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Jeudi 1 juin 2023, SMART PATRIMOINE reçoit Christophe Person (Galeriste et expert en art contemporain africain)

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00:00 Et c'est parti pour l'art à la une, le rendez-vous hebdomadaire dédié aux actualités du monde de l'art.
00:09 Un rendez-vous proposé par Sibylle Aoudjan, journaliste spécialisée sur les questions d'art au sein de la rédaction de Bismarck.
00:14 Bonjour Sibylle.
00:15 Bonjour Nicolas.
00:16 Bienvenue sur le plateau de Smart Patrimoine.
00:18 Sibylle, que s'est-il passé dans le monde de l'art cette semaine ?
00:20 Alors Bercy et la culture ont trouvé un accord pour soutenir le secteur de l'artisanat d'art.
00:27 L'enjeu est de structurer la filière pour 2025.
00:31 Un grand plan sur trois ans a été mis en place pour faire face aux nombreuses difficultés du secteur
00:36 comme le recrutement ou alors certaines spécialités qui sont en voie de disparition.
00:40 Tout un écosystème sur lequel reposent largement les maisons de luxe françaises.
00:45 Et alors est-ce qu'on en sait un petit peu plus sur les détails du plan d'investissement Sibylle ?
00:48 Oui, alors ce sont 340 millions d'euros qui vont être déboursés sur les trois ans à venir autour de plusieurs axes.
00:54 D'abord la jeunesse et la formation, par exemple développer les stages, faire des ateliers découverts,
01:00 repenser aussi les contenus des formations.
01:03 Ensuite pour soutenir l'émergence d'un écosystème local,
01:06 par exemple avec une allocation d'installations d'ateliers dans certains endroits
01:10 ou alors pour stimuler le tourisme de savoir-faire.
01:14 Encore soutenir la recherche autour d'une idée par exemple de numériser le geste en voie de disparition.
01:21 Et enfin dernier axe, développer les programmes afin de valoriser ces métiers-là à l'international.
01:28 D'un point de vue économique Sibylle, l'artisanat d'art ça représente quoi concrètement ?
01:32 Alors les métiers d'art c'est 281 métiers selon les estimations actuelles du gouvernement.
01:38 Ces métiers d'art représentent plus de 60 000 entreprises, 150 000 professionnels
01:45 pour un chiffre d'affaires cumulé estimé à 19 milliards d'euros en 2019, dont 8 milliards à l'export.
01:51 Et on continue avec les actualités du monde de l'art cette semaine.
01:54 Le portrait d'Anatole France devrait revenir en France Sibylle.
01:58 Oui cela fait environ 100 ans que la France réclame ce tableau qui est encore présent aux Etats-Unis.
02:03 C'est le portrait d'Anatole France réalisé en 1921 par Kies van Dongen.
02:08 C'est un portrait commandé par l'homme de lettre à l'artiste.
02:12 Alors pour la petite histoire en 1926 ce portrait est mis en vente à l'occasion du salon du Franc
02:16 qui se tient au Palais Galliera donc c'est comme ça qu'il rejoint les collections publiques françaises.
02:20 Elle est présentée pendant cinq ans au musée des écoles étrangères contemporaines
02:25 qui est aujourd'hui le jeu de paume.
02:27 Et elle est empruntée ensuite par l'artiste Kies van Dongen dans le cadre d'une exposition personnelle.
02:32 Mais l'oeuvre est accidentellement vendue donc avec de grands guillemets à un collectionneur privé.
02:38 Et puis voilà c'est la suite par de nombreuses reventes dans les années 60.
02:41 Et c'est seulement en 2021 qu'on retrouve l'oeuvre en vente aux enchères à Londres.
02:47 Et c'est grâce à l'intervention du CNAP, le centre national des arts plastiques,
02:51 que l'oeuvre est retirée de justesse à la vente et devrait bientôt être rendue
02:56 suite à un dépôt de plainte de l'état français qui rappelle que le portrait d'Anatole France
03:00 est toujours à la propriété de l'état.
