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Manifestations en pleine commémoration du 8 mai 1945, opération Wuambushu à Mayotte... les informés du matin du 8 mai 2023, autour de Jules de Kiss et Jean-Rémi Baudot

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00:00 *Musique*
00:08 Les informés du lundi avec vous Jean-Rémi Baudot, bonjour.
00:11 Bonjour, Gilles, bonjour à tous.
00:12 A nos côtés, Ania Nussbaum, journaliste pour l'agence Bloomberg, correspondante à l'Elysée,
00:17 et Paul Barcelone, service politique de France Info, bonjour à tous les deux.
00:20 Bonjour à tous.
00:21 Premier sujet aujourd'hui, ce 8 mai, entre commémorations et contestations.
00:25 Le 8 mai, célébration de la victoire sur l'Allemagne nazie, jour de mémoire,
00:29 avec ce matin la traditionnelle remontée des Champs-Elysées pour le président,
00:33 Emmanuel Macron qui sera aussi aujourd'hui à Lyon pour rendre hommage à Jean Moulin,
00:38 hommage aussi aux résistants de la seconde guerre mondiale,
00:40 une journée que les opposants à la réforme des retraites veulent mettre à profit pour manifester,
00:45 mouvement soutenu notamment par l'eurodéputé Manon Aubry, membre de la France Insoumise.
00:50 Quand Emmanuel Macron pense qu'il peut sortir dans la rue,
00:53 et que tout va bien se passer, et que les Français seront passés à autre chose,
00:56 et bien le 8 mai, et je vous le donne en scoop, le 9 mai, le 10 mai, le 11 mai, le 12 mai, le 13 mai,
01:01 je peux continuer longtemps, à chaque fois qu'Emmanuel Macron sortira dans la rue,
01:05 oui, il y aura une contestation sociale massive, tant que cette revendication n'a pas été entendue
01:10 et tant que la réforme des retraites n'est pas retirée.
01:12 Et vous pouvez essayer de dire aux gens sur tous les tons "ne faites pas ça",
01:16 vous pouvez interdire comme le gouvernement le fait les casserolades,
01:20 en fait elles auront lieu, parce que les gens sont en colère.
01:23 Sauf que le 8 mai n'est pas comme le 9, le 10 ou le 11, c'est une journée de mémoire,
01:27 et alors que les discussions vont reprendre à Matignon avec les syndicats,
01:31 manifestés avec des casseroles lors des commémorations historiques,
01:33 question simple, est-ce le bon moment ?
01:35 Agnès Nussbaum, il fallait s'y attendre, de toutes les façons ?
01:38 Il fallait s'y attendre, et d'autant plus qu'il y a encore des rendez-vous qui se profilent,
01:41 notamment le 8 juin, la proposition, pardon, le projet de loi défendu par Lyaute,
01:45 du centre qui va raviver les débats, qui va probablement ne mener à rien.
01:51 Proposition pour abroger la réforme des retraites ?
01:54 Absolument, absolument, les syndicats ont dit qu'ils allaient manifester le 8 juin,
01:58 deux jours avant la présentation de cette proposition, pardon le 6,
02:01 deux jours avant cette proposition le 8,
02:03 et de fait il y a encore des rendez-vous qui vont raviver la contestation,
02:07 même si encore une fois cette proposition ne va probablement pas mener à des changements législatifs.
02:12 On entendait Manon Aubry, vu le contexte social,
02:15 en fait il n'y a même pas de doute dans la question d'image,
02:17 que ça pourrait être de venir contester en ce 8 mai, jour de commémoration pour le mouvement,
02:22 ce n'est même pas une question finalement.
