SMART BOURSE - Emission du mercredi 3 mai

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Mercredi 3 mai 2023, SMART BOURSE reçoit Éric Venet (Directeur de la gestion, Montbleu Finance) , Vincent Guenzi (Directeur de la Stratégie d'Investissement, Cholet Dupont Oudart) , Anis Lahlou (Chief Investment Officer, Aperture Investors - Generali Investments) et Luciana Duprat (Responsable Relations Gestion de Fortune & ESG - Responsable Adjointe Equipe Investisseurs, PortzamparcBNPP)
Transcript
00:00 C'est reparti pour Smartbourse, votre double dose quotidienne de marché en direct sur
00:12 Bsmart chaque jour à la mi-journée 12h30-13h et en fin d'après-midi la grande édition
00:17 pendant une heure à partir de 17h, rediffusée à 20h sur Bsmart TV, émission que vous retrouvez
00:22 chaque jour en replay sur bsmart.fr et en podcast sur l'ensemble de vos plateformes.
00:27 Au sommaire de cette édition ce soir, la séquence banque centrale qui rentre dans
00:31 le dur en attendant d'ici quelques heures à peine la décision de la réserve fédérale
00:36 américaine, la Fed, qui va vouloir finir le travail de la lutte contre l'inflation le
00:41 plus proprement possible avec une hausse de taux attendue de manière très consensuelle
00:46 de 25 points de base.
00:48 Le marché estime d'ores et déjà que ce sera la dernière hausse de taux de ce cycle
00:52 de resserrement historique initié par la Fed en mars 2022.
00:56 Est-ce que Jerome Powell sera aussi explicite de ce point de vue-là ? Quel sera le wording,
01:02 le langage utilisé par le président de la réserve fédérale américaine pour repousser
01:08 peut-être les anticipations de baisse de taux qui restent ancrées dans le marché
01:11 à ce stade ? Réponse à partir de 20h30 pour la conférence de presse de Jerome Powell
01:16 à suivre ce soir 20h30, heure française bien sûr et puis ce sera bien sûr demain
01:21 autour de la Banque Centrale Européenne de délivrer sa nouvelle hausse de taux là aussi
01:25 attendue au rythme de 25 points de base.
01:28 Discussion à suivre avec nos invités de Planète Marché en plateau.
01:32 Du côté des mouvements de marché, le marché boursier se stabilise aujourd'hui.
01:36 On reste dans l'idée d'une consolidation des indices boursiers avec un CAC 40 qui préserve
01:42 ce soir le niveau des 7400 points, petite progression de 0,3%.
01:46 Le mouvement marquant du jour c'est quand même celui sur le pétrole avec une baisse
01:50 de 4% environ du baril de brut léger américain ou du baril de Brent, le pétrole de la mer
01:55 du nord malgré des tensions géopolitiques importantes aujourd'hui.
01:59 Moscou dénonce une attaque contre le Kremlin, l'Ukraine dément avoir attaqué le Kremlin
02:07 comme certaines images le montrent et puis dans le détroit d'Ormuz on a vu que l'Iran,
02:12 l'armée iranienne avait saisi un deuxième pétrolier battant pavillon panaméen pour
02:19 la deuxième fois en une semaine.
02:22 Malgré ces tensions, les cours du pétrole sont revenus quasiment sur les niveaux qu'ils
02:26 connaissaient mi-mars avant la décision de l'OPEP+ de réduire encore un peu plus ses
02:31 quotas de production.
02:33 On est à moins de 70 dollars le baril, très largement, 68 dollars environ pour le brut
02:38 léger américain et on est autour de 72 dollars pour le Brent ce soir.
02:43 Les infos clés de marché à suivre dans un instant et puis dans le dernier quart d'heure
02:46 de Smart Bourse, le quart d'heure thématique, nous reviendrons sur le thème de l'IA générative,
02:52 la révolution du GPT qui s'est emparé des marchés.
02:56 Nous en parlerons avec le directeur des investissements d'Aperture Investors, Anis Lallou, qui sera
03:00 avec nous en plateau à partir de 17h45.
03:02 Les infos clés de marché comme chaque soir en ouverture de l'émission en direct à 17h
03:18 dans Smart Bourse sur Bsmart avec vous Alix Nguyen.
03:21 Le résumé de cette séance qui s'annonce comme une séance de stabilisation plutôt
03:26 positive pour les indices boursiers européens.
03:28 Oui, à noter cependant que le CAC réduit légèrement son avance à mesure que la décision
03:33 de la Fed se rapproche suivie du discours de Jerome Powell à partir de 20h.
03:39 Pour l'heure, on constate que le dollar recule face à l'euro.
03:42 A noter également que le cours du baril du pétrole Brent est passé en dessous du 75
03:49 dollars pour la première fois depuis mars.
03:51 S'agissant des indicateurs, on retient un fort et inattendu rebond des créations d'emplois
03:56 privés en avril aux Etats-Unis.
03:59 Elles ont atteint 296 000 en avril.
04:02 Et plus tôt dans la journée et plus près de chez nous, on apprenait que le taux de
04:06 chômage en mars dans la zone euro a atteint son plus bas niveau historique à 6,5% de
04:12 la population active, soit une baisse de 0,1 point par rapport à février.
04:16 Pour l'ensemble de l'Union européenne, le taux de chômage s'est élevé à 6%.
04:21 Parmi les valeurs qui font l'actualité aux Etats-Unis, il faut retenir la dégringolade
04:27 du titre Esteloder.
04:28 Depuis le début de l'année, le titre a désormais perdu plus de 21%.
04:33 L'entreprise prévoit une baisse plus importante qu'anticipée de son chiffre d'affaires
04:37 et de son bénéfice.
04:39 Esteloder souffre d'une reprise plus lente que prévue en Asie et plus précisément
04:44 sur son principal marché, la Chine.
04:46 A Paris, Stellantis recule nettement.
04:49 Son chiffre d'affaires net a pourtant augmenté de 14% au premier trimestre.
04:53 La pénurie de semi-conducteurs se résorbe mais continue d'avoir un impact.
04:57 En baisse à l'ouverture, BNP Paribas progresse désormais.
05:01 Son résultat net a plus que doublé au premier trimestre grâce à une plus-value réalisée
05:06 sur la cession de sa filiale américaine Bank of the West.
05:09 Elle a également bénéficié de son activité de trading.
05:12 Le secteur du luxe soutient la tendance tirée par la croissance de 2,7% du PIB de Hong Kong
05:19 au premier trimestre.
05:20 Et puis Air France KLM chute dans le sillage de Lufthansa.
05:23 La compagnie allemande s'est dite confiante quant à l'attente de ses objectifs annuels
05:28 mais la progression de son chiffre d'affaires est en deçà des attentes.
05:31 Tendance mon ami.
05:33 Chaque soir les infos clés de marché à 17h en direct dans Smartbourse sur Bsmart avec
05:37 Alix Englien.
05:38 (Générique)
05:48 Trois invités avec nous chaque soir pour décrypter les mouvements de la planète marché.
05:52 Luciana Duprat est avec nous ce soir en plateau, responsable des investissements durables chez
05:56 Ports & Pars.
05:57 Bonsoir Luciana.
05:58 Merci beaucoup d'être là.
05:59 Merci à Eric Venet d'être avec nous également.
06:00 Bonsoir Alix.
06:01 Directeur de la gestion de Montbleu Finance.
06:03 A nos côtés enfin Vincent Guenzy.
06:05 Bonsoir Vincent.
06:06 Ravi de vous retrouver.
06:08 Vous êtes directeur de la stratégie d'investissement de Cholet, Dupont ou Dard.
06:11 Commençons par la séquence Banque Centrale avec la décision imminente de la réserve
06:15 fédérale américaine.
06:17 Pour finir le travail proprement, comme je dis Vincent, les dernières données économiques,
06:23 statistiques aux Etats-Unis ainsi que les derniers développements sur le front de la
06:27 crise bancaire autorisent la FED ce soir à faire un dernier mouvement de 25 points de
06:32 base ?
06:33 Un mouvement de 25 points de base.
06:34 Certainement.
06:35 Le dernier, on ne sait pas encore.
06:36 C'est assez probable.
06:37 On a quand même une activité qui reste assez soutenue, même si elle se modère.
06:42 On a vu une création d'emplois tout à l'heure qui était très très élevée.
06:45 Et puis sur le plan du recul de l'inflation, il y a parfois des signaux un petit peu discordants.
06:50 Dans le dernier chiffre ISM industriel qui est sorti, la composante prix était remontée.
06:56 Donc il est assez probable que ce soit la dernière hausse des taux puisque entre 5 et 5,25 par
07:04 rapport à une inflation qui est en train de ralentir et qui ralentira un petit peu dans
07:07 les prochains mois, on arriverait à une certaine neutralité.
