SMART JOB - Le cercle RH du lundi 5 juin 2023

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Lundi 5 juin 2023, SMART JOB reçoit Yannick Gheno (président, Ecole Rockefeller) , Charles Chantala (Directeur ventes, Indeed) et Samuel Ndjock (fondateur, Vacamed)
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00:00 [Musique]
00:12 Le Cercle RH, notre débat quotidien pour parler d'un sujet dont on parle beaucoup ces derniers temps,
00:17 les pénuries, la pénurie de main d'oeuvre côté secteur hospitalier, on parlera du secteur privé, du secteur public.
00:24 Les aides-soignantes, elles font partie du top 10 de Pôle emploi dans les métiers pénuriques,
00:28 mais aussi les infirmières et puis j'ai envie de dire presque tous les métiers de l'hôpital sont impactés.
00:33 Comment faire pour redonner le goût de ce beau métier ? Parce que c'est vrai que les infirmières vont plutôt vers le libéral
00:40 et qui doucement le secteur hospitalier, comment faire pour leur redonner envie ?
00:44 On se souvient du Grenelle pour augmenter les salaires, visiblement ça n'a pas suffi, on en parle avec mes invités.
00:51 Charles Chantalat, ravi de vous accueillir, vous êtes entreprise sales leader chez Indeed
00:56 et vous êtes avec nous parce que vous avez monté une initiative originale pour aller chercher les candidats dans le cadre de Cent Expo
01:04 et on va en parler avec Yannick Guénaud parce que vous étiez la main dans la main sur cette initiative.
01:08 Bonjour Yannick, ravi de vous accueillir, vous êtes président de l'école Rochfeller,
01:13 directeur général parce que vous avez un président en effet, vous êtes le directeur général de l'école Rochfeller, métier de la santé,
01:20 paramédical et social.
01:22 Para médical et social, pour le dire simplement, on connaît bien la marque Indeed, on connaît Rochfeller mais on connaît moins l'école Rochfeller.
01:28 Quelles sont les propositions de formation ? Être soignante, infirmière ?
01:32 L'école Rochfeller 100 ans cette année, formation phare infirmière, nous en formons 270 par an,
01:40 donc on a 3 promotions qui font 800 étudiantes, donc on est une des plus grosses formations de France en la matière.
01:48 Être soignant bien évidemment, aussi 120 à 130 par an.
01:52 Je vous ai vu réagir sur le top 10 de Pôle emploi.
01:54 Tout à fait, tout à fait, puisque nous nous sommes précurseurs, nous sommes devant, nous sommes à la limite, nous voyons le marché avant le marché.
02:01 Nous voyons l'appétence des étudiants à venir sur des formations, sur des métiers.
02:07 Le métier d'être soignant, ça fait déjà plusieurs années que nous ne remplissons plus nos quotas de formation sur ce métier là.
02:13 C'est incroyable.
02:14 Samal El Nidja, vous étiez venu nous voir il y a quelques mois et on vous a réinvité parce que c'est le cœur du sujet.
02:19 Vous êtes une plateforme vacamed, vous mettez en relation le plus rapidement possible,
02:24 alors vous n'êtes pas un concurrent d'Indeed évidemment, l'offre et la demande.
02:28 10 infirmières, je suis patron d'un hôpital, vous me dites je peux peut-être vous trouver la solution.
02:34 Et on met en relation l'offre et la demande.
02:36 Il n'y a pas que les infirmières d'ailleurs, il y a les aides-soignantes.
02:38 Il y a les aides-soignantes, il y a aussi des profils sociaux, médico-sociaux type éducateur spécialisé.
02:43 Voilà, moniteur éducateur et d'autres profils.
02:46 Vous êtes dépassé par les événements là, le site explose en ce moment chez vous, vu le secteur.
02:52 Alors, on a une réelle forte demande, une vraie progression au niveau de la demande, en effet des besoins au niveau des établissements.
03:00 On a des candidats qui sont quand même présents parce que le fait de faire des vacations ça reste quand même intéressant pour les candidats.
03:08 Mais c'est sûr que si on était positionné sur du CDI, on aurait un peu plus de mal parce que oui, par rapport à la demande qu'on peut couvrir, on a vraiment une forte explosion.
