Le porte-parole du gouvernement, Olivier Véran, était l’invité de Laurence Ferrari dans #LaMatinale sur CNEWS.
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00:00 Et tout de suite, l'interview de Laurence Ferrari. Bonjour Laurence, ce matin vous recevez Olivier Véran, porte-parole du gouvernement.
00:05 Bonjour Olivier Véran.
00:06 Bonjour Laurence Ferrari.
00:07 Bienvenue dans la matinale de CNU. Nous allons parler des soignants dans un instant, évidemment, parce que c'est un sujet qui vous tient à cœur.
00:10 Mais d'abord, le président de la République était en déplacement hier à Sainte-en-Charompe-Maritime pour présenter la réforme du lycée professionnel.
00:18 Il y avait des opposants à cette réforme des retraites, pour le coup, qui ont été tenus très très loin du président.
00:23 On ne peut pas dialoguer aujourd'hui avec les opposants à la réforme ?
00:27 Le président n'a eu de cesse que de dialoguer avec les opposants à la réforme, y compris lors de certains déplacements.
00:32 Qu'il y ait une sécurisation d'un périmètre autour du déplacement du président de la République, c'est tout le temps, en fait, pendant une crise sociale ou en dehors de la crise sociale.
00:39 Le bruit, ce n'est pas la démocratie ?
00:41 En tout cas, quand le président n'est pas accueilli par une dizaine ou une vingtaine de militants ou de permanents syndicaux un peu radicaux ou d'extrémistes politiques de gauche, ça se passe très bien.
00:51 Et les images que vous avez vues, c'est le président de la République qui parle avec des jeunes, des moins jeunes, et surtout qui porte une réforme fondamentale pour la jeunesse de notre pays.
00:57 Avec un milliard d'euros par an pour cette réforme des lycées professionnels, une grande cause nationale, certains professeurs se sont révoltés,
01:06 disant que cela reviendrait, au fond, à fournir une main-d'œuvre pas chère aux entreprises. Qu'est-ce que vous leur répondez ?
01:11 En fait, ce qui me choque, si vous voulez, c'est que le lycée professionnel, c'est un grand nombre de lycéens, en réalité.
01:17 Et il y en a un sur deux qui, bien que disposant d'un bac pro, ne trouvent pas de boulot dans l'année.
01:22 Or, il se trouve que beaucoup d'entreprises, et de Français d'ailleurs, cherchent des salariés qualifiés pour pouvoir faire de la rénovation thermique des maisons, par exemple, ou travailler dans le domaine du numérique.
01:31 Et donc, le président a dit juste, et il a parfaitement raison, on va mettre en relation les filières qui ont besoin de main-d'œuvre qualifiées pour demain avec la formation des jeunes et avec les jeunes qui cherchent cette formation professionnelle.
01:42 On va la faire découvrir plus tôt, au moment du collège, parce que ça va permettre aussi de réhabiliter l'image sociale de ce travail, à l'instar de ce qui se passe chez nos voisins, où ça se passe très bien et où les filières professionnelles sont très valorisées.
01:54 Il dit en plus, on va arrêter de faire des stages à des jeunes lycéens non rémunérés, donc on va pour la première fois les indemniser.
02:01 Et il dit en plus, comme on va faire cette rénovation pour pouvoir adapter le lycée professionnel aux enjeux actuels, eh bien on va mieux payer les profs, comme on l'a fait dans le lycée général,
02:11 entre 100 et 230 euros pour tout le monde, jusqu'à 500 euros de plus par mois s'ils remplacent des collègues ou s'ils ont des missions supplémentaires.
02:18 Et donc en fait, on fait de cette filière professionnelle une filière d'excellence, ce qui se passe en Suisse, en Belgique, en Allemagne, où les jeunes sont très contents quand ils y vont, parce qu'ils savent qu'ils auront des débouchés.
02:27 Le jour où on aura suffisamment de personnes pour faire de la rénovation thermique des bâtiments, par exemple, on pourra se dire que le travail aura été bien fait.