07:10 Donc il est probable que la FED ait envie de se positionner en disant "bon, on a déjà
07:15 fait une bonne partie du boulot".
07:17 Mais je pense qu'elle va surtout avoir à cœur de dire "attention, ce n'est pas parce
07:20 qu'on s'arrête qu'on va rebaisser tout de suite".
07:22 Parce que ce qui doit l'enquiquiner, c'est quand même les anticipations de baisse des
07:25 taux de 50 à 75 points de base d'ici la fin de l'année.
07:28 Qu'a le marché ? Et ça, je pense que c'est beaucoup trop tôt.
07:32 Donc c'est plutôt là que je l'attends.
07:34 Je ne sais pas si elle va s'exprimer vraiment sur le sujet.
07:36 Il serait quand même assez logique, comme toujours, qu'elle manie un peu les deux côtés
07:43 de la pièce.
07:44 Donc qu'elle dise "voilà, il faut que je monte encore, mais à côté de ça, on est
07:49 déjà maintenant à 5,25, donc on peut penser qu'on aura peut-être moins besoin d'oursir
07:56 notre politique monétaire".
07:57 Donc un discours assez ambiguë, destiné à soutenir les marchés sans entretenir une
08:02 euphorie.
08:03 Où est la barre d'une première baisse de taux ? Puisque les marchés continuent d'imaginer,
08:07 c'est un sujet de discussion infinie, depuis des mois et des trimestres.
08:11 Ces anticipations de baisse de taux qui suivent la dernière hausse ont toujours été là,
08:16 restent ancrées dans le marché.
08:17 La FED l'avait dit, pour que l'inflation recule, il faut qu'il y ait une demande moins
08:20 soutenue.
08:21 Alors la demande est un petit peu moins forte, mais elle n'a pas suffisamment reculé.
08:24 Le chômage n'a pas suffisamment augmenté.
08:27 Donc les tensions sont toujours là.
08:28 On est quand même loin des 2%, qui est l'objectif des grandes banques centrales.
08:33 Donc il serait assez logique qu'elles maintiennent une position assez restrictive pendant encore
08:37 quelques temps, jusqu'à ce que la décrue de l'inflation se rapproche d'un objectif
08:43 qu'elles jugent plus cohérent.
08:45 Aujourd'hui, on en est loin.
08:47 Certains pensent que la FED pourrait relever les objectifs d'inflation.
08:51 Se dire "Aujourd'hui, c'est plus 2, c'est 3".
08:53 C'est un peu prématuré également.
08:55 Je pense que la FED, encore une fois, elle est là pour rassurer, mais elle n'est pas
08:58 là pour entretenir la spéculation à l'euphorie.
09:02 Elle est là aussi pour soutenir l'économie quand c'est nécessaire.
09:05 Aujourd'hui, ce n'est pas nécessaire.
09:07 Soutenir le secteur financier quand il y a des bombinettes qui explosent à droite ou
09:11 à gauche, oui.
09:12 Mais elle le fait à ce moment-là par des liquidités qu'elle réinjecte dans le marché
09:16 le temps nécessaire qu'elle reprend par la suite.
09:18 Mais elle n'utilise pas l'arme d'étau.
09:20 Eric, qu'est-ce que vous attendez du cap que va fixer Jérôme Poel ce soir ?
09:25 Si jamais la FED entre effectivement dans quelque chose d'un peu différent après
09:29 le front-loading de 2022, les hausses d'autos à un rythme effréné.
09:34 On a déjà réduit les incréments à 25 points de base et maintenant une nouvelle
09:39 perspective s'ouvre.
09:40 Oui, c'est plutôt un point final.
09:42 Le job is done.
09:44 Et puis ça a fonctionné.
09:46 Je suis le premier surpris parce que ça a monté sévèrement.
09:50 Et la croissance tient.
09:53 En fait, j'ai des points sur le jusque-là.
09:56 Il y a une espèce de paradoxe parce que les économistes ne sont pas tous d'accord.
10:02 Mais justement, la croissance, on va dire que ça ne se tient pas près.
10:05 Mais les financiers, non.
10:07 Parce qu'on anticipe déjà une baisse des taux pour pas très longtemps.
10:12 Les cycliques sont dans les choux.
10:15 Les contrôles, c'est à chaque fois forcément des conséquences, pas forcément des signaux.
10:19 Mais les actifs cycliques montrent qu'il y a quelque chose de désagréable devant nous.
10:26 Il y a une dichotomie qui me met mal à l'aise.
10:29 Normalement, en tant qu'économiste, je dis bravo, j'applaudis, tout a été...
10:33 La feuille de score est bonne.
10:36 On a remonté les taux à 5, il ne s'est rien passé.
10:39 La normalisation du marché de l'emploi, les anticipations d'inflation ont diminué.
10:44 Certes, on ne viendra jamais à 2.
10:49 Mais j'ai un problème.
10:51 Parce que le marché financier ne me dit pas ça.
10:54 J'espère que le marché financier se trompe.
10:56 Et auquel cas, je pense que la priorité de la Fed, c'est de se dire
11:04 "Je fais le job et j'attends de récolter toujours mes fruits".
11:09 On va diminuer progressivement l'inflation sous-jacente, qui est encore un peu diminuée.
11:13 Je vais me laisser porter par les statistiques.
11:16 Et si j'ai une chute brutale que je n'ai pas vue,
11:22 on verra si j'entame une baisse des taux.
11:25 Mais il n'y a pas de raison jusqu'à là.
11:27 Donc, je pense qu'il y a intérêt à ne rien dire.
11:29 Si on se dit "J'ai fait le job, on va attendre".
11:33 Peut-être que j'en ai trop fait.
11:34 Parce que si j'en ai trop fait, ça veut dire qu'ils ont raison d'attendre une baisse des taux
11:38 parce que ça va chuter sévèrement.
11:42 Sûrement, j'ai fait comme il fallait et je n'ai rien d'autre à faire
11:45 avant le changement macro-économique.
11:48 Mais ce n'est pas pour l'instant.
11:49 Mais le bilan, on ne peut pas le tirer tout de suite.
11:51 Vu le décalage de l'impact des politiques de taux, de politique monétaire...
11:55 Savoir si le resserrement a été abusif ou pas...
11:59 Jusqu'ici, il n'est pas abusif.
12:01 Sauf que les marchés financiers vous disent que...
12:04 Oui, parce qu'on a une bonne moitié des hausses de taux
12:05 qui n'ont pas encore eu d'impact dans les pays réels.
12:07 Voilà, c'est ça.
12:09 Luciana ?
12:10 Ça n'a pas été abusif, mais comme dans chaque hausse des taux,
12:13 il y a les acteurs les plus fragiles qui sont pénalisés.
12:15 En l'occurrence, cette fois-ci, c'est les banques commerciales américaines.
12:19 Les banques centrales, quand elles veulent lutter contre l'inflation,
12:22 c'est vrai qu'elles augmentent les taux de directeur
12:24 parce qu'elles estiment que les banques vont moins octroyer de crédit
12:29 aux agents économiques et comme ça, on va lutter contre l'inflation.
12:32 Là, on a une partie du tissu bancaire américain
12:36 qui est embourberée dans des difficultés financières
12:40 et qui, de fait, est obligée de ralentir sur le crédit américain.
12:45 Donc finalement, on a non seulement une hausse des taux de directeur classique
12:50 pour lutter contre l'inflation,
12:52 et là, on a les banques commerciales américaines
12:54 qui, finalement, en ralentissant le crédit,
12:58 luttent contre l'inflation aussi.
13:00 Mais vous dites "ça fait partie",
13:02 c'est l'intention de la banque centrale américaine
13:05 de voir ce phénomène de resserrement des conditions de crédit,
13:08 de resserrement de la distribution de crédit,
13:11 quand bien même il y a des dommages collatéraux
13:13 issus là dans le secteur bancaire.
13:14 C'était son intention, effectivement, de ralentir.
13:17 Maintenant, ce n'était pas son intention
13:19 de pénaliser les banques commerciales américaines.
13:21 Mais est-ce que c'est de son fait que
13:23 les banques commerciales américaines se retrouvent dans cette situation ?
13:26 Non.
13:27 Il y a aussi, on l'a vu, une mauvaise gestion sur les ratios prudentiels,
13:31 sur la baisse clientèle.
13:33 Sur certaines de ces banques,
13:35 ils avaient juste un client, que sont les start-up.
13:38 Donc finalement, ce n'est pas la Fed la seule responsable.
13:42 Il y a aussi une mauvaise gestion, comme à chaque fois.
13:44 Il y avait des modèles particuliers, effectivement,
13:47 plus fragiles que d'autres.
13:48 Voilà, plus fragiles que d'autres.
13:49 Mais l'intention de la Fed était bien celle-ci,
13:52 comme toute banque centrale,
13:53 en relevant les taux, de lutter contre l'inflation.