03:16 Mettons les pieds dans le plat, on va parler de la Fédération hospitalière de France qui était à l'initiative à travers cet événement,
03:22 Sant'Expo, Indeed et évidemment les acteurs de ce sujet.
03:26 Combien de candidats s'étaient inscrits à votre initiative ?
03:29 Alors, on a un partenariat effectivement avec la Fédération hospitalière de France.
03:33 On avait proposé d'organiser le job dating en quelque sorte de Sant'Expo sur trois jours.
03:37 On a une quinzaine d'établissements qui se sont inscrits pour servir de poissons pilotes en quelque sorte pour cette initiative.
03:43 Et pour ces trois jours, on a réussi à avoir 2000 inscrits pour des entretiens en direct.
03:48 On constate finalement que une des solutions...
03:50 Face au RH, face aux acteurs, des 15 poissons pilotes.
03:53 Voilà, qui se sont prêtés au jeu et ont dit "Bah chiche, je détache 2, 3, 4 recruteurs pour venir passer trois jours sur place".
03:59 La promesse étant pour les candidats, plutôt que de passer dans un process de recrutement qui habituellement est un peu long.
04:05 J'attends quelques jours d'avoir une réponse, de rencontrer quelqu'un immédiatement.
04:09 Et on a même eu des cas de contrats qui ont été signés sur place.
04:12 Donc quasiment 1000 entretiens sur ces 2000 inscrits.
04:15 Et je pense à un établissement comme les Rives-de-Seine qui ont dit avoir reçu 19 candidats de très bonne qualité à qui ils envisageaient de faire des offres.
04:23 Je vais donner la parole à Yannick Guénaud.
04:24 Mais vous nous dites quand on disrupte le parcours de recrutement, on est capable de redonner envie à des jeunes.
04:31 Parce qu'il y a des jeunes, il y a aussi des reconvertis, d'entrer dans la carrière. C'est bien cela ?
04:36 C'est indispensable de changer non seulement les types de profils auxquels on s'adresse et les canaux qu'on utilise pour les toucher.
04:41 Mais il faut effectivement aussi changer le process de candidature.
04:44 Le facteur clé d'optimisation c'est la rapidité de réaction.
04:47 Il faut savoir capter dans la journée, idéalement, un candidat qui est tombé sur votre offre d'emploi.
04:52 Vive le numérique !
04:53 Oui, le numérique peut aider. Mais finalement, les numériques tels qu'il était fait jusqu'à présent n'arrangeaient pas les choses.
04:58 C'est-à-dire qu'un site d'emploi bête et méchant où je dépose ma candidature et où elle tombe dans un trou noir ne règle rien.
05:04 En revanche, ce qu'on a fait physiquement à Sant'Expo, on peut le faire en digital.
05:09 C'est-à-dire que vous pouvez en deux clics vous retrouver en entretien vidéo face à un recruteur d'un établissement de santé.
05:15 Yannick Guénaud, vous êtes avant le marché, vous l'avez dit. Qu'est-ce qui se passe ?
05:19 J'ai une pensée évidemment pour la famille de cette infirmière.
05:23 Il faut quand même le dire, il y a des conditions de travail qui se sont complexifiées Covid aidant.
05:28 Les conditions de vie au travail où ils se mettent en danger.
05:31 Cette femme a été assassinée par un schizophrène. Il faut quand même le dire.
05:35 Les agressions ont augmenté. Les conditions de travail se sont dégradées.
05:39 C'est pour ça que vous ne réussissez pas à remplir vos écoles ?
05:42 Non. Tout d'abord parce qu'au niveau de la formation d'infirmière, nous n'avons pas ce problème que je citais tout à l'heure pour le métier d'aide-soignant.
05:51 La profession d'infirmière, enfin les candidatures infirmières, la plateforme Parcoursup reste un des premiers voeux de Parcoursup.
06:00 Mais attention, par exemple nous avons 8000 candidats pour 235 places hors d'autres voies d'accès.
06:09 Donc là les crémages et la sélection est terrible.