02:34 Mais il ne s'agit pas de fournir de la main-d'œuvre pas chère aux chefs d'entreprise, comme le disent certains enseignants et certains syndicats.
02:40 Mais tout est caricaturé en permanence, et vous le savez, Laurence Ferrari, dès que vous voulez réformer ou transformer quelque chose.
02:46 Moi, je préférerais que tout le monde, à l'instar du président de la République, soit surpris et veuille changer les choses quand on sait qu'un diplômé sur deux, aujourd'hui, ne trouve pas de boulot dans l'année,
02:56 alors qu'on a énormément besoin de ces jeunes bien formés. Donc c'est ce qu'on va faire, et encore une fois, avec un abord social de la question que personne n'a eu avant nous.
03:04 On va indemniser les jeunes et on va mieux payer les profs.
03:06 – On voit que le président maintient ses déplacements sur le terrain, montre que les gouvernements continuent de réformer.
03:12 Pourtant, les oppositions ne détèlent pas, si je peux me permettre, après le rejet de référendum d'initiative partagée par le Conseil constitutionnel.
03:19 La prochaine séance, c'est le 8 juin, le moment où l'Assemblée se verra proposer une proposition de loi par le groupe Luhe pour abroger la réforme des retraites.
03:27 La Première ministre avait pourtant dit que le parcours démocratique de la réforme est terminé. Ce n'est pas vrai, en fait ?
03:32 – Le parcours démocratique des réformes en général, je peux vous dire que non seulement il continue, mais il accélère.
03:37 Vous l'aurez remarqué, cette semaine, on a présenté, Éric Dupond-Moretti a présenté un projet de loi qui va augmenter très fortement les moyens de la justice,
03:43 pour que ça aille plus vite, pour qu'on puisse suivre ses affaires sur son smartphone, pour qu'on puisse mieux tenir compte du statut des victimes.
03:49 On va ensuite avoir un projet de loi présenté sur l'industrie verte, sur le numérique, etc.
03:54 Donc chaque semaine, des projets de loi, ce qui montre que nous, on est en ordre de marche pour apporter des réponses aux problèmes des Français.
04:00 Qu'il y ait des oppositions politiques qui veuillent maintenir tout le monde dans cette espèce de marasme et de rejouer en permanence le match,
04:06 c'est leur droit de le faire, mais ça ne nous empêche pas d'avancer, parce que ce qu'attendent de nous les Français, honnêtement j'en suis convaincu,
04:11 c'est plus d'école, plus de santé, plus de sécurité et un meilleur emploi.
04:15 – Quand vous dites marasme, c'est quoi ? C'est la contestation démocratique dans la rue ?
04:18 – Non, non, je parle de cet état d'esprit des oppositions parlementaires, radicales, de gauche et de droite,
04:24 qui ne veulent pas qu'on puisse parler d'autre chose, qui ne veulent pas qu'on puisse parler de ce qui intéresse aujourd'hui les Français.
04:31 – Mais la réforme des retraites, ça intéresse les Français, c'est indéniable.
04:34 – Ça intéresse les Français, on en a parlé, Laurence Ferrari, ce qui est indéniable aussi, pendant des mois,
04:37 cette réforme a été adoptée, elle a été validée par le Conseil constitutionnel,
04:40 elle a été à nouveau, en quelque sorte, revalidée en l'état par le Conseil constitutionnel,
04:45 et donc il y a une proposition de loi pour la broger, puis après ils trouveront d'autres choses,
04:48 pour faire en sorte qu'on ne parle que de ça.
04:49 C'est politique, c'est vraiment de la politique, d'accord, ils le savent très bien,
04:53 ils le font dans cet état d'esprit-là, nous la politique, on la fait vraiment pour le coup,
04:56 au service des Français, en apportant des solutions concrètes.
