SMART IMPACT - Emission du mardi 9 mai

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Mardi 9 mai 2023, SMART IMPACT reçoit Hugues Defréville (Président, Newheat) , Pascal Charmot (Maire, Tassin-la-Demie-Lune) , Charles Lambert (Cofondateur, Ceercle) et Joseph Choueifaty (Cofondateur, Goodvest)
Transcript
00:00 [Musique]
00:08 Bonjour à toutes et à tous, bienvenue dans Smart Impact, l'émission de celles et ceux qui font de la transformation environnementale et sociétale un axe fort de leur stratégie.
00:16 Et voici le sommaire. Mon invité aujourd'hui c'est Hugues de Fréville, le président de New Heat, fournisseur de chaleur renouvelable,
00:22 leader de la chaleur solaire en France à destination des industriels et des collectivités. Pour notre débat, on partira à Tassin, la demi-lune dans le Rhône,
00:30 première ville de France à équiper les balcons de potagers composteurs, réponse à la future obligation de recycler nos déchets organiques.
00:38 Et puis dans notre rubrique consacrée aux start-up éco-responsables, on découvrira l'épargne durable et éthique promise par Goodvest.
00:48 Voilà pour les titres, c'est parti, c'est Smart Impact.
00:51 [Musique]
00:59 L'invité de ce Smart Impact est avec nous en duplex en visioconférence, Hugues de Fréville, bonjour.
01:05 Bienvenue, vous êtes le président de New Heat, entreprise créée en 2015. Et donc on va parler de chaleur solaire, c'est quoi ?
01:13 Tout à fait, bonjour à tous. Eh bien on va parler de solaire thermique en fait et non pas de solaire photovoltaïque.
01:19 L'idée vient de produire de l'eau chaude avec de l'énergie solaire. Donc on est vraiment sur une technologie différente de la production d'électricité.
01:25 On va produire de l'eau chaude avec tout simplement une tôle noire face au soleil qui va chauffer,
01:31 à l'arrière de laquelle on va faire circuler de l'eau dans un serpentin pour produire de l'eau chaude.
01:37 Donc vraiment, on parle de production d'eau chaude.
01:39 C'est un usage qui existe depuis longtemps, c'est de l'innovation technologique. Présentez-nous un peu le secteur.
01:46 Alors déjà, peut-être pour replacer un petit peu le sujet de la chaleur, en fait on ne s'en rend pas forcément compte,
01:52 mais 50% de l'énergie qu'on consomme, c'est sous forme de chaleur.
01:56 L'électricité, par exemple, ne correspond qu'à un quart de nos besoins. Le dernier quart est le transport.
02:01 Donc la chaleur, c'est le principal sujet, que ce soit pour se chauffer chez soi ou alors dans les sites industriels
02:07 pour transformer la matière dans le cadre de process industriels.
02:11 Donc chez New It, ce qu'on réalise, c'est des grandes centrales solaires thermiques.
02:15 En soi, le principe n'est pas innovant. Ça fait des dizaines, voire des centaines d'années.
02:19 Déjà, les Romains, à l'époque, se chauffaient avec l'énergie solaire, se chauffaient leur eau pour pouvoir prendre des douches chaudes avec l'énergie solaire.
02:26 On fait la même chose, mais évidemment dans une taille complètement différente, en faisant des très grandes centrales de plusieurs hectares
02:32 qui vont pouvoir alimenter soit des sites industriels, soit des réseaux de chaleur urbain.
02:37 C'est-à-dire à l'échelle d'une ville, on va chauffer l'ensemble d'un quartier.
02:41 Vous l'avez un peu évoqué, mais à quels usages ça peut correspondre ?
02:47 Et puis surtout, quelles énergies peut-elle remplacer cette chaleur solaire ?
02:54 Tout à fait. Aujourd'hui, pour produire de la chaleur en France, on utilise à 80% des énergies fossiles.
03:00 Par exemple, dans la crise que nous traversons actuellement, le gaz qui est consommé en France, il est principalement pour faire de la chaleur.
03:06 80% du gaz que nous importons et brûlons en France, c'est pour faire de la chaleur.
03:11 Donc clairement, l'objectif de New It et de manière générale des acteurs de la filière solaire thermique,
03:17 est de diminuer notre dépendance aux énergies fossiles et donc de réduire notre facture de gaz.
03:23 En termes d'usage, il y a effectivement deux principaux usages en termes de chaleur.
