissage a pris toute sa place, le lycée professionnel a pris toute sa place,
01:31 mais aussi la formation tout au long de la vie, notamment les reconversions professionnelles.
01:35 Et donc la feuille de route qui est la mienne est toujours très à l'ordre du jour.
01:40 Et je sens effectivement qu'il y a beaucoup d'attente et des Français, et du président de la République.
01:45 Donc le texte est dans les tuyaux et vous aurez à, j'imagine, à le défendre dans l'hémicycle,
01:50 dans les hémicycles d'ailleurs.
01:52 Un petit mot quand même sur vous, parce que quand on accueille un ministre,
01:55 alors on vous connaît sous vos fonctions électives, vous avez été députée de Mertes-et-Moselle,
01:58 de Nancy, très attachée à cette ville, et aujourd'hui ministre.
02:03 Et quand on regarde votre parcours, on se dit "Tiens, c'est intéressant,
02:05 smart job qui traite de l'emploi et des RH, vous avez commencé votre carrière dans les RH,
02:11 Caisse d'épargne et Groupe Elior, je crois.
02:13 - Absolument.
02:14 - Qu'est-ce que vous en avez tiré de ce métier avant de vous jeter dans la carrière politique ?
02:18 - Déjà c'est un métier passion, c'est vraiment un métier que j'ai toujours souhaité faire,
02:23 dans la relation humaine évidemment, mais aussi dans le technique, du juridique,
02:28 de l'approche des compétences, parce que ce sont des sujets qui sont à la fois très humains et très sociaux,
02:32 mais à la fois aussi très techniques, et j'ai toujours aimé cette combinaison des deux,
02:37 et donc c'est, voilà, mon premier métier c'était gestionnaire des compétences,
02:41 donc vous voyez que je suis toujours en plein dedans.
02:44 Et donc au fond, en passant député, j'ai pris évidemment à cœur de porter les sujets liés aux compétences,
02:51 notamment au travers de la loi de 2018, ce qui a remis, j'ai envie de dire,
02:56 un nouvel essor à l'apprentissage et au compte personnel de formation,
03:00 et puis aujourd'hui dans mon portefeuille de ministre, au fond je suis cette ministre qui fait du lien
03:06 entre l'éducation et le travail, cette ministre qui est aussi bien ministre des lycées professionnels
03:11 de l'apprentissage que de la formation tout au long de la vie,
03:14 et donc ces sujets-là sont des sujets de passion et de conviction.
03:17 Les entreprises dans les écoles, on y reviendra dans le cadre de cette réforme des lycées professionnels.
03:21 Un petit mot sur le CPF, parce que vous l'évoquez, il y a eu une réforme de ce CPF,
03:25 et on voit quand même que l'accès est plus complexe, on passe par France Connect,
03:31 les salariés vont devoir abonder, peu, mais ils abondent,
03:36 et on voit quand même une baisse très nette de l'accès à ce compte CPF.
03:41 Est-ce que vous dites on a fait le mauvais choix et qu'on va le remettre tel qu'il était,
03:46 parce qu'auparavant c'était un outil extrêmement facile,
03:48 ou est-ce qu'on garde ce dispositif pour éviter les abus, peut-être venant même d'organismes de formation ?
03:54 Le compte personnel de formation c'est un outil formidable.
03:57 De 2019 où il y avait 600 000 utilisateurs, 600 000 personnes qui ont mobilisé des droits à CPF,
04:04 à 2022 où ils sont plus de 2 millions, on voit à quel point l'outil a été polarisé,
04:09 et à quel point les actifs se sont emparés de l'outil.
04:13 Pour autant il y avait un certain nombre d'abus, d'abus d'organismes de formation,
04:18 d'abus aussi d'actifs qui se formaient sur des formations qui n'avaient pas tellement lien avec un projet professionnel.
04:25 Donc on fait le ménage ?
04:26 On a fait une loi qui a permis de réformer, de lutter contre les fraudes,
04:30 et d'ailleurs vous n'avez plus reçu de SMS de démarchage pour votre CPF depuis 3-4 mois maintenant.
04:38 C'était véritablement une volonté pour moi d'assainir le CPF, ce compte personnel de formation,
04:43 pour qu'il soit véritablement un outil de confiance et qui fasse l'intermédiation
04:48 entre un organisme de formation et l'actif de manière directe, mais en confiance.
04:52 Et c'est essentiel pour la durabilité finalement de cet outil.
