Mercredi 14 juin 2023, SMART BOURSE reçoit Benoit Peloille (Stratégiste, Vega IM) , Vincent Guenzi (Directeur de la Stratégie d'Investissement, Cholet Dupont Oudart) et Gilles Guibout (Responsable des actions européennes, AXA IM)
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00:00 (Générique)
00:10 Trois invités avec nous en plateau chaque soir pour décrypter l'actualité de la planète marché.
00:14 Vincent Guenzi est avec nous, le directeur de la stratégie de Cholet-Dupont-Houdard.
00:18 Bonsoir Vincent. - Bonsoir Grégoire.
00:19 Merci d'être là. Merci à Gilles Guibout d'être avec nous également en plateau.
00:22 Bonsoir Gilles. - Bonsoir Grégoire.
00:23 Responsable de la gestion action européenne d'AXA-IM et à nos côtés enfin Benoît Pelloual.
00:28 Bonsoir Benoît. - Bonsoir Grégoire.
00:30 Ravi de vous retrouver. Vous êtes stratégiste chez Vega-IM.
00:32 Bon, la pause qui semble acquise pour ce meeting.
00:36 Alors j'ouvre la discussion si vous pensez qu'on aura une hausse de taux ce soir.
00:40 Allons-y. Si la pause est acquise pour ce meeting, qu'en est-il pour l'année suivante ?
00:44 C'est un peu la question qu'on se pose avec une inflation quand même aux Etats-Unis.
00:47 Et on peut y revenir, qui se détend depuis 11 mois maintenant.
00:51 Et j'irais même jusqu'à 12 mois puisqu'on a tous en tête que l'inflation globale aux Etats-Unis
00:56 va sans doute encore franchir une belle marche à la baisse pour le mois de juin.
01:01 On aura le rapport en juillet mais on a d'ores et déjà l'idée que l'inflation globale aux Etats-Unis
01:05 sera autour de 3% peut-être au mois de juin contre 4% au mois de mai.
01:10 Et ensuite, c'est un peu la question, qu'est-ce qui va déterminer ensuite la trajectoire de l'inflation
01:16 et par voie de conséquence le futur peut-être de la politique monétaire américaine ? Benoît.
01:20 C'est vrai que depuis quelques semaines, on alertait notamment sur le positionnement des marchés
01:26 qui nous semble très confortable dans cette idée de la pause.
01:28 Justement, il y a une espèce de risque asymétrique où on a un peu peur justement
01:32 de voir les marchés surpris par un ton finalement peut-être un peu plus au quiche que ce qui est pricé.
01:37 C'est vrai que dans le marché, on a toujours beaucoup de confort dans l'idée de ce pivot de la Fed.
01:42 On attend des taux qui se baissent justement d'ici la fin de l'année.
01:44 Mais quand on regarde un peu la petite musique de fond des marchés,
01:47 il y a eu un sondage dans l'EFT publié il y a deux jours où la communauté des économistes attend encore deux hausses.
01:51 Au final, donc certes, peut-être pas ce meeting-là, mais ensuite encore deux hausses à venir éventuellement.
01:56 Pour la Fed.
01:57 Pour la Fed.
01:58 On a effectivement différentes déclarations de banquiers centraux, de membres de la Fed,
02:04 effectivement qui ont eu un discours plutôt agressif.
02:06 Et nous, ce qu'on notait, c'était déjà depuis deux mois, c'est notamment les anticipations d'inflation à long terme
02:10 dans l'étude de l'Université de Michigan sur le consommateur qui sont toujours au niveau de 3%, même un peu au-dessus.
02:16 Et ça, c'est problématique à notre sens puisque c'est justement l'année dernière,
02:20 ce qui avait poussé, c'était en mai où elles avaient dépassé les 3%,
02:23 c'est justement ce qui avait poussé Powell à avoir un discours très agressif
02:26 et on avait lancé les hausses de taux assez importantes.
02:29 Donc il y a cette espèce, je dirais, d'impréparation du marché,
02:33 une éventuelle surprise aux quiches qui nous pose problème.
02:36 Maintenant, de notre côté, en tout cas, ça n'est pas le scénario central.
02:40 Nous, on est assez convaincus par l'idée de réaliser une pause.
02:44 Précisément parce que les chiffres d'inflation sont encourageants.
02:47 En réalité, quand on regarde les chiffres qui ont été publiés hier,
02:50 certes, on aimerait voir l'inflation décroître plus rapidement sur le côté corps,
02:55 mais en réalité, on sait que ça va être le cas.
02:57 Il y a la dimension immobilière, les dimensions plutôt retardées,
03:00 on sait qu'elles mettent du temps à se retourner, c'est le cas.
03:03 Il y a des petites déviations d'un mois sur l'autre,
03:05 mais on sait que ces morceaux-là qui pèsent lourdement l'inflation
03:08 vont continuer d'entraîner la décrue de l'inflation.
03:12 L'autre élément qu'il faut aussi garder en tête,
03:14 c'est qu'il faut prendre le recerve monétaire dans son ensemble.
03:17 Aujourd'hui, effectivement, on se focalise sur la hausse marginale,
03:21 mais en réalité, on a fait depuis un an un recerve monétaire qui est très important,
03:25 qui a des conséquences, il y a le délai de transmission
03:28 de cette politique monétaire dans le cycle économique
03:30 qu'il ne faut absolument pas négliger.
03:32 Et on a encore, même si c'est un peu mis en sommeil un peu en ce moment,
03:36 ce stress bancaire, ce stress financier qui, pour nous, n'a absolument pas disparu.
03:40 Il est un peu mis en sommeil par les mesures qui ont été mises en place
03:43 qui permettent de le contenir, mais il n'a pas disparu.
03:45 Il a peut-être une forme un peu différente, on pourra éventuellement y revenir,
03:48 et qui rend éventuellement dangereuses ces hausses de taux.
03:51 Donc en gros, dans ce débat...
03:52 - Jacques, 25 BP de plus... - C'est ça, on est dans une zone dangereuse.
03:54 - ...c'est pesé alors, un risque économique, mais d'abord et avant tout,
03:57 un risque financier peut-être, vu le niveau qui a déjà été atteint.
04:00 - Exactement, on est dans une configuration où il y a le débat entre
04:02 est-ce qu'on fait une hausse supplémentaire au risque de casser quelque chose,
04:05 quitte à rebaisser les taux un peu plus dans la foulée,
04:08 ou est-ce qu'on prend le temps et on évalue justement ce qu'on a fait jusque-là.
04:11 Nous, on pense que c'est plutôt cette deuxième option qui se profile,
04:14 qui semble la plus sage, et effectivement, ça reste notre scénario central.
04:18 - Il y a des arguments forts, quand même.
04:20 L'idée qu'on peut prendre le temps d'observer un peu ce qui se passe
04:22 après 500 points de basse de hausse de taux,
04:24 l'idée qu'on a déjà vécu il y a trois mois des craquements financiers
04:27 qui ont quand même mis un peu de stress chez tout le monde
04:29 et qui renchérissent d'ailleurs le durcissement de la chaîne de crédit.
04:34 J'allais dire, la barre pour quitter la pause,
04:37 elle va être relativement élevée quand même, Benoît.