03:28 Premièrement, et c'est la moitié de ces besoins de chaleur, c'est chauffer les bâtiments et les logements.
03:33 Chauffer les bâtiments et les logements, on peut avoir soit un chauffage individuel chez soi,
03:37 soit être connecté, comme je le disais tout à l'heure, à un réseau de chaleur qui va alimenter toute une ville par exemple.
03:43 Nous New It, on intervient plutôt à ce niveau-là, mais il y a également des acteurs qui peuvent intervenir au niveau des maisons individuelles
03:49 pour mettre des panneaux solaires thermiques sur votre maison et venir réduire votre facture de gaz.
03:53 Donc vos clients sont à la fois des entreprises et des collectivités locales ?
03:58 Voilà, ils sont à la fois des collectivités locales qui en fait souvent délèguent la gestion d'un réseau de chaleur à des grandes entreprises
04:04 et sinon effectivement les sites industriels.
04:07 Alors pour parler un peu de l'industrie, l'industrie effectivement, dès qu'il y a un concept de transformation de matière,
04:12 par exemple quand on cuit quelque chose, quand on sèche quelque chose,
04:16 tout ce qui est autour de nous, le bois, le verre, le plastique, à un moment est chauffé, est cuit.
04:20 Et donc c'est bien cette chaleur de procédé, de process comme on dit, qu'on vient nous utiliser.
04:26 Pour donner un exemple, depuis maintenant 4 ans, on a une centrale qui fonctionne sur une papeterie
04:32 et qui vient donc chauffer l'eau qui est nécessaire à la production de papier.
04:35 Donc là on est vraiment dans les sites industriels, des très grands sites qui consomment autant qu'une ville individuellement
04:42 et pour lequel on va venir réduire leur consommation de gaz.
04:46 Alors il y a un autre exemple, c'est un site de Lactalis où vous allez ouvrir dans quelques semaines une centrale solaire thermique.
04:53 Est-ce que vous pouvez nous la présenter, elle est située où, quelles sont les caractéristiques de cette centrale ?
04:58 Tout à fait, alors c'est une centrale qui est située dans le nord-est de la France, à côté de la ville de Verdun.
05:04 Donc on pourrait penser à une région qui est peu ensoleillée, mais au final elle est largement suffisamment ensoleillée.
05:10 Et donc avec cette grande centrale solaire thermique, qui sera la plus grande d'Europe sur site industriel,
05:15 qui fera environ 13 MW de puissance crête,
05:18 cette centrale solaire thermique va venir chauffer ce qu'on appelle une tour de séchage.
05:23 En fait c'est un site qui produit du lait en poudre, et donc on a la partie humide qui arrive et qui est séchée
05:30 par un flux d'air à 150 degrés qui vient produire de la poudre.
05:34 Et donc nous, avec notre centrale solaire thermique, on vient préchauffer ce flux d'air jusqu'à 90 degrés.
05:40 Donc on passe de 10 degrés à 80 degrés grâce au solaire thermique,
05:44 et ensuite, pour le moment, c'est du gaz qui vient finir jusqu'à 150 degrés.
05:49 Donc on va pouvoir éviter jusqu'à 30 à 40 % des émissions de CO2 de cette tour de séchage
05:55 grâce à cette centrale solaire thermique qui effectivement vient tout juste d'être mise en service.
06:00 Alors justement, vous l'avez commencé à l'évoquer, mais ça amène ma question suivante sur
06:05 est-ce que c'est une énergie complémentaire ? Est-ce qu'il faut forcément quand même un peu d'énergie fossile ?
06:11 Parce que quand on parle de solaire, on se dit toujours « énergie intermittente ou pas ».
06:15 Comment vous vous situez par rapport à ça ?
06:17 Alors c'est une très bonne question, et là on va pouvoir parler d'un sujet qui est très important,
06:21 en particulier pour le solaire thermique, c'est le sujet du stockage.
06:25 Dans la chaleur, et en particulier dans la chaleur en dessous de 100 degrés,
06:29 ce qui est les températures sur lesquelles on se focalise chez Newit,
06:32 il y a une très bonne manière de stocker la chaleur, c'est sous forme d'eau.
06:36 Donc là, par exemple, vous le voyez sur ces images-là, on voit une grande cuve sur la centrale de Narbonne
06:42 qui permet de stocker 3 à 4 jours de production de la centrale solaire,
06:45 ce qui nous permet donc de livrer au réseau de chaleur ou au site industriel, la nuit,
06:49 et également dans les jours un peu nuageux, en période estivale.
