SMART BOURSE - L'invité de la mi-journée : Franklin Pichard (Kiplink Finance)

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Jeudi 1 juin 2023, SMART BOURSE reçoit Franklin Pichard (Directeur général, Kiplink Finance)
Transcript
00:00 *Musique*
00:10 Poursuivons la discussion sur le plan des marchés et sur le plan des marchés boursiers,
00:13 notamment avec Franklin Pichard à mes côtés en plateau, directeur général de Kipling Finance.
00:17 Bonjour et bienvenue Franklin.
00:18 Bonjour Grégoire.
00:19 Nous entamons aujourd'hui le mois de juin, l'occasion quand même de dire un mot de ce qui s'est passé au cours du mois de mai
00:24 pour les marchés boursiers en général. C'est vrai que quand on regarde des indices très larges d'actions globales,
00:30 c'est un mois de consolidation, de légère baisse.
00:34 On a vu une baisse peut-être un peu plus appuyée sur des indices actions en Europe
00:39 et peut-être notamment pour le CAC 40 en premier lieu.
00:42 Oui, alors on a eu un mois qui était un mois où la volatilité s'est invitée presque à toutes les séances.
00:51 On a été dominé par le plafond de la dette, par l'inflation, par les publications, par les détachements de dividendes,
00:59 paiements de dividendes. Donc tout ça a contribué et puis avec des secteurs qui s'en sont mieux sortis.
01:06 On aura l'occasion de l'évoquer. Si on n'avait pas d'intelligence artificielle au mois de mai,
01:11 on a raté sa performance, c'est clair. Et on a rebattu un petit peu les cartes,
01:17 on a brûlé ses stars et on a été chercher au fond du panier les valeurs un peu en retard
01:23 à qui on a retrouvé de nouvelles vertus. Donc c'était un mois où effectivement on se solde,
01:29 si on parle du CAC 40, par une baisse de 5,2% hors dividendes.
01:36 Dividendes ne réinvestis, la baisse n'est plus que de 3,8%.
01:40 Donc on a eu notre premier mois baissier de l'année 2023, ce qui arrive assez fréquemment en bourse.
01:49 Oui, effectivement. C'est un bon point de rappeler la différence qu'on peut avoir entre le CAC 40 tel qu'on le connaît
01:56 ou en tout cas tel qu'il est affiché quotidiennement sur les écrans, le CAC 40 cash et le CAC 40 dividendes réinvestis.
02:04 D'autant que le mois de mai, la période du mois de mai-juin sont des périodes de gros détachements de dividendes en Europe et à Paris notamment.
02:12 Oui, on l'a vu à l'image de la séance de mardi où vous aviez le détachement au sein du CAC 40
02:18 de dividendes de boîtes qui ont des rendements énormes, Crédit Agricole avec plus de 8%, Société Générale avec plus de 8%,
02:26 il y avait également Sanofi, plus de 3 et quelques pourcents.
02:29 Résultat, le CAC était en baisse alors que le DAX et les autres places européennes étaient en hausse
02:35 puisqu'on exprime notre CAC hors dividendes.
02:38 Et quand on regarde depuis la création, alors qu'on a un CAC qui flirte autour des 7700 points,
02:45 le CAC avec dividendes réinvestis, on est à 22400 points.
02:50 Et on a eu le plus haut historique le 19 mai, donc il y a 15 jours, 10 jours.
02:56 Donc effectivement, c'est une dominante qu'il faut avoir en tête et nous en tant qu'opérateurs sur le marché,
03:04 on regarde dans ces périodes un petit peu plus agitées, on regarde plutôt les futurs que le CAC
03:11 puisque là pour le coup, le futur nous reflète véritablement l'évolution du CAC.
03:16 On voit toujours une vraie différence entre un CAC cash qui lui sera baissé
03:22 et les futurs sur l'échéance du mois qui eux sont haussiers.
03:26 Donc c'est un peu technique mais il ne faut pas le perdre de vue.
03:31 Et mardi était véritablement une séance avec des sociétés du CAC avec des dividendes entre 5 et 8%
03:38 où là on a vraiment vu l'impact de ce que avaient les dividendes sur la notion de statistique du CAC.
03:46 Qu'est-ce qu'on peut dire du coup d'arrêt boursier qu'a connu le secteur du luxe au cours du mois de mai ?
03:52 C'était il y a une dizaine de jours, il y a eu une séance qui a cristallisé un petit peu
03:56 des mouvements de sortie assez importants sur le secteur du luxe.
03:59 On a vu des baisses de 5-6% pour les stars, LVMH, Hermès, Kering, etc.
04:04 Et depuis, effectivement, on est plutôt sur une dégradation boursière de ce secteur.
04:10 Avec un peu de recul, quels sont les éléments techniques, fondamentaux qui expliquent ce coup d'arrêt ?