04:56 Carole Grandjean, ça c'est le volet réduction des abus, et effectivement les SMS n'arrivent plus,
05:01 on n'est plus harcelé même au téléphone puisqu'il y avait aussi le harcèlement téléphonique.
05:04 Néanmoins, on voit un tassement de l'accès des salariés à ce compte CPF
05:10 parce que les contraintes administratives, parce que c'est plus lourd.
05:13 Ça aussi c'est une volonté où vous dites peut-être qu'il faut repenser le dispositif,
05:16 parce qu'on est tous allés sur France Connect, il faut son numéro de sécu,
05:20 ou il faut tel numéro, c'est pas si facile d'y accéder.
05:23 Est-ce que vous dites...
05:24 Non, non, la vraie volonté était de lutter contre les fraudes.
05:27 Ca c'était la volonté ?
05:28 Et effectivement, il y avait des fraudes aussi bien sur l'identité,
05:31 avec l'utilisation de la fraude à l'identité,
05:34 des abus aussi de formation qui étaient proposés,
05:38 qui n'avaient pas véritablement de lien avec un projet professionnel,
05:41 et j'ai souhaité resserrer ça, ou avec des véritables projets de création d'entreprise,
05:45 et j'ai resserré ça également.
05:47 Donc c'était plutôt une volonté de réguler,
05:49 et évidemment de soutenir la mobilisation du CPF pour des projets professionnels,
05:54 et au contraire, c'est un formidable outil, et j'encourage les actifs à s'en saisir.
05:58 Donc allez sur le CPF, même si vous passez par France Connect,
06:00 prenez le temps de mettre votre numéro de sécu globalement,
06:02 et vous serez ensuite fléché.
06:04 Et au fond, n'hésitez pas à aller dans les bureaux de poste également,
06:07 les maisons France Service, elles sont là aussi pour vous aider à cheminer sur l'application,
06:12 je l'ai fait moi-même dans un bureau de poste, et c'est très facile.
06:16 Une fois qu'on accède à ce site, il y a évidemment des organismes de formation,
06:20 et c'est très simple.
06:21 Tournons-nous vers l'apprentissage.
06:23 Est-ce que, et c'est le titre qu'on a choisi dans notre émission,
06:26 une réussite française, parce qu'il y a 15 ans j'animais des débats sur ces questions de formation,
06:30 où c'était d'abord très complexe, la France était très loin de l'Allemagne,
06:35 on nous comparait sans cesse à l'Allemagne,
06:37 est-ce que vous dites que c'est quand même une belle réussite française notre apprentissage depuis 3 ans ?
06:41 Je pense que c'est une des grandes réussites du quinquennat précédent,
06:45 d'être proche, d'être une nation de l'apprentissage,
06:49 et ce n'était pas gagné, parce que culturellement, la France était loin de considérer l'apprentissage
06:54 comme une voie, finalement, valorisée,
06:58 et aujourd'hui avec nos 837 000 contrats d'apprentissage
07:02 dans tous les secteurs d'activité, sur tout le territoire français,
07:06 et pour tous les niveaux de diplôme, c'est véritablement un succès,
07:10 et c'est un succès aussi parce qu'on a un taux d'insertion qui est très bon,
07:13 2 apprentis sur 3 sont insérés dans un emploi durable après 6 mois,
07:17 et sur certains secteurs d'activité, encore plus, près de 7 sur 10,
07:21 donc on voit à quel point c'est intéressant,
07:25 et qui a permis probablement aussi de réduire le taux de chômage des jeunes,
07:29 et c'était évidemment une visée du Président de la République.
07:31 Alors on a battu un record, vous avez évoqué ce chiffre de 837 000 contrats d'apprentissage signés,
07:35 qui sont des vrais contrats de travail, quand même un petit bémol,
07:39 on voit quand même des ruptures, des taux de rupture assez importants,
07:42 alors ils ont baissé en 29% en 2019, c'est-à-dire des apprentis,
07:46 qui pendant leur première période d'essai, voire après, allaient rompre leur contrat,
07:51 et donc allaient quitter l'apprentissage, on est passé à 24% des apprentis,
07:55 donc c'est 1 sur 4, est-ce que c'est un sujet d'inquiétude pour vous ?
07:59 Parce que dans les mobiles, il y a évidemment un problème du comportement
08:03 qui est observé côté employeur, mais de l'autre côté, on a aussi des apprentis
08:07 qui disent partir parce que le métier ne les intéresse pas,
08:10 ou parce qu'ils ont trouvé un emploi directement, sans passer par l'apprentissage.