06:52 Par contre, c'est vrai que l'hiver, cette cuve va être vide.
06:55 Et donc là, il faut aller vers un autre système de stockage, de plus grande dimension,
07:00 qu'on appelle le stockage saisonnier de chaleur.
07:02 Et donc Newit commence à développer des premiers projets de ce type-là,
07:05 où là, il faut imaginer un trou dans le sol de 1 ou 2 hectares, d'une dizaine de mètres de fond,
07:11 qu'on va remplir d'eau, donc c'est de l'eau qui sera en circuit fermé,
07:14 et on va chauffer cette masse d'eau à 81 degrés l'été, et elle va rester chaude pendant 6 mois,
07:20 et donc l'hiver, va pouvoir chauffer le site industriel.
07:23 Donc là, on parle de stockage de dizaines de gigawatt-heure d'énergie,
07:27 donc c'est vraiment quelque chose de très efficace, et tout ça sans lithium, sans matériaux complexes.
07:32 Et voilà, donc là, la chaleur, on va dire, une de ses qualités, c'est qu'on peut la stocker
07:37 sous une forme relativement simple, qui est de l'eau.
07:40 Donc avec ces systèmes de stockage, on peut aller vers des solutions de 100% de chaleur renouvelable.
07:45 C'est évidemment un peu plus cher quand on s'approche de 100%,
07:48 c'est pour ça que pour le moment, nos premiers projets décarbonent à 30-40% avec ces petits stockages,
07:53 mais pour répondre à votre question, pour aller plus loin et décarboner à 100% les sites industriels,
07:59 ça peut marcher, ça fonctionne, c'est encore plus innovant et avec des systèmes de stockage plus importants.
08:05 Est-ce que c'est encore une source d'énergie méconnue, notamment en France ?
08:09 Pas complètement, c'est absolument méconnu, et surtout son usage, justement, thermique.
08:14 C'est vrai que quand on parle de panneaux solaires en France,
08:17 on pense tout de suite au panneau solaire photovoltaïque,
08:19 qui depuis maintenant une dizaine d'années, se développe beaucoup.
08:22 Quand vous vous promenez en France, vous voyez des champs solaires,
08:25 que ce soit sur les toits ou même sur le sol.
08:28 C'est vrai que côté thermique, on connaît ça beaucoup moins,
08:32 alors que pourtant, par exemple, un panneau solaire thermique est 4 fois plus efficace pour la même surface donnée.
08:38 Alors évidemment, c'est pour produire de la chaleur, pas de l'électricité,
08:41 donc l'usage n'est pas le même et l'idée n'est pas de comparer,
08:43 mais il y a vraiment un avantage et surtout que, également, autre point fort,
08:47 la France a une filière industrielle assez forte dans le solaire thermique,
08:51 puisque la France exporte des capteurs solaires thermiques,
08:54 ce qui n'est pas tout à fait le cas du solaire photovoltaïque.
08:56 Donc clairement, le solaire thermique a des atouts et doit se développer.
09:00 Il y a cette méconnaissance, je pense, qui est liée au fait aussi qu'on pense beaucoup à l'électricité,
09:06 quand on parle d'énergie, alors qu'il faudrait penser avant tout chaleur.
09:09 Par exemple, dans une maison, 60% de l'énergie qui est consommée, c'est pour le chauffage
09:14 et 20-25%, c'est pour l'eau chaude sanitaire.
09:17 Donc on voit que plus de 80% de la consommation d'une maison ou d'un logement, c'est sous forme de chaleur.
09:25 Est-ce que ce sont forcément les pays du sud de l'Europe qui sont les plus avancés ?
09:29 On se dit sud de l'Europe, soleil, donc chaleur solaire, ou alors je suis à côté de la plaque ?
09:33 Alors, les pays du sud de l'Europe sont relativement bien développés,
09:37 notamment si vous voyagez là-bas, vous voyez souvent des panneaux solaires thermiques sur le toit des maisons.
09:43 Mais il y a également le nord de l'Europe, et je voudrais parler en particulier du Danemark,
09:46 qui est clairement en avance, je pense par rapport à tous les pays européens.
09:51 Dans ces pays-là, près de 60% de la population est connectée à un réseau de chaleur,
09:55 alors qu'en France, il y a uniquement 5% de la population, donc il y a 10 fois plus de réseaux de chaleur.
