SMART BOURSE - Planète marché(s) du jeudi 27 avril 2023

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Jeudi 27 avril 2023, SMART BOURSE reçoit Louis de Fels (Directeur Général - Responsable de la gestion collective, Gay-Lussac Gestion) , Malik Haddouk (Directeur de la Gestion Diversifiée, CPR Asset Management) et Valérie Gastaldy (Stratégiste, DaybyDay)
Transcript
00:00 (Générique)
00:09 Trois invités avec nous chaque soir pour décrypter les mouvements de la planète marché.
00:12 Valérie Gastaldi est avec nous, stratégiste de Debaidé.
00:15 Bonsoir Valérie.
00:16 Bonsoir Grégoire.
00:17 Merci d'être là. Merci à Louis de Fels de nous accompagner également.
00:20 Bonsoir Louis.
00:20 Bonsoir Grégoire.
00:21 Ravis de vous retrouver, directeur de la gestion de Gaelus Sac gestion et Malik Haddouk avec nous également en plateau.
00:25 Bonsoir Malik.
00:26 Bonsoir Grégoire.
00:27 Directeur de la gestion diversifiée de CPR Asset Management.
00:30 Malik, c'est le chiffre macro du jour, la première estimation de croissance américaine avec toutes les inexactitudes et les imprécisions par construction qu'on trouve dans ce genre de premières estimations en l'occurrence.
00:42 Qu'est-ce qu'on retient derrière le chiffre de 1,1% de croissance en rythme trimestriel annualisé pour l'économie américaine ?
00:51 Et la question étant de savoir à quelle vitesse est-ce que l'économie américaine ralentit aujourd'hui ?
00:55 Alors, je vais prendre l'analyse du chiffre d'un autre angle.
00:59 Ce n'est pas un bon rapport pour moi parce qu'il y a à la fois ralentissement et maintien d'une inflation élevée.
01:05 Donc ça, ce n'est pas très beau du côté des banquiers centraux qui s'inquiètent toujours d'une inflation qui résiste.
01:11 Le ralentissement, on s'y attendait, mais il est un peu plus prononcé comme vous l'avez mentionné.
01:17 Sur le deuxième trimestre, on attend une croissance du même niveau autour de 1,1%.
01:23 Donc pour l'instant, la croissance américaine résiste.
01:28 Pour autant, ce qu'il faut, c'est un ralentissement un peu plus marqué si on veut s'attaquer à l'inflation
01:33 dont l'indice sous-jacent reste assez élevé et assez stable.
01:38 Donc c'est un rapport pour mitiger. On voit du côté de l'emploi que ça résiste aussi pas mal.
01:46 Donc si on devait faire un résumé sur la situation économique américaine aujourd'hui,
01:51 si on regarde les indicateurs avancés, ils témoignent d'un ralentissement à venir.
01:56 Donc on se projette à 3-6 mois.
01:58 Si on regarde les indicateurs retardés, ils vous disent que la situation est plutôt bonne.
02:03 On regarde le marché de l'emploi, le nombre de postes ouverts.
02:06 Et puis si on regarde les indicateurs coïncidents, ceux actuellement, c'est mitigé.
02:12 On a une croissance qui se maintient malgré tout, malgré les resserrements des conditions de crédit,
02:17 malgré la hausse des taux hypothécaires, les PMI qui ont remonté, les PMI-Service.
02:22 On a une économie qui reste résiliente pour le moment.
02:24 Donc pas d'inquiétude vraiment sur une récession, en tout cas marquée pour la fin de l'année.
02:33 Éventuellement une récession, mais très légère et peu importante.
02:38 - Moi ce qui me marque, c'est par exemple dans des secteurs identifiés
02:42 comme les secteurs attaqués justement par la hausse des taux, comme l'immobilier,
02:46 oui il y a de la faiblesse, oui il y a une baisse des transactions, oui il y a une baisse des prix.
02:50 Mais quand même, on a vu d'ailleurs sur le mois de février que l'indice des prix Keychiller arrêtait de baisser.
02:56 On a vu également que malgré des chiffres négatifs,
03:00 on a quand même souvent des chiffres du secteur immobilier qui ressortent un peu au-dessus des attentes,
03:04 qui arrivent à être quand même un peu meilleurs que prévu.
03:07 - Oui mais parce qu'on avait aussi une rebaisse des taux hypothécaires,
03:11 et puis sur la consommation, on voit que malgré tout, on continue à utiliser l'épargne accumulée
03:16 au cours des dernières années, mais ça, ça devrait avec le temps quand même finir
03:22 par alimenter une baisse de la consommation à venir,
03:27 parce qu'on va finir par arrêter d'épuiser l'épargne parce qu'elle va s'acheter,
03:32 puis il y a les conditions de crédit qui sont en train de se resserrer assez sensiblement.
03:37 Donc tout ça devrait amener à un ralentissement de la consommation dans les mois à venir.
03:42 - Consommation qui a été encore solide au premier trimestre.
03:47 Comment vous lisez ce chiffre Valérie ?
03:50 Où est-ce qu'on en est du cycle américain ?
03:53 Et est-ce que le ralentissement, ou l'idée d'une récession,
03:56 est forcément quelque chose de très progressif, très graduel, devant nous encore ?
04:01 - J'étais tout à fait d'accord avec votre analyse.
04:08 Je ne sais pas très bien ce qu'on peut ajouter, parce qu'on est vraiment dans une période
04:12 où il faut attendre et voir, et où a priori, à moins qu'on ait un accident complètement inattendu
04:21 qui justifierait un très fort ralentissement et très brutal,
04:26 on ne voit pas pourquoi on aurait ce ralentissement brutal,
04:28 mais on ne voit pas non plus pourquoi on aurait rapidement une nette amélioration de la situation.
04:35 On est plutôt dans une période où on attend de voir comment les hausses de prix
04:45 se transmettent aux hausses de salaire, à une possible baisse de la consommation de façon naturelle,
04:52 sans plus monter les taux, et pour le moment tout cela on ne l'a pas.
04:57 Mais en même temps, les banques centrales ne peuvent pas se permettre non plus d'aller trop loin,
05:02 trop vite, tout de suite.
05:03 Donc on est vraiment dans cet entre-deux où il faut savoir être patient,
05:10 il faut accepter qu'il y ait des moments où il faut attendre.
05:15 C'est ce qu'il y a de plus difficile, c'est vraiment de très très loin ce qu'il y a de plus difficile,
05:19 mais les marchés ce n'est pas tout noir et tout blanc, et l'économie non plus,
05:23 ce n'est pas tout le temps des trucs qui vont à toute allure dans un sens et à toute allure dans l'autre sens,
05:27 comme on l'a eu au cours des dernières années.
05:30 - On n'est pas obligé d'avoir des variations de je ne sais combien d'écart-type,
05:33 à chaque mois ou à chaque trimestre ?
05:37 - C'est sûr qu'on a été habitué depuis 3 ans, mais justement là il y a un moment où on digère,
05:44 et le paquebot est lancé en même temps.
