Avec Daniel Cosculluela, psychiatre et Anthropologue pour son livre, "Les enragés de la liberté Anthologie des pamphlétaires du xvie au xxe siècles" édité chez Max Milo
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NewsTranscription
00:00 Sud Radio Bercoff dans tous ses états, le face à face.
00:06 Le face à face d'André Bercoff avec Daniel Kosciuluela, psychiatre et anthropologue pour son livre
00:11 "Les enragés de la liberté, anthologie des pamphletaires du XVIe au XXe siècle" édité chez Max Milot.
00:17 Bonjour Daniel Kosciuluela.
00:19 Bonjour.
00:20 Alors un livre effectivement qui vient à son heure,
00:25 d'un livre que Daniel Kosciuluela a écrit et a étudié pendant des années et des années.
00:32 Et c'est passionnant, je vais vous citer des noms.
00:35 Certains, je ne les connaissais même pas, je suis sûr que la moitié d'entre eux vous ne les connaissez pas
00:39 et c'est pour ça que ça va être formidable de les découvrir.
00:41 Ça va de Agrippa d'Aubigné, c'est classé alphabétiquement,
00:48 Zodaxa, Auguste Blanqui, Léon Blois, qu'on connaît un peu mieux,
00:53 Paul-Louis Corrier, Georges Darien, le voleur, magnifique bouquin,
00:58 Jean Fréron, Urbain Goyer, Félicien de Lamenay, Mirabeau, le grand Imarabeau,
01:04 mais aussi Octave Pirgo, Pirou, Pouget, Henri de Rochefort, Laurent Taillat, Séverine,
01:09 Théophile de Viau.
01:11 Du XVIe au XXe siècle, une extraordinaire dégénération de pamphletaires de satires se sont succédés
01:20 et ce livre fait cette anthologie, une des premières du genre, sinon la première du genre,
01:26 "Les enragés de la liberté".
01:28 Dan Lécoscule est là, au fond, comment vous avez fait pour réexumer
01:32 voilà tous ces gens qui ont non seulement la liberté à la bouche et dans la tête,
01:38 mais le talent de plume aussi ?
01:41 - Je crois que c'est le hasard qui dans un premier temps m'a amené à les rencontrer
01:44 au travers des livres que je pouvais posséder
01:47 ou que je découvrais dans les librairies anciennes, sur les salons du livre, etc.
01:51 Je découvrais des livres qui étaient anciens et je me demandais si finalement ils avaient été réédités.
01:56 Et j'ai découvert progressivement que jamais ils n'avaient été réédités.
02:00 Et je me suis dit "mais créez-vous cette culture qui est la nôtre, qui est notre histoire,
02:04 qui est notre identité ?" Pardon, je reviens à ce que vous disiez tout à l'heure André Bercov,
02:09 à notre génétique.
02:11 C'était notre identité dont il était question là et qui s'effaçait.
02:17 Et je me suis dit qu'il fallait la ressusciter d'une certaine manière, en tout cas la réhabiliter
02:22 et la réintroduire dans la réalité contemporaine sous cette forme-là,
02:26 sachant pertinemment que j'aurais pu effectivement développer
02:30 dizaines, vingtaines, trentaines, quarantaines, centaines d'autres auteurs
02:34 mais que déjà donner envie de lire cela permettra peut-être à ceux qui vont le faire
02:39 de l'avoir envie d'en découvrir d'autres.
02:41 D'autres absolument.
02:42 Et puis écoutez, on va prendre le temps effectivement de feuilleter ce livre que je vous recommande.
02:48 Parce que si vous voulez savoir ce qu'est la liberté magnifiquement exprimée,
02:53 lisez ce livre parce que vraiment, ces auteurs dont encore une fois,
02:57 beaucoup n'ont jamais été, comme je disais, réédités, sont totalement inconnus.
03:01 Et bien c'est bien, ils ne seront plus méconnus et c'est très heureux.
03:07 Et vous nous appelez au 0826 300 300, vous avez la parole sur Sud Radio.
03:11 On vous attend 0826 300 300. A tout de suite.
03:14 Ici Sud Radio.
03:18 Les Français parlent au français.
03:23 Je n'aime pas la blanquette de veau.
03:26 Je n'aime pas la blanquette de veau.
03:29 Sud Radio Bercov dans tous ses états.
03:32 Écoutez ça auditeurs résistants de Sud Radio, écoutez ça.
03:35 Écoutez bien.
03:37 Assez longtemps, on a fait cheminer les hommes en leur montrant la conquête du ciel.
03:43 Nous ne voulons même plus attendre d'avoir conquis toute la terre.
03:47 Chacun, marchons pour notre joie.
03:50 Et s'il reste des gens sur la route, s'il y a des êtres que rien n'éveille,
03:55 s'il se trouve des esclaves nés, des peuples indécrassablement avilis,
04:00 tant pis pour eux.
04:02 Comprendre, c'est être à l'avant-garde.
04:05 Et la joie est d'agir.
04:07 Nous n'avons point le temps de marquer le pas.
04:10 La vie est brève.
04:11 Individuellement, nous courons aux assauts qui nous appellent.
04:14 On a parlé de dilettantisme.
04:16 Il n'est pas gratuit celui-là.
04:18 Pas platonique.
04:20 Nous payons et nous recommençons.
04:23 Ce texte, à votre avis, il a été écrit quand ?
04:26 Aujourd'hui ? Hier ?
04:28 Par les 68 arts ?
04:30 Par les surréalistes ?
04:31 Par les situationnistes ?
04:32 Par les révolutionnaires ?
04:33 Pas du tout.
04:34 Par Zodaksa, né en 1864,
04:39 et mort en 1930,
04:41 le mousquetaire de l'anarchie,
04:43 et il est dans le livre de Daniel Kosciulewela.
04:46 Est-ce que c'est ça qui les unit au fond, Daniel ?
04:49 Oui, et je vous invite d'ailleurs à lire, à propos de Zodaksa,
04:52 son ouvrage magnifique, qui s'appelle "De Maza à Saint-Jérusalem",
04:55 dans lequel il raconte sa vie de prison en prison,
04:58 puisqu'il a toujours fui la réalité de l'exploitation,
05:01 la réalité de la soumission,
05:03 et que la sanction qui lui a été infligée a toujours été la même,
05:06 l'incarcération.
05:08 Alors, est-ce que ce qui unit tous les pamphlétaires, c'est différent ?
05:13 Ce sont deux choses.
05:15 D'abord, ils ont deux caractéristiques communes.