13:56 Vincent, ce n'est pas le modèle qui est plus fragile,
13:59 c'est que lorsque vous remontez les taux aussi violemment,
14:03 vous avez des secteurs qui souffrent.
14:04 Il n'y a pas que...
14:05 Regardez l'immobilier, là, ils ne sont pas bien non plus.
14:09 Donc, c'est simplement, ils devaient remonter les taux,
14:12 parce qu'on a changé d'air de paradigme.
14:14 Mais il y a des collatéraux, des dommages collatéraux,
14:17 qu'il faut résoudre.
14:18 Et pour l'instant, les banquiers centraux sont là pour supporter.
14:23 Mais ce n'est pas parce que le modèle était défaillant,
14:25 c'est parce que manque de chance pour les immobiliers.
14:27 Un petit peu, parce que les clients,
14:29 enfin, certains clients avaient besoin de retirer de l'argent,
14:32 eux-mêmes, pour donner du cash à leurs clients.
14:37 Ils ont été amenés à vendre leurs portefeuilles obligataires,
14:40 un peu dans la panique.
14:42 Et c'est pour ça que, assez rapidement,
14:44 aussi bien la Banque centrale américaine que le Trésor,
14:47 que Joe Biden ont voulu freiner la fuite des dépôts,
14:52 ont voulu également assurer la liquidité des banques
14:57 au niveau, en tout cas, des portefeuilles obligataires
14:59 qu'elles détenaient pour ne pas les vendre dans la panique.
15:02 Et surtout, rétablir la confiance,
15:04 parce que le système bancaire repose sur la confiance.
15:07 La question étant, est-ce que la confiance est revenue ou pas ?
15:11 Visiblement, la reprise de First Republic Bank par J.P.Morgan
15:15 ne suffit pas à couper la série d'événements
15:21 qui semblent continuer devant nous, Vincent.
15:25 À chaque période de remontée des taux et de durcissement monétaire,
15:28 il y a un chapelet de faillite.
15:30 Depuis 30 ans, chaque fois qu'on a vu une remontée des taux
15:32 et une récession ou non, il y a eu des accidents financiers.
15:35 Donc la Fed, elle le sait, elle les vit.
15:37 Il y a des organismes de sauvetage.
15:39 C'était prévisible.
15:40 On avait vu quand même cette remontée des taux depuis deux ans
15:44 qui se passait relativement bien.
15:46 On avait eu des pertes sur les portefeuilles obligataires,
15:49 mais on n'avait pas eu d'accident financier.
15:51 Bon ben voilà, ça commence à arriver, il y en aura sans doute d'autres.
15:55 Je pense que la Fed, elle est blindée de ce point de vue-là.
15:57 Les autorités américaines savent gérer la situation.
16:00 Je dirais même qu'elles le font mieux qu'elles l'ont fait les fois précédentes.
16:03 Elles ont réagi beaucoup plus rapidement qu'en 2008.
16:05 - Une courbe d'expérience. - Exactement.
16:08 Alors les autres banques régionales qui continuent à chuter.
16:11 Bon, le marché américain, c'est un marché d'anticipation,
16:16 c'est un marché spéculatif.
16:17 Donc oui, ils s'amusent à trouver le prochain domino.
16:19 - Un maillon faible. - C'est devenu un jeu.
16:21 - Est-ce que c'est précurseur d'une faillite généralisée ? Non.
16:25 Ce que je constate quand même par rapport à 2008,
16:27 c'est que l'ensemble du tissu financier,
16:30 que ce soit en Europe ou aux États-Unis, pour prendre les deux grandes zones,
16:33 les banques sont quand même beaucoup mieux capitalisées.
16:37 Il y a probablement un peu moins d'actifs douteux dans les comptes.
16:42 Il y en a certainement, mais globalement moins.
16:45 Je rappelle que la banque qui a fait faillite, la Silicon Valley Bank,
16:51 les actifs douteux qu'elle avait en portefeuille,
16:53 c'était quand même des emprunts à cas.
16:55 Donc il fallait lui laisser du temps et ramener un peu de confiance
16:58 à éviter le bank run.
16:59 Ce que je crois, les autorités ont quand même assez réussi.
17:04 Ceci étant, on a cru que le calme revenait très rapidement.
17:06 Et puis, il suffit qu'il y ait de nouveau un petit peu de tension
17:09 alimentée par des vendeurs à découvert sur des titres pour que,
17:13 voilà, on ait quand même encore une quatrième banque qui saute.
17:15 - Je suis d'accord que ce n'est pas une crise des actifs, de ce point de vue là.
17:18 On ne peut pas reprocher à une banque de détenir en actifs des treasuries.
17:22 Après, il y a la question du modèle économique, de la gestion
17:24 et de l'équilibrage passif du passif et de l'actif.
17:29 Non, mais là, il y a quand même une crise du passif généralisé
17:31 dans le sens où les dépôts bancaires sont challengés par des produits monétaires
17:35 qui offrent aujourd'hui une rémunération que toute une génération n'a jamais vue.
17:40 Et de ce point de vue là, que peut faire la réserve fédérale américaine
17:43 si elle continue encore de mettre 25 points de base ce soir ?
17:46 Elle ne fait qu'accroître le problème et l'appétit de certains déposants bancaires
17:51 pour des produits monétaires qui ont un appétit tout à fait légitime.
17:55 - Les déposants en vent vers les produits monétaires, pas.
17:59 Parce que les taux sont beaucoup plus élevés.
18:01 Parce qu'il y a aussi des comptes à terme aux Etats-Unis.
18:03 Ils vont sur les SICA monétaires parce que c'est "moins risqué"
18:08 que de laisser son argent dans une banque dont le modèle est un petit peu en panique.
18:13 C'est plus un problème de sécurité qu'un problème de rémunération.
18:16 C'est différent en Europe parce que les taux des SICA monétaires
18:18 n'ont pas rattrapé le taux du jour le jour.
18:20 Mais aux Etats-Unis, le taux des SICA monétaires n'est pas très différent des comptes à terme.
18:25 Si vous placez de l'argent à deux ans, ce n'est pas le bon exemple.
18:28 - Oui, oui.
18:30 - On est dans une problématique assez classique de hausse des taux
18:34 où le particulier, quand il a du cash sur un compte courant,
18:39 s'il s'est rémunéré, évidemment, il va le laisser.
18:41 - Mais sur un compte à terme, d'accord, mais on est déjà sur un fonds monétaire.
18:44 - Un fonds monétaire, là, aujourd'hui, ça offre pratiquement du 5% de rendement.
18:49 C'est plutôt, en fait, les banques qui ont tardé à offrir une rémunération
18:55 sur le dépôt des comptes courants et ça va se faire.
18:59 Maintenant, ce qui ne se faisait pas dans les années passées,
19:02 c'est que là, avec l'arrivée des banques digitales, en quelques clics,
19:06 vous avez des mouvements sur les capitaux qui sont très rapides.
19:09 Et donc là, les banques, elles vont être obligées d'offrir un rendement sur les comptes courants.
19:14 C'est ça, en fait, qui va devoir...
19:17 C'est comme ça que le marché va se réajuster.
19:19 - Mais ça veut dire que ça change quand même le cas d'investissement bancaire
19:22 qui était plutôt vu positivement parce que hausse des taux, recondification,
19:26 c'est bon pour les banques.
19:27 Ça, c'était l'argument fatal des derniers mois et des derniers trimestres.
19:30 - C'est vrai. Non, non, mais jusqu'à présent, elles ont gardé les profits pour elles
19:33 et puis là, elles vont être obligées de partager.
19:36 - La liquide des ventes, coté plus cher.
19:37 Et donc, toutes les banques qui auront des problèmes de liquidité
19:41 ou d'accès aux liquidités vont se fragiliser.
19:45 Mais je pense que ce n'est pas une question de taux d'intérêt de la fête.
19:47 Peu importe que ce soit à 5 ou à 25, c'est simplement qu'on passe de zéro...
19:52 En fait, c'est une question de grandeur, de masse.
19:54 - Oui, de grandeur, de zéro à 5.
19:56 - Et d'ajustement, en fait.
19:58 - Alors, il y a quand même une question...
19:59 - C'est la violence quand même, on réalise pas.
20:01 - Il y a quand même encore d'autres éléments.
20:02 Il y a d'autres parties de l'économie qui devaient être financées,
20:05 qui étaient financées avant par des taux très bas.
20:07 Le private equity, l'immobilier.
20:09 Donc, il y aura probablement d'autres dégâts collatéraux.
20:13 Je ne suis pas si inquiet que ça sur le private equity
20:15 parce que, généralement, on a du temps devant soi.
20:17 Donc, le banquerie n'y se produit pas sur le private equity.
20:19 - Oui, il y a plus de viscosité quand même sur le dépôt passif d'un fonds de private equity.
