«La vie devant elle» : Emily Loizeau et Manon Loizeau sont les invitées de Culture médias

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Dans la deuxième heure de son émission consacrée à la culture, Philippe Vandel reçoit chaque jour un invité.
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Transcript
00:00 Avec Philippe Vandel et avec vos invités, Philippe, elles sont deux aujourd'hui.
00:04 Et une nouvelle invitée dans ce studio, Émilie Loiseau, bonjour.
00:07 Bonjour.
00:07 Vous êtes auteur-recompositrice, chanteuse, je vais citer l'autre bout du monde, votre premier album, Prix Constantin 2009.
00:12 Vous avez sorti un album d'un genre particulier, vous avez venu nous en parler, hommage à Laurie de Run Run Run.
00:17 Le dernier album c'était Icard, sorti il y a deux ans.
00:19 Je n'oublie pas le titre "Sister" qu'on vous entend tout à l'heure, et qui parle justement de votre sister Manon qui est revenue dans ce studio.
00:25 Parce que justement, votre actualité c'est celle-ci, c'est vous qui avez composé la bande-son de son documentaire "La vie devant elle",
00:31 qui passe ce soir sur France 2 à 22h45, juste après le téléfilm avec votre copine Julie Gayet.
00:36 C'est la bande-son, mais c'est aussi un album qui est déjà disponible, c'est pour ça que j'en parle.
00:40 Quelle était la feuille de route que vous a donnée Manon ?
00:44 Feuille de route c'est le bon terme parce que c'est une sorte de road movie.
00:46 Eh bien l'idée c'était d'être un peu la deuxième voix d'Elara, et d'être sa voix intérieure, d'être celle de ses pensées et de son voyage.
01:00 C'est un journal intime ce film, donc c'est d'arriver à mettre des sons sur ça.
01:05 Pas toujours des chansons, d'ailleurs de manière minoritaire des chansons, parce que rajouter des mots aux mots c'est toujours le danger, surtout dans les documentaires.
01:13 Attention, ne grillez pas mes questions, parce que justement je vais vous la poser cette question.
01:16 Non, non, vous êtes là, Manon c'était ça la feuille de route ?
01:19 Vous lui avez dit "tu vas faire une deuxième voix" ?
01:22 Alors une deuxième voix, en fait je lui ai envoyé au fil de la route et de nos voyages en Grèce, les sons d'Elara et les images.
01:32 Et en fait tout de suite Emelie a senti la force incroyable de cette jeune fille afghane qui avance comme ça avec sa caméra.
01:38 Non mais avant ça, comment vous l'avez convaincue de travailler avec vous puisque ça fait un moment ?
01:43 - Elle a été dramée ! - Emelie ça fait un moment !
01:45 Attends, laissez-moi finir la question.
01:47 Emelie ça fait longtemps que vous faites de la musique et vous n'aviez jamais travaillé ensemble.
01:50 Qu'est-ce que vous lui avez dit pour qu'elle accepte ? C'est ça, qu'elle était la feuille de route ?
01:54 Pourquoi elle a dit oui ce coup-ci alors que j'imagine que vous lui avez déjà proposé avant et qu'elle a dit non ?
01:58 Ou alors vous ne l'avez pas proposé ?
02:00 Non, c'est la première fois que je peux faire un film où je pouvais avoir de la place pour la chanson, en dehors de la musique même de la chanson.
02:09 Donc je lui ai proposé cette deuxième voie, mais surtout il y a une histoire familiale qui est que nos parents depuis l'enfance
02:15 nous ont élevés à toujours accueillir celui qui vient d'ailleurs, à toujours garder les yeux grands ouverts, le cœur grand ouvert
02:22 et à pas lui demander ses papiers.
02:24 Et je crois qu'on a grandi comme ça avec l'engagement de notre papa notamment pour les sans-papiers.
02:30 Et donc il y avait une espèce d'évidence à proposer à Emelie qu'on fasse ce chemin ensemble avec Elhara.
02:37 Emelie vous avez dit oui tout de suite ?
02:39 Bah oui, bien sûr.
02:41 Je ne sais pas, je ne suis pas dans l'intimité de la famille.