04:59 – La prochaine manifestation, c'est le 6 juin, à l'appel de l'intersyndicale,
05:02 celle du 1er mai, a connu de nombreuses violences, 406 policiers et gendarmes blessés,
05:07 vous redoutez un tel scénario pour le 6 juin prochain ?
05:10 – Mais ce n'est pas que je redoute, c'est que je condamne par avance toute velléité de violences
05:15 au sein de manifestations, qui sont encore une fois commises par des gens
05:17 qui n'en ont rien à faire de la réforme des retraites,
05:19 qui sont des gens qui sont des excités, qu'on retrouve à chaque manifestation
05:23 depuis des années dans notre pays, certains viennent même d'ailleurs de l'étranger,
05:27 comme on l'avait vu à Saint-Sauline, ils viennent, ils se disent "on va venir en France
05:31 et on va profiter de cortèges syndicaux pour aller s'infiltrer et aller tenter de tuer des policiers".
05:38 Je te donne un code-sign "Molotov" sur un policier…
05:41 – Vous le maintenez, ils viennent tuer des policiers.
05:42 – Ah mais il y en a certains qui viennent, certains viennent,
05:44 je ne parle pas des manifestants encore une fois, on est bien d'accord,
05:46 la famille qui vient manifester, le délégué syndical qui vient manifester,
05:49 il vient parce qu'il conteste la réforme,
05:51 mais vous avez des centaines, des milliers de personnes
05:53 qui viennent des quatre coins du pays et des quatre coins de l'Europe
05:56 avec la volonté de saper les institutions,
05:59 parfois vous avez à la fois des drapeaux anarchistes à côté de drapeaux royalistes,
06:02 c'est quand même un moment où ils arrivent à s'entendre,
06:05 pour taper sur du policier, voire tenter de tuer des policiers.
06:07 Quand vous jetez un cocktail "Molotov" enflammé sur un policier,
06:11 ce n'est pas pour passer un message en fait.
06:13 – C'est pour le tuer ? – Bah oui.
06:14 – Il faut renforcer la loi contre les agissements de ces individus,
06:18 est-ce qu'il faut une nouvelle loi en petit cas,
06:20 est-ce que vous travaillez dessus, quand est-ce qu'elle verra le jour ?
06:22 – Alors le ministre de l'Intérieur et le ministre de la Justice
06:24 se voient aujourd'hui même pour travailler sur cette question,
06:27 est-ce qu'il faut renforcer notre arsenal législatif
06:30 ou est-ce qu'on a déjà suffisamment de choses
06:32 et qu'il faut peut-être mieux appliquer certaines mesures ?
06:35 Je n'ai pas la compétence pour vous répondre,
06:37 ce qui est sûr c'est qu'on est déterminé à faire en sorte,
06:38 1. de protéger les manifestants,
06:40 2. d'assurer la sécurité de ceux qui assurent la nôtre,
06:43 c'est-à-dire les policiers,
06:44 et 3. de nous donner les moyens d'éviter, d'empêcher
06:47 que des individus infiltrent chaque manifestation,
06:50 quelle qu'en soit la période, quelle qu'en soit la cause,
06:52 avec pour objectif de semer la violence.
06:54 – Donc il faut agir en préventif, c'est-à-dire avant les manifestations,
06:57 on est bien d'accord, mais empêcher d'accéder aux manifestations.
06:59 – Sachant que les méthodes de ces personnes évoluent aussi,
07:01 on l'avait vu à Saint-Sauline,
07:03 ils sont venus 3 ou 4 jours avant planquer les boules de pétanque
07:05 et les bidons d'essence, comme ça quand ils sont arrivés le jour J
07:08 et qu'ils ont passé la fouille sans problème,
07:09 donc ils s'adaptent, il faut qu'on s'adapte.
07:11 – Vous avez aussi parlé du garde des Sceaux, la réponse pénale,
07:15 après ces manifestations à Paris, 305 interpellations,
07:18 129 classements sans suite et seulement 25 déferments.
