Laurent Berger, secrétaire général de la CFDT, le 1er mai 2023 sur franceinfo.
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00:00 12 000 policiers et gendarmes mobilisés, dont 5 000 à Paris,
00:03 en raison notamment d'individus jugés à risque dans les cortèges,
00:06 estimés entre 1 000 et 2 000 personnes.
00:08 Les policiers se préparent à affronter d'ici une journée très dure
00:12 avec des manifestants à l'esprit vengeur.
00:14 Est-ce que vous craignez que la fête soit gâchée aujourd'hui ?
00:16 Non mais il faut distinguer deux choses dans les manifestations.
00:20 D'abord il faut distinguer les manifestations qui sont à risque dans quelques villes,
00:23 malheureusement, je vais y revenir,
00:25 et celles qui veulent se dérouler le plus pacifiquement du monde.
00:27 J'ai parlé de 300 points de rassemblement, dans l'immense majorité des points de rassemblement et de manifestation,
00:32 il va y avoir des manifestations le plus populaire,
00:35 et le plus convivial, et le plus familial et calme possible.
00:40 Et c'est le cas quand même depuis le début.
00:42 Et puis il y a malheureusement quelques dingues qui viennent pour casser.
00:47 Il faut les distinguer des manifestants.
00:49 Ce ne sont pas les manifestants qui seraient vengeurs.
00:51 Pour vous ce ne sont pas des manifestants radicaux ?
00:53 Ce sont des gens radicalisés.
00:56 Mais vous savez, pour l'avoir vu depuis 12 manifestations déjà,
01:00 qui en veulent parfois autant aux syndicalistes et à leur service d'ordre,
01:04 qu'aux journalistes, qu'aux policiers.
01:06 Des gens qui sont dans des logiques nihilistes, etc.
01:09 Qui ont la possibilité de gâcher la fête ?
01:11 Oui, c'est toujours une crainte qu'on a,
01:13 et c'est toujours un risque qui existe, évidemment.
01:17 Et ça, j'invite vraiment à ce soir,
01:20 ne pas polariser simplement sur des problèmes qui pourraient y avoir,
01:23 même s'il ne faudra pas les nier, c'est l'information.
01:26 Mais je crois qu'il faut d'abord dire que l'immense majorité
01:29 des travailleurs et travailleuses qui veulent se mobiliser,
01:31 des syndicalistes ou des non-syndicalistes qui vont se mobiliser,
01:34 ils le font parce qu'ils sont en colère sur la question sociale,
01:37 mais ils vont le faire pacifiquement.
01:39 Vous faites confiance aux forces de l'ordre pour sécuriser les événements
01:42 et pour que la fête ne soit pas gâchée par ces dingues ?
01:45 Là je vous cite.
01:46 Oui, je crois, on les a vu évoluer depuis 12 manifestations.
01:51 Je crois qu'ils n'ont pas grand-chose à voir avec les mots d'ordre syndicaux
01:54 qui sont les nôtres.
01:55 Et les forces de l'ordre, vous leur faites confiance ?
01:57 Je leur fais confiance.
01:58 Il y a eu dans les 12 manifestations des moments plus ou moins compliqués.
02:03 En tout cas, oui, je pense qu'il faut un maintien de l'ordre
02:05 et qu'il ne faut pas s'en prendre évidemment aux manifestants
02:09 qui viennent dans un cadre pacifique,
02:11 exprimer dans un point de vue, dans une démonstration démocratique,
02:15 leur opposition à une réforme,
02:17 mais aussi leurs aspirations pour le monde du travail.
02:20 Mais que ceux qui essayent de casser soient encadrés d'une certaine manière,
02:25 oui, je le souhaite.
02:25 Le déploiement de drones là-dessus, par exemple, sur des manifestations,
02:28 ça aide à sécuriser pour vous ces quartiers ?
02:30 C'est toujours pareil, c'est quel est l'objectif recherché ?
02:32 Si ça aide à sécuriser et à avoir les groupes radicaux,
02:35 franchement, vous ne me trouverez pas à m'insurger contre ça.
02:39 Drones qui ont été, je le précise, autorisés, mais avec un volume réduit au Havre.
02:44 Sur la question des libertés publiques, il faut être extrêmement vigilant.
02:48 La liberté, c'est d'abord la liberté de manifester pacifiquement.
02:51 Dans un certain nombre d'endroits, les éléments radicaux nous empêchent de le faire.
02:55 Et ça, c'est normal qu'on essaye de faire en sorte qu'ils ne puissent pas le faire.
03:02 Mais vous savez, la liberté publique,
03:04 c'est aussi sur quel levier on agit pour prendre telle ou telle décision.
03:09 Quel est votre crainte, pour être plus clair ?
03:11 Pour être très clair, on a eu une période, et j'espère qu'elle est derrière nous,
03:14 même si on sait que malheureusement, ça peut toujours revenir,
03:17 une période terroriste où on a fait des doigts pour essayer d'avoir une lutte contre le terrorisme.
03:24 Il ne faut pas que ces instruments-là servent à empêcher des démonstrations démocratiques
03:31 telles que les manifestations.
03:32 Il y a eu une tentation de le faire ?
03:33 Non, je ne parle pas des drones, là, les drones, je vous ai répondu.
03:35 Je parle de ce qui a été utilisé parfois pour empêcher…
03:37 Les arrêtés préfectoraux ?
03:38 Oui, les arrêtés préfectoraux pour empêcher des rassemblements.
03:41 Je crois que ça, il faut distinguer les choses.
03:44 Mais encore une fois, sur les violences,
03:46 d'abord c'est dans quelques rassemblements, dans quelques villes, malheureusement,
03:50 que ce n'est pas dans les cortèges syndicaux.
03:52 Les gens, y compris à Paris, peuvent venir dans le cortège chez FDT,
03:54 ils verront que c'est convivial et festif, et que ce n'est pas là que se déroulent les violences.
04:00 Et encore une fois, moi, je condamne toute forme de violence
04:02 contre les biens et les personnes, sans ambiguïté.
04:03 Vous dites "attention", là on a créé des outils quand on a créé des lois
04:08 pour lutter contre le terrorisme, qui pourraient être utilisées à mauvaise ession
04:11 par d'autres, à l'avenir, d'autres gouvernements ?
04:14 Oui, on s'en était d'ailleurs émus à ces périodes-là,
04:19 en disant "ok, il y a un besoin spécifique à un moment donné
04:22 pour lutter contre un phénomène très très dur, qui étaient les attaques terroristes,
04:27 il ne faut pas que ça puisse se perdurer dans le droit commun,
04:30 et que ça puisse être utilisé, imaginons l'arrivée d'un régime...
04:35 Vous pensez au RN quand vous dites "tiens je dis parce que nous vous promets" ?
04:37 Oui, bien sûr, je pense au RN, qui utiliserait ce type d'instrument
04:40 pour annihiler toute contestation sociale, par exemple, ou contestation citoyenne.