05:47 - Je voulais rajouter juste un seul élément,
05:52 c'est qu'on est passé d'une activité qui était des soubresauts de la crise énergétique,
05:58 l'année dernière, qui avait eu un impact en tout cas sur les revenus réels,
06:05 mais qui n'a pas en fait véritablement impacté la consommation des ménages,
06:08 parce que encore une fois ils ont puisé dans leur épargne,
06:11 alors qu'on s'attendait à un ralentissement plus marqué, comme l'a souligné ma collègue,
06:14 et aujourd'hui on est dans une situation où on s'inquiète du risque de liquidité,
06:22 du risque de compression du crédit avec la situation de financement,
06:25 et la situation un peu de crise bancaire, de stress bancaire,
06:30 auquel on a assisté aux Etats-Unis, et qui est encore présent aujourd'hui sur les marchés,
06:35 même si la situation, encore une fois il faut être rassurant,
06:38 sur la situation financière des banques, que ce soit en Europe ou aux Etats-Unis,
06:43 où on a des banques de meilleure qualité, avec la réglementation, etc.,
06:46 ils ont des capital ratios qui sont largement au-dessus des normes exigées par les autorités de contrôle.
06:52 Mais il y a eu ce stress quand même, et ça, ça pourrait entraîner,
06:56 si les choses sont venues moins, justement, un resserrement des conditions de crédit un peu plus marquées,
07:01 qui pourrait impacter plus fortement la consommation et les entreprises.
07:05 - Sur le plan de la consommation, on a eu l'occasion d'écouter pas mal de grandes boites américaines,
07:10 de produits de base, de consommation, de restauration, bah...
07:14 Je m'en réfère à vous, Louis, vous l'analyste, mais...
07:18 - Le dernier chiffre, l'arbre qui cache un peu la forêt, en tout cas selon nous,
07:22 c'est que le problème, c'est qu'on voit bien que le cycle des biens et tout ce qui est plutôt des services
07:28 est complètement décorrélé.
07:30 Le problème, c'est que les biens sont clairement en récession,
07:32 ça fait plus de 5 mois que les PMI manufacturiers sont complètement enfoncés sous les 50,
07:36 ça se voit clairement dans le carnet de commandes, c'est très difficile, donc ça, c'est complètement acté,
07:40 vous regardez les filis, les index, les confiances même, tous les différents index,
07:45 il y a aussi l'indicateur, le fameux LEI, Leading Indicators aux Etats-Unis,
07:50 qui clairement, c'est la 6ème mois consécutif de baisse, et normalement,
07:53 c'est quelque chose, le S&P est corrélé à 66% par rapport à cet indicateur,
07:57 alors que là, il est plutôt en hausse, donc on voit que pour l'instant, ça tient,
08:00 bien évidemment, parce que le consommateur est toujours là.
08:02 Mais la question, c'est pourquoi le consommateur est toujours là ?
08:05 Parce que clairement, il y a un rattrapage encore post-Covid qui n'est pas finalisé,
08:08 ou peut-être qu'il s'est terminé, peut-être ce trimestre-là,
08:11 donc là, on arrive peut-être au bout, selon nous, des derniers chiffres,
08:14 et est-ce que tout le monde a annoncé la fameuse récession qui devrait arriver au 4ème trimestre l'année dernière,
08:18 ou le 1er trimestre ? Et en fait, ça a été décalé, décalé, décalé,
08:21 je pense que ça devrait arriver peut-être d'ici cet été ou d'ici la fin de l'année,
08:25 pourquoi ? Parce que déjà, il y a eu beaucoup de relances budgétaires,
08:28 donc les relances budgétaires sont venues au secours des relances monétaires qui ne sont plus là,
08:32 c'est-à-dire des chèques cadeaux pour tout le monde, un bouclier énergétique,
08:35 des chèques... il y a encore Total qui avait bloqué l'essence jusqu'à 2 euros,
08:40 mais tout ça, mis bout à bout, ça a quand même tenu la consommation,
08:44 que ce soit en Europe ou aux États-Unis.
08:46 Tout à l'heure, vous parliez en effet de l'épargne aux États-Unis qui tombait au plus bas,
08:48 là, c'est devenu complètement critique, l'épargne est quasiment revenue au 3ème.
08:51 - Le taux d'épargne ? - Le taux d'épargne.
08:52 - Le taux d'épargne, pas le stock, hein ? - Oui, le taux d'épargne est quand même beaucoup plus bas,
08:57 et ce qui est très compliqué... - On épargne beaucoup moins ?
08:59 - On épargne beaucoup moins, mais on a quand même plus et plus et plus d'élus dedans,
09:02 et il y a quand même, on va dire, ce plus faible revenu, ça commence à être très dire,
09:06 parce que là, ça y est, l'impact des prix commence à se ressentir maintenant.
09:10 Vous savez que depuis l'année dernière, c'était facile, les prix montaient, les salaires suivaient,
09:13 et en fait, finalement, tant que ça arrivait, on continuait, on continuait.
09:16 Mais le problème, c'est qu'il y a beaucoup trop de gens qui ont fait n'importe quoi,
09:20 et je pense qu'ils vont commencer à avoir un retour de bâton sur le consommateur.
09:23 Quand on dit que le consommateur, il était là, ça fait deux ans qu'il n'avait pas pu causer une phase Covid,
09:27 on parlait tout à l'heure, avant le plateau, des billets-trains pour cet été qui sont devenus stratosphériques,
09:33 et c'est vrai que c'est peut-être le dernier produit qui marche bien en ce moment,
09:36 parce qu'en ce moment, c'est vrai que tout ce qui est hôtellerie, tourisme,
09:37 c'est peut-être le dernier maillon qui tient encore bien, qui est un peu late cyclical.
09:41 Et le problème, c'était pour aussi revenir à ce qu'on disait tout à l'heure,
09:45 c'est le problème des bancaires, ce qui s'est passé de la fameuse liquidité,
09:48 ce qui serait justement, vous dites, oui, les banques vont beaucoup mieux, elles sont très solides,
09:52 mais en fait, on voit bien qu'aujourd'hui, ce n'est plus un problème de ratio de solidité,
09:56 c'est un problème de liquidité.
09:57 Vous n'allez pas avoir les plus beaux fonds propres de la Terre,
09:59 si, comme First Republic Bank, il y a plus de 100 milliards qui sortent en un mois,
10:04 votre banque, elle se retrouve complètement foutue.
10:07 Et je pense que là, c'est quand même assez dingue que le marché soit plus haut que mi-mars quand c'est arrivé,
10:13 avec tout ce qui s'est passé, parce que tout ça, avoir des vraies conditions de contraintes de crédit,
10:17 le consommateur américain qui lutte souvent via crédit,
10:20 maintenant, quand il va devoir consommer, vivre à crédit, ils vont exploser.