04:39 - En tout cas, ça semble être le cas de notre côté.
04:42 Quand on regarde le bénéfice d'une hausse de taux supplémentaire
04:46 par rapport au niveau actuel,
04:48 en termes de lutte contre l'inflation, il est finalement assez faible.
04:50 Toutes les courbes de taux sont très inversées,
04:52 il n'y a pas grand-chose à gagner à monter les taux.
04:54 En revanche, ça remettrait une couche de stress financier
04:57 qui peut être assez considérable.
04:58 Donc à quoi bon réaliser ça ?
05:00 Autant évaluer, on a fait un resserrement assez important
05:02 quand on le compare à l'historique,
05:04 il mérite qu'on prenne le temps d'évaluer ses effets.
05:06 - Vu l'échec collectif à prévoir l'inflation depuis 12-18 mois,
05:10 c'est difficile d'être totalement confortable,
05:13 même quand on voit une inflation globale aux Etats-Unis
05:15 qui aura été divisée par 3 en un an.
05:18 On était à plus de 9% en juin,
05:19 on sera sans doute à 3% pour ce mois de juin.
05:23 Vincent, comment vous qualifiez la pause ?
05:26 Est-ce que c'est une pause qui sera facile à tenir
05:28 pour la réserve fédérale américaine ?
05:30 - Premièrement, je dois dire que Benoît a déjà dit
05:34 beaucoup de choses que je partage.
05:36 Ensuite, je crois que la Fed ne veut pas trop décevoir
05:41 les marchés par rapport à son discours habituel.
05:44 Elle n'aime pas prendre les marchés par surprise,
05:46 sauf quand elle y est obligée.
05:48 Donc je pense qu'effectivement, il y a 95% ou 99% de chances sur 100
05:53 que ce soir, elle fasse effectivement une pause.
05:55 Il reste à savoir comment elle va la qualifier.
05:57 Est-ce qu'elle va dire que c'est une pause qui est durable ?
05:59 Oui, c'est ce qu'elle va dire, ce qu'a dit Benoît.
06:01 C'est-à-dire, on peut se permettre de rien faire ce mois-ci,
06:05 le temps de voir, de voir si la décrue de l'inflation se poursuit
06:09 et à quel rythme, et on se laisse à possibilité de...
06:12 Ce serait assez logique, compte tenu des discours
06:15 qu'ont eu les précédents gouverneurs
06:17 avant la quiet période où ils ne peuvent plus s'exprimer.
06:21 - C'est-à-dire une fête qui resterait très ouverte
06:23 pour le prochain meeting du mois d'huille ?
06:25 - Oui, mais je pense, en voulant quand même rassurer,
06:28 en disant, bon écoutez, a priori on a fait une bonne partie du boulot,
06:32 l'inflation-corps elle va diminuer mais moins rapidement.
06:35 L'objectif est quand même long, loin, les 2%,
06:39 je ne suis pas certain qu'on y soit à la fin de l'année
06:41 sur les indications de la Fed.
06:44 C'est-à-dire pas forcément le PPI, le CPI, mais le corps, CPI, j'en sais rien.
06:48 - De 3 à 2, ça va être dur ?
06:50 - Non mais même 3 sur le corps CPI, ça va être dur.
06:53 - Ah sur le corps, sur l'inflation.
06:54 - Oui, oui, or la Fed, elle regarde quand même,
06:56 pour faire baisser les prix, là on parle de baisse des prix,
07:00 on ne parle plus de réduire la hausse,
07:02 mais pour faire réduire, pour faire baisser les prix
07:04 par rapport au niveau qu'on a atteint aujourd'hui,
07:06 il faut qu'il y ait une baisse de la demande.
07:07 Aujourd'hui on n'a pas cette baisse de la demande.
07:09 Les industriels ont encore une énorme capacité à augmenter les prix.
07:12 Et ça la Fed le sait, et elle sait que les industriels
07:14 ont également été assez tentés de pousser le curseur de la hausse des prix.
07:21 Donc elle veut revenir en arrière aussi pour des questions de pouvoir d'achat.
07:24 Parce que sinon c'est les salaires qui embrayent.
07:26 Et les salaires ils sont encore à peu près à 4% par an.
07:28 Donc moi je pense que la Fed, elle va intégrer tout ça.
07:30 Donc elle va dire "Ok, je vous avais dit qu'on était peut-être pas loin, on arrête."
07:34 Ça ne veut pas dire qu'on s'arrête définitivement.
07:36 Elle va certainement dire qu'il est vraiment trop tôt
07:39 pour anticiper une baisse des taux d'ici la fin de l'année.
07:42 Donc je pense que les marchés ne vont pas être trop déçus de tout cela.
07:46 On a oublié une toute petite chose, c'est que théoriquement,
07:48 lors de cette réunion, ils doivent également revoir leurs prévisions économiques.
07:51 - Bien sûr.
07:52 - Ils doivent voir également ce que disent les gouverneurs,
07:54 les dot.com sur évidemment les coûts terminés.
07:56 - Les dot.com c'était... - Oui pardon, merci.
07:58 - C'était notre bulle. - C'est pas "ya", c'est pas "ya".
08:00 - C'était notre bulle.
08:02 - Donc les dot.com de la Fed.
08:04 - Trajectoire de taux. - Trajectoire de taux, mais ici,
08:06 perspective économique, on est quand même sur 1% de croissance cette année maximum.
08:10 L'année prochaine, ce n'est pas beaucoup.
08:12 Et puis également, ce qu'ils ont dit, c'est le terme d'inflation.
08:14 Donc je pense que le marché va devoir digérer tout ça.
08:16 Mais globalement, il ne devrait pas y avoir de trop mauvaises surprises.
08:19 - Bon, est-ce que c'est encore un sujet de préoccupation, l'inflation,
08:22 pour un investisseur actions, notamment Gilles ?
08:25 Bon, il y a la situation américaine, la situation européenne,
08:27 qui est peut-être encore différente.
08:29 Dans les enquêtes mensuelles réalisées par la banque Bank of America,
08:33 en l'occurrence, on en parlait à la mi-journée avec une intervenante de Boffa,
08:37 elle notait que l'enquête du dernier mois
08:41 montrait que la préoccupation inflationniste
08:44 était redevenue un sujet majeur chez les investisseurs,
08:47 qui avait été un peu éclipsé par l'affaire SVB.
08:49 Alors, le lien, effectivement, est facile à faire,
08:52 mais c'était plus le risque financier qui inquiétait il y a encore un ou deux mois.
08:55 Et là, l'inflation revient dans les sujets de préoccupation des investisseurs.
08:59 La persistance.
09:00 - Alors, d'abord, deux commentaires.
09:01 Moi, je suis impressionné, finalement, par la façon dont cette période d'inflation,
09:07 on a entendu pique-pande sur la qualité supposée des banquiers centraux,
09:11 qui ne faisaient pas ce qu'ils voulaient.
09:12 - Et on continue.
09:13 - Ils ont quand même réussi à monter les taux de 500 points de base,
09:18 et on ne l'a pas senti, j'ai envie de dire, ou assez peu.
09:21 D'abord, un vrai coup de chapeau,
09:23 parce qu'on a décrié Powell sur son parcours.
09:25 C'est quand même, d'abord, un joli tour de force, ce qui a été fait.