06:11 Oui mais ceci étant, nous avons tous les instituts de formation infirmière quasiment les mêmes candidats.
06:15 Après ça va dépendre des candidats, de leur choix aussi d'aller plus vers telle école ou telle école.
06:22 Alors ça c'est le premier point. Mais en même temps, je vous disais qu'on est en amont de marché.
06:26 Là aussi on commence à voir apparaître une érosion des candidats.
06:29 Il y a deux ans, nous étions à 11 000 candidats. Aujourd'hui 8000. L'érosion est en marche.
06:35 Donc ça veut dire que l'effet médiatique, les événements, parce que les Français regardent la fatigue du Covid.
06:40 Moi, on vous avait invité la fois dernière mais vous pouvez peut-être nous le redire.
06:45 On voit aussi dans l'évolution des demandes dans ce secteur un désir de flexibilité et d'avoir une qualité de vie.
06:52 Parce que ça s'est posé à chaque entretien j'imagine entre vie pro et vie perso.
06:56 Moi qui ai des proches dans ce milieu, c'est quand même pas simple d'avoir une vie pro et une vie perso à l'hôpital.
07:01 On fait des nuits, on a des roulements, on va parfois remplacer une collègue. C'est ça la réalité.
07:07 C'est ça la réalité aujourd'hui du métier, qui a toujours été d'ailleurs une réalité dans ce métier.
07:12 Aujourd'hui, c'est pour la jeune génération un réel frein aussi.
07:17 Se diriger vers ce type de métier qui est plutôt contraignant, qui limite un peu l'aisance côté vie pro, vie perso.
07:27 Donc il se dirige soit vers de l'intérim, soit vers des structures comme Alano qui font de la vacation pour avoir cette flexibilité.
07:34 - Vacation, c'est-à-dire que je fais un petit temps, je fais deux mois, trois mois, puis après j'arrête ?
07:38 - J'organise mon planning, c'est ça, en fonction de ma disponibilité et en fonction de quand j'ai besoin ou envie de travailler.
07:44 - Juste peut-être, est-ce qu'il y a une bataille, parce que c'est un de nos titres, est-ce qu'il y a un duel entre le privé et le public ?
07:49 C'est-à-dire qu'on a vu des infirmières du public manifester, des syndicats se sont montés au créneau en disant
07:54 "nos conditions de travail, le matériel, la manière dont on travaille, c'est plus possible".
07:58 Puis on a les infirmières du privé, j'ai le sentiment qu'ils manifestent moins.
08:02 - Oui, alors je pense qu'on a clairement une concurrence acharnée, comme dans tous les domaines, qui est à l'œuvre.
08:09 Simplement, le public est particulièrement bien représenté dans les métiers du soin.
08:13 Là où il y a sans doute un souci de perception en amont, parce que parfois ce n'est pas tout à fait vrai, on en a déjà parlé dans un autre cadre,
08:22 sur la rémunération notamment, il est clairement perçu, vu de l'extérieur, que ces métiers, par exemple d'infirmier, à 67%,
08:28 les Français nous répondent qu'ils estiment que c'est un métier très mal payé.
08:31 Donc ce bashing permanent du métier du soin indique des choses qui d'ailleurs ne sont pas tout à fait vraies,
08:38 puisqu'il y a eu des revalorisations importantes, des primes et des bonus qui ont été ajoutés dans le cornel.
08:43 Pour autant, ça reste un des éléments qui ressort, la difficulté des conditions de travail ressort,
08:47 et il y a ce sentiment que le privé s'est un tout petit peu mieux adapté.
08:50 En tout cas nous, dans les conditions de recrutement ou dans les méthodes de recrutement,
08:55 c'est vrai qu'on a vu un peu plus d'agilité pour l'instant du côté du privé.
08:58 C'est pour ça que du côté d'Indeed, on a décidé de mettre en place une équipe dédiée au secteur public,
09:02 où il y a un enjeu de marque employeur d'une manière générale.
09:05 - Marque employeur et RH, parce qu'il y a un enjeu RH.