10:23 Si on a un an, le consommateur américain qui vit à crédit, avant, ça ne lui coûtait rien,
10:27 ça lui coûtait 0 ou 1 %, maintenant, ça lui coûte plus de 5 %,
10:29 tout ça, ça va avoir clairement un impact.
10:31 Donc, c'est vrai qu'aujourd'hui, là, on a eu une énorme salve de résultats de cette semaine,
10:34 on en parlera après, pour l'instant, ça tient,
10:36 mais nous, on est quand même beaucoup plus prudents pour la deuxième semestre de l'année.
10:42 C'est pour ça que, pour nous, c'est un peu le dernier chiffre.
10:45 - Chant du signe, quoi. - Voilà, là, on cache un peu la forme.
10:48 - Sur les dépôts, comme pour beaucoup d'autres classes d'actifs, entre guillemets,
10:51 il y a eu un boom délirant aussi pendant la période de Covid,
10:55 donc il y a une forme de normalisation.
10:56 C'est vrai que les chiffres font peur, comme ça, 100 milliards de dépôts qui s'en vont, etc.
11:00 En agrégé, il faut regarder la courbe des dépôts qui a été quand même exponentielle,
11:05 verticale, à partir de 2020.
11:06 - Surtout ce qui fait très peur, donc il y a les dépôts bancaires que l'on voit,
11:10 mais il y a aussi l'argent qui est sorti des bilans de la Banque centrale.
11:15 Et ça, pour la première fois, quand on regarde en Europe,
11:18 vous savez, les différentes masses monétaires,
11:20 chaque fois, j'ai un peu oublié ce que c'était M1, M2, M3,
11:23 mais c'est différents stades monétaires, peut-être qu'il n'y en a pas autant que ça,
11:26 mais pour la première fois, il y en a une qui se contracte,
11:27 et normalement, ça n'est jamais arrivé,
11:29 donc ça, c'est quand même pas très bon signe, notamment aussi pour l'économie.
11:33 - Qu'est-ce qu'on peut dire des actifs américains un peu macro,
11:36 type dollars ou marchés obligataires ?
11:39 Valéry, qu'est-ce que nous disent ces marchés-là ?
11:41 Est-ce qu'il y a des tendances bien affirmées, bien identifiées,
11:45 auxquelles on peut quand même se raccrocher au-delà de l'analyse économique ?
11:49 - Oui, d'abord, sur le secteur bancaire,
11:52 on n'a eu aucun signal grave, techniquement, sur les graphiques.
11:59 - Et aux États-Unis et en Europe ?
12:01 - Aux États-Unis, c'est un peu limite,
12:04 mais je me souviens quand même très très bien de tout ce qui s'est passé en 2007,
12:13 et des signaux qu'on a eus dès l'été 2007, sur le secteur bancaire,
12:17 qui ont été confirmés en janvier avec l'affaire Kerviel,
12:21 qui a quand même déclenché pas mal de choses aussi,
12:24 ça n'a absolument rien à voir.
12:27 Donc, pour le moment, moi je crois à l'ensemble de l'information disponible
12:35 auprès de l'ensemble des investisseurs,
12:38 et ça nous confirme le fait qu'il n'y a pas particulièrement de problèmes
12:42 dans le secteur européen,
12:44 et le secteur américain peut-être un petit peu moins confiante,
12:49 mais le marché américain dans son ensemble est moins intéressant.
12:53 Donc, aujourd'hui, avec des "si", on s'inquiète,
12:59 mais il faut bien se souvenir que ce ne sont que des "si",
13:02 il n'y a rien d'avéré,
13:03 les banques investissent elles-mêmes sur les marchés financiers,
13:06 donc elles sont les premières à savoir comment ça va chez elles,
13:09 et quand elles ont de l'info qu'elles ne partagent pas,
13:12 quand même elles traitent avec,
13:14 donc ça se voit, on ne peut pas passer inaperçue sur un marché,
13:17 tout ce qu'on fait ça se voit, ça laisse une trace.
13:20 Bon, et après, dans l'ensemble,
13:23 on a toujours un dollar qui reste assez faible,
13:26 et pour moi, c'est assez typique des périodes
13:33 où les investisseurs gentiment quittent les marchés américains
13:38 pour se repositionner, notamment sur le marché européen,
13:42 voire certains peuvent aller sur des pays émergents,
13:45 ce n'est pas encore très clair ce qui va se passer sur les pays asiatiques,
13:49 mais enfin, en tout cas, ils tiennent plus ou moins,
13:51 mais les pays européens, on le vend en poupe,
13:55 et en fait, on a vraiment ces vases communicants
14:01 d'un marché américain qui n'arrive pas à monter,
14:03 pour autant qu'il ne déboule pas,
14:06 et au fur et à mesure, le marché européen qui rattrape.
14:10 Ça fait quand même 17 ans qu'on était en sous-performance,
14:16 enfin pas 17 ans, mais 2007 à 2023, ou fin 2022,
14:20 que le marché européen a sous-performé.
14:24 On a une certaine marge de reprise par rapport au marché américain
14:29 sans qu'on ait besoin de rien pour l'expliquer,
14:33 de rien du tout, il y a un tel écart d'allocation
14:38 que ça peut se poursuivre.
14:40 - Indépendamment des événements, des ministres économiques du moment ?
14:45 - On est en train de couper les cheveux en quatre
14:47 pour essayer de lire des choses et d'extraire de la valeur de données
14:52 qui sont, on est complètement dans le bruit macroéconomique.
14:55 - Et à ce stade, Europe versus États-Unis,
15:01 on a envie de le jouer en relatif,
15:04 ou on peut jouer l'Europe absolument comme étant encore
15:08 peut-être des marchés en tendance haussière,
15:11 ça sans doute, avec encore du potentiel ?
15:13 - On est obligé de jouer les marchés européens toujours à la hausse,
15:18 peut-être pas pour une semaine ou deux semaines,
15:21 on est toujours à court terme,
15:23 on est sous les sommets, donc bien sûr qu'on va corriger encore une fois,
15:27 mais tous ces indices sont au plus haut,
15:32 le marché italien est au plus haut sur 10 ans,
15:34 ou à 1,5% de ses plus hauts sur 10 ans,
15:37 le marché français est au-dessus,
15:39 l'Allemagne presque au plus haut,
15:42 l'euro-stock 50 aussi presque au plus haut,
15:47 au plus haut de 2023,
15:49 qui est en plus haut de 10 ans et plus,
15:51 donc on peut pas être inquiet de marchés qui sont à ces niveaux-là,
15:56 peut-être que ça sera lent,
15:58 peut-être qu'on va piétiner encore un moment en 2023,
16:02 mais y'a rien qui nous dit de vendre.
16:05 - Qu'il faut quitter ces marchés-là aujourd'hui.
16:07 - Y'a pas tellement d'alternative en fait à cet investissement-là,
16:12 c'est la difficulté des cycles inflationnistes,
16:16 c'est que les obligations ne sont pas attrayantes,
16:19 de façon structurelle, elles sont attrayantes parfois à court terme,
16:24 mais dans l'ensemble elles ne le sont pas,
16:26 ce qui rémunère le mieux, c'est quand même les actions dans un marché...