04:16 On sentait quand même qu'il y avait de l'appétit retrouvé pour ce secteur.
04:21 Il y avait un bull case, un cas haussier qui était assez évident pour de nombreux opérateurs.
04:27 Et c'est vrai que le marché va toujours là où on ne l'attend pas.
04:29 Et c'est le moment que le marché a choisi pour, boum, taper un peu sur ce secteur.
04:33 Oui, alors il y a eu un double effet qui se coule.
04:35 Le premier, ça a été une étude de Deutsche Bank qui a dit que le marché et le luxe se payent beaucoup trop cher.
04:41 Un petit peu ce qu'on avait connu il y a un ou deux ans.
04:43 Et on avait vu les Hermès qui étaient passés de 1 700 à 950.
04:49 Et de la même façon, ça s'était opéré un peu moins pour LVMH, Kering, etc.
04:56 Là, cette étude a quand même un peu ébranlé les convictions des investisseurs
05:00 qui se disaient peut-être qu'il n'y a plus grand chose à gagner à très court terme.
05:05 Et là-dessus arrivaient les indicateurs et les indices chinois
05:11 avec le ralentissement de la croissance, le ralentissement de la consommation des ménages.
05:15 Parce que vu de chez nous, on ne se rend pas compte.
05:18 Mais quand on discute avec les analystes qui reviennent de Chine, ils nous disent qu'on a très peur.
05:23 Il y a eu le nouvel an chinois avec énormément de morts.
05:26 Aujourd'hui, on hésite à quand même sortir dans la rue.
05:30 Donc le comportement des investisseurs et des ménages n'est pas revenu véritablement.
05:38 La peur du Covid n'a pas quitté la Chine.
05:40 La peur du Covid n'a absolument pas quitté la Chine.
05:43 Et ça se ressent sur certains secteurs, que ce soit industriel, que ce soit le pétrole,
05:48 que ce soit également le luxe en particulier.
05:52 Donc on s'est dit finalement, du LVMH, quand on avait vu les cours auxquels on était arrivés,
05:59 du Hermès au-dessus de 2000, on a eu une petite correction, pas méchante, 5-7%, 8%.
06:07 Et ça fait quand même dire à beaucoup que peut-être que ça n'est pas assez,
06:12 dans une période un peu incertaine, qu'est-ce qu'on peut aller chercher vraiment aujourd'hui comme nouveau record.
06:18 On s'est éloigné de notre record, qui était à 7 580.
06:22 On s'en est éloigné et aujourd'hui on essaie de sauver le seuil de 7 000 points
06:27 pour éviter d'avoir une correction un peu plus importante.
06:31 Beaucoup de questions liées à l'inflation, ça vient d'être évoqué,
06:37 vous venez de l'évoquer, la politique de la Fed.
06:40 Rappelons-nous qu'il y a quelques semaines, les investisseurs pariaient sur une baisse des taux avant la fin de l'année.
06:46 Aujourd'hui on parle à nouveau de hausses, peut-être le 14 juin et puis peut-être en juillet.
06:51 - Avant les baisses de taux, il y aura peut-être d'autres hausses de taux de la Fed.
06:54 - Tout le monde est un petit peu ébranlé.
06:57 Le plafond de la dette, le vote s'est bien déroulé hier à la Chambre des représentants,
07:01 ça va maintenant aller au Sénat, mais on voit que ça a fait pchit, ça n'a eu aucun effet,
07:06 c'était dans les cours, de toute façon il n'y avait pas de réel doute sur le fait qu'on ne se mette pas d'accord.
07:11 Est-ce que ce sera le 1er juin qui avait été reporté au 5 juin ?
07:14 - Le 5 juin, un peu plus tard, ça aurait un impact si c'est un peu plus tard, mais la messe est dite.
07:21 Donc effectivement on joue à se faire peur pendant des semaines,
07:24 ça pèse et ça met une chape de plomb sur l'évolution du marché,
07:29 et heureusement globalement on a eu des publications qui étaient plutôt bonnes,
07:32 et puis énormément de rotation sectorielle, on en parle régulièrement,
07:36 mais là effectivement on a eu des bonnes surprises sur des secteurs un peu sinistrés depuis deux ans.
07:43 - Exemple, exemple, s'il fallait quitter un peu le luxe, en tout cas ces derniers jours ou ces dernières semaines,
07:50 vers quoi est-ce qu'on avait plutôt envie d'aller ?