03:02 Voilà donc la vente accidentelle qui devrait être bientôt réparée.
03:05 Et on finit avec une dernière actualité dans le monde de l'art cette semaine.
03:07 Un record mondial pour une oeuvre d'art islamique Sibyl.
03:10 Oui c'est la légendaire épée du souverain indien Tipu Sultan
03:14 qui a été vendue pour 14 millions de livres sterling, à peu près 16 millions d'euros
03:20 lors de la vente aux enchères d'art islamique et indien réalisée par Bonhams
03:24 le 23 mai dernier à Londres.
03:26 Tipu Sultan a dirigé le royaume de Misore dans le sud de l'Inde à la fin du 18e siècle.
03:31 Il est connu pour sa résistance face à la colonisation britannique.
03:36 L'épée a été retrouvée dans ses appartements privés après sa dernière bataille.
03:41 Selon le Bonhams, la poignée calligraphique est un chef-d'oeuvre de la fabrication indienne
03:45 de la fin du 18e siècle, finement incrustée d'or.
03:49 Et une inscription anglaise se retrouve aussi sur la lame
03:51 expliquant comment l'épée a été retrouvée après la chute de Tipu Sultan.
03:56 Merci Sibyl pour ces actualités du monde de l'art.
03:58 Nous avons à présent le plaisir de recevoir ensemble sur le plateau de Smart Patrimoine
04:02 Christophe Persson.
04:03 Bonjour Christophe Persson.
04:04 Bonjour.
04:05 Bienvenue sur le plateau de Smart Patrimoine.
04:06 Vous êtes galeriste, vous êtes également expert en art contemporain africain.
04:09 Ça va être le sujet de notre discussion aujourd'hui.
04:11 Avant d'aller plus spécifiquement sur les tendances
04:14 ou la démocratisation de l'art contemporain africain,
04:17 un mot peut-être sur vous, sur votre parcours.
04:19 Après des premières années de vie professionnelle dans le monde financier,
04:23 vous avez rejoint plusieurs maisons de vente aux enchères
04:26 avant d'ouvrir votre propre galerie il y a six mois, fin 2022.
04:30 Pourquoi êtes-vous allé jusqu'à ouvrir votre propre galerie,
04:32 j'imagine spécialisée en art contemporain africain,
04:37 en lien avec cette appétence que vous avez pour ce type d'art ?
04:40 De toute façon, j'étais intéressé par l'art depuis très longtemps,
04:43 même quand j'ai fait des études plutôt traditionnelles en économie
04:46 et quand j'ai travaillé dans la finance également.
04:48 Mon objectif, c'était vraiment de répondre à ma volonté propre et intérieure,
04:53 vraiment de travailler dans cet environnement.
04:54 C'est la raison pour laquelle j'ai sauté le pas,
04:56 pour travailler d'abord en maison de vente aux enchères
04:57 et aujourd'hui pour avoir ma propre galerie.
05:00 Avant de rentrer vraiment dans le détail,
05:02 on parle d'art contemporain africain.
05:04 Est-ce que déjà les termes sont justes ?
05:06 Est-ce qu'il y a une homogénéité ?
05:08 Est-ce qu'on peut parler d'art contemporain africain ?
05:10 Les termes sont justes.
05:11 Je ne sais pas, en tout cas, c'est juste de dire qu'il n'y a pas vraiment consensus,
05:14 dans la mesure où aujourd'hui, dans l'art contemporain africain,
05:16 on mélange beaucoup de choses,
05:17 notamment on peut mettre de l'art moderne,
05:19 puisque c'est vrai que la classification entre art moderne africain,
05:23 art moderne occidental, ce n'est pas tout à fait sur les mêmes périodes, bien entendu.
