Xavier Bertrand, président de la région Hauts-de-France, était l'invité de franceinfo le 31 mai 2023.
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00:00 Elisabeth Gantz est fait recadrer par Emmanuel Macron hier lors du Conseil des ministres.
00:03 Ce n'est pas avec des jugements moraux et avec les mots des années 90 qu'on le combat, a dit le chef de l'État.
00:09 Est-ce qu'il a raison ?
00:10 C'est vrai qu'on ne les combat pas de cette façon-là.
00:12 Et c'est vrai notamment que dans la région des Hauts-de-France,
00:15 où on avait pensé à un moment donné que la victoire du Front National en 2016 Marine Le Pen et en 2021 M. Chenu était inévitable,
00:25 on les a même fait reculer par des résultats.
00:28 En sortant les gens de la misère, en baissant le niveau de la colère, on les a fait reculer.
00:33 Oui c'est possible.
00:34 Mais il ne faut pas oublier autre chose.
00:35 Il ne faut pas oublier l'histoire du Front National.
00:40 Ce qu'est son histoire.
00:41 Parce que quand on oublie l'histoire du Front National, on banalise également le Front National.
00:45 Il a été créé en partie par d'anciens membres de la collaboration.
00:49 Donc elle a eu raison de rappeler ses racines ou pas ?
00:51 Et à l'origine, c'est un parti qui très clairement est xénophobe, il est raciste, il est même antisémite.
00:57 Aujourd'hui encore ou pas ?
00:58 Mais au fil du temps, qu'est-ce qui s'est passé ?
01:01 Ils sont aperçus qu'être un parti raciste, xénophobe, ce n'était pas très vendeur.
01:07 Et on avait du mal à élargir son audience.
01:09 Et au final le Front National s'est devenu en quelque sorte des professionnels du marketing.
01:13 Et aujourd'hui ils se déguisent.
01:15 Ils se déguisent en parti de gouvernement.
01:18 Mais je fais la différence, vous voyez bien, entre les dirigeants du Front National et leurs électeurs.
01:24 Leurs électeurs, c'est des gens qui n'en peuvent plus.
01:28 Qui ne croient plus en rien, qui pensent qu'on a essayé les uns les autres.
01:31 Mais qui aujourd'hui se disent "de toute façon on ne croit plus en rien, pourquoi pas eux ?"
01:35 Sauf que le Front National n'a jamais apporté la moindre solution au problème des Français
01:41 et n'apportera aucune solution au problème des Français.
01:43 Mais pour être bien clair, vous donnez plutôt raison dans ce débat qui est important,
01:46 il n'est pas que sur les mots, il est sur les idées du RN, vous donnez plutôt raison à Emmanuel Macron.
01:52 Non, moi je donne raison.
01:52 - Combattons le RN sur son programme et pas sur ses...
01:55 - Pardonnez-moi, je vais pas donner raison au président de la République,
01:58 qui aujourd'hui va taper notamment sur la France insoumise,
02:03 "je combat l'extrême gauche", mais qui oublie de dénoncer ce que ne propose pas ce qu'est le Front National
02:10 et qui surtout a une action pour les Français et pour la France
02:12 qui ne permet pas de faire reculer les difficultés des Français.
02:16 C'est ça, donc je ne sais pas moi être l'arbitre des élégances entre l'un et l'autre.
02:19 En plus, il y a l'histoire personnelle également de Mme Borne qui doit être prise en compte dans ce qu'elle a dit.
02:25 - Ce qu'elle a déporté.
02:25 - Tout à fait, puis de la Nation si je ne me trompe pas.
02:29 Donc derrière, ce qu'il faut bien voir, c'est que la montée du Front National
02:33 n'est en rien quelque chose d'inévitable et d'irrégulier.
02:37 - Vous dites, c'est un parti toujours raciste, antisémite, xénophobe.
02:39 - Il y a des dirigeants, oui, qu'ils sont bien évidemment.
02:41 - Et sa présidente.
02:42 - Ecoutez, encore une fois, ça c'est votre rôle de commentateur.
02:47 Moi, mon rôle de responsable politique, c'est d'apporter des solutions.
02:50 C'est de redonner de l'espoir aux Français.
02:53 C'est ce que je fais dans les Hauts-de-France, c'est de redonner confiance en l'avenir.
02:56 Et quand c'est comme cela, même si sur mon front c'est marqué politique,
03:00 les gens se disent qu'on bosse pour eux et avec des résultats.
03:03 Et aujourd'hui, il faut bien reconnaître, dans ce que veulent les Français,
03:08 les Français veulent vivre en sécurité de leur travail et préparer l'avenir de leurs enfants.
03:13 Si c'était le cas et si le gouvernement obtenait des résultats,
03:17 le Front National ne serait pas aujourd'hui aussi haut dans les intentions.
03:21 – Juste sur cette actualité toujours,
03:22 est-ce qu'Elisabeth Borne est désavouée par le chef de l'État
03:24 quand il la recane là-dessus ?
03:25 – À le moins qu'on puisse dire, c'est que ça ne va pas fort entre eux.
03:28 – Vous démissionneriez si vous êtes à la place d'Elisabeth Borne ?
03:30 – Je suis président de la région des Hauts-de-France.
03:32 – Mais est-ce qu'elle est désavouée ?
03:34 – Vous savez ce qui se prépare ? C'est la fameuse fin des 100 jours.
03:37 C'est-à-dire que je crois que le président de la République
03:39 est en train un peu d'habituer tout le monde au fait
03:41 qu'il changera de Premier ministre.
03:43 Je pense que c'est ça.
03:44 Vous pensez je crois la même chose que moi, en tant que commentateur,
03:47 mais je veux rester un acteur politique, pas un commentateur.