SMART BOURSE - Emission du vendredi 28 avril

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Vendredi 28 avril 2023, SMART BOURSE reçoit Xavier Chapard (Stratégiste, LBP-AM) , Michel Ruimy (Économiste, SPAK) , Frédéric Rozier (Co-responsable de la gestion de portefeuille, Mirabaud) et Xavier Patrolin (Président, Albatros Capital)
Transcript
00:00 Smartbourse vous est présenté par Vernier, créateur vertueux d'indépendance énergétique depuis 1989.
00:07 C'est reparti pour Smartbourse, votre double dose quotidienne de marché en direct sur Bsmart chaque jour à la mi-journée 12h30-13h
00:22 et en fin d'après-midi la grande édition pendant une heure à partir de 17h, rediffusée à 20h sur Bsmart TV.
00:28 Émission que vous retrouvez chaque jour en replay sur bsmart.fr et en podcast sur l'ensemble de vos plateformes.
00:34 Au sommaire de cette édition ce soir, le bilan d'une semaine qui aura été une semaine de légère consolidation pour les marchés actions au global
00:43 qui va terminer ainsi le mois d'avril, c'est la dernière séance du mois d'avril qui aura été un mois positif dans son ensemble pour les marchés actions globaux.
00:52 La semaine s'annonce plutôt négative, une baisse de 1,5% pour les indices actions en Europe en moyenne avec une petite baisse à l'arrivée ce soir pour le CAC 40 juste sous les 7500 points.
01:04 La seuille symbolique des 7400 points a tenu aujourd'hui en séance et le CAC 40 retrace légèrement de 0,25% en cette fin de journée avec une semaine qui aura été intense
01:17 sur le front de la publication des résultats d'entreprise, bien sûr vous aurez quelques détails dans un instant avec Alix Nguyen
01:25 et puis sur le front également des indicateurs macroéconomiques avec les premières estimations de croissance trimestrielle pour des économies majeures
01:33 comme les Etats-Unis, comme la France, comme l'Espagne, l'Allemagne, l'Italie, la zone euro dans son ensemble.
01:40 On décryptera évidemment tous ces indicateurs macro concernant la croissance en zone euro, il faut noter une croissance plutôt médiocre, molle même pourrait-on dire
01:49 pour l'ensemble de la zone euro à +0,1% après un trimestre qui était déjà un trimestre de croissance nulle mais derrière ce chiffre il y a quand même des disparités
01:57 assez importantes en termes de dynamique de croissance avec une situation à front renversé.
02:02 Plus vous êtes proche du cœur, plus la croissance est nulle comme en Allemagne pour ce premier trimestre, plus vous êtes éloigné du cœur de la zone euro, plus la croissance est dynamique.
02:12 On a vu par exemple une croissance trimestrielle pour le Portugal à 1,6% sur le premier trimestre qui n'est pas une exception.
02:18 Le Portugal a quand même affiché de magnifiques trimestres de croissance tout au long de l'année 2022.
02:24 Décryptage de cette situation macro avec nos invités dans quelques instants et puis dans le dernier quart d'heure, le quart d'heure thématique
02:30 comme chaque dernier vendredi du mois, il sera consacré à un décryptage économique autour des finances publiques.
02:36 Nous parlerons des concepts de déficit au pluriel, de dette au pluriel et c'est Michel Rumi, économiste associé de SPAC qui sera avec nous une fois par mois
02:46 comme à son habitude à 17h45 en plate.
02:49 (Générique)
03:00 Mais d'abord le résumé de cette fin de séance qui vient marquer cette fin de semaine bien sûr et cette fin de mois d'avril sur les marchés à l'XNGYN avec une tendance relativement indécise.
03:11 On peut noter une petite baisse pour la plupart des indices actions en Europe à l'arrivée.
03:16 Eh oui, le marché dans son ensemble assimile une flopée d'informations tant sur le plan macro que sur le plan micro.
03:22 Aux États-Unis, l'inflation sous-jacente a de nouveau augmenté. L'indice Core PCE est en hausse de 0,3% sur un mois en mars.
03:32 C'est conforme aux attentes. Sur une base annuelle, le PCE dit de base à augmenter de 4,6%.
03:38 C'est légèrement supérieur aux attentes et en baisse de 0,1 point de pourcentage par rapport au mois précédent.
03:45 Composant volatil compris, le PCE global a aussi augmenté de 0,1% en mars par rapport à février.
03:52 L'inflation sous-jacente reste donc solide et conforte le scénario d'une hausse de 25 points de base des taux d'intérêt de la Fed en mai.
04:00 Et puis côté zone euro, Alix, les investisseurs ont pris connaissance tout au long de la journée des premières estimations de croissance pour le premier trimestre pour les différentes économies de la zone.
04:11 Oui, avec une économie allemande qui stagne, un PIB français plus résilient et une accélération de l'activité en Italie et en Espagne.
04:19 Les données sur l'inflation sont tout aussi contrastées avec une hausse sur un an en France et en Espagne.
04:25 Dans la plupart des lander allemands en revanche, elles se stabilisent voire étant replies.
04:30 D'après les chiffres officiels allemands, l'inflation est estimée à 7,6% en Allemagne sur un an.
04:36 Dans ce contexte, on rappelle que la BCE tiendra jeudi prochain sa réunion de politique monétaire.
04:42 La veille, c'est la Fed qui aura rendu sa décision.
04:45 Sur le plan micro, maintenant, Wall Street sanctionne Amazon mais salue Intel.
04:50 Il faut noter cependant que ça n'empêche pas le titre d'Amazon de rester en hausse de 25% environ depuis le début de l'année.
04:57 Pour rappel, l'entreprise s'attend à un déclin de ses activités cloud.
05:01 Ses perspectives ont plombé l'annonce d'un chiffre d'affaires et d'un bénéfice trimestriel pourtant supérieur aux attentes.
05:08 De son côté, Intel bondit.
05:10 Le fabricant de semi-conducteurs anticipe une amélioration de plus de 40% des marges brutes au second semestre.
05:17 Et ce, malgré une prévision de chiffre d'affaires inférieure aux attentes.
05:21 Et puis le marché reste toujours très vigilant à la question du stress bancaire avec une résurgence de tensions
05:27 ici et là qu'on peut retrouver du côté européen aujourd'hui.
05:31 Et oui, après les résultats de la banque britannique NatWest, au premier trimestre, ses dépôts ont baissé de 20 milliards de livres.
05:38 Son titre chute de plus de 90%. En Europe, le compartiment recule nettement.
05:44 A Paris, Rémy Cointreau chute. Le groupe fait état d'une hausse organique de son chiffre d'affaires de plus de 10%.
05:50 Et son chiffre d'affaires reste saupement inférieur aux anticipations. Dans son sillage, Pernod Ricard recule.
05:57 Et puis TF1 dégringole. Le groupe de télévision a publié des résultats en baisse.
06:02 Il fait les frais d'un recul des recettes publicitaires.
06:05 Tendance mon ami. Chaque soir, les infos clés de marché. Le résumé de la séance à 17h en direct avec Alex Nguyen dans Smartboard sur Bsmart.
06:14 (Générique)
06:24 Trois invités avec nous chaque soir pour décrypter les mouvements de la planète marché.
06:27 Xavier Patrolin est avec nous en plateau, le président d'Albatros Capital. Bonsoir Xavier.
06:31 - Bonsoir Grégoire.
06:32 - Merci d'être là. Merci à Frédéric Rosier de nous accompagner également.
06:35 Bonsoir Frédéric. - Bonsoir Grégoire.
06:36 - Co-responsable de la gestion de portefeuille chez Mirabeau et Xavier Chappard avec nous également en plateau.
06:41 Bonsoir Xavier. - Bonsoir Grégoire.
06:43 - Ravi de vous retrouver. Stratégiste à la Banque Postale Asset Management.
06:46 Commençons avec le déluge d'informations macroéconomiques qu'on a pu avoir pour la zone euro et les économies majeures, notamment de la zone euro.
06:55 Sur le front de la croissance peut-être pour commencer avec les premières estimations publiées tout au long de la journée.
06:59 Xavier, quels sont peut-être les enseignements un peu génériques qu'on peut retirer de ces premières estimations de croissance ?
07:05 Et puis quels peuvent être les enseignements spécifiques de cas particuliers ici et là ?
07:11 - Alors l'image globale, c'est une croissance qui en fait résiste quand même beaucoup mieux que ce qu'on aurait pu craindre cet hiver.
07:19 La zone euro a bien évité une récession cet hiver avec une croissance nulle au T4 et légèrement positive au T1.
07:25 Alors la croissance du T1 est un peu en dessous des attentes à 0,1 à la place de 0,2, mais c'est principalement dû à la baisse du PIB en Irlande.
07:33 Et on sait que le PIB irlandais est beaucoup impacté par des considérations fiscales.
07:39 - C'est des grands swings pour Irlande, c'est ça.
07:43 - Suivant ce que Apple ou d'autres grandes entreprises font.
07:46 Mais donc grosso modo, on a une croissance d'environ 0,2% pour le trimestre, ce qui est quand même relativement positif,
07:52 sachant qu'on avait la hausse des prix régulés de l'énergie dans pas mal de pays en début d'année.
07:57 Donc ça, c'est plutôt positif.
07:59 Si on regarde par pays, c'est vrai que ce que vous avez dit en introduction, donc les pays "cœur",
08:07 en gros les seuls pays qui ont une croissance nulle ou négative, c'est l'Autriche et l'Allemagne.
08:13 Donc on voit que c'est la zone marque qui souffre un petit peu.
08:16 C'est dû à leur grosse exposition à l'Europe de l'Est, au gaz, et aussi au fait que la réouverture chinoise est vraiment commencée en janvier.
08:24 Et donc on voit que les commandes, par exemple à l'industrie allemande, sont reparties mais à la fin du mois de mars en fait plutôt.
08:30 Donc on s'attend à ce que l'Allemagne retrouve un peu de croissance à partir du T2.
08:35 Les grands gagnants, c'est les pays du Sud, comme vous avez dit, avec l'Italie, l'Espagne.