02:24 – Il y a presque un côté inédit même, à voir des appels à manifester
02:28 en ce 8 mai, jour de la libération,
02:31 ça montre une chose au moins, c'est que c'est difficile pour le gouvernement de tourner la page,
02:37 et ça montre que le traumatisme de la réforme des retraites,
02:40 du 49.3, de la contestation, il est encore là,
02:43 et qu'il reste ça, qu'il reste ces résidus de contestation dans le pays,
02:47 et que le débat va continuer de se cristalliser autour de la réforme des retraites,
02:51 on parlera tout à l'heure en effet du rendez-vous la semaine prochaine,
02:54 ou dans quasiment dix jours à Matignon avec les syndicats,
02:57 mais il reste encore ce fond de contestation dans le pays,
03:00 et c'est difficile pour le gouvernement de tourner la page,
03:02 alors même qu'Emmanuel Macron voudrait faire de ce 8 mai,
03:05 une journée d'union nationale, de cause commune,
03:08 et envoyer cette image-là au moins du point de vue de la communication.
03:11 – On les entend un peu d'avance, les arguments qu'on entendra,
03:14 si jamais il y a ces casserole-là dans des moments très solennels,
03:16 genre Mibodo, il y a ce risque d'image, mais il est pris de gaieté de cœur,
03:20 visiblement par les opposants, ils n'ont pas peur de cela.
03:22 – Oui, parce que eux se considèrent effectivement en lutte,
03:25 il y a quand même, je pense, un peu de recul à prendre,
03:28 c'est-à-dire qu'on entend, j'entendais par exemple un membre de la CGT,
03:31 faire le parallètre entre la résistance de la seconde guerre mondiale,
03:35 dont résistance à l'Allemagne nazie,
03:37 et la résistance aujourd'hui à la réforme des retraites,
03:39 je pense qu'il faudrait quand même un tout petit peu remettre les choses en perspective.
03:43 La contestation, tant qu'elle…
03:44 En fait, la question c'est qu'il y aurait pu y avoir d'autres formes,
03:47 il pourrait y avoir d'autres formes de contestation,
03:49 on n'est pas obligé d'avoir peut-être aujourd'hui,
03:51 peut-être est-ce que la clé aurait été ou serait d'avoir une contestation,
03:54 peut-être différente, peut-être un rassemblement silencieux,
03:57 peut-être quelque chose qui ne viendrait pas percuter la question de la mémoire,
04:00 Jean Moulin, les résistants, des gens qui ont tenu la torture,
04:05 et qui n'ont pas parlé, enfin on est quand même dans un contest historique
04:08 quand même particulier, parce que de toute façon,
04:11 peut-être qu'il y aurait eu de la part des syndicats un twist intéressant
04:17 de changer la contestation juste pour aujourd'hui,
04:20 pour montrer une forme de respect à l'hommage du jour,
04:23 et néanmoins une forme de pression continue,
04:26 au lieu de revenir sur le thème classique des casseroles.
04:28 On va continuer à parler de ce climat social, y compris 1/8 mai,
04:32 et puis de la reprise du dialogue qui s'amorce entre le gouvernement
04:35 et les syndicats juste après. Le fil info, 9h10, Maureen Suynard.
04:39 1/8 mai, sous haute sécurité, Emmanuel Macron est sous l'arc de triomphe
04:43 à Paris ce matin avant de se rondre à la prison lyonnaise de Montluc
04:47 pour un hommage à Jean Moulin.
04:48 Le 8 mai marque la défaite des nazis lors de la seconde guerre mondiale,
04:52 et l'exécutif craint aujourd'hui des manifestations
04:55 contre la réforme des retraites, elles sont interdites, près des cérémonies,
04:58 mais la CGT a déposé un recours devant la justice.
05:02 Le maire de Lyon salue le remarquable travail de Jean-Michel Holla,
05:06 celui qui est désormais l'ex-patron de l'Olympique lyonnais.
05:09 Après 36 ans à la tête de l'OL, il cède sa place au nouveau propriétaire,
05:14 l'américain John Textor.
05:16 De nouvelles évacuations au Canada, 30 000 personnes déplacées au total
05:20 dans la région de l'Alberta. L'ouest du pays est ravagé
05:23 par une centaine de feux de forêt, plus de 120 000 hectares brûlés.
05:27 Une situation sans précédent.
05:29 À cette période de l'année, s'alarment les autorités.