20:23 - Exactement.
20:24 Par contre, les fonds de private equity ont du mal à lever davantage de dettes
20:28 pour continuer à financer les start-up.
20:30 Donc, ça fait quand même un impact négatif sur l'activité.
20:34 - Un mot du plafond de la dette,
20:37 qui vient percuter un peu également le sujet de la réserve fédérale américaine
20:43 entre l'inflation, la stabilité financière.
20:45 S'invite donc désormais cette question du plafond de la dette
20:47 avec une date fixée autour du 1er juin,
20:51 en tout cas à partir du moment où le trésor américain
20:55 devra commencer à réduire sérieusement ses dépenses.
20:59 Luciana, là aussi, le marché nous dit que c'est plus sérieux que d'habitude.
21:04 - Est-ce que c'est plus sérieux ?
21:06 C'est un problème récurrent, c'est vrai, aux Etats-Unis.
21:11 Donc, on l'a souvent.
21:14 Maintenant, le vrai sujet, ce n'est pas tant la probabilité de défaut des Etats-Unis,
21:19 mais plus l'arbitrage que le trésor américain va devoir faire
21:23 sur des prestations de santé ou de retraite.
21:26 Donc, c'est plus le particulier américain qui pâtit de cette situation.
21:32 En 2011, Obama avait été confronté au même problème de relèvement du plafond de la dette.
21:40 C'était un moment encore plus prégnant.
21:45 C'était quand même suite à 2008.
21:48 Là, on n'est pas dans la même situation que 2008.
21:52 Comme à chaque fois, ça se fait dans un laps de temps très resserré.
21:56 Comme vous avez dit, Yannick Pélen a dit 1er juin.
21:59 Et Biden a l'air d'être cool, pas pressé, de donner rendez-vous au Congrès.
22:06 - Il n'y a pas trois mois devant nous.
22:08 - L'enjeu, c'est de se dire que dans un laps de temps assez court,
22:12 il va falloir trouver une solution.
22:15 On va savoir si les négociations sont faites sous la pression.
22:18 C'est mieux, je ne sais pas. On verra.
22:21 - Quel type de dégâts peut générer cette situation de blocage politique ?
22:25 Le coup d'un compromis que tout le monde attend et qui viendra à un moment ou à un autre.
22:29 Mais dans l'intervalle, il peut se passer des choses.
22:31 - Ça augmente la volatilité sur le marché financier.
22:35 - On vient de passer quelques minutes sur le problème dans la finance.
22:42 Je suis assez étonné qu'il n'y ait pas de problème de finance.
22:45 Dans la banque, oui.
22:47 Mais quand on passe du 10 ans à 0, à 5, 6, je ne sais pas où sont ceux qui ont perdu.
22:55 Peut-être qu'on va sortir dans quelques mois.
22:59 Mais ça, ça sera autrement plus dangereux.
23:02 - Je reviens à la question.
23:05 C'est sûr que ça ne peut pas aider.
23:08 On a un souci court terme.
23:11 Tous les problèmes sont cristallisés.
23:14 - C'est binaire.
23:16 - Tout est binaire.
23:18 Tout est violent.
23:21 Ça a rajouté un peu de stress pour le mois de mai.
23:24 Après, je vois mal que l'État américain fasse un faux.
23:31 Ça va ralentir la capacité de politique budgétaire des États-Unis.
23:38 Je pense que le problème n'est pas là.
23:43 Il faut qu'on ait encore davantage de normalisation du processus.
23:48 Qu'on puisse tourner la page.
23:50 Entrer dans une nouvelle ère avec des taux normaux.
23:54 Des anticipations d'inflation...
23:57 - Stabilisées.
23:59 - Acceptables.
24:01 Et regarder si on n'a pas laissé trop de problèmes derrière nous.
24:06 Pour pouvoir avancer.
24:08 Je crois que c'est juste là le problème.
24:10 - Il y a une période de transition.
24:12 Devant nous.
24:14 Qui n'est pas totalement aboutie.
24:16 - Oui.
24:18 - C'est toujours une tragique comédie.
24:21 Depuis 3 ans, Biden a beaucoup dépensé.
24:26 Il a peut-être même un peu trop dépensé.
24:30 - Il a pris le relais de ce qui se faisait avant.
24:34 - Il en a quand même beaucoup rajouté.
24:37 Sur le fond, que cette petite guéguerre entre républicains et démocrates
24:42 réduise un peu les interventions de l'État,
24:45 ça ne me choque pas trop.
24:47 Le timing est plus délicat.
24:49 On est dans une phase où l'économie commence à ralentir.
24:53 Ça peut peut-être accélérer un peu les choses.
24:57 Ça va dépendre du compromis.
25:00 Si c'est un compromis qui prévoit une réduction budgétaire
25:04 à un horizon de 6 mois, 9 mois, 1 an, on gagne du temps.
25:07 Ça ne va pas être instantané.
25:09 C'est peut-être un élément négatif à court terme
25:12 pour les équilibres économiques.
25:14 Mais pour le déficit budgétaire, la dette et le refinancement des États-Unis,
25:18 à moyen terme, ce n'est pas forcément une mauvaise chose.
25:21 Il faut être un peu pondéré.
25:23 Les marchés ne sont jamais pondérés.
25:25 Il y aura peut-être un peu de volatilité.
25:27 - Ça peut coûter au marché.
25:29 - Oui, peut-être.
25:31 Mais ça donnera peut-être des opportunités
25:33 pour voir le côté positif de la chose.
25:35 - Côté européen, après la fête ce soir,
25:37 ce sera autour de la BCE demain.
25:39 Eric, là on sent toujours ce petit décalage.
25:43 Si la Fed peut peut-être se satisfaire de la situation
25:46 et se mettre en pause,
25:48 visiblement ce n'est pas le cas pour la BCE,
25:51 qui devrait réduire son rythme de hausse de taux
25:54 en passant de 50 à 25.
25:56 - On ne pourrait pas dire qu'elle a fini de faire le job.
25:58 Parce que les anticipations d'inflation sont un peu plus élevées.
26:04 Alors certes, elle commence à réussir.
26:07 L'inflation sous-jacente diminue.
26:10 Le souci c'est que d'abord,
26:13 tous les pays n'ont pas la même problématique.
26:16 Regardez par exemple l'inflation allemande.
26:19 Elle diminue parce qu'elle est plus dépendante des biens et de l'alimentaire.
26:24 Alors qu'en France et en Espagne,
26:26 on est dépendant du service.
26:28 Les services marchent bien.
26:30 Donc l'inflation remonte légèrement.
26:32 Mais on peut dire que la BCE fait le job.
26:36 Pas "a fait", mais "fait le job".
26:38 Le problème c'est qu'elle ne peut pas monter trop.
26:44 Comme elle n'a pas fait violemment,
26:46 elle l'a fait avec Parsmany,
26:49 elle a plus de temps pour aller le plus haut possible.
26:54 Jusqu'à ce que l'économie européenne puisse l'absorber.
26:58 Donc je pense qu'elle va faire 0,25.
27:00 Et puis on va voir.
27:03 - Dépendant de ce donné.
27:06 - Elle ne peut pas dire autre chose.
27:10 - Mais là aussi on voit que la transmission se met.
27:13 - Elle se fait.
27:15 - Même si la BCE est partie en retard, avec moins d'agressivité,
27:18 quand on voit les enquêtes réalisées auprès de l'industrie bancaire,
27:21 on voit qu'il y a un petit choc sur les conditions de crédit,
27:24 sur la distribution et sur la demande de crédit.
27:27 Il y a toujours cette question de la demande privée,
27:30 intérieure, en Europe, chez les consommateurs,
27:33 mais aussi du côté de la demande de crédit,
27:36 qui s'affaiblit assez nettement.
27:39 - C'est plus préoccupant, parce que jusqu'à quand les entreprises
27:42 qui se sont gorgées de capitaux à taux zéro,
27:45 vont revenir sur le marché.
27:48 Et donc si le marché de crédit est bloqué,
27:51 là on va avoir un accident.
27:54 Ce n'est pas le cas pour l'instant,
27:57 mais on voit que c'est plus touchy à gérer.
28:00 - Je ne sais pas trop où ça va nous mener,
28:03 mais je pense qu'on n'a pas intérêt à remonter trop les terres.
28:06 Je pense qu'on a intérêt pour maintenant,
28:09 à continuer d'aller plus loin, plus longtemps.
28:12 - Je comprends.
28:15 - Au lieu de faire 0,75, on va faire 0,25,
28:18 le plus longtemps possible, encore 0,25,
28:21 pour voir ce que l'économie européenne peut absorber.