08:41 Alors l'Espagne ou le Portugal, c'est quand même un gros effet de rattrapage.
08:45 Ils partaient encore d'un niveau assez bas, et notamment le fait que le tourisme se normalise, ça aide beaucoup.
08:51 La vraie bonne surprise, c'est l'Italie, où on a une croissance qui tient bien, malgré une exposition au gaz russe qui était quand même assez importante, malgré les incertitudes politiques.
09:01 Donc là on voit vraiment qu'il y a eu une amélioration.
09:04 Alors il y a les fonds européens qui doivent aider pour l'Italie, mais aussi je pense quelques réformes qui ont été faites sous le gouvernement de Draghi, qui commencent à porter leurs fruits.
09:18 Et donc on peut avoir l'espoir qu'après 20 ans de stagnation, l'Italie peut être sur une trajectoire en fin de croissance.
09:26 Et finalement pour la France, le consommateur français a souffert au T1, on a eu une baisse de la consommation.
09:36 Le commerce extérieur, qui a été le gros contributeur à la maigre croissance française qu'on a pu avoir.
09:41 Exactement, il y a le commerce extérieur mais qui est très volatile en France, parce que aéronautique et transport, mais il y a quand même la reprise du secteur automobile globalement, qui aussi bénéficie un peu à la France.
09:53 Ce qui est très intéressant en France, mais comme en Allemagne ou en Italie, c'est la très bonne tenue de l'investissement des entreprises.
09:59 Et ça c'est très différent de ce qu'on voit aux Etats-Unis, où il y a un tassement de l'investissement des entreprises.
10:05 En Europe, on a toujours des entreprises qui continuent à investir plus.
10:10 Et ça c'est plutôt positif pour le cycle, et ça suggère que la croissance peut tenir une fois que le consommateur a absorbé les hausses de prix.
10:18 La qualité de la croissance telle que vous venez de la décrire, permet d'imaginer toujours que la zone euro dans son ensemble puisse éviter un épisode récessif de plusieurs trimestres au cours de cette année 2023 ?
10:32 C'est notre scénario, oui, d'éviter la récession. La croissance, on l'attend faible quand même, parce qu'il y a la BCE qui recerche un politique monétaire.
10:40 Et aussi les Etats qui vont commencer à réduire les aides, qui étaient encore très importantes en début d'année.
10:47 On ne s'attend pas à une croissance très forte, mais une croissance légèrement positive, ce qui est quand même assez positif après le fort rebond qu'on a eu post-Covid.
10:59 Bon, ce sont des bonnes nouvelles Frédéric Rosier ?
11:02 Oui, surtout par rapport à...
11:03 Oui, parce qu'on peut toujours le tourner dans tous les sens. On peut vous faire le cas d'une croissance décevante, médiocre.
11:10 On l'a refait, il y a trois mois ou quatre mois, on était là en train de se dire, le prix du gaz, on va être pris à la gorge, les usines allemandes vont fermer.
11:17 Et donc on anticipait une contraction de l'économie allemande. C'était la situation il y a trois, trois, quatre mois.
11:22 Alors, on a eu de la chance, l'hiver a été plutôt clément, donc ça a permis effectivement de ne pas avoir cette pression supplémentaire.
11:30 Il y a eu énormément d'efforts de substitution et de sobriété.
11:33 Exactement.
11:34 Je le rappelle à chaque fois.
11:36 Oui.
11:37 Mais non, mais c'est important.
11:38 Mais la sobriété n'a pas trop pesé.
11:40 Oui.
11:41 Non, c'est ça là.
11:42 On n'a pas besoin d'être sobre dans un climat...
11:44 On a réussi à maintenir en niveau la production malgré des efforts de sobriété importants, de la part des ménages bien sûr, et des entreprises.
11:50 Tout à fait. Donc on était dans un scénario qui était assez négatif quand même il y a quelques mois.
11:54 Un scénario finalement, ce fameux soft landing, no landing, hard landing.
11:59 Donc là, on est un peu entre le soft, voilà, ou no landing.
12:04 Bon bref, pour l'instant, on est là-dedans. Après, ça peut se dégrader très, très rapidement.
12:08 Il y a du rattrapage sur l'Europe du Sud.
12:10 Voilà, quand vous voyagez dans ces pays-là, vous voyez qu'il y a un dynamisme incroyable de reprise, notamment par le tourisme.
12:15 C'est le cas également en Italie.
12:17 Donc oui, je dirais qu'on a évité le pire.
12:20 Voilà, maintenant, on est dans la phase d'après.
12:22 C'est-à-dire qu'on est dans la phase de...
12:24 On a évité le pire. On sait que la prolétarité du gaz va revenir assez rapidement, dans 6 mois ou 9 mois.
12:29 Parce que... Voilà. Sauf s'il y a un règlement en Ukraine, ce ne sont pas...
12:34 C'est pas, hein. On sort de l'hiver avec des stocks de gaz à plus de 50% en Europe.
12:38 Ce qui est du jamais vu à ce stade par rapport à l'historique.
12:43 Vu la température. Oui, mais bon, on sait que les stocks ne permettent pas d'alimenter la consommation en hiver.
12:49 Donc il faudra quand même les maintenir toujours dans cette capacité-là.
12:53 Donc on a évité le pire. Et c'est aussi ça que salue le marché, quelque part.
12:57 C'est le bon niveau d'activité, malgré tout.
13:01 Et on le voit, il y a une dynamique qui s'est opérée.
13:04 Par contre, sur les marchés, si on veut juste intervenir, c'est qu'il y a des inquiétudes plutôt sur la deuxième partie de l'année.
13:09 Et on voit notamment les thématiques cycliques aujourd'hui, plutôt en retrait.
13:13 Donc on voit que dans le sentiment des investisseurs, il y a toujours des doutes quand même sur le scénario.
13:18 Et une aggravation de la situation sur la deuxième partie de l'année. Mais la première partie est plutôt bien passée.
13:23 Xavier Patrolin, qu'est-ce qui vous intéresse dans ces premières estimations de croissance ?
13:27 Je rappelle à chaque fois, ces chiffres vont être révisés pendant des mois, des trimestres et des années.
13:32 Et donc ils sont par nature, par construction imprécis et inexacts. Mais donnent quand même une idée un peu de l'ensemble.
13:38 Ils sont assez conformes aux révisions auxquelles ont procédé et les gouvernements et les instituts statistiques européens depuis plusieurs semaines.
13:47 Ce sont des révisions positives. Donc là-dessus, on n'est pas très surpris de ces chiffres.
13:54 Ce que je mettrais en parallèle, c'est qu'on a des bons chiffres, mais ils ont comme corollaire un endettement public
14:02 et des déséquilibres de balance des paiements qui sont inquiétants.
14:08 Alors pour l'instant, le marché en parle très peu, sauf au travers du risque du dollar. Peut-être qu'on y reviendra après.
14:14 Balance des paiements, parce qu'on fera un petit cours de finance publique à la fin de l'émission dans le quinquennat.
14:18 C'est tous les flux biens-services et les flux financiers. C'est ce qui mesure, on va dire, votre dépendance à l'extérieur d'une certaine manière.
14:25 Typiquement, la balance des paiements de l'Allemagne était excédentaire de 8 points de PIB et est passée excédentaire de 4 points de PIB.
14:33 Déficitaire ?
14:34 Non, excédentaire.
14:35 Ah d'accord, excédentaire.
14:36 Par contre, pour la zone euro, tu as raison, la zone euro vivait derrière cet arbre remarquable.
14:41 L'excédent allemand.
14:42 Et l'excédent allemand ayant diminué de manière très spectaculaire, pas loin de 400 milliards,
14:46 c'est un impact déficitaire en termes de balance des paiements de la zone euro de 200 milliards.
14:52 Donc une zone euro qui était excédentaire depuis quasiment sa création est devenue déficitaire.
14:58 Je ne parle pas de la situation de l'économie américaine qui, de ce point de vue-là, peut devenir inquiétante.
15:03 Et pourquoi je parle de ça ? Parce que, évidemment, nous on voit la surface des choses.
15:07 Et c'est vrai que c'est important et c'est ce qui permet la tenue des marchés.
15:10 Mais on a une espèce d'ombre. Je ne cherche pas du tout à tenir un propos inquiétant.
15:15 Mais si on croise avec la géopolitique, c'est-à-dire avec le rapprochement notamment russo-chinois,
15:22 on est bien obligé d'essayer de mesurer à l'aune des balances des paiements.
15:28 Souvenons-nous qu'on a eu un ministre de l'économie et des finances français qui a dit, il y a à peine 12 mois,
15:34 qu'on allait détruire ou mettre à genoux l'économie russe.
15:38 Je rappelle que l'économie russe a dégagé sur l'année 2022 un excédent de balances des paiements de 200 milliards de dollars.
15:48 Donc il ne faut pas s'étonner de la tenue du rouble aujourd'hui.
15:51 Et donc, si on croise les excédents de ces zones, Chine, Japon,
15:57 et puis on prend la situation déficitaire des économies occidentales, en tout cas de l'économie américaine,
16:03 il y a une question, parce que le choc du Covid et le conflit ukrainien ont déformé ces balances des paiements de manière extrêmement spectaculaire.
16:14 Alors on peut dire que c'est un moment spot qui est dû au mouvement des matières premières,
16:19 au fait que l'économie chinoise était fermée et est en train de réouvrir, et que ces choses vont se régler.
16:25 Mais quand on a de tels mouvements, ça appelle à un réajustement.
16:30 Pourquoi je vous parle de ça ? Parce que vous voyez d'ailleurs, je suis en train de faire une divagation.
16:35 Non, parce que c'est intéressant.
16:37 Parce qu'il y a eu le rapport du FMI, et le rapport du FMI, il y a une base de statistiques, de données,
16:43 et donc j'ai travaillé un peu le week-end dernier là-dessus.
16:46 Et j'étais confiant, je vais faire un parallèle qui est troublant,
16:49 mais j'ai regardé notamment le déficit de la balance des paiements américaine.
16:53 Alors en points de PIB, c'est moins spectaculaire que juste avant Lehman Brothers.