05:32 Du rouge dans le sens des retours en Ile-de-France,
05:34 du monde surtout cet après-midi, fin des vacances pour la zone C
05:37 et fin du week-end prologé avec le pont du Himet.
05:40 On verra bien ce qu'il en sera plus tard dans la journée de ces mobilisations,
05:55 ces appels à la casserole en marge des commémorations de ce déplacement
05:59 notamment d'Emmanuel Macron à Lyon.
06:01 Ce qu'il y a dans le même temps en ce moment, c'est la reprise peut-être
06:05 d'un dialogue social entre les syndicats et le gouvernement.
06:08 Elisabeth Bor, Ania Nussbaum qui invite 5 syndicats,
06:11 4 ont déjà répondu oui, on attend la réponse de force ouvrière,
06:14 mais 4 ont répondu oui, dont la CGT.
06:16 Ça veut dire que ce dialogue reprend malgré tout, malgré cette exigence,
06:21 répété du retrait de la réforme des retraites.
06:23 J'ai envie de dire, pardonnez-moi cette expression triviale,
06:25 mais c'est tout bénef pour le gouvernement de reprendre le dialogue,
06:27 de montrer qu'il est au travail.
06:29 Emmanuel Macron a appelé son gouvernement à travailler sur des nouveaux textes législatifs.
06:33 Du point de vue des syndicats, ce n'est pas forcément évident.
06:35 Alors eux disent "on est en position de force, c'est le moment d'y aller".
06:39 Peut-être qu'ils sont en position de force,
06:41 mais de fait la réforme des retraites est passée,
06:43 a priori elle va passer, elle va être mise en application.
06:45 C'est un moyen sans doute pour le gouvernement d'essayer de percer
06:48 ce front syndical qui a été remarquablement uni depuis le début de la contestation.
06:51 On a bien vu, la CFDT a commencé à dire "oui on va y aller".
06:54 Ce qui a semblé faire bouger la CGT...
06:57 Pas pour blablater.
06:58 Pas pour blablater exactement.
06:59 Il y a eu un rendez-vous il y a à peu près un mois aussi à Matignon,
07:01 tous ensemble en intersyndical, ils sont sortis en disant
07:03 qu'il y avait un déni de démocratie qui n'avait pas été entendu.
07:05 Vous avez vu, vous tous autour de cette table,
07:09 que les capacités du gouvernement à écouter ou entendre,
07:11 entendre ou écouter, ne sont pas forcément les meilleures.
07:14 Souvent les interlocuteurs qui entrent à Matignon, à l'Elysée,
07:17 disent qu'ils ont été entendus mais pas écoutés.
07:19 La question c'est qu'est-ce qui va en sortir ?
07:21 On ne vous appelle pas les informés pour rien,
07:23 vous êtes souvent en train de discuter avec des conseillers à l'Elysée, à Matignon.
07:28 Est-ce que Paul Barcelone, vous savez par exemple, s'il se réjouisse
07:30 au sein de l'exécutif d'avoir été entendu par les syndicats
07:34 qu'ils acceptent de se rendre à ces réunions bilatérales ?
07:37 Oui, d'abord le fait que les invitations aient été bien reçues,
07:41 voire acceptées pour la plupart,
07:43 je pense que c'était en effet tout bénéfice pour le gouvernement.
07:46 Ensuite il y a la question de la forme.
07:47 Le format bilatéral va peut-être, probablement,
07:51 permettre au gouvernement d'enfoncer un coin dans l'union de l'intersyndicale
07:55 pour créer la division.
07:57 La forme est intéressante, ce n'est pas tous les syndicats autour de la même table,
08:00 c'est un à un et ça va durer deux jours.
08:02 Ce n'est pas tous les syndicats tout court d'ailleurs,
08:04 cinq seulement sur l'intersyndicale.
08:05 Exactement.
08:06 Il y a probablement la volonté pour le gouvernement
08:09 d'enfoncer là-dessus sur le risque de la division.