07:53 - Typiquement, c'est par quoi je commençais, si on n'avait pas l'intelligence artificielle,
07:59 on a eu Nvidia qui a mis les projecteurs sur un secteur, Nvidia c'est cette semaine,
08:07 mais le Nasdaq fait +23% depuis le début de l'année,
08:11 et sur le mois il fait autour de 6%,
08:17 donc dans la foulée vous avez des valeurs qui ont connu l'effet Nvidia,
08:23 et pour ne parler que d'Asso System, STMicroelectronics,
08:27 et puis hier on a eu une envoilée de quasiment 7% sur Capgemini,
08:32 ou là aussi avec des accords sur Google Cloud,
08:35 où tout le monde a vu les vertus que l'intelligence artificielle pouvait créer
08:40 auprès des groupes européens et français pour ceux qu'on vient d'évoquer.
08:44 - C'est intéressant parce qu'effectivement ces boîtes de logiciels Capgemini par exemple,
08:48 ou même Téléperformance, et c'est vrai que dans la réflexion qu'on peut avoir sur les modèles d'affaires de ces groupes,
08:54 on se dit que l'IA, l'IA génératif peut apporter beaucoup.
08:58 Le marché n'a pas encore décidé que ces groupes de software étaient gagnants de l'IA générative.
09:04 Un groupe de composants Artec comme Nvidia, oui, pour le reste c'est encore en débat.
09:11 - C'est encore en débat, c'est en train de sensibiliser les acteurs de marché
09:16 qui ont effectivement salué par la performance une anticipation des implications que l'oral IA sur ces groupes-là.
09:24 Mais vous évoquiez les performances, là pour le coup c'est la plus forte baisse du mois de mai.
09:29 - Ah ça n'arrête pas de baisser !
09:30 - 22% !
09:31 - C'est plus bas qu'au moment du choc colombien !
09:33 - Oui, oui, largement.
09:34 Alors effectivement tous les fonds ESG sont sortis et quand les fonds ESG sortent, ils ne sont pas près de revenir.
09:42 Donc le titre a été plombé.
09:44 En plus vous avez eu cette nouvelle du PDG qui a vendu des titres pour une raison fiscale, il en a le droit.
09:52 Mais l'annonce a re-provoqué une baisse du titre et là je pense, nous on en a dans tous les portefeuilles.
09:59 Est-ce qu'il faut les garder ? Est-ce qu'il faut porter ?
10:03 Comme vous le dites, c'est un groupe qui devrait profiter des effets de l'intelligence artificielle et de l'IA en général.
10:09 Donc on ne sait pas trop quoi faire, mais on a un peu l'impression qu'on a du dette-monnaie pendant un an, un an et demi sur des titres comme ça.
10:18 On a eu en revanche des titres, j'évoquais Dassault Systèmes qui a eu une performance de 13% sur le mois de mai.
10:26 On est repassé au-dessus des 41 euros, on était à 35 euros il n'y a pas si longtemps que ça.
10:32 On voit qu'il y a un réveil et qu'il y a des arbitrages sectoriels.
10:35 Et je voyais cette étude de Bank of America sur les flux de capitaux à mercredi.
10:42 Il y avait eu plus de 18 milliards de dollars sur les actions, 2,3 milliards sur les obligations.
10:49 Et puis ça se fait sur des arbitrages où les opérateurs sortaient, les investisseurs sortaient de l'or et du cash.
10:57 Donc on sent que malgré tout il y a un engouement pour un retour sur les marchés actions.
11:02 Mais compte tenu de ces stats, on sent que l'engouement profite plutôt au marché américain qu'au marché européen.
11:07 Vous en avez connu des modes de marché, des thèmes qui font le buzz, des thèmes "hype" comme on dit en français.
11:15 Oui, "méta", "crypto", etc.
11:19 Mais l'IA là, on est déjà dans un moment un peu bullesque du thème où il y a quelque chose de plus large que simplement le buzz Nvidia.
11:33 Est-ce que c'est un vrai thème de marché avec, encore une fois, toute la profondeur, tout l'univers d'investissement que ça implique ?
11:41 Je me souviens d'il y a quelques années, je raconte l'histoire depuis le début de la semaine, mais Carrefour sort un communiqué en pleine séance pour dire
11:48 "Nous aussi on utilise la blockchain dans la chaîne logistique de transport de Carrefour".
11:53 Bon, don't acte, ça n'a pas changé le modèle d'affaires de Carrefour, ça n'a pas changé le statut boursier de Carrefour.
12:01 Je ne dis pas que la blockchain n'existe pas ou n'est pas intéressante, mais ça n'a pas été une révolution, une rupture,
12:08 des groupes traditionnels en tout cas, majeurs. L'IA, on se dit que ça peut quand même provoquer des choses peut-être un peu plus brutales.
12:17 Alors moi j'ai l'occasion d'aller voir différents stratégistes économistes qui font des présentations, ils prennent au sérieux l'IA.
12:26 C'est-à-dire qu'on a senti, vous parliez de la blockchain, on a pu parler du metaverse, de tous ces éléments.
12:33 Je n'animise pas ces histoires-là, mais ça a fait un peu pchit au sens boursier du terme j'entends.