05:26 Et puis ensuite, on peut s'intéresser notamment à l'art qui est réalisé par des artistes en Afrique
05:31 et aussi beaucoup à l'art qui est réalisé par des artistes de la diaspora,
05:34 qui peuvent être des gens qui vivent à Paris, à Londres, à New York ou à Bruxelles.
05:38 Donc c'est vrai que c'est une dénomination qui ne fait pas tout à fait consensus, en effet.
05:42 Et au sein de votre galerie, vous présentez quel type d'art spécifiquement ?
05:46 Alors au sein de ma galerie, j'aimerais présenter,
05:48 ça peut être un petit peu compliqué à comprendre,
05:51 mais j'aimerais présenter des artistes qui sont dans une vraie démarche de création.
05:54 Et aujourd'hui, compte tenu de l'évolution de cet écosystème et de ce marché,
05:59 c'est important de réussir à parvenir à identifier des artistes
06:02 qui soient vraiment à la recherche d'une inspiration aussi intérieure,
06:06 peut-être aussi une redécouverte de leur africanité,
06:09 et qui essayent plutôt de s'éloigner de la tendance actuelle aussi,
06:12 qui consiste à s'autocopier ou à copier les autres en fonction de ce que le marché demande.
06:16 Parce que la démarche de création, ça s'oppose à quoi ?
06:19 Ce serait juste se copier entre eux ?
06:21 Alors je dirais que la démarche de création, elle peut s'opposer à la démarche de production,
06:25 qui est un terme un petit peu moins valorisant, je trouve, pour les artistes.
06:29 Sibyl posait la question de savoir si un seul terme pouvait englober plusieurs initiatives artistiques,
06:36 si on devait définir l'art contemporain africain selon vos mots.
06:40 Christophe Persson, comment est-ce qu'on le définirait aujourd'hui ?
06:43 Alors je pense que de le définir selon une esthétique ou des thématiques,
06:46 ça va être un petit peu compliqué dans la mesure où l'Afrique, c'est 54 pays,
06:50 et puis l'identité africaine aussi, elle est portée par toutes les diasporas
06:53 qui aujourd'hui sont à travers le monde.
06:54 Donc je pense que de définir l'art contemporain africain,
06:57 c'est une gageure dans laquelle je ne vais pas me lancer.
06:59 En revanche, ce qui est vrai, c'est qu'on retrouve quand même des thématiques
07:02 qui sont assez récurrentes, qui sont traitées par ces artistes,
07:05 et notamment les thématiques qui sont liées aux questions environnementales,
07:08 parce que quand vous vivez comme un artiste de la diaspora
07:11 entre Kinshasa, en République démocratique du Congo, et la Belgique,
07:13 finalement les questions environnementales, vous les appréhendez complètement différemment
07:17 de si vous êtes un artiste parisien, par exemple.
07:21 Il y a les questions de l'identité aussi, dont on parle beaucoup en ce moment,
07:24 les questions de choix aussi de genre, par exemple,
07:27 et puis toutes les questions qui sont liées, bien entendu,
07:29 aux migrations des Bléens ou des personnes.
07:30 Tout ça, ce sont des thèmes, en fait, que l'on retrouve souvent en art contemporain africain,
07:35 et ça peut être un moyen de le distinguer d'une autre production artistique.
07:38 Ce sont des thèmes qu'on va retrouver en Europe et notamment en France.
07:42 Ce sont des thèmes qui seront prisés par les collectionneurs français,
07:45 ou alors c'est vraiment l'art contemporain africain qui est conçu en Afrique
07:49 et qu'on va retrouver ensuite le même en Europe.
07:51 Est-ce qu'il y a une différence ?
07:53 Alors en fait, oui, il y a quand même une différence, je pense.
07:55 Il y a aussi une différence dans la façon dont les collectionneurs vont appréhender,
07:58 en fait, cette création artistique.
08:01 Je crois qu'il y a une quinzaine d'années, le marché de l'art contemporain africain
08:04 était plutôt porté par des gens qui achetaient cet art parce qu'ils aimaient l'Afrique, en fait.
