SMART IMPACT - Emission du mardi 23 mai

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Mardi 23 mai 2023, SMART IMPACT reçoit Olivier Seux (Responsable de l'immobilier, Mirabaud Asset Management) , Gérard Lodetti (Directeur général délégué, Linkcity France) , Bénédicte Guenegan (Fondatrice, Mood Walk) et Nathalie Van Den Broeck (Conseillère, CESE)
Transcript
00:00 [Musique]
00:07 Bonjour, bonjour à toutes et à tous. Bienvenue, c'est Smart Impact, l'émission de la RSE,
00:11 responsabilité sociale, sociétale et environnementale des entreprises.
00:15 Et voici notre sommaire.
00:18 Mon invité, c'est Nathalie Vandenbroek, qui est conseillère au Conseil économique, social et environnemental.
00:24 Elle viendra nous détailler les enjeux d'un éventuel traité international sur la pollution des plastiques.
00:29 Notre débat, il portera sur les nouvelles constructions immobilières dans nos villes,
00:34 comment les financer, comment revaloriser les immeubles existants,
00:38 comment faire cesser l'artificialisation des seules réponses tout à l'heure.
00:43 Et puis, dans notre rubrique consacrée aux startups éco-responsables,
00:46 on va découvrir ensemble les baskets, les sneakers Mood Walk faites à base de maïs non alimentaire.
00:53 Voilà pour les titres, c'est Smart Impact. Tout de suite.
00:57 [Générique]
01:03 L'invité de ce Smart Impact est avec nous en duplex en visioconférence.
01:07 C'est Nathalie Vandenbroek. Bonjour, bienvenue.
01:09 Vous êtes donc conseillère au Conseil économique, social et environnemental.
01:14 On va parler ensemble de ces enjeux majeurs de la pollution plastique dans le monde,
01:19 avec peut-être un constat pour commencer.
01:21 La durée de vie moyenne d'un plastique, c'est quoi ?
01:23 C'est quelques mois, c'est moins d'un an, ça a été calculé, ça ?
01:28 Bonjour. Alors, quand on parle de plastique, c'est vrai qu'on a différents chiffres qui nous viennent en tête.
01:35 Déjà, il faut savoir que les produits plastiques,
01:38 81% des produits plastiques qu'on utilise sont transformés en déchets en moins d'un an.
01:42 Donc, c'est un matériau qui est quand même assez utilisé rapidement.
01:49 Et donc, on le retrouve de plus en plus dans la nature, évidemment.
01:53 On voit ces images de quantité de plastique qui sont dans les océans.
01:57 85% des déchets que l'on retrouve dans les océans, c'est du plastique.
02:01 On en retrouve sous forme de micro-nanoparticules,
02:06 puisque sa particularité, c'est qu'il ne se dégrade jamais vraiment.
02:09 Il va se morceler. Et c'est là un des problèmes majeurs du plastique.
02:14 Et face à ce fléau, l'Assemblée des Nations unies pour l'environnement
02:20 a adopté une résolution il y a un an.
02:23 Alors, ça pourrait déboucher sur un traité international.
02:28 Expliquez-nous ce qui peut se passer.
02:30 Oui, on espère que ça va déboucher sur un traité international.
02:34 Effectivement, 175 pays ont signé cette résolution en mars 2022
02:40 pour justement aller vers un traité qu'ils veulent juridiquement contraignant.
02:45 Et ça, c'est quand même une bonne chose, pour mettre fin à la pollution plastique.
02:50 Donc, c'est vraiment très ambitieux.
02:51 Il y a un petit peu de différentes forces en présence qui sont là.
02:56 C'est-à-dire qu'il y a certains pays qui sont au sein d'une coalition en haute ambition,
03:01 qui veulent vraiment que ce traité soit contraignant
03:04 et qu'il travaille sur tout le cycle de vie du plastique,
03:08 c'est-à-dire de l'extraction du pétrole à la fabrication du plastique,
03:11 à son utilisation et à sa fin de vie.
03:14 Et il y a d'autres pays qui souhaiteraient que ce soit moins contraignant, évidemment.
03:19 – Pourquoi le CESE s'empare de ce sujet ?
03:22 – En fait, le CESE, c'est une chambre consultative, une assemblée consultative
03:27 qui représente la société civile organisée.
03:30 Et donc, la pollution plastique est un sujet qui… d'actualité, malheureusement.
03:37 Ça fait des années que c'est un problème.