16:57 On était à 6 points de PIB de déficit de la balance des paiements américaine.
17:01 Aujourd'hui, on est à un peu plus de 4 points de PIB.
17:04 Mais en montant, on est quasiment du même ordre, c'est à peu plus de 900 milliards.
17:08 Et le seul moyen qu'on a trouvé en 2008 pour régler ce problème de balance des paiements,
17:14 c'est justement la crise de Lehman Brothers.
17:16 C'est-à-dire qu'on a eu un réajustement des balances des paiements au travers d'une crise majeure.
17:21 Alors je ne dis pas que c'est ce qui va arriver.
17:23 Je dis simplement que ce qui se passe derrière la bonne tenue apparente de l'économie mondiale,
17:28 c'est des déséquilibres entre épargne et consommation à l'échelle mondiale qui posent question.
17:33 Et pourquoi j'en parle ? Parce qu'on est en pleine problématique du lockdown aux États-Unis.
17:38 C'est un débat qui commence, qui est évidemment présent sur ce plateau,
17:42 qui est très présent dans les médias américains.
17:44 Ils ne parlent que de ça.
17:46 Et le moins qu'on puisse dire, c'est que Yann Néden, le secrétaire d'État au Treasurer,
17:49 qui a été quand même anciennement président de la Fédérale Réserve,
17:53 émet des messages extrêmement alarmants.
17:55 Alors évidemment, elle cherche à rallier...
17:57 On en fasse la situation.
17:59 Probablement. Mais peut-être qu'elle sait ce qui pourrait potentiellement se passer en cas de lockdown.
18:07 Et donc ça pourrait là, pour le coup, avoir...
18:10 Alors c'est un événement à aujourd'hui qui a une probabilité probablement très faible.
18:14 Mais je n'en suis pas complètement sûr, vu les déséquilibres.
18:17 Et pourquoi je n'en suis pas complètement sûr ?
18:19 Parce que je pense que les sénateurs américains, notamment du camp républicain,
18:22 eux comprennent bien ce qui se passe sur la balance des paiements.
18:26 Et je suis été frappé notamment de voir que l'un des derniers propos,
18:29 que je vais qualifier de lucide de Donald Trump,
18:31 à propos de Joe Biden, c'est de l'avoir bombardé sur le risque baissier sur le dollar.
18:36 Tu reprendras ça.
18:38 Et donc ça, c'est un sujet qui est présent chez l'homme de l'arbre.
18:45 Ça fait partie de la vision ou de l'analyse stratégique de la technostructure américaine.
18:52 Voilà. Si on se plaçait dans un mouvement baissier de l'arbre,
18:55 ça aurait des conséquences, là, pour le coup, systémiques pour l'économie mondiale,
19:00 et notamment pour l'économie américaine, puisque là, ça lui ferait...
19:03 Et ça mettrait la fédérale réserve dans une problématique incroyable.
19:07 Et quand je vois ce qui est en train de se passer sur la courbe des taux...
19:10 Je termine.
19:11 Je ne parle pas sur la courbe des taux américaine, qui est devenue une courbe des taux plus volatile.
19:15 Or, c'est la courbe des taux de référence à l'échelle mondiale.
19:18 C'est une courbe des taux beaucoup plus volatile.
19:20 Alors, on a eu des phénomènes incroyables sur le 1 mois, tu en parleras sans doute,
19:24 mais il n'y a pas que le 1 mois.
19:25 Il y a d'autres maturités qui bougent de manière incroyablement volatile.
19:29 Il y a un écart en herbe entre le 1 mois et les 3 mois,
19:31 parce que le marché imagine que la date X de mur de la dette, de plafond de la dette,
19:37 se situe entre 1 et 3 mois.
19:39 Je ne sais pas si on a vu ça par le passé.
19:41 Allons-y.
19:42 Excellent sujet.
19:43 Du point de vue de certains indicateurs de marché, CDS, 1 mois, 3 mois, etc.,
19:49 ce qui se passe aux États-Unis, c'est d'une ampleur qu'on n'a jamais vue
19:53 dans les précédents épisodes de plafond de la dette, y compris 2011.
19:56 Là, référence, on est passé à deux jours du défaut technique américain.
20:01 On s'en souvient tous.
20:02 C'était en plein été.
20:03 Et dans le sillage de ce blocage qui avait quand même cristallisé beaucoup d'attention
20:09 et perturbé énormément les marchés, le AAA américain tombait.
20:12 C'est vrai que là, on a des indicateurs.
20:15 Les CDS souverains à 1 an des États-Unis, il est à 170 points de base aujourd'hui,
20:21 ce qui est vraiment du jamais vu.
20:22 Normalement, c'est 15 points de base.
20:24 On ne sait même pas que le marché des CDS américains existe, pour dire les choses.
20:28 Pour se protéger contre un défaut de l'État américain,
20:31 ce qui serait un défaut du système bancaire mondial.
20:33 Donc, c'est assez amusant.
20:36 Ça, par contre, oui, sur les obligations à très court terme,
20:40 les fonds du Trésor, c'est beaucoup plus liquide.
20:43 Et là, c'est vrai qu'entre le 1 mois, 3 mois ou entre le 3 mois, 6 mois,
20:47 là, on a vraiment le 3 mois qui n'est pas du tout aimé.
20:51 Parce que, comme vous disiez, c'est la date.
20:53 On ne sait pas exactement la date, mais ça risque d'être entre fin juin et fin août.
20:58 La date à laquelle, si la limite de dette n'est pas relevée, on a un défaut technique.
21:03 Pourquoi le stress est beaucoup plus élevé qu'avant ?
21:06 C'est un peu compliqué, parce qu'il y a toujours eu ce risque-là,
21:09 extrême, très peu probable, mais de catastrophe financière.
21:14 Alors, il y a sûrement la géopolitique qui joue un petit peu.
21:18 Il y a aussi le fait que Biden ne parle pas du tout avec les Républicains à la Chambre.
21:24 Il y a les Républicains qui ont passé une proposition cette semaine
21:27 qui assortissait la hausse de la limite par des baisses de dépenses.
21:32 Entre 4 000 et 5 000 milliards sur 10 ans.
21:34 C'est ça le programme de réduction de dépenses passé par les Républicains à la Chambre
21:39 pour autoriser un relèvement du plafond de la dette pour un an.
21:42 Mais c'est ce qu'on appelle quelque chose qui est "dead on arrival".
21:45 C'est ce que Biden avait dit avant.
21:47 Il y en avait tout.
21:48 Par contre, il n'y a apparemment aucune discussion en ce moment.
21:52 C'est ça qui fait peur, parce qu'on sait très bien que c'est toujours un événement
21:55 où personne ne veut atteindre le défaut technique.
21:59 Mais comme personne ne veut l'atteindre, le but c'est de tirer le plus possible du grand opposé
22:05 entre Républicains et Démocrates.
22:07 Pour nous, c'est à peu près sûr qu'on va continuer à traîner ce problème
22:11 au moins jusqu'à fin juin.
22:13 Parce que personne n'a intérêt à lâcher avant.
22:16 C'est un vrai coup dur quand même que Kevin McCarthy,
22:19 qui est le Speaker républicain de la Chambre des représentants,
22:21 ait réussi à faire passer ce projet de loi.
22:26 Après avoir subi une élection quand même humiliante,
22:29 il a fallu 15 tours de vote pour être élu.
22:32 Non mais si !
22:33 Là, il fait passer à 2-3 voix.
22:35 Et de ce que je comprends, de ce qu'on m'explique,
22:37 c'est que Biden pensait qu'il n'arriverait pas à faire passer sa loi.
22:41 Maintenant que ce projet de loi est passé à la Chambre des représentants,
22:45 c'est censé devenir une base de discussion entre Républicains et Démocrates.
22:49 Macron avait dit avant que ça ne serait pas une base de discussion.
22:52 A tort ou à raison, mais du coup on se retrouve aujourd'hui
22:55 dans une situation où personne ne se parle.
22:56 Et généralement, ce n'est pas très bon quand en politique, personne ne se parle.
22:59 Frédéric, vous en avez vu d'autres, comme tout le monde ici,
23:02 sur la question du plafond de la dette, tous les deux ans, ça revient.
23:05 Généralement, on en rigole.
23:07 Généralement, ça fait sourire.
23:08 Là, le contexte est différent, parce qu'effectivement,
23:10 quand on regarde un peu McCarthy, c'est quand même une remise en cause
23:12 du programme Biden, et on voit qu'on est sur un champ politique.
23:15 L'élection présidentielle commence.
23:18 Et on peut être jusqu'au boutiste dans cette phase-là.
23:23 C'est ça qui est le plus inquiétant.
23:25 On n'était pas du tout, à l'époque, de la problématique précédente
23:29 sur le shutdown dans ce sujet-là.
23:31 Là, il est accentué, parce qu'il y a une pression très, très forte,
23:34 électorale très, très forte.
23:35 Et je pense que la candidature de Biden n'est peut-être pas
23:38 la meilleure idée qu'il ait eue, honnêtement,
23:41 parce que ça accentue la maintenance.
23:43 C'était peut-être la seule idée qu'il pouvait avoir.
23:45 Oui, mais le problème, c'est que c'est la personne à rater.
23:47 Donc là, je trouve que ça l'affaiblit quelque part.
23:51 Et donc, ça remet effectivement le sujet au goût du jour.
23:54 On n'ose même pas imaginer les conséquences,
23:56 parce que c'est inimaginable, quantifiable.
23:59 On sait très bien que l'impact immédiat, c'est plusieurs millions
24:03 d'Américains qui ont plus d'emplois du jour au lendemain.
24:05 Voilà, des conséquences concrètes.
24:07 En point de PIB, alors je pense que vous avez fait le travail,
24:09 mais c'est inimaginable aussi, en impact.
24:12 Et sur la croissance mondiale, c'est inimaginable.
24:15 Donc, nous, en tant qu'investisseurs, on va dire,
24:19 effectivement, il y a ce sujet.
24:20 On voit la volatilité sur les CDS, qui ont connu les plus fortes hausses
24:23 jamais connues sur les CDS américains, par nature.