10:00 Et en fait, les réseaux de chaleur permettent de décarboner massivement.
10:03 Parce qu'une fois qu'on a un réseau qui alimente toute une ville,
10:06 on peut faire des moyens centralisés de production renouvelable.
10:09 Et en l'occurrence, le Danemark est le pays des grandes centrales solaires thermiques.
10:13 Il y en a plus d'un gigawatt, donc c'est l'équivalent d'une centrale nucléaire,
10:17 de centrales solaires thermiques, diffusées un peu partout dans le pays,
10:21 qui viennent chauffer les bâtiments et les logements danois.
10:24 Donc oui, effectivement, le Danemark, on pourrait penser que ce n'est pas la première nation du solaire,
10:28 et pourtant, en solaire thermique, c'est clairement le leader en Europe.
10:31 Dernier mot sur le levier de développement du solaire thermique en France.
10:38 Ça dépend des pouvoirs publics, des régions, vous diriez quoi ?
10:42 Alors je pense que ça dépend… évidemment, les pouvoirs publics nous soutiennent,
10:46 c'est déjà, il faut le dire, ils nous soutiennent.
10:48 Ils pourraient nous soutenir plus, mais j'ai envie de dire que ça, c'est un peu perpétuel.
10:52 Au-delà de ça, je pense que c'est clairement au niveau des décideurs,
10:56 que ce soit public ou privé, mais on voit les choses qui évoluent,
10:59 depuis un an notamment, et le contexte de crise qu'on traverse.
11:03 Donc que ce soit les élus locaux, donc, pour développer des réseaux de chaleur urbains,
11:07 pour décarboner leur ville, et clairement, c'est l'outil numéro un
11:10 pour diminuer les émissions de CO2 d'une ville.
11:13 Et pareil, au niveau des sites industriels, la solution qu'on leur propose,
11:17 qui d'ailleurs, on n'en a pas parlé, mais New It investit,
11:19 on investit nous-mêmes dans ces centrales et on leur vend l'énergie sur des durées de 20 à 30 ans,
11:23 mais ça nécessite justement cette vision sur 20 à 30 ans.
11:26 Et cette vision-là, cette nécessité de voir à long terme,
11:29 elle n'est pas évidente pour des groupes industriels,
11:31 et ça commence à arriver depuis quelques années.
11:35 Donc voilà, je pense que clairement, l'espoir est tout à fait possible,
11:39 des solutions existent et se développent.
11:41 Et une filière en France aussi se développe petit à petit.
11:44 Merci beaucoup. Merci Hugues de Fréville et à bientôt sur Bsmart.
11:48 C'est l'heure de notre débat, et si on transformait nos balcons en potagers-composteurs ?
11:55 Je vous présente tout de suite les invités de ce débat dans Smart Impact,
12:04 Pascal Charmeau, bonjour, bienvenue.
12:06 Vous êtes le maire de Tassin-la-Demilune, à vos côtés Charles Lambert, bonjour.
12:10 Co-fondateur de Cercle, avec deux œufs, vous l'avez créé avec Marie de Cognou,
12:14 et vous nous présenterez Cercle dans un instant.
12:16 Tassin-la-Demilune, on est dans le Rhône, évidemment, tout près de Lyon.
12:20 Combien d'habitants ? Présentez-nous un peu votre ville.
12:23 Merci d'abord de nous accueillir pour cette invitation qui nous permet de mettre l'accent
12:30 et de mettre en lumière l'initiative de la ville de Tassin-la-Demilune et de la start-up Cercle.
12:35 Tassin-la-Demilune, c'est une ville de 24 000 habitants, de l'ouest de l'agglomération de Lyon,
12:41 annoncée à la ville de Lyon.
12:43 Il y a beaucoup d'espaces verts ?
12:44 Il y a beaucoup d'espaces verts, nous avons à peu près 3 hectares d'espaces verts municipaux,
12:53 plus des jardins. Nous avons une entité très nature, tout en étant urbain.
13:02 Nous avons en particulier une ville qui a aussi un centre urbain très dense et minéral.
13:12 Nous avons voulu justement changer les choses et faire en sorte, et c'est une première,
13:18 c'est la première commune de France qui met en place une solution de verdissement de la ville
13:24 qui associe le parc privé de logement. Ça représente 88% de notre centre urbain
13:33 et il nous a paru essentiel d'associer les habitants et d'aller au plus près, chez eux,
13:39 pour les impliquer dans le verdissement de la ville.