09:30 Maintenant, l'autre commentaire, c'est, on voit bien que les investisseurs,
09:35 pour une grande majorité, ils sont déjà partis dans,
09:39 non pas la pause, mais dans, finalement, une attitude un peu plus doviche.
09:43 J'en veux pour preuve, la surperformance qu'on a pu observer,
09:49 des valeurs de croissance qui, quelque part, ont vu leur revalorisation,
09:54 leur multiple de valorisation, déjà, réinflater depuis quelques mois.
09:58 - Le marché actions a pris, pour acquis, la pause.
10:00 - Et j'allais dire, même un peu plus que la pause.
10:02 - Et même un peu plus que la pause.
10:03 - Et s'il devait y avoir, et donc, ça, j'en reviens au commentaire,
10:07 et le fait qu'il y ait une pause qui soit affirmée, réaffirmée,
10:12 et avec ce message qu'on pourrait ne pas avoir de baisse cette année,
10:17 parce que c'est un peu ce qu'on anticipait,
10:22 même si ce n'est pas forcément une mauvaise nouvelle,
10:24 il y a quelques investisseurs qui pourraient être déçus,
10:26 parce qu'en fait, déjà, quelque part, ils avaient déjà inflaté le multiple de valorisation.
10:30 Donc ça, ça pourrait quand même avoir un petit impact.
10:34 - Est-ce que ça a un impact, et est-ce que c'est important pour les gérants actions ?
10:37 - Oui, parce que le discours sur l'inflation,
10:40 parce qu'en réalité, le discours sur l'inflation, c'est quel niveau de taux,
10:45 et le niveau de taux, quelque part, il va aider à déterminer
10:50 quel est le multiple de valorisation le plus juste.
10:54 Et en réalité, ce qu'on a pu voir de manière un peu caricaturale depuis deux ans,
10:59 les gérants actions, c'est devenu une dérivée seconde des marchés taux.
11:04 - Une variable.
11:05 - On est devenu des variables des taux.
11:06 Donc, je pense qu'on a des facteurs de rattrapage et de soutien aujourd'hui
11:10 qui sont assez puissants, mais on voit bien comment les marchés actions ont réagi à ça.
11:14 - Le grand intérêt des investisseurs actions et des analystes actions,
11:17 c'est pour poursuivre le point de Vincent,
11:20 c'est que vous avez quand même une connaissance des stratégies pris des entreprises,
11:23 d'un point de vue micro, d'un point de vue bottom-up.
11:26 Est-ce que vous êtes d'accord avec l'idée que le pricing power généralisé
11:31 tel qu'on l'a connu ces derniers mois, ces derniers trimestres,
11:34 a encore un peu de grain à moudre devant lui ?
11:37 - On s'est retrouvé dans une période de disruption un peu généralisée
11:41 pour différentes raisons et auxquelles ont été confrontées toutes les entreprises.
11:46 Période qui a permis à toutes les entreprises de monter leur prix
11:50 et donc de transférer au consommateur final toute la charge,
11:55 toute la charge de la disruption.
11:58 - Avec une demande non réalisée qui était en face et qui acceptait aussi ces hausses de prix.
12:03 - On voit bien qu'aujourd'hui, d'abord on commence à avoir des stratégies,
12:08 on commence à avoir des sociétés qui essayent de garder leur acquis, on va dire,
12:13 mais on voit bien que les volumes commencent à caler.
12:17 - Ça c'est une force de rappel qui va être rapidement importante ?
12:20 - Des volumes qui calent pour des entreprises, très vite à un moment donné,
12:23 si on n'utilise plus les taux d'utilisation, si les taux d'utilisation commencent à baisser,
12:27 ça va se voir sur les marges.
12:28 Donc il y a forcément des entreprises dans un monde concurrentiel,
12:31 donc la question c'est, est-ce que le monde est encore suffisamment concurrentiel ?
12:34 Et il y a régulièrement des débats pour dire qu'on est en détail des sociétés trop grandes,
12:37 mais si aujourd'hui effectivement on est encore dans un monde concurrentiel
12:40 et il y a quand même des secteurs qui le sont,
12:42 le secteur de l'auto, Tesla est un bon exemple,
12:46 en réalité la réaction ça va être de dire, si je baisse mes prix,
12:50 pour essayer de gagner ma part de marché ou pour essayer de maintenir mon taux d'utilisation,
12:53 il va y avoir des réactions.
12:55 Et donc ces gains de marge, ou en tout cas cette stabilité des marges affichées,
13:02 sur des chiffres d'affaires plus élevés,
13:05 donc en réalité si on avait gardé juste en pourcentage,
13:10 on aurait quoi ? On a fait plus que compensé en réalité.
13:14 - Ah bah bien sûr, oui !
13:15 - On a fait plus que compensé puisque...
13:16 - Bien sûr !
13:17 - Si on fait juste translater la hausse des coûts,
13:22 en réalité ça se traduit par une érosion de marge.
13:24 - Mais non !
13:25 - On n'a pas vu d'érosion de marge, on a eu des marges stables,
13:26 donc c'est encore pire que ça.
13:28 Donc à un moment donné, on va avoir des entreprises qui vont être obligées
13:31 de rendre un tout petit peu, à mon sens de...
13:33 Alors encore une fois, ça va dépendre des secteurs,
13:35 il y a toujours des entreprises qui sont mieux placées que d'autres,
13:37 mais dans l'ensemble, de manière agrégée, on devrait quand même voir une érosion.
13:39 - Mais pas pour tout de suite, Vincent, c'est ce que vous disiez.
13:41 - Ah !
13:44 - La vitesse, c'est très difficile à méthodiser, parce que...
13:47 Vous savez quand même qu'un des déterminants, c'était que les épargnants
13:52 avaient beaucoup d'excès dans l'épargne,
13:54 en Europe, aux États-Unis, en Chine, au Japon, partout.
13:57 Donc ils se sont précipités pour acheter à n'importe quel prix.
14:00 Là, on arrive un peu au bout,
14:03 c'est-à-dire qu'il y a encore de l'excès dans l'épargne,
14:05 mais ça ne veut pas forcément dire qu'ils vont continuer à taper dedans aussi vite.
14:07 Donc je pense que les consommateurs vont commencer à bouger un petit peu.
14:11 Et puis, les goulots d'étranglement, ils sont également pas mal assouplis.
14:16 Donc il y a un peu moins de pénurie,
14:19 les carnets de commandes doivent être également un peu moins fournis.
14:23 - Ah ouais !
14:24 - Ici et là, ça se met en place.
14:26 - Ça peut se retourner peut-être plus vite.
14:27 - D'accord.
14:28 Après, il y a encore, je disais, c'est le patron de Safran dans l'EFT,
14:30 alors c'est peut-être juste l'industrie aéronautique.
14:32 C'est quand même un énorme business.
14:34 - Aéronautique et Défense.
14:36 - Ouais, Aéronautique Défense, il n'y a pas une once d'amélioration
14:39 sur les problèmes de supply chain depuis le Covid, aujourd'hui, en juin 2023.
14:43 - Non mais surtout qu'il y a toujours les problèmes de tension personnelles.
14:47 - Et on parle d'accéder aux composants.
14:49 - Bien sûr.