28:24 - C'est-il le sens du discours de Christine Lagarde en décembre,
28:27 la dernière fois que l'ABCE a rétrogradé le rythme des hausses de taux,
28:30 en décembre on passait de 75 à 50,
28:33 mais le discours qui accompagnait le passage de 75 à 50,
28:36 c'était de dire "on fait moins,
28:39 mais on va en faire plus de fois et plus longtemps que ce que vous imaginez".
28:42 Ça reste le schéma valable aujourd'hui pour l'ABCE ?
28:45 - Je ne sais pas si on va faire 25 ou 50.
28:48 Il y a quand même un certain nombre de gouverneurs
28:51 qui ont dit 0,50, donc je ne sais pas.
28:54 On a quand même une inflation qui est beaucoup plus élevée,
28:57 et puis c'est vrai que l'ABCE fait aussi son travail,
29:00 mais elle a commencé plus tard.
29:03 L'inflation a connu son pic également plus tardivement qu'aux Etats-Unis.
29:06 On a aussi des facteurs de tension salariale
29:09 qui sont peut-être un peu moins maîtrisés qu'aux Etats-Unis
29:12 et dans certains pays européens.
29:15 Donc moi je suis plus dubitatif.
29:18 Déjà j'ai des hypothèses de taux terminal plus élevés que le consensus.
29:21 - Taux de 4 ?
29:24 - 4,5. - Pour le taux de refinancement ou le taux de dépôt ?
29:27 - Non, le taux de refinancement.
29:30 Parce que l'inflation est quand même beaucoup plus élevée.
29:33 Donc je vois mal l'ABCE baisser la garde si vite.
29:36 C'est vrai qu'il y a une situation très hétérogène en Europe
29:39 et que ça a toujours été en quiquinant,
29:42 mais c'est aussi intégré,
29:45 parce que ce n'est pas 5,25 comme la Fed, le taux terminal.
29:48 Donc je pense qu'elle devrait continuer.
29:51 Alors c'est vrai que c'est plus facile de continuer à dose homéopathique
29:54 en disant "je laisse le marché l'absorber,
29:57 voir comment ça réagit au niveau de l'économie".
30:00 On avait aussi un petit décalage conjoncturel par rapport aux Etats-Unis
30:03 puisque l'année dernière on avait beaucoup de craintes de ralentissement
30:06 et qu'elles se sont avérées un peu affondées
30:09 grâce à la baisse des prix de l'énergie.
30:12 Et là ça a l'air de repartir un petit peu, ce n'est pas très virulent,
30:15 c'est un peu l'accroissance.
30:18 Donc je pense que la BCE ne doit pas baisser la garde tout de suite.
30:21 - Je crois que vous n'êtes pas tout à fait tout seul dans ce camp-là.
30:24 C'est minoritaire aujourd'hui, mais il y a des calls pour 50 encore demain.
30:27 - Madame la garde, on n'est pas à l'abri d'une poursuite de l'offse des taux.
30:30 - Luciana, sur ces considérations autour de la BCE,
30:33 et puis on va parler quand même des entreprises
30:36 et des résultats microéconomiques, 25-50,
30:39 est-ce que ça change quelque chose au final ?
30:42 - 25, pourquoi pas.
30:45 Comme on l'a dit, elle a commencé plus tard que la Fed,
30:48 donc elle terminera plus tard.
30:51 L'inflation est toujours là, on l'a vu sur les chiffres.
30:54 Après 5 mois de décélération, on a vu que l'inflation augmentait.
30:57 Alors légèrement, on est passé de 6,9 à 7%.
31:00 Sur l'inflation sous-jacente, là il y a du mieux.
31:03 En mars, on était à 5,7%, là on passe à 5,6%.
31:06 De là à tirer des conclusions, c'est trop hâtif.
31:09 La BCE ne le fait pas, les banques centrales,
31:12 c'est toujours après le cycle, elles prennent le temps.
31:15 Donc ça paraît normal de continuer à faire des hausses de taux
31:18 de manière homéopathique,
31:21 aussi longtemps que nécessaire pour l'instant.
31:24 La situation le nécessite.
31:27 - Fed ce soir, BCE demain pour la séquence Banque Centrale
31:30 de ce début de mois de mai,
31:33 qui accompagne la séquence de publication
31:36 de résultats d'entreprises.
31:39 Je vois que le consensus des analystes
31:42 est en train de tourner, que ce soit aux Etats-Unis ou en Europe.
31:45 On a eu plusieurs mois, plusieurs trimestres,
31:48 même peut-être aux Etats-Unis, de révisions baissières
31:51 des anticipations de résultats sur les 12 mois, 24 mois suivants.
31:54 Et bien là, il y a semble-t-il un début de point d'inflexion.
31:57 Les anticipations de résultats aux Etats-Unis,
32:00 par exemple pour 2023 et 2024, sont désormais révisées à la hausse.
32:03 - Oui, alors là, la saison des résultats
32:06 n'est pas encore terminée.
32:09 On voit quand même qu'il y a des gagnants dans les secteurs.
32:12 Il y a d'abord le luxe. On a vu des chiffres d'affaires
32:15 pour Hermès et LVMH de 17-20%.
32:18 On a vu des valeurs comme Ferrari ou Moncler
32:21 publier de très bons résultats.
32:24 Toutes les valeurs du secteur ne sont pas à mettre
32:27 au même niveau. On a vu que Kering avait du mal
32:30 à convaincre des consommateurs asiatiques
32:33 sur la marque Gucci.
32:36 - Estée Lauder versus L'Oréal aussi. L'Oréal a été très bonne.
32:39 Estée Lauder envoie un message à l'opposé
32:42 orthogonal de L'Oréal.
32:45 - Il y a d'autres secteurs aussi, notamment dans le secteur
32:48 de la technologie, le sous-secteur des semi-conducteurs
32:51 qui est un segment vraiment porteur.
32:54 Malheureusement, là, les publications étaient plus mitigées.
32:57 Pour le leader qui est à SML, comme ils ont annoncé
33:00 une baisse des commandes plus importante qu'anticipée,
33:03 le marché l'a sanctionné assez sévèrement.
33:06 Ca peut être intéressant parce que le management a dit
33:09 que c'était un report de commandes et en plus de ça,
33:12 a maintenu les objectifs pour 2023 et 2024.
33:15 On voit bien que sur la thématique des semi-conducteurs,
33:18 des deux côtés de l'Atlantique, aussi bien aux Etats-Unis,
33:21 on a annoncé des plans de 5 millions d'euros
33:24 pour soutenir les semi-conducteurs,
33:27 200 milliards pour la recherche et développement
33:30 sur les semi-conducteurs.
33:33 De l'autre côté, en Europe, c'est 45 milliards,
33:36 donc c'est quand même des montants importants également.
33:39 Tout ça, c'est pour réduire notre dépendance
33:42 par rapport à l'acteur taïwanais TSMC.
33:45 On voit bien qu'il y a quand même les valeurs de croissance
33:48 qui ont repris de la vigueur.
33:51 On a d'autres secteurs aussi,
33:54 il faut les oublier peut-être, mais la chimie,
33:57 c'est toujours un secteur intéressant.
34:00 Les télécoms, avec 2 Tché Télécoms qui appuient
34:03 de très bons résultats.
34:06 De l'autre côté, on a en queue de peloton
34:09 les matières premières qui sont à la peine,
34:12 notamment, là on le voit avec Eramet,
34:15 qui a fait un profit warning.
34:18 On a aussi la porteuse, le lithium,
34:21 normalement c'est pour les véhicules électriques.
34:24 Mais c'est vrai aussi que depuis 2 semaines,
34:27 depuis l'annonce de Tesla qui a dit qu'elle allait baisser
34:30 les prix sur les véhicules électriques,
34:33 on a toute la filière, ça va de Eramet
34:36 aux semi-conducteurs, aux constructeurs automobiles
34:39 qui pâtissent de cette annonce et de cet ajustement.
34:42 C'est intéressant de voir quand même dans un secteur
34:45 comme l'automobile, que dès qu'on a un peu de normalisation
34:48 des chaînes de valeur, stabilisation
34:51 de la situation du commerce mondial,
34:54 tout de suite, il y a un acteur, Tesla en l'occurrence,
34:57 d'autres chinois à l'Est également,
35:00 qui enclenche tout de suite la logique de volume,
35:03 la guerre des prix, etc.
35:06 Ça repart très vite. De ce point de vue là,
35:09 le politique n'a pas besoin de demander aux entreprises
35:12 de payer tout seul.
35:15 - C'est la loi de la concurrence.
35:18 - C'est la conséquence.
35:21 La remarque que j'ai à faire sur les profits des entreprises,
35:24 qu'on a vu les résultats du premier trimestre,
35:27 beaucoup d'entreprises ont pu profiter
35:30 de cet engouement de la demande pour remonter
35:33 leurs prix dans la vague.
35:36 Là, on va voir maintenant une espèce de normalisation
35:39 et chaque entreprise va être un peu confrontée
35:42 à la désirabilité de son produit.
