SMART BOURSE - L'invité de la mi-journée : Roland Kaloyan (Société Générale CIB)

  • l’année dernière
Jeudi 25 mai 2023, SMART BOURSE reçoit Roland Kaloyan (Responsable de la stratégie actions européennes, Société Générale CIB)
Transcript
00:00 (Générique)
00:09 - Parlons des actions européennes, spécifiquement à présent
00:12 avec Roland Calloyant, responsable de la stratégie
00:14 Action européenne de Société Générale CIB.
00:16 Bonjour et bienvenue, Roland. - Bonjour, Yohan.
00:18 - Merci d'être avec nous.
00:19 Je profite quand même du petit passage
00:21 sur l'intelligence artificielle dont on a discuté avec Kevin.
00:24 Je ne sais pas d'ailleurs si ça nous éloigne ou pas
00:26 des actions européennes.
00:27 En tout cas, l'IA, ça se passe pour l'instant aux Etats-Unis
00:31 et même spécifiquement sur une valeur qui s'appelle NVIDIA,
00:35 qui nous démontre, en tout cas, que pour une entreprise comme elle,
00:39 l'intelligence artificielle générative, le GPT,
00:42 c'est déjà du sérieux, c'est déjà du chiffre d'affaires
00:45 et des ventes qui vont exploser au deuxième trimestre.
00:48 Ce thème de l'IA, comment vous le regardez
00:50 avec la perspective européenne ?
00:52 Action européenne, est-ce que c'est un thème
00:53 dont on est totalement privé ?
00:55 Ou est-ce qu'il y a quand même une manière de s'exposer
00:57 à ce thème de l'IA qui fait le buzz aux Etats-Unis avant tout ?
01:02 - Alors, effectivement, on a de très bons chiffres
01:05 sur NVIDIA ce matin,
01:08 mais je vais juste rappeler, en tant qu'observateur,
01:12 il y a quelques années, il y avait la blockchain et le bitcoin
01:15 et je me souviens que cette valeur avait beaucoup bougé sur cela.
01:20 Et puis, quelques années après, vous vous souvenez peut-être,
01:23 on parlait beaucoup de Metaverse,
01:24 il y avait aussi une très forte accélération sur le cours boursier
01:27 et puis derrière, ça s'était un petit peu baissé.
01:30 Et là, effectivement, sur l'IA,
01:31 c'est un peu la valeur actuellement phare, on va dire.
01:35 Alors, effectivement, c'est un thème qui est plutôt aujourd'hui
01:38 capté par les valeurs américaines ou asiatiques.
01:41 Alors, il y a quand même aussi des impacts
01:42 sur les valeurs européennes.
01:45 Je ne rentre pas dans les impacts sur tous les secteurs
01:46 parce qu'évidemment, l'IA a touché tous les secteurs,
01:49 mais si, évidemment, on se concentre plutôt
01:52 sur le segment technologique,
01:54 les semi-conducteurs en Europe,
01:56 et en particulier à SML, pour ne pas la citer,
01:58 parce qu'elle est vraiment sur une niche spécifique.
02:01 On voit d'ailleurs le titre réagir positivement aujourd'hui.
02:04 Mais effectivement, il faudra être très sélectif
02:06 quand on va aller sur l'intelligence artificielle.
02:09 Après, sur la partie logiciel et service,
02:13 ce n'est pas que c'est positif ou négatif, c'est qu'il y a les deux.
02:16 Et on va voir un petit peu comment les entreprises
02:18 vont réussir à s'adapter.
02:19 Par exemple, sur la partie service, l'intelligence artificielle,
02:22 là, vous aviez besoin de, je ne sais pas,
02:24 quatre, cinq ingénieurs pour coder.
02:27 Peut-être demain, vous n'en aurez besoin
02:28 de plus que deux ou trois.
02:30 Donc, ça veut dire que, clairement,
02:31 la facturation aux clients sera moindre.
02:36 Mais le côté positif, c'est,
02:38 pour une entreprise qui fait du service, par exemple,
02:39 c'est qu'il y aura une plus grande flexibilité.