14:50 - Donc dans certains secteurs, ça reste quand même majeur, la mission de l'offre.
14:53 - C'est pour ça que, quand on disait que l'objectif de la Fed,
14:56 elle l'avait dit à un moment donné,
14:58 c'était de faire baisser la demande pour amener l'inflation dans les clous.
15:00 On en est loin.
15:02 - Sur la demande, je vous laisse commenter, bien sûr, Benoît,
15:05 mais il y a cette idée que l'épargne excessive, résiduelle,
15:09 pourrait se transformer en épargne de précaution, au final.
15:13 Et c'est un peu peut-être l'erreur d'analyse qu'on a fait sur la Chine,
15:15 en se disant "Ouh là là, ils ont vachement épargné pendant trois ans,
15:18 à force d'être confinés,
15:21 leur event shopping va être à la hauteur de l'épargne qui avait été accumulée".
15:26 Sauf que les Chinois ne sont pas les Américains.
15:28 Ils vivent dans un monde un peu différent du point de vue,
15:31 notamment des filets de sécurité, etc.
15:34 On ne parle même pas de l'Europe en comparaison.
15:36 Et on comprend qu'une partie de cette épargne excessive,
15:39 elle devient très vite de l'épargne de précaution.
15:41 - C'est ça, c'est justement l'exemple que j'allais citer.
15:43 C'est la Chine.
15:45 Tout le monde s'attendait à ce déluge d'épargne qui allait être mobilisé,
15:48 nourrir la croissance, finalement.
15:49 On voit que c'est clairement décevant par rapport à ce qui pouvait être attendu.
15:52 Et effectivement, ce qui détermine les comportements d'épargne,
15:55 c'est parfois très complexe.
15:57 Et il ne faut pas oublier qu'en partie, ce qui les détermine,
16:00 c'est la confiance qu'on a dans son système de santé, son système de retraite.
16:03 Effectivement, en Chine, on peut légitimement comprendre.
16:05 Pour des ménages qui ont en plus été mis à rude épreuve,
16:08 avec les déboires du marché immobilier, auxquels ils sont très exposés,
16:12 il y a une volonté de conserver une large part d'épargne de précaution.
16:15 Après, aux Etats-Unis, ce n'est pas la même chose.
16:17 Et il y a notamment un recours au crédit qui est extrêmement très important.
16:21 C'est-à-dire que les ménages américains, depuis assez longtemps,
16:23 et c'est probablement ça qui tient l'économie américaine,
16:25 qui l'empêche de freiner plus rapidement,
16:28 c'est qu'effectivement, on mobilise son épargne.
16:30 Et ça, c'est plutôt les ménages les plus modestes.
16:32 Je suis tenté de dire que ça, c'est plutôt déjà fait
16:35 et que le reste de l'épargne ne va pas forcément être mobilisé pour consommer.
16:38 Et ensuite, on utilise le levier du crédit.
16:40 Et dans les deux cas, ce qu'on constate,
16:42 alors je sais, ça prend du temps, les délais sont...
16:44 C'est toujours très compliqué, les délais.
16:46 Voir l'économie ralentir et faire freiner l'économie
16:48 alors qu'on l'a surstimulée avec des chèques faits aux ménages,
16:51 ça prend peut-être plus de temps.
16:53 Mais ce qu'on voit, c'est que le taux d'épargne en flux,
16:55 il est en train de remonter.
16:56 Et que les crédits, notamment les crédits qui sont les plus destinés à la consommation,
17:00 les crédits consos, etc.,
17:02 les taux sont devenus très élevés et ça se retourne.
17:06 Les encours de crédit sont en train de faire ça.
17:08 - Vous avez vu, 20% c'est ça sur des taux de crédit à consommation aujourd'hui.
17:11 - Donc voilà, cette logique de mobilisation de l'épargne
17:14 et de recours au crédit, même pour des Américains,
17:16 ça va commencer à toucher ses limites et c'est ce qui implique le freinage.
17:20 Maintenant, sur cette logique des marges,
17:23 ce qui est très problématique, c'est vrai que ça va se demander
17:25 si on n'est pas tous victimes de l'illusion monétaire en réalité.
17:27 Parce que peut-être qu'on se dit, ouais, on a eu une hausse de salaire,
17:29 l'inflation est beaucoup plus élevée, mais bon, j'ai eu une augmentation de salaire,
17:32 donc je continue d'accepter des tarifs beaucoup plus élevés.
17:34 - Oui, puis c'est compliqué, je suis monté de 5%, mon panier a augmenté, etc.,
17:38 à quelques pourcents près.
17:40 - Il y a peut-être, notamment quand on dresse le portrait de l'économie américaine,
17:43 déjà beaucoup de données sont publiées en nominal,
17:45 si on les met en réel, c'est beaucoup moins flatteur.
17:47 Vous regardez les ventes au détail, en réalité ça fait des mois que ça se contracte,
17:49 on n'a pas du tout les chiffres qui sont en nominal.
17:52 Même chose sur ce qui est le proxy de l'investissement,
17:54 les biens d'équipement, corps, même chose.
17:57 Vous retraitez de l'inflation, ça ne dresse pas le portrait d'une économie très florissante.
18:01 Et surtout, sur cette thématique-là, le problème, c'est qu'en réalité,
18:05 c'est plus déporté en Europe qu'aux États-Unis.
18:07 C'est aujourd'hui, en Europe, en réalité, on a plus une problématique de salaire
18:11 combinée à une problématique de marge, où finalement, les marges entretiennent...
18:15 - On se retrouve avec les deux phénomènes, les deux facteurs inflationnistes...
18:18 - Qu'on ne pensait pas avoir en Europe.
18:20 - ... les plus embêtants à gérer.
18:22 - Exactement. La problématique, c'est que jusqu'à présent,
18:24 l'inflation s'est corrigée en partie assez rapidement, plus rapidement que prévu,
18:27 même en réalité sur l'inflation totale, parce qu'il y a une dimension matière première,
18:30 parce que c'est les problématiques logistiques.
18:32 Sauf que là, c'est le plus difficile.
18:34 C'est-à-dire que cette inflation-là à corriger,
18:36 elle nécessite de faire freiner l'économie.
18:38 Donc en réalité, les effets négatifs du resserrement et de chaque hausse marginale,
18:42 ils sont là devant nous, parce qu'on n'a pas d'autre choix
18:44 que de faire freiner l'économie si on veut lutter contre ce type d'inflation.
18:47 - Petite parenthèse sur la Chine, là.
18:49 On a vu, alors, tout au cours du mois de mai, différentes mesures annoncées,
18:53 monétaires, budgétaires, etc.
18:55 On a vu hier une baisse d'un des taux directeurs de la Banque centrale chinoise.
19:00 C'est une accumulation de signaux qui fait dire que le régime est en train de prendre conscience
19:05 que la reprise n'est peut-être pas suffisante pour l'objectif d'être autour de 5% ?
19:09 - Elle n'est clairement pas suffisante.
19:10 C'est clairement le souci de respecter l'objectif qui a été annoncé.
19:14 Maintenant, on peut avoir des doutes sur l'efficacité, une nouvelle fois, de cette relance.
19:19 On a évoqué les comportements d'épargne.