05:17 D'abord, ils se posent des questions que d'autres ne se posent pas,
05:19 sur la réalité à laquelle ils sont confrontés.
05:21 Et ils se les posent avec une intensité intellectuelle
05:24 particulièrement développée.
05:26 Et la seconde, ils donnent à cette intensité intellectuelle
05:30 une forme exceptionnelle.
05:33 Un vrai talent d'écrivain, quoi !
05:35 C'est le style. Ce qui les caractérise, c'est le style.
05:38 En fait, c'est la raison pour laquelle j'évoquais le fait que
05:41 leur ancêtre n'était autre que Dionysios, le dieu de l'ironie.
05:45 Ils sont des dieux de l'écriture,
05:48 contrairement à ceux qui sont simplement des...
05:51 [il imite un bruit de l'écriture]
05:53 Je ne sais trop comment dire...
05:54 Des petits valets de l'écriture.
05:56 - Des tacherons de la plume.
05:58 - Voilà, c'est ça.
05:59 Donc ce qui les caractérise, c'est ça.
06:01 Mais le véritable pamphlet, on va dire qu'il n'est...
06:05 Alors, on va citer quand même le premier pamphlétaire le plus célèbre.
06:09 Pardon.
06:10 Celui qui devrait être le plus célèbre, c'est Rabelais.
06:13 Peu de gens savent que Rabelais était un pamphlétaire.
06:16 Et peu de gens ont lu Rabelais comme tel.
06:19 Par contre, le pamphlet authentique apparaît à quelle époque ?
06:22 Il apparaît à l'époque des encyclopédistes.
06:24 - 18e siècle, vous voulez dire ?
06:26 - 18e.
06:27 - Ben, hein ?
06:28 - 16e.
06:29 - 16e, oui, pardon. 16e, bien sûr.
06:31 - 16e, il apparaît avec Rousseau,
06:34 il apparaît avec Voltaire,
06:38 il apparaît avec...
06:39 - Ah, Voltaire, c'est 18e.
06:40 - 18e.
06:41 Mais il était anticipé.
06:43 Mais il apparaît véritablement au sens où il se cristallise à cette époque-là.
06:47 Et notamment au travers de deux ouvrages
06:49 d'un monsieur qui s'appelle Gilbert, que personne ne connaît,
06:53 l'un s'appelle "Mon Apologie"
06:55 et le 18e siècle, complètement oublié,
06:57 et qui témoigne de la décomposition d'une époque...
07:00 - Attendez, attendez. Avant ça,
07:02 parce qu'on n'a pas assez creusé ça,
07:04 vous dites, il se pose des questions,
07:07 il se pose des questions, beaucoup ne se posent pas.
07:09 Moi, je voudrais vous demander de préciser,
07:13 est-ce que la réalité qu'ils vivent,
07:16 chacun de leur côté, bien sûr,
07:18 chacun, il y a 40 personnes, et 40 vies, et 40 cas,
07:21 mais est-ce qu'ils ne supportent pas la réalité
07:24 de ce qu'ils vivent ?
07:26 Ils ne supportent pas l'autorité,
07:27 ils ne supportent pas l'hierarchie,
07:28 ils ne supportent pas les moeurs ?
07:29 Qu'est-ce qui les fait réagir ?
07:31 - La révolte. L'instinct de révolte.
07:33 L'instinct de révolte, alors,
07:35 contre ceux qui les affectent, eux,
07:37 mais contre ceux qui affectent le peuple.
07:39 Parce que tous, quel que soit le bord idéologique auquel ils appartiennent,
07:42 finalement, seront, un titre ou un autre,
07:44 sous une forme ou une autre, les défenseurs du peuple.
07:46 - Ah oui, vraiment ?
07:47 - Tous.
07:48 - Même s'ils sont, eux-mêmes, nobles,
07:50 ou gentils hommes, etc.
07:52 - Absolument.
07:53 Et ils postuleront une sorte de démocratie
07:56 tout en étant partisans de la monarchie.
07:58 Ce qui est le cas de Rivarol, par exemple.
08:00 - Oui.
08:01 - Ce qui est tout à fait paradoxal.
08:03 - En fait, vous dites qu'ils défendent vraiment les petits gens,
08:07 parce que, voyez, Zodak, ça c'est intéressant,
08:09 il dit "il y a des peuples à Vili",
08:10 bon, ben, tant pis, qu'est-ce qu'on peut faire pour eux ?
08:12 Et qu'ils sont,
08:14 et qu'ils sont, je dirais,
08:18 qu'on ne peut pas, peut-être, reprendre.
08:21 Est-ce que c'est... Non, voilà.
08:23 Est-ce que ce sont des individualistes,
08:25 ou en fait, par essence,
08:27 où ils se sont mis dans des partis,
08:30 ils se sont mis dans des formations,
08:31 ils ont suivi des mouvements ?
08:33 - Alors, ils ont effectivement suivi des partis, des mouvements,
08:35 mais ils se sont surtout retrouvés les uns et les autres,
08:37 et au XIXe siècle, notamment,
08:39 qui a été l'assomption et l'apocalypse
08:41 de la satire et du pamphlet,
08:43 ils se sont retrouvés dans les cabarets,
08:45 et ils se sont retrouvés à Montmartre,
08:47 où tous se rencontraient, tous échangeaient,
08:49 tous écrivaient en commun.
08:51 Il faut savoir qu'à cette époque-là,
08:52 il y avait 200 journaux !
08:54 200 journaux !
08:56 Mais à l'époque, il faut savoir également
08:57 que ces journaux existaient,
08:59 et se développaient parfois de manière assez intense,
09:02 pour une raison fort simple,
09:03 c'est qu'ils étaient créés par les journalistes,
09:06 et n'étaient pas créés par des propriétaires,
09:08 des patrons qui payaient.
09:10 - Les journalistes faisaient leurs journaux ?
09:11 - Absolument, et ils étaient indépendants.
09:13 Mais quand les journaux étaient achetés,
09:14 et que les journalistes ne satisfaisaient plus
09:17 les attentes de leurs employeurs ou de leurs propriétaires,
09:19 ils étaient virés, et ils créaient d'autres journaux.
09:21 Et c'est ainsi que l'on est passé de l'un à l'autre.
09:24 - Et il y avait une prolifération, donc,
09:26 de plumes de journaux,
09:27 et chacun pouvait trouver sa structure d'accueil,
09:31 ou son accueil.
09:32 - C'est ça.
09:33 Et en fonction aussi des sympathies
09:34 qu'il instaurait avec telle ou telle.