07:22 Est-ce que là on est face à une justice qui est efficace
07:24 ou est-ce qu'il y a une vraie difficulté à prouver les agissements de ces gens-là ?
07:27 – Ce sont des décisions de justice,
07:29 donc il y a une séparation des pouvoirs de l'État,
07:31 donc je ne peux pas la commenter.
07:33 – Non mais le résultat, les Français le voient.
07:36 – Ce qui est certain c'est qu'il y a des interpellations qui sont faites
07:38 dans des mouvements de cohue, des mouvements de foule,
07:40 avec des fumigènes, avec de la violence,
07:42 des personnes sont extraites parfois pour les protéger elles-mêmes,
07:45 parfois parce qu'elles sont soupçonnées d'être en train
07:47 ou d'avoir commis des méfaits, restent ensuite à le prouver,
07:50 ça peut être difficile.
07:51 Pour la première fois on a pu utiliser des drones,
07:53 c'est quand même un comble, dans notre pays,
07:55 les manifestants violents puissent, des manifestants violents
07:59 puissent utiliser des drones et pas les forces de sécurité intérieure.
08:01 Donc le ministre de l'Intérieur a proposé qu'on le fasse,
08:04 quasiment partout ça a été possible, on a évité sans doute des drames,
08:07 c'était le cas je crois à Lyon où l'incendie d'une mairie
08:09 a pu être évité grâce à l'usage des drones,
08:11 je l'ai dit, ils s'adaptent, nous nous adaptons.
08:13 Gérald Darmanin a aussi évoqué Jean-Luc Mélenchon
08:17 qui lui-même estime que M. Darmanin est responsable
08:20 à 100% des violences.
08:22 Est-ce que le leader de la France insoumise a une responsabilité
08:24 dans la violence qui se déchaîne ?
08:27 Il y a une continuité, une porosité, un continuum
08:30 entre la violence politique, dans le discours politique
08:33 et à l'Assemblée nationale et la violence exprimée dans la rue.
08:36 Quand vous légitimez le recours à la violence sociale,
08:38 vous avez une part de responsabilité.
08:40 Je ne dirais pas qu'il est à 100% évidemment responsable,
08:42 mais il a une responsabilité, il le sait qu'il y a ces violences
08:46 et finalement il considère que c'est un mal pour un bien,
08:49 puisque la cause qu'il sert c'est une cause révolutionnaire
08:51 et que la révolution, et d'ailleurs vous voyez que tous ses amis
08:55 sont sans arrêt en train de se reconnaître de Robespierre,
08:58 à qui il parlait de la prise de la Bastille,
08:59 et qui n'ont pas été des moments d'une grande douceur
09:02 dans l'histoire de notre pays.
09:04 Donc cette légitimation de la violence,
09:06 qui est de l'appalage d'une extrême gauche qui a opéré aussi
09:09 une mutation idéologique, il faut la condamner, bien sûr,
09:13 parce que quand les Français voient que leurs élus,
09:15 une partie de la classe politique est violente,
09:17 verbalement, voire physiquement,
09:20 elle se dit que finalement tout est permis.
09:21 Ben non, on est en République, on peut manifester librement,
09:24 on peut avoir la liberté d'expression et d'opinion,
09:26 mais la violence ne fait pas partie des libertés publiques.
09:28 Gérald Darmanin a provoqué une crise diplomatique avec l'Italie hier,
09:33 en fustigeant la première ministre Giorgia Meloni,
09:35 dont il estime qu'elle est incapable de gérer et régler
09:38 les problèmes migratoires sur lesquels elle a été élue
09:41 dans la péninsule italienne.
09:43 Est-ce que c'était le moment de faire cette déclaration,
09:45 alors que l'Europe doit rester unie face à l'enjeu de l'afflux migratoire ?
09:48 Je préfère cette image d'unité européenne et cette image...
09:52 Que les déclarations de votre collègue ?
09:53 Non, je préfère parler de l'unité européenne et de l'Italie,
09:58 qui est notre deuxième partenaire économique,
10:01 avec qui on a une relation de fraternité et qui est, voilà, chacun...