09:08 99% et ça, ça vous interpelle, vous qui êtes avant, ce qui veut dire que vos étudiantes, en grande majorité,
09:13 mais aussi les étudiants, on est d'accord, c'est plutôt féminin,
09:18 99% des établissements de santé publique connaissaient des difficultés de recrutement en 2022.
09:24 Ça veut dire que vos étudiantes et étudiants sont captés dès la sortie de l'école.
09:28 Il n'y a pas de sujet.
09:30 Enfin, va qu'Amed se les arrache.
09:32 - Il n'y a absolument aucun sujet et elles le savent.
09:34 Ce qui veut dire que, pour répondre tout à l'heure au salon...
09:37 - Donc elles ont la main dans le...
09:38 - Elles ont la main, ça veut dire qu'elles peuvent changer à tout instant.
09:40 Il y a aussi, à la fois la captation peut-être de l'étudiante, mais un choix énorme.
09:46 Et de ce choix aussi, elle va pouvoir changer facilement d'emploi.
09:50 Donc tout ceci, il y a aussi une notion de fidélisation à l'hôpital ou dans les structures.
09:54 - Engagement dans la durée.
09:56 - Engagement dans la durée.
09:57 Et là, il y a des chiffres aussi qui sont très, très parlants.
10:00 Auparavant, on parlait d'un temps de vie dans un premier emploi pour une infirmière
10:03 qui était entre 7, 8, 10 ans.
10:05 Aujourd'hui, il est de 5 ans.
10:07 Ce qui veut dire que, ça ne veut pas dire qu'une infirmière va arrêter de travailler,
10:12 mais elle va évoluer, elle va vouloir changer d'ambiance, de contexte,
10:16 avoir mieux maîtrisé son temps de travail et aller vers des solutions d'intérim, de libéral aussi.
10:21 - On va parler des territoires, mais les étudiantes de l'école Rockefeller, j'imagine, elles vous intéressent.
10:27 Elles viennent ou elles font d'abord un premier temps, je dirais classique, professionnel,
10:32 pour ensuite, dans un second temps de carrière, elles se disent,
10:35 et ça c'est peut-être le public que vous avez, c'est des gens qui ont 10 ans d'expérience,
10:38 c'est quoi le profil des gens qui viennent sur le site ?
10:40 Ils ont beaucoup bossé, puis ils se disent là, je lève un peu le pied ?
10:44 - On a plusieurs profils, mais globalement, ce qui ressort comme profil principal,
10:49 ça va être quand même des gens qui ont déjà au moins un an d'expérience, on va dire, minimum.
10:54 - Un peu d'expérience. - Un peu d'expérience, voire plus,
10:57 mais qui ont déjà pratiqué un peu, soit déjà à travers les stages, dès leur fin d'études,
11:03 ils sont directement captés dans les structures où ils ont effectué leur stage,
11:06 ils sont intéressés, et qui vont chercher, maintenant qu'ils connaissent un peu le secteur,
11:10 un peu mieux en tout cas par la pratique.
11:12 - Et quand ils ne veulent plus faire, parce que vous faites l'offre et la demande,
11:15 et ça c'est indite d'avoir des stats, ils vous disent, nous on ne veut plus partir en hospitalier urgence,
11:19 on ne veut plus faire ça, on va plutôt partir en gériatrie, en pédiatrie,
11:23 il y a bien des secteurs où les infirmières disent, je préfère ce secteur-là qu'un autre,
11:27 ou la réa, excusez-moi, parce que la réa, on a vu pendant le Covid,
11:30 la difficulté de ce métier qu'on ne connaissait pas d'ailleurs.
11:32 - Alors tout à fait, c'est vrai qu'il y a des services qui ne souhaitent plus faire,
11:37 parce que tout ce qui est lié à la fin de vie, c'est un peu plus de difficulté à recruter.
11:41 - Évidemment.
11:42 - C'est vrai que souvent sur ces types de services-là, on voit plutôt des personnes qui ont déjà de l'expérience,
11:45 qui restent parce qu'il y a toujours des besoins.
11:47 - Parce qu'il y a la passion là.
11:48 - Parce qu'il y a la passion, il y a la vocation, mais c'est vrai qu'au niveau des jeunes,
11:52 tous les cas sont différents, bien sûr les cas sont particuliers,
11:54 mais on remarque qu'ils souhaitent plutôt...