03:40 Voilà, donc la société civile, par ses organisations,
03:44 notamment ses associations de protection de l'environnement,
03:47 font ce constat qu'il faut agir.
03:49 Il y a beaucoup de pays qui ont différentes législations
03:53 qui permettent évidemment de travailler pour réduire cette pollution plastique.
03:57 Mais ça nous semblait important d'aider la France et l'Union européenne
04:02 à avoir des positions de négociation
04:04 qui déjà mettent la société civile organisée d'accord.
04:07 – Surtout qu'il va y avoir un round de négociations bientôt à Paris.
04:11 Je crois que c'était la fin de ce mois de mai.
04:13 Comment ça se passe ?
04:14 C'est quoi un round de négociations pour passer d'une résolution à un traité ?
04:20 – Alors la résolution en plus était très ambitieuse
04:23 puisqu'ils ont dit qu'il fallait que le traité soit signé d'ici fin 2024.
04:29 Donc cinq réunions de négociations auront lieu.
04:34 La première a eu lieu en novembre dernier en Uruguay.
04:38 La prochaine aura lieu à Paris, comme vous l'avez dit.
04:40 Et ensuite il y en aura trois autres pour travailler et élaborer ensemble ce traité.
04:46 Donc voir sur quoi les pays s'accordent, que ce soit sur les objectifs à atteindre,
04:53 sur le type de traité et de texte juridique à mettre en place
04:57 et surtout la question du financement.
04:59 – Et qui est présent ?
05:00 C'est pas au niveau, j'imagine, ministériel ?
05:02 Ce sont des conseillers, des représentants de chacun des États ?
05:04 Comment ça se passe ?
05:05 – Ce sont des négociateurs.
05:07 En fait, comme c'est un cadre onusien, c'est l'Union Européenne qui va négocier
05:13 et donc la France sera un des États membres qui aidera l'Union Européenne
05:19 à avoir une ambition, enfin une position la plus ambitieuse possible.
05:23 – Alors il y a des préconisations du Conseil économique, social et environnemental
05:28 pour justement faire en sorte que ce traité soit le plus ambitieux
05:33 et donc, on l'a bien compris, le plus contraignant possible.
05:36 Quelles sont vos préconisations ?
05:38 – Alors, je ne vais pas toutes vous les lister
05:39 car nous avons élaboré une vingtaine de préconisations
05:44 mais en fait on les a organisées en trois axes.
05:46 Le premier axe, c'est vraiment pour fixer des objectifs contraignants et précis.
05:53 Donc là, par exemple, nous avons…
05:56 une des premières préconisations a été la proposition de stabiliser
06:00 puis réduire la production plastique
06:03 puisque l'OCDE que nous avons auditionné
06:07 estime qu'en 2019, il y a 460 millions de tonnes de plastique qui ont été produites
06:12 et si on ne fait rien, ils estiment que cette production
06:16 va être multipliée par deux et demi d'ici 2060.
06:19 Donc déjà, il faudrait réduire cette production plastique.
06:22 Nous avons mis des préconisations sur l'interdiction de certains additifs,
06:28 de groupes d'additifs qui pourraient être toxiques et néfastes
06:32 pour la santé humaine et l'environnement.
06:36 Une interdiction des plastiques à usage unique.
06:39 Ensuite, un deuxième axe était vraiment sur la forme juridique du traité.
06:43 Donc nous, nous préconisons de partir sur un texte de titre "Protocole de Montréal"
06:48 qui, je vous le rappelle, a été mis en place dans les années 80.
06:52 C'était pour lutter contre les CFC, ce gaz qui détruit la couche d'ozone.
06:56 Donc c'était un cadre qui avait fonctionné.
07:00 Et ensuite, le troisième axe, c'est vraiment associer les parties prenantes
07:07 et la société civile dans ces négociations et enfin mettre en place des financements.
07:13 Donc créer un financement qu'on appelle ADOC,
07:15 vraiment pour lutter contre cette pollution plastique
07:18 et mettre en place le principe du pollueur-payeur
07:20 avec notamment la responsabilité élargie des producteurs
07:24 qui pourrait être mise en place dans tous les pays.
07:26 Et là, on peut effectivement s'inspirer de ce qui se passe en France
07:30 puisque la responsabilité élargie du producteur,
07:33 elle s'installe dans différents secteurs et on voit son efficacité.
07:39 D'ailleurs, c'est parfois un casse-tête pour les entreprises du secteur,
07:43 au moins dans les premiers mois de mise en place.
07:45 Est-ce que, par exemple, on parle de… on calcule l'empreinte carbone,
07:48 on en parle souvent dans cette émission.