19:21 Ce qui s'est passé dans l'immobilier en Chine est un quasi-traumatisme pour les ménages.
19:25 Donc, restimuler une économie où ils l'ont fait habituellement par l'immobilier,
19:28 là, ça va être un peu différent.
19:30 Sachant qu'en plus, il ne faut pas l'oublier,
19:32 l'économie chinoise fonctionne avec le reste du monde.
19:34 Et du côté des exports, ce n'est pas génial.
19:36 Donc, à la fois, le moteur interne, on a des doutes sur l'efficacité de le relancer.
19:41 Et le moteur externe, il n'a pas des perspectives super florissantes.
19:45 - On en vient au marché ?
19:47 Non ? Je... Ouais.
19:48 Tiens, c'est intéressant aussi, parce que je vois que le DAX a pris la relève du CAC en Europe.
19:53 C'est le DAX qui marque des records aujourd'hui.
19:55 Le CAC a marqué ses records fin avril.
19:58 - Oui. Le DAX coupons inclus, toujours le même.
20:01 - Oui, oui, oui, bien sûr, oui, avec les dividendes.
20:04 Non, mais je ne sais pas, comme on parlait de la Chine...
20:07 L'Allemagne est en récession, le DAX est au plus haut historique.
20:11 Je ne sais pas, est-ce que la Chine a une affaire à voir avec cette histoire ou pas ?
20:15 - Alors, je ne sais pas ce qui, aujourd'hui, fait bouger le DAX précisément,
20:20 mais très clairement, la perspective d'avoir une récession moindre,
20:26 parce que l'activité est un peu mieux, c'est pas mal pour les valeurs industrielles,
20:29 et donc c'est pas mal pour l'Allemagne.
20:31 Et puis on dit, bon ben voilà, on a eu une récession technique en Allemagne,
20:34 on a pas de passé le creux.
20:36 J'ai toujours beaucoup de mal à commenter la performance des indices,
20:40 pour être très honnête, parce qu'en réalité,
20:42 ça peut être lié à des effets de structure et de valeur.
20:45 Donc, au-delà des effets de coupons, il peut y avoir des effets de structure.
20:51 Là, je n'ai pas regardé aujourd'hui, effectivement.
20:53 - Non, non, non, qu'est-ce qui marque, alors,
20:56 justement, la dynamique des marchés d'action en Europe, là, depuis ces dernières semaines ?
21:00 On note qu'il y a moins de surperformance, pour dire les choses.
21:04 L'Europe sous-performe, mais tient, des niveaux de prix qui sont quand même élevés.
21:08 - Ce qu'on a pu voir, c'est qu'en réalité,
21:10 si on regarde de manière un peu macro,
21:12 l'Europe, c'est un proxy de la croissance mondiale.
21:16 C'est un marché dans lequel on va investir, parce qu'il est cyclique.
21:21 Il est perçu comme cyclique, parce que c'est l'économie la plus ouverte sur le monde.
21:25 50%, à peu près, des chiffres d'affaires, même un peu plus,
21:28 des entreprises européennes sont faites en Chine et aux États-Unis.
21:32 Donc, quand ça va bien, et quand il y a une reprise,
21:34 ce qu'on attendait en début d'année,
21:36 l'Europe, c'est effectivement l'endroit où on peut aller capter ça.
21:41 D'autant qu'en début d'année, on avait cet intérêt,
21:45 toujours pour la value, et notamment pour le secteur bancaire,
21:49 qui bénéficiait de cette amélioration de fonds, qui étaient les marges d'intérêt.
21:55 De ce point de vue-là,
21:59 le resserrement des conditions de crédit,
22:02 lié à ce qui s'est passé aux États-Unis avec SVB,
22:04 une reprise un peu moindre en Chine,
22:06 et le poids du secteur bancaire,
22:10 sont très clairement venus mettre un tout petit peu un couvercle sur la performance.
22:15 Maintenant, si on regarde d'un point de vue plus sectoriel ou plus granulaire,
22:19 ce qui a fait la performance des États-Unis depuis deux mois,
22:23 c'est la croissance, ce qui fonctionne en Europe.
22:26 Si on prend l'équivalent en Europe, d'Asso-Systeme, SAP à SML,
22:32 on a connu des envolées qui sont à peu près équivalentes.
22:35 Donc, j'ai de plus en plus de mal à avoir des lectures qui soient géographiques.
22:40 Alors, on peut les expliquer, mais on les explique...
22:42 - C'est plus une question de structure, de pondération,
22:44 de poids de certains secteurs, ou de type d'entreprise.
22:47 - Voilà, parce que si on regarde des sociétés avec caractéristiques équivalentes,
22:50 en réalité, on va trouver des performances qui sont du même ordre,
22:53 sauf raison de 50% de...
22:55 - Non, mais il y a quand même un thème qui est un peu calé, c'est le luxe.
22:57 Je ne sais pas s'il faut revenir à la Chine sur ce sujet,
23:00 mais on mettait les caules face aux GAFAM en comparant ces deux groupes de valeurs
23:05 avec des caractéristiques présentées comme communes.
23:08 Bon, les GAFAM et quelques autres continuent leur envolée.
23:11 Le luxe, lui, a connu un vrai coup d'arrêt au mois de mai.
23:14 - Il cale sur la partie peut-être chinoise.
23:19 - Ça ne sert à rien !
23:20 - Il cale sur la crainte que la Chine, leur démarrage ne soit pas aussi fort.
23:24 Il cale sur le fait que le marché américain est vraiment en train de ralentir,
23:28 et ça a été un très gros moteur de croissance.
23:31 - Pour le business du luxe ?
23:32 - Sur le business du luxe.
23:33 Là où, dans le même temps, il y a un truc qui s'appelle l'intelligence artificielle
23:39 qui est venue redonner un coup d'accélérateur sur toute la sphère technologique.
23:47 Donc voilà, il y a aussi des raisons...
23:50 Ce n'est pas tout à fait les mêmes, mais il y a aussi ces éléments qu'on doit prendre en compte.
23:54 - On est reparti 10 ans avec les GAFAM, du coup ?
23:57 - Je ne suis pas sûr du tout.
24:01 Déjà, on a déjà eu 10 ans.
24:03 - Les cycles de 20 ans, généralement, ils ne se font pas à one shot.
24:07 - Mais c'était l'enseignement qu'on tirait de ce cycle de 10 ans de dire
24:10 qu'il y a de grandes chances que les leaders des 10 dernières années, les so-called GAFAM,
24:14 ne soient pas, ou plus les seuls leaders du nouveau cycle, ou du futur nouveau cycle devant nous.
24:21 - Je pense que ce n'est pas faux.
24:24 - D'accord.
24:25 - Le marché se trompe.
24:27 - Tout à l'heure, tu as parlé de dot-com.
24:29 Tu fais le lien.
24:30 IA, c'est dot-com.
24:31 Alors, on ne peut pas comparer.
24:33 "This time is different".
24:34 Ce n'est pas bien quand on dit ça.
24:36 Parce que, généralement, c'est un mauvais signe.
24:39 C'est sûr qu'on n'a pas l'exubérance générale qu'on avait sur le Nasdaq,
24:43 les valorisations qu'on avait sur le Nasdaq qui se payaient 100 fois.