09:35 Léon Daudet dit par exemple, ce siècle,
09:37 il parle du XIXe,
09:39 il a dit, haut de moraux, qu'il était stupide,
09:41 puisqu'il a écrit le stupide XIXe siècle.
09:44 "Et celui de l'efflorescence, dit-il,
09:46 de tous les styles littéraires,
09:48 et de l'esprit de révolte,
09:49 porté jusqu'à l'incandescence."
09:51 Je crois que c'est ça qui caractérise ces gens-là.
09:53 Alors, effectivement, le feu prend quelques siècles plus tôt,
09:57 mais il s'intensifie au XIXe,
09:58 parce que ce XIXe...
09:59 - C'est l'apothéose, vous voulez dire, le XIXe ?
10:01 - C'est l'apothéose, mais c'est aussi la fin de quelque chose.
10:03 Et beaucoup de ses auteurs le disent également.
10:06 Ils disent, ils ont accès parmi eux,
10:08 mais d'autres également,
10:09 que le début du XXe siècle,
10:12 et la guerre de 14 notamment,
10:14 la première guerre civile européenne,
10:16 c'est la fin d'une civilisation.
10:18 - Oui, c'est ce qu'ils disent.
10:20 Alors, dites-moi juste, dans les objets, dans les cibles,
10:24 est-ce que la religion, je suppose,
10:27 joue un rôle non négligeable,
10:29 ou les prêtres, peut-être, peut-être pas Dieu,
10:31 mais les prêtres, à l'époque, on se remet à l'époque,
10:34 est-ce que les nobles jouent un rôle ?
10:37 Est-ce qu'ils étaient spécifiquement, ou pas,
10:41 est-ce qu'ils étaient misogynes ?
10:43 Je parle des hommes, est-ce qu'ils étaient, je veux dire...
10:48 Est-ce qu'ils étaient...
10:50 Parce que, moi, ce qui me frappe dans votre livre,
10:52 c'est qu'il y a des excès incroyables,
10:54 qu'aujourd'hui, on aurait peine à faire,
10:56 enfin, on aurait peine à faire, peut-être pas dans les réseaux sociaux,
10:59 mais en tout cas, dans les publications, c'est clair,
11:01 ça ne passerait pas comme ça.
11:05 Est-ce que c'est ça ? Par exemple, regardez,
11:08 je vous donne un truc, je vous lis,
11:11 et ça, c'est un problème d'aujourd'hui.
11:13 "Citoyens, on vous trompe !"
11:15 Alors, je ne dirai pas tout de suite qui,
11:17 mais vous nous direz vous-même.
11:18 Ah, mais c'est toujours Zodak, ça.
11:20 - Toujours Zodak, ça.
11:21 - Alors, on va changer de...
11:22 Mais quelles sont les cibles, Daniel ?
11:25 - Les cibles, ce sont les ridicules du temps,
11:28 les autorités et leur cortège d'injustice et d'abus.
11:31 Tout simplement, à toutes les époques,
11:33 et sous toutes les formes.
11:35 - D'accord.
11:36 - Et ceci, dès le Moyen-Âge.
11:37 - Dès le Moyen-Âge ?
11:38 - Ah oui, les Fabillauds s'attaquent à cela.
11:40 Les Fabillauds s'attaquent aux prêtres, effectivement,
11:42 ils s'attaquent aux aristocrates,
11:43 ils s'attaquent à ceux qui se prétendent vouloir devenir je ne sais quoi,
11:47 c'est-à-dire au début, à l'amorce de la bourgeoisie,
11:49 ils s'attaquent à tout cela.
11:51 Et ça se développe au fil des siècles.
11:53 Mais ils continuent à avoir les mêmes adversaires,
11:55 et le même objectif, l'indépendance d'esprit,
11:57 la liberté de penser.
11:59 - Hum.
12:00 - Et de dire.
12:01 - C'était ça, la chose la plus importante.
12:03 Allez-y, vous voulez lire quelque chose.
12:06 - Non, non, non, c'était tout à fait ça que je voulais dire,
12:08 effectivement, que la chose la plus importante pour eux,
12:11 c'était, comment dirais-je,
12:14 ils mettent en...
12:16 Le but de tous ces satiristes,
12:17 ça a été de mettre en forme une satire générale des vices de la société.
12:21 - Oui.
12:22 - Quels que soient ces vices.
12:23 - Et c'est...
12:24 - C'est une sorte d'ilia d'animal,
12:25 - Oui.
12:26 - visant à instruire le genre humain.
12:28 C'était ça leur but.
12:29 - Instruire le genre humain.
12:30 - Instruire le genre humain,
12:31 et avec aussi beaucoup d'humour,
12:33 j'aurais rappelé, animation humoristique.
12:34 - Bien sûr.
12:35 - Vous citez dans votre livre,
12:36 je dis ça parce que vous allez prendre...
12:37 Il faut lire, il faut lire.
12:38 Je vais pas lire le livre,
12:40 pour lire le livre il faudrait 7 heures,
12:41 donc vous l'achetez, vous le lisez.
12:43 Mais je vais vous lire quelque chose de formidable, voilà.
12:46 Un journal, voyez combien.
12:47 "L'anticoncierge, Jules Jouy et Sapec,
12:50 en 1881, fondent l'anticoncierge",
12:54 écoutez-moi bien,
12:55 "organe officiel de la défense des locataires
12:58 Dieu sait si aujourd'hui les locataires,
13:00 ils ont besoin d'être défendus,
13:01 les propriétaires aussi, il faut le dire.
13:03 Alors écoutez, il n'y aura que 7 numéros,
13:05 et voilà le manifeste.
13:07 "Essuyez vos pieds SVP",
13:09 vous savez c'était écrit à ça partout.
13:11 "Quand ils sont bien sales sur la concierge,
13:13 mettez-lui des punaises dans son beurre
13:15 et du poêle à gratter dans son lit.
13:17 Semez des pois fulminants dans son alcove
13:19 et du poivre dans la tabatière de son épouse.
13:22 Jetez-lui des regards méprisants
13:24 et des pots de fleurs sur la figure.
13:26 Attachez par la queue 20 chats furieux
13:29 et quelques douzaines de chiens hydrophobes
13:31 que vous lâcherez la nuit dans les escaliers.
13:34 Versez du sel dans son café
13:36 et saupoudrez de sucre son vermicelle et son tapioca.
13:40 Répandez sur son compte des bruits calomnieux
13:43 et sur son pachage des écorces d'orange
13:45 et des pelures de pomme.
13:47 Enfin, faites-lui toutes les misères
13:49 que votre indignation de locataire opprimé
13:52 peut vous suggérer."