07:50 Est-ce qu'on peut calculer une empreinte plastique
07:51 comme on calcule une empreinte carbone ?
07:53 Je veux remercier de cette question
07:55 parce qu'effectivement, c'est une de nos préconisations
07:57 qui est un petit peu innovante
07:59 puisque quand on parle de plastique,
08:02 on parle souvent des bienfaits du plastique
08:05 car effectivement, il y en a.
08:07 On peut baisser le poids des produits,
08:09 donc dans le transport, il y a moins d'émissions de gaz à effet de serre,
08:13 donc il y a moins de gaspillage alimentaire.
08:16 Donc le plastique a de nombreux avantages.
08:18 Mais comme je vous le disais,
08:19 on ne peut pas réfléchir de la même manière sur un produit plastique
08:23 que sur les autres produits
08:24 puisqu'il y a ce problème de dégradation
08:28 et de l'impact que peut avoir cette matière sur tout le cycle de vie.
08:32 C'est-à-dire qu'il peut y avoir des pertes de plastique,
08:35 de granulés de plastique,
08:36 on en retrouve un petit peu partout,
08:39 lors du transport, lors de la fabrication.
08:43 Et donc, l'idée, c'était de dire
08:45 qu'il faudrait en complémentarité de ce bilan carbone
08:50 mettre en place une empreinte plastique
08:51 pour faire un peu un bilan plastique
08:54 et voir les externalités négatives que ce plastique apporte également.
08:58 - Et on a les outils pour calculer cette empreinte plastique aujourd'hui ?
09:02 Il suffit de prendre la décision
09:04 ou il faut encore un peu améliorer ou inventer ces outils ?
09:07 - Il faut encore un peu améliorer et inventer ces outils, évidemment.
09:11 Et puis, il faut que la définition soit partagée par tous les pays.
09:14 Donc, c'est pour ça qu'il nous semblait important aussi
09:17 que la science soit mise un petit peu au cœur de ces débats
09:20 lors des négociations,
09:22 pour qu'il y ait une définition harmonisée
09:26 et que les pays utilisent cet outil partagé
09:32 et que ce soit le même, évidemment, entre les différents pays,
09:36 puisque le plastique voyage beaucoup.
09:38 Je crois qu'on a 80% du plastique qui voyage.
09:41 Donc, il va falloir qu'il y ait une homogénéisation
09:44 des différentes normes à appliquer sur ce produit.
09:48 - Dernier mot sur l'aspect contraignant.
09:50 Vous avez insisté là-dessus.
09:52 Pour que ce soit efficace, il faut que ce traité soit contraignant.
09:57 Il y a eu malheureusement des exemples de traités
10:00 qui ne l'étaient pas suffisamment.
10:01 Est-ce que vous avez bon espoir
10:03 ou est-ce que vous sentez que le lobby qui freine
10:07 est trop puissant aujourd'hui ?
10:10 - Je suis de naturel optimiste, donc moi, j'ai bon espoir.
10:12 Mais il est vrai qu'en plus, dans ce contexte international
10:16 qui est quand même sous tension en ce moment,
10:18 avec des crises inflationnistes,
10:20 des conflits armés dans différents pays,
10:26 tout l'enjeu va être là-dessus.
10:27 Il faut que les gouvernements qui vont négocier
10:31 gardent à l'esprit que la pollution plastique est un peu...
10:34 Beaucoup disent que c'est une bombe à retardement.
10:38 On a quelques études qui montrent qu'on peut retrouver
10:41 des nanoparticules de plastique dans le sang,
10:45 dans le lait maternel.
10:46 Donc pour l'instant, il n'y a pas d'étude réelle
10:49 qui montre s'il y a un impact.
10:50 Mais nous appliquons le principe de précaution en tout cas.
10:54 Mais voilà, il faut vraiment que les gouvernements
10:58 aient une position assez ferme sur cette question
11:01 puisqu'il faudrait quand même ne plus avoir ce fléau sur Terre.
11:08 - Merci beaucoup Nathalie Vandenbroek
11:10 et à bientôt sur Bsmart.
11:12 C'est l'heure de notre débat.
11:13 On parle immobilier, comment développer l'immobilier
11:16 sans artificialiser les sols.
11:19 Comment rendre nos villes plus durables,
11:27 nos constructions plus écoresponsables ?
11:29 C'est le thème de notre débat avec Olivier Seux.
11:31 Bonjour, vous êtes responsable de l'immobilier
11:34 chez Mirabo Asset Management.