11:57 - Un mot Samuel et Yannick sur la question RH, parce qu'on est une émission RH,
12:01 on a souvent pointé du doigt l'hôpital public ne sachant pas gérer son personnel,
12:06 avec d'ailleurs des batailles, il faut rentrer un peu dans le détail,
12:09 entre le médecin qui est un peu le classique de l'établissement,
12:12 et en même temps le personnel administratif et le directeur de l'établissement.
12:15 Parfois ça frotte, c'est compliqué.
12:17 Il y a un problème de RH ?
12:19 - Il y a un problème de RH, oui, mais après je ne sais pas si on peut le traduire comme ça,
12:29 parce que nous de notre côté, côté vacamède, on le voit un peu moins,
12:32 donc je ne sais pas si je peux m'aventurer là-dessus.
12:34 En tout cas nous ce qu'on sait c'est que les services RH qui viennent nous contacter,
12:39 ils ont des besoins et on doit y répondre le plus simplement.
12:44 - Yannick, un mot sur le RH et évidemment Samuel.
12:47 - Non, je pense qu'il faut arrêter le bashing sur les services publics,
12:50 parce qu'à un moment donné, effectivement, on en a beaucoup parlé, dysfonctionnement.
12:54 Il est vrai que par manque d'aides-soignants, par manque d'infirmières,
12:56 plus que par manque de médecins, aujourd'hui, les services hospitaliers ont dû fermer,
13:00 mais même dans des cliniques privées.
13:02 Et donc, parce qu'il faut du personnel de première ligne,
13:05 on ne peut pas opérer, on ne peut pas soigner sans des soignants, ce n'est pas possible.
13:09 - Charles, votre point de vue chez Indeed, parce que vous avez des data, des flux.
13:13 - On a des data assez précises sur l'offre et la demande en temps réel,
13:16 clairement, même pour le comparer à d'autres secteurs d'activité, on l'a dit,
13:20 le métier d'infirmier ou les métiers d'aides-soignants sont deux des 10 métiers
13:25 les plus en tension en France, avec certains métiers très techniques.
13:28 Donc nous, on a un indice de compétitivité, c'est-à-dire un ratio offre-demande
13:31 sur ce score de 0 à 100 entre le métier le plus simple de France, en quelque sorte,
13:34 à pourvoir, et le métier le plus difficile, le métier d'infirmier est à 96 sur 100.
13:38 Ça, c'est l'indice de compétitivité Indeed de ce métier-là.
13:42 Et on va effectivement retrouver aussi des chiffres inquiétants,
13:46 qui sont que, par exemple, dans l'espace d'un an, le nombre d'offres présents
13:49 chaque jour sur la plateforme a augmenté de 57%.
13:52 Alors, ça ne veut pas dire qu'il y a 57% de besoins en plus,
13:55 ça veut simplement dire que les postes qui étaient là il y a 4 mois sont toujours là,
13:58 les postes n'ont pas été pourvus, et donc à flux constant, le stock augmente,
14:02 puisqu'il n'y a aucun flux sortant d'offres d'emploi.
14:05 Juste un mot quand même, Yannick, la disparité géographique,
14:08 parce qu'on parle des déserts médicaux pour les médecins,
14:11 mais il y a aussi une disparité, là, il y a des chiffres qui sont inquiétants,
14:14 perte d'effectifs suivant les départements de 2015 à 2020,
14:17 donc on est juste au bord du Covid, Haute-Garonne -6800, incroyable,
14:22 Haute-Savoie -2500, Vaucluse -1600, pourtant le Vaucluse, c'est plutôt sympathique,
14:27 les Landes -972, Paris -556, c'est assez paradoxal d'ailleurs,
14:31 parce qu'il y a beaucoup d'établissements hospitaliers à Paris.
14:34 Comment vous expliquez aussi, elles choisissent leur lieu d'emploi,
14:39 c'est un peu comme les policiers, bien classés, on va plutôt partir dans le sud,
14:42 puis mal classés, on va partir dans le Pas-de-Calais ?