08:12 Ensuite ce que nous a enseigné la séquence autour de la réforme des retraites,
08:15 c'est que les syndicats ont gagné en respectabilité, en crédibilité
08:18 et qu'ils sont devenus pour le gouvernement aujourd'hui,
08:21 dans le contexte de majorité relative à l'Assemblée nationale,
08:24 un interlocuteur indispensable et incontournable,
08:27 y compris pour parler d'autres sujets,
08:29 de pouvoir d'achat, de l'accord à traduire dans la loi sur le partage de la valeur.
08:34 Ils sont devenus incontournables et complètement incontournables.
08:37 Ils veulent le rappeler d'ailleurs à Elisabeth Borne,
08:39 la CGT le disait sur France Info samedi,
08:42 si c'est juste pour nous dire qu'on passe à la suite
08:45 et qu'il n'y a pas d'avancée sur ces sujets-là,
08:47 ils partiront bien vite de la table.
08:48 C'est ça tout l'enjeu d'ailleurs pour le gouvernement,
08:50 c'est de réussir à parler d'autre chose que des retraites
08:52 alors même que les syndicats sont encore extrêmement figés
08:55 sur le retrait de la réforme des retraites.
08:57 Il y a fort à parier pour que les syndicats arrivent avec un mot d'ordre commun
09:01 sur lequel ils se sont mis d'accord avant
09:03 et qu'ils demandent encore et en préalable à d'éventuelles négociations
09:06 le retrait de la réforme des retraites.
09:08 C'est effectivement ce qui est prévu.
09:09 Il va y avoir des réunions pour préparer ce rendez-vous.
09:11 Quand bien même ce sont des bilatérales,
09:13 donc des réunions en face à face de la Première Ministre
09:16 avec les différents responsables syndicaux,
09:18 ils vont arriver avec la même revendication,
09:20 pas forcément sur les autres sujets,
09:22 mais en tout cas sur leur sujet principal,
09:24 à savoir la réforme des retraites.
09:25 C'est très intéressant ce que disait Paul Barcelone à l'instant
09:28 puisque l'intersyndicale, en fait, elle tient.
09:30 On s'était tous demandé si ça n'allait pas être l'explosion de l'intersyndicale,
09:38 s'il est à CFDT, qui avait dit d'entrée de jeu
09:40 qu'elle, elle irait négocier parce qu'il y avait d'autres sujets.
09:42 Et il y avait la question de savoir que ferait la CGT.
09:46 On peut se demander si ça n'a pas joué d'ailleurs.
09:48 Bien sûr, évidemment.
09:49 Mais de fait, c'est finalement politiquement très intelligent
09:53 de la part de l'intersyndicale, qui reste une force unie,
09:56 quand bien même pour l'instant, on attend la réponse de force ouvrière.
09:59 Et elle reste unie dans la contestation,
10:02 là où les oppositions politiques,
10:03 on entendait Manon Aubry il y a quelques instants,
10:06 elle est en morceau.
10:08 C'est-à-dire que la NUP aujourd'hui est dans une situation politique très compliquée,
10:11 là où l'intersyndicale arrive, malgré des divergences, à rester unie.
10:15 Et donc honnêtement, pour l'instant, les syndicats, je pense,
10:18 restent renforcés de toute cette séquence.
10:20 Alors même qu'Emmanuel Macron, et on en a beaucoup parlé,
10:23 notamment à son arrivée au pouvoir, avait misé sur la perte d'influence,
10:28 sur la perte de poids des syndicats.
10:30 Et les syndicats, ce qu'il est à mettre à leur crédit aussi,
10:33 c'est d'avoir tenu, notamment sur les premières semaines du conflit social,
10:36 des manifestations calmes, avec leur service d'ordre,
10:39 des manifestations qui se sont bien passées.
10:42 Et ça a été probablement à mettre à leur crédit.
10:44 C'est pour ça aussi qu'ils jouissent aujourd'hui
10:46 d'une cote de popularité remarquable dans l'opinion.
10:48 Ils ont l'opinion derrière eux,
10:50 ce qui forcément les pousse aussi à la table des négociations,
10:53 à la table du gouvernement, pour ne pas créer de rupture.