24:46 Donc, si aujourd'hui, l'explosion de l'IA, je ne peux pas la qualifier de bulle spéculative extrême.
24:53 Ce n'est pas tout à fait comparable.
24:55 Mais n'empêche que dans la construction du truc, ça ressemble beaucoup au dot-com.
24:59 - Ah ben, il y a un phénomène d'engouement massif.
25:01 - Il y a l'engouement, il y a un "game changer".
25:04 - Sauf que l'argent est sur des boîtes qui pèsent des trillions de dollars dans le market cap.
25:08 - Oui, exactement.
25:09 - Ce n'est pas permanent pour les faire.
25:11 - Oui, il y a aussi des mécaniques de marché qui font que l'argent se polarise là-dessus.
25:15 Parce qu'il n'y a quand même pas eu des volumes colossaux à la hausse,
25:19 mais ils ont été exacerbés parce qu'il y a eu beaucoup de participation de hedge funds.
25:23 C'est une étude de JP Morgan qui montre que beaucoup de hedge funds ont fait un jeu classique.
25:28 Soit ils étaient long Nasdaq et short Russell 2000,
25:31 ou alors ils étaient long Nasdaq ou GAFAM et short SP500.
25:35 Donc, on a des positions short sur le SP500 qui sont au plus bas historique.
25:38 Alors, tout le monde dit "Ah ben, vous voyez que le marché est pessimiste".
25:40 Non, en fait non, c'est du long short spéculatif dans un sens, couverture de l'autre.
25:45 Donc, je ne sais pas comment ça va se terminer.
25:47 Ça peut continuer parce que ces mouvements-là, spéculatifs, généralement s'arrêtent de leur belle mort.
25:55 - Après, c'est intéressant, la semaine dernière, ce long Nasdaq, short Russell 2000,
26:00 on a vu que la semaine dernière, il s'est un peu résorbé.
26:03 - Bien sûr. Et je fais le lien avec ce que disait Gilles tout à l'heure,
26:08 quand on parlait des valeurs de luxe.
26:10 Moi, j'étais interrogé sur le jour où LVMH a publié.
26:13 Et toutes les valeurs de luxe montaient. Je dis "Bon, ben voilà, c'est joué".
26:16 LVMH n'a pas fait plus haut depuis.
26:20 Est-ce qu'on va avoir la même chose sur l'EGAFAM aux États-Unis ?
26:24 - Quand est-ce qu'on verra les résultats du deuxième trimestre ?
26:26 - Je ne sais pas. En tout cas, ce qui est sûr, c'est que jusqu'au mois de mars,
26:30 la techno rebondissait, parce qu'elle a fait son point bas à l'automne dernier.
26:35 Mais ça n'empêchait pas le marché américain d'être très en retard.
26:37 Et puis, une fois, j'ai dit "Il y a un rattrapage qui va venir sur le marché américain".
26:40 Et donc, c'est vrai qu'il y a eu une diffusion de la surperformance des grosses capilles les unes après les autres.
26:48 Elles n'ont pas toutes remontées en même temps.
26:50 Rappelez-vous Tesla qui, à un moment donné, s'est ré-effondré avant de remonter.
26:53 Et puis, il y a eu, les dernières semaines, effectivement, le phénomène IA qui a tout bouleversé.
26:58 - Ça ne peut pas durer à ce rythme-là, avec cette intensité-là.
27:01 - Forcément.
27:03 - Et puis, la question, c'est finalement, qu'est-ce que l'IA va apporter ?
27:07 Est-ce que c'est uniquement de la croissance ?
27:10 Et si on raisonne, finalement, ce qu'on dit, c'est surtout, effectivement, de l'efficacité,
27:15 puisqu'on va tous être remplacés par des robots.
27:17 Dans un marché efficience et encore compétitif, ces économies, ces gains d'efficience,
27:24 ils vont être rendus en partie aux clients, parce que les clients vont dire
27:27 "Si ça vous coûte moins cher, je ne vais pas continuer à payer aussi cher".
27:29 Surtout que finalement, vous avez des effets d'échelle.
27:31 - C'est ultra-déflationniste.
27:33 - Alors, ça peut être en partie déflationniste.
27:36 Et donc, je pense que suivant la structure des marchés sous-jacents,
27:39 s'ils sont plus ou moins fragmentés, effectivement, il peut y avoir des impacts déflationnistes.
27:43 Et donc, ça peut en tout cas peser sur les taux de croissance,
27:46 parce qu'effectivement, ça va permettre une diffusion plus importante,
27:49 l'émergence de nouveaux business, ça, ça sera intéressant,
27:51 parce que j'ai des business qui, jusqu'à maintenant,
27:53 coûtaient trop cher à mettre en place, et finalement, peut-être que cela coûtera...
27:55 ça permettra de faire des choses moins chères.
27:57 Donc, ça va rebattre un peu les cartes, mais ce n'est pas que du positif.
28:01 Je pense qu'il y aura un effet déflationniste sur les croissances.
28:03 - Je ne suis pas sur les mégacaps US dopés à l'IA,
28:07 mais il y a tout, en effet, miroir,
28:09 toute la partie du marché ou des secteurs ou des valeurs qui baisse.
28:13 Plus le TAMIA monte, plus on voit certaines valeurs baisser.
28:16 Je ne les cite pas, mais on en a en tête, quand même.
28:18 - Et en réalité, les sociétés qui ont...
28:20 Alors, deux services qui ne sont pas du service sur le terrain,
28:24 mais on ne peut prendre personne, parce que c'est celle-là qui a de l'ELA.
28:27 - Oui, dans l'éducation.
28:28 - Donc, on peut substituer par un service qui coûte moins cher,
28:32 effectivement, il y a des sociétés qui vont être sous pression.
28:35 Donc, ces sociétés avec des profitabilités relativement faibles
28:38 et des barrières à l'entrée relativement faibles,
28:40 effectivement, pourront souffrir.
28:41 Là où ce qu'on voit, et ce qui est intéressant,
28:43 et je finirai là-dessus, c'est qu'en réalité,
28:45 ceux qui ont émergé comme étant gagnants,
28:49 c'est ceux qui fournissent les pelles et les pioches d'aujourd'hui.
28:52 C'est-à-dire Schneider et Legrand, parce que, qui dit IA,
28:56 dit besoin de plus de data center, et pourquoi NVIDIA a monté ?
28:59 - Et donc, l'efficience.
29:00 - Et pourquoi NVIDIA a monté ?
29:02 Parce que, en fait, ça veut dire plus de capacité de calcul,
29:03 et donc, plus de computing.
29:04 - Oui, ça, j'allais dire, c'est la chaîne logique évidente
29:08 de ce qu'on peut se dire à ce stade.
29:10 - Et ça, on est capable de le voir.
29:11 Sur toutes les entreprises, ça va être plus compliqué de savoir si...
29:13 - On aurait pu dire exactement, mot pour mot,
29:16 la même chose en l'an 2000.
29:18 - Tout à fait.
29:19 Se faire regarder ceux qui fournissent les pelles et les pioches.
29:20 - C'est exactement les mêmes applications.
29:22 Plus les faits baissent des prix, des inflations, etc.
29:26 Donc, c'est vraiment le même phénomène sur le plan psychologique des marchés.