14:45 Dans les structures publiques, encore une fois, je reviens sur le public,
14:48 premièrement, il faut savoir que 100% des infirmières sont formées dans le public,
14:51 directement ou indirectement, puisque nous sommes en formation d'alternance,
14:55 avec des stages qui deviennent très compliqués à trouver d'ailleurs.
14:58 On dit que c'est une très bonne formation le public, par ailleurs.
15:00 Très très bonne formation. Paradoxalement.
15:01 Et les structures publiques ont donc un avantage important,
15:04 de pouvoir se positionner, plutôt que les privées, je dirais,
15:07 que les structures privées, pour capter éventuellement des candidats.
15:10 Pour autant, par rapport à votre question sur ces déperditions,
15:14 alors moi je suis Haute-Savoie hier, je peux répondre pour la Haute-Savoie,
15:16 pour la Haute-Garonne un peu plus difficilement.
15:18 Oui, c'est pas la même région.
15:19 Je ne pense pas que ce soit la même raison.
15:21 En Haute-Savoie, c'est un phénomène connu depuis très longtemps,
15:24 c'est-à-dire dans l'Ain et la Haute-Savoie, limite-reuf de la Suisse,
15:26 la Suisse capte, je dirais, les personnels qui ont été formés en France,
15:32 et avec des frottements entre la Suisse et la France,
15:34 et des écarts de salaire de 1 à 3.
15:37 Juste une petite recommandation, chacun dans vos secteurs respectifs,
15:40 parce que vous êtes au cœur de ces sujets,
15:42 et vous insistez sur cette question de ce secteur.
15:45 C'est le salaire, parce que vous l'évoquiez tout à l'heure, Charles Chantala,
15:48 vous dites qu'au-delà de cet indice de 96%, il y a quand même un problème de salaire.
15:53 En tout cas, il y a un problème de perception du salaire,
15:55 et donc la première recommandation, c'est que toute offre d'emploi
15:58 devrait afficher un package complet, c'est-à-dire un salaire,
16:00 les bonus et les primes qui y sont attachés,
16:02 et on a encore moins de 50% des offres d'emploi.
16:05 Une guide avait tapé du poing sur la table, déjà.
16:07 On va progressivement imposer l'affichage des salaires,
16:09 ou sinon nous estimerons une grille de salaire pour ces métiers-là, tous les coups.
16:13 Vous imposez, en fait, à l'annonce...
16:15 Dans tous les cas, c'est de l'ordre de x4 ou x5 le nombre de clics sur les offres d'emploi
16:20 qui affichent un salaire, c'est gagnant pour le recruteur,
16:22 et on est à moins de 50% de ces offres dans les métiers d'infirmiers pour l'instant.
16:25 Le salaire moyen d'une infirmière, c'est quoi ?
16:27 Je ne vais pas vous répondre parce que là...
16:29 En démarrage de carrière, on est entre 2000 et 2200 euros.
16:33 Net ou brut ?
16:34 Net.
16:35 Net.
16:36 Or prime ?
16:37 Or prime.
16:38 Parce qu'il y a les heures de nuit, il y a la s'estreinte, et puis après,
16:41 les acteurs ont répondu avec des incitations, des primes.
16:45 Aujourd'hui, il est très compliqué d'avoir une vision.
16:48 Nous, on voit revenir des professionnels comme formateurs chez nous par la suite.
16:53 Ils y viennent d'ailleurs de plus en plus tôt, de plus en plus vite.
16:55 Exact.
16:56 C'est un autre débouché.
16:57 Voilà, ça devient un débouché.
16:59 Votre recommandation ?
17:00 Il y a des écarts de salaire.
17:01 On voit que des infirmiers, infirmières, des professionnels
17:04 qui ont, je dirais, 10 à 15 ans d'ancienneté,
17:07 gagnent facilement 3500, 4000 euros par mois de salaire.
17:12 C'est toujours la même chose.
17:13 Il y a les chiffres annoncés dans la presse, et puis la réalité.
17:16 Les employeurs, pour des questions de fidélité, ont su répondre sur ces métiers,
17:21 en mettant des rémunérations importantes en face.
17:24 On gagne mieux quand on est en vacation ?