16:30 - Dans un cycle inflationniste, comme j'entends.
16:33 - Maintenant dans un cycle inflationniste, la volatilité est plus élevée,
16:36 et donc il faut être meilleur en timing.
16:39 - Même si aujourd'hui tout le monde considère que l'obligataire, le crédit,
16:42 les rendements retrouvés sur cette classe d'actifs,
16:45 offrent quand même un peu de marge de manœuvre et de sécurité.
16:48 - Bien entendu, je ne suis pas tout à fait d'accord
16:51 concernant la valorisation relative des actifs,
16:55 entre actions et obligations aujourd'hui.
16:57 Aujourd'hui l'obligataire est attractif,
17:00 surtout si on anticipe un ralentissement à venir,
17:04 parce qu'on a des rendements, vous avez le marché monétaire aussi,
17:06 notamment aux Etats-Unis, qui est une alternative,
17:08 aujourd'hui sans risque, assez exceptionnelle,
17:11 sur des niveaux qu'on n'a jamais connus depuis 10 ans.
17:14 Ce qui maintient aujourd'hui le marché des actions,
17:16 et là je suis d'accord avec ce qui vient de être dit,
17:18 c'est la dynamique bénéficiaire qui reste bien soutenue.
17:21 Et elle est bien meilleure en Europe qu'elle ne l'est aux Etats-Unis.
17:25 Mais attention, les résultats qu'on a eus sur les valeurs technologiques américaines
17:28 sont de très bonnes factures, avec des marges qui se maintiennent malgré tout.
17:32 Donc ça, ça peut augurer aussi d'une poursuite du ralentissement.
17:37 Si les entreprises, dans un contexte inflationniste comme il a été mentionné,
17:40 arrivent à maintenir des marges, arrivent à maintenir un pricing power,
17:44 même si on a assisté à quelques baisses de marge,
17:47 mais ce n'est pas de l'ampleur à laquelle on s'attend,
17:49 à laquelle on anticipait.
17:50 Donc c'est assez résilient là aussi de ce côté.
17:53 Et comme vous le mentionniez en début de votre intervention,
17:56 il y a dans le domaine de la consommation,
17:57 il y a des valeurs, je ne vais pas les citer,
18:00 mais qui ont monté leur prix, où la demande a suivi.
18:04 - McDo, les prix ont monté de 10%, le trafic est en croissance.
18:06 Dans les magasins ?
18:07 - Voilà, donc c'est cette dynamique bénéficiaire
18:10 qui soutient encore aujourd'hui les marchés actions.
18:14 C'est la variable d'ajustement.
18:16 Le plus mauvais scénario pour les marchés actions,
18:18 ce serait que cette inflation sous-jacente n'arrive pas à rebaisser,
18:22 ce qui maintiendrait la pression sur les banques centrales
18:24 et qui amènerait à une remontée des taux,
18:26 et là on aurait une correction.
18:27 - Mais dans ce cas-là, est-ce qu'on garderait des obligations ?
18:30 Est-ce qu'on vendrait les actions pour appliquer des obligations, pas des masses ?
18:33 - Vous avez un carré sur la partie obligataire quand même,
18:35 qui vous protège contre une perte sèche, certaine.
18:40 - Il y a un peu de marge.
18:41 Sur des obligs à 5% de rendement, on peut perdre un peu, il y a de la marge.
18:46 - Ça c'est les obligs américains et un dollar qui baisse.
18:48 - Non mais là vous pouvez jouer la couverture du dollar,
18:50 si vous anticipez en plus une baisse, ça vous pouvez le gérer d'une autre manière.
18:56 Mais attention à l'attractivité des obligataires,
18:59 des rendements auxquels on fait face aujourd'hui,
19:01 bien sûr vous ne pouvez pas être absent de ce marché,
19:03 c'est ça que je voulais dire.
19:05 - Pour être assez prosaïque sur la réunion de la réserve fédérale,
19:10 - Non mais ouais, les dernières.
19:13 - D'accord.
19:14 - Normalement.
19:15 - D'accord.
19:16 Est-ce qu'ils doivent le dire ou pas ?
19:17 - Non ils ne le diront pas, je ne pense pas qu'ils le diront,
19:20 mais je pense que comme ça a été mentionné tout à l'heure,
19:23 il y a un effet retard avec les hausses des taux,
19:25 donc on sait que ça va impacter, donc je pense que là on est en effet...
19:28 - Il faut qu'ils le prennent de plus en plus en compte maintenant.
19:29 - Oui c'est effectivement ça.
19:31 Après sur la Banque Centrale Européenne, elle aussi,
19:33 elle fera 25 BP je pense,
19:35 mais elle par contre, elle a encore du chemin,
19:37 parce que l'inflation sous-jacente est encore plus élevée qu'aux Etats-Unis,
19:42 et donc ça c'est un problème,
19:43 et donc on devrait avoir encore 50 BP au cours des deux prochains 25 à chaque fois.
19:49 - Ah ouais.
19:51 - Sauf accident comme a été mentionné,
19:54 parce qu'on en reparlera,
19:55 mais bien sûr les discussions avec le relèvement du plafond de la dette aux Etats-Unis
19:59 risquent d'apporter de la volatilité et des incertitudes,
20:02 même si on n'ira pas aux défauts comme d'habitude.
20:05 - Oui, le marché a l'air un peu plus stressé que d'habitude quand même.
20:08 - Oui parce qu'on l'a vu sur les CDS,
20:10 mais bon le marché action il est bien stressé, le marché obligataire...
20:13 - Sur du 1 mois, 3 mois aussi quand même, ça se trouve.
20:16 - Oui mais là où ça a été le plus marquant c'est sur les CDS.
20:18 - Les couvertures.
20:20 Sur les entreprises,
20:22 on va laisser pour l'instant la question du défaut américain de côté,
20:26 mais sur les entreprises,
20:28 qu'est-ce que vous retenez des messages,
20:30 alors des grandes entreprises mondialisées
20:33 qui peuvent servir de référence, de benchmark,
20:35 et puis d'entreprises peut-être plus spécialisées
20:37 que vous suivez aussi dans votre univers, Louis ?
20:39 - C'est vrai que les résultats, ça fait 3 trimestres de suite
20:42 que l'on attendait tous à des baisses de bénéfices par action,
20:45 et c'est vrai que depuis le début de l'année,
20:46 il y a même eu des révisions à la hausse des bénéfices par action,
20:49 donc pour l'instant ça marche très bien, que ce soit aux Etats-Unis,
20:51 vous avez parlé tout à l'heure de Google, de Meta,
20:54 et même Microsoft, c'était génial,
20:56 donc dans le cloud, Azure, ça a été encore une très forte croissance,
20:59 avec des guidance aussi très bonnes,
21:01 si on revient aussi en Europe,
21:02 que ce soit des sociétés cycliques comme Michelin ont très bien publié,
21:05 Air Liquide c'était excellent,
21:07 Schneider, exceptionnel, vraiment avec une visibilité,
21:11 il y avait Pernod Ricard qui était un peu moins bien,
21:13 mais ils ont confirmé un très bon prochain trimestre
21:15 en disant qu'il n'y avait pas de down-trading aux Etats-Unis,
21:18 donc c'est-à-dire que les gens n'allaient pas vers des marques moins prémium,
21:20 - Il n'y a pas de baisse en gamme, oui.