24:26 Ça crée de la volatilité.
24:28 Le dollar est sous pression, ça, on le voit.
24:30 Il se teste.
24:31 Pour l'instant, il ne s'aide pas.
24:33 À mon avis, il y a encore un potentiel de baisse sur le dollar.
24:36 Je pense qu'on devrait avoir 1,17, 1,18, à mon avis,
24:39 comme objectif, qui est à peu près la parité des pouvoirs d'achat.
24:42 Donc, on devrait être à peu près là-dessus.
24:44 Voilà, ça va être le sujet.
24:46 La faiblesse du dollar sera aussi dans le jeu politique américain,
24:49 puisque c'est « American first » ou « Great again ».
24:53 Si vous avez une monnaie qui se déprécie quasiment de 20 %
24:56 par rapport à l'euro, par rapport au point bas,
24:58 ça sera l'héritage de Biden.
25:00 On rentre dans la politique dure, c'est ça le problème.
25:03 Sans aller jusqu'au défaut, si on reprend 2011,
25:06 ça a quand même coûté au marché.
25:09 En s'approchant à deux jours du défaut,
25:12 c'était moins 15 sur le S&P 500.
25:15 Sur les actions, ça a un vrai impact.
25:17 Il y a eu un vrai impact.
25:18 Sur le change.
25:19 Par contre, c'est là où la courbe des taux est intéressante.
25:22 Ça renforce les pressions à la baisse sur les taux longs,
25:25 parce que ça reste l'actif de réserve mondiale.
25:28 Si les États-Unis font défaut,
25:30 tout le monde se ruera sur la dette américaine, c'est ça Xavier ?
25:33 Exactement.
25:34 Et sur la dette longue, parce que c'est celle qui,
25:37 s'il y a un défaut qui dure un mois,
25:39 ça ne se fera quasiment pas sur les parties de longue.
25:42 Et l'impact sur les banques américaines,
25:44 puisqu'on regarde aussi les fonds propres américains,
25:46 on se rappelle de l'histoire de Silicon et tout ça.
25:49 Si à un moment donné, vous avez un défaut sur les trésoreries,
25:52 c'est un autre problème qui se pose aussi.
25:55 Donc voilà, on ne va pas rentrer dans ce jeu-là,
25:58 mais il y a des conséquences très graves si jamais on arrive au shutdown.
26:01 Qu'est-ce que vous, Xavier Patron,
26:03 vous appelez un risque de cycle de baisse du dollar ?
26:06 C'est quoi une baisse du dollar ?
26:08 On le voit baisser un peu le dollar aujourd'hui, se détendre en tout cas.
26:12 C'est quoi pour vous une baisse du dollar
26:14 qui montrerait que quelque chose se passe ?
26:17 Pour moi c'est...
26:20 Qui serait un phénomène de défiance si je comprends bien.
26:24 Voilà c'est ça, et qui s'inscrirait dans ce qu'on appelle,
26:28 je ne vais pas ouvrir cette boîte de Pandore,
26:30 un peu facile à cette heure,
26:32 mais c'est la dé-dollarisation de l'économie mondiale.
26:34 Je pense que les principaux créanciers,
26:36 en tout cas les créanciers des Etats-Unis
26:38 sur ces 20 ou 30 dernières années,
26:40 sont très interrogatifs.
26:42 Prenez simplement la zone ronde, prenez simplement l'Allemagne.
26:45 L'Allemagne est dans une situation
26:47 où l'économie allemande voit sa balance des paiements divisée par deux.
26:51 Or l'Allemagne était l'un des créanciers majeurs des Etats-Unis.
26:54 Ça demeure, on voit bien que les corporates,
26:57 les entreprises allemandes sont toujours intéressées
27:00 par la présence aux Etats-Unis.
27:02 Mais si vous diminuez la balance des paiements excédentaires,
27:05 d'un créancier comme l'Allemagne de moitié,
27:08 et que vous dites que c'est à peu près durable
27:10 pour les trois, quatre, cinq prochaines années,
27:12 et que de l'autre côté, le déficit de la balance des paiements américains
27:15 ne bouge pas, reste.
27:18 Parce qu'au fond, derrière ce débat
27:20 entre les républicains et les démocrates,
27:22 moi je ne veux pas faire un choix partisan,
27:24 ce n'est pas assez mon propos,
27:26 mais il y a probablement une stratégie économique de Joe Biden
27:28 qui est totalement délirante.
27:30 Non seulement la stratégie budgétaire a été excessive,
27:32 mais la politique monétaire de Jérôme Powell
27:36 était complètement inadaptée.
27:38 Je l'ai dit, et je vais le ré-répéter,
27:40 il est anormal que la politique monétaire de Jérôme Powell,
27:42 enfin de la Fédérale Réserve,
27:44 ait resté inchangée au changement d'administration,
27:47 puisqu'au fond, on avait une politique monétaire inchangée
27:50 et une stimulation budgétaire qui était multipliée par trois.
27:53 - Augmentée.
27:55 - Oui, oui, oui.
27:57 Mais les déséquilibres d'aujourd'hui trouvent leur origine.
27:59 Et ce qui est en train de se passer sur le marché de l'immobilier américain,
28:02 pas uniquement le résidentiel, mais le commercial,
28:05 c'est l'une de ses conséquences,
28:07 puisqu'au fond, la stimulation a tellement été excessive
28:10 qu'on a créé des bulles de valorisation d'actifs.
28:13 Ils sont en train de se dégonfler, mais ils n'ont pas fini.
28:15 Et donc on ne sait pas dans quelle mesure.
28:17 La dévalorisation de ces bulles d'actifs,
28:19 pour l'instant, ça touche très peu le marché equity.
28:21 Le marché equity sort pour l'instant indemne.
28:23 On croise les doigts.
28:25 Mais c'est l'un des moyens d'ajuster.
28:27 Donc moi, mon interrogation, c'est
28:29 est-ce que c'est des équilibres transitoires
28:32 de balance des paiements... - Oui, je comprends.
28:34 - ...qui sont normalisés. - Pour moi, le seul rééquilibrage
28:36 ne peut passer que par une baisse du dollar,
28:39 parce que c'est ça qui va obliger, qui va contraindre...
28:42 Parce qu'au fond, une baisse du dollar, c'est de l'inflation importée aux Etats-Unis.
28:45 Donc là, c'est le drame complet.
28:47 Donc ça oblige la fédérale réserve à basculer dans autre chose.
28:50 Pour l'instant, Jérôme Powell essaye de naviguer
28:52 entre plein de bouées,
28:54 mais ça semble se complexifier.
28:56 Et donc oui, s'il y a un call à avoir
28:59 évident
29:01 pour les... en termes d'actifs,
29:03 en termes de choix d'actifs, c'est short dollar
29:06 pour la décennie qui vient.
29:08 Parce que je ne vois pas comment
29:10 on peut réajuster
29:13 la balance des paiements sans passer
29:15 par une séquence
29:17 désordonnée, si j'ose dire,
29:21 sur l'échange.
29:23 La conséquence, c'est qu'elle sera aussi désordonnée
29:26 sur l'économie américaine et donc l'économie mondiale.
29:28 Je ne dis pas que c'est pour tout de suite.
29:30 - Non, j'entends. On va revenir à un horizonte un peu plus court.
29:33 - On était sur une introduction assez paisible.
29:35 - Non, non, mais c'est la prospective.
29:37 - Derrière l'introduction paisible, il y avait des sous-brosseaux
29:39 qui sont en train d'apparaître.
29:41 Et la position chinoise
29:43 va être intéressante de ce point de vue-là.
29:45 - Je vous laisse commenter, mais je veux revenir
29:47 à un horizon de temps un peu plus proche aussi
29:49 avec les réunions de la semaine prochaine.
29:51 - Le dollar, nous aussi, on voit le dollar se déprécier,
29:53 mais plus pour une raison cyclique.
29:55 C'est juste que le dollar est très très cher
29:57 et que même si on allait à 1,20 d'ici deux ans,
29:59 c'était reconnu.
30:01 - C'est tout à fait normal.
30:03 - Quand vous posiez la question de qu'est-ce que serait
30:05 une catastrophe pour le dollar,
30:07 évidemment, si le mouvement est trop rapide, c'est catastrophique.
30:09 Mais sur un mouvement normal,
30:11 on pourrait aller au-delà des 1,30,
30:13 à moyen terme, à un horizon 5 ans,
30:15 sans que ça pose un vrai problème
30:17 et que ça permet par contre de rééquilibrer un petit peu.
30:19 - Parce que quand le dollar se déprécie,
30:21 ça veut dire que l'endettement américain auprès du reste du monde
30:23 vaut moins. Donc c'est un des moyens
30:25 de baisser la dette américaine
30:27 vis-à-vis du reste du monde.
30:29 A court terme, nous, on pense, pourquoi je pense
30:31 que le dollar va se déprécier ? Mais relativement, graduellement,
30:33 il y a deux raisons principales.
30:35 La première, c'est qu'il n'y a pas de concurrent.
30:37 Donc le dollar reste
30:39 la valeur de réserve.
30:41 Ni l'euro, ni le CNY,
30:43 enfin le Remingbi,
30:45 peut jouer cette...
30:47 - Il n'y a pas d'alternative.
30:49 - Voilà, il n'y a pas d'alternative.
30:51 Et quand il y a une crise, on voit
30:53 que la demande de dollars
30:55 reste très forte.
30:57 Et la deuxième raison, c'est que la Fed,
30:59 alors pour l'instant, elle a l'air de vouloir faire le travail.
31:01 Et si elle fait le travail de contrôler l'inflation,
31:03 ça permet de limiter
31:05 la perte de pouvoir d'achat du dollar.
31:07 Et c'est pour ça que la semaine prochaine,
31:09 nous, on pense que la Fed va remonter ses taux
31:11 de 25 points de base et surtout
31:13 garder un biais plutôt au quiche.
31:15 Un biais en disant...
31:17 - Elle ne dira pas que c'est la dernière.
31:19 - Je ne pense pas qu'elle dira que c'est la dernière.
31:21 Peut-être que ça sera la dernière.