10:55 – Mais l'exécutif qui avait aussi misé sur le temps,
10:57 la montre en se disant que de toutes les façons,
10:59 il faudrait un moment pour les syndicats revenir à la table des négociations,
11:02 ça veut dire que le délai de décence dont on avait parlé
11:05 après la promulgation de la loi sur la réforme des retraites est terminé ?
11:08 – À voir ce qui ressort de cette réunion.
11:10 Le gouvernement va venir dire "on veut discuter, partage de valeurs" par exemple.
11:14 Est-ce que les syndicats vont dire oui ou est-ce qu'ils vont juste dire
11:16 "tant qu'on n'a pas réouvert le dialogue sur les retraites,
11:19 nous on ne poursuit pas le dialogue, auquel cas on n'aura pas pris le dialogue syndical".
11:24 – Et dans le cadre des 100 jours, posés sur la table par Emmanuel Macron,
11:28 est-ce que l'exécutif n'est pas quand même obligé de donner un peu du grain à moudre
11:32 aux syndicats dans ces rencontres ?
11:34 – Si, parce qu'ils sont devenus un acteur incontournable
11:36 et qu'aujourd'hui c'est impossible de parler pouvoir d'achat, inflation,
11:40 sans les concerter, sans les avoir autour de la table,
11:43 c'est complètement impossible de se couper d'eux,
11:45 compte tenu de la séquence autour de la réforme des retraites,
11:48 compte tenu aussi de la situation politique à l'Assemblée Nationale,
11:51 il n'y a pas de force d'appoint entre guillemets à l'Assemblée Nationale,
11:55 ils sont obligés de trouver d'autres interlocuteurs,
11:57 les syndicats en sont manifestement…
11:59 – Et même un peu plus loin que ça, la CFDT va pouvoir arriver en disant
12:02 "vous ne nous avez pas écouté sur la réforme des retraites,
12:04 il va falloir que vous nous écoutiez sur la suite, sur le reste"
12:06 et donc d'une certaine manière…
12:07 – Ils posaient leurs conditions.
12:08 – Ils posent leurs conditions, ils l'ont déjà dit,
12:10 on a entendu Laurent Berger le faire,
12:11 il arrive avec ses propres conditions, et donc il présente la facture,
12:15 d'une certaine manière.
12:16 – Sur la période de décence, Jules, c'est Laurent Berger,
12:19 le patron de la CFDT, qui avait appelé en effet à une période de décence,
12:23 et qui a manifestement allé terminer, et il a été le moteur,
12:27 un peu de la réponse aussi à Matignon, il a été le premier à dire "oui"
12:30 et derrière il y a un effet d'entraînement, la CGT très vite, Sophie Binet,
12:33 en attend la réponse de Force Ouvrière, mais on ne voit pas Force Ouvrière
12:36 ne pas aller à la table des négociations alors que tous les autres y vont.
12:40 Ensuite se posera la question de savoir ce qui ressort de cette réunion
12:43 et l'attitude qu'auront adopté les syndicats,
12:45 est-ce qu'ils y vont tour à tour pour lire une lettre
12:47 ou est-ce qu'ils y vont dans l'optique de négocier des choses
12:49 et de faire avancer le débat ?
12:50 Deuxième sujet de ces informés du matin aujourd'hui,
12:53 l'île de Mayotte avec la suite de l'opération Bombouchou, Jean-Rémi Baudot.
12:56 Rappelons que depuis plusieurs semaines, les forces de l'ordre ont lancé
12:58 une vaste opération pour déloger les migrants en situation irrégulière
13:01 pour la plupart venues des commores voisines,
13:03 opération aussi pour démanteler des bidonvilles insalubres de Mayotte,
13:06 il y a 1800 policiers et gendarmes sur l'île,
13:09 opération perçue paradoxalement.
13:11 En métropole, nombreux sont les détracteurs politiques associatifs,
13:15 pourtant au local, la demande, elle est là, sur l'île,
13:18 notamment dans la voix de la députée Eliott Estelle Youssoupha.