02:42 Aujourd'hui, vous avez des ingénieurs
02:43 qui sont spécialisés dans le codage pour l'automobile,
02:45 pour la finance.
02:46 Eh bien, demain, vous pourrez avoir des passerelles
02:48 parce que l'intelligence artificielle
02:50 permettra évidemment de passer de l'un à l'autre.
02:52 Et puis, sur la partie software, logiciel,
02:55 la question qui va se poser, c'est, oui, clairement,
02:57 il va y avoir une intégration de l'intelligence artificielle
02:59 dans tous les logiciels
03:01 pour le refacturer aux clients, mais comment ?
03:04 Est-ce que ça sera dans une licence globale ?
03:07 Donc, après, le client peut vous dire,
03:09 "Moi, je ne suis pas intéressé, pourquoi vous...
03:11 Est-ce qu'on va pouvoir augmenter les prix ?
03:13 Ou est-ce que ça sera à la consommation ?"
03:15 Donc, vous voyez, on va rentrer quand même
03:17 dans les mois à venir sur des challenges,
03:19 sur des business models.
03:22 Certaines vont être gagnantes, certaines vont être perdantes.
03:24 Donc, ça, effectivement, c'est pour ça, aujourd'hui,
03:26 on voit que sur les valeurs européennes,
03:27 que ce soit sur la partie software, services,
03:30 et même sur certaines valeurs semi-conducteurs,
03:32 on voit que les investisseurs ont du mal à juger.
03:34 -Ah oui. -Voilà.
03:35 -C'est cet effet de... Désolé, mais...
03:37 Cet effet de ruissellement de l'IA génératif
03:40 qu'on a du mal à mesurer, à évoluer
03:43 en termes de bénéfices, d'opportunités, de risques,
03:45 aujourd'hui, pour tout un nombre de secteurs,
03:48 directement ou indirectement impliqués.
03:51 Et puis, c'est une révolution,
03:53 un changement assez brutal dans la technologie.
03:56 Donc, on va voir, évidemment, comment,
03:58 dans le business model, ces entreprises
04:00 vont être capables de s'adapter.
04:04 L'arrivée de l'IA pour les entreprises technologiques,
04:08 c'est un peu l'équivalent de l'arrivée de la voiture électrique.
04:11 Il faut tout repenser, revoir, pour les industriels,
04:14 et là, pour les entreprises technologiques.
04:16 -Certains disent même que c'est l'atome, le nucléaire.
04:18 Non, mais il y a ces références à...
04:21 -En matière d'énergie ou d'atome civil, j'entends,
04:24 il y a eu l'avant et l'après.
04:25 -Il y aura des gagnants et des perdants.
04:27 -On n'a pas Nvidia en Europe, mais on a le luxe.
04:30 Enfin, on avait le luxe...
04:33 Non, je rigole.
04:34 C'est un des faits marquants de la semaine,
04:36 dans ce petit regain de stress de marché.
04:38 Je le rappelle, on a vu, je crois, sur la séance de mardi,
04:41 le secteur du luxe particulièrement attaqué.
04:44 Alors, venant de performances spectaculaires,
04:46 de niveaux de prix, effectivement, historiques,
04:49 mais c'est un secteur qui a détruit 30 milliards de market cap
04:52 sur la journée de mardi, ça a fait les gros titres.
04:55 A postériorité, avec un peu de recul,
04:57 qu'est-ce qui a pu expliquer ce mouvement boursier
05:00 spécifique au luxe, Roland,
05:03 et quels enseignements on en tire ?
05:04 Est-ce que c'est une pause un peu marquée, un coup d'arrêt,
05:07 ou est-ce que c'est la remise en cause d'un bull case
05:10 pour un secteur du luxe
05:13 qui semblait devenir très consensuel, peut-être ?
05:15 -Alors, le luxe,
05:17 nous, personnellement, on était surpondérés
05:21 en toute la deuxième partie de l'année dernière,
05:24 et au début de l'année, réouverture de la Chine, etc.
05:27 On a observé des valorisations,
05:29 on est arrivé sur des niveaux relativement tendus,
05:31 donc mi-février, on a coupé à neutre.