11:36 À vos côtés, Gérard Lodéty. Bonjour.
11:38 - Bonjour.
11:39 - Bienvenue à vous aussi, directeur général délégué de Link City France.
11:42 Allez, on présente vos entreprises respectives pour commencer.
11:45 Mirabo Asset Management, dites-nous tout.
11:47 - Mirabo, c'est un groupe bancaire suisse qui a 200 ans d'histoire
11:51 et qui a développé ses activités aussi bien dans l'univers de la banque privée,
11:55 l'un des activités historiques,
11:56 et puis l'univers de la gestion d'actifs.
11:58 Ça, c'est plus récent, c'est il y a une quinzaine d'années à peu près.
12:01 Et au sein de cette activité gestion d'actifs,
12:05 nous avons développé un volant d'activités autour de l'immobilier
12:10 et l'illustration la plus récente du développement de cette activité,
12:15 c'est le partenariat qui a été conclu avec Link City.
12:18 - Et cette dimension d'immobilier durable,
12:22 elle rentre dans votre stratégie depuis combien de temps ?
12:25 - Depuis le début.
12:26 Pour notre département immobilier,
12:29 ça fait près de 4 ans désormais qu'on a cette thématique en ligne de mire.
12:33 On sait tous qu'on doit se diriger et accélérer sur les sujets de la neutralité carbone.
12:39 Et donc, dès le lancement de notre activité,
12:42 on a eu en ligne de mire, en tête,
12:44 de développer ça autour de cette thématique du développement durable.
12:47 - Gérard Léaudetti, présentez-nous.
12:49 Link City France, filiale de Bouygues Construction, c'est ça ?
12:51 - C'est bien ça.
12:52 Nous sommes le développeur immobilier ou le promoteur immobilier de Bouygues Construction.
12:56 Nous sommes filiales de Bouygues Construction.
12:58 Nous sommes une entreprise qui intervient sur l'ensemble des secteurs d'activité à l'immobilier.
13:03 Donc, on n'est pas spécialiste d'un produit particulier comme le logement.
13:07 On est capable de faire du bureau, des cliniques, des hôpitaux, des maisons de retraite, du logement étudiant.
13:11 Donc, nous sommes assez généralistes dans notre façon d'intervenir sur l'immobilier.
13:16 Nous avons 300 collaborateurs présents sur toute la France, 30 implantations.
13:20 Nous existons depuis 35 ans et nous avons développé un modèle
13:24 qui nous différencie des autres promoteurs immobiliers en France.
13:27 - Comment ?
13:28 - On a trois caractéristiques principales.
13:30 La première, c'est que nous sommes des spécialistes du B2B,
13:33 c'est-à-dire que tous nos clients sont des professionnels.
13:35 Nous ne faisons pas de vente aux particuliers.
13:38 Deuxième caractéristique, c'est que nous sommes très proches des collectivités et des territoires
13:42 avec un sens aigu de la relation avec les décideurs locaux.
13:46 C'est ce que nous appelons le B2T, par analogie au B2B, donc le business tout territoire.
13:52 Et enfin, pas des moindres, c'est le fait que nous sommes dans un modèle intégré avec le constructeur
13:56 puisque toutes nos opérations sont construites par Bouygues Bâtiments France,
14:00 filiale aussi de Bouygues Construction.
14:02 Voilà, c'est ce qui nous différencie des autres acteurs.
14:04 - Avec un défi qui est quand même particulièrement compliqué à relever pour le secteur.
14:11 Il y a d'abord le fait que 40% des émissions mondiales de CO2 proviennent du secteur du bâtiment.
14:17 Donc, c'est à la fois une partie du problème, mais forcément un levier de solution.
14:22 Donc, ça, ça ouvre des perspectives.
14:24 Mais c'est surtout ce défi, et je reste avec vous Gérard Loditi,
14:26 c'est qu'il y a une demande de logement qui est croissante,
14:31 mais une volonté, même une interdiction d'artificialiser encore un peu plus les sols et nos villes.
14:38 Donc là, il y a une équation qui est compliquée à tenir pour vous.
14:42 - Tout à fait, et c'est pour ça que nous avons créé ce partenariat.
14:45 Si on rentre un peu dans le vif du sujet, nous sommes rendus compte que...
14:49 Enfin, nous sommes déjà convaincus que la ville doit se reconstruire sur elle-même.
14:52 - La ville se reconstruit sur elle-même, c'est ça le principe.
14:54 - Elle doit et elle peut. Nous en sommes convaincus.