21:21 - Donc pas de baisse en gamme, donc ça tient très bien,
21:23 donc le titre ouvre à -3, puis finalement il termine en hausse,
21:26 donc c'est vrai que c'est hyper compliqué de trouver,
21:29 mais je continue de penser qu'il y a un exemple criant,
21:32 vous regardez les Unilever, les Nestlé, etc.,
21:34 c'est quasiment 8 à 10% de croissance organique,
21:37 mais c'est quasiment 100% de hausse de prix pour Unilever,
21:41 et pour Nestlé qui je crois fait +8,
21:44 c'est +9 de prix et -1 en volume, voilà.
21:46 Donc pour l'instant le consommateur tient encore,
21:49 mais jusqu'à quand ?
21:51 Voilà, on voit que les volumes arrivent,
21:52 et je compte penser, donc là le premier trimestre,
21:54 c'est bien, donc là Unilever fait un plus haut historique,
21:56 Nestlé est un peu en retard pour d'autres choses,
21:58 donc là ça s'est bien orienté,
22:00 et même quand on revoit dans les secteurs un peu plus petits,
22:03 dans les services informatiques,
22:04 il y a Sworn, que l'on aime beaucoup,
22:05 chez Glusack Gestion,
22:07 qui fait encore +22 de croissance organique,
22:10 bon les États-Unis, 24,1, c'est encore très bien,
22:11 alors qu'ils ont une guidance de 15%,
22:14 qu'est-ce qu'il y a eu d'autre ?
22:16 Il y en a beaucoup, après il y en a une valeur
22:18 qu'on aime beaucoup, qui fait la une aujourd'hui.
22:20 - Oui, alors là c'est la situation spécifique du jour,
22:22 SES-ImagoTag,
22:24 je ne crois pas que ce soit la publication,
22:25 la publication est très bonne,
22:26 mais c'est plutôt l'aventure Walmart,
22:29 qui se concrétise une bonne fois pour toutes, visiblement.
22:31 - Voilà, c'est vrai que le premier trimestre,
22:33 qui n'est pas très grand chez eux,
22:34 est en très forte croissance,
22:35 mais en effet, on en parlait tout à l'heure,
22:38 c'est vrai que Walmart et cet électronique système,
22:40 donc SES-ImagoTag, en ant le nouveau nom,
22:43 c'est des étiquettes intelligentes
22:44 pour pouvoir changer en temps réel
22:47 les prix des magasins,
22:48 il faut savoir que les États-Unis, c'est encore fait à la main,
22:50 alors ça peut paraître bizarre en France,
22:51 parce que c'est vrai que quand vous allez chez Carrefour,
22:52 vous voyez l'étiquette,
22:54 et en fonction du matin, du soir,
22:55 les prix ne sont pas les mêmes,
22:57 et surtout que de plus en plus,
22:58 maintenant, SES-ImagoTag met des softwares dedans,
23:02 pour pouvoir connecter la data,
23:04 et donc pouvoir remonter en marge brute,
23:05 parce que vous savez qu'il y avait des pressions
23:07 des fashionnistes sur la marge brute,
23:08 forcément, parce que c'est des prix un peu des fashionnistes,
23:11 et là, Walmart a vraiment,
23:13 ça y est, enfin un puits sur le bouton.
23:15 - Les années de tests et d'expérimentation
23:17 des solutions SES-ImagoTag
23:20 se concrétisent, ça y est, là,
23:21 on part un contrat.
23:23 - Voilà, un contrat, donc 500 premiers magasins,
23:25 sur un peu moins de 5 000 aux Etats-Unis,
23:27 donc après, potentiellement, les autres pays,
23:29 donc c'est juste énorme,
23:31 et la cerise sur le gâteau,
23:32 pour sécuriser tous les programmes de ventes,
23:34 Walmart a dit qu'il prendrait jusqu'à 10% du capital
23:37 en fonction de chiffre d'affaires.
23:38 Donc aujourd'hui, c'est une société
23:39 qui fait un peu plus d'un milliard de chiffre d'affaires,
23:40 et potentiellement rien qu'avec Walmart,
23:42 il pourrait faire jusqu'à 3 milliards.
23:44 Donc juste pour vous dire le potentiel de croissance dessus,
23:47 et c'est vrai que l'outil n'avait pas fait grand-chose
23:49 depuis le début de l'année,
23:50 parce qu'il y a 2-3 fonds qui s'étaient mis short dessus,
23:52 et je pense qu'aujourd'hui, ils ont débouclé,
23:54 c'est très très mal.
23:55 - Ça prend 40%, plus de 40% là.
23:56 - Oui, ça fait plus de 40%,
23:58 c'est pour ça qu'on peut dire à nos téléspectateurs,
23:59 "Attention, quand vous êtes short sur des titres",
24:02 parce qu'à la baisse, la baisse est connue,
24:05 mais quand vous shortez un titre à la hausse,
24:06 malheureusement, c'est totalement inconnu.
24:08 Donc c'est ça, ce qui est assez intéressant,
24:10 mais voilà, parce qu'il y a eu cette société
24:15 qui est un peu à cas à part,
24:16 et il y a d'autres sociétés qui sont un peu symptomatiques,
24:19 c'était un peu les valeurs qui avaient bénéficié du Covid.
24:21 Nous, on a une société qu'on aime beaucoup
24:23 qui s'appelle MIPS ou même Thulé,
24:25 vous savez qu'ils font, donc MIPS,
24:27 c'est les casques dans les vélos,
24:28 vous savez, ils font la technologie,
24:30 donc quand vous chutez,
24:31 pour pas, en gros, qu'il y ait toute une technologie
24:33 pour empêcher les chocs,
24:35 donc ils l'ont développé pour le ski, pour la moto, etc.
24:38 Sauf que pendant le Covid, ça avait explosé,
24:39 donc il y avait des effets de base très durs.
24:41 Le T4, la dernière, était catastrophique,
24:44 ils avaient dit que le T1 serait affreux,
24:46 donc là, chiffre catastrophique, très en dessous des attentes,
24:48 le titre ouvre à -15.
24:50 Derrière, à la fin de conférence, ils se disent
24:51 "Ah, on pense qu'on a peut-être touché le point 20,
24:54 ça commence à s'améliorer dès le Q2".
24:56 Le titre est passé de -15, à terminer à -1,
24:58 et en hausse de 15% aujourd'hui quasiment.