35:45 Je ne sais pas si on peut faire une projection
35:48 des profits, mais en tout cas,
35:51 ça va être entreprise par entreprise,
35:54 puisqu'on va avoir une normalisation.
35:57 La pression des salaires va diminuer un petit peu,
36:00 mais le juge de paix, c'est effectivement
36:03 la désirabilité du produit, ce qui est final.
36:06 Là où certaines entreprises sont bien sorties
36:09 parce que tout le monde en voulait et que si on ne pouvait pas
36:12 avoir Tesla, on pouvait avoir autre chose,
36:15 ça va être plus compliqué pour le prochain trimestre,
36:18 en termes de profit de l'entreprise.
36:21 - Sur les premiers enseignements de cette publication,
36:24 on a quand même 60% du S&P 500 qui a dû publier.
36:27 - Plusieurs choses à dire.
36:30 C'est vrai que les résultats sont meilleurs qu'attendu
36:33 et on a un pourcentage d'entreprises qui battent les attentes
36:36 qui est assez élevé puisqu'on est à plus de 80%,
36:39 la moyenne c'est plutôt 75%.
36:42 Ceci étant, quand on regarde en masse
36:45 les grandes surprises, j'ai l'impression,
36:48 en Europe ou aux Etats-Unis, ça vient des acteurs
36:51 qui sont dans des positions un peu inexplicables
36:54 et qui ont effectivement un énorme pricing power.
36:57 Le luxe en Europe, qui représente quand même un point important
37:00 et les GAFA aux Etats-Unis,
37:03 qui ont des positions assez monopolistiques,
37:06 qui en plus ont engagé des réductions des coûts.
37:09 Donc si on retire le luxe et les 8 plus grosses
37:12 capilles techno-américaines dans la croissance des résultats,
37:15 c'est moins brillant que ça.
37:18 D'ailleurs, les entreprises américaines qui ont publié des résultats
37:21 un peu en dessous des attentes ont été très sanctionnées.
37:24 C'était le cas aussi en Europe et pas forcément des acteurs cycliques,
37:27 qui avaient très bien performé pendant la crise du Covid,
37:30 notamment dans tout ce qui est médical ou paramédical,
37:33 qui ont forcément des volumes qui croissent un peu moins vite.
37:36 Il y a eu des fortes sanctions, même Téléperformance
37:39 qui annonce un rachat et qui est sanctionné.
37:42 - C'est asymétrique la bite.
37:45 - C'est asymétrique et c'est un peu en trompe-l'œil.
37:48 Alors il reste que, effectivement, les résultats sont meilleurs
37:51 qu'attendu, donc c'est plutôt positif.
37:54 J'ai tendance à penser que cette amélioration,
37:57 maintenant, elle est dans les cours.
38:00 Quand LVMH a publié ses résultats, tous les titres du secteur
38:03 ont beaucoup progressé et quand ils ont annoncé leurs propres résultats,
38:06 ils montaient moins. C'était joué.
38:09 Je pense que ça commence à être un petit peu joué.
38:12 Je voudrais revenir aussi sur ce que tu disais tout à l'heure
38:15 sur la révision des EPS 2023 et 2024.
38:18 Alors, il faut faire très attention parce que ça dépend du scope,
38:21 en fait, de l'horizon que tu regardes.
38:24 On est toujours dans une tendance baissière sur les EPS
38:27 sur 2023 et sur 2024, aux États-Unis comme en Europe.
38:30 On a connu en Europe pendant un mois, effectivement,
38:33 un moment où les EPS remontaient un petit peu.
38:36 Puis, hop, ils sont revenus en arrière.
38:39 Donc, on est revenu au niveau où on était avant cette remontée.
38:42 Et aux États-Unis, c'est vraiment tourisme mène.
38:45 Avec les résultats des GIGAFA qu'ils ont sortis,
38:48 c'est une période à préviser.
38:51 La dernière chose que je voudrais ajouter, c'est qu'aux États-Unis,
38:54 les analystes ont fait une bonne partie du job d'ajustement
38:57 puisqu'on attend peut-être 3-4% de croissance cette année.
39:00 Mais l'année prochaine, on attend encore 9 ou 10.
39:03 Donc, c'est beaucoup. Surtout que la croissance américaine,
39:06 l'année prochaine, elle ne va pas être meilleure que cette année.
39:09 On attend 1% de croissance économique comme cette année.
39:12 Donc, peut-être qu'il y aura aussi, à un moment donné,
39:15 une croissance de son ampleur.
39:18 - Et le point bas des profits n'est pas encore là pour vous ?
39:21 - Je ne suis pas tout à fait sûr.
39:24 Et c'est pareil en Europe. On attend un rebond de la croissance
39:27 bénéficiaire l'année prochaine. Ce n'est pas encore gagné.
39:30 Donc, je pense que ce n'est pas forcément suffisant
39:33 pour faire baisser les marchés.
39:36 Mais ça peut justifier d'avoir un certain attentivisme
39:39 et de se laisser porter, mais pas forcément de se précipiter
39:42 à remonter en espace de 6 mois.
39:45 - Donc, effectivement, la petite tour de table sur la logique d'investissement.
39:48 Vous dites que si on est investi, on peut rester investi, se laisser porter.
39:51 Mais vous dites que ce n'est pas une porte d'entrée qui mérite
39:54 d'être mise à profit agressivement aujourd'hui.
39:57 - Je ne crois pas qu'on soit en face d'une opportunité majeure aujourd'hui.
40:00 Et même quand on avait baissé il y a quelques semaines,
40:03 ce n'était pas suffisant de mon point de vue.
40:06 Sauf pour des gens qui sont très liquides.
40:09 Effectivement, toute baisse de 5-6% est bonne à prendre.
40:12 Mais je pense qu'ici, à la fin de l'année,
40:15 on aura certainement de meilleures opportunités d'achat.
40:18 Et je conseille même à des gens qui sont très investis
40:21 éventuellement d'alléger un petit peu.
40:24 - Ah, mois de mai ?
40:27 - Non, pas mois de mai. C'est le potentiel qui est largement atteint.
40:30 La saisonnalité joue plus aux Etats-Unis qu'en Europe.
40:33 Mais on a quand même des indices qui ont beaucoup progressé.
40:36 - Oui, c'est sûr.
40:39 L'Europe, c'est 35% de hausse depuis fin septembre.
40:42 Depuis le 29 septembre, pour les indices européens notamment.
40:45 Luciana, logique d'investissement aujourd'hui ?
40:48 Est-ce que le marché actions vous paraît un peu arrogant, défiant ?
40:51 Défiant, je ne sais pas, les investisseurs ?
40:54 Ou la nature du ralentissement économique
40:57 que tout le monde voit se profiler ?
41:00 - Non, ce n'est pas arrogant.
41:03 On a un support qui est le CAC 40 et qui n'est pas dividende réinvesti.
41:06 Et quand on reprend le CAC 40 dividende réinvesti,
41:09 on s'aperçoit que depuis 2015, on est sur des niveaux
41:12 des plus hauts jamais atteints.
41:15 En 2020, on a testé ce support, mais ça a été invalidé.
41:18 On est reparti à la hausse.
41:21 Donc depuis 2015, on est sur des plus hauts.
41:24 Pour des clients qui seraient plutôt liquides,
41:27 on conseille de toujours investir.
41:30 Mais progressivement, c'est toujours un peu difficile
41:33 de timer le marché.
41:36 Dans cette phase de marché, par contre, qui est plus incertaine,
41:39 comment on l'aborde ? C'est en diversifiant les secteurs.
41:42 C'est-à-dire pas de pari sectoriel marqué.
41:45 On est présent sur tous les secteurs.
41:48 Et c'est vrai que depuis fin 2020,
41:51 il n'y a pas de surperformance d'un style d'investissement.
41:54 - Ça tourne ? - Ça tourne régulièrement.
41:57 On est présent partout.
42:00 - Je sais que c'est une classe d'actifs qui vous tient à cœur.
42:03 Mais sont les small caps aujourd'hui une bonne porte d'entrée
42:06 pour s'exposer aux risques actions pour quelqu'un
42:09 qui serait trop liquide ?
42:12 - C'est une brique intéressante.
42:15 En 2022, on avait espéré que ça allait être une année intéressante.
42:18 Ça a été décevant sur le plan boursier.
42:21 Il y a eu le conflit en Ukraine, l'envolée de l'inflation,
42:24 la hausse des taux.
42:27 Il y a pénalisé ce segment-là.
42:30 C'est un segment où on voit qu'il y a un écart de valorisation
42:33 qui se creuse avec les grands indices.
42:36 Si on prend le PE 2023 de l'indice small,
42:39 il est à 11,8 fois,
42:42 alors que le PE du CAC 40 pour 2023 est à 12,9 fois.