14:57 Donc, ça veut dire qu'il faut pouvoir générer des sites constructibles sur des sites déjà artificialisés
15:03 pour aller justement dans le sens de la zéro artificialisation des sols en France.
15:08 Pour ce faire, il faut être capable de prendre des positions sur des terrains de cette nature.
15:13 Et des terrains de cette nature, on a fait le constat qu'ils sont souvent propriétés de propriétaires privés,
15:19 voire d'entreprises, et qu'ils sont bien souvent, quand elles prennent la décision de vendre,
15:24 cette décision est prise avec une volonté de reconstruction de leur trésorerie.
15:29 Donc, ils ne sont pas dans la possibilité d'attendre deux ans, trois ans, que les permis de construire soient obtenus,
15:35 puisqu'en France, le modèle traditionnel de maîtrise foncière, c'est ça.
15:38 Donc, il faut être capable de faire le chèque très vite et de prendre le risque.
15:43 Et c'est pour ça que nous avons créé ce partenariat avec les équipes de Mirabeau, telles qu'Olivier les a présentées.
15:50 C'est que par cette association, nous disposons des capitaux qu'amènent Mirabeau et nous, du savoir-faire de la construction.
15:58 Alors, présentez-nous ce partenariat, Olivier.
16:01 Oui, je voudrais juste revenir sur cette question de la provenance des capitaux.
16:06 Si on regarde le paysage des fonds immobiliers, l'immense majorité d'entre eux sont des fonds de rendement locatif.
16:12 Vous achetez un immeuble, typiquement de bureau, et puis des loyers vont être versés,
16:17 et le rendement pour l'investisseur va être assuré par les loyers.
16:21 Donc ça, c'est un système qui fonctionne très bien, pour lequel il y a toute l'épargne nécessaire.
16:26 Et puis, il y a un autre compartiment, qui est celui de la transformation des actifs,
16:30 et c'est précisément l'objet du partenariat.
16:32 Et ce compartiment-là, notre conviction, c'est qu'il est sous-financé.
16:36 Et donc, ce que nous avons voulu faire, c'est drainer des volumes significatifs d'épargne institutionnelle,
16:43 provenant d'assureurs, de caisses de retraite, de fonds de pension,
16:47 vers cette activité de la transformation de la ville,
16:50 parce que nous sommes intimement convaincus qu'il faut que nous accélérions tous ensemble.
16:54 On a en ligne de mire 2050, neutralité carbone.
16:58 On ne va pas assez vite.
16:59 Tous collectivement, la société collectivement ne va pas assez vite.
17:02 Il faut accélérer.
17:03 Et pour ça, il y a deux leviers.
17:05 Le premier, c'est faire évoluer les réglementations, les procédures, pour accélérer.
17:11 Et le deuxième levier, c'est drainer de l'épargne institutionnelle,
17:15 provenant des assureurs, des fonds de pension, des caisses de retraite,
17:19 vers ces sujets de transformation de la ville.
17:21 Ça suppose une capacité à prendre des risques que les investisseurs ne prennent pas habituellement,
17:26 et dont nous pensons qu'en les gérant sur une échelle suffisamment profonde, suffisamment large,
17:32 il est possible de financer ces activités et d'assumer ces risques-là.
17:36 – Et donc, ensemble, vous mettez 100 millions d'euros sur la table, c'est ça ?
17:39 – C'est ça, absolument.
17:40 Et donc, sur ces 100 millions, effectivement, 80 millions proviennent de l'épargne
17:45 réunie par Mirabeau et 20 millions par les fonds apportés par Rue.
17:52 – Est-ce que c'est un partenariat original, ou même, pour ne pas dire unique, sur le marché ?
17:57 Ce que vous êtes en train de lancer.
17:58 – Oui, très clairement.
17:59 Mais ça répond à une thématique qui est d'émergence assez récente.
18:03 En réalité, il y a 10 ans, le sujet ne se posait pas dans les mêmes termes.
18:06 La réglementation, la législation a évolué.
18:11 Gérard a évoqué les lois sur l'artificialisation des sols,
18:15 où on est beaucoup plus exigeant aujourd'hui qu'on l'était il y a 10 ans.
18:19 De la même manière, la pression qui s'exerce sur les propriétaires d'actifs
18:22 pour restructurer les immeubles, pour les porter à un niveau d'efficacité supérieur,
18:27 cette pression est beaucoup plus forte aujourd'hui qu'elle n'était il y a 10 ans.