13:41 On va expliquer comment ça marche, parce que c'est grâce à Cercle, que vous menez ce projet.
13:49 Déjà, présentez-nous l'entreprise, elle est basée à Éculie, c'est ça ?
13:55 Oui, à Éculie-Lyon.
13:57 Et donc vous créez des composteurs, c'est ça ? C'est quoi votre business ?
14:00 Cercle, c'est une start-up que j'ai co-fondée avec Marie de Cognou en 2021.
14:05 La mission, c'est de remettre les citadins acteurs au cœur de la végétalisation des villes.
14:13 Parce qu'on a fait un constat dès le démarrage du projet, c'est que finalement,
14:18 quand on lève les yeux au ciel, les balcons en ville ou les terrasses sont très peu végétalisées.
14:22 Et qu'il y a aussi un deuxième constat, c'est que les biodéchets, les épluchures, les cartons,
14:28 composent à peu près 30% du volume de nos poubelles et ils sont encore très peu valorisés.
14:32 Ils sont soit incinérés, ça génère du CO2, soit enfouis, ça génère du méthane,
14:36 alors qu'ils sont gorgés d'eau et de nutriments, qui sont tout ce que demande une plante pour grandir.
14:41 Et donc on est parti de ce défi-là et on a créé un concept qui s'appelle la lombriponie,
14:47 qui consiste à associer du lombricompostage et de la culture de plantes dans un même contenant.
14:53 Donc c'est nos fameux potagers-composteurs.
14:55 Et l'idée, c'est d'aller les installer directement chez les particuliers, en pleine ville,
15:00 pour qu'ils puissent à la fois recycler leurs déchets et végétaliser leur espace.
15:03 On peut cultiver quoi ? Des fruits, des légumes ?
15:05 On peut cultiver pas mal de choses.
15:06 Des herbes ?
15:07 Voilà, herbes aromatiques potagères.
15:09 Moi j'ai une formation d'agronome, donc je suis plus branché potagère et aromatique.
15:13 Mais après on peut mettre pas mal de choses.
15:15 Justement, nous on fait beaucoup de tests en recherche et développement avec une équipe d'agronomes
15:20 pour voir ce qui pousse ou ce qui ne pousse pas dans notre système
15:24 et pour conseiller au mieux finalement nos utilisateurs derrière.
15:28 Alors il y a combien de balcons déjà équipés ?
15:31 Et comment ce dispositif va grandir, Pascal Charmaux ?
15:34 Alors, en effet, nous avons aujourd'hui initié une démarche sur trois années.
15:40 Au total, ce seront 300 foyers.
15:43 C'est un test à grande échelle d'un dispositif innovant, le potager-composteur de balcons,
15:51 une solution très concrète qui va permettre d'aller là où c'est plus difficile
15:56 de mobiliser des espaces pour le verdissement.
16:00 300 foyers Tassie-Lunois, 100 cette année et puis encore 100 pour les deux années prochaines.
16:06 Et nous allons ainsi pouvoir, ça a été rappelé à l'instant,
16:10 permettre la culture de 18 000 plants au travers des foyers Tassie-Lunois qui sont tests de cette opération.
16:18 Ce sont des volontaires, j'imagine ?
16:20 Alors, des volontaires, il y en a une centaine aujourd'hui qui ont été choisis, tirés au sort,
16:26 car nous avions plus de 500 candidatures sur un site en ligne.
16:31 Nous avons permis aux Tassie-Lunois de candidater.
16:34 Et les 100 premiers vont pouvoir, et ont déjà reçu, leur potager-composteur
16:40 et ont bénéficié aussi d'une matinée d'informations, de conseils
16:46 et seront accompagnés aussi tout au long par une ligne dédiée.
16:51 Est-ce que c'est aussi une façon de répondre ?
16:53 Vous avez évoqué ces biodéchets, la législation le sait, elle change à partir du 1er janvier.
16:58 Est-ce que c'est aussi une façon de répondre à ce défi pour les communes de recyclage maintenant de nos biodéchets ?
17:05 Alors oui, vous avez raison, effectivement, parce qu'aujourd'hui,
17:09 sur la question de la végétalisation des centres-villes,
17:13 les collectivités concentrent surtout leur action sur l'espace public.
17:18 La St-Helene-Milne le fait aussi au travers d'un plan nature en ville ambitieux,
17:23 des carrés potagers dans les écoles, un arbre pour chaque enfant qui rentre en classe de maternelle,
17:28 des plantations dans les espaces publics.