25:00 Donc pour vous dire qu'il y a quand même
25:02 certains titres massacrés comme la dernière,
25:04 où il y a des choses à faire.
25:05 Donc c'est ça ce qui est un peu paradoxal,
25:07 c'est qu'aujourd'hui,
25:09 le marché est tenu que par les méga-cap,
25:11 c'est-à-dire qu'aujourd'hui, la hausse du marché,
25:12 que ce soit en Europe ou aux Etats-Unis,
25:13 s'est faite sur 10 actions,
25:15 je crois que 96% de la hausse du S&P s'est faite sur 2 actions,
25:18 Microsoft, Apple, Nvidia,
25:21 et enfin les grands classiques.
25:24 Et en France c'est pareil, en Europe c'est pareil,
25:26 il y avait avec LVMH, Hermès, Novo Nordisk, etc.
25:30 Donc on voit que peut-être pour la première fois,
25:34 ces marchés méga-cap,
25:36 il y a des choses à faire en tout cas en dessous.
25:39 - Sur ce phénomène de concentration de marché,
25:40 d'étroitesse de la hausse, ce n'est pas nouveau,
25:43 c'est peut-être qu'on atteint des standards un peu historiques
25:47 de ce point de vue-là, aux Etats-Unis, en Europe,
25:49 comme vous regardez ce phénomène.
25:50 - En Europe, il y en a eu 3.
25:51 - Il y a plus de participation,
25:53 il y a plus de largeur en Europe qu'aux Etats-Unis.
25:55 Et c'est un facteur qui plaide à nouveau.
25:57 - En Europe, 90% des actions ont monté
26:00 par rapport à fin octobre de l'année dernière.
26:05 90%.
26:06 Et en fait, celles qui n'ont pas monté,
26:07 qui plus est, c'est plutôt des mini-cap.
26:10 - C'est plutôt les micros.
26:12 - Qui se rattrapent alors après,
26:13 et qui peuvent faire plus de 50% en une semaine du coup.
26:17 Parce que, peu importe,
26:19 aussi pour des effets de réajustement,
26:21 pas forcément de convictions fortes.
26:25 Mais non, en Europe, la participation est forte.
26:27 Et il y a une rotation sectorielle continue,
26:30 il n'y a aucun secteur qui soit délaissé.
26:34 Tous les secteurs sont au plus haut sur l'histoire récente.
26:38 On n'est pas partout sur des plus hauts historiques,
26:40 des records historiques sur tous les secteurs.
26:42 - C'est un bon signe.
26:43 C'est un signe de force, de solidité,
26:44 d'une construction de marché qui est saine.
26:47 - Il faut du temps pour tout retourner.
26:49 Si on veut entrer dans une vraie tendance baissière,
26:53 il faut qu'action par action,
26:56 on ait des figures qui nous disent
26:57 que les actions repartent à la baisse.
26:59 Et donc, les actions font les secteurs qui font les indices.
27:03 Mais tout ça, ça a besoin de se diffuser.
27:05 Et donc, peut-être qu'on a le sommet.
27:07 On le saura plus tard.
27:09 Mais pour le moment, on ne peut pas le dire.
27:13 - Quels sont les secteurs forts aujourd'hui en Europe
27:15 sur lesquels il n'y a pas à réfléchir ?
27:19 Il y a des évidences en termes de tendance sectorielle ?
27:22 - En termes de ce qui va être le plus fort,
27:29 ce n'est vraiment pas facile parce que ça tourne tellement
27:33 que je pense qu'il faut être super équilibré
27:38 sur le benchmark et jouer le bêta.
27:40 Ce n'est pas tellement un truc...
27:42 - Il n'y a pas de pari spécifique sectoriel à prendre ?
27:45 On peut toujours le faire.
27:46 - Après, il y a des choses qui sont du timing à un moment donné,
27:49 qu'on peut tenter sur du timing,
27:50 mais ça va durer trois semaines
27:52 et puis après, il va falloir passer à autre chose.
27:54 Sur du court terme, parfois, on trouve
27:56 qu'il y a des secteurs qui ont trop monté,
27:58 d'autres qui ont trop baissé.
28:00 Mais après, ce ne sont pas des choses
28:03 qui sont faciles à maîtriser.
28:05 - Dans une logique d'un investisseur pas trop actif,
28:09 l'idée d'être équilibré en Europe,
28:11 c'est la meilleure idée possible ?
28:13 - Oui.
28:15 En plus, comme vous le faisiez remarquer, Grégoire,
28:18 on a beaucoup de nouvelles fondamentales,
28:21 que ce soit du micro ou du macro.
28:23 En ce moment, il y a beaucoup de choses qui bougent.
28:25 On ne sait jamais comment ces nouvelles
28:29 vont être interprétées par les investisseurs.
28:32 Et en fait, comme elles sont interprétées
28:34 en fonction de ce qu'ils pensaient auparavant,
28:36 ce n'est pas toujours la logique qui prime.
28:39 Des mauvaises nouvelles peuvent avoir un effet positif
28:41 parce qu'on pensait que ça allait être encore pire, etc.
28:43 Et donc, ces rotations,
28:45 elles peuvent être surprenantes pendant un certain temps.
28:48 Mais le seul truc qui n'est pas bien orienté,
28:50 c'est la techno.
28:52 - Voilà.
28:54 Jusqu'aux publications de la semaine
28:56 pour Microsoft, Alphabet, Meta,
28:58 ce soir Amazon et la semaine prochaine Apple.
29:00 - Ça, c'est GAFAM aux Etats-Unis, comme toujours.
29:02 Ce n'est pas la tech.
29:04 Je pensais au marché européen.
29:06 Et même les semi-conducteurs, ils étaient vachement bien.
29:08 Et là, il y a quand même un sacré coup de froid.
29:13 C'est un peu embêtant.
29:15 Donc, pour le moment, la tech,
29:18 ce n'est pas le truc sur 2023 toujours qu'il faut favoriser.
29:24 - Sur la construction de marché,
29:26 le phénomène des 3TS sur le marché américain,
29:28 et puis le retard toujours.
29:30 On a des nouveaux sous le soleil,
29:32 mais des small et mid-cap.
29:34 Je pense que c'est vrai aussi aux Etats-Unis avec le Russell.
29:36 Est-ce que pour un investisseur qui serait mal exposé
29:38 aux risques d'action aujourd'hui,
29:40 est-ce que c'est une bonne porte d'entrée
29:42 si on considère les small et mid comme une classe d'actifs
29:44 ou comme un segment de marché aujourd'hui ?
29:46 - Pas pour l'instant encore.
29:48 C'est trop tôt.
29:50 Surtout si on s'attend à un ralentissement.
29:52 Ce sont des valeurs qui sont plutôt corrôlées
29:54 avec l'activité domestique.
29:56 Donc, elles seraient un peu plus impactées.
29:58 Mais elles ne se comportent pas directement.
30:00 Sur les 3TS du marché américain,
30:02 c'est un danger, évidemment.