08:08 Et donc, ça allait être une population avec un profil d'expat, par exemple,
08:11 de gens qui travaillaient dans les ONG, en fait, comme on les connaît.
08:14 Aujourd'hui, depuis quelques années, moi, c'est ce que j'ai essayé de contribuer à faire.
08:17 L'idée, c'est que les gens qui achètent de l'art contemporain africain,
08:19 c'est parce qu'ils aiment l'art tout court, en fait.
08:21 Et donc, ils sont plutôt dans une phase où ils ont envie d'ouvrir un volet de leur collection
08:25 qui pourrait être plutôt mainstream, si on veut, qui serait plutôt généraliste.
08:28 Et donc, ils ont envie de compléter leur collection généraliste avec de l'art contemporain africain.
08:32 Et donc, lorsqu'on s'adresse à ce profil de collectionneur,
08:34 bien entendu, le potentiel de développement de marché est sans aucune commune mesure.
08:38 Donc, il y a un petit peu les deux approches, à la fois dans la production
08:41 et aussi dans l'attente des collectionneurs.
08:43 - Et vous êtes du coup sur le secteur depuis une bonne dizaine d'années.
08:46 Quelles sont les évolutions majeures que vous avez repérées ?
08:50 - Alors, les évolutions majeures dans l'esthétique,
08:53 je pense qu'on peut mentionner notamment l'émergence aujourd'hui
08:57 dans les collections de plus en plus fréquemment du thème du black portrait, en fait, le portrait noir.
09:02 Et la raison pour laquelle ça suscite tellement d'engouement de la part des artistes,
09:05 mais aussi de la part des acheteurs, c'est parce que jusqu'à récemment,
09:08 le portrait noir avait été plutôt représenté du temps de la période orientaliste
09:12 d'une façon plutôt exotique, parce que peint par des artistes blancs,
09:16 en fait, des mâles blancs, comme on dit aujourd'hui.
09:18 Et donc, aujourd'hui, que les artistes africains se représentent eux-mêmes,
09:21 bien entendu, les messages véhiculés vont être radicalement différents,
09:24 puisque la peinture orientaliste avait tendance à représenter ces populations de façon exotisée,
09:29 c'est-à-dire soit servile, soit hyper esthétisée ou sexuelle,
09:34 ou en tout cas avec une vision un petit peu d'en haut,
09:38 alors que les artistes africains, en fait, racontent leurs propres histoires.
09:41 Et donc, l'esthétique est très différente.
09:42 - Donc, vous constatez une sorte de réappropriation de la manière de réaliser des portraits
09:46 lorsqu'on parle de sujets de personnages ou de personnalités africaines ?
09:51 - Complètement. C'est une réappropriation de la part des artistes, de leur propre vie,
09:55 qui jusqu'à présent était dépeinte par des artistes complètement autres.
09:59 Donc, c'est ça aussi qui a engendré le succès, en fait, de cette production artistique,
10:04 parce que le collectionneur est toujours à la recherche de quelque chose de nouveau
10:09 et aussi de l'altérité.
10:10 Et donc, cette production était totalement nouvelle
10:13 quand elle est arrivée sur le marché il y a 10 ou 15 ans.
10:15 Et c'est ce qui a entraîné, en fait, beaucoup de collectionneurs à s'y intéresser.
10:18 - Est-ce qu'il y a des événements qui ont particulièrement porté ces évolutions ?
10:23 - Alors, des événements autour de l'art contemporain africain,
10:25 il y en a eu beaucoup et depuis longtemps, bien entendu.
10:27 Alors, on mentionne la plupart du temps à Paris, en tout cas,
10:30 l'Exposition magicien de la Terre en 1989,
10:33 qui avait été une volonté de la part des commissaires d'exposition
10:37 de montrer des artistes extra-occidentaux, comme on dit,
10:40 et donc qui étaient des artistes qui, pour certains d'entre eux, habitaient en Afrique.