13:21 Il y a quand même une logique de la part de ces associations
13:26 et d'une partie de l'écosystème ici à Paris,
13:31 d'utiliser Mayotte pour régler ses comptes avec le ministre Darmanin
13:34 et le gouvernement, et puis de faire avancer le droit des étrangers à Mayotte
13:38 parce que c'est un terrain favorable,
13:40 la moitié de la population est étrangère,
13:42 donc si vous voulez, il y a toujours matière.
13:43 Alors pourquoi cette différence d'appréciation ?
13:45 Mayotte est-il un sujet politique comme un autre ?
13:48 Les Français de métropole se rendent-ils réellement compte
13:50 de ce qui se passe sur cette île qui est, rappelons-le,
13:52 un département français ? Beaucoup de questions.
13:55 On va y répondre à toutes ces questions,
13:57 on va en tout cas essayer après le Fil info à 9h20, Maureen Suynard.
14:01 Il est celui qui a conduit l'OL de la 2e division au sommet,
14:06 7 titres de champion de France chez les hommes,
14:08 8 ligues des champions pour les femmes.
14:10 Jean-Michel Aulas n'est plus le président du club,
14:13 il est remplacé par l'homme d'affaires américain John Textor
14:16 qui a racheté l'Olympique lyonnais l'année dernière.
14:19 Des cérémonies pour marquer la victoire des forces alliées
14:22 sur l'Allemagne nazie et la fin de la 2e guerre mondiale.
14:25 En Europe, cela se passe d'abord à 11h à Paris, sous l'arc de triomphe.
14:29 Emmanuel Macron se rendra ensuite à Lyon
14:31 pour saluer la mémoire du résistant Jean Moulin.
14:34 En ce 8 mai, Volodymyr Zelensky affirme que la Russie sera vaincue.
14:38 De la même manière que le nazisme,
14:40 le président ukrainien promet de libérer les territoires occupés par Moscou.
14:44 Et puis en France, les personnes séropositives vont pouvoir intégrer la gendarmerie
14:48 ou bien le corps militaire des sapeurs-pompiers.
14:51 Le ministre des armées Sébastien Lecornu l'annonce ce matin.
14:54 Un arrêté en ce sens sera publié dans les prochains jours.
14:58 [Générique]
15:00 France Info
15:02 Les informés
15:06 Jean-Rémi Baudot, Jules Dekis
15:09 Les informés du matin avec nous, Ania Nussbaum,
15:11 journaliste à l'agence Bloomberg, correspondante à l'Elysée,
15:14 et Paul Barcelone, service politique de France Info.
15:16 On parlait donc de Mayotte, sujet très politique d'ailleurs.
15:20 Elisabeth Borne va en entendre parler ce prochain jour.
15:22 Oui, puisqu'elle va à la Réunion.
15:24 Elle atterrira à Saint-Denis jeudi matin pour une visite de trois jours.
15:28 C'est son premier déplacement en Outre-mer.
15:30 Un déplacement long et qui est assumé comme tel par Matignon.
15:33 Qui est aussi le déplacement un peu phare de son premier anniversaire à Matignon.
15:38 Mais qui est un déplacement extrêmement politique.
15:40 D'abord parce qu'il y a beaucoup de sujets sur place.
15:43 Par exemple autour de la préservation de l'eau,
15:45 qui est un vrai sujet à la Réunion.
15:47 Et puis il y a ce sujet de Mayotte,
15:49 qui est un sujet qui est au confluent, si j'ose dire, des sujets régaliens.
15:53 L'immigration, la sécurité, pour un département, le 101ème français,
15:57 qui est à plus de 9000 kilomètres de Paris.
16:00 Et qui va évidemment rattraper la Première ministre.
16:02 D'abord parce qu'il y aura des journalistes sur place
16:04 qui vont évidemment lui poser la question.
16:07 Et puis parce qu'Elisabeth Borne va rencontrer la présidente du conseil régional de la Réunion,
16:13 qui s'appelle Huguette Bello,
16:15 et qui est extrêmement remontée sur le dossier de Mayotte.
16:18 Puisqu'il y a seulement deux heures d'avion entre les deux îles.