05:33 Nos échanges avec les investisseurs, c'est "comment osez-vous
05:37 "ne pas être surpondérés sur ce segment du marché européen ?
05:41 "Comment osez-vous ?"
05:42 Et donc, ça traduit un peu quand même
05:44 le sentiment qu'il y avait sur le secteur,
05:47 que tout le monde en avait,
05:48 c'est ce qui portait les portefeuilles.
05:51 Les armes ne montent pas au ciel, au bout d'un moment,
05:54 à gravité, donc forcément, on revient sur les fondamentaux.
05:57 Là, il a suffi qu'on ait un petit peu de news flow
06:00 au nom de Chine sur une nouvelle vague de Covid,
06:03 qui, effectivement, remet un petit peu un peu de stress,
06:06 un peu de prime de risque sur le secteur,
06:08 mais on a vu des mouvements assez violents.
06:10 Si on a des mouvements assez violents,
06:12 c'est parce que c'est surdétenu dans les portefeuilles,
06:16 on était à une prime de 90 % par rapport au reste du marché,
06:19 c'est des primes quasiment dans le niveau historique,
06:23 donc, effectivement, au bout d'un moment,
06:26 la gravité, on revient sur des niveaux un peu plus corrects.
06:30 Nous, on maintient nos positions neutres,
06:32 on est pour l'instant corrects,
06:34 parce qu'au-delà de la valorisation,
06:36 il y a quand même des choses qui restent très bonnes
06:39 dans le secteur et des qualités
06:41 qu'aujourd'hui, on continue à être porteurs pour les portefeuilles.
06:45 -C'est intéressant, parce que, en termes de valorisation relative,
06:48 vous dites que c'était devenu très cher par rapport au reste du marché.
06:52 Après, quand on regarde le PE d'un LVMH,
06:56 je parle sous votre contrôle,
06:58 mais on est peut-être à 25 fois les profits,
07:01 on l'a vu à 30, 35 fois quand même, LVMH.
07:05 -C'est une valeur de croissance.
07:07 Le PE, il faut le ramener aussi au taux.
07:09 Le marché, aussi, il se traite pas sur les niveaux de 15 en ce moment,
07:14 on est plutôt sur les niveaux de 12,5,
07:16 donc ça vous fait quasiment le double.
07:18 Donc ça, il faut avoir en tête.
07:20 Et puis, on oublie un peu les taux.
07:22 Je veux dire, on sort de 10 années,
07:24 on prend juste les taux allemands,
07:26 ils sont au plus haut depuis 12 ans.
07:28 Donc, ça aussi, la valorisation, il faut la mettre face au taux.
07:32 Aujourd'hui, les taux sont plus du tout à zéro.
07:34 -Vous disiez quoi, les clients, l'été dernier,
07:37 quand le PE de LVMH était à moins de 20 et que vous disiez
07:40 qu'il faut en acheter ?
07:42 Qu'il y avait moins de gens convaincus pour en acheter ?
07:44 -Effectivement. C'était un peu plus délicat.
07:47 -C'est pour faire la question.
07:49 -Oui.
07:50 Comment vous regardez le reste du marché européen ?
07:54 Si vous êtes neutre sur le luxe, ça peut vouloir dire
07:57 qu'il y a pour vous des sources d'intérêt
07:59 peut-être plus pertinentes ailleurs dans le marché en Europe.
08:02 Et quand on enlève le luxe, quand on enlève ASML
08:05 et les gros pôles de croissance,
08:07 très vite, on retombe sur la value européenne.
08:11 -Oui. Ce qui est très intéressant sur la value européenne,
08:14 c'est globalement trois secteurs.
08:16 C'est l'automobile, les financières et les pétrolières.
08:19 Autant, effectivement, on trouve que les valeurs de croissance,
08:23 de qualité, vous avez mentionné le luxe,
08:26 on peut dire les industriels, l'agroalimentaire, etc.,
08:29 se traitent sur des niveaux historiquement
08:32 en relatif tendus, enfin, à un niveau très élevé.