02:43 C'est un sujet qui est hyper important pour nous, pour moi, pour lequel je continue de m'engager, pouvoir écrire sur ce sujet.
02:53 C'est un sujet que j'avais abordé d'une autre manière par le film sur les enfants, les mineurs isolés dans la jungle de Calais.
03:00 C'était déjà un défi d'accompagner le regard de ces enfants, leur solitude, et là cette jeune fille, cette histoire de femme.
03:07 Qui est juste à côté et qui va nous rejoindre à la fin de l'émission.
03:10 C'est vraiment une émission famille aujourd'hui.
03:12 Emelie vous avez fait des musiques, on a entendu la bande-annonce.
03:14 Vous avez également créé des chansons, Manon l'a dit, comme "Mary Go Round". On entend un extrait.
03:18 *Musique*
03:25 C'est très beau.
03:27 *Musique*
03:53 Elle a même deux titres, elle s'appelle "Home" et "Mary Go Round". Que raconte cette chanson ?
03:57 En fait "Mary Go Round" parce que ça a lieu sur un tourniquet dans le film.
04:00 C'est...
04:02 Non mais les paroles disent quoi ?
04:04 Les paroles disent qu'il n'y a pas de meilleur endroit que d'être chez soi, que d'être dans sa maison.
04:13 Et ce sont vos paroles ? Ce sont les paroles d'Elara ou c'est les paroles de Manon ? Qui écrit les textes ?
04:18 Non c'est moi qui écris les textes, mais je me suis beaucoup inspirée des mots d'Elara, de ce qu'elle dit dans ce film.
04:24 Elle a des paroles très fortes. Et puis Manon m'avait évoqué "Le magicien d'Oz" et "Over the Rainbow" comme chansons qu'elle pourrait peut-être mettre.
04:35 Et je me suis penchée sur l'écriture de cette comédie musicale et j'ai réalisé qu'elle a été écrite par deux exilés juifs après la deuxième guerre mondiale.
04:46 Et d'un seul coup, toutes ces chansons de l'enfance ont pris un autre sens que j'ai trouvé hyper fort.
04:52 Ce bonheur au-dessus de l'arc-en-ciel recherché n'est pas juste un bonbon rose couleur arc-en-ciel, c'est l'histoire d'exilés.
05:00 On continue d'en parler. Juste un mot, oui/non, Manon, vous avez validé les paroles ou pas ? Vous les avez découvertes et on ne pouvait plus y toucher ? Comme avec Paul Naref ?
05:06 Ah non, pas du tout. J'ai reçu ça comme un cadeau surtout. C'était extraordinaire.
05:10 Jusqu'à aujourd'hui, ça me bouleverse à chaque fois que je l'entends, les chansons d'Emilie, mais surtout c'était de voir à quel point les paroles et la musique d'Emilie prolongeaient le ressenti d'Elara alors qu'elle ne l'avait pas rencontrée,
05:23 qui était justement ce voyage intérieur aussi dans la tête d'un enfant qui essayait de se retrouver une maison quelque part.
05:29 Et Emilie est allée au cœur de ça et ça a été assez bouleversant.
05:34 On marque une courte pause et on va prolonger le voyage avec Emilie Loiseau, Manon Loiseau, Culture Média continue sur Europe 1.
05:40 Culture Média sur Europe 1, Philippe Vandel, vous recevez deux sœurs aujourd'hui, Manon et Emilie Loiseau.
05:48 Qui signe ce documentaire, l'une la musique, l'autre le documentaire tout court, "La vie dont elle", ça passe demain à 22h45 sur France 2.
05:55 Aujourd'hui oui, en fait, quel imbécile, comme j'ai écrit ça hier, je le dis demain.
05:59 Le type qui a un pré-Alzheimer, qui ne sait pas qu'on écrit de la veille pour le lendemain.
06:04 Comment vous avez travaillé ensemble sur ce film ? Il y a deux manières de faire, à la Lelouche ou à la Godard.
06:09 Lelouche attendait d'avoir la musique pour tourner les scènes, parfois il diffusait même la musique pendant les scènes.
06:14 Et Godard filmait et ensuite il demandait à Georges Delrue de lui écrire la musique. Comment vous avez travaillé ?