08:13 Est-ce que vous dites sur ce sujet-là, il faut être un peu vigilant, quand même ?
08:17 1 sur 4, c'est beaucoup ?
08:18 Absolument, il y a un vrai sujet qualité, que je souhaite pouvoir conduire
08:22 par la concertation, la discussion avec les acteurs,
08:24 je les ai déjà informés de cette discussion à venir,
08:27 qui doit nous responsabiliser tous.
08:29 Comment on fait ?
08:30 Déjà, il faut bien comprendre quel est le taux de rupture,
08:33 qui effectivement est à qui ?
08:34 De quel côté ? C'est vrai.
08:35 Est-ce que le jeune a retrouvé un contrat juste derrière,
08:39 ou est-ce qu'il est sans solution ?
08:40 Et donc, j'ai demandé à analyser finalement ces statistiques
08:44 pour qu'on puisse conduire les actions de correction.
08:47 Mais il va falloir un engagement de tous pour accompagner mieux le jeune,
08:50 déjà dans sa préparation de projet et l'orientation qu'il choisit,
08:54 mais aussi dans son apprentissage,
08:56 et autour du maître d'apprentissage, il y a probablement aussi des réponses à apporter.
09:00 Et en cas de rupture de contrat, il y a aussi un enjeu à mieux accompagner le jeune.
09:04 Et puis, je voudrais aussi que les entreprises se responsabilisent.
09:07 Nous finançons notamment l'aide à l'employeur de 6 000 euros pour tous.
09:12 6 000 ?
09:13 Ça c'est maintenu, vous confirmez ?
09:14 Absolument.
09:15 Parce qu'il y a eu un petit débat.
09:16 Non, jusqu'à 2027, le président s'y est engagé début janvier.
09:20 C'est un enjeu pour nous aussi, que les employeurs jouent le jeu quelque part,
09:25 et qu'ils laissent le jeune aller jusqu'au bout du diplôme,
09:28 et qu'ils ne l'embauchent pas non plus en amont,
09:30 ce qui peut arriver quelques fois, quand le jeune donne satisfaction.
09:34 On propose au jeune de l'embaucher, il ne va pas jusqu'au bout du cursus,
09:37 et ça c'est anormal, et c'est une vraie responsabilité partagée que nous devons prendre.
09:41 Pour clore cette partie, c'est 16% de ceux qui ont été interrogés par le baromètre
09:46 de la Fondation Adéco pour donner la source,
09:48 et le cabinet Quintet Conseil et l'association Walt,
09:50 16% disent qu'ils ont trouvé un nouvel emploi ailleurs.
09:53 Les autres, à 22%, c'est une mauvaise expérience,
09:55 qui revient peut-être à l'accueil et à la manière dont ils sont accompagnés.
09:59 Et puis d'autres, d'une manière assez basique d'ailleurs,
10:02 évoquent tout simplement l'envie de partir.
10:05 Donc il y a un vrai sujet de préoccupation sur engager dans la durée l'apprenti,
10:11 pour qu'en bout de chaîne il ait un véritable emploi,
10:13 parce qu'on a quand même aujourd'hui des pénuries de secteur.
10:16 Et puis on a un vrai sujet, découvertes des métiers, orientation.
10:19 Mais très important. L'entreprise dans l'école, ça c'est un sujet important.
10:23 On a un vrai sujet de manque de connaissances finalement des jeunes,
10:27 de ce que c'est que le monde de l'économie,
10:30 de ce que c'est l'orientation qu'il est en train de prendre.
10:33 Et donc c'est pour ça qu'on engage avec le ministre Papendiaï
10:36 un chantier de découvertes des métiers 5e, 4e, 3e,
10:40 pour que les jeunes découvrent des familles de métiers,
10:42 au-delà de ce qu'ils connaissent dans leur environnement familial.
10:45 On sait que les jeunes connaissent une dizaine de métiers,
10:47 ceux de leur entourage familial.
10:48 Mais qui sont liés à l'environnement, c'est vrai.
10:50 Et voilà, c'est un sujet, parce qu'au fond,
10:52 si vous n'avez pas les métiers de l'industrie, les métiers de la culture,
10:54 ou les métiers du numérique autour d'eux,
10:56 c'est important de les découvrir,
10:58 et de savoir si ça vous correspond ou pas,
11:00 et c'est un enjeu pour nous.