13:53 Mais quel programme, dites-moi, quel programme ?
13:55 On va peut-être...
13:58 Oui, vous nous appelez au 0826-300-300
14:01 pour interpeller Daniel Koscugluéas sur son livre
14:04 "Les enragés de la liberté,
14:05 anthologie des pamphletaires du 16e au 20e siècle".
14:08 0826-300-300, à tout de suite sur Sud Radio.
14:11 [Musique]
14:13 Les Français parlent au français.
14:16 Les carottes sont cuites.
14:18 Les carottes sont cuites.
14:21 Sud Radio Bercov dans tous ses états.
14:24 Et ceux qui étaient dans tous leurs états,
14:26 ce sont justement ces pamphletaires incroyables
14:29 dont parle et sur lesquels écrit Daniel Koscugluéas
14:33 dans ses "Les enragés de la liberté".
14:35 C'était les vrais enragés de la liberté,
14:38 tous ces gens-là.
14:39 Et il y a eu, alors ça a continué longtemps,
14:43 mais parlons peut-être d'un des plus connus,
14:48 Aristide Bruand, né en 1851,
14:51 nord, en 1925, le grand Bruand.
14:54 - Eh bien je vais vous démentir.
14:56 Je vais citer Gaston Coutet,
14:57 que l'on connaît moins encore que Bruand.
14:59 Et pour une raison très simple,
15:00 parce qu'il a écrit une belle chanson
15:02 que tout le monde connaît, pardon,
15:03 tout le monde connaît la musique,
15:05 puisque la musique de la chanson en question,
15:06 c'est la marseillaise.
15:08 Et il écrit "La rue des pôles populaires
15:11 jeta l'ancien régime à bas.
15:12 En un jour de juste colère,
15:14 le peuple n'en profita pas.
15:15 Bisse, le peuple n'en profita pas.
15:17 Et sous notre ère tricolore,
15:18 le règne odieux des bourgeois
15:20 a remplacé celui des rois.
15:21 Notre servage dure encore.
15:23 Courage, travailleurs !
15:25 En un noir bataillon, marchons, marchons !
15:27 Elle viendra, notre révolution.
15:29 Ces gens la viennent, camarades,
15:30 sous notre nez exécuter
15:31 leurs hypocris de mascarade
15:33 en l'honneur de la liberté,
15:34 en l'honneur de la liberté.
15:36 Mais tandis que les lampions brillent,
15:37 Hervé Sandor à la santé,
15:38 pour étouffer la vérité,
15:40 ils ont refait notre mastille.
15:41 Ils n'ont que ces mots dans la bouche,
15:43 le progrès et l'humanité.
15:45 Mais si de sa tombe farouche,
15:46 Aernoult pouvait ressusciter,
15:48 il l'avait zigouillé.
15:50 Car pour refaire la nature
15:52 de nos garçons au front trop fier,
15:53 à Biribi, le Vue Branfer,
15:55 ils ont rétabli la torture.
15:56 - Biribi, c'est le bagne.
15:57 - Le bagne militaire, n'est-ce pas ?
15:59 Ils parlent aussi de justice,
16:00 en évoquant 89.
16:01 Mais ils ont laissé leur police
16:03 couper la tête à Liabeuf.
16:05 Et Briand, valet de nos maîtres,
16:07 a pour nous des airs insultants.
16:09 Il sait bien qu'on n'est plus au temps
16:10 où languillotiner les traîtres.
16:12 Mais ça changera, camarades.
16:14 Au vaillant peuple du Faubourg
16:15 qui fit jadis des barricades,
16:16 tu te laveras un beau jour.
16:18 Et ce jour, nos cœurs seront aisés,
16:20 en vous retrouvant avec nous,
16:21 petits soldats, petits pioupiou,
16:22 dignes fils des gardes françaises.
16:24 - Oui, c'était...
16:26 Anarchistes révolutionnaires,
16:27 les barricades,
16:29 toute une tradition.
16:31 - Et c'est le journal auquel ils collaboraient,
16:33 et dans lequel est édité, justement,
16:34 cette chanson.
16:35 - Cette chanson, d'accord.
16:36 - Ça s'appelait "La barricade".
16:37 - Sur l'ère de la Marseillaise.
16:39 - Créée par Victor Méric,
16:40 dont je ne parle pas,
16:41 mais qui est un historien
16:42 de pamphlet remarquable.
16:44 - Et alors, parlons quand même
16:45 un peu de Bruyant et de Montmartre,
16:47 puisque vous dites que Montmartre
16:49 était l'un des lieux géométriques
16:51 de la subversion pamphlétaire.
16:54 - Bruyant est celui qui a réuni tout le monde,
16:56 d'une certaine manière, à Montmartre.
16:58 Il a réuni tout le monde,
17:00 et il faut savoir quand même
17:01 que les dernières chansons
17:02 qui ont été écrites par les gens
17:05 qui fréquentaient ce lieu,
17:06 l'ont été par Miss Tenguet.
17:08 - Ah oui ?
17:09 - Oui, absolument.
17:10 - Oui, parce que c'était toute la faune
17:12 et la flore qui étaient là.
17:13 - Absolument.
17:14 - Mais Bruyant, si vous voulez,
17:16 je peux lire un texte qui correspond.
17:18 - Rapide.
17:19 - Très rapide.
17:20 "Si j'étais votre député,
17:21 "oué, oué, qu'on se le dise,
17:22 "j'ajouterais l'humanité
17:23 "aux trois mots de votre devise.
17:24 "Au lieu de parler tous les jours
17:25 "pour la République ou l'Empire,
17:26 "de faire un discours pour ne rien dire,
17:28 "je parlerais des petits fieux,
17:29 "des filles mères, des pauvres vieux
17:30 "qui divergèrent dans la ville,
17:32 "ils auraient chaud comme en été
17:33 "si j'étais nommé député à Belleville."
17:35 Voilà, et il écrit...
17:37 - Il a écrit de sublimes chansons,
17:38 enfin Bruyant, quand même.
17:39 - Absolument.
17:40 Ça, ça s'appelle le comité d'initiative.
17:42 C'était dans l'esprit, effectivement,
17:44 de ce groupe qui avait été créé
17:47 pour les pauvres gens
17:49 qui habitaient des maisons
17:50 complètement désertifiées,
17:52 abandonnées, ruinées, etc.
17:54 - Des maisons sans chauffage,
17:56 sans rien, etc.
17:58 - Sans eau.