16:21 Et que c'est Mayotte, un sujet qui concerne évidemment au Premier chef de la Réunion.
16:25 Et on a entendu les oppositions rayer le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin,
16:28 quand lui-même a tancé Giorgia Meloni,
16:31 la présidente du conseil italienne,
16:34 sur son incapacité à gérer la crise migratoire.
16:36 Les oppositions, le Rassemblement national notamment,
16:38 lui répondont "il n'y a pas de quoi se vanter quand nous on a Mayotte".
16:40 Ça veut dire que sur cette question, le gouvernement est vraiment au défi,
16:42 et notamment le ministère de l'Intérieur.
16:44 Sans doute que le ministre de l'Intérieur a souhaité faire une opération coup de poing.
16:48 Marquer le coup, si l'expression est heureuse.
16:53 Mais on peut dire que c'est un échec, en tout cas en termes de communication.
16:56 Parce que 1) visiblement, je ne sais pas si ça a été préparé avec l'Ecomor,
16:59 excusez-moi, mais visiblement avec l'Ecomor, le dialogue n'a pas lieu.
17:02 Et puis en plus, du point de vue judiciaire,
17:05 on a la justice locale qui dit que les expulsions sont illégales.
17:09 Donc ça donne à minima l'impression que la chose n'est pas préparée.
17:13 S'il voulait marquer le coup avant une éventuelle loi immigration,
17:16 c'est en tout cas raté du point de vue politique.
17:18 Est-ce que les reportages qu'on entend beaucoup sur France Info,
17:21 illustrent vraiment la différence d'appréciation, Jean-Rémi Baudot,
17:24 entre le regard des Mahorais et plus globalement de tous les habitants de Mayotte,
17:28 et le regard qu'on a de la métropole ?
17:30 Je vais vous livrer ce que me disait un conseiller au ministère des Outre-mer,
17:33 il y a quelques mois, il me disait "si les gens en métropole prenaient conscience
17:35 de ce qui se passe réellement à Mayotte, ils ne le supporteraient pas".
17:38 Et moi je vais vous citer aussi ce que j'ai vu en reportage,
17:41 notamment à l'hôpital de Mamoudzou,
17:44 j'avais interviewé un médecin qui m'expliquait qu'il venait de faire une amputation
17:49 de quelqu'un qui aurait pu être traité s'il y avait eu plus de moyens.
17:53 Et donc il était évidemment alarmé par cette situation,
17:56 il m'avait dit "en métropole ça ne serait jamais arrivé, là j'ai dû lui couper la jambe".
17:59 Et ce qu'il faut comprendre derrière ça, c'est que ce n'est pas uniquement une histoire de moyens,
18:03 ce n'est pas uniquement que Mayotte serait soudotée,
18:06 que Mayotte serait une île laissée à l'abandon par les pouvoirs publics.
18:10 Ce n'est pas ça l'histoire.
18:11 L'histoire c'est l'histoire d'une décolonisation compliquée,
18:14 certains disent un peu ratée, avec la question des comores,
18:17 de cette indépendance dans les années 70 demandée par toutes les autres îles des comores,
18:21 sauf Mayotte.
18:22 Et Mayotte se retrouve vraiment au sein de ce petit archipel
18:25 un peu isolé par rapport aux autres.
18:29 Et donc ce qu'on a du mal à comprendre, peut-être en métropole,
18:34 parce qu'il est difficile à apercevoir quand on ne l'a pas vu,
18:37 c'est qu'en fait la situation est absolument explosive sur l'île,
18:41 qu'il y a des bateaux qui arrivent tous les jours avec des dizaines, des centaines de personnes.
18:45 On dit souvent que la maternité de Mamoudzou est la première maternité d'Europe,
18:49 c'est 30 bébés par jour, donc une classe par jour d'enfants
18:52 qui en général sont issus de personnes qui sont là de manière irrégulière.
18:55 Donc en fait c'est une poudrière sociale politique,
18:58 et là ce qui est intéressant effectivement c'est cette différence d'appréciation
19:01 entre au local les gens qui demandent qu'il y ait de la fermeté,
19:05 je voyais là une trentaine de membres d'un collectif ont demandé,
19:08 d'ailleurs des grandes femmes en majorité,
19:10 la reprise des expulsions par bateau de Comoriens.