31:23 Peut-être qu'elle peut dire qu'elle se met en pause.
31:25 Elle prend un peu de temps pour voir l'impact
31:27 de toutes les hausses de taux.
31:29 Mais je pense qu'elle continuera à dire
31:31 si on se trompe sur les trajectoires d'inflation,
31:33 on est prêt à en faire plus.
31:35 - Bien sûr.
31:37 Il y a le cycle maintenant,
31:39 et puis il y a l'histoire de long terme devant nous
31:41 qu'il ne faut pas insulter.
31:43 - Et à court terme, c'est ça qui peut être
31:45 le choc du marché, aux marchands.
31:47 Ça peut être une Fed qui dit
31:49 "non mais ce n'est pas un pivot la pause".
31:51 - Ils n'arrêtent pas de le dire.
31:53 Donc ce sera une surprise
31:55 pour ceux qui ne l'ont pas entendu.
31:57 - Et pour le marché qui prête des baisses de taux
31:59 pour la seconde partie de l'année.
32:01 - Frédéric, je veux qu'on parle des boîtes,
32:03 des résultats, des GAFAM,
32:05 du tiers groupé.
32:07 - On peut y aller directement.
32:09 Le point pivot pour moi, c'est 1,17.
32:11 Tant qu'on n'est pas à 1,17,
32:13 je pense que le dollar
32:15 est toujours dans une phase d'ascension.
32:17 Je ne suis pas négatif de l'or
32:19 sur du moyen long terme.
32:21 Je n'ai pas cette analyse
32:23 honnêtement pour aller au-delà.
32:25 Mais il y aura une phase
32:27 d'appréciation tout naturelle.
32:29 C'est dans le cycle.
32:31 C'est des cycles de 4 ans sur les monnaies.
32:33 On les connaît plus ou moins.
32:35 Le point pivot, c'est 1,15.
32:37 Et au-delà, on est dans un autre cycle.
32:39 Pour l'instant,
32:41 on va tabler plutôt sur ce point bas.
32:43 Dollar contre euro, par exemple.
32:45 - C'est une cible qu'on a.
32:47 - C'est le point de gravitation du dollar.
32:49 Quand on imagine le dollar,
32:51 on l'imagine à 1,15.
32:53 Instantanément, c'est notre repère.
32:55 Vous demandez à chaque fois.
32:57 Tout le monde va vous dire entre 1,15 et 1,17.
32:59 Quoi qu'il arrive,
33:01 on l'a connu à 0,80, à 1,50.
33:03 Tout le monde va dire 1,15.
33:05 C'est notre point de repère.
33:07 C'est la parité des pouvoirs d'achat.
33:09 Ce point de stabilité se trouve dans cette zone.
33:11 - Il y a toujours beaucoup de déterminants
33:13 derrière les mouvements de change.
33:15 C'est des terres minantes qui sont évolues.
33:17 - Quand j'étais jeune,
33:19 on parlait de la variation
33:21 du Deutsche Mark contre franc.
33:23 C'est la même chose sur le dollar.
33:25 - Bon, les GAFAM ?
33:27 - Très bon.
33:29 Amazon, un peu moins bon.
33:31 Il y a des facteurs structurels.
33:33 Le cloud, par exemple,
33:35 entre Azure et AWS,
33:37 ne s'adresse pas forcément
33:39 à la même clientèle.
33:41 La structure de la clientèle Amazon
33:43 est plutôt mid-market.
33:45 Alors qu'Azure s'adresse
33:47 plutôt à des grandes sociétés.
33:49 - Croissance Azure, plus 27%.
33:51 Croissance Amazon Web Services, plus 16%.
33:53 - Ça ralentit.
33:55 - Avec 5 points de croissance
33:57 déjà en moins sur le mois d'avril.
33:59 - Ça s'explique parce que
34:01 le marché adressé n'est pas tout à fait le même.
34:03 Et donc, ça rend Amazon,
34:05 non seulement sur la distribution,
34:07 mais sur la partie cloud,
34:09 un peu plus cyclique quelque part
34:11 que Microsoft.
34:13 J'avais donné ce terme que j'aime bien
34:15 et que je réutilise,
34:17 c'est de la "utilities informatique".
34:19 La génération notamment de free cash
34:21 par les activités récurrentes
34:23 de Microsoft sont de plus en plus importantes.
34:25 Le cloud, ça va devenir majoritaire à terme.
34:27 La partie "personal computing",
34:29 c'est mineur.
34:31 Et la partie "365 office",
34:33 en plus avec l'intelligence artificielle,
34:35 ça prend de plus en plus de croissance
34:37 et avec des taux de marge
34:39 qui sont de plus en plus élevés.
34:41 Donc Microsoft, quand vous voyez les résultats,
34:43 vous vous dites "il faut en avoir".
34:45 - No-brainer.
34:47 - Il n'y a pas mieux aujourd'hui
34:49 si vous voulez investir avec la forte visibilité.
34:51 Après, il y a eu effectivement des bonnes surprises
34:53 sur Meta, qui vient de loin aussi.
34:55 Donc il a fallu un peu redonner confiance.
34:57 Et on a en plus quelque chose
34:59 qu'on aime raconter en ce moment,
35:01 c'est l'intelligence artificielle.
35:03 Il y a deux ans, on parlait de Metaverse.
35:05 Maintenant, on va parler d'intelligence artificielle.
35:07 Dans deux ans, on parlera d'autre chose.
35:09 En tout cas, vous avez matière
35:11 à ce que les gens se fassent
35:13 peut-être des fantasmes là-dessus.
35:15 Il y a de la croissance quand même à venir.
35:17 Les investissements vont être majeurs.
35:19 Il y a des répercussions immédiates
35:21 sur bon nombre d'industries aujourd'hui
35:23 sur l'intelligence artificielle et l'application.
35:25 Alors Bing, bien sûr, pour Microsoft.
35:27 Quand vous regardez par exemple des acteurs
35:29 comme Adobe, par exemple,
35:31 quand vous faites de la création graphique
35:33 ou autre, des campagnes, vous tapez une phrase
35:35 et ça vous fait toute une campagne de pub.
35:37 C'est 30 secondes. Alors ça va supprimer
35:39 quelques emplois dans la communication,
35:41 mais la réalité, ça augmente quand même la productivité.
35:43 Dans les CRM,
35:45 la vente par exemple, Salesforce,
35:47 là aussi, vous générez vos campagnes
35:49 directement avec un mot-clé et ça va générer
35:51 auprès de toute votre clientèle
35:53 directement des campagnes publicitaires
35:55 et de la communication. Donc on voit
35:57 des débouchés qui sont colossaux.
35:59 Google n'a pas dit son dernier mot
36:01 non plus là-dessus, Alphabet, IBM non plus,
36:03 il ne faut pas l'oublier avec les programmes Watson.
36:05 Donc il y a de la matière de croissance
36:07 sur ce secteur et je pense
36:09 aujourd'hui, au regard des résultats
36:11 qui sont quand même solides,
36:13 que ça va continuer dans cette phase-là.
36:15 En tout cas, on voit que les flux s'inversent
36:17 et que les GAFA par exemple profitent aussi
36:19 quelque part des flux majeurs.
36:21 8 valeurs qui font toute la haute des marges.
36:23 C'est quand même le revers de cette histoire
36:25 qu'on adore de l'intelligence artificielle générative.
36:27 C'est que finalement, il n'y a que 5 valeurs
36:29 qui font la perte du marché américain.
36:31 Si vous enlevez 5 valeurs, vous êtes marché à zéro.
36:33 D'un autre côté, si on fait l'exercice
36:35 en France et qu'on enlève LVMH, Hermès, L'Oréal,
36:37 je vous assure qu'on n'est pas très...
36:39 En tout cas, on est moitié moins haut
36:41 que le niveau actuel. Donc voilà,
36:43 c'est aussi l'hyperconcentration,
36:45 notamment dans cette phase d'incertitude économique
36:47 vers le qualitatif et la croissance visible
36:49 et donc ça risque de continuer quelques temps encore.
36:51 Il y a d'autres valeurs qui sont en belle hausse
36:53 aussi sur le marché parisien.
36:55 Je ne sais pas, Sanofi, ça tient bien,
36:57 c'est un poids lourd. Total, en 2022,
36:59 ça a été Vama Contributor.
37:01 Bah oui, mais dans le...
37:03 Oui, d'accord, mais 3 mois, c'est un peu moins bien.
37:05 Total, on est dans la cyclicité,
37:07 le cycle des matières premières, donc forcément,
37:09 on a un peu moins de visibilité sur du court terme
37:11 sur ce genre de titre. Et Sanofi,
37:13 il y a une nouvelle croissance avec notamment
37:15 les franchises du Picsent qui viennent rajouter
37:17 un peu du dynamisme au titre.
37:19 Xavier Pétronin, qu'est-ce que vous retenez des résultats
37:21 et notamment, si jamais
37:23 les entreprises et les résultats microéconomiques
37:25 peuvent apporter
37:27 de la nourriture sur
37:29 la question du cycle
37:31 économique ?
37:33 Je trouve que
37:35 là, ça fait plusieurs publications
37:37 depuis juillet
37:39 où les révisions sont toujours positives.
37:41 On a sous-estimé, je trouve,
37:43 l'inertie du cycle économique.
37:46 Alors évidemment, il y avait des vents contraires
37:48 et on n'a pas réussi à inverser.
37:50 Et puis, on a vu
37:52 le miracle, au fond,
37:54 de l'inflation. L'inflation, ce n'était pas uniquement
37:56 l'inflation des coûts, c'était l'inflation des marges,
37:58 la reconstitution des carnets
38:00 de commandes, la reconstitution des stocks,
38:02 des rentabilités pour certains secteurs
38:04 qui n'avaient été jamais connus pendant la période
38:06 pré-déflationniste. Et donc,
38:08 on a un niveau de rentabilité qui reste
38:10 bon. Donc, le marché n'est pas si cher que cela.
38:12 À l'aune, par contre,
38:14 il est cher. Surtout si on enlève les
38:16 5 top market cap qui sont
38:18 aussi les plus valorisés.