17:59 - Alors dites-moi,
18:00 quand est-ce que cette tradition
18:02 panflétaire a commencé à,
18:05 je ne dirais pas s'éteindre,
18:07 mais à diminuer, à s'affaiblir ?
18:10 - C'est le 19ème siècle.
18:13 L'agonie de la satire, en fait,
18:15 commence avec la grande guerre civile européenne,
18:17 en 1914.
18:18 - D'accord.
18:19 - Il y a quelques satiristes
18:21 qui subsistent ensuite.
18:22 - Il fallait se mobiliser pour la patrie, etc.
18:25 - C'est ça. Et donc certains d'entre eux,
18:26 et malheureusement beaucoup d'entre eux,
18:28 mais je ne devrais pas les citer,
18:29 on peut le lire dans les livres,
18:30 ont trahi, d'une certaine manière,
18:32 l'esprit qui était le leur,
18:33 et sont devenus des pro-militaristes.
18:36 Voilà.
18:37 Donc c'est la fin, c'est le début de la faim,
18:39 c'est le début de l'agonie.
18:41 Mais, comment dirais-je,
18:44 le panflétaire n'était pas une sorte de dogmatique,
18:47 il l'est devenu par la suite.
18:49 C'est-à-dire qu'entre le panflétaire de l'époque,
18:51 qui était un panflétaire flexible,
18:53 et qui est un panflétaire de rencontres,
18:55 un panflétaire de découvertes,
18:57 un panflétaire d'imagination,
19:00 et l'époque suivante,
19:01 où le panflétaire devient quelqu'un qui
19:05 a un thème unique sur lequel il va travailler
19:09 pour se promouvoir à travers celui-ci,
19:11 et avec un style qui n'est plus celui de l'époque,
19:13 c'est fini.
19:15 - Ce ne sont plus les mêmes.
19:17 Justement, je crois que nous avons,
19:20 Lucien, nous avons, je crois, Jean-Marc,
19:22 qui nous appelle de Narbonne.
19:25 - Bonjour.
19:26 - Vous continuez de nous appeler au 0826-300-300,
19:29 on accueille Jean-Marc de Narbonne.
19:30 Bonjour Jean-Marc.
19:31 - Oui, bonjour Jean-Marc.
19:32 - Bonjour, bonjour monsieur.
19:34 - Voilà, moi je fais partie,
19:36 je n'ai pas le talent des gens que vous écrivez,
19:38 malgré que j'écris, parce qu'un jour, André,
19:39 vous me recevrez,
19:40 mais je fais partie de cette race-là.
19:42 - Avec plaisir.
19:43 - Je fais partie de cette race-là,
19:45 de gens qui sont toujours contre l'ombre établie,
19:48 contre la pensée bien pensante.
19:51 Alors je me pose des questions,
19:52 parce que j'arrive à un certain âge, si vous voulez,
19:54 pourquoi ça, si vous voulez.
19:56 Et je me suis rendu compte, si vous voulez,
19:58 j'écris pas mal, vous voyez,
20:00 je vais vous citer juste une petite citation,
20:03 c'est "à partir du moment où les gens se sont réfugiés
20:06 derrière des lois, des règlements,
20:08 la pensée a commencé à diminuer jusqu'à un jour proche
20:11 où elle va disparaître."
20:13 - Oui.
20:14 - Je veux savoir ce que vous pensez de ça, voyez,
20:16 parce qu'il y a toujours eu des gens
20:17 qui ont toujours contesté.
20:19 - Ah oui, toujours.
20:20 - Toujours, toujours, toujours contesté.
20:21 - Depuis la nuit des temps, oui.
20:22 - Vous faites partie de ces gens-là,
20:24 alors est-ce que c'est le fait que nous réfléchissons un peu trop,
20:28 ou est-ce que, je voudrais poser cette question justement à votre...
20:31 - Bah écoutez, on va poser la question à Daniel Kosky, lui, là.
20:34 Est-ce que le fait...
20:35 - Pourquoi, justement, pourquoi il y a des gens comme ça
20:37 qui contestent toujours ?
20:39 Moi, je suis...
20:40 Moi, vous voyez, je vais pas vous emmerder,
20:42 mais je conteste même le fait du clignoteur,
20:43 parce que quand il n'y a personne derrière,
20:45 pourquoi on mettrait le clignotant,
20:47 étant donné qu'il n'y a personne derrière ?
20:48 Donc les gens prennent l'habitude de mettre un clignotant
20:50 quand il n'y a personne derrière.
20:51 Donc à partir de ce moment-là,
20:52 la manipulation des foules a commencé,
20:55 étant donné que c'est...
20:56 - Ah oui, vous commencez tôt, vous, hein.
20:59 J'en marre, c'est bien.
21:00 - Pourquoi, André ?
21:01 Pourquoi mettre un clignotant quand il n'y a personne derrière ?
21:03 - Eh oui, oui, c'est une vraie...
21:04 C'est... Logiquement, c'est une vraie question.
21:06 Alors, c'est passé...
21:07 Est-ce que ce n'est pas en se posant des questions, alors, Daniel,
21:10 que le pamphlet...
21:11 Enfin, que l'esprit pamphlétaire commence ?
21:13 - Moi, ce que j'ai constaté, c'est que dans les années 50,
21:15 on assistera à la consécration éditoriale et institutionnelle
21:19 du genre pamphlétaire.
21:21 C'est-à-dire que des collections vont commencer à exister
21:23 qui vont s'inscrire dans ce mouvement.
21:25 Elles vont assurer le lien entre polémistes du passé et du présent,
21:28 et leur objectif sera autant la préservation d'un patrimoine intellectuel,
21:31 c'est un artifice,
21:33 que l'affirmation de sa perpétuelle vitalité,
21:36 ce qui est un artifice également.
21:38 Les volumes au format allongé sont publiés,
21:40 et à ce moment-là, ils deviennent effectivement des produits commerciaux.
21:43 Ils ne sont plus des objets de combat, des moyens de lutte,
21:47 mais ils deviennent de la marchandise.
21:49 Et c'est cette marchandisation de la satire et du pamphlet
21:52 qui la fait disparaître ou qui contribue à sa disparition.
21:55 Il faut savoir qu'à une certaine époque,
21:58 Albain Michel a lancé les lettres ouvertes,
22:00 frappées d'un martial arché.
22:02 Il faut savoir également que quelques temps après,
22:05 il y a eu un prix du pamphlet,
22:08 fondé en 2006,
22:10 doté de 10 000 euros pour celui qui le gagnerait.