29:30 - La disruption, c'est votre domaine.
29:33 Bonne heure, vous avez toujours sur le fond...
29:35 - Tu veux me faire évoquer un peu l'IA ?
29:37 - Non, mais si, bien sûr.
29:38 - Internet, c'est développé.
29:40 - Bien sûr.
29:41 - Tout ce qu'on avait annoncé s'est produit.
29:43 - Oui, il y a le phénomène de bulles,
29:44 et il y a la thématique et la puissance de la thématique,
29:47 et ce que ça va apporter ou enlever, j'en sais rien,
29:50 à moyen long terme.
29:52 C'est pas juste un thème tech,
29:53 on a tous compris qu'il y avait un thème non tech
29:56 qui allait bien au-delà du chipmaker et du vendeur de pelles et de pioches.
30:00 Question quand même,
30:02 parce que le cycle de la hype, c'est quand même important.
30:04 A quel stade du cycle de la hype IA on est aujourd'hui,
30:08 quand vous regardez la valo du thème, tout simplement ?
30:10 - Ce qui me frappe, c'est justement cette dimension tech,
30:13 vous regardez l'arbitrage croissance value
30:15 et vous comparez les Etats-Unis à l'Europe,
30:17 vous pouvez légitimement penser
30:19 qu'effectivement des prises de bénéfices après un tel parcours
30:22 sont absolument pas scandaleuses.
30:24 Il y a un engouement, il y a une hype absolument indéniable.
30:28 Maintenant, est-ce que ce succès, cet engouement, il s'explique ?
30:33 En réalité, il y a pour moi un point vraiment central,
30:35 c'est que les possibilités offertes par l'IA,
30:38 déjà, c'est plus du tout quelque chose de sectoriel,
30:41 comme vous l'évoquez, c'est extrêmement large.
30:43 En réalité, 60% des jobs potentiellement seront impactés,
30:47 soit assistés par l'IA, soit compensés par l'IA.
30:50 On ne va pas tous être remplacés par des robots,
30:53 mais on va tous être considérablement aidés par ça.
30:55 - Augmentés. - Exactement.
30:57 Ce qui est vraiment fondamental, c'est que c'est une réponse
31:00 à une problématique qui, depuis plus d'une décennie,
31:03 on ne sait pas d'où elle vient, on ne sait pas la résoudre,
31:05 c'est le déclin des gains de productivité.
31:07 C'est un vrai problème.
31:08 Aujourd'hui, on s'en fiche un peu,
31:09 quoique, structurellement, ça génère de l'inflation,
31:11 mais ça maintient des taux d'emploi élevés.
31:13 C'est-à-dire que, comme on n'est pas très productif,
31:15 on le voit, il y a un trend pas bon sur notre productivité,
31:17 on emploie plus de monde, donc c'est plutôt bien,
31:19 mais en réalité, ça génère un peu de l'inflation
31:21 de façon conjoncturelle.
31:22 Mais une telle productivité, en fait, ça pose un vrai sujet,
31:25 puisque c'est notre croissance potentielle,
31:27 c'est le financement des États,
31:29 c'est l'équilibre de nos régimes de retraite, etc.
31:32 Jusqu'à présent, la seule réponse fournie à cela,
31:35 c'est du protectionnisme, des vœux pieux de réindustrialisation.
31:39 En réalité, on voit que dans les faits, ça ne marche pas.
31:42 Et ça ne se matérialise pas.
31:44 Là, on a une vraie piste crédible, très utile,
31:47 pour lutter contre ce problème de productivité.
31:49 Et c'est, à mon sens, ce qui fait tout l'engouement de l'IA.
31:51 Alors après, évidemment, quand on va s'amuser
31:54 à comparer Nvidia et le VMH, c'est vrai,
31:56 en termes de QE, c'est scandaleux.
31:57 Si vous prenez les perspectives de croissance
31:59 de certains price tout gros,
32:00 bon, ben, c'est pas cher, Nvidia, par rapport à LVMH.
32:02 Quel crédit on apporte à ces perspectives de croissance ?
32:05 C'est là où LVMH a démontré historiquement
32:07 sa capacité à générer de la croissance,
32:08 que vont devoir faire les boîtes de l'IA.
32:10 Maintenant, il y a cet élément qui rend, en tout cas,
32:12 en partie, ces chiffres crédibles.
32:14 - Vous êtes aussi économiste, Benoît, et j'en discute.
32:17 Vous dites que c'est une piste pour un regain potentiel
32:22 de productivité dans nos économies.
32:24 C'est-à-dire qu'il n'y a aucune garantie.
32:26 10 ou 15 ans après l'apparition de ce genre de truc,
32:30 les économistes me disent, ceux que j'interroge,
32:33 au point de vue macro, ça n'a rien changé
32:37 à la big picture de la productivité
32:41 qu'on mesure aujourd'hui.
32:43 Après, il faut réfléchir à la contraposée.
32:45 Qu'est-ce qu'aurait été notre productivité
32:46 ou nos gains de productivité si on n'avait pas eu ça ?
32:48 Mais d'un point de vue macro, il n'y a pas d'évidence
32:51 que ça ait généré des gains de productivité.
32:53 - Patrick Artus avait une théorie intéressante
32:55 où il disait exactement le contraire.
32:56 C'est qu'en fait, ça a généré des pertes de gains de productivité.
32:58 - Voilà, c'est un peu intéressant.
33:00 - C'est qu'en réalité, tout le monde fait tout soi-même.
33:03 - Oui, mais en fait, ça a permis la création de nouveaux emplois.
33:06 - Attends, mais il y a plein d'aspects positifs.
33:08 - Oui, mais c'est juste que...
33:09 - Est-ce que c'est la martingale de la productivité ?
33:11 - Non, parce qu'en fait, ça a permis l'émergence
33:13 de plein de nouveaux emplois peu qualifiés.
33:15 Alors, il prenait l'exemple du chauffeur Uber.
33:17 Et donc, en termes de productivité, c'est pas dingue.
33:20 Donc en fait, oui, ça vient apporter quelque chose.
33:23 Mais la création d'emplois qui est générée par ça,
33:26 finalement, c'est des emplois qui sont moins productifs.
33:29 - Non, mais ça peut rester limité.
33:31 Le chercheur, le scientifique, lui, sans doute,
33:33 qui va trouver des gains de productivité fabuleux.
33:35 Mais d'un point de vue macro...
33:36 - Moi, je dirais autre chose.
33:37 Je dirais que ça génère beaucoup de gains de productivité
33:39 dans une partie de l'économie,
33:40 qui sont redistribués dans le reste.
33:42 - D'accord.
33:43 - Le reste de l'économie qui est moins productive.
33:45 Je voudrais revenir sur le débat de l'IA
33:48 et la comparaison avec les révolutions industrielles.
33:51 Chaque révolution industrielle depuis 200 ans
33:53 a fait exactement la même chose.
33:55 Les PC, ça a révolutionné tout le monde.
34:00 Internet, ça a révolutionné tout le monde.
34:03 L'IA, ça va être la même chose.
34:05 La seule différence entre les trois,
34:07 c'est qu'à chaque nouvelle révolution,
34:10 les choses vont de plus en plus vite.