38:20 Exactement. Et donc,
38:22 je trouve qu'on a des éléments qui sont à cette heure
38:24 favorable. Et puis, n'oublions pas qu'au début
38:26 de cette année, on a eu toute une série
38:28 d'annonces de programmes de rachats
38:30 d'actions en Europe. Alors évidemment, ça n'a pas encore l'ampleur
38:32 de l'économie américaine, mais quand même.
38:34 Donc, ça voulait dire aussi, déjà, à l'époque,
38:36 qu'un certain nombre de conseils d'administration
38:38 jugeaient que les conditions de financement
38:40 et de projection économique,
38:42 en dépit des facteurs d'incertitude,
38:44 justifiaient
38:46 des programmes de rachats d'actions. Donc, il y a plutôt,
38:48 d'un point de vue là, des éléments très favorables.
38:50 Et je constate, là, sur cette semaine,
38:52 que les révisions du consensus
38:54 sur 2023, 2024, 2025
38:56 restent positives. Donc, on est
38:58 sur une dynamique. On pouvait craindre
39:00 des premiers warnings. Bon, il y a eu
39:02 après, il y a eu des bonnes nouvelles
39:04 et des moins bonnes nouvelles. Mais globalement,
39:06 le solde est largement positif et donc
39:08 très rassurant. Donc, non, il n'y a
39:10 pas de surevaluation,
39:12 pas d'euphorie.
39:14 Et là, pour l'instant, ça se déroule
39:16 vraiment de manière,
39:18 je trouve,
39:20 pas puissante, ce n'est pas le terme, mais vraiment
39:22 sereine. C'est-à-dire que
39:24 malgré les vents contraires, malgré les
39:26 facteurs d'incertitude... - Il y a un rythme embarqué.
39:28 - Voilà, il y a un rythme embarqué. - Il y a quelque chose d'embarqué qui...
39:30 - Et on peut avoir d'autres bonnes nouvelles.
39:32 Si, vous avez vu, quand même,
39:34 ce qui s'est passé au niveau de l'EPEP,
39:36 au début avril. Reprenons
39:38 les déclarations. Après, j'arrête. Reprenons les
39:40 déclarations qu'on a eues sur le baril avec le
39:42 retour de la Chine. Ça devait provoquer une envolée.
39:44 Et qu'est-ce qui se passe-t-il ? L'EPEP
39:46 décide de réduire sa production.
39:48 Pourquoi ils décident de réduire leur production ? Tout simplement
39:50 parce qu'ils anticipent une
39:52 diminution de la demande mondiale. Alors,
39:54 on me dit "Ah oui, la demande mondiale, ça veut dire qu'il va y avoir une
39:56 récession mondiale". Pas nécessairement. Oui,
39:58 ça veut dire que la demande mondiale ralentit, donc l'économie
40:00 n'est pas si bonne que cela. Mais c'est aussi
40:02 un élément favorable, puisque c'est un moyen
40:04 d'ajuster pour la
40:06 demande. - C'est du pouvoir d'achat. - Exactement.
40:08 Et c'est à nouveau un transfert. - C'est un stabilisateur.
40:10 - Et oui, c'est un stabilisateur. Et donc,
40:12 là, je trouve qu'il y a des éléments
40:14 positifs de ce point de vue. - Xavier Chappard, qu'est-ce qui vous a marqué ?
40:16 Moi, j'ai goûté pas mal de boîtes de consos
40:18 américaines ou
40:20 européennes, d'ailleurs.
40:22 Des Nestlé, des Procter, des
40:24 Unilever, du Coca,
40:26 du Pepsi, du McDo.
40:28 McDo, ils montent les prix de 10%,
40:30 le trafic continue à croître dans leurs magasins.
40:32 On a l'impression qu'il y a le point de
40:34 rupture pour ces boîtes qui sont quand même très proches
40:36 du consommateur.
40:38 Le point de rupture de la demande, il n'est pas encore là
40:40 tout de suite, maintenant. - Alors, j'ai pas
40:42 tout à fait la même picture. Je trouve
40:44 notamment aux Etats-Unis,
40:46 sur les gros retailers, il y a
40:48 quand même des indications que
40:50 les ventes ralentissent
40:52 et surtout que les
40:54 consommateurs achètent de la moins bonne
40:56 qualité. - À ça, oui.
40:58 - Ce qu'il a dit pour McDo, c'est intéressant.
41:00 C'est le déplacement.
41:02 Les gens ne vont plus au restaurant. Ils vont chez
41:04 McDo. - Et généralement,
41:06 c'est quand même les fins de cycle.
41:08 - Oui, bien sûr.
41:10 - C'est vrai qu'elle est plus avancée. En Europe,
41:12 on la voit beaucoup moins.
41:14 - Les producteurs Unilever, etc.,
41:16 c'est quand même de la marque. Ce n'est pas justement
41:18 du bas de gamme.
41:20 - Non, mais même à l'intérieur de leur gamme,
41:22 ils disent qu'il y a un glissement.
41:24 - Il y a des dents de trading.
41:26 - Exactement, pour un bon français.
41:28 Mais c'est vrai qu'il y a une différence entre les Etats-Unis.
41:32 Les Etats-Unis ont l'impression que c'est assez avancé,
41:34 ce ralentissement. D'ailleurs, on voit dans les chiffres Macron
41:36 un ralentissement de la consommation en mars et en février,
41:38 après un début d'année fort.
41:40 Les gros chiffres qu'on a eus dans le PIB
41:42 du T1, c'était peut-être
41:44 aussi vraiment dû au début d'année.
41:46 - Très concentrés sur janvier, en fait.
41:48 - Exactement. Les ventes de voitures
41:50 ont pas mal baissé depuis. Je serais moins optimiste.
41:52 En Europe, c'est vrai qu'on est très surpris
41:54 par la tenue des marges, notamment.
41:56 Nous, on pense toujours
41:58 qu'il va falloir avoir des révisions
42:00 à la baisse, parce que si vous avez
42:02 une croissance qui reste faible et une inflation
42:04 qui ralentit alors que les salaires sont
42:06 en train d'accélérer, il y a bien un moment où les entreprises
42:08 vont être un peu
42:10 avec des marges pincées.
42:12 Pour l'instant, ce n'est pas le cas.
42:14 En même temps, on n'a pas vu encore l'inflation ralentir.
42:16 L'inflation est light.
42:18 Donc, c'est là où, si on pense que la BCE va faire
42:20 son boulot, on risque d'avoir un décalage
42:22 et des marges qui seraient
42:24 moins bonnes à partir de la deuxième partie de l'année.
42:26 Mais c'est vrai que, enfin,
42:28 vous m'auriez demandé il y a six mois, je disais la même chose.
42:30 Après, si la demande est
42:32 resolvabilisée par les salaires
42:34 réels qui deviennent positifs,
42:36 ça peut entretenir
42:38 encore pas mal de choses.
42:40 Tout à fait. Je pense que c'est ça qui fait tenir. En fait, c'est la baisse des prix
42:42 de l'énergie qu'on n'avait pas forcément intégrée
42:44 aussi rapidement et du coup qui fait
42:46 que les salaires réels deviennent positifs.
42:48 Ça fait tenir la demande, mais ça
42:50 fait une hausse des coûts des entreprises.
42:52 Rapid tour de table, comment on gère ça
42:54 en matière de stratégie d'investissement
42:56 avec des scénarios
42:58 qui sont encore multiples à ce stade ?
43:00 Xavier. Alors nous,
43:02 on revient sur les obligations
43:04 sur les obligations, en fait,
43:06 après le rebond post-stress
43:08 bancaire,
43:10 notamment sur les parties intermédiaires
43:12 en Europe, parties plus longues aux
43:14 US.
43:16 Sur les actions, on reste
43:18 globalement légèrement sous-pondérés
43:20 parce qu'on a déjà fait quand même
43:22 une grosse avancée. Nous, en fait, la façon
43:24 de voir, c'est de se dire que l'année
43:26 2023, elle devrait être
43:28 plutôt, en fait, avec des
43:30 actifs stables, volatiles,
43:32 mais autour sans vraie tendance.
43:34 Et donc là, on est un peu prudent
43:36 après le gros rallye qu'on a eu sur
43:38 les actions qui s'est très concentré.
43:40 Frédéric. Alors GAFA
43:42 US, pas de problème là-dessus,
43:44 visibilité, plus défensif en
43:46 Europe. Donc ça veut
43:48 dire quoi ? Ça veut dire, on a parlé du secteur
43:50 de la santé, éventuellement le
43:52 luxe, il n'y a pas de retournement
43:54 donc il faudrait être là-dessus.
43:56 L'alimentation, on l'a vu,
43:58 des chiffres de Neste était encourageant.
44:00 Très suisse quoi !
44:02 Tout ce que vous me dites là, c'est très suisse quoi !
44:04 Non mais, c'est
44:06 une stratégie
44:08 très suisse quoi !
44:10 Je suis d'accord sur la partie 2-3 ans, 4 ans
44:12 sur l'Europe, par exemple, sur les taux
44:14 et sur la partie US,
44:16 si on se met effectivement, par exemple, sur des maturités
44:18 de 10 ans, il faut ager,
44:20 il y a le risque de change. Donc il faut
44:22 plutôt, effectivement, jouer cette partie
44:24 longue. Et on n'a pas
44:26 parlé de l'émergent,
44:28 qui n'a quand même
44:30 pas fait grand chose, honnêtement, alors qu'on
44:32 sautait au plafond avec la réouverture de la
44:34 Chine. Donc, voilà,
44:36 peut-être mettre un petit orteil
44:38 dedans.
44:40 Xavier, sur le marché
44:42 actions aujourd'hui ?
44:44 Il faut continuer à tenir la position.
44:46 Je pense que c'est pas fini.
44:48 Je pense qu'il y a une inertie et qu'elle va
44:50 encore jouer favorablement.
44:52 Les révisions restent positives.
44:54 Si on résume le marché français,
44:56 il est globalement sur les mêmes niveaux
44:58 que début
45:00 fin 2021,
45:02 avec des ratios de valorisation qui sont inférieurs
45:04 de globalement 20%.