19:13 Enfin imaginez, ça ne se passerait jamais comme ça en métropole.
19:17 Donc il y a une tension politique qui est très forte
19:19 parce que la réalité est extrêmement difficile.
19:22 Sauf que les Comores disent non, pas forcément d'accord pour le retour des Comoriens sur leur sol.
19:29 Il y a ce dialogue à réenclencher pour la France, pas simple ?
19:32 Oui, qui est aussi un enjeu diplomatique.
19:35 Je pense qu'il faut dissocier deux choses, ce qui se passe au niveau local,
19:38 il y a une espèce de ras-le-bol, et on a entendu tout à l'heure Estelle Youssoupha,
19:42 des élus locaux sur place qui demandent à Paris et à la métropole d'agir,
19:46 d'agir vite pour eux, et en France, cette espèce d'opposition qu'on a
19:51 qui est aussi liée à la personne de Gérald Darmanin,
19:53 qui pilote cette opération Wambushu, et qui a pris beaucoup sur lui là-dessus,
19:58 qu'il a beaucoup incarné en allant répondre notamment à l'Assemblée nationale.
20:01 Et lui, là-dessus, aiguise un peu les oppositions aussi.
20:05 Et donc, il y a probablement ces deux choses-là à mettre en face à face,
20:09 qui permettent probablement de comprendre un peu ce qui se joue à la fois sur place
20:13 et ici, ces deux reflets différents.
20:15 Mais ce qui comptera à la fin de Nianhusbôme, c'est le concret sur le terrain.
20:19 Qu'est-ce que va donner la suite de cette opération Wambushu,
20:21 et puis plus globalement, le vivre ensemble sur l'île dans les mois, les années à venir ?
20:24 Oui, enfin, si on prend un peu de recul, on parle d'un archipel avec des différences de richesses,
20:30 donc avec les Comores qui sont beaucoup plus pauvres que l'archipel de Mayotte.
20:34 Et donc, évidemment, vous avez beau mettre des barrières, des policiers,
20:37 envoyer 2000 policiers faire une opération coup de poing, les gens vont continuer d'immigrer.
20:41 L'opération Wambushu, bon, peut-être qu'on va démanteler quelques bidonvilles, etc.
20:47 Mais à long terme, la question se pose toujours, et sans les Comores,
20:50 pas possible d'avancer sur cette question.
20:52 Sauf que les Comores, rappelons-le, est un État excessivement corrompu,
20:57 qui est complètement instable, qui instrumentalise évidemment cette situation.
21:02 Honnêtement, c'est très compliqué politiquement parlant.
21:05 Et effectivement, la réponse sécuritaire, elle est probablement nécessaire.
21:09 Est-ce que c'est la seule réponse à apporter ? Évidemment non.
21:12 Et une précision sur le déplacement d'Elisabeth Horn, puisque c'était votre première question.
21:15 Il n'est pas prévu officiellement de crocher par Mayotte, en partie pour des questions de sécurité.
21:21 Et on imagine que la venue d'une première ministre dans le contexte sur l'île,
21:26 également nécessiterait un dispositif de sécurité.
21:28 Mais est-ce que le symbole n'est pas terrible qu'elle ne s'arrête pas et qu'elle survole Mayotte ?
21:31 Peut-être.
21:33 Voilà, vous pouvez essayer de finir.
21:35 Ce sera l'occasion d'autres informés.
21:37 Voilà, c'est des informés, c'est des infos, pas de l'opinion.
21:40 Mais on a bien compris votre éclairage.
21:42 Merci à vous Jean-Rémi Baudot, fine analyse de la situation à Mayotte.
21:46 Merci à vous, Ania Nussbaum, journaliste pour l'agence Bloomberg, correspondante à l'Élysée.
21:51 Et merci à vous, Paul Barcelone, journaliste politique au service politique de France Info.
21:56 [Musique]

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