17:31 Mais il y a une dimension importante qui est mal appréhendée,
17:34 c'est celle de l'espace privé, les balcons, les cours intérieurs de copropriété.
17:40 Et c'est exactement l'innovation ici.
17:45 C'est de permettre avec ce potager-composteur de balcons
17:49 de tester une expérimentation, un outil qui permet de valoriser d'abord les déchets, bien sûr,
17:57 mais surtout d'agir sur le retour de la biodiversité dans des espaces qui sont peu exploités en vérité.
18:04 Mais je repose la question sur la gestion globale des biodéchets dans la ville,
18:08 parce qu'il va falloir proposer des solutions à tous les habitants de la St-Helene-Milne,
18:12 même ceux qui n'ont pas de potager-composteur.
18:15 Oui, tout à fait.
18:16 Alors notre cible, c'est la zone dense de la ville qui est plus difficile d'accès
18:22 où l'action publique sur les espaces publics est plus difficile.
18:25 Il y a d'autres endroits où c'est plus facile.
18:28 Bien sûr, il n'y a pas que cette action.
18:30 Il y a la valorisation, la mise en avant de projets qui se développent de plus en plus,
18:35 soutenus par les collectivités.
18:37 Et la ville de Tassin le fait, de composteurs, par exemple, dans les copropriétés.
18:42 Mais là, il faut le faire en commun.
18:44 Ce n'est pas chaque personne qui le fait sur son espace privé de balcon ou de terrasse.
18:49 Et puis d'autres manières de développer le compostage.
18:54 Ici, c'est vraiment au plus près et dans des endroits où on peut le faire en associant la population directement.
19:01 Charles Lambert, est-ce qu'il faut se former un peu ?
19:03 On ne s'improvise pas comme ça, composteur en quelque sorte ?
19:09 Oui, il faut se former, il faut s'informer.
19:11 Nous, on est là pour ça aussi.
19:13 On a essayé de développer une gamme de produits qui soit simple d'usage.
19:17 Mais derrière, on assure un suivi technique à SAV, avec des questions clients auxquelles on répond rapidement.
19:25 Ça nous sert aussi pour comprendre les freins qu'ils rencontrent.
19:30 C'est tout l'objet derrière du partenariat qu'on a noué avec Tassin.
19:35 C'est de comprendre quels sont les freins à la végétalisation en ville.
19:39 Par exemple, si j'habite à une adresse, que je sois au dernier étage plein sud ou au premier étage, plein nord,
19:45 je ne vais pas du tout avoir les mêmes conditions environnementales.
19:48 Je ne vais pas être confronté aux mêmes problèmes.
19:50 Il faut que nous, on puisse comprendre ces problèmes-là pour adapter notre offre et avoir une offre sur mesure.
19:57 Donc oui, il faut se former.
20:00 Mais il faut aussi que nous, on puisse comprendre quelles sont les conditions en particulier dans lesquelles évoluent nos usagers
20:08 pour pouvoir les conseiller au mieux.
20:10 Si on prend une famille, un couple avec deux enfants, elle produit quand même pas mal de biodéchets.
20:16 Ils ne vont pas tous pouvoir aller dans votre dispositif.
20:21 Vous voyez ce que je veux dire ?
20:22 C'est un dispositif qui est complètement encapsulable.
20:25 C'est-à-dire qu'on peut partir d'une base qui va convenir à une ou deux personnes
20:29 et puis créer un totem qui va pouvoir convenir à trois ou quatre personnes.
20:34 On peut le faire grandir.
20:35 On peut le faire grandir et polluer dans le temps.
20:37 Ça, c'était vraiment un de nos principaux points du cahier des charges produits au début.
20:43 Par exemple, les potagers-composteurs qu'on a installés pour les foyers test à Tassin,
20:49 ils permettent de recycler 60 à 80 kg de biodéchets chaque année,
20:55 ce qui correspond à la production de trois personnes à peu près.
20:59 Sachant que c'est du lombricompostage, c'est un peu différent du compostage.
21:02 On ne va pas pouvoir mettre tout ce qui est produits laitiers, viande, toutes les matières animales.
21:06 Donc lombricompostage, c'est avec des vers, c'est ça ?
21:08 Exactement. C'est des vers et des micro-organismes qui effectuent le travail de transformation de la matière.
21:14 C'est quoi, Pascal Charbot, pour vous, pour une ville, les avantages d'une collaboration avec une startup ?