11:01 D'ailleurs, vous faites la transition avec une autre réforme qui est attendue,
11:04 et ça, elle a été évoquée par le président Macron,
11:06 et il l'apporte, cette réforme des lycées professionnels.
11:08 Avant de rentrer dans le détail, qui vient faire écho à ce que vous dites,
11:11 l'idée c'est d'augmenter la durée des stages,
11:13 de mieux rémunérer les stages,
11:14 de démarrer plus tôt la détection de ces jeunes,
11:17 dès la 5e, qui permettrait à ces jeunes
11:19 d'être orientés plus rapidement vers des métiers techniques,
11:22 pour certains.
11:23 Quand même, le mariage apprentissage lycée professionnel,
11:26 parce qu'avant, il n'y avait que des lycées professionnels,
11:29 et il n'y avait pas d'apprentissage, ou très peu,
11:31 sauf dans quelques métiers manuels, la boulangerie et quelques autres.
11:34 Comment on fait cohabiter ces deux modèles ?
11:36 Et d'ailleurs, pourquoi les faire cohabiter ?
11:38 Alors aujourd'hui, il y a 630 000 jeunes en lycée professionnel,
11:42 et vous avez 60 000 jeunes qui sont en lycée professionnel
11:45 et qui sont en apprentissage.
11:47 Il n'est pas forcément évident pour ces jeunes d'être en apprentissage.
11:50 Pourquoi ?
11:51 Parce qu'ils sont plus jeunes qu'il y a quelques années,
11:53 ils sont mineurs, puisqu'on ne redouble plus.
11:55 On a des jeunes plus jeunes qu'auparavant,
11:57 avec beaucoup de fragilité scolaire,
11:59 et c'est d'ailleurs un des leviers de motivation de cette réforme.
12:02 Il n'est pas destiné d'être en difficulté scolaire
12:04 pour être orienté vers le lycée professionnel.
12:06 Excusez-moi, c'est ce qui se disait beaucoup à une époque,
12:08 c'était les filières des potoirs tirées en lycée professionnel,
12:11 ce qui ne valorisait pas les métiers.
12:13 Et c'est un problème, parce qu'en fait, véritablement,
12:15 cette voie professionnelle, elle ouvre des perspectives de carrière
12:17 qui sont tout à fait intéressantes et valorisées,
12:19 notamment financièrement,
12:21 avec des vraies perspectives d'évolution.
12:23 Et donc, on voit qu'aujourd'hui,
12:25 il y a un déficit de reconnaissance de la filière du lycée professionnel,
12:28 sur laquelle je souhaite travailler.
12:30 Il y a cinq ans, on a travaillé sur la reconnaissance de l'apprentissage,
12:33 comme voie au fond d'excellence et d'insertion dans l'emploi.
12:36 Mon chantier aujourd'hui, c'est de faire de même pour le lycée professionnel,
12:40 mais pas forcément de faire du tout apprentissage,
12:42 ni de sortir du caractère national des diplômes,
12:45 mais de travailler sur la reconnaissance de cette voie,
12:47 en lui donnant, au fond, plus de prise entre entreprises et écoles,
12:52 et qu'il y ait plus de proximité entre l'entreprise et l'école.
12:56 - Et de stage, parce que vous insistez beaucoup sur ce sujet.
12:58 - De stage, mais aussi plus de développement de partenariats avec les entreprises,
13:04 mais aussi des formations qui soient plus, j'ai envie de dire,
13:07 accompagnatrices des grandes transitions,
13:09 notamment numériques, écologiques ou démographiques.
13:11 - Donc, des fins de filière, vous confirmez ça.
13:13 On va se tourner plus vers le climat, le numérique,
13:15 et on va abandonner quoi ?
13:16 Vous avez fait le choix, parce que visiblement, c'est pas tranché.
13:18 - Alors, on a un outil qui s'appelle InserJeune,
13:20 qui est un bel outil, d'ailleurs, que je conseille aussi aux parents,
13:23 parce que cet outil-là permet de voir quel est le taux d'insertion dans l'emploi
13:26 et le taux de poursuite d'études des formations qu'ils visent.
13:30 Et, tout simplement, sur ces indicateurs-là,
13:32 les formations les moins effectives,
13:35 qui emmènent le moins vers l'emploi ou la poursuite d'études,
13:37 seront appelées à être fermées.
13:39 - Dans les métiers tertiaires, Manuel, c'est quoi les... ?