10:04 Mais vous auriez prononcé ces mots-là ?
10:06 Vous auriez dit "Madame Meloni est incapable de régler
10:08 les problèmes migratoires sur lesquels elle a été élue".
10:09 Je ne les ai pas prononcés, je ne les prononce pas davantage.
10:11 Et vous ne les soutenez pas ?
10:12 Je ne veux pas en faire, pardonnez-moi, une histoire politique.
10:16 Il y a eu des mots qui ont été prononcés.
10:18 Le quai d'Orsay a rappelé l'amitié entre l'Italie et la France.
10:21 Voilà, et on continue de travailler avec l'Italia.
10:22 On aurait pu éviter ce genre de phrases, monsieur le ministre.
10:25 On aurait pu éviter, oui ou non ?
10:27 Moi-même, il m'arrive plus qu'à mon tour de pouvoir dire des choses.
10:31 Encore une fois, il n'y a eu aucune volonté du ministre de l'Intérieur
10:34 d'ostraciser l'Italie d'aucune manière que ce soit.
10:36 Je rassure les Italiens qui le regardent.
10:37 Et c'est le député d'une ville très Italie-Frenly,
10:42 parce que de Grenoble où il y a une forte communauté italienne
10:44 qui vous le dit, les Italiens, on discute, ils adorent la politique,
10:47 mais ils assument les choix qu'ils ont faits
10:49 et ils veulent qu'on les laisse assumer leurs choix.
10:51 Et ça tombe bien parce qu'on n'a pas l'intention de faire autrement.
10:52 Donc ça ne tombe pas au bon moment, effectivement.
10:54 La France connaît, elle aussi, un influx de migrants
10:56 qui viennent en grande partie d'Italie.
10:59 Il y avait déjà eu une brouille diplomatique avec l'Italie
11:01 au moment de l'Ocean Viking.
11:03 Encore une fois, est-ce qu'il n'est pas temps d'unir nos forces ?
11:06 On travaille avec l'Italie et de manière très concrète,
11:08 l'Italie admet beaucoup la plupart des bateaux
11:11 qui est en respect des accords internationaux que nous avons passés.
11:14 Et ensuite, nous travaillons systématiquement avec les Italiens
11:16 pour des règles de répartition.
11:18 Donc on est intimement liés par notre histoire,
11:20 par les enjeux économiques, sociaux, culturels,
11:22 mais aussi par les enjeux migratoires.
11:24 Faut-il être plus ferme face à cette immigration clandestine ?
11:27 Vous revenez du Danemark. Vous étiez hier au Danemark,
11:29 l'un des pays européens où la politique d'immigration est la plus dure
11:32 et où cela fait consensus dans une société qui est plutôt sociale, libérale.
11:35 Est-ce qu'on doit prendre l'exemple du Danemark,
11:37 qui a réduit drastiquement ses flux migratoires,
11:40 qui a un programme d'intégration exigeant,
11:42 qui a rendu un accès à la nationalité plus difficile ?
11:44 Est-ce qu'on doit suivre cet exemple-là ?
11:46 La question, c'est que moi, je ne suis pas
11:48 pour le grand remplacement de l'extrême droite,
11:50 ni pour le grand renoncement de l'extrême gauche,
11:52 voire de la gauche nupeste en général,
11:53 parce que maintenant, elles sont tellement intimement liées.
11:56 Le Danemark a une histoire, une situation géographique
11:59 qui sont totalement différentes de la nôtre.
12:01 Il n'est pas lieu, évidemment, d'envisager d'appliquer en France
12:04 les mesures qu'ils ont appliquées.
12:06 Mais ce que je constate, c'est que la sociale démocratie danoise,
12:08 c'est-à-dire le centre gauche danois,
12:10 a opéré une mutation politique il y a de cela sept ans,
12:13 lorsqu'ils ont constaté que l'extrême droite était montée à 22 %
12:17 et que l'immigration et l'intégration étaient des sujets de préoccupation
12:20 pour les Danois.