12:39 Et puis même dans les discussions et les échanges, plus personne ne vous parle en ce moment du metaverse.
12:45 C'est en ce moment du côté.
12:47 C'est plutôt l'épouvantail.
12:48 Alors effectivement c'est chassé par l'IA que tout le monde est en train de découvrir,
12:54 mais quand vous voyez que les gros groupes américains, Amazon, Google, Tesla, Elon Musk,
13:02 on est quand même sur des gros barnum qui s'intéressent et qui sont plus qu'en train de s'y intéresser,
13:08 qui investissent énormément de milliards de dollars sur la thématique, c'est plus qu'un effet mode.
13:14 Ce n'est pas des cavaliers isolés.
13:15 Ce n'est pas des cavaliers isolés.
13:17 Et puis on voit immédiatement les analyses, on voit immédiatement les implications que ça peut avoir sur les groupes.
13:22 Et c'est vrai que c'est une révélation quand même quelque part.
13:26 Donc une bulle, à ce stade, on ne pense pas.
13:31 On pense que derrière il y a du hard, il y a vraiment des choses sérieuses
13:36 et que ça mérite de pouvoir regarder et faire plus que regarder.
13:40 Et ça contribue au rebond du Nasdaq qui était en déshérence depuis 18 mois
13:45 et de tout le secteur, le compartiment un peu tech des indices
13:51 qui nous donne envie de revoir un petit peu nos pondérations
13:55 par rapport à des valeurs un peu plus classiques et plus exposées
13:58 à la remontée des taux, au ralentissement de la croissance, etc.
14:01 Comme on aborde le mois de juin et la période estivale sur le plan de l'organisation des portefeuilles,
14:06 est-ce que le mois de mai a amené à des réaménagements particuliers ou pas forcément ?
14:11 D'ailleurs les tendances de fond n'ont pas totalement changé non plus avec la consolidation qu'on connaît au mois de mai.
14:18 Non, et on a eu l'occasion de l'évoquer, les vendeurs sont toujours droit dans leur botte
14:23 et considèrent qu'ils vont avoir raison et les acheteurs considèrent que les plus hauts historiques sont devant eux,
14:31 forcément dans l'absolu, mais surtout ne justifient pas aujourd'hui de vendre.
14:36 Alors chacun trouve des arguments d'ailleurs qui permettent de conforter ces deux convictions un peu antagonistes.
14:43 Exactement, et quand vous voyez les volumes, or la séance hier où il s'échangeait plus de 8 milliards,
14:48 mais ce sont des ajustements de fin de mois, tout au long des 15 séances ou 10 séances qui nous ont précédés,
14:55 on était plutôt sur des volumes entre 2 et 3 milliards, même en dessous de 2 milliards.
15:01 Et qui plus est, et je le répète peut-être à chaque fois,
15:04 mais vous voyez que pendant le fixing de clôture il s'échange quasiment 1 milliard, entre 800, 700, 1 million et 1 milliard.
15:12 Donc un tiers ou la moitié du volume du jour.
15:14 Exactement, et pour peu que vous ayez une fête un jour férié à Londres et aux Etats-Unis comme c'était le cas,
15:21 là ce n'est même pas la peine de venir.
15:24 Bon, mais ça veut dire qu'on reste avec quel type de ligne de conduite aujourd'hui, Franklin ?
15:29 Écoutez, moi j'ai eu l'occasion de dire que j'étais très mal à l'aise avec les niveaux qu'on avait atteints sur le marché il y a un mois.
15:38 Il se trouve que pour le moment la correction elle n'est pas sévère, on a évoqué 3,8%, c'est rien.
15:46 Est-ce qu'on va avoir dans la foulée, peut-être si on casse les 7000 points sur le CAC, on peut les tendre aux autres places,
15:57 une correction un peu plus soutenue avant l'été.
16:01 On ne va pas avoir grand-chose à se mettre sous la dent pour investir.
16:07 On voit que les publications, on a vu aujourd'hui Rémi Cointreau, c'est un record, le titre baisse.
16:12 On voit qu'en revanche quand il y a des sanctions, elles sont un peu vertigineuses.
16:17 Donc on voit qu'il y a beaucoup de tension, beaucoup de volatilité, de nervosité sur le marché.
16:22 Donc il faut rester équilibré mais ne pas être investi à 100% de ses portefeuilles en ce moment, c'est clair.
16:28 Merci beaucoup Franklin, merci pour votre contribution.
16:31 Contribution tous les 15 jours, le jeudi à 12h30 dans Smart Bourse, Franklin Pichard, directeur général de Kipling Finance,
16:37 qui était avec nous en plateau pendant cette demi-heure.
16:39 On se retrouve bien sûr à 17h en direct sur Bsmart.
16:42 [Musique]

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