13:42 - Par exemple, les métiers tertiaires,
13:43 ce qu'on observe, c'est qu'effectivement,
13:45 les taux d'insertion sont meilleurs dans les filières production.
13:47 - Bien sûr.
13:48 - Et là, on voit aussi que 40% de filles sont en lycée professionnel,
13:52 mais elles ne sont que 13% dans les filières de production.
13:55 Donc, c'est pour moi un vrai sujet aussi de parité entre les filles et les garçons.
13:58 Mais c'est un sujet pour moi surtout de pilotage,
14:00 par rapport à ces indicateurs de taux d'insertion et de poursuite d'études.
14:04 Et puis, on va faire beaucoup aussi pour accompagner les fragilités des élèves
14:07 et faire en sorte qu'ils soient accompagnés dans leurs projets professionnels,
14:10 accompagnés dans leurs difficultés scolaires,
14:12 et puis préparés aussi à mieux vivre cette période de stage
14:15 pour qu'elle soit vraiment pleinement vécue.
14:17 Et c'est tout cela qu'on est en train de construire,
14:19 mais avec les équipes pédagogiques qui sont formidables en lycée professionnel.
14:23 - Oui, souvent de bons niveaux, d'ailleurs.
14:25 - Absolument.
14:26 - Ces professeurs qui accompagnent les élèves.
14:28 Quand vous dites fragilité, vous parlez d'élèves qui ont finalement
14:30 parfois des lacunes, des difficultés dans le langage scolaire, dans l'orthographe.
14:34 C'est ça, les sujets qui sont sur la table,
14:36 et qui sont face aux professeurs.
14:38 - Absolument.
14:39 - Comment on fait, là ?
14:40 On remet une piqûre de rappel ? On insiste ?
14:42 - L'idée, c'est d'aller faire plus de sous-groupes,
14:44 d'aller accompagner mieux le projet de l'élève.
14:47 Donc, entre ceux qui veulent poursuivre des études
14:49 et qu'on souhaite véritablement renforcer pour mieux les préparer,
14:52 aller se raccrocher aux études supérieures,
14:54 ou des élèves qui vont par exemple être allophones,
14:57 ou en situation de handicap, ou avec de grosses difficultés scolaires,
14:59 tout simplement, et avec qui on va travailler même sur des difficultés d'illettrisme.
15:03 - Oui.
15:04 - Parce qu'on a de vrais enjeux en lycée pro, aussi, à ce sujet.
15:07 - Texte de loi, en tout cas en préparation, avec des filières à l'arrêt,
15:10 et ce sera pour septembre, avant de nous quitter,
15:13 parce que le temps file à...
15:14 - Une réforme progressive, elle va s'installer progressivement.
15:16 - Oui, ce n'est pas un coup près qui tombera sur les lycées.
15:18 Demain, tous reconvertis, c'est vous qui avez fait l'ouverture de ce salon,
15:22 alors de la reconversion, qui est un mot, là aussi,
15:25 qui peut être utilisé à double tranchant.
15:27 On peut avoir vécu le Covid et se dire, je pars élever des chefs dans le Périgord,
15:31 ça c'est la reconversion positive, puis il y a des reconversions,
15:33 entrons dans le vif du sujet, où on dit, votre filière va disparaître,
15:37 et il va falloir vous reconvertir.
15:38 Ça, c'est plus douloureux.
15:40 - Qu'est-ce que vous mettez en place concrètement pour ce public, pour ces salariés-là ?
15:44 - Ce sur quoi je me suis exprimée sur l'ouverture de cet événement,
15:47 qui est un événement majeur, parce qu'un jeune, aujourd'hui,
15:49 - Une idée de transition.
15:51 - Il va changer de métier entre 13 et 15 fois dans son parcours de carrière,
15:54 donc on voit à quel point l'enjeu est crucial,
15:56 pour l'employabilité tout au long de la vie.
15:58 Et donc, mon enjeu, il est au fond de faire le diagnostic
16:02 qu'on a un empilement de dispositifs en France,
16:05 qui sont tous bien pensés, mais en fait,
16:08 - Assez mal utilisés.
16:10 - Difficile à mobiliser.