18:30 Donc, il y a 10 ans, ce partenariat n'aurait pas eu de sens.
18:33 Aujourd'hui, compte tenu du paysage réglementaire et du contexte de marché,
18:37 c'est une nécessité.
18:38 – Ce problème s'appelle Néapoli, c'est ça ? Ça veut dire quoi, Néapoli ?
18:42 Ça veut dire "renouveau de la ville", c'est du grec, c'est ça ?
18:45 – C'est "renouveau de la ville", voilà.
18:46 Ça illustre bien ce qu'on vient de dire,
18:48 c'est-à-dire d'être capable de reconstruire la ville sur la ville
18:51 en prenant des positions sur des fonciers déjà existants et déjà artificiels.
18:54 – Alors donc, si on rentre un peu dans le concret, c'est quoi ?
18:56 C'est, on prend un immeuble, un immeuble de bureau qu'on va réhabiliter, qu'on va transformer ?
19:00 – C'est exactement ça, et ça peut être aussi des friches industrielles, tout ça, sûr.
19:04 C'est-à-dire des sols déjà artificialisés sur lesquels il n'y a pas forcément de bâtis,
19:08 ou bien un bâti qui est destiné à être démoli, voilà.
19:10 Mais l'idée c'est bien ça, c'est de se positionner sur des sols qui sont déjà artificialisés,
19:14 qui ont déjà été utilisés, donc on va retravailler le site
19:19 pour faire émerger une opération de nouvelles.
19:22 – Et il y a un potentiel suffisant pour répondre à,
19:26 parce que je reviens au constat de départ,
19:28 répondre à cette demande croissante de logements ?
19:30 – Oui, c'est ce que je disais, de plus en plus les propriétaires cherchent à vendre leurs actifs
19:36 avec une rentrée d'argent immédiate.
19:38 Je parlais des privés, mais on voit aussi que l'État et certaines collectivités
19:42 sont aussi confrontés à ce genre de situation,
19:44 c'est-à-dire à se séparer de certains actifs tout en récupérant l'argent rapidement,
19:49 et de plus en plus.
19:50 Pareil, il y a 10 ans, ce n'est pas des choses que l'on voyait régulièrement.
19:55 Donc c'est une vraie nécessité sur le marché,
19:57 c'est pour ça que Link City a fait le choix de créer ce partenariat,
20:00 parce que sans cet outil, nous n'étions pas capables
20:03 de répondre à ce type de demande des propriétaires.
20:06 Et puis on voit aussi que les collectivités,
20:08 elles n'ont pas toutes aussi les moyens financiers de faire de la réserve foncière,
20:13 c'est-à-dire de dire "j'achète le terrain, je pré-ente,
20:15 et puis je vais attendre, je ferai le projet que j'ai envie de faire à cet endroit-là".
20:19 Donc ce partenariat, ce produit-là, est aussi à destination et au service des collectivités,
20:24 en leur disant "nous, on est capables d'acheter pour vous,
20:27 tout en développant avec vous le projet que vous avez envie de voir sur ce terrain-là".
20:32 – Et donc cet objectif de lutte contre l'artificialisation,
20:36 ça veut dire quoi ?
20:37 Il y a des projets qui ne se feraient pas, là, dans les prochaines années,
20:41 sans le système que vous êtes en train de mettre en place ?
20:43 Ou qui se feraient beaucoup moins vite, qui passeraient moins à l'échelle ?
20:47 – C'est à la fois une question de rapidité d'exécution et de savoir-faire.
20:51 Et très clairement, nous avons choisi Link City
20:54 parce que Link City est un opérateur de tout premier plan
20:58 qui dispose d'un savoir-faire à la fois dans la conception des projets,
21:02 dans la conception de quartiers entiers de villes,
21:05 et dans la conduite des relations avec les collectivités
21:09 sans lesquelles rien ne peut se faire.
21:10 Et donc il y a un enjeu de savoir-faire et un enjeu d'accélération.
21:14 Et j'irais au-delà, sur le plan de l'urbanisme,
21:17 on sait tous qu'il faut que nous allions vers plus de densité.
21:20 Dès lors qu'on dit qu'on arrête l'artificialisation des sols,
21:23 qu'il faut construire plus de logements,
21:25 il nous faut plus de densité dans les grandes agglomérations.
21:28 Donc comment fait-on dans un contexte où les populations,
21:31 globalement, sont hostiles à la densité ?
21:34 Il faut du savoir-faire pour savoir créer des quartiers de villes,
21:38 recréer des quartiers de villes où on a à la fois une densité
21:42 et une qualité de vie préservée, voire améliorée.