42:45 Alors que la croissance des bénéfices sur 2023 et 2024,
42:48 c'est près du double.
42:51 Sur ce même indice small,
42:54 on est à 16% pour 2023.
42:57 19% pour 2024, c'est le double
43:00 de la croissance des bénéfices attendus pour le CAC 40
43:03 à ces deux dates-là.
43:06 Il y a une porte d'entrée intéressante.
43:09 Il faut rester sélectif.
43:12 Il y a des belles histoires.
43:15 On l'a vu avec SES.
43:18 - Bien sûr.
43:21 - Arrêtons-nous sur les belles histoires.
43:24 SES et MagoTag, c'est une société française
43:27 qui faisait des étiquettes,
43:30 un produit simple,
43:33 qui se sont tournées vers les étiquettes intelligentes.
43:36 Intelligentes, c'est-à-dire
43:39 qui changent les prix, basse consommation.
43:42 Un jour, il y a Walmart qui frappe à la porte
43:45 pour vous proposer un contrat
43:48 pour équiper leurs 500 magasins dans un premier temps.
43:51 4500 dans un deuxième temps,
43:54 c'est 3 milliards de chiffre d'affaires sur les 7 prochaines années.
43:57 Sur ce segment-là, il y a des niches.
44:00 - C'est un exemple pour les entreprises
44:03 qui sont à la cave.
44:06 - Ce n'est peut-être pas la priorité du moment
44:09 pour les investisseurs globaux.
44:12 - C'est vrai qu'ils sont à la recherche d'actifs liquides.
44:15 - En ce moment, c'est les large-cap.
44:18 Ce qui domine depuis le début de l'année, c'est les large-cap.
44:21 - La taille joue en faveur des large-cap.
44:24 - Il restera des histoires.
44:27 - Si on est liquide,
44:30 il ne faut pas mettre un pied dans les small.
44:33 Si on a déjà pas mal de grosses valeurs,
44:36 ça peut être un peu contrariant.
44:39 - Sinon, ce n'est pas la peine.
44:42 Si vous êtes liquide, il peut y avoir un problème sur le marché.
44:45 Si il y a un problème sur le marché, vous faites -20.
44:48 Ça peut être 2 ou 3 lignes qui peuvent vous permettre
44:51 de faire quelque chose en attendant que ça bouge.
44:54 - On s'arrêtera là pour ce soir.
44:57 Merci à vous 3.
45:00 Merci d'avoir été les invités de Planète Marché.
45:03 Eric Venet, Montbleu Finance.
45:06 (générique)
45:09 ---
45:12 - Le dernier quart d'heure de Smartbourse chaque soir,
45:15 c'est le quart d'heure thématique.
45:18 Le thème, c'est celui de l'IA générative
45:21 et le buzz GPT,
45:24 et des nouveaux modèles de langage large
45:27 qui se sont emparés des marchés
45:30 depuis quelques mois.
45:33 Nous en parlons avec Anis Lalou,
45:36 directeur des investissements d'Aperture Investors.
45:39 Bonsoir.
45:42 Le GPT s'est emparé des marchés, mais c'est faux.
45:45 Je mets ça, parce que ça alimente le buzz.
45:48 On en entend tous parler depuis des semaines,
45:51 des mois, l'investisseur le plus chevronné à Wall Street,
45:54 comme le chauffeur de taxi,
45:57 pour en prendre une image d'épinal sur les marchés.
46:00 Le monde est au courant de ce qui se passe en matière
46:03 d'intelligence artificielle générative,
46:06 comme on dit à Nice.
46:09 Mais quand on regarde les choses, ça buzz.
46:12 Ça fait beaucoup de headlines, de titres,
46:15 ça fait beaucoup parler, ça fait bouger quelques valeurs
46:18 très spécifiques, Microsoft, Nvidia,
46:21 mais au-delà de ça, le marché n'a absolument pas intégré
46:24 le début du commencement de ce que l'IA générative
46:27 va porter dans les prochains mois et les prochaines années.
46:30 - Absolument, c'est exactement ce que je dis.
46:33 - Pourquoi vous dites ça ?
46:36 - Quand il y a une nouvelle technologie, surtout celle-là,
46:39 qui se propage à la vitesse de la lumière,
46:42 non seulement les chauffeurs de taxi, mais même mes grands-parents,
46:45 on a tendance tout de suite à penser au hype,
46:48 à la hype curve.
46:51 Quand on regarde Nvidia qui a 60 fois le PE,
46:54 ou 30 fois le PE, c'est très facile de conclure qu'il y a un hype.
46:57 Maintenant, je dis qu'on n'a pas encore priceé.
47:00 On est qu'au début de l'IA, et je pense que tout le monde comprend ça,
47:03 mais ce qu'on n'a pas encore priceé du tout,
47:06 c'est le phénomène de progrès dans l'IA.
47:09 Parce que ce qui est sûr, avec un certain degré de confort,
47:12 c'est que le chat est sorti du sac,
47:15 il ne va pas rentrer dans le sac.
47:18 Donc on a le chat de GPT-4,
47:21 on sait qu'ils sont déjà en train de travailler sur GPT-5, etc.
47:24 Ce qui est extraordinaire,
47:27 c'est que quand on pense à ces modèles génératifs,
47:30 comme vous les avez décrits, c'est une nouvelle façon d'écrire un software.
47:33 C'est une machine qui fait un software extrêmement compliqué,
47:36 qu'un être humain ne peut pas coder.
47:39 Et quand on commence à faire du software comme ça,
47:42 c'est le software qui va améliorer le software.
47:45 Donc on est au tout début, c'est la machine à vapeur
47:48 qui va faire de meilleures machines pour industrialiser toute l'économie.
47:51 Donc effectivement, on est à peine au début
47:54 et on peut attendre de nombreuses applications.
47:57 Ça aussi, c'est quelque chose que le marché ne price pas.
48:00 Quand on pense à l'iPhone, souvent on fait le parallèle.
48:03 Aujourd'hui, on recense 5 millions d'applications de l'iPhone.
48:06 L'intelligence générative, c'est peut-être l'application la plus généraliste à laquelle on peut penser.
48:13 Donc on est au tout début.
48:16 - Le marché ne price pas l'IA générative parce que c'est un priceable aujourd'hui ?
48:21 Il n'y a pas de limite, il n'y a pas de frontière ?
48:24 Ou est-ce que le marché est occupé à autre chose ?
48:27 Pour dire les choses simplement à Nice.
48:30 - Les deux. Je trouve que c'est une remarque très intéressante
48:33 de dire que le marché est occupé à court terme.
48:36 Le marché est définitivement occupé à autre chose.
48:39 Le marché européen, +10, ce n'est pas l'IA.
48:42 Mais +10, c'est vraiment très honorable pour un marché européen
48:45 qui est presque à +5.
48:47 Mais on regarde les résultats de Peugeot aujourd'hui.
48:49 Peugeot est en baisse de 2% sur des résultats.
48:52 L'humeur est plutôt dans la prudence, dans la prise de profit.
48:57 Et regardez la deuxième partie de l'année sur laquelle les sociétés ne peuvent pas guider avec clarté.
49:02 Et donc attendre cette récession qui met beaucoup plus de temps à arriver.
49:07 Et quelle est l'ampleur de cette récession ?
49:09 Aujourd'hui, c'est la préoccupation des marchés.
49:11 L'IA, c'est accessoire.
49:13 Il faut que ce brouillard se dissipe.
49:16 On verra combien de temps ça prend.
49:18 Pour que le potentiel de l'IA puisse s'exprimer pleinement, vous dites, dans les marchés globaux.
49:24 Exactement. Et je pense que ce brouillard est très utile pour prendre avantage.
49:29 C'est maintenant qu'il faut y penser.
49:31 Il faut savoir aussi qu'il y a deux côtés de l'IA.
49:34 Il y a des activités qui vont être "disruptées".
49:36 C'est un mot qui ne plus à la mode maintenant.
49:38 Mais on le voit hier, il y avait cette société dans l'éducation américaine, Chegg,
49:43 qui est en baisse de 40%.
49:45 Il va y avoir des pans de l'économie qui vont être chalutés par ça.
49:49 Donc il y a les deux côtés.
49:51 Comment voyez-vous ce thème se développer entre les aspects négatifs de court terme,
49:57 que ça va pouvoir générer, et surtout les opportunités de moyen-long terme,
50:01 qui va apporter à un nombre incalculable de secteurs, d'activités, de productions, de services, etc.
50:09 Et puis la question suivante, c'est comment on s'expose justement à cette thématique ?
50:13 Oui, absolument.
50:15 Moi, ce n'est pas la peur qui attire mon attention, c'est plutôt les opportunités.
50:19 Et effectivement, il y a des sociétés comme Chegg.
50:21 Mais ce qui est extraordinaire, c'est qu'on a tout à construire dans l'IA.