08:36 Autant ces valeurs value,
08:38 elles se traitent dans le bas,
08:41 en termes de... des cotes historiques,
08:43 mais même quand on regarde leur propre historique,
08:46 parce que ces valeurs value ne vont jamais traiter
08:49 avec des PE et des multiples de 15, 20, 25,
08:52 mais ce qui est intéressant, c'est qu'on est globalement à 6
08:55 sur ces valeurs-là. Et 6, même dans leur propre historique,
08:58 c'est des niveaux qu'on voit que pendant des récessions.
09:02 Donc, ça montre que le marché est très, très, très pécile
09:05 sur ces valeurs-là. Elles ne sont pas du tout
09:08 sous-détenues par les gérants de portefeuille.
09:10 En plus de ne pas être surpondérés sur le luxe,
09:13 les discussions sont quelquefois assez sportives
09:16 sur pourquoi reprendre ce secteur-là,
09:18 mais c'est là où il y a de la valeur.
09:20 C'est sur ces valeurs-là et sur des valeurs
09:23 où les résultats ont été très bons,
09:25 elles ont des très bons rendements,
09:27 et elles sont complètement sous-détenues
09:29 par les gérants de portefeuille. -Psychologiquement,
09:32 pour un investisseur, c'est compliqué d'investir
09:36 beaucoup au cycle, effectivement, alors qu'on n'a pas encore
09:39 le détail de la destination, justement,
09:41 pour reprendre un peu le langage du voyage.
09:44 -J'entends l'argument cyclique sur ces secteurs-là,
09:47 mais le luxe, c'est cyclique.
09:50 Les industriels, c'est cyclique. La chimie, c'est cyclique.
09:53 Pourtant, ces secteurs-là se traitent
09:56 sur des multiples relatifs historiques
09:58 par rapport au marché.
10:00 Il y a une vraie question à se poser en disant
10:02 pourquoi jouer la récession sur certains secteurs
10:05 et pas sur d'autres.
10:06 -Et effectivement, énergie, automobiles, financières,
10:10 je note que c'est intéressant.
10:12 L'énergie, effectivement, est très en retard cette année,
10:15 après la période bénie que le secteur a pu connaître,
10:19 mais je regardais les financières,
10:22 banques, assurances ou autres,
10:25 ça fait partie encore des secteurs qui sont bons
10:27 malgré tout ce qu'on a traversé, quand même, Roland Serres.
10:31 C'est sans doute sous-détenu,
10:33 mais en termes de performance,
10:35 normalement, ce sont des secteurs qui se tiennent bien.
10:38 -Oui, depuis le début de l'année,
10:40 l'automobile est plutôt en surperformance
10:43 par rapport au marché.
10:44 Les financières, malgré la crise qu'on a eue,
10:49 en fait, il y a eu tellement un bon démarrage de l'année
10:54 avant qu'on ait la crise régionale américaine.
10:57 -Le stock de performance. -Et donc, le sentiment...
10:59 Mais c'est vrai. -Même depuis, ça revient.
11:02 -Ça revient, effectivement.
11:04 L'énergie est un peu plus de mal,
11:06 mais c'est aussi parce que le pétrole est très bas.
11:09 On a vu à l'OPEC, il y a deux jours,
11:11 le ministre de l'Énergie a commencé à réagir.
11:13 Attention à ceux qui sont short sur le secteur.
11:16 Mais clairement, il y a, un peu comme pour la température,
11:21 j'ai envie de dire, sur ce secteur-là,
11:23 c'est assez étrange, parce qu'il y a la perception et la réalité.
11:26 Mais oui, effectivement, la perception
11:29 n'est pas si mauvaise, si on regarde depuis le début de l'année.
11:32 Et même sur un an,
11:33 c'est des secteurs qui ont surperformé le marché.
11:36 -Merci, Roland. Merci pour votre éclairage
11:39 sur cet univers d'investissement
11:41 que sont les actions européennes,
11:42 spécifiquement, Roland Calleuyan, responsable de la stratégie,
11:46 Action européenne de Société Générale,
11:48 dans cette demi-heure d'émission de Smart Bourse.
11:51 A la mi-journée, on se retrouve ce soir à 17h en direct sur Bismarck.
11:55 SOUS-TITRAGE : RED BEE MEDIA
11:58 ♪ ♪ ♪

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