16:11 Donc l'idée est de simplifier tout cela,
16:13 et de construire plutôt un modèle d'alternance tout au long de la vie,
16:16 et qui permette d'accompagner le projet de l'actif,
16:19 quel que soit son âge, qu'il soit, qu'il ait 40 ans,
16:22 et qu'il ait envie de changer de projet professionnel,
16:24 parce que, au fond, c'est son choix,
16:26 ou parce qu'elle ait subi cette réorientation professionnelle,
16:30 et de mieux s'articuler aussi les outils,
16:32 entre compte personnel de formation,
16:34 réhabilitation des acquis de l'expérience,
16:36 et je suis très engagée sur une rénovation de la validation des acquis d'expérience.
16:40 - Valoriser encore plus les compétences acquises dans l'entreprise.
16:43 - Absolument. En entreprise et en dehors.
16:45 Aujourd'hui, c'est vrai qu'on a une culture française du diplôme de formation initiale,
16:49 qui est très implantée,
16:51 on a du mal à aller reconnaître l'expérience professionnelle,
16:53 et lui donner un niveau de diplôme,
16:55 et on a du mal aussi à se dire qu'une expérience en dehors du monde professionnel,
16:58 qu'elle soit associative, qu'elle soit politique, syndicale, peu importe,
17:02 vaille aussi un niveau de compétence qui puisse être reconnu de manière complète ou partielle dans le cadre d'un diplôme.
17:07 - Avant de nous quitter, je vous rappelle un article des Echos qui disait
17:09 "les métiers de 2035, on ne les connaît pas encore",
17:11 et ça, c'est j'imagine un tableau de bord sur lequel vous travaillez avec des experts et des chercheurs,
17:16 au même titre que vous aviez des statistiques sur les apprentis,
17:18 est-ce que vous avez des nouveaux métiers qui sont devant,
17:21 et vous dites "ceux-là, il faut impérativement reconvertir une partie de notre population
17:25 et de salariés qui sont dans le thermique des moteurs,
17:28 et qui dans 10 ans, on leur dit peut-être même moins,
17:31 c'est fini, vous ne ferez plus de moteur thermique".
17:33 Comment on organise ça ? Quels sont les nouveaux métiers qui sont devant nous ?
17:37 - C'est ce que j'indiquais tout à l'heure, notamment pour le lycée professionnel,
17:40 remobiliser le lycée professionnel vers ses grandes filières.
17:42 On sait que les transitions écologiques, numériques et démographiques,
17:46 notamment vers le grand âge, sont des enjeux majeurs.
17:49 Par exemple, la Première Ministre nous réunit demain avec quelques ministres,
17:53 et moi dans ma compétence sur la formation,
17:56 pour aller accompagner ces grandes transitions, notamment écologiques,
17:59 demain pour aller accompagner les nouveaux métiers,
18:02 notamment dans l'énergie et le transport,
18:05 qui vont nécessiter de nouvelles compétences,
18:07 et sur lesquelles aussi bien le lycée professionnel que la formation continue
18:10 doit être pleinement mobilisé pour former nos futurs actifs et nos actifs.
18:15 - Et donc ça veut dire derrière, des relais soit en apprentissage,
18:18 soit dans des filières, parce qu'il y a aussi des filières à créer,
18:20 il y a des métiers, on sait que ce métier existe, mais la filière n'existe pas.
18:24 Donc il faut aussi enclencher des filières scolaires,
18:27 c'est ça l'objectif final.
18:29 - Par exemple là, je viens de créer un bac pro numérique.
18:32 Il n'existait pas au lycée professionnel,
18:35 or j'ai besoin de créer ces filières vers les métiers du numérique,
18:38 pour qu'elles participent à créer des parcours de, j'envisage,
18:41 bac -3 à bac +5, qui permettent aussi d'emmener les jeunes de la voie professionnelle
18:45 vers les filières du numérique, de la cybersécurité,
18:48 de tous les développements finalement de la société,
18:52 et c'est un enjeu évidemment stratégique dans lequel la question des compétences
18:56 et de la préparation des compétences est stratégique.
18:58 - Merci Carole Grandjean. - Merci à vous.
19:00 - C'était un vrai plaisir de vous accueillir dans Smart Job,
19:02 et puis accueillir une ancienne DRH, c'est toujours un plaisir,
19:04 vous êtes la bienvenue quand vous le voulez.
19:06 Ministre délégué chargé de l'enseignement et de la formation professionnelle
19:09 avec ce double ministère, pas peine d'y aller,
19:11 éducation nationale, et Olivier Dussopt,
19:13 ministre du travail, du plein emploi et de l'insertion.
19:16 Merci à vous. - Merci.
19:17 - Tout de suite, c'est notre rubrique "Fenêtre sur l'emploi".

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