10:45 Et puis, depuis une dizaine d'années, il y a eu beaucoup d'événements
10:48 qui sont plutôt des événements commerciaux, en fait,
10:50 à destination des collectionneurs,
10:52 c'est-à-dire l'émergence de beaucoup de galeries,
10:54 mais aussi de foires, comme la foire 154 à Londres,
10:57 qui a eu sa première édition à Londres en 2013.
10:58 Par la suite, il y a eu la foire AK à Paris.
11:01 Et 154 a fait des pattes également à Marrakech, à New York et à Paris aussi.
11:05 Donc, voilà, depuis une dizaine d'années,
11:07 il y a une profusion d'événements aussi qui engendrent, en fait,
11:10 cet attrait pour cet art contemporain africain.
11:12 - Justement, c'était ma question.
11:14 Cette profusion d'événements est liée au fait
11:16 qu'il y a une demande de plus en plus grande des collectionneurs
11:18 pour cet art aujourd'hui, ou c'est l'inverse ?
11:21 C'est le fait que ces foires fassent connaître cet art
11:24 qui fait que les collectionneurs commencent à s'y intéresser ?
11:27 - Je crois qu'on est dans un contexte un peu de cercle vertueux, en fait,
11:30 et toutes ces initiatives s'alimentent les unes les autres.
11:33 Donc, le fait qu'il y ait des galeries, en fait,
11:36 va entraîner la création de foires.
11:38 Le fait qu'il y ait des collectionneurs va aussi encourager les musées
11:42 à exposer des artistes africains dans des expositions temporaires ou permanentes.
11:45 Et ces mêmes expositions vont encourager les collectionneurs.
11:47 Donc, en fait, c'est un peu l'effet boule de neige
11:49 auquel on est en train d'assister en ce moment.
11:51 - On a vu l'évolution de prix assez fulgurante de certains artistes.
11:55 Je pense à Moakobo Afo, par exemple, qui font du simple au je ne sais pas combien.
12:00 Comment est-ce que vous regardez ce genre de phénomène ?
12:04 - Alors, je pense que ce sont des phénomènes qui sont un peu transitoires quand même.
12:08 En tout cas, s'agissant de ces résultats exceptionnels,
12:10 notamment dans les ventes aux enchères,
12:13 ce sont des résultats qui sont, qu'on peut expliquer en fait par l'engouement
12:16 pour l'art contemporain africain, mais je crois aussi par l'engouement
12:19 pour l'art contemporain tout court et aussi par la visibilité, en fait,
12:23 qu'a donné Internet, je dirais tout particulièrement depuis la période Covid,
12:28 la visibilité qu'a donné Internet, en fait, à beaucoup d'artistes
12:31 et donc des artistes qui étaient peut-être par le passé marquettés
12:35 dans une sphère un peu confidentielle, se sont retrouvés marquettés,
12:39 en fait, auprès du grand public et donc ont réussi à haper des collectionneurs
12:43 qui ont beaucoup de moyens et donc ça explique en fait cet envolé de certains prix.
12:47 - Mais pour un collectionneur, vous lui dites quoi ?
12:48 Vous lui dites "Attention, warning, faites très attention"
12:51 ou de prendre un peu de distance ou au contraire,
12:54 que c'est vraiment un secteur qui va être en expansion ?
12:58 - Alors, je pense que s'agissant de cette spécialité africaine comme des autres,
13:02 en fait, et comme dans tout investissement, il faut essayer de se renseigner
13:06 auprès des professionnels pour avoir un maximum d'informations
13:08 avant de se lancer dans l'inconnu.
13:10 Je crois qu'un élément important à prendre en compte
13:12 est de voir est-ce que l'artiste bénéficie en fait d'une structure d'accompagnement
13:17 qui va contribuer à porter sa cote en fait sur le long terme aussi.