22:14 Imagine-t-on à l'époque que nous venons d'évoquer,
22:17 quelqu'un qui, parce qu'il crachait sur le roi,
22:20 les aristocrates, les bourgeois, etc.,
22:22 touchait 10 000 euros. Non ?
22:24 Eh bien ce prix-là, il a été créé pour cette raison-là.
22:27 Donc le pamphlet, il a cessé d'être.
22:29 - Vous voulez dire que c'est la marchandisation qui a un peu...
22:31 - Tout à fait.
22:32 - ... tué, pas mal.
22:34 - En fait, c'est la marchandisation de l'homme.
22:37 - Ben oui, oui, ça fait partie.
22:39 - Les deux vont de pair.
22:40 - Cela dit, moi je serai moins pessimiste que vous,
22:44 que vous deux, mais que Daniel, je pense que
22:47 même avec tout cela, les pamphletaires existent
22:50 et existeront encore sous des manières différentes.
22:53 Et je pense, et je vais vous dire, je vais peut-être vous étonner,
22:55 que dans les réseaux sociaux, il n'y a pas que
22:58 quelques insultes par-ci par-là,
23:00 il y a des textes formidables, des textes pamphletaires,
23:03 j'en ai lu, j'en ai découvert, et pas moi seulement,
23:06 et qui vont assez loin.
23:08 Après, il y a évidemment tout le reste,
23:10 c'est le bon grain, il livrait, comme on sait.
23:12 - Oui, mais est-ce que le petit bien ne fait pas beaucoup de mal,
23:14 dans les réseaux sociaux ?
23:15 Est-ce que le petit bien que vous recevez,
23:17 vous recevez pas encore plus de mal ?
23:19 Et est-ce que les gens peuvent faire la part des choses ?
23:21 J'en suis pas certain du tout.
23:22 - Bah écoutez, si les gens ne font plus la part des choses,
23:25 c'est plus la peine même que vous écriviez,
23:28 mon cher Jean-Marc, arrêtez tout,
23:30 et on ira tous se coucher,
23:32 et on verra à ce moment-là,
23:34 et ça fera le plus grand plaisir
23:36 aux ceux qui ont le vrai pouvoir, comme vous le savez.
23:38 - Vous êtes un perpétuel optimiste, je vous adore, hein, Marek.
23:42 - Tout à fait, tout à fait.
23:43 Merci Jean-Marc.
23:44 - C'est à vous.
23:45 - Moi je voudrais faire un petit commentaire,
23:48 parce qu'autrefois,
23:49 je vois ce que va dire Jean-Marc, d'une certaine manière.
23:52 Auparavant, un conflit entre offensés et réoffensés,
23:54 comment se réglait-il ?
23:56 Bah il se réglait par un duel.
23:57 Et aujourd'hui, comment se règle-t-il ?
23:59 Par un procès,
24:00 où l'on paie un avocat pour se défendre et dire
24:02 "Oh, j'ai été victime d'une agression verbale,
24:04 c'est intolérable."
24:05 - Ah, vous voudriez rétablir le duel à l'épée,
24:08 - Absolument.
24:09 - ou au mousqueton ?
24:10 - Oui, ou le coup de poing sur la gueule.
24:12 - Ah ah, ou le coup de poing sur la gueule.
24:13 - Ou le coup de poing sur la gueule.
24:14 Oh bah ça, l'un n'empêche pas l'autre.
24:16 Mais je vais vous dire, on est devenus quand même.
24:19 Moi, je ne serai pas pour le retour de cela,
24:22 je serai en revanche, pour que...
24:24 - Pour la liberté.
24:25 - Totalement. Non, non, non.
24:26 Mais l'insulte verbale, oui,
24:28 pas l'appel à la haine, pas l'appel au meurtre.
24:31 - Tout à fait.
24:32 - Voilà. C'est quand même...
24:33 Il faut vraiment faire la différence entre les deux,
24:35 et ça me paraît fondamental, cela.
24:38 Je voudrais, N. Daniel, pour revenir à ces gens-là étonnants,
24:44 je voudrais qu'on vous parlie, par exemple,
24:46 ce Jean Richtus.
24:49 Parce qu'il y en avait qui vivaient très pauvrement,
24:51 très misérablement, et beaucoup,
24:53 beaucoup d'entre eux, très franchement,
24:55 n'étaient pas à joie.
24:57 Dans votre livre, vous en parlez,
24:58 ils n'étaient pas riches,
25:00 c'était très très très difficile,
25:02 enfin, de vivre, il faut le dire.
25:04 Je veux dire, c'est des choses...
25:07 Alors, le grand, moi je l'adore,
25:09 ce type extraordinaire,
25:11 André Chénier, magnifique André Chénier,
25:14 le poète, etc.
25:16 Il dit, il dit...
25:19 Attendez, je vais vous dire, par exemple,
25:21 il dit, il dénonce les farceurs et bouffons de très tôt,
25:24 les chevaliers d'industrie, les déserteurs,
25:26 les hommes flétris par les décrets de prise de corps,
25:29 reprise de justice, condamnés comme voleurs réfractaires.
25:32 C'est formidable !
25:34 Et puis, dites-moi, il y a eu une chose, quand même, n'oubliez pas,
25:37 ils avaient toutes les professions,
25:38 il n'y avait pas que des universitaires,
25:40 enfin, il n'y avait pas d'universitaires à l'époque.
25:42 - Il n'y avait pas d'universitaires, non, du tout.
25:44 C'était des gens qui exerçaient effectivement toutes les professions.
25:47 Certains ont été ouvriers dans des usines,
25:50 d'autres ont été employés dans des mairies,
25:54 pour certains d'entre eux,
25:56 d'autres ont été commis de ceci ou de cela,
25:59 d'autres ont été artisans,
26:00 enfin, tous avaient des activités qui en sustent.
26:03 - Ils avaient un métier, quoi.
26:04 - Ils avaient un métier.
26:05 Et ce n'est que quand la promotion journalistique
26:08 qu'ils mettaient en avant leur réussissait,
26:11 leur permettait d'échapper à ce métier,
26:13 qu'ils s'en défaisaient.
26:14 - Ah d'accord.
26:15 Oui, ils avaient de tout.
26:16 Il y avait même des artisans, il y avait des gens qui en avaient de l'envers.
26:18 - Il y avait même des artisans, bien sûr.
26:20 Oui, Proudhon lui-même a été paysan pendant des années.
26:23 - Oui, c'est intéressant de rappeler ça.
26:25 Ce n'étaient pas des intellectuels organiques.
26:27 - Donc, ils savaient de quoi ils parlaient aussi quand ils défendaient le peuple.