50:24 Et tout à construire, ça veut dire une infrastructure à construire.
50:27 Comme je l'ai dit tout à l'heure, c'est une autre façon d'imaginer le software.
50:30 Tout ce qui est logiciel, il va falloir les faire différemment.
50:32 Ça veut dire qu'il faut imaginer le hardware.
50:34 C'est-à-dire qu'on ne peut pas faire un software compliqué
50:37 si on n'a pas des puces, des semi-conducteurs extrêmement sophistiqués.
50:41 Bonne nouvelle, l'Europe est bien placée sur le marché des semi-conducteurs,
50:45 de manière générale, avec différentes end markets sur les semi-conducteurs.
50:49 Mais pour ce qui est des semi-conducteurs, les biens d'équipement pour les semi-conducteurs,
50:54 l'Europe est très bien placée.
50:56 Et donc on a des très belles sociétés en Europe qui vont en profiter,
51:01 qui ne sont pas, comme vous l'avez dit au début, où il n'y a pas un grand hype dessus en ce moment.
51:06 Oui, donc c'est intéressant.
51:08 L'Europe et les sociétés cotées en Europe, j'entends, aura quelque chose à apporter à ce thème de l'IA,
51:16 dont la recherche et développement la plus active se fait ou aux Etats-Unis ou en Asie/Chine aujourd'hui, Alice.
51:24 Oui, il y a une dynamique qui a toujours existé en Europe.
51:27 C'est que l'Europe a cette perception qu'il n'y a pas d'innovation en Europe.
51:31 Mais ce n'est pas vrai.
51:32 C'est juste que l'Europe est un continent qui est manufacturier.
51:34 On a eu une vague de software as a service, ce qui s'est passé aux Etats-Unis.
51:39 L'IA, oui, c'est l'algorithme de OpenAI et pas européen.
51:43 Mais toute l'infrastructure, donc toute la dynamique de l'Europe,
51:46 qui est un continent manufacturier et technologique et innovatif, va continuer.
51:51 Et donc, comme on est sur une base de valorisation attrayante en Europe, qu'on a des champions intéressants,
51:56 je pense qu'il faut regarder ici. En tout cas, c'est notre proposition.
51:59 C'est ce que moi, je fais depuis, comme vous le savez, depuis une vingtaine d'années.
52:03 Je continue à être très enthousiasmé par ce que je vois sur les capacités des sociétés en Europe.
52:09 Il y a des sociétés très, très connues aujourd'hui, des géants dans l'équipement semi-conducteur comme ASML en Hollande.
52:14 Mais bien sûr.
52:15 Mais ASML n'est pas tout seul.
52:17 Et ASML peut pas faire ses fameuses machines IUV, comme il les appelle,
52:21 s'il n'y a pas tout un écosystème derrière de sociétés suisses ou de sociétés suédoises ou même de sociétés françaises
52:27 qui sont là pour accompagner le développement de cet écosystème qui n'a que des progrès à faire.
52:34 Ce qui est frappant dans ce thème de l'IA générative, et on l'a vu encore, je crois que c'était hier ou aujourd'hui, IBM.
52:41 Le patron nous dit "Moi, peut-être que ma workforce, j'ai 20-30% de gens qui, demain, n'auront plus d'utilité, en tout cas à leur poste actuel,
52:50 avec l'arrivée du GPT dans nos processus de production au sein d'un groupe technologique comme IBM."
53:00 C'est-à-dire que c'est une révolution industrielle assez différente des autres de ce point de vue-là.
53:04 Parce que c'est quand même la partie col blanc, toute la génération à qui on a dit "Il faut absolument que tu saches coder comme tu sais écrire,
53:11 tu apprends ton alphabet à l'école, il faut absolument que tu apprennes le code à l'école", on a mis des moyens pour ça.
53:17 Et au bout de quelques années déjà, on se dit "Mince, on est en train de se faire squeezer."
53:24 Et c'est aussi une opportunité, encore une fois, je pense que c'est des titres qui peuvent faire peur,
53:29 parce que les gens pensent tout de suite à tout ce qui est chômage, etc.
53:33 La réalité aujourd'hui, c'est qu'on a une économie en surchauffe.
53:36 Et donc rien que ça, déjà, c'est une bonne nouvelle.
53:39 Je pense que l'IA créera plus d'opportunités, comme on l'a vu dans toutes les révolutions industrielles à travers l'histoire de l'humanité,
53:47 ça a toujours été le cas.
53:48 L'IA finira par créer plus d'opportunités qu'elle ne détruira d'emplois.
53:51 Elle va déplacer des emplois, ça ne fait aucun doute.
53:54 Mais on peut imaginer tout un tas de nouveaux emplois qui sont liés à l'IA
53:59 et qui vont devoir justement adresser le fait qu'on est plus "empowered".
54:03 On a plus de pouvoir, on a plus accès à plus d'informations,
54:06 et donc on va pouvoir faire des choses qu'on ne pouvait pas faire avant.
54:08 C'est difficile à imaginer, et il y a la tendance à se raccrocher à son poste.
54:13 Mais encore une fois, je pense que c'est extrêmement positif.
54:16 Et c'est de nature, en fait, à augmenter la productivité.
54:20 On revient sur l'Europe qui est un continent manufacturier.
54:22 Le fait d'augmenter la productivité est une bonne nouvelle pour l'industrie européenne,
54:26 plutôt qu'une mauvaise.
54:27 Ça peut se faire selon vous ?
54:29 Sur quel type d'horizon de temps ?
54:31 Anis, vous avez vu la référence de l'iPhone.
54:33 Je crois que c'était un analyste américain, il y a déjà quelques mois,
54:35 qui disait "Chat GPT", la partie visible de ces nouveaux modèles de langage large,
54:42 c'est le moment iPhone de l'IA.
54:44 Le moment...
54:46 On n'invente pas l'IA, mais c'est le moment de la grande démocratisation
54:50 d'un nouvel outil qui s'appelle l'IA générative.
54:54 L'iPhone, le premier iPhone, c'est 2007.
54:57 La révolution s'est mise en place,
54:59 elle a pris quelques années avant que tout le monde entier soit équipé d'un smartphone
55:03 avec les possibilités offertes par Apple à l'époque.
55:07 Là, l'horizon de temps se raccourcit encore par rapport à cette technologie ?
55:10 Il semble, oui, parce qu'il semble que l'adoption de "Chat GPT"
55:16 a été plus rapide que n'importe quelle technologie auparavant.
55:20 Donc il semble que l'impact soit plus rapide.
55:24 C'est vraiment difficile à dire, on verra.
55:27 Mais ce qui est sûr, c'est que quand on a une pénétration aussi rapide,
55:30 ça va faire parler... les innovations ne vont pas tarder.
55:37 Surtout quand ils vont ouvrir aussi tout ce qui est plug-in.
55:41 Donc on n'a pas encore les API, on n'a pas encore les applications,
55:44 mais ça ne saurait tarder.
55:45 Dans un métier comme le vôtre à Nice, est-ce que ça va changer ?
55:48 Absolument, absolument.
55:49 Ce qui n'est pas avare en matière de révolution technologique.
55:51 La technologie et le métier de l'investissement sont complètement imbriqués depuis très longtemps.
55:56 Absolument, je vous rappelle que mon passe-temps favori, c'est la lecture.
56:01 Et "Chat GPT" lit plus rapide que l'être humain.
56:06 Donc forcément, il y a des impacts aussi sur notre industrie.
56:10 Il faut savoir être imaginatif et pouvoir intégrer ça,
56:15 et savoir le transformer en outil qui puisse augmenter les capacités de tout un chacun.
56:20 Et l'Europe aura aussi sa carte à jouer. C'est ce qu'on peut retenir.
56:25 Sans aucun doute. Et non seulement l'Europe, mais même les continents.
56:29 Comme vous le disiez au début, on a essayé de retrouver de la compétitivité
56:34 en apprenant aux jeunes de coder.
56:37 Il y a des régions dans le monde qui n'ont pas eu d'ordinateur.
56:40 Et donc il y a un regain de compétitivité même dans ces régions-là.
56:43 Il y aura un leapfrog pour des régions...
56:45 Potentiellement, potentiellement.
56:47 Merci beaucoup Anis d'être venu discuter de ce thème de l'IA
56:51 en nous apportant quelques-uns de vos éléments de réflexion sur ce sujet en cours.
56:56 Évidemment, le développement de l'IA génératif qui fait déjà beaucoup de buzz.
57:00 En attendant de voir les impacts de marchés un peu plus larges et un peu plus globaux.
57:05 Anis Lallou, directeur des investissements d'Aperture Investors
57:08 qui était l'invité de notre quart d'heure thématique ce soir dans Smartbourses sur Bsmart.
57:12 On se retrouve demain évidemment à 12h30 en direct.
57:15 [Musique]