30:04 Parce que, comme on le disait,
30:06 il y a 5 valeurs qui expliquent
30:08 plus de 60% de la hausse du marché américain
30:10 et qui tiennent le marché américain.
30:12 Pour l'instant, ces valeurs s'en sortent bien.
30:14 Mais les valorisations sont quand même
30:16 assez tendues.
30:18 - Sur ces valeurs spécifiques ?
30:20 Parce que quand on enlève le top 5
30:22 ou le top 10, on perd 1,5 à 2 points.
30:24 - Oui, c'est ça, 2 points de PE.
30:26 - Oui, 2 points de PE.
30:28 On se retrouverait à 16,5,
30:30 qui est la moyenne historique,
30:32 contre 18,5 aujourd'hui.
30:34 Le marché européen est plus attractif
30:36 en termes de valorisation.
30:38 Même si là, il faut faire très attention.
30:40 Si vous enlevez les principaux contributeurs,
30:42 on se retrouve avec une valorisation
30:44 qui se rapproche de la moyenne.
30:46 On est autour de 14, 15.
30:48 Là où je suis à la fois déçu
30:52 et je n'arrive pas à comprendre,
30:54 c'est les marchés asiatiques,
30:56 et notamment les marchés émergents,
30:58 avec la Chine notamment.
31:00 Si je peux comprendre l'inquiétude
31:02 liée aux tensions diplomatiques
31:04 avec les Américains,
31:06 la Taïwan, l'Ukraine,
31:08 tout ce que les Américains sont en train de faire
31:10 pour essayer d'isoler les Chinois,
31:12 et toutes les décisions
31:14 qui ont été prises, notamment,
31:16 concernant l'alimentation en semi-conducteur
31:18 de la Chine.
31:20 Il y a quand même un pays
31:22 qui a galéré.
31:24 Tout le monde vous dit
31:26 que la majeure partie de la relance a été faite.
31:28 Il faut s'attendre à une déception.
31:30 - Tous les chiffres sont bons.
31:32 Macro, micro, publication ?
31:34 - Pas pour l'instant la micro.
31:36 Les chiffres de micro, il faut le reconnaître,
31:38 sont assez décevants.
31:40 Mais la tendance est à l'amélioration.
31:42 Il n'y a plus de dégradation.
31:44 On s'est arrêté en dynamique.
31:46 Tout le monde vous dit
31:48 que la principale contribution
31:50 à la hausse est déjà avérée.
31:52 Il ne faut pas s'attendre
31:54 à des chiffres en amélioration.
31:56 Il y a une réunion du Politburo.
31:58 Sur le parti de l'immobilier,
32:00 c'est vrai que les bilans
32:02 ne sont pas d'une qualité exceptionnelle,
32:04 mais la dégradation s'est arrêtée.
32:06 Et le consommateur, à mon avis,
32:08 il n'a pas pu user encore dans son épargne.
32:10 En fait, le consommateur n'a pas retrouvé
32:12 la confiance encore.
32:14 Mais je pense que c'est une question
32:16 de temps, et il va y avoir de nouveaux stimulus,
32:18 et le marché chinois,
32:20 à nos yeux, est très attractif.
32:22 Ça devrait profiter aussi
32:24 aux autres marchés de la région,
32:26 qui n'ont pas eu à monter les taux
32:28 aussi violemment que l'ont fait
32:30 les marchés des pays développés,
32:32 et où la tendance inflationniste,
32:34 elle aussi, est plutôt contrôlée.
32:36 La tendance désinflationniste est en marche.
32:38 Et où la croissance économique
32:40 va accélérer.
32:42 Voilà, c'est nous.
32:44 - Vous ne pensez pas, Malik,
32:46 que la situation actuelle,
32:48 et on n'est pas là pour faire de l'analyse géopolitique,
32:50 mais la dimension politique
32:52 et géopolitique aujourd'hui
32:54 écrasent tout le reste, et notamment l'intérêt
32:56 financier et économique. - L'intérêt pour la Chine
32:58 a été joué à travers les valeurs européennes.
33:00 C'est le proxy qui a été joué.
33:02 - Mais ça, c'est la nouvelle manière de faire,
33:04 j'ai l'impression, non ? - Oui, il y a une consommation
33:06 domestique interne qui est à jouer.
33:08 Quand vous voyez la valorisation,
33:10 on est à 5,5, 6. - C'est pour les investisseurs chinois.
33:12 - Oui, mais le jour où ils reviendront sur le marché...
33:14 - Non, mais ça, c'est...
33:16 Depuis que je suis chez Guilusac,
33:18 maintenant 16 ans que je suis sur les marchés,
33:20 très souvent, parce que nous, on est spécialiste
33:22 sur l'Europe et les US, mais pas du tout sur les émergents.
33:24 Donc nous, à chaque fois qu'on voit la thématique
33:26 envers la Chine, on n'a pas le choix
33:28 d'acheter des actions européennes exposées en Chine.
33:30 Et comme on dit très justement,
33:32 vous preniez le panier, nous on a créé des paniers
33:34 pour certains de nos clients, vous preniez L'Oréal,
33:36 les Richemont, les Mercedes, voilà.
33:38 - Les BMW. - Tout ça, qu'ils sont exposés
33:40 en Chine, c'est des paniers qui faisaient plus de 20%
33:42 en Chine depuis le début de l'année.
33:44 Donc c'est vrai que c'est des thématiques qui étaient assez porteuses.
33:46 Maintenant, la grande question, est-ce que ça continue ou pas ?
33:48 Nous, on pense que oui, il n'y a pas de raison que ça continue pas,
33:50 parce que c'est vrai que comme vous dites très justement,
33:52 aujourd'hui, la Chine n'a pas encore...
33:54 Les Chinois ne sont pas encore ressortis,
33:56 donc ils consomment à fond, mais localement.
33:58 Donc est-ce qu'ils vont ressortir ? Ça, on verra,
34:00 avec les différentes problématiques.
34:02 Mais c'est vrai que pour...
34:04 Nous, on est un peu plus embêtés,
34:06 on veut aussi un peu, parce qu'on est une maison spécialisée aussi
34:08 sur les micro-small and mid-cap.
34:10 Aujourd'hui, on suit un peu ce que vous dites.
34:12 C'est vrai que quand il y a des retraits liquidités, etc.,
34:14 c'est jamais bon d'aller dans les small-cap.
34:16 En plus, nous, on a ces ennemis
34:18 macro-économiques, normalement,
34:20 qui devraient arriver en récession,
34:22 c'est jamais très bon.
34:24 Néanmoins, on continue de penser, ce que je vous rappelle,
34:26 les micro-cap ont quand même fait -24 l'année dernière,
34:28 et lundi, il est 0 depuis le début de l'année.
34:30 Donc depuis fin juin, lundi, c'est 0 négatif,
34:32 le restock, le CAC +30.
34:34 - Beaucoup de mauvaises nouvelles, quoi, ça veut dire.
