• l’année dernière
Auditionné au Sénat ce 24 mai 2023, Bruno Arcadipane, président du conseil d'administration du premier groupe de logements sociaux en France, a dénoncé les risques de mainmise de l’État sur ses missions pilotées aujourd’hui par les partenaires sociaux. Il s’est également insurgé contre les coups de rabots dont a été victime son groupe.

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Transcription
00:00 Aujourd'hui, ce que je suis venu vous demander,
00:04 ce que nous sommes venus vous dire et vous demander,
00:07 c'est, une fois de plus, votre soutien.
00:11 Continuez à nous donner le droit de faire notre métier.
00:18 Quand on n'a plus les moyens, demain matin,
00:21 de soutenir la mobilité,
00:23 qu'allons-nous dire aux chefs d'entreprise,
00:25 mais également aux salariés qui veulent déménager
00:29 ou prendre un emploi un peu plus loin ?
00:31 1 salarié sur 2, aujourd'hui, en mobilité,
00:34 refuse un emploi s'il n'a pas de logement.
00:36 Donc comment allons-nous faire ?
00:39 On veut nous obliger à avoir un budget
00:43 qui est quasiment dédié ou en très grande partie
00:46 au soutien des politiques nationales.
00:48 On n'a attendu personne, excusez-moi,
00:51 mais on n'a attendu personne pour soutenir
00:53 les politiques nationales.
00:54 On est le 1er acteur et financeur de l'ANRU
00:58 depuis le 1er jour.
01:00 Et aujourd'hui, on nous dit "encore plus".
01:02 C'est ce qu'on nous dira demain. On a une réunion demain.
01:06 On va nous dire "encore plus à l'ANRU,
01:08 "encore plus au FNAP".
01:10 Mais Action Logement,
01:12 ça peut pas être un distributeur automatique.
01:16 Vous voyez, on y va, on met la carte et on tire de l'oseille.
01:20 Ca, c'est juste pas possible.
01:23 On a des milliers de salariés qui travaillent
01:26 au service des salariés.
01:30 On en a des milliers,
01:31 notamment chez Action Logement Service.
01:33 Si demain, on ne fait que donner notre argent
01:36 à l'ANRU, à l'ANA, au FNAP, etc.,
01:40 que font ces salariés ?
01:41 Aujourd'hui, la mobilité est touchée.
01:43 On va devoir, pour la 1re fois de l'histoire,
01:46 et là, je le dis avec beaucoup de gravité,
01:49 pour la 1re fois de l'histoire,
01:50 on va devoir fermer une de nos filiales,
01:52 celle de la mobilité.
01:54 Ma nouvelle ville est aujourd'hui sous PSE.
01:59 Parce qu'on n'a pas le choix.
02:01 On est responsable, vous imaginez ce que ça veut dire,
02:04 pour un groupe paritaire, faire ce genre de choses,
02:08 prendre ce genre de décisions.
02:09 C'est grave, c'est très grave.
02:13 Donc je souhaite, de tous mes voeux,
02:17 que la trésorerie d'Action Logement
02:19 ne soit pas centralisée,
02:21 que l'ursaphisation de la PEC ne soit pas réalisée,
02:23 que la signature de ce décret n'arrive jamais,
02:27 que l'on nous laisse travailler
02:31 et surtout pouvoir emprunter.
02:33 Et si demain, nous avions même une dérogation,
02:37 et là aussi, c'est grave,
02:39 une boîte de notre poids qui serait sous dérogation
02:42 pour avoir le droit d'emprunter,
02:46 est-ce que nous allons aussi être
02:51 obligés d'emprunter à l'AFP ?
02:53 À l'AFT, pardon ?
02:56 Est-ce que c'est ça qu'on veut ?
02:58 Demain, Action Logement va emprunter auprès de l'Etat.
03:01 Je ne sais pas si c'est ce que vous souhaitez,
03:05 mais en tout cas, les partenaires sociaux,
03:08 tous, à l'unanimité,
03:11 à l'unanimité, les 7 partenaires sociaux de ce pays,
03:14 s'en vont de bout contre.
03:15 Ils ont tous écrit,
03:18 ils ont tous réagi de façon publique
03:22 pour le faire.
03:24 Donc je crois, et j'en aurai fini,
03:26 que l'antagonisme qu'il peut y avoir
03:31 entre certaines décisions,
03:36 prise de position et tout ce qu'on a fait avant,
03:39 on applaudit les salariés de 1re ligne,
03:43 les caissières de Carrefour, les gens de la santé, etc.
03:47 Mais si demain, on n'est plus en capacité de les loger,
03:49 comment allons-nous faire ?
03:52 Je vois mon ami Marie-Noël dans le fond de la salle,
03:56 quand j'annonce que nous sommes prêts
03:59 à aider l'accession à la propriété
04:02 et à baisser le taux à 1%.
04:05 Evidemment que je fais pas plaisir à mes pères
04:08 du monde bancaire ou autre,
04:11 mais c'est nécessaire.
04:12 Aider l'accession à la propriété.
04:15 Il faut sortir les meilleurs d'entre nous du parc social
04:19 pour pouvoir intégrer d'autres populations.
04:23 Voilà. Et aujourd'hui, on n'arrive plus à loger les gens.
04:27 Il faut plus de 8 ans pour avoir un logement social à Paris.
04:30 Comment c'est possible ? Comment on est donc arrivé là ?
04:35 (Générique)
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