06:20 Alors moi je recevais, le cœur du truc c'est que je recevais les séquences de Manon.
06:25 C'est Emilie qui parle.
06:27 Non je le dis parce qu'on est à la radio, tout le monde ne voit pas sur Europe 1.fr.
06:32 Exactement, et j'ai beaucoup écrit à l'image. Ensuite j'avais des choses de par l'histoire, j'avais pris des notes, j'avais des choses qui me venaient,
06:41 j'avais des mélodies, je savais qu'il y aurait peut-être une ou deux chansons.
06:44 Mais j'ai quand même beaucoup écrit à l'image, je trouve qu'il y a beaucoup d'instrumentaux.
06:48 Ah bah tiens, vous savez quoi ?
06:51 C'est pas vous faire un jour que de parler sur un instrumental, il s'appelle Zura, quand vous allez acheter le CD c'est la 3.
06:58 J'aime bien dire ça, à l'ancienne.
07:02 Et donc là vous composez, vous êtes dans votre studio ou dans votre salon avec votre piano,
07:06 vous avez les images en même temps, et le timing comment ça se passe ?
07:10 Vous faites des longues longues longues nappes de pistes de 8 minutes et après Manon se débrouille en montage avec de l'Alka-Seltzer ?
07:16 Non, c'était très timé, on a monté ensemble, on a envoyé des séquences, et on faisait des allers-retours, en fait on montait au fil de la musique d'Emilie.
07:27 C'était des séquences montées, c'était pas des rushs, c'était déjà des séquences quasi abouties.
07:31 Oui, j'avais déjà une indication de son monteur sur le démarrage et la fin, et puis ensuite je réadaptais en fonction de ce qu'il me disait.
07:37 Parfois même quelque chose que j'avais écrit sur une séquence vraiment à l'image, avec des inflexions sur des changements de plans etc,
07:43 finissait par être sur une autre séquence parce que d'un seul coup c'était ce qu'il préférait, mais c'était quand même vraiment timé par rapport à ce qu'il me demandait.
07:50 Et Zura par exemple c'est l'histoire de l'ami d'Elaha, qui est malheureusement encore à Kaboul et qui peut pas aller à l'école,
07:56 et elle raconte cette douleur d'enfance d'avoir laissé sa copine, elle se souvient des jolis moments quand elle courait pour aller à l'école,
08:02 et c'est la réminiscence de ça, de cette enfance, qui t'a inspirée je pense aussi dans la composition.
08:08 Est-ce qu'elle raconte cette musique qu'on est en train d'entendre ? Alors c'est pas seulement nostalgique, il y a beaucoup de passages solaires.
08:13 Vous avez évité la facilité de dire "oh là là, cette pauvre petite fille, cette pauvre petite famille qui traverse l'Europe quasiment à jambes nues".
08:21 - Elaha elle est solaire. - Elle est tout sauf... voilà, elle est debout, elle a la vie devant elle, c'est qu'on sent vraiment ça dans ses yeux,
08:29 elle veut croquer la vie et c'est ça qui la tient debout, c'est ça qui fait qu'elle s'ouvre avec cette caméra,
08:36 et donc j'avais envie de faire... vraiment de parler de ça, de faire honneur à ça, de sa jeunesse, de ce parcours qui est chaotique,
08:45 qui est pas juste... ils doivent se battre, et il y a quelque chose de rock et d'électrique et de rugueux que je voulais aussi exprimer.
08:55 - Il y a ça dans l'album, et autre écueil que vous avez évité, c'est de faire du folklore.
08:58 Il n'y a pas les sonorités afghanes remixées à votre sauce, façon les pubs avec l'accent chantant de Provence pour faire croire qu'il y a des cigales.
09:07 - C'était pas l'idée, puis je ne sais même pas si je saurais vraiment faire ça, et voilà, j'ai essayé de faire ce que je fais,
09:13 mais de parler avec elle. - C'est pour ça qu'on vous a invité.
09:17 Culture Média continue, on est avec Manon et Émilie Loiseau, et on va parler de littérature, on va parler de jeux vidéo sur Europe.

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