26:30 - Oui, c'est ça.
26:31 - Ce qui paraît quand même très intéressant, quoi.
26:33 - Oui, absolument.
26:34 Absolument, absolument.
26:36 Je voudrais juste lire,
26:39 parce qu'il y a vraiment des choses qui sont absolument magnifiques.
26:42 Je voudrais lire,
26:45 attendez, je cherche sur Fréron,
26:49 par exemple, Fréron, magnifique Fréron,
26:52 il dit, "Mais Voltaire, vous n'avez pas voulu...
26:55 Vous n'avez pas pu lire les grands Voltaire,
26:58 l'Innidro, les grands Picador."
27:01 - Parce que les concernants des choses ont été écrites.
27:04 Et que je ne voulais pas revenir sur ce qui avait été écrit pour en faire simplement un résumé.
27:08 Donc, j'ai préféré innover d'une certaine manière.
27:11 - On se retrouve tout de suite après cette rapide page de pub.
27:16 Vous nous appelez au 0826-300-300 pour participer à l'émission.
27:19 A tout de suite sur Sud Radio.
27:21 - Je n'aime pas la blanquette de veau. Je n'aime pas la blanquette de veau.
27:25 Sud Radio Bercov dans tous ses états.
27:28 - Les enragés de la liberté.
27:31 Et vous savez très bien à quel point nous en avons besoin,
27:34 d'enrager de la liberté. Il n'y a pas que ça, bien sûr.
27:37 Je dirais, un plat avec trop de sel, peut-être, ce ne serait pas l'idéal.
27:41 Mais sans enrager de la liberté,
27:44 sans ces personnes, hommes, femmes,
27:48 qui défendent à tout point de vue la liberté contre tous les conformismes,
27:52 tous les wokismes, tous les intégrismes,
27:56 mais, vous savez, dont on voit tous les jours le côté abrutissant,
28:02 que serions-nous ? Où serions-nous ?
28:05 Alors, vous vouliez nous parler de Piron, Daniel Koscul, lui, là.
28:08 - Je voulais parler de Piron parce que c'est un écho à ce que nous venons de dire
28:10 sur l'activité qui fut celle de ses pamphlétaires.
28:13 Alors, le père de Piron était apothicaire,
28:15 et sa mère, la fille du sculpteur Jean Dubois.
28:18 Donc, c'était quelqu'un qui avait une histoire, etc.
28:20 Et le père était un poète, qui avait écrit des Noëls en patois,
28:23 et rivalisé avec la Monoie, cette grande poète en la matière.
28:27 Alors, il fait des études de droit, à Besançon.
28:30 Il s'inscrit au barreau de Dijon, mais la ruine de son père l'écarte de sa profession.
28:34 Et à ce moment-là, que fait-il ?
28:36 Il devient tour à tour poète, chansonnier, gogotier et dramaturge.
28:40 Et il écrit l'Ode à Priap. Mais avant de dire l'Ode à Priap,
28:43 je voudrais simplement rappeler qu'il était soutenu par quelques protecteurs,
28:47 à tel point qu'il a fini par être joué par la comédie française.
28:51 Il a même failli être élu à l'Académie française.
28:54 Mais Louis XV s'y oppose.
28:56 Tant il est choqué, je vais vous le lire après,
28:59 ce qui ne manque pas de sel, si j'ose dire, par l'Ode à Priap.
29:03 En dédommagement, ses partisans lui obtiennent une bourse, de qui ?
29:06 De Madame de Pompadour.
29:08 - Ah, c'est joli ça.
29:09 - Voilà.
29:10 - Madame de Pompadour, alors cette Ode à Priap, j'espère qu'elle est écoutable.
29:14 Vous n'allez pas nous attirer les foudres de la censure encore.
29:18 Allez-y.
29:19 - Foutre des neuf garces du pinde,
29:21 foutre de l'amant de Daphné,
29:23 dont le flasque vite ne se guinde qu'à force d'être patiné.
29:27 C'est toi que j'invoque à mon aide,
29:29 toi qui dans les cons d'un vitre raide,
29:31 lance le foutre à gros bouillon.
29:33 Priap, soutiens mon haleine,
29:36 et pour un moment dans ma veine, porte le feu de tes couillons.
29:39 Ça c'est une bonne petite chanson payarde.
29:41 C'est gentil ça.
29:42 Non, moi je vais vous dire, moi je vais aller beaucoup plus loin,
29:45 et beaucoup plus intéressant.
29:46 C'est Urbain Goyer, que vous citez dans votre livre.
29:49 Urbain Goyer c'est magnifique, alors lui c'est formidable.
29:52 Il est né en 1862, il est mort en 1951, voyez,
29:56 il est le XXème siècle.
29:58 Mais c'est très intéressant, parce qu'il dit ceci, écoutez-moi,
30:01 et ça parle à tout le monde.
30:03 "Vous voulez vivre ? Vivre c'est agir."
30:05 "Et l'or est un puissant levier."
30:07 L'or, l'apostrophe R bien sûr.
30:09 "La misère aussi qui donne l'indépendance."
30:11 "Il est fort, l'homme qui dispose de quelques millions."
30:14 "Mais il est redoutable, l'homme qui n'a pas de besoin."
30:17 "Qui n'a pas de lien, qui n'a pas de crainte."
30:19 "Et qui garde une âme ferme, pensée lucide, l'œil juste et la main prompte."
30:24 Et il ajoute, on lui dit, mais alors dites-moi,
30:26 alors il a été Dreyfusard, il s'est battu pour Dreyfus,
30:30 il a rejoint l'aurore de Clémenceau,
30:33 c'est lui qui a signé la célèbre affiche rouge, vous savez ?
30:36 Les affiches rouges, tout justement, les étrangers,
30:42 qui se sont battus, qui sont morts pour la France.
30:44 - Ce qui lui faudrait d'être tragi en cour d'assise,
30:47 et condamné à la prison.
30:48 - Voilà, par le régime de Pétain, il faut le rappeler, absolument.
30:51 Et on lui dit, à un moment donné,
30:54 "Mais vous êtes de droite ou vous êtes de gauche ?"
30:57 Et c'est là où il a une phrase extraordinaire, je me cite,
31:00 il dit, "Je n'ai pas changé, ce sont mes voisins qui ont changé,
31:05 car les hommes changent à mesure qu'ils approchent du pouvoir."
31:09 Eh oui !
31:10 "N'ayant point de coterie, n'ayant avec personne
31:13 une communauté de calcul et d'intérêt,
31:15 je me suis trouvé simplement le compagnon de ceux
31:19 qui à tel ou tel moment soutenaient les idées
31:21 que j'ai toujours soutenues.