12:21 Ils ont décidé de répondre à ces préoccupations
12:24 par des mesures concrètes.
12:25 Encore une fois, je ne les commente pas et je ne les fais pas miennes,
12:27 mais le fait est que sept ans plus tard,
12:29 l'extrême droite est passée de 22 à 2 %.
12:33 Donc moi, je combats l'extrême droite politiquement.
12:35 Je suis un grand démocrate.
12:36 Mon engagement politique s'est créé contre l'idée de l'extrême droite.
12:40 Et donc, parfois, pour combattre l'extrême droite,
12:42 il faut aussi être capable de parler à ceux qui ont peur
12:45 et à qui l'extrême droite ne vend que de la peur et jamais de solutions.
12:48 Donc c'est ça que je suis allé voir.
12:49 Et encore une fois, ce qui est intéressant,
12:50 c'est que c'est la gauche danoise qui l'a fait.
12:52 Cette gauche qui siège d'ailleurs avec les socialistes
12:53 au Parlement européen.
12:55 Moi, j'ai dit à mes collègues danois,
12:57 si vous avez parlé de ce que vous mettez en place
12:59 avec les gens avec qui vous siégez au Parlement européen,
13:02 non, ce n'est pas le sujet.
13:04 Encore une fois, on doit prendre à bras le corps
13:06 tous les problèmes qui préoccupent les Français.
13:08 Et donc, il y a les inégalités sociales,
13:10 qui est un sujet de préoccupation.
13:11 Il y a la question de la transition écologique,
13:13 qui est une vraie préoccupation,
13:14 le pouvoir d'achat et il y a la question de l'immigration et de l'intégration.
13:17 Je rappelle qu'il y a un projet de loi qui doit être présenté à l'automne.
13:21 Au-delà même de la question de ce projet de loi
13:23 qui est bien nécessaire et utile et efficace,
13:26 on ne doit pas hésiter à parler avec les Français
13:29 de ce qui aujourd'hui les percute, les perturbe,
13:32 parfois leur fait peur.
13:33 Il faut pouvoir avoir cet espace de débat.
13:35 Mais une mesure, par exemple,
13:36 une mesure que vous gardez de ce que vous avez vu au Danemark,
13:39 toute peine de prison, même avec sursis,
13:40 empêche définitivement l'accès à la nationalité danoise.
13:43 On prend ?
13:44 L'accès à la nationalité danoise,
13:45 je veux dire, j'ai vu la communauté française hier
13:46 avec des gens qui ont un doctorat,
13:48 qui sont sur place depuis huit ans,
13:50 qui ont des gros revenus et qui se voient refouler.
13:53 Le vrai frein pour la nation...
13:54 Donc j'ai vu un problème ?
13:55 Non mais le vrai...
13:56 Je ne sais pas,
13:57 je veux dire que les Français qui étaient là-bas,
13:59 ils parlent danois,
14:00 je ne voyais pas pourquoi honnêtement on ne leur donnait pas...
14:02 Figurez-vous que pour avoir la nationalité danoise,
14:04 il faut passer un test.
14:05 Et pour la petite histoire,
14:06 un tiers des députés ont réussi ce test au Danemark.
14:09 Donc ils mettent la barre sans doute trop haut.
14:11 Non, ce qui est intéressant,
14:12 c'est qu'ils ont dit à la population,
14:14 vous estimez que c'est un problème,
14:16 on l'entend.
14:17 Nous, on ne considérait pas que c'était un problème,
14:19 mais vous le dites que c'en est un.
14:20 Donc on va en discuter entre nous,
14:21 on va en débattre et on va faire en sorte que
14:24 on comprenne pourquoi c'est un problème.
14:25 Et les Danois leur ont dit,
14:26 l'immigration pour nous,
14:27 ce n'est pas un problème de racisme, de xénophobie,
14:29 c'est un problème de pérennité de notre modèle social.