17:25 Parce que c'est le débat de l'intérimaire qui disait
17:27 "je préfère faire de l'intérim parce qu'on est mieux payé".
17:29 Est-ce que là aussi, c'est un levier pour ceux qui viennent sur Vacamètre,
17:32 qui se disent après tout "la vacation c'est plus simple,
17:35 je suis un peu mercenaire dans l'affaire".
17:36 On gagne un tout petit peu mieux, mais pas beaucoup mieux.
17:39 C'est-à-dire que les salaires sont quand même payés par les établissements,
17:42 et pour des raisons d'équité entre les salariés,
17:44 c'est quand même un salaire qui est assez proche
17:46 de ce que gagnent les gens en établissement, les professionnels.
17:49 L'avantage c'est par contre la flexibilité dans le choix.
17:52 Donc la qualité de vie.
17:53 Donc la qualité de vie, voilà.
17:54 C'est surtout ça le gros avantage de venir dans...
17:58 Quand on voit les études générales, les gens préfèrent presque même
18:00 réduire leur salaire pour avoir une meilleure qualité de vie.
18:02 C'est peut-être ça aussi la recommandation,
18:04 c'est que bien sûr il y a une difficulté parfois à organiser une flexibilité
18:07 dans les métiers du soin, puisqu'il y a une contrainte de service.
18:11 Pour autant, l'autre grand changement sur le marché du travail,
18:13 au sens large, dans le privé, dans le public, dans tous les métiers,
18:16 c'est un peu plus de contrôle sur l'équilibre entre ma vie privée
18:19 et ma vie pro, et la quête de sens.
18:22 Et là, il y a un domaine où il y a une carte à jouer
18:25 et une chose à mettre en avant.
18:26 Il y a bien sûr un salaire minimum que toute personne souhaite voir affiché.
18:29 Et ensuite, tous les Français sont les premiers à reconnaître
18:31 "oui, ces métiers ont l'air difficiles, mais..."
18:33 On les a applaudis pendant le Covid.
18:34 Ils sont non seulement essentiels, mais ils ont un sens important.
18:37 Mettons-le en valeur, c'est aussi ce qu'essaye de faire
18:39 le service public en ce moment.
18:40 Vous allez recommencer l'initiative de Sant'Expo,
18:43 c'est-à-dire mettre les acteurs autour de la table, vous allez le refaire ?
18:46 Oui, on a beaucoup échangé avec le ministère de la Santé
18:49 et plus récemment même avec Pôle emploi pour essayer de lancer
18:52 une sorte de Tour de France, où peut-être pour une région donnée,
18:54 on va essayer de réunir tous les acteurs de la santé privés au public
18:57 lors d'événements.
18:58 Au niveau des écoles, on organise tout au long de l'année
19:00 des job dating de la même manière.
19:02 Et ça a le même succès, alors peut-être à une échelle plus réduite,
19:06 mais le même succès, que ce soit d'ailleurs pour les métiers
19:08 d'infirmière dont on a beaucoup parlé, d'aide-soignant,
19:10 d'auxiliaire de puriculture, enfin tous les métiers.
19:12 Toutes les structures.
19:13 Merci à vous trois messieurs.
19:15 Merci Samuel Enjok, fondateur de Vakamed, d'être venu sur notre plateau.
19:18 Je remercie Yannick Guénaud, directeur général et non pas président,
19:21 mais peut-être un jour président, je ne sais pas,
19:23 de l'école Rockefeller, les métiers du soin, de la santé,
19:26 aide-soignante, infirmière.
19:28 Et merci à Charles Chantalat d'être venu nous rendre visite,
19:31 directeur en entreprise Sales Leader.
19:33 C'est toujours compliqué avec les titres en anglais.
19:35 Directeur commercial, ça vous va ?
19:37 Mais ça me plaît.
19:38 Vous êtes directeur commercial chez Indeed, avec cette initiative
19:40 Sant'Expo, et je pense que vous allez reprendre cette initiative.
19:43 Vous l'avez évoqué avec un tour de France.
19:45 Merci à vous trois.
19:46 On termine avec Fenêtre sur l'emploi, et j'accueille mon invité.

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