34:12 Donc ça peut aussi expliquer en partie
34:14 que l'engouement soit de plus en plus fort.
34:17 Parce qu'on se dit "Cette fois, The Times Is Different,
34:19 ça va être beaucoup plus fort, beaucoup plus rapide".
34:21 Or, bien sûr, ça va être plus rapide,
34:23 mais il y aura quand même des laissés pour compte,
34:24 il y aura quand même des problèmes de survalorisation
34:26 à un moment donné.
34:27 Donc, sur le plan économique, tout va se produire, probablement.
34:30 Surtout qu'on n'a pas parlé de démographie.
34:32 Mais on avait peut-être un problème de productivité,
34:35 mais on a surtout un gros problème de démographie devant nous.
34:37 Donc tout ce qui va nous permettre de remplacer le facteur humain,
34:40 que ce soit des robots japonais pour aider les personnes âgées
34:44 ou pour traduire plus vite à quelque chose,
34:47 ça va être... on en aura besoin.
34:49 Mais par contre, c'est la vitesse du marché
34:52 par rapport à la réalisation microéconomique
34:54 qui pose problème à un moment donné.
34:56 - Et peut-être un des points pour répondre
34:58 où est-ce qu'on en est dans la hype,
35:00 le point que je note, et est-ce que c'est une preuve,
35:03 mais en tout cas c'est un élément d'observation intéressant,
35:06 c'est qu'il y a en ce moment, il y a eu ces dernières semaines,
35:09 énormément de conférences financières
35:11 où on a pu rencontrer avec mes collègues
35:13 un certain nombre de sociétés.
35:15 Et tant aux Etats-Unis, où j'avais certains de mes collègues,
35:18 qu'à Paris la semaine dernière, il y avait un point commun,
35:21 c'est que toutes les entreprises, tous les CEOs,
35:24 étaient interrogés sur l'AI, sur l'intelligence artificielle,
35:28 quel que soit le secteur.
35:30 Donc, où est-ce qu'on est dans la hype ?
35:32 Assez loin déjà.
35:33 - Moi mon baromètre c'est Carrefour, je l'ai raconté plein de fois.
35:36 Carrefour 2018, nous utilisons blockchain
35:39 pour nos services logistiques.
35:41 Carrefour 2022, nous entrons dans le métaverse.
35:44 Carrefour avant-hier, 2023, nous utilisons ChatBitBit
35:48 dans nos robots conversationnels
35:50 pour vous aider à faire les courses et élaborer vos recettes.
35:52 - Et tu veux un autre exemple ?
35:54 - Non mais juste pour finir sur Carrefour,
35:55 résultat sur 5 ans, l'action Carrefour c'est...
35:57 - Non mais pour dire que... on peut en parler,
35:59 ça ne veut pas dire que...
36:01 c'est pas parce que vous en parlez que ça change votre modèle d'affaires,
36:04 que ça change votre statut boursier, votre statut...
36:06 - Comme quoi les marchés sont pas dupes.
36:08 - Alors regardez les performances qui n'arrêtaient pas de baisser,
36:11 parce que l'IA va tuer le modèle,
36:13 on signe un partenariat avec ServiceNow pour utiliser l'intérieur,
36:16 hop, le titre commence à remonter.
36:18 - Oui mais il y a des boîtes qui vont devoir démontrer.
36:20 Capgemini ça a été ça,
36:21 Capgemini ça baisse depuis 2-3 mois,
36:23 ils annoncent une extension de partenariat avec Google Cloud
36:25 sur des applications, usage, IA etc.
36:27 Le marché prend conscience que,
36:29 ah oui, Capgemini va quand même être un acteur
36:31 qui va jouer le thème.
36:34 - C'est ça comme à chaque fois,
36:35 tout phénomène de disruption,
36:36 il y a les gagnants évidents au parcours boursier impressionnant,
36:39 il y a tout un écosystème derrière qui est un peu moins évident,
36:41 puis il y a les perdants,
36:42 il y a ceux qui vont être capables de s'adapter,
36:44 et là-dedans il faut réussir à faire le tri.
36:46 - Non mais c'est bien parce qu'on surestime toujours les impacts à court terme
36:49 et puis on a tendance à sous-estimer les impacts de moyen long terme
36:53 qui peuvent être très importants et très puissants également.
36:56 - Google lors de son entrée en bourse,
36:58 c'était le top de la vie, avait commencé par baisser.
37:01 - Oui.
37:02 - Et puis bon, finalement...
37:03 - Ils sont là plus que jamais encore aujourd'hui.
37:04 - Oui, oui, mais...
37:05 - Il n'y avait pas que Mère Noël et Moins de Fer à l'époque,
37:06 il y avait aussi Google, Amazon et les autres.
37:08 - Mais le marché c'est quoi ?
37:09 - Il y avait eu pas mal de doutes à l'époque,
37:10 mais pourtant, les valeurs étaient quand même...
37:12 - Oui, mais c'est ce qu'on se disait avant tout à l'heure,
37:14 quand ChatGPT a été révélé au monde en novembre dernier,
37:16 les premières réactions qu'on pouvait recueillir
37:18 et qu'on se faisait à l'antenne, c'était de dire
37:21 "Ouh là là, gros danger pour la rente du moteur de recherche de Google
37:24 tel qu'elle existe aujourd'hui,
37:26 les IA génératives conversationnelles vont faire exploser ce modèle, etc."
37:30 Très vite, ils ont rassuré, nous aussi, on a Bard, etc.
37:34 Mais on se disait que ça allait quand même très vite changer les...
37:38 - Je ne sais pas si c'est un tropisme français,
37:39 mais immédiatement on allait dire
37:41 que c'était peut-être la fin de l'extinction de l'humanité
37:43 et qu'il fallait absolument réguler,
37:44 c'est peut-être un tropisme français de voir ça comme ça.
37:46 Je pense que aux Etats-Unis, on le voit un peu différemment.
37:48 - D'ailleurs, les trois fondateurs de Mistral AI,
37:51 donc c'est la vedette,
37:52 un mois de créé il y a une semaine,
37:53 donc qui a levé 100 millions
37:55 et qui a valorisé 250 millions d'euros,
37:57 mais génial, attends,
37:58 les trois génies qui sont dans le top 100 mondial,
38:01 sans doute des chercheurs IA aujourd'hui,
38:03 passés chez Meta et chez Google,
38:05 le message qu'ils font passer, c'est
38:07 la proposition de législation européenne aujourd'hui
38:11 risque d'empêcher l'innovation
38:15 dans ce nouveau domaine
38:17 dont nous ne connaissons même pas encore
38:19 les conséquences et les possibilités à moyen long terme.
38:24 - On va peut-être réguler d'abord la publicité de Google
38:27 avant de réguler l'Europe.
38:28 - Oui, c'est ça.
38:29 - Il y a une volonté de réguler avant de comprendre.
38:31 - On verra si l'Europe arrive à splitter Google,
38:33 effectivement, sur la question de la pub.
38:35 Bon, on s'arrêtera là pour ce soir, messieurs.
38:36 Merci beaucoup d'avoir été les invités de Planète Marché,
38:38 Vincent Guenzi, Cholet, Dupont, Houdard,
38:40 Benoît Pelloual, Vega IM et Gilles Guibou, AXA IM.