14:33 Préserver l'État provident.
14:34 Voilà, parce qu'on a des dépenses publiques,
14:36 parce qu'on a accès à la santé, etc.
14:38 Et on veut pouvoir continuer.
14:39 On paye des impôts,
14:40 on est d'accord pour payer des impôts,
14:41 mais on veut...
14:42 Et à côté de ça, on veut...
14:44 Ils ont dit certaines règles de base.
14:45 Quand on vient d'un pays en guerre,
14:47 on ne discute pas, on est accueilli.
14:48 Quand on arrive et qu'on est capable de travailler,
14:50 on ne discute pas, on peut travailler.
14:51 Par contre, on veut une maîtrise
14:53 et ils avaient ce sentiment, cette crainte
14:55 que l'immigration pourrait à un moment donné
14:56 déstabiliser leur modèle social.
14:58 Et donc, ils ont mis tout un tas de règles,
14:59 encore une fois, je ne reviens pas sur ces règles,
15:01 je ne les fais pas miennes,
15:02 mais qui ont eu, entre guillemets,
15:04 comme impact de faire reculer cette idée
15:08 que l'extrême droite était, le nationalisme était
15:09 la solution à tous les maux.
15:11 Peut-être est-ce que vous l'en direz
15:13 aux Français lors de la guerre.
15:14 - Aux Français lors de la présentation
15:16 de ce projet de loi à l'automne prochain.
15:18 Un mot des vaccinations de soignants.
15:20 On a vu que certains soignants sont très choqués
15:22 qu'hier à l'Assemblée, il y ait eu l'abrogation
15:26 d'obligations vaccinales pour les soignants
15:27 contre le Covid.
15:28 Vous y étiez favorable ?
15:29 Vous préfériez la suspension, c'est ça,
15:31 ou l'abrogation ?
15:32 - On avait décidé, le gouvernement avait décidé
15:34 la suspension sur avis de la Haute Autorité de Santé,
15:39 l'union de la NUPES et du RN.
15:42 D'ailleurs, c'est la première victoire
15:43 qu'ils remportent depuis trois ans de Covid.
15:45 Leur seule victoire, la seule victoire
15:46 à mettre à leur crédit, historiquement,
15:48 aura été de permettre à des gens qui doutent
15:50 de la science de remettre la blouse blanche
15:51 pour peut-être soigner nos parents
15:53 demain dans les hôpitaux.
15:54 Vous savez ce que je pense de cette question
15:56 de la vaccination Covid et de la nécessité,
15:57 quand on est soignant, de protéger les autres
16:00 en se protégeant soi-même.
16:01 - Il faut se vacciner.
16:01 - Ça fait partie de notre éthique professionnelle.
16:02 Maintenant, la décision a été prise
16:04 de les réintégrer, que ce soit par décret
16:06 ou par la loi.
16:07 De toute façon, la loi n'ira pas au bout
16:08 puisqu'ils auront été réintégrés avant
16:10 que la loi ait terminé son parcours.
16:11 Mais symboliquement, je vous le dis,
16:13 je retiens qu'en trois ans de lutte contre le Covid,
16:15 il y aura eu un consensus, une fois,
16:17 entre l'extrême droite et l'extrême gauche,
16:18 et ça aura été pour cette cause-là,
16:20 qui n'est pas la mienne.
16:20 - Et vous, en tant que médecin, ça vous heurte ?
16:22 - Mais je respecte le choix du Parlement.
16:23 - Mais ça vous heurte qu'il y ait une abrogation
16:25 de l'obligation vaccinale pour les soignants ?
16:26 - Non, mais moi, je pense que le défi qui est devant nous,
16:28 ce n'est pas de permettre à des gens
16:29 qui doutent de la science de soigner
16:31 dans les hôpitaux.