21:45 Et notre conviction, c'est que Link City sait faire ça
21:48 dans son dialogue avec les collectivités.
21:50 Alors justement, un immeuble,
21:52 quand on construit un immeuble sur l'immeuble,
21:53 on construit, reconstruit la ville sur la ville,
21:55 qu'est-ce que les nouveaux immeubles ont de différent,
21:58 fondamentalement, de ceux qui étaient là avant ?
22:01 Vous l'avez cité tout à l'heure, c'est l'ambition bas carbone,
22:04 c'est-à-dire que toutes les opérations que l'on construit aujourd'hui
22:06 sont avec une diminution de notre empreinte carbone radicale.
22:09 C'est-à-dire qu'on suit la réglementation actuelle,
22:12 la fameuse réglementation environnementale 2020,
22:15 qui a des seuils progressifs, c'est-à-dire qui va exiger
22:18 que les constructeurs et les promoteurs
22:20 diminuent leur empreinte carbone tous les trois ans
22:23 avec des seuils de plus en plus contraignants.
22:25 Donc toutes les opérations que nous développons dans ce cadre-là
22:28 sont respectueuses, bien sûr, de cette réglementation,
22:31 mais avec un temps d'avance, c'est-à-dire qu'on s'obligera
22:33 même à être conforme à la réglementation de 2025, voire plus.
22:37 Donc ça veut dire que toutes les opérations nouvelles qu'on va développer
22:40 seront vertueuses sur le plan du carbone, bien évidemment.
22:44 - Merci beaucoup, merci à tous les deux et à bientôt sur Bsmart.
22:48 C'est l'heure de Smart Ideas, une start-up en pleine lumière, comme tous les jours.
22:52 Smart Ideas avec Bénédicte Guénégan.
23:01 Bonjour, bienvenue.
23:03 - Bonjour, merci.
23:04 - Vous êtes la fondatrice de Moodwalk, créée l'an dernier, avec quelle idée ?
23:08 C'est quoi Moodwalk ?
23:09 - Alors l'idée initiale, je suis une fan absolue de chaussures
23:13 et notamment de baskets.
23:15 - Oui, de sneakers.
23:16 - De sneakers et je cherchais des sneakers avec des messages inspirés et inspirants
23:23 et qui étaient éco-conçus.
23:25 Ne trouvant pas de chaussures à mon pied, j'ai décidé de les créer.
23:28 - D'accord.
23:28 Alors une basket avec des messages inspirés et inspirants, ça veut dire quoi ?
23:32 Ça veut dire qu'il y a des messages écrits dessus ?
23:34 Ça veut dire que c'est comme ça ?
23:35 - Absolument.
23:35 Il y a deux modèles de baskets pour le moment et donc il y a des straps amovibles
23:41 qui sont soit sur le côté, soit sur le haut des baskets,
23:45 avec des messages qui peuvent porter sur la planète les femmes
23:49 ou qui sont des messages positifs.
23:51 - D'accord.
23:52 Et donc avec un choix des mat...
23:54 Quand on parle d'éco-conception, un choix des matériaux qui est évidemment important,
23:58 quel choix vous avez fait ?
24:00 - Alors moi, j'ai opté pour le maïs.
24:02 C'est-à-dire que l'extérieur des baskets sont réalisés avec une matière
24:07 qui a été confectionnée à partir de maïs avec 78% de matière organique.
24:12 C'est une des proportions les plus élevées sur le marché.
24:15 Il y a d'autres types de matière.
24:16 Il y a le raisin, par exemple.
24:18 Il y a la pomme.
24:19 Il y a l'ananas.
24:20 Il y a le cactus.
24:22 Mais je cherchais à la fois une matière qui était cultivée dans un pays proche.
24:27 Donc ça, c'est une matière qui vient d'Italie.
24:29 Et aussi une usine qui respectait le plus possible la planète.
24:35 C'est-à-dire qu'ils réutilisent l'eau, ils utilisent des énergies renouvelables.
24:40 Et pour moi, c'était aussi la matière la plus durable dans celle que j'ai testée
24:45 et qui, esthétiquement, ressemblait complètement à du cuir.
24:49 Honnêtement, c'est assez indiscernable.
24:51 - C'est assez étonnant.
24:52 Et donc ce sont des baskets véganes, c'est le terme qu'on emploie.
24:54 Il n'y a aucune matière animale dans la confection de ces baskets.
24:58 - Je disais, l'extérieur est réalisé à partir de maïs.