31:23 En fait, je n'ai jamais obéi qu'à la logique
31:26 et à la passion de la justice,
31:28 qui sont étrangères ou même odieuses à tous les partis."
31:33 Et il ajoute, et moi je me retrouve,
31:36 je me reconnais mot pour mot dans ce que dit là,
31:40 M. Goyer.
31:42 Et il ajoute, alors là, ce n'est pas mon cas,
31:45 mais c'est son cas à lui, c'est très joli,
31:47 "J'ai été un homme du 19e siècle
31:49 qu'animait le culte de la liberté,
31:51 d'abord de la liberté individuelle.
31:53 Je ne puis m'adapter aux mœurs et aux aspirations grégaires
31:57 du siècle nouveau.
31:59 Entre l'âme généreuse du 19e siècle
32:01 et l'âme brutale du siècle,
32:03 il y a un abîme."
32:04 Comme quoi ?
32:05 - Mais il a écrit également, en conclusion de cela,
32:08 "Liberté, liberté chérie, pauvres vieilles,
32:10 combat avec les défenseurs,
32:12 où diables sont-ils passés ?"
32:13 - Et bien voilà, c'est la question que tout le monde peut se poser,
32:17 et c'est pour ça qu'il faut toujours se ressourcer,
32:21 se ressourcer dans un livre comme "L'Érangé de la liberté",
32:26 lire aussi, parce que moi,
32:28 tant que je ne suis pas spécialement optimiste,
32:31 enfin le talent n'a pas du tout disparu
32:34 avec le 20e siècle, ce n'est pas vrai,
32:37 et il y a eu de très grands pamphlétaires,
32:40 il y a toujours des grands pamphlétaires,
32:42 et moi je citerai, je vais vous dire,
32:44 je citerai Henri Janson,
32:46 qui a été un immense pamphlétaire,
32:47 je citerai Jean-Galtier Boissière,
32:49 je citerai...
32:51 enfin évidemment vous en parlez dans votre livre,
32:54 "Les Omblois" et tout cela,
32:56 mais je citerai aussi Bernanos,
32:58 le Bernanos de la France contre les robots,
33:01 que je vous invite vraiment à lire et à relire,
33:04 encore une fois, prenez le temps de lire,
33:07 fermez ce que vous n'avez pas besoin d'écouter,
33:09 ne perdez pas votre temps, lisez,
33:11 nous on vous renvoie toujours à ça.
33:13 - Et une dernière chose, Bernard Charbonneau,
33:15 et Jacques Ellul,
33:16 Jacques Ellul qui était prof de l'université de Bordeaux,
33:18 et qui se sont battus contre la déformation
33:22 de la côte aquitaine,
33:24 pour la préservation de la nature,
33:26 dont il est question aujourd'hui,
33:28 mais on les a oubliés,
33:29 alors qu'ils ont commencé par mener le combat ?
33:31 - Bien sûr, et il y en a beaucoup d'autres
33:33 qui ont été oubliés, mais c'est pour ça,
33:34 qu'il faut les rééditer, les éditer,
33:36 et puis les écouter,
33:38 c'est pour ça qu'il y a aussi de l'audiovisuel là-dessus,
33:41 et allez chercher, que ce soit dans les réseaux,
33:44 dans les livres, dans les bibliothèques ou ailleurs,
33:47 chercher des gens qui vous donnent l'envie d'agir,
33:51 et l'envie d'être libre, c'est fondamental,
33:53 n'oubliez pas que nous sommes dans une époque
33:55 où un certain nombre de gens,
33:57 hélas, il y en a beaucoup,
34:00 mais heureusement, il y en a beaucoup aussi,
34:03 qui se réveillent, et qui s'éveillent en permanence,
34:06 et bien, ces gens-là, nous en avons besoin,
34:08 vous savez, c'est l'oxygène,
34:10 bientôt on va taxer l'oxygène,
34:12 et on cherche à taxer la liberté,
34:15 mais ça va être de plus en plus difficile,
34:17 et encore une fois, je répète,
34:19 et je dirais, n'oubliez jamais
34:21 que la liberté ne s'use que si l'on ne s'en sert pas.
34:24 - Et on a le temps de recevoir un dernier auditeur,
34:27 Philippe de Caen, bonjour Philippe,
34:29 qu'est-ce que vous souhaitez nous dire ?
34:31 - Bonjour Philippe !
34:32 - Oui, bonjour André, bonjour M. Kosculia,
34:34 - Bonjour !
34:35 - Kosculia, excusez-moi,
34:36 oui, je vais faire bref, rapide,
34:38 j'aimerais savoir si éventuellement,
34:43 alors, j'ai pris votre émission en cours,
34:45 je pensais moi à des pensétaires,
34:49 mais je pensais aussi à des gens
34:51 que tout le monde a connus,
34:53 Charlie Do, le professeur Choron,
34:56 ces gens-là, j'aimerais savoir si,
34:59 écrivain aussi, et journaliste,
35:03 si ces gens-là sont tenus dans la même rubrique,
35:08 vous avez reçu "C'est le 27 ans" il y a quelque temps,
35:11 - Bien sûr !
35:12 - et ils disaient comme ça,
35:13 vous posez la question,
35:14 peut-on rire de tout avec tout le monde ?
35:18 Ça, ça fera encore avoir.
35:20 Alors moi j'aimerais savoir ce que vous pensez des gens de...
35:23 - Alors je crois que Daniel Kosculia va vous dire quelque chose,
35:25 vous avez parlé du professeur Choron.
35:27 Très rapidement, c'est votre dernière phrase.
35:29 - J'ai simplement été le propriétaire du journal Arakiri
35:32 que j'avais racheté au professeur Choron,
35:34 avec qui j'ai sympathisé pendant des années
35:36 avant qu'il ne meure.
35:37 - Voilà !
35:38 Le professeur Choron fait évidemment,
35:40 évidemment partie de ces personnes,
35:43 de ces enragés de la liberté.
35:45 Philippe.
35:46 - Merci à Philippe et merci à tous les auditeurs
35:49 d'être toujours aussi nombreux à nous écouter
35:51 et merci à Daniel Kosculia, psychiatre et anthropologue,
35:54 pour son livre "Les enragés de la liberté,
35:56 anthologie des pamphletaires du XVIe au XXe siècle"
36:00 à retrouver aux éditions MaxMilod.
36:02 Tout de suite, l'émission de Brigitte Lahaie,
36:04 à tout de suite sur CELRADIO.