Nouvelle détérioration du climat des affaires selon Xerfi [Alexandre Mirlicourtois]

  • l’année dernière
Un vent d'optimisme souffle sur les perspectives économiques de la France. Les uns après les autres l'OCDE, la Commission Européenne, le FMI ont revu à la hausse leurs prévisions de croissance pour 2023 encourageant le gouvernement à maintenir la sienne à 1%. A rebours de ce mouvement, nous maintenons à Xerfi notre scénario d'une croissance zéro en moyenne pour les prochains trimestres ce qui ne laisse pas espérer plus de 0,4% de hausse du PIB cette année, soit le niveau de l'acquis de croissance à la sortie du 1er trimestre. [...]
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00:00 Un vent d'optimisme souffle sur les perspectives économiques de la France.
00:13 Les uns près des autres, l'OCDE, la Commission européenne, le FMI ont revu à la hausse
00:19 leur prévision de croissance pour 2023, encourageant le gouvernement à maintenir la sienne à 1%.
00:26 À rebours de ce mouvement, nous maintenant exercfions notre scénario d'une croissance
00:30 zéro en moyenne pour les prochains trimestres, ce qui ne laisse pas espérer plus de 0,4%
00:36 de hausse du PIB cette année, soit le niveau de l'acquis de croissance à la sortie du
00:40 premier trimestre.
00:42 Ce pessimisme pour les prochains mois repose sur notre décryptage des chiffres de la croissance
00:47 du premier trimestre et des dernières enquêtes de conjoncture.
00:50 La progression du PIB de 0,2% sur les trois premiers mois de l'année est un résultat
00:56 en trompe l'œil.
00:57 L'économie vient en effet d'enchaîner deux trimestres consécutifs de recul de la
01:01 demande intérieure finale hors stock, signe d'une demande domestique affaiblie.
01:05 La contribution du commerce extérieur a certes permis de le compenser, mais non pas parce
01:11 que les exportations sont dynamiques, elles baissent, mais parce que les importations
01:16 baissent plus encore sous l'impact du reflux de la consommation de biens et surtout de
01:20 l'effondrement par nature transitoire des imports de pétrole raffiné.
01:24 Cet à-coup corrige en effet leur forte augmentation au quatrième trimestre 2022, trimestre marqué
01:30 par le blocage des raffineries qui avait conduit à une forte augmentation des importations.
01:34 La trajectoire de la consommation des ménages n'est pas bonne non plus.
01:39 Après avoir fortement diminué fin 2022, elle s'est pourtant stabilisée.
01:43 Si les comptes de la Nation ne donnent pas le détail mensuel de l'évolution globale
01:47 de la demande, cette information est toutefois disponible pour la consommation de biens.
01:54 Or, après avoir fortement rebondi en janvier, elle a reculé sur les trois mois suivants,
02:00 signe que le deuxième trimestre est mal engagé.
02:02 Longtemps dynamique, l'investissement des entreprises commence aussi à flancher.
02:07 Il a même fléchi au premier trimestre de 0,4% sa plus forte baisse depuis le deuxième
02:13 trimestre 2020.
02:14 Rétrécissement des débouchés intérieurs comme extérieurs, durcissement des conditions
02:19 financières ne poussent pas à l'optimisme pour la suite.
02:23 Enfin, il y a l'amorce d'un mouvement de déstockage après que les industriels
02:27 aient massivement reconstitué leurs stocks en 2022.
02:30 La lecture des enquêtes de conjoncture renforce tous ces traits.
02:34 Les ménages font surtout état d'une situation financière très dégradée, comme on atteste
02:39 le recul de 0,6% du pouvoir d'achat au premier trimestre.
02:43 Et s'ils escomptent une amélioration par la suite, les espoirs de redressement depuis
02:48 plusieurs mois ont été douchés comme le dévoile l'écart grandissant entre les
02:51 courbes correspondant au solde d'opinion entre évolution passée et à venir des situations
02:57 financières personnelles.
02:58 Surtout, si amélioration il y a, le contexte n'est pas opportun à faire des achats
03:03 au portant, mais plus à épargner.
03:05 La relance de la consommation n'est donc pas pour tout de suite.
03:10 Côté entreprises, l'indicateur du climat des affaires est retombé à sa moyenne de
03:14 long terme, au plus bas depuis deux ans, et le climat de l'emploi s'assombrit lui
03:19 aussi.
03:20 Il ne faut évidemment pas noircir le tableau à dessein, les soldes restent proches voire
03:23 supérieurs à leur moyenne de long terme, mais la tendance n'est clairement pas bonne.
03:28 Le détail sectoriel des enquêtes a aussi de quoi inquiéter.
03:31 En amont de la conjoncture, général, le commerce de gros décroche.
03:35 Le climat des affaires s'éloigne de sa moyenne de long terme et tous les indicateurs
03:40 sont en berne.
03:41 C'est le cas notamment des intentions de commande.
03:43 Un mauvais signal pour tous les fournisseurs.
03:45 Autre source de préoccupation, le bâtiment.
03:48 La plupart des soldes d'opinion diminuent, tels que ceux relatifs à l'activité,
03:52 au carnet de commande, aux prix prévus et aux effectifs.
03:55 Cela est parfaitement synthétisé dans un dégringolade de l'indicateur du climat
04:00 des affaires.
04:01 Et même si le matelas des commandes passées amortit encore les conséquences en termes
04:05 d'activité, la crise continue de se préparer dans cette grande filière d'entraînement.
04:11 Autre point très sensible, le haut niveau de stock de produits finis dans l'industrie.
04:15 Même s'il est possible que les entreprises gardent des stocks plus élevés qu'avant
04:19 la crise sanitaire, pour se prémunir des risques de pénuries, elles ont certainement
04:24 été trop loin.
04:25 A cela s'ajoute la remontée des tensions de trésorerie.
04:27 Tout est donc réuni pour que le mouvement de déstockage se poursuive et déprime durablement
04:33 la demande.
04:34 Loin de se contourner à l'industrie, les problèmes de trésorerie est général et
04:38 concerne aussi les services et le BTP.
04:41 Bref, selon notre scénario, l'économie française est entrée dans une phase de stagflation
04:46 rampante et aucun mécanisme de rebond ne se met en place.
04:50 [Musique]
04:53 !

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