25:01 La doublure s'est également réalisée à partir de maïs.
25:05 Les semelles contiennent du caoutchouc recyclé.
25:08 Les lacets sont en coton recyclé.
25:10 Le packaging est en carton recyclé.
25:13 Tout a été pensé de cette manière.
25:14 - Est-ce que c'est si simple ?
25:15 C'est-à-dire que vous créez l'entreprise, c'est une toute jeune entreprise.
25:17 Il faut cocher les cases en quelque sorte.
25:19 Mais est-ce que ça a été facile de trouver la filière, le partenaire, les partenaires ?
25:25 - Alors, les matières, j'ai fait pas mal de salons.
25:28 Donc, Première Vision, qui est un salon de référence en France,
25:32 en matière de textile et de chaussures.
25:35 Les matières, je les ai testées assez longtemps.
25:38 Donc, j'ai fait des premiers prototypes également en raisin et en pomme.
25:43 C'est pour ça que j'ai opté pour le maïs.
25:46 Après, ce qui est assez compliqué, c'est de trouver un atelier partenaire.
25:50 Donc, elles sont assemblées à la main au nord de Porto.
25:54 Donc, de trouver l'atelier qui accepte de faire des petites séries,
25:58 de faire confiance à une jeune marque et qui a le niveau de qualité que j'attendais.
26:03 - Et c'est vrai qu'il y a très, très peu de chaussures qui sont fabriquées en Europe.
26:06 Je pense que c'est moins de 3 %.
26:09 Donc, que ce soit le maïs ou les autres matériaux que vous utilisez,
26:15 c'est quoi ? Ce sont des coproduits ? C'est du maïs qui est non alimentaire ?
26:20 D'où il vient ? Parce que c'est un vrai débat, ça.
26:22 Si on commence à produire, à utiliser de la terre agricole
26:26 pour faire autre chose que de l'alimentation, c'est quand même une question.
26:29 - Non, excellente question.
26:30 C'est du maïs non alimentaire, cultivé sans pesticides et qui pousse en Italie.
26:35 Et ce qui était un de mes critères de choix aussi, c'était la proximité des cultures.
26:40 - D'accord. Il y a aussi un engagement sociétal dans votre démarche avec l'association Tout à l'école.
26:47 - Absolument. - C'est quoi, Tout à l'école ?
26:48 - Alors, Tout à l'école, c'est une association formidable
26:51 qui permet aux jeunes filles khmer, cambodgiennes, d'aller à l'école,
26:56 sachant que c'est un pays qui est extrêmement pauvre.
26:58 Moi, j'ai eu l'occasion de faire une mission humanitaire qui m'a beaucoup marquée dans ce pays.
27:03 C'est un pays auquel je suis très attachée.
27:05 J'accompagne des enfants depuis tout le temps.
27:07 Et pour chaque paire de baskets achetées, 2 euros sont reversés à cette association.
27:13 - Donc, c'est quoi ? C'est une sorte de...
27:16 C'est un concept de basket ou de sneakers solidaires, d'une certaine façon ?
27:19 C'est aussi ce que vous proposez à vos clients ?
27:20 - Elles sont éco-conçues, solidaires et engagées à travers les messages qui sont affichés.
27:27 Donc, on en parlait tout à l'heure.
27:28 Vous avez des messages comme "Pas besoin de talons pour être à la hauteur".
27:33 Ils sont en français ou en anglais.
27:35 "Réchauffe mon cœur, pas la planète".
27:37 Il y a une vingtaine de messages possibles
27:39 qui sont aussi l'opportunité de partager ses convictions, d'initier un débat.
27:44 - Et donc, le mode de distribution, le site vient d'ouvrir, c'est ça ?
27:46 - Exactement.
27:47 Mood-walk.com et je discute en ce moment pour un pop-up de 3 mois à Paris
27:53 et bientôt avec des magasins.
27:54 - Eh bien, on suivra ça.
27:55 Merci beaucoup, Bénédicte Guénégan d'être venue nous présenter Mood Walk.
28:00 Voilà, merci à toutes et à tous de votre fidélité.
28:03 Je voudrais remercier les équipes qui m'accompagnent,
28:06 Louise Perrin à la production et à la programmation avec Marie Billa à ses côtés,
28:09 la réalisatrice Alice Pitavie et Saïd Mahmoud, l'ingénieur du son.
28:14 Merci à toutes et à tous de votre fidélité.
28:16 Abyssmart vous dit à demain. Salut !
28:18 [Musique]

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