34:36 - Les nouvelles sont déjà bien intégrées.
34:38 Donc, le CAC, donc un ratio bilanciel
34:40 en relatif par rapport à l'HCAP, ça se paye aussi bas qu'en 2008.
34:42 Et en PE relatif, ça se paye plus bas que en 2008.
34:44 Donc, c'est comme du jamais vu.
34:46 Donc, je suis d'accord avec vous.
34:48 Nous, on dit à nos clients de ne pas se précipiter
34:50 sur la case d'actifs,
34:52 parce que de toute façon,
34:54 pour que ça se remette à surperformer,
34:56 on va re-rentrer, on parlait tout à l'heure de recyclé économique.
34:58 Je suis continu, on est très persuadé
35:00 que, peut-être pas maintenant, mais peut-être dans la deuxième partie
35:02 de l'année, quand enfin on aura acté la récession,
35:04 que les banquiers sont trop hautes, seront moins au couiche,
35:06 et que là, il y aura un signal fort,
35:08 on pourra dire, bon, ça y est,
35:10 c'est le moment, on vend les méga-CAP
35:12 qui ont bien tenu pendant la récession,
35:14 achetons les cinq prochaines années de croissance,
35:16 2023 quelque chose, jusqu'à 2028.
35:18 C'est ce qui s'était passé entre 2003, 2008, 2012, 2017.
35:20 - Valérie ?
35:22 - Cycle de surperformance des small-mid ?
35:24 - Il n'y a pas de pricing power aussi,
35:26 chez les small-cap.
35:28 - Ça dépend, il y a quand même des leaders dans ces secteurs.
35:30 Je suis sûr que les SES, ils m'agotent.
35:32 - Ils ont bien vendu leurs étiquettes et leurs informations.
35:34 - Ils sont concurrents, dans tout le monde de la sous-traitance,
35:36 c'est eux qui se font squeezer,
35:38 parce qu'ils n'ont pas de marque.
35:40 - Par l'automobile peut-être, oui.
35:42 - Je vois les choses en masse,
35:44 je ne dis pas qu'il n'y a pas d'exceptions, bien sûr,
35:46 il y en a toujours, mais en masse,
35:48 il n'y a pas le même pricing power dans un cycle inflationniste,
35:50 ce n'est pas bon.
35:52 Mais effectivement,
35:54 je ne vois pas encore...
35:56 - Il n'y a pas de timing, il n'y a pas de signal ?
35:58 - Non.
36:00 - Et sur le reste ?
36:02 - Je pense que c'est une différence relative.
36:04 Et de mémoire,
36:06 dans les années 80,
36:08 je pense que...
36:10 Mais c'est super important.
36:12 - Non mais...
36:14 - Mais c'est super important.
36:16 En fait, il faut se souvenir
36:18 que c'est dans les années 70, 80, etc.,
36:20 c'est là que les FAMA et CONSORT
36:22 ont fait des tas d'études
36:24 et ont expliqué que les small cap,
36:26 comme ça présentait un risque,
36:28 c'était un risque qui était très important.
36:30 Et les small cap, comme ça présentait
36:32 un risque supérieur,
36:34 ça devait rémunérer plus.
36:36 Et en fait, depuis les années 2000,
36:38 ça ne marche plus.
36:40 Mais...
36:42 Peut-être que c'était lié
36:44 à des raisons qui ne sont pas expliquées
36:46 par leur modèle, mais qui vont se représenter
36:48 à nouveau.
36:50 - Vous dites "ça ne marche plus" dans le sens où
36:52 on n'a plus cette prime de risque supplémentaire
36:54 sur les small cap.
36:56 - Depuis 2018.
36:58 - Depuis avant.
37:00 - Entre 2000 et 2018, il y a eu 16 années
37:02 de surperformance
37:04 de small cap par rapport au large cap.
37:06 De 2000 à 2018, je crois.
37:08 - Ça dépend des indices,
37:10 en tout cas pas aux États-Unis et pas au niveau européen
37:12 global. Après, pays par pays,
37:14 je ne sais pas, mais
37:16 aux États-Unis, le Rocel, ça fait très longtemps
37:18 qu'il sous-performe.
37:20 - Oui, c'était l'année...
37:22 - Oui, parce qu'aux États-Unis, il y a l'IGAFA qui est...
37:24 - Oui, le marché est complètement...
37:26 - C'est vrai qu'après, ça dépend comment on va
37:28 repondérer les indices.
37:30 - Non, mais j'entends
37:32 qu'effectivement, il y a quand même quelque chose d'assez
37:34 asymétrique dans l'évaluation un peu fondamentale
37:36 qu'on fait de ce marché-là,
37:38 enfin, sur la valorisation, etc.
37:40 - Oui, c'est compliqué. Parce que les problèmes de liquidité
37:42 sont super importants par rapport
37:44 à tout le reste. Ils priment, en fait.
37:46 Dès qu'il y a de la demande, ça s'enflamme
37:48 et quand il n'y en a plus,
37:50 c'est complètement creux.
37:52 Donc, voilà. Donc là, il n'y a
37:54 pas de raison de se précipiter.
37:56 On est d'accord pour le moment.
37:58 C'est pas très bien.
38:00 Pourquoi sont les facteurs clés
38:02 qui vont pouvoir... - Il faut attendre, quoi, en fait.
38:04 C'est ça, le message. Il faut attendre, pour l'instant.
38:06 - Oui, cette année...
38:08 - C'est un peu une année de patience.
38:10 - C'est un peu une année de patience.
38:12 - Tester la patience de l'investisseur.
38:14 Plafond de la dette, du coup, Malik ?
38:16 Je ne sais pas, oui.
38:18 Bon, écartons l'extrême défaut...
38:20 - Non, mais on va se la jouer
38:22 comme les années précédentes, 2011,
38:24 2023, un jour, un mois...
38:26 - Et donc, ça va perturber ?
38:28 - Ça peut perturber, bien sûr que ça va perturber
38:30 s'il n'y a pas d'accord
38:32 très vite trouvé. Bien sûr que ça va perturber
38:34 les marchés. - 2011, c'était
38:36 à 2 jours près, quand même. - Oui, mais les impacts
38:38 sur les marchés avaient été de -17% sur le marché
38:40 actions et, bizarrement, on avait une baisse des taux
38:42 et une appréciation du dollar.
38:44 Donc...
38:46 - Oui.
38:48 - Donc, le marché américain reste quand même
38:50 un marché... - Refuge. - Refuge.
38:52 - Merci beaucoup. Merci à vous trois
38:54 d'avoir été les invités de
38:56 Planète Marché.
38:58 Valérie Gastaldi, qui était avec nous, stratégiste
39:00 de Day by Day. Malik Haddouk, directeur
39:02 de la gestion diversifiée de CPR Assets Management
39:04 et Louis Defels, directeur de la gestion
39:06 de Guelus Sac gestion, qui étaient nos invités
39:08 en plateau ce soir.

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