21:20 C'est une startup locale, on l'a bien compris.
21:22 Donc ça, c'est une dimension peut-être importante.
21:25 Mais sinon, quels sont les avantages pour vous ?
21:27 Les avantages, c'est pour ce projet, encore une fois, d'impliquer,
21:33 et ça a été le choix, d'associer la population, les habitants,
21:37 à une démarche éco-responsable, pédagogique et collaborative.
21:42 C'est de faire en sorte qu'ensemble, nous participions à l'amélioration du verdissement de la ville.
21:48 Puis, c'est de soutenir une initiative, car le rôle de la puissance publique,
21:53 c'est aussi d'être acteur d'un projet, d'une action, d'un projet d'entreprise.
22:00 Et l'agilité d'une startup et de l'offre d'une startup va très bien avec l'engagement de la puissance publique à ses côtés,
22:09 pour développer un projet comme celui-ci. Donc tout le monde est gagnant.
22:12 Merci beaucoup, merci à tous les deux. Bon vent à Circle.
22:16 Et on va suivre évidemment le développement de ce programme à Tassin, à la demi-noude.
22:20 A bientôt sur Bsmart.
22:22 C'est l'heure de notre rubrique consacrée aux startups éco-responsables.
22:26 Est-ce que vous savez ce que votre épargne finance ? Peut-être pas.
22:36 Smart Ideas et la bonne idée du jour, elle est signée Joseph Chouefati. Bonjour, bienvenue.
22:40 Bonjour, merci beaucoup.
22:42 Vous êtes le co-fondateur de Goodvest, créé en 2020, fin 2020, c'est ça ?
22:46 Avec Antoine Beneteau. C'est quoi Goodvest ?
22:48 Alors Goodvest, on est parti d'un constat qui est assez simple.
22:50 C'est qu'aujourd'hui, on ne sait pas ce que finance notre épargne.
22:53 Et elle ne finance pas forcément les projets et entreprises qu'on aimerait.
22:56 Donc avec Goodvest, on redonne le pouvoir aux épargneurs de choisir quel type d'entreprise ils vont financer,
23:01 en respectant l'accord de Paris et en ayant une transparence complète sur son impact environnemental qu'on a à travers notre épargne.
23:08 Parce que c'est une sorte de boîte noire en fait. Quand on épargne, on ne sait pas du tout où ça va.
23:12 C'est un constat que font de plus en plus les clients, les consommateurs, les citoyens, parce que c'est aussi une démarche citoyenne.
23:20 Oui, effectivement. Aujourd'hui, l'industrie financière reste quand même assez opaque.
23:25 Elle n'a pas forcément pris la mesure du changement climatique quand on voit certains financements.
23:30 Et il y a une prise de conscience de l'impact de notre épargne.
23:35 Les premiers gestes qu'on va faire, ça va être chercher à réduire l'impact de ses transports, de son alimentation.
23:41 Mais en fait, il y a aussi un geste qu'il ne faut pas oublier et qu'il faut absolument avoir en tête, c'est l'impact de son épargne.
23:47 C'est un levier très important.
23:48 Exactement. Notre argent, en fait, il ne dort pas dans un coffre. Il finance l'économie.
23:53 Et aujourd'hui, l'économie, elle est carbonée. Et si on veut la changer et faire qu'elle aille vers la transition écologique,
23:58 il faut financer des écoactivités. Il faut mettre fin au financement des énergies fossiles, notamment.
24:03 Alors, comment ça marche, Goodvest ? Vous proposez différents secteurs ou différents thèmes d'investissement, c'est ça ?
24:09 Exactement. Goodvest, on est une fintech, donc c'est accessible en ligne assez facilement.
24:15 Et on permet aux épargnants, en faisant une simulation, de leur construire un portefeuille d'épargne sur mesure
24:21 qui va répondre à la fois à leurs objectifs financiers, donc à quel horizon de temps voulez-vous investir,
24:25 quelle est votre aversion au risque, et de choisir les thématiques dans lesquelles vous souhaitez investir.
24:30 Avec une thématique présente par défaut, bien sûr, qui est la transition écologique,
24:33 et la possibilité aussi de choisir d'autres thématiques comme les forêts, l'accès à l'eau ou également l'emploi et la solidarité, par exemple.
24:38 Santé, pays émergents, innovation technologique et solutions climatiques, ça c'est une offre qui existe, je crois, depuis le mois de février.