45:06 Donc c'est pas un marché cher et
45:08 entre-temps, il y a des marges bénéficiaires
45:10 qui sont quasiment au plus haut historique. Alors,
45:12 évidemment, le plus haut historique interroge sur la soutenabilité.
45:14 Mais je pense que le contexte inflationniste
45:16 n'ayant pas été tranché,
45:18 on peut pas trancher sur le retournement
45:20 des marges. Et donc,
45:22 pour moi, on a des niveaux
45:24 de valorisation qui sont devenus beaucoup moins
45:26 attractifs qu'ils ne l'étaient en septembre dernier,
45:28 mais qui continuent à l'être, notamment par rapport
45:30 au risque obligataire. Et ce qui
45:32 sera vraiment l'élément déterminant
45:34 pour devenir short des
45:36 marchés actions, c'est lorsque
45:38 les taux réels
45:40 deviendront positifs.
45:42 Ça, ça peut arriver en Europe,
45:44 même dans le monde,
45:46 en tout cas dans les économies du G7.
45:48 Et là, ça deviendra un courant adverse
45:50 pour les marchés actions.
45:52 Et short dollars, en tout cas.
45:54 - Pour 10 ans !
45:56 - On peut être
45:58 assez sûr.
46:00 - Merci beaucoup, messieurs.
46:02 Merci d'avoir été les invités de Planète Marché.
46:04 Xavier Patrolin, Albatros Capital, Frédéric Rosier,
46:06 Mirabeau, Xavier Chappard, La Banque Postale,
46:08 Asset Management.
46:10 [Musique]
46:20 - Le dernier quart d'heure de Smartbourg,
46:22 chaque dernier vendredi du mois, c'est l'occasion
46:24 de retrouver Michel Rumi,
46:26 économiste associé de SPAC, pour un exercice
46:28 de décryptage économique.
46:30 Bonsoir Michel. - Bonsoir. - Merci beaucoup
46:32 d'être avec nous. On décrypte
46:34 un ou des concepts économiques avec vous
46:36 chaque mois. On va parler de finances publiques,
46:38 on va parler des déficits
46:40 et des dettes, au pluriel,
46:42 pour essayer de rappeler
46:44 un petit peu ce qui se cache derrière tous ces
46:46 concepts. Parce que c'est le
46:48 moment dépestable, comme on dit, des programmes
46:50 de stabilité. La France a envoyé le sien,
46:52 Bruno Le Maire, Gabriel Attal, ont communiqué
46:54 sur le programme, la trajectoire
46:56 de stabilité financière de la France sur les
46:58 5 prochaines années. Ça appelle
47:00 un petit commentaire ou pas d'ailleurs, Michel ?
47:02 - Ça va être un exercice très difficile
47:04 d'arriver à joindre les deux bouts
47:06 parce qu'il faut une forte croissance
47:08 et ça pose des problèmes.
47:10 Donc, il t'a souhaité, bien sûr,
47:12 mais c'est compliqué.
47:14 - Bon, ça nous amène à parler
47:16 de ces questions de déficit puisque ce sont quand même
47:18 des sujets, en tout cas dans les marchés, qui reviennent,
47:20 même s'il n'y a pas de stress aujourd'hui
47:22 sur ces questions-là, mais ce sont des
47:24 discussions qui reviennent chez les investisseurs
47:26 pour rappeler qu'il y a
47:28 différents niveaux de déficit, effectivement.
47:30 Déficit budgétaire, déficit public,
47:32 on retrouve également
47:34 différentes manières de
47:36 mesurer la dette d'un pays,
47:38 la dette de l'État, la dette extérieure
47:40 du pays, la dette publique.
47:42 Comment est-ce qu'on s'y retrouve dans tous ces
47:44 concepts, Michel ? - Alors, ce qu'il faut bien voir,
47:46 c'est le budget. Le budget de l'État, c'est comme
47:48 le budget d'un ménage et donc, d'une certaine manière,
47:50 le déficit budgétaire, c'est lorsque
47:52 les recettes sont inférieures
47:54 aux dépenses. Donc, c'est un
47:56 solde négatif et, de manière
47:58 générale, par exemple, en 2022,
48:00 ce déficit budgétaire était de l'ordre de
48:02 150 milliards d'euros.
48:04 Le déficit public, c'est
48:06 en fait, nos engagements européens font
48:08 que, pour mesurer le fait
48:10 de l'endettement de l'État,
48:12 on va prendre la dette de l'État
48:14 mais également aussi les collectivités territoriales,
48:16 les organismes de sécurité sociale.
48:18 En fait, ça répond à l'idée, c'est que
48:20 c'est pas l'État qui s'engage mais il est
48:22 caution. Donc, ça peut... On sait jamais
48:24 s'il y a des problèmes. Donc, dans ce
48:26 cadre-là, ce déficit
48:28 s'est monté à 125 milliards
48:30 en 2020-2022. Donc, c'est
48:32 pas si mal que ça. Et
48:34 maintenant, il y a la dette. La dette de l'État,
48:36 toujours la même chose, c'est... La dette de l'État,
48:38 c'est la somme des déficits
48:40 budgétaires au cours des
48:42 ans. OK ?
48:44 Et ce qu'il faut bien voir, c'est que
48:46 aujourd'hui, elle s'étalonne à peu près
48:48 à 1 300 milliards d'euros
48:50 et elle est détenue à peu près pour moitié
48:52 par les non-résidents. Donc, c'est
48:54 d'un certain côté, c'est la confiance, c'est un
48:56 indicateur de confiance de l'extérieur.
48:58 Et à côté de cela,
49:00 on va avoir la dette extérieure.
49:02 La dette extérieure, c'est en fait
49:04 l'argent que tous les agents
49:06 économiques français doivent à l'extérieur.
49:08 C'est-à-dire les ménages, les entreprises,
49:10 l'État. Et donc, tout cela,
49:12 ça fait la dette extérieure. Et puis, la dette publique,
49:14 c'est comme le déficit public, eh bien,
49:16 c'est l'ensemble, en fait,
49:18 des engagements de l'État,
49:20 des collectivités... - Des administrations.
49:22 - Et à fin
49:24 2022, elle était à
49:26 2 950 milliards. C'est cet
49:28 indicateur qui est tenu par, notamment,
49:30 par l'Union européenne, par les médias également.
49:32 Et ça équivaut à peu près
49:34 à 112% du PIB. Mais surtout
49:36 pour les Français, parce que je pense que c'est ça
49:38 qu'il convient de comprendre, c'est que ça correspond
49:40 à peu près à 43 000 euros par habitant.
49:42 C'est-à-dire de l'enfant qui vient de naître
49:44 jusqu'à celui qui va décéder
49:46 dans quelques instants.
49:48 - De...
49:50 Quand on parle de finances, tout est toujours une question d'équilibre.
49:52 - Oui. - De mesures en la matière.
49:54 L'Europe a ses règles, évidemment,
49:56 même si elles sont
49:58 souvent
50:00 transgressées.
50:02 Ça a été le cas pendant toute la période Covid, avec un feu vert.
50:04 Une autorisation générale
50:06 de la Commission européenne de ce point de vue-là,
50:08 qui d'ailleurs est en train de proposer aujourd'hui
50:10 un nouveau cadre budgétaire
50:12 avec une séquence de discussions
50:14 et de négociations politiques qui va nous emmener sans doute
50:16 très très loin de ce point de vue-là. Mais est-ce qu'on peut
50:18 rappeler les règles actuelles censées
50:20 être en vigueur, qui sont suspendues aujourd'hui
50:22 mais qui sont toujours officiellement en vigueur ?
50:24 - Voilà. Donc, le fait que,
50:26 lorsqu'on est rentré dans l'Union européenne,
50:28 on est rentré par le traité de Maastricht.
50:30 Le traité de Maastricht a défini
50:32 notamment 5 critères de convergence,
50:34 ce qu'on appelle les critères de Maastricht.
50:37 En fait, on a dit, bien que les économies
50:39 soient hétérogènes,
50:41 on va les faire se ressembler.
50:43 Donc, c'est similaire. Et donc, l'idée, c'est de ressembler
50:45 à 5 critères essentiels.
50:47 Et parmi ces 5 critères, il y en a 2
50:49 qui concernent les
50:51 finances publiques.
50:53 Le premier, c'est que le déficit public ne doit pas
50:55 excéder 3% du PIB,
50:57 sauf circonstances exceptionnelles.
50:59 Et puis, la dette publique, qui ne doit pas
51:01 dépasser 60% du PIB.
51:03 Et tout cela a été renforcé
51:05 après, notamment, la crise
51:07 des dettes souveraines en 2010-2012,
51:09 par un traité
51:11 qu'on appelle le pacte budgétaire
51:13 européen, mais le nom s'avance, c'est le pacte
51:15 de stabilité, sur la stabilité, la coordination
51:17 et la gouvernance de l'Union européenne.
51:19 Et qui a édicté une règle d'or,
51:21 qui dit que
51:23 le déficit public structurel
51:25 ne doit pas excéder 0,5%.
51:27 Cela veut dire que, concrètement,
51:29 les habitudes de comportement, ce qui est
51:31 structurel, ne doit pas excéder
51:33 0,5% du PIB.
51:35 - C'est une notion assez subjective.
51:37 On m'a toujours dit qu'il y avait
51:39 un niveau de déficit structurel
51:41 pour chaque économiste. - Exactement.
51:43 Parce qu'en fait,
51:45 derrière, je ne veux pas rentrer dans la technique,
51:47 parce que, en théorie, c'est très bien,
51:49 c'est clair, c'est super, mais quand on essaie de le calculer,
51:51 et quelles que soient les institutions
51:53 et la réputation de l'économiste,
51:55 on arrive à des résultats parfois surprenants.
51:57 Et donc, ça pose problème.
51:59 Donc l'idée, c'est de se situer, c'est où se trouve-t-on
52:01 au niveau du cycle ? Est-ce qu'on est en bas de cycle ?
52:03 Et qu'on est là ?
52:05 Donc ça pose des problèmes.
52:07 - La règle des 3% ?