13:21 Les structures d'accompagnement, évidemment, ça va être les galeries.
13:23 Les structures d'accompagnement, ça va être le suivi par des commissaires d'exposition.
13:27 On parle plutôt des curateurs aujourd'hui qui sont en fait les gens
13:30 qui déterminent un petit peu les orientations du marché de l'art.
13:33 Et puis aussi la présence institutionnelle dans les musées
13:36 avec une considération géopolitique.
13:39 Il est toujours que, bien entendu, un musée américain va avoir une aura
13:42 bien plus importante qu'un musée dans un plus petit pays.
13:44 Donc voilà, ce sont tous ces éléments qui sont un peu quantitatifs,
13:49 mais beaucoup qualitatifs en fait, qu'il faut regarder avant de se lancer dans les achats.
13:53 Dans les profils des collectionneurs, vous remarquez qu'ils sont assez différents
13:57 ou tous les collectionneurs collectionnent tous l'art contemporain africain ?
14:03 Alors aujourd'hui, je pense qu'il y a une marge de progression qui est immense.
14:06 Parce qu'il y a certains collectionneurs qui se sont mis à l'art contemporain africain,
14:10 mais encore peu.
14:11 Donc je pense que c'est quelque chose qui va encore se développer.
14:14 Je pense que c'est un art et une esthétique qui intéressent beaucoup les jeunes
14:17 parce qu'une grande partie de cet art est assez narrative
14:20 et donc raconte des histoires que chacun peut s'approprier,
14:24 toujours comme je vous l'indiquais sur les questions de l'identité,
14:27 d'émigration, du genre.
14:28 Donc c'est quelque chose qui est quand même appréhensible, je pense, assez facilement.
14:32 Et je constate que, en tout cas dans les clients,
14:35 que moi je souhaiterais développer,
14:37 on compte de nombreuses jeunes personnes des diasporas africaines aussi
14:41 qui ont envie de se réapproprier leur histoire
14:44 au travers de la production artistique qui vient d'Afrique.
14:46 Juste une dernière petite question,
14:48 est-ce que vous avez des noms ou des scènes vers lesquelles on pourrait se tourner ?
14:52 Si on veut en apprendre plus.
14:54 Alors des scènes, c'est-à-dire des...
14:56 Des scènes artistiques, je veux dire.
14:57 Alors en fait, moi je pense que s'agissant de l'art,
14:59 il faut toujours essayer d'avoir quand même un peu une longueur d'avance.
15:02 Aujourd'hui, le thème du black portrait en fait,
15:05 qui a été surexploité, je dirais, par les artistes depuis une dizaine d'années,
15:09 peut-être qu'on arrive un petit peu au bout de ça,
15:11 à moins que certains artistes arrivent à sortir quelque chose de vraiment très très différent.
15:15 Moi je suis assez convaincu que le marché va se développer vers des artistes
15:18 qui vont peut-être retourner en fait dans les mythes,
15:23 ou dans les traditions, ou dans les histoires africaines.
15:25 Parce que là encore, ça va être une découverte pour les collectionneurs occidentaux.
15:29 Et encore une fois, comme les collectionneurs occidentaux veulent de la nouveauté,
15:32 je pense que les artistes auraient tout intérêt à aller vers encore plus de sincérité,
15:37 et ce sera peut-être le moyen pour eux de perdurer en fait,
15:40 et à avoir des propositions intéressantes.
15:41 Merci beaucoup Christophe Persson de nous avoir accompagnés dans Smart Patrimoine.
15:44 Je rappelle que vous êtes galeriste et expert en art contemporain africain.
15:47 Merci beaucoup.
15:47 Merci également Sibylla Oudjane, journaliste spécialisée sur les questions d'art
15:50 au sein de la rédaction de Bismarck.
15:52 Et quant à nous, on se retrouve tout de suite dans Enjeu patrimoine.

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