24:45 C'est une nouvelle offre. De quoi il s'agit quand vous dites solutions climatiques ?
24:49 On a lancé un thème qui va très précisément cibler les acteurs qui sont le plus engagés et qui proposent vraiment des solutions au dérèglement climatique.
24:57 Donc ça va être par exemple le ferroviaire, ça va être les énergies renouvelables, ça va être l'isolation des bâtiments, la préservation du capital terrestre.
25:05 Donc là on va cibler des entreprises très précises.
25:07 Donc forcément c'est un thème qui est peu diversifié, donc qui est accessible qu'aux profils qui veulent prendre un peu de risque sur le long terme.
25:14 Mais c'est un thème qui est très intéressant pour avoir de l'impact.
25:17 Comment vous les sélectionnez ? Comment vous les validez ? Il y a une forme de démarche scientifique parce que vous parlez des accords de Paris,
25:24 il y a évidemment tous les travaux menés par le GIEC depuis des années. Donc comment vous vous inscrivez dans cette démarche-là ?
25:31 Alors effectivement le problème qu'on a dans la finance c'est qu'aujourd'hui on est un peu perdu.
25:35 Il y a beaucoup de greenwashing, on s'arrête trop souvent aux labels qui ne vont pas suffisamment loin.
25:39 Je rappelle que juste le label ISR, le principal label en France, il y a 80% des fonds labellisés ISR qui investissent encore dans les énergies fossiles.
25:46 Donc c'est problématique, c'est pour ça qu'on a choisi de créer une méthodologie qui est à la fois scientifique et transparente.
25:52 On se base notamment sur un partenariat qu'on a noué avec Carbon4Finance qui nous permet d'analyser l'empreinte carbone de tous les sous-jacents sur les émissions directes et indirectes.
26:04 C'est ce qui nous permet de proposer des portefeuilles qui respectent l'accord de Paris.
26:07 On a aussi une stratégie d'exclusion stricte des secteurs néfastes comme par exemple les énergies fossiles.
26:11 Et chez Goodvest, vous avez la certitude qu'il n'y a aucun euro, aucun centime de votre épargne qui va financer les énergies fossiles.
26:18 Est-ce que c'est aussi rentable que l'épargne classique ? On doit vous la poser souvent cette question-là.
26:23 C'est une question qu'on nous pose souvent. Il y a beaucoup d'idées reçues sur le sujet.
26:27 En fait, l'économie est en train de changer et donc elle va prendre le train de toute façon parce qu'elle ne va pas avoir le choix.
26:34 Le mieux c'est que votre épargne anticipe ce mouvement pour pouvoir transitionner également.
26:40 Et donc oui, sur le long terme, on crée de la performance en investissant dans les leaders de demain.
26:46 Et c'est très important aujourd'hui de ne plus investir dans des industries qui vont disparaître comme par exemple le charbon sur le long terme.
26:54 On va devoir s'en passer de toute façon et il n'y en aura bientôt plus.
26:57 Donc on dit ça depuis longtemps. Mais en tout cas, c'est important d'anticiper ces changements avec son épargne.
27:03 Vous étiez venu au tout début de la création de Goodvest. Aujourd'hui, c'est quoi ? Plus de 20 salariés, c'est ça ?
27:09 Aujourd'hui, on a une vingtaine de collaborateurs.
27:11 Avec quelle perspective pour les cinq prochaines années ?
27:14 On va doubler de taille pratiquement dans les 12 mois à venir.
27:19 Aujourd'hui, on fait le meilleur démarrage pour une solution d'épargne en ligne avec 30 millions d'euros collectés en un peu plus d'un an.
27:26 Plus de 3000 clients. Et donc l'objectif, c'est de démocratiser l'investissement responsable.
27:30 Un investissement qui est vraiment responsable, avec de la transparence et pour toutes et tous.
27:36 Merci beaucoup Joseph Chouefati et bon vent à Goodvest.
27:40 Voilà, c'est la fin de cette émission. Je vous dis à demain pour un nouveau numéro de Smart Impact.
27:46 Je voudrais remercier Louise Perrin qui s'occupe de la programmation et de la production de cette émission.
27:52 Assistée aujourd'hui de Marie Biya.
27:54 A la réalisation, c'était Raphaël Morel et au son Thibaut Goury-Lafond.
28:00 Merci à toutes et à tous de votre fidélité à BeSmart, la chaîne des audacieuses et des audacieux.
28:05 Salut !
28:06 [Musique]