52:09 On peut rappeler d'où elle vient ?
52:11 Michel ? Parce qu'on va se poser la question
52:13 de savoir quels sont les indicateurs
52:15 à prendre en compte pour évaluer la bonne santé ou non
52:17 des finances publiques d'un État.
52:19 - Malheureusement, on va dire,
52:21 cet indicateur de 3% n'a pas de valeur scientifique
52:24 ni économiste. En fait,
52:26 tout remonte à l'époque des années 80 en France,
52:29 où M. Mitterrand
52:31 fait une relance budgétaire keynésienne,
52:33 c'est-à-dire, il fait un déficit,
52:35 on passe de 5 semaines de congé payé,
52:38 on passe de 40 à 39 heures,
52:40 en conservant les mêmes niveaux de salaire.
52:42 Et en fait, ça veut relancer
52:44 la consommation, simplement les Français
52:46 qui sont indisciplinés
52:48 consomment des produits étrangers,
52:50 donc déficit de la balance commerciale,
52:52 et en même temps, comme il y a moins de recettes,
52:55 il y a déficit budgétaire.
52:57 Après, il y a un problème,
52:59 c'est que le gouvernement ne veut pas dépasser
53:01 100 milliards de francs,
53:03 comme déficit.
53:05 - Symbolique, quoi.
53:07 - C'est symbolique. On ne voulait surtout pas
53:09 dépasser ce 100 milliards.
53:11 Et donc, quelle est l'idée ?
53:13 On a parlé de la richesse de l'âme française,
53:15 on va dire des technocrates,
53:17 on a dit "on va rapporter ça au PIB".
53:19 Et donc, quand on rapporte 100 milliards
53:21 à 3 000 milliards, ça fait 3,3,
53:23 c'est resté à 3%,
53:25 et puis, lorsqu'on est rentré dans la négociation
53:27 des traités européens, etc.,
53:29 ça a diffusé au niveau des banques centrales,
53:31 et c'est resté comme ça.
53:33 Donc, c'est un véritable outil de communication
53:35 qui est devenu, on va dire,
53:37 un outil important, maintenant,
53:39 c'est presque un totem.
53:41 - Est-ce que vous pensez que c'est, d'ailleurs,
53:43 le seul niveau de la dette publique
53:45 et du ratio dette sur PIB
53:47 pour évaluer la qualité ou la soutenabilité,
53:49 comme on dit, d'un Etat,
53:51 aujourd'hui, en matière de finances publiques ?
53:53 - Alors, il y a plusieurs paramètres,
53:55 mais on peut en retenir 4 ou 5, on va dire.
53:57 La première des choses, bien sûr, c'est le coût.
53:59 C'est à quel coût peut-on s'endetter ?
54:01 Et, par exemple, aujourd'hui,
54:03 si vous voulez prêter au Venezuela,
54:05 les marchés prissent le coût de l'endettement
54:07 à 10 000%.
54:09 On va lui prêter, mais on dit que c'est le prix
54:11 des liquidités. Donc, déjà, c'est un indicateur.
54:13 Deuxième chose, également, c'est la capacité
54:15 à lever l'impôt.
54:17 Ça, c'est en théorie, également, parce que, par exemple,
54:19 quand on regarde les prélèvements obligatoires en France,
54:21 ils sont de l'ordre de 45%.
54:23 L'Union européenne, c'est 40%, mais les Etats-Unis,
54:25 c'est 25%, à peu près. Donc, c'est est-ce qu'on peut
54:27 rajouter un autre impôt ? Et là,
54:29 ça coince, parfois. Après, il y a, également,
54:31 la qualité de la dépense publique.
54:33 C'est-à-dire, est-ce que ça va être une dépense
54:35 en façon d'été productive ? - Financement ou pas ?
54:37 - Bravo ! Financement !
54:39 Non, non, mais tout à fait ! C'est que du bon sens !
54:41 Les marchés n'ont que du bon sens.
54:43 Et c'est ça qui est important.
54:45 Et puis, aussi, le rythme de croissance
54:47 de l'économie. C'est le chiffre d'affaires par rapport
54:49 à l'endettement, on va dire ça comme ça. Et puis, également,
54:51 il y a l'évolution de la dette. Est-ce qu'elle est
54:53 rapide ? Est-ce que c'est de temps en temps ?
54:55 Et c'est exponentiel ?
54:57 C'est ça, la difficulté.
54:59 - Justement, là, quels sont les facteurs qu'il faut avoir en tête
55:01 qui déterminent l'évolution,
55:03 la vitesse d'évolution de la dette publique ?
55:05 - Alors, c'est là aussi,
55:07 c'est du bon sens. C'est-à-dire que si je m'endette
55:09 à un faible taux et que cela me...
55:11 j'ai une forte croissance,
55:13 c'est pas gênant de s'endetter. Ce qu'il faut bien
55:15 se dire, c'est que l'endettement n'est pas si grave
55:17 si c'est productif.
55:19 Et donc, c'est l'effet... Donc, il y a un effet,
55:21 on va dire effet massue ou un effet
55:23 de levier. Et puis,
55:25 une deuxième chose, et donc, si on a un effet de massue,
55:27 c'est ce qu'on appelle en économie l'effet boule de neige.
55:29 C'est-à-dire que les déficits amènent les autres déficits.
55:31 Et puis, le deuxième, c'est
55:33 quelque chose d'un peu plus technique, c'est le somme public
55:35 primaire. C'est-à-dire, c'est
55:37 en gros, pratiquement
55:39 le solde des structurels, c'est-à-dire hors
55:41 intérêt d'état... des intérêts de la dette, pardon,
55:43 à quel niveau se situe ?
55:45 Et là, c'est important parce que, par exemple,
55:47 si j'ai beaucoup de fonctionnaires
55:49 et... ou au moins,
55:51 la masse salariale est toujours
55:53 une charge fixe, ce qui est très important dans toute
55:55 entreprise, et donc, même pour l'Etat. Et donc, ça pose
55:57 un problème de cette nature.
55:59 - Euh... - Alors, ce qu'il faut bien voir,
56:01 c'est que... ce niveau-là,
56:03 c'est que... il n'y a pas
56:05 de... on va dire, de seuil...
56:07 - Il y a des travaux, là-dessus. - Exactement.
56:09 - Mais au final, en termes pratiques,
56:11 on voit que des pays peuvent avoir
56:13 le même niveau d'endettement, certains plus que
56:15 d'autres, pourtant jugés solvables,
56:17 quand d'autres, avec des niveaux d'endettement inférieurs, sont
56:19 parfois jugés par les marchés ou illiquides
56:21 ou insolvables. - Ah oui, oui, c'est ça qui est important.
56:23 Quand on va prendre les pays développés, on va dire
56:25 la Chine... euh, pardon, le Japon, excusez-moi !
56:27 - On pourrait presque mettre
56:29 la Chine dans les pays développés. - Presque, presque. Mais on va dire,
56:31 le Japon, il est à 265% du PIB,
56:33 les Etats-Unis, c'est
56:35 130, l'Allemagne, c'est 70,
56:37 et ils sont jugés solvables. Et
56:39 lorsqu'on est... on s'aperçoit, par exemple,
56:41 de la crise des
56:43 crises d'État de souveraine, la Grèce
56:45 n'était que, on va dire, que
56:47 246% du PIB. Donc,
56:49 et pourtant, il y a eu une grande instabilité,
56:51 ce qu'il faut bien voir, c'est qu'il y a d'autres paramètres.
56:53 Euh...
56:55 Sur la crise des dettes souveraines, les marchés n'aiment pas
56:57 être surpris. Et le fait
56:59 des élections législatives, que d'un seul coup,
57:01 le papa André a dit "oui, voilà,
57:03 finalement, les chiffres qu'on vous a donnés sont faux
57:05 et voici les vrais", on n'aime pas.
57:07 C'est comme si vous apprenez... - Question de confiance, hein ?
57:09 - Tout à fait. Et tout à fait,
57:11 tout à fait. Et c'est ça qui est très important. C'est la
57:13 confiance, toujours. - Un mot rapide pour
57:15 finir, parce que c'est une institution que vous connaissez bien.
57:17 Quel est le rôle de la Banque de France,
57:19 justement, sur ces
57:21 questions et ces sujets de dettes publiques,
57:23 Michel ? - Alors, ce qui est très important, c'est que
57:25 l'Union européenne
57:27 indique que les banques
57:29 centrales, nationales, ne doivent pas soutenir
57:31 l'endettement des pays, on va dire. Et
57:33 donc, en France, la dette de l'État
57:35 est gérée par une agence qui s'appelle
57:37 l'agence France Trésor. Malgré tout,
57:39 ce qu'il faut bien voir, c'est que lorsque l'agence
57:41 France Trésor va s'endetter,
57:43 on va dire, au nom de l'État,
57:45 eh bien, c'est la Banque de France qui va,
57:47 on va dire, organiser les
57:49 ventes aux enchères, les adjudications.
57:51 - Bien sûr. - Également aussi, elle met à jour
57:53 les statistiques. Et puis, également
57:55 aussi, eh bien, elle est teneur de
57:57 compte, c'est-à-dire que c'est elle qui reçoit l'argent et qui
57:59 met à la disposition. Mais elle ne prête pas, on va
58:01 dire, à l'État
58:03 ce qui est très important.
58:05 - Merci beaucoup, Michel, pour ce
58:07 cours d'éducation
58:09 sur ces notions de
58:11 finances publiques très importantes,
58:13 à rappeler en ce moment, particulièrement,
58:15 Michel Rumi, économiste
58:17 associé de SPAC, avec nous chaque dernier
58:19 vendredi du mois pour ce décryptage éco
58:21 dans le dernier quart d'heure de Smart Bourse.
58:23 Voilà pour cette édition ce soir. Très bon
58:25 week-end à toutes et à tous. On se retrouve
58:27 mardi à 12h30 en direct.
58:29 (générique)
58:31 ...
58:33 - Smart Bourse
58:35 vous a été présenté par Vernier,
58:37 créateur vertueux d'indépendance
58:39 énergétique depuis 1989.
58:41 »

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