16:31 Je pense que le défi que nous avons devant nous,
16:33 c'est de garantir que les soignants,
16:34 quand ils sont face à des personnes fragiles,
16:36 ils ne risquent pas de leur transmettre
16:37 des maladies transmissibles.
16:38 Pour moi, le grand défi de demain,
16:39 ce n'est pas de réintégrer les soignants
16:40 non vaccinés contre le Covid,
16:42 c'est de faire en sorte que les soignants
16:43 soient vaccinés contre la grippe, par exemple.
16:44 Parce que la grippe hospitalière,
16:46 la grippe transmise à l'hôpital,
16:47 elle tue elle aussi.
16:48 Voilà, et c'est tout, encore une fois,
16:50 cette adhésion à la pensée,
16:53 qui n'est pas une croyance,
16:54 à la pensée scientifique,
16:55 aux faits scientifiques, qui est important.
16:56 Maintenant, on a fait l'obligation
16:58 quand il le fallait.
16:59 Aujourd'hui, on est dans un moment
17:00 où l'épidémie n'aurait pas justifié
17:02 nécessairement qu'on oblige les soignants
17:03 à se vacciner.
17:04 Quand on l'a fait, c'était nécessaire.
17:06 Mais je vous redis,
17:07 il faut qu'on garde quand même comme cap
17:09 le fait que les soignants soient protégés
17:10 eux-mêmes pour protéger les autres.
17:11 - Encore un mot, et ce sera le dernier,
17:13 sur le projet de loi sur la fin de vie
17:14 qui est attendu d'ici la fin de l'été.
17:16 François Bayrou a jugé suffisant
17:18 le cadre actuel de la loi Claes Leonetti.
17:20 Il dit "ne faisons pas un service public
17:22 pour donner la mort, les mots ont un sens".
17:25 Est-ce que vous êtes d'accord
17:25 avec ce que dit François Bayrou ?
17:27 - Peu importe mon opinion personnelle
17:28 sur la question, je vais être très clair avec vous.
17:31 On a fait une convention citoyenne
17:32 à la demande du président de la République.
17:34 C'est 185 citoyens qui se sont réunis
17:36 pendant six mois.
17:36 Ils ont travaillé.
17:37 Ils connaissent mieux le sujet que moi-même.
17:39 Et je pense que beaucoup de monde en politique.
17:41 Et à la fin, ils ont voté.
17:42 Ils ont débattu et ils ont voté
17:45 pour une évolution de la loi
17:46 pour plus de soins palliatifs
17:47 et pour l'ouverture encadrée
17:49 d'une assistance médicalisée à mourir.
17:51 C'est un exercice démocratique exceptionnel,
17:53 je le dis, exceptionnel, de très grande qualité.
17:56 Et j'en respecte les conclusions et je les fais miennes.
17:58 - Donc, François Bayrou a raison de dire
18:00 on crée un service public pour donner la mort.
18:02 - Je ne vous parle pas de François Bayrou.
18:04 Je vous parle de citoyens tirés au sort,
18:06 représentatifs de la France,
18:07 à qui on a confié le soin de mener une réflexion,
18:09 qui l'ont fait de manière remarquable
18:11 et qui, me semble, justifiaient
18:12 une appropriation démocratique désormais
18:15 par les pouvoirs publics,
18:16 ce qu'a annoncé le président de la République
18:17 à travers un projet de loi qui interviendra cet été.
18:19 - Donc, c'est une déclaration inutile.
18:21 - Non, il exprime une opinion qui lui est personnelle.
18:23 Mais je considère que l'heure n'est pas,
18:26 en tout cas, à ce que les opinions personnelles l'emportent,
18:28 sur l'opinion démocratiquement exprimée
18:31 par une petite France réunie pendant six mois
18:33 pour travailler cette question.
18:34 - Olivier Véran a été l'invité de la matinale.
18:35 Merci beaucoup d'être revenu ce matin sur CNews,
18:37 Monsieur le ministre.
18:38 À vous, Olivier de Cahiers-Renflec pour la suite.
18:40 (Générique)